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Neuvaine à la Nativité de Marie 7

Nativité de Marie – Septième jour de la neuvaine – Sainte Marie, belle âme

Nous vous saluons, ô belle âme de Marie, que Dieu a regardée avec complaisance de toute éternité.

Nous poursuivons la lecture d’un texte très ancien, l’évangile (apocryphe) de la nativité de Sainte Marie, qui ne fait pas partie du canon des Saintes Écritures, mais qui a été très prisé notamment au Moyen-Âge :

Nativité de Marie - Maître de l'autel de Pfullendorf XVe siècle
Nativité de Marie – Maître de l’autel de Pfullendorf XVe siècle

« Or la Vierge du Seigneur, en avançant en âge profitait en vertus, et suivant l’expression du Psalmiste, « son père et sa mère l’avaient délaissée, mais le Seigneur prit soin d’elle. » Car tous les jours elle était fréquentée par les anges, tous les jours elle jouissait de la vision divine qui la préservait de tous les maux et qui la comblait de tous les biens.

C’est pourquoi elle parvint à l’âge de quatorze ans sans que non seulement les méchants pussent rien découvrir de répréhensible en elle, mais tous les bons qui la connaissaient trouvaient sa vie et sa manière d’agir dignes d’admiration. Alors le grand prêtre annonçait publiquement que les Vierges que l’on élevait soigneusement dans le temple et qui avaient cet âge accompli s’en retournent chez elles pour se marier selon la coutume de la nation et la maturité de l’âge.

Les autres ayant obéi à cet ordre avec empressement, la Vierge du Seigneur Marie fut la seule qui répondit qu’elle ne pouvait agir ainsi, et elle dit : « Que non seulement ses parents l’avaient engagée au service du Seigneur, mais encore qu’elle avait voué au Seigneur sa virginité qu’elle ne voulait jamais violer en habitant avec un homme. »

Le grand prêtre fut dans une grande incertitude, car il ne pensait pas qu’il fallût enfreindre son vœu. Ce qui serait contre l’Écriture, qui dit : « Vouez et rendez », ni qu’il fallût se hasarder à introduire une coutume inusitée chez la nation; il ordonna que tous les principaux de Jérusalem et des lieux voisins se trouvent à la solennité qui approchait, afin qu’il pût savoir par leur conseil ce qu’il y avait à faire dans une chose si douteuse.

Ce qui ayant été fait, l’avis de tous fut qu’il fallait consulter le Seigneur sur cela. Et tout le monde étant en oraison, le grand prêtre selon l’usage se présenta pour consulter Dieu. Et sur le champ tous entendirent une voix qui sortit de l’oracle et du lieu de propitiation, qu’il fallait, suivant la prophétie d’Isaïe, chercher quelqu’un à qui cette Vierge devait être recommandée et donnée en mariage.

Car on sait qu’Isaïe dit : « Il sortira une Vierge de la racine de Jessé, et de cette racine il s’élèvera une fleur sur laquelle se reposera l’esprit du Seigneur, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de piété, et elle sera remplie de l’esprit de la crainte du Seigneur. »

Le grand prêtre ordonna donc, d’après cette prophétie, que tous ceux de la maison et de la famille de David qui seraient nubiles et non mariés, viennent apporter chacun une baguette sur l’autel, car l’on devait recommander et donner la Vierge en mariage à celui dont la baguette, après avoir été apportée, produirait une fleur, et au sommet de laquelle l’esprit du Seigneur se reposerait sous la forme d’une colombe.  »

Évangile (apocryphe) de la nativité de Sainte Marie, ch. VII

Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux, qui, par la coopération du Saint Esprit, as préparé le corps et l’âme de Marie Enfant pour la rendre digne d’être la Mère de Votre Fils, fais que, par les vertus et l’intercession de celle dont nous vénérons de toute l’affection de notre cœur la très Sainte Enfance, nous soyons délivrés de toute souillure de l’esprit et du corps, et que nous puissions parfaitement imiter son humilité, son obéissance et sa charité. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur et notre Dieu, qui vit et règne avec Vous dans l’Unité du Saint Esprit, maintenant et toujours et pour les siècles et les siècles. Amen.

Prières quotidiennes

Prier auprès de la croix

Prier auprès de la croix

Méditation pour préparer à la neuvaine de l’exaltation de la Sainte Croix

Vitrail de la croix église de Talcy Loir-et-Cher
Vitrail de la croix église de Talcy Loir-et-Cher

Le jour où la croix se dresse entre terre et ciel et dessine le signe indélébile de l’amour de Dieu, le jour où l’Homme-Dieu donne sa vie pour tous et meurt seul et innocent, le jour où il nous faut entrer dans le silence et apprendre à prier auprès de la croix.

Comment notre prière peut-elle s’ouvrir à cet immense mystère de la mort du Fils de Dieu? Comment lever les yeux, comme Marie, vers le Crucifié souffrant et mourant? Comment prier au pied de la croix? Il nous faut ici déployer toutes les richesses de la prière pour essayer, humblement et dans la foi, d’accueillir en nous la profondeur de cet événement.

Parmi les nombreux chemins de prière qu’offre l’Église, saint Jean Eudes invite à déployer· notre prière en passant par quatre étapes, nous menant de l’adoration au don de nous-mêmes. (1)

Ainsi, au pied de la croix, portons à la fois un regard d’adoration et d’action de grâce envers le Christ qui se donne pour l’humanité, et un regard de contrition et d’espérance sur l’homme, à la fois pécheur, pardonné et sauvé. Adorer, rendre grâce, demander pardon et se donner, autant d’attitudes possibles pour façonner notre prière face à la grandeur de l’amour de Dieu révélé sur la croix.

Adorons et contemplons Jésus en croix. Sans la croix du Christ serait-il possible de croire en Dieu, face aux souffrances, aux injustices, aux malheurs de notre monde? La question du mal demeure et revient sans cesse dans le quotidien de nos rencontres avec des hommes et des femmes qui s’interrogent sur l’existence de Dieu.

La croix de Jésus n’apporte pas la réponse qui résout cette immense interrogation, mais elle révèle tout le poids de l’Incarnation: Dieu, en Christ, affronte le mal, l’injustice, le péché …

«Le problème du mal ne se résout pas dans un discours mais dans un combat. » (2) Tout au long de l’Évangile, nous voyons le Christ combattre ce qui déshumanise et avilit la personne humaine. Il mène ce combat jusqu’au bout, affrontant l’humiliation de la Passion et le supplice de la croix.

Adorer le Christ en croix, c’est contempler cet« incroyable » geste d’amour d’un Dieu qui vient partager notre condition humaine dans ce qu’elle a de plus abject et de plus dramatique, mais qui lui ouvre un chemin de libération et de salut.

Rendons grâce au Christ : « Ta croix, ô Christ, est la source de toutes les bénédictions, la cause de toute grâce. Par elle, les croyants tirent de leur faiblesse la force, du mépris . reçu la gloire, et de la mort la vie.» (3) Contempler la croix est source permanente d’action de grâce.

Écartant tout risque de mièvre piété ou de prière routinière, rendre grâce au Crucifié, c’est reconnaître Celui qui, humblement et avec force, nous manifeste pleinement ‘ce qu’est l’amour donné jusqu’au bout et l’offrande de soi aux autres.

En ce sens, notre prière d’action de grâce rejoint !’Eucharistie – lieu de «mémoire dangereuse» (J.B. Metz) – où la croix rappelle la victoire définitive du Christ sur les forces du mal en nous et dans le monde.

Chacun, jour après jour, peut trouver dans le sacrifice du Christ la force et le courage nécessaires pour affronter la rudesse de la vie mais aussi développer le don de soi. Demandons pardon d’avoir douté de l’amour du Christ à l’œuvre dans le monde et dans notre propre vie.

Demandons pardon d’avoir oublié les engagements de notre baptême où, pour la première fois, a été tracé sur nous le signe de la croix. Demandons pardon de nos refus d’accueillir la miséricorde révélée sur la croix par le Christ, « visage du Père, qui est le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation». (4)

Les derniers mots de Jésus sur la croix – «Père, pardonne- leur, ils ne savent pas ce qu’ils font» (Lc 23, 34) – rappellent le cœur de sa prédication et de sa mission: la conversion du pécheur et le pardon de Dieu offert à tous.

Il nous faut, simplement, oser nous reconnaître participant au péché du monde qui conduit à la croix, mais nous savoir aussi pécheurs pardonnés. Donnons-nous au Christ pour apprendre à nous donner. Au terme de ce chemin de prière, avant la mise au tombeau, regardons une dernière fois le Crucifié: accueillons l’amour qu’il offre à tout homme. La croix devient alors appel à nous laisser transformer, convertir, aimer.

Osons, avec Paul, vivre notre foi comme union au Christ:« Avec le Christ, je suis crucifié. Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. »(Gal 2,19-20)

Le don du Christ sur la croix nous invite à devenir des êtres de dons, capables d’aimer notre prochain et d’œuvrer à la construction d’une humanité plus heureuse.

Méditation du Vendredi saint La Croix-vendredi 25 mars 2016

(1) Luc Crépy et M.-F. Le Brizaut, Saint Jean Eudes, ouvrier de la nouvelle évangélisation au XVII• siècle, 2016, Fidélité, n°3l;p. 105 SS. (2) Adolphe Gesché, Le Mal, Paris, Éd. Cerf, 1996, p. 177. (3) Saint Léon le Grand, office des lectures du Vendredi saint. (4)Jean-Paul II, Dives in Misericordia, I.4.

Dans un monde d’autosuffisance, nos fragilités sont un pont vers le ciel.

Dans un monde d’autosuffisance, nos fragilités sont un pont vers le ciel.

«J’ai soif»: c’est sur ces derniers mots de Jésus sur la croix que Léon XIV s’est attardé dans sa catéchèse lors de l’audience générale place Saint-Pierre ce mercredi 3 septembre. Le Pape a expliqué que l’amour véritable apprend à demander et pas seulement à donner. Demander est ainsi libérateur.

Léon XIV

Place Saint-Pierre

Mercredi 3 septembre 2025

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Cycle de catéchèse – Jubilé 2025. Jésus-Christ notre espérance. III. La Pâque de Jésus. 5. La crucifixion.   « J’ai soif » (Jn 19,28)

Chers frères et sœurs,

au cœur du récit de la Passion, au moment le plus lumineux et en même temps le plus sombre de la vie de Jésus, l’Évangile de Jean nous livre deux mots qui renferment un immense mystère : « J’ai soif » (19,28), et aussitôt après : « Tout est accompli. » (19,30).

Ultimes paroles, mais chargées d’une vie entière, qui révèlent le sens de toute l’existence du Fils de Dieu. Sur la croix, Jésus n’apparaît pas comme un héros victorieux, mais comme un mendiant d’amour. Il ne proclame pas, ne condamne pas, ne se défend pas. Il demande humblement ce qu’il ne peut en aucun cas se donner à lui-même.

La soif du Crucifié n’est pas seulement le besoin physiologique d’un corps meurtri. Elle est même, et surtout, l’expression d’un désir profond : celui d’amour, de relation, de communion. C’est le cri silencieux d’un Dieu qui, ayant voulu tout partager de notre condition humaine, se laisse aussi traverser par cette soif. Un Dieu qui n’a pas honte de mendier une gorgée, car dans ce geste, il nous dit que l’amour, pour être vrai, doit aussi apprendre à demander et pas seulement à donner.

J’ai soif, dit Jésus, et c’est ainsi qu’il manifeste son humanité et la nôtre. Aucun de nous ne peut se suffire à soi-même. Personne ne peut se sauver seul. La vie “s’accomplit” non pas lorsque nous sommes forts, mais lorsque nous apprenons à recevoir. Et c’est précisément à ce moment-là, après avoir reçu des mains étrangères une éponge imbibée de vinaigre, que Jésus proclame : Tout est accompli. L’amour s’est fait nécessiteux, et c’est précisément pour cela qu’il a accompli son œuvre.

C’est là le paradoxe chrétien : Dieu sauve non pas en agissant, mais en se laissant faire. Non pas en vainquant le mal par la force, mais en acceptant jusqu’au fond la faiblesse de l’amour. Sur la croix, Jésus nous enseigne que l’homme ne se réalise pas dans le pouvoir, mais dans l’ouverture confiante à l’autre, même lorsqu’il nous est hostile et ennemi. Le salut ne réside pas dans l’autonomie, mais de reconnaitre avec humilité son propre besoin et de savoir l’exprimer librement.

L’accomplissement de notre humanité dans le dessein de Dieu n’est pas un acte de puissance, mais un geste de confiance. Jésus ne sauve pas par un coup de théâtre, mais en demandant quelque chose qu’il ne peut se donner à lui-même. Et c’est là que s’ouvre une porte sur la véritable espérance : si même le Fils de Dieu a choisi de ne pas se suffire à lui-même, alors notre soif – d’amour, de sens, de justice – n’est pas un signe d’échec, mais de vérité.

Cette vérité, apparemment si simple, est difficile à accepter. Nous vivons à une époque qui récompense l’autosuffisance, l’efficacité, la performance. Pourtant, l’Évangile nous montre que la mesure de notre humanité n’est pas donnée par ce que nous pouvons conquérir, mais par notre capacité à nous laisser aimer et, quand cela est nécessaire, aussi aider.

Jésus nous sauve en nous montrant que demander n’est pas indigne, mais libérateur. C’est le moyen de sortir de la dissimulation du péché, pour retourner dans l’espace de la communion. Dès le départ, le péché a engendré la honte. Mais le pardon, le vrai, naît lorsque nous pouvons regarder en face notre besoin et ne plus craindre d’être rejetés.

La soif de Jésus sur la croix est donc aussi la nôtre. C’est le cri de l’humanité blessée qui cherche encore l’eau vive. Et cette soif ne nous éloigne pas de Dieu, elle nous unit plutôt à Lui. Si nous avons le courage de la reconnaître, nous pouvons découvrir que notre fragilité est aussi un pont vers le ciel. C’est précisément en demandant – et non en possédant – que s’ouvre une voie de liberté, car nous cessons de prétendre nous suffire à nous-mêmes.

Dans la fraternité, dans la vie simple, dans l’art de demander sans honte et de donner sans calcul, se cache une joie que le monde ne connaît pas. Une joie qui nous ramène à la vérité originelle de notre être : nous sommes des créatures faites pour donner et recevoir de l’amour.

Chers frères et sœurs, dans la soif du Christ, nous pouvons reconnaître toute notre soif. Et apprendre qu’il n’y a rien de plus humain, rien de plus divin, que de savoir dire : j’ai besoin. N’ayons pas peur de demander, surtout quand nous pensons ne pas le mériter. N’ayons pas honte de tendre la main. C’est précisément là, dans ce geste humble, que se cache le salut.

* * *

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins venus du Luxembourg et de France. Frères et sœurs, apprenons l’art de demander sans honte et d’offrir sans calcul, nous construirons ainsi des relations fraternelles, vraies et authentiques porteuses d’une joie que le monde ne connaît pas.

Que Dieu vous bénisse et vos familles.

APPEL

Des nouvelles dramatiques nous parviennent du Soudan, en particulier du Darfour. À El Fasher, de nombreux civils sont pris au piège dans la ville, victimes de la famine et des violences. À Tarasin, un glissement de terrain dévastateur a fait de très nombreux morts, laissant derrière lui douleur et désespoir.

Et comme si cela ne suffisait pas, la propagation du choléra menace des centaines de milliers de personnes déjà épuisées. Je suis plus que jamais proche de la population soudanaise, en particulier des familles, des enfants et des personnes déplacées. Je prie pour toutes les victimes.

Je lance un appel pressant aux responsables et à la communauté internationale afin que des couloirs humanitaires soient garantis et qu’une réponse coordonnée soit mise en œuvre pour mettre fin à cette catastrophe humanitaire. Il est temps d’entamer un dialogue sérieux, sincère et inclusif entre les parties afin de mettre fin au conflit et de redonner espérance, dignité et paix au peuple du Soudan.

Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Parmi ses dernières paroles sur la croix, Jésus a dit “j’ai soif ”. Il ne se présente pas comme un héros victorieux, mais comme un mendiant d’amour. La soif du Crucifié est avant tout l’expression d’un désir profond : celui d’amour, de relation, de communion.

Par ce geste, Dieu nous dit que, pour être véritable, l’amour doit aussi apprendre à demander et pas seulement à donner. Sur la croix, Jésus nous enseigne que l’homme ne se réalise pas dans le pouvoir, mais dans l’ouverture confiante à l’autre, même lorsqu’il est hostile.

Le salut ne réside pas dans l’autonomie, mais dans la reconnaissance humble de son propre besoin et dans la capacité à l’exprimer librement. L’accomplissement de notre humanité dans le dessein de Dieu n’est pas un acte de force, mais un geste de confiance. Et c’est là qu’une porte s’ouvre sur la véritable espérance : notre soif – d’amour, de sens, de justice – n’est pas un signe d’échec, mais de vérité.

À une époque qui récompense l’autosuffisance, l’efficacité, la performance, l’Évangile nous montre que la mesure de notre humanité n’est pas donnée par ce que nous pouvons conquérir, mais par notre capacité à nous laisser aimer. La soif de Jésus sur la croix est le cri de l’humanité blessée qui cherche encore l’eau vive. C’est précisément en demandant – et non en possédant – qu’une voie de liberté s’ouvre, car nous cessons de prétendre nous suffire à nous-mêmes.