Philosophe païen d’Athènes, Aristide se convertit au Christ, selon la chronique d’Eusèbe. Alors qu’il enseigne la philosophie à Athènes, l’empereur Hadrien visite cette ville en 125 de notre ère. Aristide lui présente une Apologie de la religion chrétienne qui fut bien accueillie. Dans un discours prononcé devant l’empereur, il souligne la nouveauté de la religion du Christ, message d’espérance et d’amour et soutient le principe de la divinité de Jésus-Christ. Il règne dans cet écrit un ton de sincérité joyeuse qui prouve combien l’auteur était heureux d’avoir trouvé la foi. Cette apologie a été retrouvée traduite en syriaque, en arménien et en grec. C’est l’un des premiers textes de défense du christianisme dont voici la finale.
L’APOLOGIE D’ARISTIDE (début IIe siècle)
« Un exposé raisonné du christianisme » (Saint Jérôme)
XIV. Il est maintenant évident, ô Roi, que tous ces objets de culte polythéiste sont des œuvres d’erreur et de perdition. On ne peut appeler dieux ceux qu’on voit, mais qui ne voient pas. Mais il faut adorer le Dieu visible qui voit toutes choses et qui a tout créé. Arrivons donc, ô Roi, aux Juifs, afin de voir ce qu’ils pensent, eux aussi, de Dieu. Descendant d’Abraham, Isaac et de Jacob, ils vinrent habiter l’Égypte. Dieu les en fit sortir de sa main forte et de son bras tout- puissant, par le moyen de Moïse, leur législateur, et il leur manifesta sa puissance par beaucoup de signes et de miracles. Mais, dans leur injustice et dans leur ingratitude, ils adorèrent souvent les idoles des païens et ils tuèrent les prophètes et les justes qui leur étaient envoyés.
Ensuite, lorsqu’il plut au fils de Dieu de venir sur la terre, après l’avoir insulté, ils le livrèrent au gouverneur des Romains et le condamnèrent à être crucifié, sans tenir compte de ses bienfaits et des innombrables miracles qu’il avait accomplis parmi eux. Ils ont péri par leur propre iniquité. Ils adorent bien maintenant le Dieu unique et tout-puissant, mais sans intelligence, car ils renient le Christ, fils de Dieu, et sont presque semblables aux païens, et quoiqu’ils paraissent se rapprocher de la vérité, ils s’en éloignent. Cela, au sujet des Juifs.
XV. Les Chrétiens descendent du Seigneur Jésus-Christ. On le reconnaît comme Fils du Dieu Très-Haut descendu du ciel avec le Saint-Esprit, pour le salut des hommes. Né d’une vierge sainte, il s’est incarné sans sperme et sans souillure et est apparu aux hommes afin de les faire sortir de l’erreur du polythéisme. Et ayant achevé son admirable mission, il mourut volontairement sur la croix, suivant un plan supérieur. Trois jours après, il ressuscita et monta aux cieux. Tu peux, ô Roi, si tu le désires, apprendre à connaître la renommée de sa vie dans ce qu’ils appellent le saint Évangile. Il eut douze disciples qui, après son ascension, se répandirent dans toutes les parties de la terre, pour y annoncer sa gloire. C’est ainsi que l’un d’entre eux vint dans nos contrées, prêchant le dogme de la vérité. Ceux qui se soumettent à leur prédication prennent le nom de Chrétiens.
Ils ont trouvé la vérité et dépassé tous les peuples de la terre. Car ils connaissent le Dieu créateur de toutes choses en son Fils unique et le Saint-Esprit, et ils n’adorent pas d’autre Dieu que celui-là. Ils ont les commandements du Seigneur Jésus-Christ lui-même gravés dans leurs cœurs et ils les observent dans l’attente de la résurrection des morts et de la vie du siècle à venir. Ils ne commettent pas d’adultères ni de fornications ; ils ne portent pas de faux témoignage. Ils ne convoitent pas ce qui est à autrui; ils honorent père et mère; ils aiment leur prochain et jugent avec équité. Ils ne font pas à autrui ce qu’ils ne veulent pas qu’on leur fasse. Ils exhortent ceux qui les traitent injustement et s’en font des amis. Ils s’efforcent de faire du bien à leurs ennemis. Ils sont doux, modestes, s’abstiennent de toute union illégitime et de toute impureté. Ils ne méprisent pas les veuves et ne font pas de tort à l’orphelin. Celui qui est riche donne de bon cœur au pauvre. Quand ils voient un étranger, ils le conduisent dans leur demeure et se réjouissent de lui comme d’un véritable frère. Car ce n’est pas selon la chair qu’ils s’appellent frères, mais selon l’esprit. Ils sont prêts à donner leur vie pour Christ. Ils observent strictement ses commandements, vivant saintement et justement, comme le Seigneur Dieu le leur a ordonné, lui rendant grâce à toute heure pour la nourriture, la boisson ou les autres biens.
XVI. C’est, en effet, le chemin de la vérité qui conduit ceux qui le suivent au royaume éternel promis par le Christ dans la vie à venir. Et afin que tu saches, ô Roi, que je ne dis pas ces choses par moi-même, cherche dans les écrits des Chrétiens, et tu verras que je ne dis rien en dehors de la vérité.