Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

annoncer le Seigneur comme Jean-Baptiste

24-06-2014 source : Radio Vatican

Leonard_de_Vinci_Saint_Jean__Baptiste_LouvresUn chrétien ne s’annonce pas lui-même mais annonce le Seigneur. C’est ce qu’a souligné le Pape François lors de l’homélie de la messe célébrée ce mardi matin en la chapelle de la maison Sainte-Marthe, en ce jour de la Solennité de la Nativité de Saint Jean-Baptiste. Le Pape s’est arrêté sur les vocations du «plus grand parmi les prophètes» : préparer, discerner et diminuer.

Préparer la venue du Seigneur, discerner qui est le Seigneur et diminuer afin que le Seigneur grandisse. Le Pape François a indiqué dans ces trois verbes, les vocations de Jean-Baptiste, un modèle toujours actuel pour les chrétiens. Jean préparait le chemin de Jésus «sans prendre rien pour lui». C’était un homme important : «les gens le cherchait, le suivait parce que les paroles de Jean étaient fortes». Ses paroles touchaient «les cœurs». Et là, peut-être a-t-il eu «la tentation de croire que c’était important, mais ça ne s’est pas produit».

En effet, lorsque les docteurs de la loi se rapprochèrent pour lui demander s’il était le Messie, Jean répondit : «Ce sont des rumeurs: seulement des rumeurs» mais «je suis venu pour préparer le chemin du Seigneur». Le Pape a mis en évidence la première vocation du Pape : «Préparer le peuple, préparer le cœur du peuple pour la rencontre avec le Seigneur». Mais qui est le Seigneur ?

«C’est la seconde vocation de Jean: discerner, parmi tant de bonnes personnes, qui est le Seigneur. Et l’Esprit le lui a révélé et il a eu le courage de dire : «C’est lui. C’est l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde. Les disciples regardent cet homme qui passait et ils le laissèrent aller. Le jour d’après, la même chose s’est produite.« C’est lui ! Il est plus digne que moi ». Les disciples se sont rassemblés derrière lui. Dans la préparation, Jean disait : « Suivez-moi … ». Dans le discernement, qui sait discerner et marquer le Seigneur, dit : «Devant moi…c’est lui !».

La troisième vocation de Jean, c’est de diminuer. À partir de ce moment, «sa vie commença à s’abaisser, à diminuer afin que grandisse le Seigneur, jusqu’à s’anéantir soi-même » : «Il doit grandir, moi, au contraire, diminuer », «derrière moi, devant moi, loin de moi. »

«Ce fut l’étape la plus difficile pour Jean car le Seigneur avait un style qu’il n’avait pas imaginé, à tel point qu’en prison-car il était en prison à ce moment-là- il a souffert non seulement de l’obscurité de la cellule mais également de l’obscurité dans son cœur : «Mais était-ce bien cela ? Me serais-je trompé ? Car le Messie a un style simple, sans façons…On ne comprend pas… ». Et vu que c’était un homme de Dieu, il demande à ses disciples de venir vers lui pour demander : «Mais, est-ce vraiment toit ou nous devons attendre quelqu’un d’autre ?»

« L’humiliation de Jean est double: l’humiliation de sa mort, comme prix d’un caprice” mais aussi l’humiliation “de l’obscurité de l’âme ». Jean qui a su «attendre» Jésus, qui a su «discerner », «voit maintenant Jésus de loin». «Cette promesse s’est éloignée. Et il finit seul. Dans l’obscurité, dans l’humiliation». Il reste seul « car il s’est tellement anéanti afin que le Seigneur grandisse». Jean voit le Seigneur qui est «loin» et lui, «humilié mais avec le cœur en paix. »

«Trois vocations dans un homme: préparer, discerner, laisser grandir le Seigneur et se diminuer. C’est beau de penser ainsi à cette vocation du chrétien. Un chrétien ne s’annonce pas lui-même, il annonce un autre, il prépare le chemin pour un autre : le Seigneur. Un chrétien doit apprendre à discerner, il doit savoir discerner la vérité de ce qui semble une vérité et de ce qui n’existe pas : un homme de discernement. Et un chrétien doit être un homme qui sache s’abaisser afin que le Seigneur grandisse, dans le cœur et dans l’âme des autres. »

Personne ne peut juger

23-06-2014 source : L’Osservatore Romano

Celui qui juge se met à la place de Dieu et en agissant de la sorte va vers un échec assuré dans la vie, car il sera repayé par la même monnaie. Et il vivra dans l’erreur, en prenant la “paille” dans l’œil de son frère pour la “poutre” qui l’empêche de voir. C’est une invitation à défendre les autres et à ne pas les juger qui a été relancée par le Pape lors de la Messe célébrée lundi matin, 23 juin, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

Le passage évangélique de la liturgie (Matthieu 7, 1-5) présente précisément Jésus qui «cherche à convaincre de ne pas juger»: un commandement qu’il «répète de nombreuses fois». En effet, «juger les autres nous conduit à l’hypocrisie».

Mais «non seulement il se trompe; mais il fait aussi confusion». Et «il est tellement obsédé par celui qu’il veut juger, par cette personne — tellement, tellement obsédé! — que cette paille ne le laisse pas dormir». Et il répète: «Mais je veux t’enlever cette paille!». Mais sans se rendre compte «de la poutre qu’il a» dans son propre œil. Dans se sens il se «trompe» et «croit que la poutre est cette paille». Donc, celui qui juge est un homme qui «confond la réalité», il se trompe.

Pas seulement.  Celui qui juge «devient un vaincu» et il ne peut que mal finir, «car la même mesure sera utilisée pour le juger lui», comme dit Jésus dans l’Évangile de Matthieu. Donc, «le jugeur vaniteux et arrogant qui se trompe de place, parce qu’il prend la place de Dieu, parie sur une défaite». Et quelle est la défaite? «Celle d’être jugé avec la mesure selon laquelle lui-même juge». Car «le seul qui juge est Dieu et ceux auxquels Dieu donne le pouvoir de le faire. Les autres n’ont pas le droit de juger: c’est pourquoi il y a l’erreur, c’est pourquoi il y a la défaite».

Ainsi «si nous voulons aller sur la route de Jésus, plus que des accusateurs nous devons être des défenseurs des autres devant le Père». D’où l’invitation à défendre celui qui subit «une chose terrible»: sans trop y penser, «va prier et défend-le devant le Père, comme fait Jésus. Prie pour lui».

Mais surtout «ne juge pas, parce que si tu le fais, quand tu feras quelque chose de laid, tu seras jugé!». C’est une vérité qu’il est bon de se rappeler «dans la vie de tous les jours, quand vient l’envie de juger les autres, de parler mal des autres, ce qui est une forme de jugement».

Le Pape François a conclu en priant le Seigneur pour qu’il «nous donne la grâce d’imiter Jésus intercesseur, défenseur, notre avocat et celui des autres». Et de «ne pas imiter celui qui juge, qui à la fin nous détruira».

avec l’amour de Jésus, notre vie se fait don

Lors de la prière de l’Angélus, place Saint-Pierre, le Pape est revenu sur la fête célébrée ce dimanche dans de nombreux pays du monde : la Fête Dieu. « La communauté ecclésiale se rassemble autour de l’eucharistie pour adorer le trésor le plus précieux que Jésus lui a laissé. »

Revenant sur l’évangile de ce dimanche, François a rappelé que Jésus « n’est pas venu en ce monde pour donner quelque chose mais pour se donner lui-même, pour donner sa vie comme aliment pour ceux qui ont foi en Lui. Cette communion avec le Seigneur nous porte, nous, ses disciples, à l’imiter, faisant de notre existence et de notre comportement un pain rompu pour les autres comme le Maître a rompu le pain qui est sa chair. Pour nous, ce sont les comportements généreux envers le prochain qui démontrent le fait de rompre la vie pour les autres. »

Ouvrir notre cœur à Dieu

Le Pape revient sur la valeur de l’eucharistie qui « façonne notre cœur, qui nous communique nos comportements intérieurs qui se traduisent par des comportements en accord avec l’Évangile. » Parmi ces comportements, le Pape recense : « la docilité à la Parole de Dieu, la fraternité entre nous, le courage du témoignage chrétien, l’imagination de la charité, la capacité de donner espoir aux personnes découragées, d’accueillir les exclus ».

Autant de comportements qui font murir un « style de vie chrétien » pour qui laisse son cœur ouvert à la charité du Christ. Cette charité « nous change, nous transforme, nous rend capable d’aimer, non selon la mesure humaine, toujours limitée, mais selon la mesure de Dieu qui est sans mesure. Cela nous rend capables d’aimer qui ne nous aime pas, ce qui n’est pas facile, de nous opposer au mal par le bien, de pardonner, de partager et d’accueillir. »

Condamnation de la torture

Cette capacité à aimer, à faire de notre vie « un pain rompu, recevant l’Eucharistie, » pour les autres, nous fait découvrir « la vraie joie. » Et le Pape insiste sur ces deux aspects : « l’amour de Dieu est sans mesure et notre vie, avec l’amour de Jésus, recevant l’eucharistie, se fait don. »

Après la prière de l’angélus, le Pape est revenu sur la célébration le 26 juin prochain de la Journée des Nations Unies pour les victimes de la torture. Il a renouvelé ainsi sa « ferme condamnation de toute forme de torture », invitant « les chrétiens à s’engager afin de collaborer à son abolition et de soutenir les victimes et leurs proches. Torturer les personnes est un péché mortel, un péché très grave. »