Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Le rapport entre miséricorde et consolation

En poursuivant les réflexions bibliques sur le thème jubilaire, le Pape a commenté le passage tiré du livre de Jérémie (31, 10,12a,13b), qui parle du rapport entre miséricorde et consolation. Étant donné que le prophète décrit le drame de l’exil du peuple d’Israël, pour le Pape il a été naturel de comparer ces expériences à celles d’un grand nombre de « nos frères » qui vivent « loin de leur patrie, ayant encore dans les yeux les ruines de leurs maisons et dans leur cœur la peur et souvent, malheureusement, la douleur pour la perte de personnes chères. »

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 16 mars 2016
Condensé


 

Frères et sœurs, la miséricorde de Dieu est capable d’ouvrir le cœur des affligés à l’espérance. Devant des situations de souffrance et de détresse que nous traversons nous-mêmes ou que connaissent beaucoup de nos frères, il peut arriver de nous sentir abandonnés de Dieu. Comment-peut-il permettre cela ? Cependant le prophète Jérémie annonçait au peuple en exil que Dieu n’est pas absent de cette épreuve, il apporte le salut à qui se confie à lui. Le Seigneur est fidèle, il n’abandonne personne dans la détresse, et puisqu’il aime d’un amour sans fin, il remplira de joie et de consolation le cœur de l’homme. La vie triomphera de la mort. Jésus-Christ porte à son accomplissement ce message d’espérance du prophète. Le Seigneur veut accomplir cette promesse de retour d’exil en chacun de nous, par son pardon qui nous convertit et nous réconcilie avec lui.

Alors que nous continuons notre chemin vers Pâques, j’invite chacun à s’approcher du Seigneur, en particulier en recevant le Sacrement de la réconciliation, afin d’expérimenter sa miséricorde et de connaître la paix et la joie.

Que Dieu vous bénisse.

 


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le mystère de l’annihilation de Dieu…

… par amour, c’est le crucifix

15-03-2016 source : Radio Vatican

Si nous voulons connaître «l’histoire d’amour» que Dieu a pour nous il faut regarder le Crucifix, sur lequel il y a un Dieu qui s’est «vidé de la divinité», s’est «sali» du péché justement pour sauver les hommes. Le Pape François l’a affirmé lors de l’homélie de la messe matinale célébrée ce mardi 15 mars 2016 à la Maison Sainte-Marthe.

le serpent d'airainL’histoire du salut racontée dans la Bible est liée à un animal, le premier à être nommé dans la Genèse et le dernier à l’être dans l’Apocalypse : le serpent. Un animal, dans l’Écriture, est un symbole puissant de damnation, mais aussi, mystérieusement, de rédemption.

Pour l’expliquer, le Pape a cité la Lecture tirée du Livre des Nombres, et l’extrait de l’Évangile de Jean. La première contient le célèbre passage du peuple d’Israël qui, fatigué d’errer dans le désert avec peu de nourriture, se met en colère contre Dieu et contre Moïse. Les serpents apparaissent à deux reprises. Les premiers, envoyés par le ciel contre le peuple infidèle, qui sèment la peur et la mort afin que les gens n’implorent pas Moïse à demander pardon. Et la seconde fois, un reptile seul, qui entre en scène à ce moment :

«Dieu dit à Moïse : « fais un serpent et met-le sur un bâton. Quiconque sera mordu et le regardera, restera en vie. » C’est mystérieux : le Seigneur ne fait pas mourir les serpents, il les laisse. Mais si l’un d’entre eux fait du mal à une personne, qu’il regarde ce serpent de bronze et il guérira. Élever le serpent.» 

Le verbe «élever» est au contraire le centre de la dure confrontation entre le Christ et les pharisiens, décrite dans l’Évangile. À un certain point, Jésus affirme : «Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous saurez que Je Suis.» Avant tout, «Je Suis» est aussi le nom que Dieu avait donné de Lui-même à Moïse pour le communiquer aux israélites. Et ensuite il y a cette expression qui revient : «Élever le Fils de l’homme»

«Le serpent, symbole du péché. Le serpent qui tue. Mais un serpent qui sauve. Et ceci, c’est le Mystère du Christ. Paul, en parlant de ce Mystère, dit que Jésus se vide lui-même, s’humilie lui-même, s’annihile pour nous sauver. C’est plus fort encore : « il s’est fait péché ». Utilisant ce symbole, il s’est fait serpent. Ceci est le message prophétique de ces Lectures d’aujourd’hui. Le Fils de l’homme, qui comme un serpent, symbolisant le péché, est relevé pour nous sauver.»

Ceci, «c’est l’histoire de notre rédemption, c’est l’histoire de l’amour de Dieu. Si nous voulons connaître l’amour de Dieu, regardons un Crucifix : un homme torturé, un Dieu « vidé de la divinité », Sali par le péché. Mais un Dieu qui, en s’annihilant, détruit pour toujours le vrai nom du mal, celui que l’Apocalypse appelle « le serpent antique ».»

«Le péché est l’œuvre de Satan, et Jésus vainc Satan en se faisant péché, et à partir de là, Il nous relève, nous tous. Le Crucifix n’est pas un ornement, n’est pas une œuvre d’art, avec tant de pierres précieuses, comme on en voit : le crucifix est le mystère de l’annihilation de Dieu, par amour. Il est ce serpent que la sagesse prophétise dans le désert : élevé, et quiconque le regarde est guéri, Et ceci n’est pas fait avec la baguette magique d’un dieu qui fait les choses : non ! Cela a été fait avec la souffrance du Fils de l’homme, avec la souffrance de Jésus-Christ.»

garder confiance en Dieu…

 … malgré les « vallées obscures » de nos vies

14-03-2016 source : Radio Vatican

Le sans-abri mort de froid à Rome, les sœurs de Mère Teresa tuées au Yémen, les personnes qui tombent malades dans la “terre des feux”… Lors de la messe matinale de ce lundi 14 mars 2016, à la Maison Sainte-Marthe, le Pape François a rappelé certains faits dramatiques de l’actualité récente.

L'Innocence de Suzanne reconnue - Valentin de Boulogne vers 1625 - LouvresDevant ces «vallées obscures» de notre temps, l’unique réponse est de se confier à Dieu. Aussi quand nous ne comprenons pas, comme face à la maladie rare d’un enfant, il faut se confier dans les mains du Seigneur qui ne laisse jamais seul son peuple.

Suzanne, une femme juste, est «salie» par le «mauvais désir» de deux juges, mais préfère se confier à Dieu et choisir de mourir innocente plutôt que de faire ce que voulaient ces hommes. La Première lecture, tirée du Livre de Daniel, souligne que, quand nous nous trouvons aussi à parcourir une «vallée obscure», nous ne devons avoir peur d’aucun mal.

Tant de vallées obscures, où es-tu, Seigneur ?

«Quand nous, aujourd’hui, nous regardons tant de vallées obscures, tant de disgrâces, tant de gens qui meurent de faim, de guerres, tant d’enfants handicapées, tant et tant que maintenant, quand tu demandes aux parents : « Mais il a quelle maladie ? » « Personne ne le sait : cela s’appelle une maladie rare ». C’est celle que nous, nous provoquons avec nos choses : pensons aux tumeurs de la Terre des feux (en Italie du Sud, les décharges sauvages, souvent incendiées, provoquent de nombreux cancers). Quand tu vois tout cela, mais où est le Seigneur, où es-tu ? Tu chemines avec moi ? C’était le sentiment de Suzanne. Aussi le nôtre. Tu vois ces quatre sœurs assassinées ; mais elles servaient par amour, et elles ont fini assassinées par haine ? Quand tu vois qu’on ferme les portes aux réfugiés, on les laisse dehors, à l’air, avec le froid… Mais, Seigneur, où es-tu ?»

Pourquoi souffre un enfant ? Je ne sais pas pourquoi, mais je me confie à Dieu.

«Comment je peux me confier à Toi, si je vois toutes ces choses ? Et quand les choses m’arrivent à moi, chacune de nous peut dire : mais comment je me confie à Toi ?» «Seulement, il y a une réponse à cette question.» «On ne peut pas l’expliquer, moi je n’en suis pas capable.»

«Pourquoi souffre un enfant ? Je ne sais pas : c’est un mystère, pour moi. Seulement, je suis éclairé (pas dans la réflexion, mais dans l’âme) par Jésus à Gethsémani. « Père, ce calice, non. Mais que Ta volonté soit faite. » Il se confie à la volonté du Père. Jésus sait que tout ne finit pas, avec la mort ou avec l’angoisse, et le dernier mot sur la Croix « Père, dans tes mains je me confie », et il meurt comme ça. Se confier à Dieu, qui chemine avec moi, qui chemin avec mon peuple, qui chemine avec l’Église : ça, c’est un acte de foi. Moi, je me confie. Je ne sais pas : je ne sais pas pourquoi cela arrive, mais moi, je me confie. Tu sauras pourquoi.»

Le mal n’est pas définitif, le Seigneur est toujours avec nous

Et ceci, «c’est l’enseignement de Jésus : celui qui se confie au Seigneur qui est Pasteur, il ne manque de rien». Aussi s’il va vers une vallée obscure, «il sait que le mal est une mal d’un moment, mais il n’y aura pas le mal définitif « parce que Tu es avec moi, Ta houlette et Ton bâton me rassurent »».  Cette sécurité «est une grâce» que nous devons demander : «Seigneur, enseigne-moi à me confier à Tes mains, a me confier à Ta direction, aussi dans les mauvais moments, dans les moments obscurs, dans le moment de la mort.»

«Cela nous fera du bien, aujourd’hui, de penser à notre vie, aux problèmes que nous avons, et demander la grâce de nous confier aux mains de Dieu. Penser à tant de gens, qui n’ont même pas une ultime caresse au moment de mourir. Il y a trois jours il y en a un qui est mort de froid, ici , dans la rue, un sans-abri. En plein dans Rome, une ville avec toutes les possibilités pour aider. Pourquoi, Seigneur ? Même pas une caresse… Mais moi, j’ai confiance, parce que Tu ne déçois pas.»

«Seigneur, je ne te comprends pas. C’est une belle prière. Mais sans comprendre, je me confie dans Tes mains.»