Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

guérir, soigner, réconcilier les familles

2015-03-25 Radio Vatican

« L’Église n’abandonne jamais la famille, même quand elle tombe dans le péché ». Le pape François l’a rappelé ce mercredi matin lors de l’audience générale. Devant les fidèles rassemblés Place Saint-Pierre, sous la pluie, le Saint-Père, en ce mercredi 25 mars, fête de l’Annonciation, a fait une « halte un peu spéciale » : une « halte spirituelle » dans ses catéchèses sur la famille. Il a appelé à prier pour le Synode des évêques qui aura lieu en octobre prochain.

Le Pape François souhaite, en vue du prochain Synode, « que l’Église soit toujours plus engagée et unie dans le témoignage de la vérité de l’amour de Dieu et de sa miséricorde pour les familles, sans exclure personne, ni à l’intérieur ni à l’extérieur d’elle-même ». « Nous sommes tous appelés à prier pour le synode, c’est de cela dont nous avons besoin et non pas de commérages ». Et cette prière, insiste le Saint-Père, tout comme le parcours synodal doit être « animée par la compassion du bon pasteur pour son troupeau, en particulier pour les personnes et les familles qui pour diverses raisons sont “ désemparées et abattues comme des brebis sans berger” (Mt 9,36) ». Le Pape a ensuite invité les fidèles à réciter avec lui la prière à la Sainte Famille.

Dans sa catéchèse le Saint-Père s’est également exprimé sur l’encyclique Evangelium vitae, signée il y a vingt ans par Saint Jean-Paul II, en soulignant que de nombreux pays célèbrent le 25 mars la journée pour la vie, au jour de l’ANNONCIATION. « La famille occupe une place centrale dans cette encyclique » a indiqué le Pape François citant les paroles de son prédécesseur : “le couple humain a été béni par Dieu depuis le commencement pour former une communauté d’amour et de vie avec la mission de procréer”. « En célébrant le sacrement du Mariage, les époux chrétiens se rendent disponibles pour honorer cette bénédiction toute leur vie. » « Le lien entre la famille et l’Église est sacrée et inviolable ». Une Église qui, « en tant que mère, n’abandonne jamais la famille, même quand elle tombe dans le péché ou s’éloigne d’elle ». L’Église fera tout pour chercher à « la soigner la guérir, et la réconcilier avec Dieu ».

Appel pour des ouvriers italiens

« Avoir un travail est une question de justice », « lutter » pour que prévale la logique de la solidarité. Au terme de l’audience, le pape a en effet salué les ouvriers de la province italienne de Vibo Valentia, en Calabre, « qui vivent une situation économique grave ».

Il s’est uni aux appels de l’évêque, Mgr Luigi Renzo, exprimant sa proximité et sa préoccupation pour les problèmes de la région : « J’adresse un appel urgent, afin que ne prévale pas la logique du profit, mais celle de la solidarité et de la justice. Non à la logique du profit, oui à la logique de la solidarité et de la justice ! »

Le pape a exhorté à mettre au centre « la personne et sa dignité » : « Quand on ne gagne pas son pain, on perd sa dignité ! Avoir un travail est une question de justice. C’est une injustice de ne pas pouvoir avoir de travail ! ». Il a encouragé à « lutter » pour « la justice du travail », lutter contre le « drame de ce temps », qui touche particulièrement « les jeunes, qui sans travail n’ont pas de perspective d’avenir et peuvent devenir la proie facile d’organisations criminelles » : « Il faut lutter pour cela. »

Parmi les personnes qui ont assisté à l’audience figuraient aussi une délégation d’hindouistes de l’État indien du Kerala, ainsi que des proches de David Haines et Alan Henning, deux otages assassinés il y a quelques mois en Syrie par les djihadistes de l’État islamique.

Chrétiens, ne tombez pas dans la tiédeur

24-03-2015 source : Radio Vatican

La grâce de la Semaine Sainte doit aider les chrétiens à accepter, sans critiques ni objections, l’aide que Dieu leur donne et aussi sa façon de l’offrir. C’est l’enseignement que le Pape François a tiré des lectures liturgiques de ce mardi 24 mars, lors de l’homélie de la messe célébrée à la résidence Sainte-Marthe.

Des « caprices spirituels » devant Dieu qui « de mille façons offre le salut » : c’est ainsi que le Pape François a dénoncé l’attitude de nombreux chrétiens qui tombent dans la tiédeur et refusent de sortir de leur zone de confort pour suivre les voies du Seigneur. « Seulement parce que nous sommes des gens qui ne savent pas accepter la façon d’agir de Dieu, nous nous attristons, nous tombons dans les murmures. C’est une erreur que commettent aujourd’hui tant de chrétiens, tout comme la Bible raconte comment avait chuté le peuple hébreu, sauvé de l’esclavage. »

Dans l’épisode proposé par le Livre des Nombres « les Hébreux se rebellent, fatigués par la fuite au désert, et commencent à se moquer de Dieu. Beaucoup d’entre eux finissent tués par les serpents vénéneux. Seule la prière de Moïse qui intercède pour eux et élève un bâton avec un serpent, symbole de la Croix sur laquelle sera porté le Christ, deviendra pour qui l’observe le salut du venin. »

« Aussi nous, parmi les chrétiens, combien en trouvons-nous un peu envenimés par ces insatisfactions de la vie ‘Oui, vraiment, Dieu est bon, mais les chrétiens, oui, mais…’ Ceux qui n’arrivent pas à ouvrir leur cœur au salut du Dieu demandent toujours des conditions. ‘Oui, mais comme ceci… Oui, oui, moi je veux être sauvé, mais par cette voie…’ Ainsi le cœur s’envenime. »

« Nous aussi, tant de fois nous disons que nous sommes las de l’attitude de Dieu. Ne pas accepter le don de Dieu avec Sa façon d’agir, ceci est le péché, ceci est le venin. Ceci t’envenime l’âme, brise ta joie, ne te laisse pas avancer. Mais Jésus résout ce péché en montant sur le Calvaire.  Lui-même prend sur Lui le venin, le péché, et il est élevé sur la Croix.»

« Le péché est là. Cette tiédeur de l’âme, cette façon d’être chrétien à moitié, des ‘chrétiens oui, mais’… Cet enthousiasme au début du chemin du Seigneur, et puis ensuite devenir insatisfaits. Ces chrétiens, aujourd’hui, meurent dans le désert de leur tristesse, de leurs murmures, du fait ne pas vouloir suivre la voie de Dieu. Cela ne se guérit qu’en regardant la Croix, en regardant Dieu qui assume nos péchés. »

« Regardons le serpent, le venin, dans le corps du Christ, qui a pris sur Lui le venin de tous les péchés du monde, et demandons la grâce d’accepter les moments difficiles. D’accepter la voie divine du salut, d’accepter aussi cette nourriture si légère dont se plaignaient les Hébreux, d’accepter les choses. D’accepter les voies par lesquelles le Seigneur me fait avancer. Que cette Semaine Sainte, qui commencera dimanche, nous aide à sortir de cette tentation de devenir des ‘chrétiens oui, mais’…»

Là où il n’y a pas de miséricorde…

… il n’y a pas de justice

23-03-2015 source : Radio Vatican

Aujourd’hui, les personnes souffrent souvent d’une justice, sans miséricorde. Le Pape François a dénoncé les juges « rigides », « vicieux » ou « affairistes » ce lundi matin lors de sa messe quotidienne en la chapelle de la Maison Sainte Marthe.

Commentant la lecture du jour et se référant à d’autres passages de l’Évangile, le Pape a parlé de trois femmes et de trois juges : une femme innocente, Suzanne, une pècheresse adultère et une veuve dans le besoin. « Toutes les trois, selon certains Pères de l’Église sont des figures allégoriques de l’Église : la Sainte Église, l’Église pècheresse et l’Église dans le besoin ». Ensuite, il y a trois juges, qui sont « méchants », « corrompus ».

La corruption de la rigidité

C’est le jugement des scribes et des pharisiens qui rapporte l’adultère à Jésus. Ils se sentaient alors purs parce qu’ils observaient la loi « à la lettre », mais « ils avaient dans leur cœur la corruption de la rigidité ». Ceux-là n’étaient pas des saints, ils étaient corrompus parce qu’une rigidité de ce genre ne peut que conduire à une double vie ; ceux qui condamnaient ces femmes partent ensuite à leurs trousses, sans se montrer, pour se divertir un peu. Et le Pape reprend l’expression utilisée par Jésus pour décrire ces « rigides ». Ce sont des « hypocrites » : ils mènent une double vie. « Avec la rigidité, on ne peut même pas respirer. »

La lecture du livre du prophète Daniel  raconte l’histoire de Suzanne et des deux juges, les deux anciens qui font du chantage à la jeune femme pour qu’elle se donne, mais elle résiste. « C’étaient des juges vicieux, ils avaient la corruption du vice, et dans ce cas précis, la luxure. Et lorsqu’existe ce vice de la luxure, on dit qu’avec les années ils devient plus féroce, plus méchant ».

Enfin, il y a ce juge interpellé par la pauvre veuve. Ce juge « ne craignait pas Dieu et il ne s’occupait de personne. Il n’en avait rien à faire, et n’était intéressé que par sa propre personne ». C’était un « affairiste, un juge qui profitait de son métier pour faire des affaires ». Ce juge était corrompu par l’argent, et le prestige.

Souvent le peuple de Dieu ne trouve pas miséricorde

Ces juges affairiste, vicieux et rigides ne connaissaient pas une parole clé. « Ils ne connaissaient pas la miséricorde. La corruption les emportait au loin, les empêchant de comprendre ce qu’est la miséricorde, l’être miséricordieux ». Or, la Bible nous dit que dans la miséricorde se trouve le juste jugement.  Et ces trois femmes, la sainte, la pécheresse et la nécessiteuse – figures allégoriques de l’Église rappellent encore une fois François, ces trois femmes souffrent de ce manque de miséricorde.

« Aujourd’hui encore, le peuple de Dieu, quand il se trouve face à ces juges, civils ou ecclésiastiques, souffre de jugements non miséricordieux ». Quand le peuple de Dieu se rapproche volontairement pour demander pardon, afin d’être jugé, combien de fois, mais combien de fois tombe-t-il sur ce genre de juges ? »  Il trouve ces vicieux qui sont « capables de tenter de les exploiter », et cela est « un des péché les plus graves ; il trouve les affairistes qui « ne donnent pas d’oxygène à l’âme, ne donnent aucun espoir » : et il trouve les rigides qui punissent chez les pénitents ce que eux-mêmes cachent dans leur âme ». Cela manifeste un grand manque de miséricorde. Or, là où il n’y a pas de miséricorde, il n’y a pas de justice.

En conclusion, « une des paroles les plus belles de l’Évangile » et qui « l’émeuvent tant » : « Personne ne t’a condamné ? Non Seigneur. Eh bien moi non plus, je ne te condamne pas. Une parole pleine de miséricorde.