proclamer les hauts faits de Dieu

Pour la Semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens (18-25 janvier 2016), nous sommes invités par les chrétiens de Lettonie à « proclamer les hauts faits de Dieu » et à vivre au présent notre baptême.

Père Gougaud Directeur du Service national pour l’Unité des ChrétiensQuand on voit l’actualité douloureuse ; les communiqués de Daesch « au nom de Dieu le très Miséricordieux » ; la couverture de Charlie… Il y a quand même peut-être encore chez nos contemporains l’idée d’un Dieu méchant, jaloux, punisseur. Ou qui enverrait les problèmes, les épreuves, les maladies. Qui nous testerait. Nous sommes invités à « proclamer les hauts faits de Dieu » – c’est le thème de la Semaine, choisi par les chrétiens de Lettonie.

Quels sont ces « hauts faits » ? Ce sont ses bienfaits, ses capacités à se partager, à se donner. Dans la citation (1 Pierre 2, 9-10), il est fait mention de la Miséricorde. « Vous qui autrefois, dit l’apôtre aux premiers chrétiens, n’aviez pas obtenu Miséricorde, et qui maintenant avez obtenu Miséricorde ». C’est assez providentiel car ce thème a été choisi avant même que le Pape François ne lance l’Année de la Miséricorde. Les hauts faits de Dieu, c’est Sa Miséricorde. Un concept dynamique.

Pourquoi le mot « miséricorde » ? Pourquoi le mot « amour » ne suffit-il pas ? En latin et en français, le mot « amour » est quelque chose de statique. Est-ce que Dieu m’aime comme j’aime le chocolat ? Est-ce que j’aime mes proches comme j’aime le chocolat ? Bien-sûr que non. Le grec a trois mots pour dire « amour » : « eros », « philía et « agapè ». Les premiers chrétiens ont créé le mot « miséricorde » pour rendre compte de ce que le cœur de Dieu rejoint les misères de tous ! Le cœur de Dieu est dans l’auto-donation de lui-même vers nous: c’est bien là le « haut fait » par excellence. Dieu est amour. Dieu n’est que Miséricorde. Il ne se révèle que pour nous faire participer à sa propre vie.

Arrêtons de penser que Dieu serait méchant. Ça, c’est le dieu du déisme, le grand horloger. Le Dieu que Jésus nous révèle est un Dieu qui n’est que Miséricorde. C’est-à-dire qu’Il veut profondément nous faire vivre de Sa vie. Voilà pourquoi, nous chrétiens, grâce à Jésus le Fils qui vient achever l’auto-donation que Dieu fait de Lui-même, non seulement nous le savons mais nous y participons : nous vivons de la vie de Dieu. Le message de Jésus n’est pas simplement informatif. Il est aussi performatif : il dit ce qu’il fait.

Être chrétien, ce n’est pas suivre des valeurs ou une philosophie, ou encore acheter sa place de paradis après sa mort. Être chrétien, c’est faire partie de la « nation sainte », du « sacerdoce choisi », de la « race élue ». C’est être déjà dans le Royaume de Dieu, au paradis sur cette terre. C’est contribuer à la croissance du Royaume de Dieu. Nous sommes déjà dans la vie divine ! Face à ces images –fausses- de Dieu, Jésus nous invite à entrer dans cette nouvelle compréhension, à accepter le don que Dieu nous fait. Les hauts faits de Dieu sont la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Voilà ce qu’il nous faut proclamer.

Père Gougaud, Directeur du Service national pour l’Unité des Chrétiens.