Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

L’humilité chrétienne est amour…

mais elle n’est pas masochisme

2015-04-17 Radio Vatican

L’humiliation en elle-même, c’est du masochisme, alors que celle subie et supportée au nom de l’Évangile rend semblable à Jésus, comme l’a dit le Pape François dans son homélie lors de la messe dans la chapelle de la maison Sainte-Marthe, vendredi matin au Vatican, d’où il a invité les chrétiens à ne jamais cultiver des sentiments de haine, mais à se donner le temps de découvrir en soi des sentiments et des comportements qui plaisent à Dieu : l’amour et le dialogue.

Est-ce possible pour l’homme de réagir à une situation difficile en ligne avec Dieu ? Oui, il s’agit d’une question de temps. Le temps de se laisser traverser par les sentiments de Jésus. Le Pape l’explique en analysant un épisode contenu dans la lecture du livre des Actes des Apôtres. Ceux-ci comparaissent devant le Conseil suprême, accusés de prêcher cet Évangile que les docteurs de la Loi ne veulent pas entendre.

Ne pas laisser le temps à la haine

Intervient alors un pharisien nommé Gamaliel, qui suggère de les laisser faire, car, citant des cas similaires dans le passé, « si leur résolution ou leur entreprise vient des hommes, elle tombera. » Ce ne serait pas le cas si elle venait de Dieu. Le Conseil suprême accepte la suggestion, choisissant de prendre le temps. Il ne réagit pas suivant l’instinctif sentiment de haine. Et cela est un « remède » juste pour chaque être humain. « Si l’on réagit dans un moment de fureur, il est certain que l’on sera injuste. »

Quand on rumine un ressentiment, il est inévitable qu’il éclate « dans l’insulte, dans la guerre. Et avec ces mauvais sentiments contre les autres, on lutte contre Dieu, alors que Dieu aime les autres, aime l’harmonie, aime l’amour, le dialogue, cheminer ensemble. » « Cela m’arrive aussi. Quand quelque chose ne plaît pas, le premier sentiment n’est pas Dieu, il est toujours mauvais. Arrêtons-nous, plutôt, et laissons la place à l’Esprit saint pour qu’il nous fasse arriver à la paix. »

« L’orgueil mène à l’envie de tuer, l’humilité, l’humiliation même, portent à ressembler à Jésus. En ce moment, beaucoup de nos frères et sœurs sont martyrisés à cause du nom de Jésus. Ils sont dans cet état, ils ont en ce moment le bonheur d’avoir souffert des outrages, même la mort, au nom de Jésus. Pour fuir l’orgueil des premiers, il y a seulement la route de l’humilité, où l’on n’arrive pas sans passer par l’humiliation. Cela ne se comprend pas naturellement. C’est une grâce qu’il faut demander. La grâce de l’imitation de Jésus, témoignée non seulement par les martyrs d’aujourd’hui, mais aussi par ces nombreux hommes et femmes qui subissent humiliation chaque jour et pour le bien de leur propre famille, ne parlent pas et supportent par amour pour Jésus. »

Obéir à Dieu c’est avoir le courage…

… le courage de changer de route

16-04-2015 source : Radio Vatican

Celui qui ne sait pas dialoguer n’obéit pas à Dieu et veut faire taire ceux qui prêchent la nouveauté de Dieu. C’est ce qu’a indiqué le Pape François jeudi matin lors de la messe célébrée en la chapelle de la maison Sainte Marthe, au Vatican. Commentant la liturgie du jour, qui traite de l’obéissance, il souligne qu’obéir à Dieu signifie avoir le courage de changer de route. L’obéissance « nous conduit, tant de fois, sur une route qui n’est pas celle à laquelle nous pensions ». Obéir, c’est « avoir le courage de changer de route lorsque le Seigneur nous le demande ». “Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui”.

« Dans la première lecture tirée du Livre des Actes des Apôtres, lorsque les prêtres et les chefs ordonnent aux disciples de Jésus de ne plus prêcher l’Évangile au peuple, ils se mettent très en colère, ils sont « remplis de jalousie » parce qu’en leur présence des miracles se produisent, le peuple les suit “et le nombre de croyants a augmenté”. Ils sont mis en prison mais la nuit l’ange de Dieu les libère et ils retournent annoncer l’Évangile ». « Arrêté et interrogé de nouveau, Pierre répond aux menaces du grand prêtre : “Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes”. Les prêtres ne comprenaient pas : et pourtant, ils avaient étudié l’histoire du peuple, ils avaient étudié les prophéties, ils avaient étudié le droit, ils connaissaient toute la théologie du peuple d’Israël, la révélation de Dieu, ils savaient tout, et ils ont été incapables de reconnaître le Salut de Dieu ».

Celui qui ne sait pas dialoguer n’obéit pas à Dieu

« Mais pourquoi cette dureté de cœur ? On peut se demander quel est le parcours de cet entêtement, un entêtement total, de tête et de cœur ? » « L’histoire de cet entêtement, c’est le fait de se replier sur soi-même de ne pas parler, c’est le manque de dialogue ». « Ceux-là ne savaient pas parler, ne savaient pas dialoguer avec Dieu, parce qu’ils ne savaient pas prier et entendre la voix du Seigneur, et ils ne savaient pas dialoguer avec les autres. Ils interprétaient seulement la loi pour la rendre plus précise, mais ils étaient hermétiques aux signes de Dieu dans l’Histoire, ils étaient hermétiques à son peuple, à leur peuple. Ils étaient fermés, fermés », insiste le Saint-Père. « Et l’absence de dialogue, cette fermeture du cœur, les a amenés à ne pas obéir à Dieu ». « C’est cela le drame de ces docteurs d’Israël, de ces théologiens du peuple de Dieu : ils ne savaient pas écouter, ils ne savaient pas dialoguer. Le dialogue se fait avec Dieu et avec les frères ».

Et le signe qui révèle qu’une personne “ne sait pas dialoguer”, qu’elle n’est pas ouverte à la voix du Seigneur, c’est “la fureur” et « le désir de faire taire tous ceux qui prêchent dans ce cas la nouveauté de Dieu : Jésus est ressuscité. Ils n’ont aucune raison, mais ils en viennent à cela. C’est un itinéraire douloureux. Ce sont les mêmes personnes qui ont payé les gardiens du Saint-Sépulcre pour qu’ils affirment que les disciples avaient volé le corps de Jésus. Ils font tout pour ne pas s’ouvrir à la voix de Dieu » Et le Saint-Père conclut la messe en appelant à prier « pour les docteurs, pour ceux qui enseignent le peuple de Dieu, afin qu’ils ne s’enferment pas, afin qu’ils dialoguent et ainsi se préservent de la colère de Dieu qui, s’ils ne changent pas pas d’attitude, demeurera sur eux ».

Que la voix de la femme ait un poids réel…

… dans la société et dans l’Église

15-04-2015 source : Radio Vatican

Différence et complémentarité entre l’homme et la femme : c’est le thème que le Pape François a abordé lors de l’audience générale de ce mercredi matin place Saint-Pierre et qu’il poursuivra la semaine prochaine. Le Pape continue ainsi sa série de catéchèse sur le mariage.

Il a donc concentré son discours sur la différence sexuelle, « présente dans tant de formes de vie ». Or, « la différence entre l’homme et la femme ne réside pas dans l’opposition ou la subordination mais dans la communion et la génération, toujours à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’expérience nous l’enseigne : pour bien se connaitre et grandir harmonieusement, l’être humain a besoin de la réciprocité entre l’homme et la femme. Sans l’enrichissement réciproque dans cette relation – dans la pensée et dans l’action, dans les sentiments et dans le travail, même dans la foi – les deux ne peuvent même pas comprendre réellement ce que signifie être un homme ou une femme. »

Mais au-delà de ce rappel, le Pape François a dénoncé les doutes et le scepticisme apportés par la culture moderne et contemporaine.

En abordant le thème des différences sexuelles entre homme et femme, le Pape ne pouvait qu’aborder la question de la « prétendue théorie du genre ». « Expression d’une frustration ou d’une résignation qui vise à annuler la différence sexuelle parce que l’on ne parvient pas à se confronter à elle ? » En pensant ainsi,  « l’on risque de faire un pas en arrière. La suppression de la différence est le problème pas la solution. Pour résoudre leurs problèmes relationnels, l’homme et la femme doivent au contraire se parler, s’écouter, se connaitre et s’aimer davantage. Ils doivent se traiter avec respect et coopérer avec amitié. » Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible « d’envisager une union matrimoniale et familiale pour toute la vie ». Et ces liens sont une chose sérieuse, non seulement pour les croyants mais pour tout le monde. Et le Pape invite « les intellectuels à ne pas déserter ce thème, comme s’il était devenu secondaire dans un engagement en faveur d’une société plus libre et plus juste. »

L’échec de l’alliance entre l’homme et la femme inquiète le Pape qui voit un écueil à surmonter d’urgence. Il faut ainsi faire plus en faveur de la femme si l’on veut redonner de la force à la réciprocité entre l’homme et la femme. C’est pourquoi « il est nécessaire que la voix de la femme ait un poids réel, une autorité reconnue dans la société et dans l’Église ». Rappelant que Jésus avait mieux considéré la femme que nous le faisons, le Pape François a regretté que nous n’ayons pas compris ce que le génie féminin, qui « sait voir des choses avec un autre regard qui complète la pensée des hommes », pouvait nous donner à nous et à la société. Autrement dit, c’est un appel aux hommes à plus « de créativité et plus d’audace .»

Le Pape se demande enfin si la crise de confiance collective en Dieu n’est pas liée à la crise de l’alliance entre l’homme et la femme. D’où la responsabilité de l’Église, des croyants et des familles croyantes pour « redécouvrir la beauté du dessein créateur qui inscrit l’image de Dieu même dans l’alliance entre l’homme et la femme ».