Archives de catégorie : Editorial

Editorial de la lettre aux associés de la Médaille miraculeuse

Marie et le Royaume de Dieu

Marie et le Royaume de Dieu

À quelle distance la souffrance d’autrui devient-elle supportable ?
À quelle distance tenons-nous la nouvelle du malheur des  autres ?
À l’opposé, à quelle distance la joie d’autrui devient-elle supportable ?

Si je souffre, n’est-elle pas une insulte à ma souffrance, et si je ne traîne que mon lot habituel de tristesses et de soucis, cette joie enjouée d’un autre n’éveille-telle pas une intolérable envie ? Voilà bien les plis et les replis du cœur humain !

ASSOMPTION Vitrail - Église de l’Assomption Saint-Denis de la Réunion
ASSOMPTION Vitrail – Église de l’Assomption Saint-Denis de la Réunion

Pour nous obliger à les voir, à les avouer, mais surtout pour les guérir, Dieu a posé au milieu de nous une provocation. Un être, une femme, Marie. C’est cette provocation que nous célébrons au cœur de l’été.

Nous remontons le fil de l’histoire sainte jusqu’à son Assomption. À dire vrai, curieux pèlerinage ! Aucun texte des Écritures ne nous en parle. Il n’y a pas de récit, pas d’anecdote, simplement le fait que sa vie ait
été assumée.

La parole de saint Paul éclaire judicieusement ce qui se manifeste dans ce fait : « Frères, nous le savons, tout a contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. »

Tout a contribué au bien, au bonheur, à la gloire de la Mère de Jésus, qui peut, en toute rigueur, recevoir le titre  incroyable de Mère de Dieu, du Dieu venu avec nous. Dieu peut dire à Marie : « Tu m’aimais parce que je t’aimais » ; cet amour, elle l’a respiré durant sa vie et c’est pourquoi la joie de cette Mère unique a été parfaite.

Allons-nous accepter de dépasser nos marasmes et nos souffrances pour nous laisser enseigner par elle la louange et l’action de grâce ? Le Christ nous a donné sa Mère pour nous révéler qu’en acceptant comme elle qu’il n’y ait plus de distance entre Dieu et nous, nous parviendrons à abolir aussi la distance qui nous empêche de rejoindre nos frères dans leur joie ou leur souffrance. Cela s’appelle le Royaume de Dieu. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

L’esprit de médiation en Jésus et Marie

L’esprit de médiation en Jésus et Marie

Comme sa Mère, Jésus met à profit cette voix calme et ce regard bienveillant qui incite à l’apaisement les gens qui le sollicitent, soit spontanément, soit parce qu’ils lui sont adressés. Sa médiation est un mode aimable de prévention et de résolution des conflits.

La Miniature du IXe siècle illustre l’Agneau mystique représentant le Christ et les quatre symboles des évangélistes - bibliothèque municipale - Valenciennes - D.R.
La Miniature du IXe siècle illustre l’Agneau mystique représentant le Christ et les quatre symboles des évangélistes – bibliothèque municipale – Valenciennes – D.R.

Pour Jésus, le médiateur n’est pas un juge, il ne dit pas le droit, comme les scribes. Ce n’est pas non plus un arbitre qui prend une décision à la place des personnes. C’est un tiers indépendant en qui elles ont foi et qui les aide à trouver par elles-mêmes une solution à leur différend. Ainsi du centurion, de Bartimée, de la femme hémorroïsse : « Ta foi t’as sauvé(e) » (Mathieu 8,13 ; Marc, 10, 52 ; Luc 8, 48).

Comme sa Mère à Cana (Jean 2, 3), Il se passionne pour un processus qui consiste en premier lieu à faire confiance aux gens qu’il rencontre, qu’il reçoit ou chez qui il va. La plupart sont parfaitement en capacité de trouver un accord.

Mais ils ont besoin d’être accompagnés pour quitter ces tranchées qu’ils ont eux-mêmes creusées ou dans lesquelles ils sont tombés. Il les aide à en sortir, à atteindre un lieu où il devient possible de réfléchir et de dégager efficacement quels sont les besoins véritables des uns et des autres.

La médiation, pratiquons-la pour notre part dans un esprit de totale liberté et de bienveillance religieuse. Il se trouve que nous sommes chrétiens et le Nouveau Testament est la source à laquelle nous avons à puiser chaque jour. C’est pour nous le principal puits d’inspiration.

Lisons-en quotidiennement des passages. Cela nous nourrira à coup et, pour faire le lien avec notre vie, nous apportera une certaine humilité, le sentiment certes de notre relativité, mais aussi de notre relation apaisante à autrui.

Comme Jésus Médiateur, comme Marie Médiatrice de ses grâces, tenons-nous dans cette position d’être essentiellement dans le service, le respect, la tolérance et trouvons dans les Évangiles comment soutenir cette posture. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

les vrais enfants de Marie

Ainsi font les vrais enfants de Marie.

Sainte Famille, James Willkinson (1937) église de Dieulefit (Drôme) - D.R.
Sainte Famille, James Willkinson (1937) église de Dieulefit (Drôme) – D.R.

Ils se plaisent à rester près d’Elle, dans sa maison. C’est-à-dire qu’ils aiment la retraite, la vie intérieure, l’oraison, ne cherchant pas à paraître au-dehors, préférant à tous les vains éclats du monde, la solitude avec leur Mère, la vie obscure et cachée de Nazareth, le silence et l’oubli.

Ils l’honorent comme leur très bonne et très aimante Mère et l’aiment d’un amour tendre et fort qui ne recule pas devant le sacrifice.

Ils lui obéissent avec fidélité, suivant en tout ses conseils, évitant avec un soin jaloux, ce qui pourrait lui déplaire et pratiquent, à son imitation, toutes les vertus, celles surtout qu’ils savent lui être plus agréables : la charité, l’humilité, l’obéissance, la pureté.

Ils ont en elle une confiance sans borne, réclamant sans cesse son secours, lui découvrant leurs difficultés avec une grande ouverture de coeur et s’attachant à sa miséricorde et à sa douceur pour avoir le pardon de leurs péchés par son intercession ou pour goûter ses douceurs maternelles dans leurs peines ou leurs ennuis.

Ils se jettent enfin, et se perdent d’une manière admirable en son sein virginal pour y être embrasés du pur amour et purifiés des moindres taches, et pour y trouver pleinement Jésus qui y réside comme sur un trône de gloire.

Vous le voyez, la vie avec Marie prend l’activité entière de l’âme.

C’est une imitation continuelle de ses vertus, qui transforme l’enfant à la ressemblance de sa Mère, et, par suite, de son divin Frère Jésus ; c’est une union intime de notre âme à son âme, de notre coeur à son coeur, de nos actions aux siennes.

Sans doute, ce n’est pas en un jour que nous parviendrons à la perfection de cette union, mais il dépend de nous de nous y exercer. ■

Jean-Daniel Planchot, cm