Quelle Église pour les jeunes ?

Quelle Église pour les jeunes ?

Christus vivit - le Christ vit - peinture de Jésus sous la croix dans l'église Collegiata dell'Assunta d'Arco - artiste inconnu
Christus vivit – le Christ vit – peinture de Jésus sous la croix dans l’église Collegiata dell’Assunta d’Arco – artiste inconnu

Dans son exhortation apostolique post-synodale Christus vivit, (Le Christ vit) le pape souhaite une Église qui se laisse stimuler par les jeunes, qui ne soit ni timide, ni « en guerre sur deux ou trois thèmes qui l’obsèdent ».   Elle est rendue publique ce 2 avril 2019. Il appelle de ses vœux une Église « pas trop attentive à elle-même » mais qui  « reflète surtout Jésus-Christ ».

Dans ce document, fruit du synode d’octobre sur les jeunes, le pape constate que « certaines choses concrètes doivent changer » dans l’Église, « et que pour cela il faut aussi prendre en compte la vision, voire les critiques des jeunes. »

Reconnaître la lumière chez les autres

L’indifférence, l’aversion ou même le rejet de l’Église professé par des jeunes s’enracine dans des raisons sérieuses et respectables, reconnaît-il en énumérant notamment les scandales sexuels et économiques, l’inadaptation à la sensibilité des jeunes, les difficultés de l’Église à rendre raison de ses positions doctrinales et éthiques face à la société contemporaine.

« Certains jeunes réclament une Église qui écoute davantage, qui ne soit pas toujours à condamner le monde. Ils ne veulent pas voir une Église silencieuse et timide, ni toujours en guerre sur deux ou trois thèmes qui l’obsèdent, une Église sur la défensive, qui n’a plus l’humilité, qui cesse d’écouter, qui ne permet pas qu’on l’interpelle. »

L’Église a besoin « de retrouver l’humilité et d’écouter simplement, de reconnaître dans ce que disent les autres la présence d’une lumière qui l’aide à mieux découvrir l’Évangile. » « Bien qu’elle possède la vérité de l’Évangile, cela ne signifie pas qu’elle l’ait comprise pleinement ; il lui faut au contraire toujours grandir dans la compréhension de ce trésor inépuisable. »

Droits des femmes et morale sexuelle

La morale sexuelle tend « à être une cause fréquente d’incompréhension et d’éloignement par rapport à l’Église, dans la mesure où elle est perçue comme un espace de jugement et de condamnation. »

Les jeunes expriment « un désir explicite de dialogue sur les questions relatives à la différence entre l’identité masculine et féminine, à la réciprocité entre les hommes et les femmes et à l’homosexualité. »

Attention à « une Église trop craintive et trop structurée », qui risque de devenir «continuellement critique face aux discours sur la défense des droits des femmes, et signaler constamment les risques et les erreurs possibles de ces revendications. »

L’Église doit au contraire prêter attention « aux revendications légitimes des femmes qui demandent plus de justice et d’égalité. » Elle « peut se rappeler l’histoire et reconnaître une large trame d’autoritarisme de la part des hommes, de soumission, de diverses formes d’esclavage, d’abus et de violence machiste. »

Ainsi « elle sera capable de faire siennes ces revendications de droits, et elle donnera sa contribution avec conviction pour une plus grande réciprocité entre hommes et femmes, bien qu’elle ne soit pas d’accord avec tout ce que proposent certains groupes féministes. »

« Dans cette ligne, le Synode veut renouveler l’engagement de l’Église contre toute discrimination et toute violence liées à l’orientation sexuelle. C’est la réaction d’une Église qui se révèle jeune et qui se laisse interpeller et stimuler par la sensibilité des jeunes. »

Si l’Église peut irriter les jeunes, ils sont cependant « sensibles à la figure de Jésus, lorsqu’elle est présentée de façon attrayante et efficace… C’est pourquoi il est nécessaire que l’Église ne soit pas trop attentive à elle-même mais qu’elle reflète surtout Jésus-Christ. »