Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Pensons à sans cesse nous convertir…

… pour être de vrais chrétiens

18-11-2014 source : Radio Vatican

Soyons attentifs à ne pas devenir des chrétiens tièdes, pris dans une certaine forme de confort ou d’apparence. C’est l’avertissement lancé ce mardi matin par le Pape François lors de l’homélie de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte Marthe. Le Pape a souligné que les chrétiens doivent toujours répondre à l’appel de Jésus à la conversion, sinon de pécheurs ils deviennent des personnes corrompues.

Se convertir est une grâce, « c’est une visite de Dieu ». Le Pape François est parti de la liturgie du jour, un passage de l’Apocalypse de Saint Jean et la rencontre entre Jésus et Zachée, pour parler des conversions. Dans la première Lecture, le Seigneur demande aux chrétiens de Laodicée de se convertir parce qu’ils sont tombés « dans la tiédeur ».  Ils vivent dans la « spiritualité de la commodité ». Et ils pensent: «Je fais comme je peux, mais je suis en paix et surtout que personne ne vienne me déranger avec des choses bizarres».  Celui qui vit de la sorte  pense « qu’il ne manque rien : je vais à la Messe le dimanche, je prie parfois, je me sens bien, je suis dans les bonnes grâces de Dieu, je suis riche » et « je n’ai besoin de rien, je suis bien ». Cet « état d’esprit est un état de péché : la commodité spirituelle est un état de péché ». Et à ces personnes le Seigneur «  n’épargne aucune critique » et leur dit : « Pourquoi es-tu tiède, je suis sur le point de te vomir de ma bouche ». Par contre, il lui donne le conseil de « se vêtir », parce que « les chrétiens que se la jouent avec commodités sont nus ».

Il y a ensuite un autre appel à « ceux qui vivent dans les apparences, les chrétiens des apparences ». Ceux-là s’imaginent vivants mais ils sont morts. Et le Seigneur leur demande d’être vigilants. « Les apparences sont le suaire de ces chrétiens : ils sont morts ». Et le Seigneur les « appelle à se convertir » :

« Est-ce que je fais partie de ces chrétiens des apparences ? Suis-je vivant à l’intérieur, ai-je une vie spirituelle ? Est-ce que je sens l’Esprit Saint, est-ce que je l’écoute, vais-je de l’avant… ? Mais si tout semble aller bien, si je n’ai rien à me reprocher, je suis dans ‘la grâce de Dieu’, je suis tranquille. Les apparences ! Chrétiens d’apparence…Ce sont des morts ! Mais il faut plutôt chercher quelque chose de vivant à l’intérieur et avec  la  mémoire et l’attention, revigorer le tout pour aller de l’avant. Se convertir : des apparences à la réalité. De la tiédeur à la ferveur ».

Le troisième appel à la conversion s’adresse à Zachée. « chef des publicains et riche ». « C’est un homme corrompu, il travaillait pour les étrangers, les romains, il trahissait sa Patrie » : « C’était un homme comme tant de responsables que nous connaissons : des corrompus. Des gens qui, au lieu de servir leur peuple, exploitent le peuple pour leurs propres intérêts.  Ce Zachée, certes, n’était pas un tiède, il n’était pas mort, mais il était en état de putréfaction. Vraiment corrompu. Pourtant, voilà qu’il veut voir ce guérisseur, ce prophète dont on dit qu’il parle si bien, il veut le rencontrer, par curiosité. L’Esprit Saint a plus d’un tour dans son sac, non ! Il sème la semence de la curiosité, au point que cet homme pour voir Jésus se rend même un peu ridicule. Imaginez : un chef d’entreprise qui monte sur un arbre pour voir une procession. Complètement ridicule ! »

Zachée « n’a pas eu honte ». Il voulait le voir et « à l’intérieur de lui travaillait l’Esprit Saint ». Et puis « la Parole de Dieu est entrée dans son cœur et avec la Parole de Dieu, la joie ». « Ceux qui prennent les choses avec commodité et ceux qui sont dans l’apparence avaient oublié ce qu’était la joie ; alors que ce corrompu la reçoit à l’instant ». « Le cœur change, il se convertit ». Et Zachée promet alors de restituer quatre foi tout ce qu’il a volé :

« Quand la conversion arrive jusqu’à nos poches, alors oui qu’elle est sérieuse. Chrétiens de cœur ? Oui, tous. Chrétiens dans l’âme? Tous. Mais chrétiens jusqu’à nos poches, nous sommes bien peu. Mais la conversion de Zachée a été instantanée: la parole authentique. Il s’est converti. Mais face à cette parole salvatrice, nous avons ceux qui refusaient la conversion et qui à la vue de ce qui se passait murmuraient : ‘Il est entré dans la maison d’un pécheur’. Il s’est sali, il a perdu sa pureté. Il doit se purifier parce qu’il est entré dans la maison d’un pécheur’ ».

Nous avons donc trois appels de Jésus à la conversion : aux tièdes, à ceux qui prennent les choses avec commodité, à ceux qui sont dans l’apparence, à ceux qui se croient riches mais sont pauvres, n’ont rien, sont morts ». La parole de Dieu « est capable de tout transformer », mais « nous n’avons pas toujours le courage de croire en la Parole de Dieu, de recevoir cette Parole qui nous guérit à l’intérieur ». L’Église désire que durant ces dernières semaines de l’Année liturgique, nous pensions très sérieusement à notre conversion, pour pouvoir aller de l’avant dans notre vie chrétienne ».

Ne nous enfermons pas…

… dans un microclimat de personnes élues

17-11-2014 Radio Vatican

Dans l’Église il arrive que les chrétiens soient tentés d’être avec Jésus mais sans vouloir fréquenter les pauvres ou les personnes marginalisées, en s’isolant ainsi dans un « microclimat ecclésiastique » qui n’a rien d’authentiquement ecclésial. Voilà en résumé ce qu’a déclaré le Pape François dans son homélie de la messe célébrée ce lundi matin en la chapelle de la Maison Sainte Marthe au Vatican.

Regarder Jésus en oubliant de le voir dans le pauvre qui demande de l’aide, dans la personne marginalisée. Voilà bien la tentation qui guette l’Église aujourd’hui, la tentation de s’emmurer à l’intérieur d’un « microclimat ecclésiastique », plutôt que d’ouvrir les portes aux exclus sociaux. L’homélie du Pape François s’est basée sur l’une des pages les plus intenses de l’Évangile, qui raconte l’épisode de l’aveugle de Jéricho. Cet homme représente cette « première catégorie de personnes » qui peuple le récit de l’Évangile de Luc. Un homme qui n’avait aucune importance, mais qui « avait envie de salut », « envie de guérison », et qui donc crie plus fort que le mur d’indifférence qui l’entoure jusqu’à ce qu’il gagne son pari et réussisse à frapper à « la porte du cœur de Jésus ». A cet homme s’oppose le cercle des disciples, qui prétendent de le faire taire pour éviter qu’il dérange et en faisant de la sorte ils éloignent « le Seigneur d’une périphérie » :

« Cette périphérie n’arrivait pas à s’approcher du Seigneur, parce que ce cercle, avec tellement de bonne volonté pourtant, fermait la porte. Et c’est ce qui arrive si fréquemment entre nous croyants : quand nous avons trouvé le Seigneur, sans nous en rendre compte, on crée ce microclimat ecclésiastique. Pas seulement les prêtres, les évêques, mais aussi les fidèles : « Nous sommes ceux qui sont aux côtés du Seigneur ! » « Et à force de regarder tellement le Seigneur nous ne regardons plus les besoins du Seigneur : nous ne regardons plus le Seigneur qui a faim, qui a soif, qui se trouve en prison, qui se trouve à l’hôpital. Ce Seigneur qui se trouve dans la personnes marginalisée. Et ce climat est délétère. »

Et le Pape est ensuite passé à la description d’un groupe qui se considère comme choisi, – « maintenant que nous avons été choisis, nous sommes avec le Seigneur et le groupe veut donc conserver ce petit monde », en éloignant tous ceux qui « dérangent le Seigneur », même « les enfants. »

« Quand dans l’Église, les fidèles, les prêtres et les évêques deviennent un groupe de ce genre, non pas ecclésial, mais ‘ecclésiastique’, par le privilège d’une proximité au Seigneur, ils courent le risque d’oublier leur premier amour, cet amour si beau que nous tous nous avons connu quand le Seigneur nous a appelés, nous a sauvés, nous a dit : ‘Je t’aime tellement’. C’est la tentation que connaisse les disciples : oublier le premier amour, c’est-à-dire oublier les périphéries, où je me trouvais auparavant, au risque d’avoir honte ».

Nous trouvons aussi le troisième groupe : le « peuple simple », celui qui loue Dieu pour la guérison de l’aveugle. « Combien de fois nous trouvons des gens simples, des petites vieilles qui vont parfois « péniblement, au prix de tant de sacrifices, prier la Vierge Marie dans un sanctuaire ». « Ils ne demandent pas de privilèges, ils demandent seulement la grâce ». C’est « le peuple fidèle qui sait suivre le Seigneur, sans demander aucun privilège », capable de « perdre du temps avec le Seigneur » et surtout de ne pas oublier « l’Église marginalisée », des enfants, des malades, des prisonniers.

« Demandons au Seigneur la grâce que, nous tous qui avons été appelés, jamais nous ne nous éloignions de cette Église. Que jamais nous ne rentrions dans ce microclimat des disciples ecclésiastiques, privilégiés, qui s’éloignent de l’Église de Dieu qui souffre, demande de l’aide, réclame la foi, et la Parole de Dieu. »

Chrétiens, sortez de votre enfouissement

16-11-2014 source : Radio Vatican

Lors de son traditionnel Angélus prononcé depuis la fenêtre des appartements pontificaux, et devant une grande foule qui a encore profité d’un dimanche romain très ensoleillé, le Pape François a commenté l’Évangile de ce jour, tiré de Saint-Matthieu (25, 14-30), qui évoque la fameuse parabole des talents. « Il raconte l’histoire d’un homme qui, avant de partir en voyage, convoque ses serviteurs et leur confie son patrimoine en talents, une monnaie antique de très grande valeur. Ce maitre confie à son premier serviteur cinq talents, au deuxième deux talents, au troisième un seul. Durant l’absence du maître, les trois serviteurs doivent faire fructifier ce patrimoine. Le premier et le deuxième serviteur ramènent chacun le capital de départ, Le troisième, lui, par peur de perdre tout, a enseveli le talent reçu dans un trou. Au retour du maitre, les deux premiers reçoivent les félicitations et la récompense, alors que le troisième, qui restitue seulement la monnaie reçue, est réprouvé et puni.»

Pour le Pape François, « la signification de ceci est claire ! L’homme de la parabole est Jésus, les serviteurs sont les disciples, c’est à-dire nous-mêmes, et les talents sont le patrimoine que le Seigneur leur confie : sa Parole, l’Eucharistie, la foi dans le Père céleste, son pardon… En somme, ses biens les plus précieux. Le Seigneur ne nous les confie pas seulement pour les conserver, mais pour les faire croître. Alors que dans l’usage commun le terme ‘talent’ indique une remarquable qualité individuelle, par exemple dans le sport ou la musique, dans cette parabole les talents représentent les biens du Seigneur, qu’il nous confie pour que nous les fassions fructifier. »

Et le Pape a lancé une pierre dans le jardin des chrétiens tentés par une spiritualité de l’enfouissement, qui gardent leur foi dans la sphère privée. « Le trou creusé dans le terrain par le serviteur méchant et paresseux indique la peur du risque qui bloque la créativité et la fécondité de l’amour. La peur des risques de l’amour nous bloque. Mais Jésus ne nous demande pas de conserver sa grâce dans un coffre-fort, mais veut que nous l’usions à l’avantage des autres. Tous les biens que nous avons reçus sont faits pour les donner aux autres. C’est comme s’il disait : « Voici ma miséricorde, ma tendresse, mon pardon : prends-les et fais-en un large usage. »

« Et nous qu’avons-nous fait ? Qui avons-nous ‘contaminé’ avec notre espérance ? Combien d’amour avons-nous partagé avec notre prochain ? Ce sont des questions qui nous feront du bien ! »

Pour une Église en sortie missionnaire

Conformément à son désir de voir l’Église sortir de ses cadres habituels, le Pape François a rappelé que « n’importe quel environnement, même le plus lointain, peut devenir un lieu où faire fructifier les talents. Il n’y a pas de situations ou de lieux a priori fermés à la présence et au témoignage chrétien. Le témoignage que Jésus nous demande n’est pas fermé, c’est ouvert, cela dépend de nous. Cette parabole nous encourage à ne pas cacher notre foi et notre appartenance au Christ, à ne pas enfouir la Parole de l’Évangile, mais à la faire circuler dans notre vie, nos relations, dans les situations concrètes, comme une force qui met en crise, qui purifie, qui rénove. Ainsi, le pardon, que le Seigneur nous donne spécialement dans le Sacrement de la Réconciliation : ne le tenons pas fermé en nous-mêmes, mais laissons tomber ce qui emprisonne sa force, qu’il fasse tomber ces murs que notre héroïsme a élevé, qu’il nous fasse faire le premier pas dans les rapports bloqués, et reprendre le dialogue là où il n’y a plus de communication. Il faut faire en sorte que ces talents, ces cadeaux, ces dons, viennent aux autres et donnent des fruits. »

Rappelant que Dieu s’adresse à chacun personnellement selon sa vocation, le Pape François a précisé que « le Seigneur ne donne pas à tous les mêmes choses et dans le même mode, il nous connait  personnellement et nous confie ce qui est juste pour nous. Mais en tous repose la même immense confiance. Dieu a confiance en nous, Dieu a espérance en nous. Ne le décevons pas ! Ne nous laissons pas gagner par la peur, mais rendons la confiance à la confiance ! La Vierge Marie incarne cette attitude de la façon la plus belle et la plus pleine. Elle a reçu et accueilli le don le plus sublime, Jésus en personne, et à son tour l’a offert à l’humanité avec un cœur généreux. Demandons-lui de nous aider à être des serviteurs bons et fidèles, pour participer à la joie de notre Seigneur ! »

Et comme il le fait souvent, le Pape a invité chacun à relire cet extrait de l’Évangile à la maison, calmement, en se demandant : « tout ce que le Seigneur m’a donné, comment je fais en sorte que cela croisse vers les autres ? »