Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

apprendre à faire le bien sans hypocrisie

03-03-2015 source : Radio Vatican

Si on « apprend à faire le bien », Dieu « pardonne généreusement » chaque péché. Ce qu’Il ne pardonne pas, c’est l’hypocrisie, la « prétendue sainteté », comme l’affirme le Pape François dans son homélie mardi matin, lors de la messe dans la chapelle de la maison Sainte-Marthe, au Vatican.

Aux faux saints, qui même au ciel se préoccupent davantage de l’apparence que de l’être, s’opposent les pêcheurs sanctifiés, qui au-delà du mal fait ont appris à « faire » un bien plus grand : il n’y a pas de doute sur qui préfère Dieu.

Les paroles de la lecture du livre du prophète Isaïe  sont un impératif, mais aussi une « invitation » qui vient directement de Dieu : « cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien », en défendant la veuve et l’orphelin, autrement dit « ceux dont personne ne se rappelle » parmi lesquels il y a aussi « les personnes âgées abandonnées, les enfants qui ne vont pas à l’école » et ceux « qui ne savent pas faire le signe de croix ». Derrière cet impératif, il y a l’invitation de toujours à la conversion.

« La saleté du cœur ne s’enlève pas comme une tache, en allant chez le teinturier. Elle s’ôte en “faisant” : en prenant une route différente de celle du mal, en faisant le bien. Comment ? En portant secours à l’oppressé, en rendant justice à l’orphelin, en défendant la cause de la veuve ».

La promesse d’un cœur lavé, c’est-à-dire pardonné, vient de Dieu lui-même, qui ne tient pas la comptabilité des péchés de ceux qui aiment concrètement leur prochain. « Le Seigneur pardonne toujours tout, explique le Saint-Père. Mais si vous voulez être pardonnés, il faut prendre la route du bien ».

« Nous sommes tous rusés et nous trouvons toujours une route qui n’est pas la bonne, celle pour sembler plus justes que ce que nous sommes ». Il s’agit de la « route de l’hypocrisie », comme dans l’Évangile du jour, qui décrit « ceux qui disent les choses justes, mais font le contraire ».

Ces personnes font « semblant de se convertir, leur cœur est un mensonge. Leur cœur n’appartient pas au Seigneur, mais au père du mensonge, à Satan. C’est cela la “prétendue sainteté”. Jésus préférait mille fois les pécheurs à ces personnes. Pourquoi ? Les pécheurs disaient la vérité sur eux-mêmes ».

Incarnation et annonce faite à Marie

Annonciation - Fra Angelico 1387-1455 Tempera sur bois FlorenceDans l’Évangile de saint Luc, il faut considérer la présence participative de la Vierge Marie au dessein du salut. Cette présence prend racine dans le rôle manifeste de la Vierge Marie en ce qui concerne notre histoire du salut. Il s’agit de conjuguer le lien étroit entre « l’incarnation et l’annonciation. » (Luc 1, 26-38) Car « si l’on essaie de détacher du récit de l’annonciation la vérité de l’incarnation du Verbe de Dieu, on tombe fatalement dans le danger d’exténuer cette vérité qui est essentiellement communication, pour en faire une spéculation abstraite purement métaphysique. » (Karl Rahner)

Le rôle de la Vierge Marie est de toute évidence christique. Un rôle qui s’actualise effectivement dans cette communication où la réalité divine, en la personne du Fils, vient réellement habiter la nature humaine et prendre chair à travers une mère humaine. La Vierge Marie demeure pour nous un modèle du service à imiter dans la suite du Christ. Non pas seulement en s’armant d’une audace spirituelle mais aussi et surtout en restant ouverts à la grâce des qualités maternelles dont Marie a témoigné dans l’accomplissement de notre rédemption. « Notre-Dame est médiatrice d’une grâce car elle est, tout à la fois, pure grâce de Dieu elle-même et associée à l’œuvre de cette grâce pour nous. » (Saint Ignace de Loyola, Exercices Spirituels)

Doucement et dans la fidélité créatrice, nous sommes invités à quêter cette présence discrète de la Vierge Marie depuis l’annonciation comme préfigurant l’incarnation, avant toute considération de la relation avec la Nativité du Seigneur, « lorsque le temps où elle devait enfanter fut accompli». (Luc 2, 6) ■

Jean-Daniel Planchot , cm

se reconnaître pécheur, sans juger autrui

02-03-2015 source : Radio Vatican

Il est facile de juger les autres, mais on avance dans le chemin chrétien seulement si on a la sagesse de s’accuser soi-même : c’est ce qu’a dit le Pape, en reprenant ce lundi matin le rythme habituel des messes matinales à la résidence Sainte-Marthe. Nous reprenons l’essentiel de cette méditation quotidienne pour ceux qui le désirent sur notre site de l’Association de la Médaille Miraculeuse.

Les lectures du jour étaient centrées sur le thème de la miséricorde. Le Pape, en rappelant que « nous sommes tous pécheurs, non pas en théorie mais dans la réalité », a indiqué « une vertu chrétienne, la capacité de s’accuser soi-même », comme le premier pas de celui qui veut devenir chrétien.

« Tous nous sommes maîtres, nous sommes docteurs dans l’auto-justification : Mais non, ce n’est pas moi, ce n’est pas de ma faute, mais si, mais ce n’était pas si grave, etc… » Tous nous avons un alibi expliquant nos manquements, nos péchés, et si souvent nous sommes capables de faire ce visage de « c’est pas moi », ce visage de « mais moi je ne l’ai pas fait, ce serait peut-être un autre » : faire l’innocent. Et ainsi ne pas avancer dans la vie chrétienne. »

« C’est plus facile d’accuser les autres et ainsi il arrive une chose un peu étrange si nous essayons de nous comporter différemment : quand nous commençons à regarder de quoi nous sommes capables, au début nous nous sentons mal, nous nous sentons remplis de dégoût, mais ensuite cela nous donne la paix et le salut. Par exemple, a affirmé le Pape, quand je trouve dans mon cœur une envie et que je sais que cette envie est capable de dénigrer l’autre et de le tuer moralement, c’est une première étape vers la sagesse de s’accuser soi-même. Si nous n’essayons pas ce premier pas dans la vie, nous n’en ferons pas non plus sur la voie de la vie chrétienne, de la vie spirituelle. »

« C’est le premier pas de s’accuser soi-même, sans le dire, juste moi et et ma conscience. Tu vas dans la rue, tu passes devant la prison en te disant « ceux-ci l’ont bien mérité ». Mais sais-tu que, sans la grâce de Dieu, tu serais là-bas? Tu as pensé que tu serais capable de faire les choses qu’ils ont fait, peut-être pire encore? Ceci est s’accuser soi-même, ne pas se cacher à soi-même les racines du péché qui sont en nous, les nombreuses choses qui nous sommes capables de faire, même si elles ne se voient pas. »

Voici une autre vertu : « Prendre honte devant Dieu, dans une sorte de dialogue dans lequel nous reconnaissons, la honte de notre péché et la grandeur de la miséricorde de Dieu : A toi, Seigneur, notre Dieu, la miséricorde et le pardon. La honte en moi et en toi la miséricorde et le pardon. Ce dialogue avec le Seigneur, cela nous fera du bien durant ce le faire durant ce Carême : s’accuser soi-même. Demandons la miséricorde. Dans l’Évangile Jésus est clair : soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Quand l’un essaye de s’accuser soi-même, il est miséricordieux avec les autres. « Mais qui suis-je pour le juger, si moi je suis capable de faire quelque chose de pire » ? »

« La phrase « Qui suis-je pour juger l’autre?  » obéit à l’exhortation de Jésus : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés, pardonnés et vous serez pardonnés.  » »

« Que le Seigneur, durant ce Carême, nous donne la grâce d’apprendre à nous accuser nous-mêmes, dans la conscience que nous sommes capables des choses les plus méchantes, et de dire  » Aie pitié de moi, Seigneur, aide-moi à avoir honte de moi et donne-moi ta miséricorde, ainsi je pourrai être miséricordieux avec les autres ». »