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Ne pas se résigner aux divisions

Ne pas se résigner aux divisions

La matinée a été placée sous le signe de l’œcuménisme pour le Pape lors de sa seconde journée à Chypre. Il a rencontré le Saint-Synode de l’Église orthodoxe chypriote. L’occasion pour lui de souligner les racines communes entre les Églises catholique et orthodoxe et de renouveler sa volonté d’approfondir le dialogue œcuménique, en prenant pour modèle Barnabé qui évangélisa l’île dès le premier siècle après Jésus-Christ.

Le Pape à Chypre
Le Pape à Chypre – Saint Barnabé

«Nous descendons de la même ardeur apostolique et un seul chemin nous relie, celui de l’Évangile» : le Pape a évoqué les origines communes des catholiques et des orthodoxes, et la figure de Barnabé, qui signifie «fils de la consolation» et «fils de l’exhortation». «Il me plaît de nous voir marcher ainsi sur la même route, à la recherche d’une fraternité toujours plus grande et de la pleine unité.»

Des deux caractéristiques du saint évangélisateur. D’abord que l’annonce «doit suivre le chemin de la rencontre personnelle, en prêtant attention aux questions des gens, à leurs besoins existentiels.» Pour cela il faut écouter, se laisser interroger, découvrir l’autre, partager et affirmer que «l’Évangile se transmet par la communion». D’où le prochain synode qui reconnait que l’expérience orthodoxe en la matière peut être utile pour l’Église catholique.

Vos peines et joies sont les nôtres

«J’espère sincèrement que nous aurons davantage d’occasions de nous rencontrer, de mieux nous connaître, de briser de nombreux préjugés et d’écouter avec docilité les expériences de foi des uns et des autres. Ce sera pour chacun une exhortation stimulante à mieux faire et à porter ensemble un fruit spirituel de consolation». «Vos peines et vos joies sont nôtres, nous sentons qu’elles sont les nôtres ! Et nous sentons que nous avons aussi un grand besoin de votre prière.»

Barnabé sert toujours d’exemple aujourd’hui pour les deux communautés. Sa vente d’un champ pour en donner l’argent aux apôtres, doit suggérer que, «pour nous revitaliser dans la communion et la mission, nous devons nous aussi avoir le courage de nous dépouiller de ce qui même précieux est terrestre, afin de permettre la plénitude de l’unité».

Il ne faut pas se laisser paralyser par la crainte de s’ouvrir et d’accomplir des gestes audacieux, ne pas se complaire dans d’irréconciliables différences. Il faut faire en sorte que la Tradition l’emporte sur les traditions et «laiLser derrière nous tout ce qui, même bon, peut compromettre la plénitude de la communion, le primat de la charité et la nécessité de l’unité.»

Travailler ensemble

L’Esprit Saint désire ce rapprochement. «Si nous laissons de côté les théories abstraites et travaillons ensemble côte à côte, par exemple dans le domaine de la charité, dans l’éducation, dans la promotion de la dignité humaine, explique-t-il, nous redécouvrirons le frère, et la communion mûrira d’elle-même, à la louange de Dieu. Chacun conservera ses propres méthodes et son propre style, mais avec le temps, notre travail commun fera grandir la concorde et sera fructueux.»

«les mensonges et les tromperies que le passé place devant nous et qui entravent le chemin ne manquent pas. Des siècles de division et de distance nous ont fait assimiler, même involontairement, de nombreux préjugés hostiles à l’égard des autres, des idées préconçues souvent fondées sur des informations pauvres et déformées, diffusées par une littérature agressive et polémique.» Il faut au contraire «accepter docilement le chemin de Dieu, qui vise à recomposer les divisions dans la charité».

Cheminer vers l’unité

Avant avoir rencontré le Saint-Synode, le Pape a rendu visite au patriarche orthodoxe Chrysostome II au palais archiépiscopal. Un entretien en privé, puis il a signé le livre d’or, écrivant : «pèlerin à Chypre, perle d’histoire et de foi, j’invoque de Dieu humilité et courage pour cheminer ensemble vers la pleine unité et donner au monde, à l’exemple des Apôtres, un message fraternel de consolation et un vif témoignage d’espérance».


Copyright des extraits © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

cultiver la patience et la fraternité

«cultiver la patience et la fraternité»

À l’occasion de sa première rencontre avec les religieuses et religieux de Chypre, ce 2 décembre, à la cathédrale maronite de Nicosie, la capitale, le Pape François a appelé les femmes et hommes consacrés de l’ile à la patience et à la fraternité, sur les pas de Saint Barnabé.
Blason de Chypre
Blason de Chypre

 

La première rencontre du voyage du Pape François à Chypre s’est ouverte ce 2 décembre après-midi par une cérémonie de bienvenue, organisée à la cathédrale maronite Notre-Dame-de-Grâce de Nicosie. Le Saint-Père y a été accueilli par le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche de l’Église maronite, qui a parlé de la présence millénaire du peuple maronite sur l’Ile.

Après avoir exprimé sa gratitude envers le clergé présent, le Saint-Père a exprimé sa joie de visiter la terre chypriote comme un pèlerin, sur les traces de l’Apôtre Barnabé, grand évangélisateur de l’ile.

«Je viens avec le même désir: voir la grâce de Dieu à l’œuvre dans votre Église et sur votre terre, me réjouir avec vous pour les merveilles que le Seigneur opère et vous exhorter à toujours persévérer, sans vous fatiguer, sans jamais vous décourager.»

Une Église qui a su tenir à travers l’épreuve

L’Église latine, présente à Chypre depuis des millénaires, a vu croître dans le temps, en même temps que ses fidèles, l’enthousiasme de la foi. Aujourd’hui, grâce à la présence de beaucoup de frères et de sœurs migrants, elle se présente «comme un peuple “multicolore”, un véritable lieu de rencontre entre différentes ethnies et cultures».

En dépit des nombreuses épreuves que la communauté chrétienne de Chypre a traversé au cours des siècles, elle a su persévérer fidèlement dans la foi. Le Pape François a ainsi salué tous les catholiques maronites de l’île, et rappelé sa solidarité face à la souffrance de nombreux maronites du Liban.

«Je suis très préoccupé par la crise dans laquelle (le Liban) se trouve et je ressens la douleur d’un peuple fatigué et éprouvé par la violence et la souffrance».

Exercer la patience, à l’image de l’Apôtre Barnabé

Le Pape François a parlé du parcours de Saint Barnabé et de l’actualité de son témoignage pour les chrétiens de Chypre. Saint Barnabé, homme de foi et d’équilibre, a été choisi par l’Église de Jérusalem et considéré comme le plus apte à visiter la communauté d’Antioche. Durant sa mission, «l’explorateur» a fait preuve d’une grande patience au contact de personnes d’horizons, de culture et de sensibilités religieuses variés.

À son image, le Saint-Père a invité toute la communauté catholique de Chypre à cultiver la patience : «Barnabé a surtout la patience de l’accompagnement : il n’écrase pas la foi fragile des nouveaux arrivés par des attitudes rigoureuses, inflexibles, ou par des demandes trop exigeantes quant à l’observance des préceptes. Il les accompagne, les prend par la main, leur parle.»

De même, aujourd’hui, «nous avons besoin d’une Église patiente. D’une Église qui ne se laisse pas bouleverser ni troubler par les changements, mais qui accueille sereinement la nouveauté et discerne les situations à la lumière de l’Évangile».

Le Pape François a ainsi appelé les évêques à être «des pasteurs patients dans la proximité», et de ne pas se lasser de «chercher Dieu dans la prière, les prêtres dans la rencontre, les frères des autres confessions chrétiennes avec respect et sollicitude, les fidèles là où ils habitent».

Cultiver la fraternité, un devoir de chrétien

Enfin, la relation de l’apôtre Barnabé et de Saint Paul, qui ont voyagé ensemble comme des frères pour annoncer l’Évangile, peut offrir un témoignage actuel aux catholiques de Chypre. La protection qu’offrit le premier au second, dans une époque marquée par les persécutions chrétiennes, est un exemple de fraternité chrétienne.

«C’est une attitude d’amitié et de partage de vie. Prendre avec soi, prendre sur soi, c’est prendre en charge l’histoire de l’autre, se donner du temps pour le connaître sans l’étiqueter, le porter sur les épaules quand il est fatigué ou blessé (…). Cela s’appelle la fraternité.»

Nous avons tous besoin d’une «Église fraternelle qui soit un instrument de fraternité pour le monde». «Ici à Chypre, il y a beaucoup de sensibilités spirituelles et ecclésiales, des histoires d’origine variées, des rites et des traditions différentes». Mais nous ne devons pas «percevoir la diversité comme une menace pour l’identité, ni nous jalouser ou nous soucier de nos espaces respectifs».


Copyright des textes © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Pour le Pape, la rencontre et le dialogue, un mode de vie qui aide à l’amitié sociale

Pour le Pape, la rencontre et le dialogue, un mode de vie qui aide à l’amitié sociale

Lors de son audience, ce 19 novembre 2021, avec les membres de l’Académie suédoise, fondée en 1786 par le roi Gustave III et qui décerne les prix Nobel, le Pape François a rappelé que le dialogue social est la «voie royale vers une nouvelle culture» car il suppose un respect sincère de l’autre.
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AUDIENCE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS AUX MEMBRES DE L’ ACADÉMIE SUÉDOISE

salle des Papes
vendredi 19 novembre 2021

Mesdames et Messieurs !

Je suis heureux de vous retrouver, vous qui composez l’Académie suédoise. Je remercie le Président pour son introduction, notamment pour avoir mis le mot dialogue au centre.

Je suis sûr que vous aussi avez vu à quel point la longue crise de la pandémie met à rude épreuve la capacité de communiquer avec les autres. Cela est certainement dû à la fois aux périodes de confinement et au fait que toute cette situation a eu un impact sur les gens, souvent inconsciemment.

Chacun se retrouve un peu plus éloigné des autres, un peu plus retiré, peut-être plus méfiant ; ou nous sommes simplement moins susceptibles de nous rencontrer, de travailler côte à côte, avec la joie et l’effort de construire quelque chose ensemble.

Alors, la première chose est de prendre conscience de cette réalité, qui menace chacun de nous en tant que personnes, affaiblit notre capacité de relation, et qui appauvrit la société et le monde. Même involontairement, cette tendance risque de jouer le jeu de la culture de l’indifférence.

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Je suis sûr que , de votre point de vue privilégié, vous partagez cette préoccupation. C’est ce que confirment les propos que vous avez prononcés tout à l’heure, Monsieur le Président, et dans lesquels je me retrouve pleinement : « En temps de crise, chaque petit pas qui peut conduire l’être humain à se rapprocher de l’autre est d’une grande importance . »

C’est la pratique quotidienne de la rencontre et du dialogue : un style de vie qui ne fait pas l’actualité, mais qui aide la communauté humaine à avancer, à grandir dans l’amitié sociale. L’Encyclique Fratelli tutti contient un chapitre – le sixième – consacré à ce choix : « Dialogue et amitié sociale » (nn. 198-224).

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Avec vous, Académiciens, qui gardez, pour ainsi dire, le “pouls” de la dynamique culturelle, et qui décernez les prestigieux prix Nobel, je voudrais partager ce choix du dialogue social comme voie royale vers une nouvelle culture.

Le développement envahissant des médias sociaux risque de remplacer le dialogue par une multiplicité de monologues, souvent sur un ton agressif. En revanche, le dialogue social présuppose la capacité de respecter le point de vue de l’autre avec sincérité et sans dissimulation.

L’absence de dialogue favorise une culture de l’indifférence

Dialogue n’est pas synonyme de relativisme, au contraire, une société est d’autant plus noble qu’elle cultive la recherche de la vérité et s’enracine dans des vérités fondamentales (cf. n. 206-207) ; surtout lorsqu’elle reconnaît que « tout être humain possède une dignité inaliénable » (n. 213). Ce principe peut être partagé par les croyants et les non-croyants.

Sur cette base, nous sommes appelés ensemble à promouvoir la culture de la rencontre. « Armons nos enfants des armes du dialogue ! Apprenons-leur le bon combat de la rencontre ! (Fratelli tutti, 217).

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Mesdames et Messieurs, je vous remercie encore de votre visite. Que Dieu vous bénisse ainsi que votre travail, qu’il bénisse vos proches et votre pays.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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De petits pas, mais d’une grande importance

Cette préoccupation du Pape est partagée par l’Académie suédoise. En témoignent les paroles de son président, qui font écho à celles du Pape François : «en temps de crise, chaque petit pas qui peut rapprocher les êtres humains des autres est d’une grande importance

«C’est la pratique quotidienne de la rencontre et du dialogue : un mode de vie qui ne fait pas les gros titres, mais qui aide la communauté humaine à avancer, à grandir dans l’amitié sociale. L’encyclique Fratelli tutti contient un chapitre – le sixième – consacré à ce choix : “Dialogue et amitié sociale”».

«Le dialogue n’est pas synonyme de relativisme ; au contraire, une société est d’autant plus noble qu’elle cultive la recherche de la vérité» qui prend racine lorsqu’elle reconnaît que «tout être humain possède une dignité inaliénable».