Archives de catégorie : Billet

sur la Médaille Miraculeuse, l’Église dans le monde

une Église simple et à l’écoute du monde

28-07-2013 source :  Radio Vatican

A l’archevêché de Rio, ce samedi midi (heure locale, 18 heures à Rome) le Pape François a déjeuné avec les cardinaux et évêques du Brésil. L’épiscopat brésilien est, en nombre, le plus important du monde avec 459 évêques et 9 cardinaux. Et c’est un discours fleuve à la mesure de l’immensité de ce pays que le pape François a préparé pour eux, un texte majeur qui mérite d’être approfondi. Vendredi soir, lors du chemin de Croix, le Souverain pontife avait dit comprendre les jeunes qui perdent la foi à cause des mauvais prêtres. Et ce samedi il a abordé de front et avec une grande lucidité l’hémorragie des catholiques qui quittent l’Église pour les mouvements ou les sectes ou parce qu’ils ont perdu la foi. Un problème particulièrement grave au Brésil.

L’Église au Brésil a reçu et appliqué avec originalité le Concile Vatican II.
Après avoir dépassé « certaines maladies infantiles », elle est aujourd’hui plus mûre, ouverte, généreuse, missionnaire. Mais aujourd’hui nous sommes à une période nouvelle – constate le pape – un changement d’époque. Des catholiques s’en vont, déçus, par qu’ils pensent que l’Église ne peut plus rien leur offrir de significatif. Peut-être l’Église est-elle apparue trop faible, trop éloignée de leurs inquiétudes, trop froide dans ses contacts, trop emportée elle-aussi par la frénésie de l’efficacité ; peut-être trop autoréférentielle, prisonnière de ses langages rigides ; peut-être le monde perçoit-il l’Église comme une survivance du passé, inadaptée aux questions nouvelles. Il faut donc réagir et le pape François encourage l’Église à ne pas avoir peur de sortir dans la nuit. Elle doit cesser de réduire le mystère qu’elle héberge en elle-même à une explication rationnelle ; chez les gens, au contraire, le mystère entre par le cœur. Le chemin de Dieu est le charme, l’attrait.
Le Pape François veut une Église qui réchauffe les coeurs
L’Église doit retrouver son humilité et surtout sa simplicité. Ses filets sont fragiles, peut-être raccommodés ; la barque de l’Église n’a pas la puissance des grands transatlantiques qui franchissent les océans, certes. Mais le résultat du travail pastoral – avertit le pape argentin – ne s’appuie pas sur la richesse des ressources, mais sur la créativité de l’amour. La ténacité, l’effort, le travail, la programmation, l’organisation servent certainement, mais la force de l’Église n’habite pas en elle-même, elle se cache dans les eaux profondes de Dieu. Parfois, nous perdons ceux qui ne nous comprennent pas parce que nous avons oublié la simplicité, important de l’extérieur une rationalité étrangère à nos gens. Aujourd’hui, il faut une Église qui se mette en chemin avec les personnes et réchauffe les cœurs. Une Église miséricordieuse capable de s’introduire dans un monde de blessés.
Et à noter que dans ce long discours, le pape n’a pas oublié les femmes : Ne réduisons pas leur engagement dans l’Église – a-t-il lancé – mais promouvons leur rôle actif dans la communauté ecclésiale. En perdant les femmes l’Église risque la stérilité.

Sortir de nos églises, aller à la rencontre

 27-07-2013 source : Radio Vatican

“Avec courage, pensons à la pastorale en partant de la périphérie, en partant de ceux qui sont plus éloignés, de ceux qui habituellement ne fréquentent pas la paroisse”. Un vœu exprimé par le Pape François dans l’homélie de la messe célébrée ce samedi matin à Rio, en la Cathédrale Sao Sebastiao, en présence d’un millier d’évêques des JMJ, et de milliers de prêtres, de religieux et de séminaristes, venus de tous les continents.
Demandant, à travers eux, au clergé du monde de « promouvoir une culture de la rencontre », le Pape a souligné que « dans la culture de l’exclusion et du rebut », il n’y a « pas de place pour la personne âgée, ni pour l’enfant non voulu, il n’y a pas de temps pour s’arrêter avec le pauvre sur le bord de la route. » « Parfois, a ajouté le Pape, on a l’impression que pour certains les rapports humains soient réglés par deux règles modernes : l’efficacité et le pragmatisme ». Le Pape demandait encore « d’être des artisans de la culture de la communion et de la rencontre ». Il insistait sur le fait que la rencontre et l’accueil de tous, la solidarité et la fraternité, sont les éléments qui rendent notre civilisation vraiment humaine.
Vous avez été appelés par Dieu
Mais aux évêques, aux prêtres et aux religieux, le Pape rappelait aussi qu’ils ont été appelés par Dieu, et que « ce n’est pas la créativité pastorale, ce ne sont pas les rencontres ou les planifications qui assurent les fruits, mais le fait d’être fidèles à Jésus ». D’où l’importance de le contempler, l’adorer et l’embrasser, en particulier à travers une fidélité à la vie de prière, dans une rencontre quotidienne avec lui présent dans l’Eucharistie et dans les personnes les plus nécessiteuses. Le Pape François citait alors quelques paroles de la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta : « Nous devons être très fiers de notre vocation qui nous donne l’opportunité de servir le Christ dans les pauvres. »
Le devoir d’accompagner les jeunes
Le Pape François rappelait aussi à son auditoire leur devoir d’annoncer l’Évangile. Et vu qu’ils sont venus accompagner des groupes de jeunes des JMJ, il leur demandait d’accompagner ces jeunes dans leur désir de se faire des disciples missionnaires de Jésus. « Non pas au bout du monde, comme par exemple je le rêvais étant jeune, pensant aller comme missionnaire dans le lointain Japon, mais déjà chacun dans son propre pays, dans sa propre maison, son milieu d’étude ou de travail, la famille et les amis ». Dernière recommandation du Pape François aux ministres de l’EÉglise, aux religieux : ne pas économiser leurs forces dans la formation des jeunes et leur éducation à la mission, à sortir, à partir. « Jésus a fait ainsi avec ses disciples : il ne les a pas tenus attachés à lui comme une mère poule avec ses poussins ; il les a envoyés ! » « Nous ne pouvons pas rester enfermés dans la paroisse, dans nos communautés, quand tant de personnes attendent l’Évangile ! Ce n’est pas simplement ouvrir la porte pour accueillir, mais c’est sortir par la porte pour chercher et rencontrer ! », a exhorté le Pape.

le « dialogue constructif » pour le présent

27-07-2013 source : Radio Vatican

Politiques, diplomates, chefs d’entreprise, universitaires, représentants de la société civile, du monde de la culture et des principales communautés religieuses. Samedi en fin de matinée, les élites du Brésil s’étaient rassemblées au théâtre municipal de Rio, icône de l’architecture brésilienne du 19° siècle. Les rencontres avec la classe dirigeante du pays figurent presque toujours sur l’agenda des voyages pontificaux à l’étranger. Et c’est en espagnol, sa langue maternelle, que le pape François s’est adressé à ce parterre prestigieux pour mieux exprimer – a-t-il dit – ce qu’il porte dans son cœur. Le pape qui souhaite des actions audacieuses face aux cris qui continuent de réclamer justice.
Rétablir le sens éthique
La responsabilité sociale, pour le pape argentin, c’est une priorité. Il ne pouvait manquer d’en parler devant les décideurs d’un immense pays émergeant. Le Saint- Père a plaidé en faveur d’une vision humaniste de l’économie et pour une plus large participation politique afin d’éviter les élitismes et de déraciner la pauvreté. Personne – a-t-il martelé – ne peut être privé du nécessaire ; la dignité, la fraternité et la solidarité, tout le monde y a droit. C’est l’avenir qui l’exige et c’est la route à suivre. Pour le pape François, le grand défi historique aujourd’hui est de rétablir le sens éthique ; un défi sans précédent. La rationalité scientifique et technique ne suffit pas ; dans la situation actuelle elle doit aller de paire avec une responsabilité sociale profondément solidaire. Or cela passe résolument par le dialogue – a insisté le Souverain pontife.
Le dialogue pour trouver une solution aux conflits sociaux
Entre l’indifférence égoïste et la protestation violente il y a une option toujours possible : le dialogue, entre les générations, avec les peuples, entre les différentes richesses culturelles. Les démocraties – a-t-il averti – ne sont pas à l’abri du risque de représenter uniquement les intérêts constitués. D’où la nécessité d’une forte contribution des énergies morales. Le pape François est favorable à la laïcité de l’Etat à condition qu’elle respecte et valorise la présence du facteur religieux dans la société avec ses expressions concrètes – a-t-il précisé. Il a souhaité que la nation brésilienne puisse continuer à se développer dans le plein respect des principes éthiques fondés sur la dignité transcendante de la personne. Une vision qui a beaucoup reçu de la sève de l’Evangile par l’intermédiaire de l’Eglise catholique. Le christianisme unit transcendance et incarnation. Pour les chrétiens, le bien commun passe par l’humanisation intégrale de la société et par la culture de la rencontre. C’est là-dessus qu’il faut miser, faute de quoi tous seront perdants.
Le témoignage poignant d’un jeune sorti de la drogue
Auparavant, un jeune de 28 ans avait pris la parole devant le Souverain Pontife au nom de la société civile. Orphelin, ancien drogué ayant vécu dans une favela, il a raconté son histoire avec émotion. Il s’en est sorti grâce à sa communauté paroissiale, et a pu achever ses études d’histoire à l’Université catholique de Rio gérée par les jésuites. Il a évoqué la souffrance sociale des jeunes et les efforts déployés pour rétablir la paix, la justice, l’espérance. Il a parlé des dangers sournois qui se cachent dans l’univers numérique, les incohérences et les inégalités, la pauvreté et la mort, la misère et la souffrance. Des jeunes drogués et sans abris participent aux JMJ – a-t-il noté – Mais il y a aussi tant de jeunes violents ou violentés. Il y a des jeunes qui rêvent d’une nouvelle aube, qui sont descendus dans la rue pour revendiquer une vie plus digne, qui veulent construire un monde nouveau mais qui manquent de figures de référence. Il s’est félicité que ces JMJ laisseront un héritage social, un nouveau pavillon de l’hôpital Saint François visité par le pape mercredi.