Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU LUXEMBOURG

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
AU LUXEMBOURG

A son arrivée, le Saint-Père a été accueilli à l’extérieur du Cercle Cité par le Premier Ministre du Luxembourg, S.E. M. Luc Frieden, et la Maire de la Ville, Mme Lydie Polfer. Le Grand-Duc et la Grande-Duchesse l’attendaient plutôt à l’entrée principale du Palais. Le pape François arrive à la Grande Salle, au premier étage, où se trouvaient les autorités politiques et religieuses, les membres du corps diplomatique, les entrepreneurs et les représentants de la société civile et de la culture.

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS, LES REPRÉSENTANTS
DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CORPS DIPLOMATIQUE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Cercle Cité, Luxembourg
Jeudi 26 septembre 2024

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Altesses Royales,
Monsieur le Premier Ministre,
distingués représentants de la société civile,
illustres Membres du Corps Diplomatique,
Mesdames et Messieurs !
Éminences !

Je suis heureux de faire cette visite au Grand-Duché du Luxembourg ; je remercie vivement Votre Altesse Royale, et le Premier Ministre pour les cordiales paroles de bienvenue qu’elle m’a adressées. Et aussi pour la bienvenue si familière de votre famille, merci !

En raison de sa situation géographique particulière, à la frontière de différentes zones linguistiques et culturelles, le Luxembourg s’est souvent trouvé au carrefour des événements historiques européens les plus importants. À deux reprises, dans la première moitié du siècle dernier, il a dû subir l’invasion et la privation de liberté et d’indépendance.

Instruit par son histoire – l’histoire est maitresse de vie –, votre pays s’est distingué, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, par son engagement dans la construction d’une Europe unie et solidaire dans laquelle chaque pays, grand ou petit, aurait son rôle à jouer, laissant enfin derrière elle les divisions, les querelles et les guerres provoquées par des nationalismes exacerbés et des idéologies pernicieuses. Les idéologies sont toujours un ennemi de la démocratie.

Il faut également reconnaître que, lorsque la logique de la confrontation et de l’opposition violente prévaut, les lieux situés à la frontière entre les puissances en conflit finissent par être – malgré eux – fortement impliqués.

Mais lorsque les esprits retrouvent enfin les voies de la sagesse, et que les oppositions laissent place à la coopération, ces mêmes lieux deviennent alors les plus aptes à indiquer, pas seulement symboliquement, les exigences d’une nouvelle ère de paix et les chemins à suivre.

Le Luxembourg n’échappe pas à cette règle. Membre fondateur de l’Union Européenne et des Communautés qui l’ont précédée, il abrite de nombreuses institutions européennes dont la Cour de Justice de l’Union, la Cour des Comptes et la Banque d’Investissement. Et cela se fait toujours dans la paix, n’oublions pas que la guerre est toujours une défaite.

La paix – le Luxembourg a une histoire de construction de la paix – est nécessaire. Il est très triste qu’aujourd’hui, dans un pays d’Europe, les investissements qui rapportent le plus soient ceux des usines d’armement. C’est très triste.

À son tour, la solide structure démocratique de votre pays, qui a à cœur la dignité de la personne humaine et la défense de ses libertés fondamentales, est la condition indispensable pour un rôle aussi significatif dans le contexte continental.

En effet, ce ne sont pas la taille du territoire ni le nombre d’habitants à être la condition indispensable pour qu’un État joue un rôle important sur la scène internationale, ou pour qu’il devienne un centre économique et financier névralgique.

C’est plutôt la construction patiente d’institutions et de lois sages qui, en réglementant la vie des citoyens selon des critères d’équité et de respect de l’état de droit, mettent la personne et le bien commun au centre, en prévenant et en contrant les dangers de la discrimination et de l’exclusion. Le Luxembourg est un pays aux portes ouvertes, un beau témoignage de non-discrimination et de non-exclusion.

À cet égard, les paroles prononcées par saint Jean-Paul II lors de sa visite au Luxembourg en 1985 sont d’actualité : « Votre pays reste fidèle – disait-il – à sa vocation d’être, en ce carrefour important des civilisations, un lieu d’échanges et de coopération intenses entre un nombre croissant de pays.

Je souhaite ardemment que cette volonté de solidarité unisse toujours plus largement les communautés nationales et s’étende à toutes les nations du monde, notamment les plus démunies » (Discours à la cérémonie de bienvenue, 15 mai 1985).

En faisant miennes ces affirmations, je renouvelle tout particulièrement mon appel à l’établissement de relations de solidarité entre les peuples, afin que tous deviennent participants et protagonistes d’un projet ordonné de développement intégral.

La doctrine sociale de l’Église indique les caractéristiques de ce progrès et les voies pour y parvenir. Moi aussi je me suis inséré dans le sillage de ce magistère en approfondissant deux grands thèmes : la sauvegarde de la création et la fraternité.

En effet, pour être authentique et intégral, le développement ne doit pas saccager ni dégrader notre maison commune, et il ne doit pas marginaliser des peuples ou des groupes sociaux : tous, tous frères. La richesse – ne l’oublions pas – est une responsabilité. Je demande donc que l’on soit toujours attentif à ne pas négliger les nations les plus défavorisées, et même qu’on les aide à se relever de leurs conditions d’appauvrissement.

Il s’agit d’une voie maîtresse pour faire en sorte que diminue le nombre de ceux qui sont contraints à émigrer, souvent dans des conditions inhumaines et dangereuses.

Que le Luxembourg, avec son histoire particulière, avec sa situation géographique tout aussi particulière, avec un peu moins de la moitié de ses habitants venant d’autres parties de l’Europe et du monde, soit une aide et un exemple pour montrer la voie à suivre dans l’accueil et l’intégration des migrants et des réfugiés. Et vous êtes un modèle en cela.

Malheureusement, force est de constater la réapparition, même sur le continent européen, de fractures et d’inimitiés qui, au lieu d’être résolues sur la base de la bonne volonté mutuelle, de la négociation et du travail diplomatique, débouchent sur des hostilités ouvertes, avec leur cortège de destruction et de mort. Il semble que le cœur humain ne sache pas toujours garder la mémoire et qu’il s’égare périodiquement pour retourner sur les chemins tragiques de la guerre.

Nous sommes oublieux en ce domaine. Pour guérir cette dangereuse sclérose, qui rend les nations gravement malades, augmente les conflits et risque de les précipiter dans des aventures aux coûts humains immenses en renouvelant des massacres inutiles, il faut regarder vers le haut, il faut que la vie quotidienne des peuples et de leurs gouvernants soit animée par des valeurs spirituelles hautes et profondes.

Ce sont ces valeurs qui empêcheront la folie de la raison et le retour irresponsable aux mêmes erreurs du passé, aggravées de surcroît par la plus grande puissance technique dont dispose aujourd’hui l’être humain. Le Luxembourg est au cœur de la capacité à se faire des amis et à éviter ces chemins. Je dirais : c’est une de vos vocations.

En tant que Successeur de l’Apôtre Pierre, au nom de l’Église experte en humanité – comme le disait Paul VI –, je suis également envoyé ici pour témoigner que cette sève vitale, cette force toujours nouvelle de renouveau personnel et social, c’est l’Évangile. Celui-ci nous fait trouver de la sympathie chez toutes les nations, chez tous les peuples : de la sympathie, des sentiments égaux, des souffrances égales.

L’Évangile de Jésus-Christ qui est seul en mesure de transformer profondément l’âme humaine en la rendant capable de faire le bien, même dans les situations les plus difficiles, d’éteindre les haines et de réconcilier les parties en conflit.

Que tous, tout homme et toute femme, puissent connaître en pleine liberté l’Évangile de Jésus qui, en sa Personne, a réconcilié l’homme avec Dieu et qui, connaissant ce qu’il y a dans le cœur de l’homme, peut en guérir les blessures. Toujours positif.

Altesses Royales, Mesdames et Messieurs,

Le Luxembourg peut montrer à tous les avantages de la paix sur les horreurs de la guerre, de l’intégration et de la promotion des migrants sur leur ségrégation – et en cela je vous remercie beaucoup : cet esprit d’accueil des migrants et aussi leur donner une place dans votre société, cela enrichit -, les avantages de la coopération entre les nations sur les conséquences néfastes du durcissement des positions et de la poursuite égoïste et à courte vue – voire violente – des intérêts personnels.

Et permettez-moi d’ajouter une chose. J’ai vu le taux de natalité : s’il vous plaît, plus d’enfants, plus d’enfants ! C’est l’avenir. Je ne dis pas plus d’enfants et moins de chiens – je le dis en Italie – mais plus d’enfants !

Il est en effet urgent que ceux qui sont investis de l’autorité s’engagent avec constance et patience dans des négociations honnêtes en vue de résoudre les désaccords, dans un esprit disposé à trouver des compromis honorables qui ne portent préjudice en rien et qui peuvent, au contraire, construire la sécurité et la paix pour tous.

“Pour servir” : c’est avec cette devise que je suis venu parmi vous. Elle se réfère directement et éminemment à la mission de l’Église que le Christ, le Seigneur qui s’est fait serviteur, a envoyée dans le monde comme le Père l’avait envoyé. Mais permettez-moi de vous rappeler que cela, servir, est aussi pour chacun de vous le titre de noblesse le plus élevé.

Le service est pour vous aussi la tâche principale, le style à assumer chaque jour. Que Dieu vous donne de servir toujours avec un esprit joyeux et généreux. Et que ceux qui n’ont pas la foi travaillent pour leurs frères, pour leur pays, pour la société. C’est un chemin pour tous, toujours pour le bien commun !

Que Marie Mutter Jesu, Consolatrix Afflictorum, Patrona Civitatis et Patriae Luxemburgensis veille sur le Luxembourg et sur le monde et qu’elle obtienne de Jésus, son Fils, la paix et tout bien.

Que Dieu bénisse le Luxembourg ! Merci.

*

L’après-midi, le Saint-Père François s’est rendu à la Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg où, à 16h30, il a rencontré la Communauté catholique de Luxembourg.

A son arrivée, le Pape a été accueilli – à l’entrée principale de la Cathédrale – par l’Archevêque de Luxembourg, Son Éminence le Cardinal Jean-Claude Hollerich, S.I., et par le Curé de la Paroisse qui lui a apporté la croix et l’eau bénite pour l’aspersion. . Deux enfants lui ont offert des fleurs. Puis le pape François a traversé la nef centrale et a atteint l’autel pendant que le chœur chantait un chant.

Après le salut de bienvenue du Cardinal Archevêque de Luxembourg et le témoignage du jeune Diogo Gomes Costa, a eu lieu un spectacle de danse, Laudato si’, inspiré de la vie de Saint François qui a été suivi des témoignages de Mme Christine Bußhardt, vice-présidente Présidente du Conseil pastoral diocésain et de Sœur Maria Perpétua Coelho Dos Santos représentant les communautés linguistiques. Puis le Saint-Père a prononcé son discours.

RENCONTRE AVEC LA COMMUNAUTÉ CATHOLIQUE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Cathédrale Notre-Dame, Luxembourg
Jeudi 26 septembre 2024

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PAROLES DU SAINT-PÈRE
après les témoignages

Je voudrais reprendre ce que vous avez dit sur le drame des migrations. N’oublions pas un refrain qui dans la Bible, dans l’Ancien Testament, revient, revient, revient : la veuve, l’orphelin et l’étranger.

Avoir compassion – dit le Seigneur, déjà dans l’Ancien Testament – de ceux qui sont abandonnés. À cette époque, les veuves étaient abandonnées, les orphelins aussi, ainsi que les étrangers, les migrants. Les migrants font partie de la révélation. Un grand merci au peuple et au gouvernement du Luxembourg pour ce qu’ils font pour les migrants, merci !

* * *

Votre Altesse Royale,
Monsieur le Cardinal et frères Évêques,
chères sœurs, chers frères !

Je suis très heureux d’être ici parmi vous, dans cette magnifique cathédrale. Je remercie le Grand-Duc et sa famille pour leur présence ; et je remercie le Cardinal Jean-Claude Hollerich pour ses paroles aimables, ainsi que Diogo, Christine et Sœur Maria Perpetua pour leurs témoignages.

Notre rencontre coïncide avec un important Jubilé marial par lequel l’Église luxembourgeoise commémore quatre siècles de dévotion à Marie Consolatrice des Affligés, Patronne du pays. Le thème que vous avez choisi pour cette visite correspond bien à ce titre : “Pour servir”. Consoler et servir sont, en effet, deux aspects fondamentaux de l’amour que Jésus nous a donné, qu’Il nous a confié comme une mission (cf. Jn 13, 13-17) et qu’Il nous a montré comme l’unique chemin vers la pleine joie (cf. Ac 20, 35).

C’est pourquoi, dans quelques instants, nous demanderons à la Mère de Dieu dans la prière d’ouverture de l’Année mariale de nous aider à être “des missionnaires, prêts à témoigner de la joie de l’Évangile”, en conformant notre cœur au sien “pour nous mettre au service de nos frères”. Nous pouvons alors nous arrêter pour réfléchir précisément sur ces trois mots : service, mission et joie.

Tout d’abord, le service. Il a été dit précédemment que l’Église luxembourgeoise veut être “l’Église de Jésus-Christ, venu non pour être servi mais pour servir” (cf. Mt 20, 28 ; Mc 10, 45). L’image de saint François embrassant le lépreux et guérissant ses plaies a également été évoquée.

S’agissant du service, je voudrais vous recommander un aspect très urgent aujourd’hui : celui de l’accueil. Je le fais ici parmi vous d’une manière particulière, parce que votre pays a – et maintient – vivante une tradition séculaire dans ce domaine, comme nous l’a rappelé sœur Maria Perpetua, et comme cela est apparu à plusieurs reprises dans les autres témoignages, à travers le cri : “todos, todos, todos !”, “tous, tous, tous !”, répété plusieurs fois.

Oui, l’esprit de l’Évangile est un esprit d’accueil, d’ouverture à tous, et il n’admet aucun type d’exclusion (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 47). Je vous encourage donc à rester fidèles à votre héritage, à cette richesse que vous avez, en continuant à faire de votre pays une maison d’amitié pour tous ceux qui frappent à votre porte en demandant aide et hospitalité.

Cela est plus encore un devoir de justice que de charité, comme le disait déjà saint Jean-Paul II rappelait les racines chrétiennes de la culture européenne. Il encourageait les jeunes Luxembourgeois à tracer le chemin pour « une Europe non seulement des marchandises et des biens, mais des valeurs, des hommes et des cœurs », dans laquelle l’Évangile serait partagé « dans la parole de l’annonce et dans les signes de l’amour » (Discours aux jeunes du Grand-Duché de Luxembourg, 16 mai 1985, n. 4).

Je le souligne parce que c’est important : une Europe et un monde dans lesquels l’Évangile serait partagé dans la parole de l’annonce et dans les signes de l’amour.

Et ceci nous amène au deuxième thème : la mission. Tout à l’heure, le Cardinal Archevêque a parlé d’une “évolution de l’Église luxembourgeoise dans une société sécularisée”. J’ai aimé cette expression : l’Église, dans une société sécularisée, évolue, mûrit, grandit. Elle ne se replie pas sur elle-même, triste, résignée, rancunière, non.

Mais, dans la fidélité aux valeurs de toujours, elle relève le défi de redécouvrir et de revaloriser de façon nouvelle les voies d’évangélisation, en passant de plus en plus d’une simple approche de l’attention pastorale à celle de l’annonce missionnaire – et il faut du courage.

Et pour ce faire, elle est prête à évoluer : par exemple – comme nous l’a rappelé Christine – en partageant les responsabilités et les ministères, en marchant ensemble comme une Communauté qui annonce et en faisant de la synodalité une “manière durable d’être en relation” entre ses membres.

Les jeunes amis qui ont interprété tout à l’heure quelques scènes de la comédie musicale Laudato si’ nous ont montré une très belle image de l’importance de cette croissance. Bravo, il ont fait très bien ! Merci pour le cadeau que vous nous avez fait ! Votre travail, fruit d’un effort communautaire impliquant de nombreuses personnes de l’archidiocèse, est pour nous tous un signe doublement prophétique !

Il nous rappelle d’abord nos responsabilités à l’égard de la “maison commune” dont nous sommes les gardiens, et non pas les despotes. Mais ensuite, il nous fait aussi réfléchir sur la façon dont cette mission, vécue ensemble, constitue en elle-même un merveilleux instrument choral pour dire à tous la beauté de l’Évangile.

Et cela est important, c’est important pour nous tous : ce qui nous pousse à la mission, en effet, ce n’est pas le besoin de “faire du nombre”, de faire du “ prosélytisme”, mais le désir de faire connaître au plus grand nombre possible de frères et de sœurs la joie de la rencontre avec le Christ. Et je voudrais rappeler ici une belle expression de Benoît XVI : l’Église ne grandit pas par prosélytisme mais par attraction.

Voilà donc, au-delà des difficultés, le dynamisme vivant de l’Esprit Saint à l’œuvre en nous ! L’amour nous pousse à annoncer l’Évangile en nous ouvrant aux autres, et le défi de l’annonce nous fait grandir en tant que communauté, en nous aidant à surmonter la peur de nous engager sur de nouveaux chemins et en nous incitant à accueillir avec gratitude la contribution de chacun. C’est une dynamique belle, saine et joyeuse qui nous fera du bien de cultiver en nous et autour de nous.

Venons-en ainsi au troisième mot : la joie. Diogo, en parlant de l’expérience des Journées Mondiales de la Jeunesse, rappelait le bonheur qu’il a ressenti à la veille de la fête, en attendant avec ses pairs de toutes provenances et de toutes nations le moment de notre rencontre, ainsi que l’émotion de se réveiller, le lendemain matin, entouré de nombreux amis ; et encore l’enthousiasme ressenti lors de la préparation, faite ensemble au Portugal, et la joie, un an après, à se réunir avec les autres, ici au Luxembourg.

Vous voyez ? Notre foi est ainsi : elle est joyeuse, “dansante”, parce qu’elle nous dit que nous sommes les enfants d’un Dieu ami de l’homme, qui nous veut heureux et unis, et ne peut être davantage réjoui que par notre salut (cf. Lc 15, 4-32 ; S. Grégoire Le Grand, Homélies sur les Évangiles, 34,3).

À ce propos, je vous en prie, ces chrétiens tristes, ennuyeux et à la triste mine font du tort à l’Église. Non, ce ne sont pas des chrétiens. S’il vous plaît, ayez la joie de l’Évangile : c’est ce qui nous fait tant croire et grandir.

À ce propos, je voudrais conclure en rappelant une autre belle tradition de votre pays, dont on m’a parlé : la procession de printemps – Springprozession – qui a lieu à Echternach à la Pentecôte en mémoire de l’infatigable travail missionnaire de saint Willibrord, évangélisateur de ce pays.

Toute la ville se déverse dans les rues et sur les places en dansant, avec de nombreux pèlerins et visiteurs qui accourent, et la procession devient une très grande et unique danse. Rappelons-nous que le Roi David dansait devant le Seigneur et c’était une expression de fidélité.

Grands et petits, tous dansent ensemble vers la cathédrale – cette année, même sous la pluie, paraît-il –, témoignant avec enthousiasme, en souvenir du saint pasteur, combien il est beau de marcher ensemble et de se retrouver tous frères autour de la table de notre Seigneur.

Et ici, juste un petit mot : s’il vous plaît, ne perdez pas la capacité de pardonner. Vous savez que nous devons tous pardonner, mais savez-vous pourquoi ? Parce que nous avons tous été pardonnés et que nous avons tous besoin de pardon.

Chères sœurs, chers frères, elle est belle la mission que le Seigneur nous confie : consoler et servir à l’exemple et avec l’aide de Marie. Merci à vous, personnes consacrées pour le travail que vous accomplissez, séminaristes, prêtres, tous ; et pour l’aide généreuse que vous avez voulu partager avec ceux qui sont dans le besoin. Là où se trouve un nécessiteux, là se trouve le Christ. Je vous bénis et je prie pour vous. Et vous aussi, s’il vous plaît, priez pour moi. Merci.

A la fin de son discours, après avoir transporté la Statue de la Consolatrice des Affligés au Saint-Père et un moment de réflexion devant la Statue, le Cardinal Hollerich a récité la prière d’ouverture du Jubilé marial (400e anniversaire). Après la remise de la Rose d’Or et après la bénédiction finale, l’Église luxembourgeoise a fait un cadeau au Pape.

Avant de quitter la Cathédrale, le Pape François a salué certains des évêques présents. Il a ensuite atteint la place devant l’entrée arrière de la Cathédrale pour saluer les fidèles et, après avoir traversé la cour intérieure pour la bénédiction des fidèles et un bref salut de quelques membres du Chapitre de la Cathédrale et du Conseil Épiscopal, il a quitté le Cathédrale pour la cérémonie d’adieu depuis Luxembourg.


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Vincent de Paul et le service des pauvres

Le service des pauvres doit être préféré à tout.

Logo Congrégation de la Mission
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Nous ne devons pas considérer les pauvres selon leur extérieur, ni selon ce qui paraît de la portée de leur esprit, d’autant que bien souvent ils n’ont pas presque la figure ni l’esprit de personnes raisonnables, tant ils sont grossiers et terrestres.

Mais tournez la médaille, et vous verrez par les lumières de la foi que le Fils de Dieu qui a voulu être pauvre, nous est représenté par ces pauvres; qu’il n’avait presque pas la figure d’un homme en sa passion, et qu’il passait pour fou dans l’esprit des Gentils, et pour pierre de scandale dans celui des juifs; et avec tout cela il se qualifie l’évangéliste des pauvres: «Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres».

Nous devons entrer dans ces sentiments et faire ce que le Christ a fait, à savoir prendre soin des pauvres pour les guérir, les consoler, les secourir et les recommander. Le Christ lui-même a voulu naître pauvre, recevoir en sa compagnie des disciples pauvres, servir les pauvres, se mettre à la place des pauvres jusqu’à dire que le bien et le mal que nous ferons aux pauvres, il le tiendra fait à sa personne divine.

Puisque Dieu aime les pauvres, il aime par conséquent ceux qui aiment les pauvres, car, lorsqu’’on aime bien quelqu’un, on a de l’affection pour ses amis et pour ses serviteurs. Ainsi nous avons sujet d’espérer que pour l’amour des pauvres, Dieu nous aimera.

Aussi, quand nous allons voir les pauvres, efforçons-nous d’entrer dans leurs sentiments pour souffrir avec eux et nous mettre dans les dispositions de ce grand Apôtre qui disait: «Je me suis fait tout à tous».

Et pour cela, il faut tâcher d’attendrir nos cœurs et de les rendre compatissants aux souffrances et aux misères du prochain et prier Dieu qu’il nous donne cet esprit de compassion et de miséricorde, qu’il nous en remplisse et qu’il nous le conserve.

Le service des pauvres doit être préféré à toutes choses, et il ne faut pas de retardement en ce qui est du service des pauvres. Si à l’heure de votre oraison, vous devez aller porter une médecine ou quelque secours, oh! allez-y en repos, offrez à Dieu votre action comme si vous poursuiviez votre oraison.

Il ne faut pas que votre esprit soit troublé ou que vous croyiez votre conscience chargée d’un péché, parce que, pour le service des pauvres, il vous a fallu quitter l’oraison, car ce n’est pas négliger Dieu que de s’en éloigner à cause de lui: en effet, on interrompt une œuvre de Dieu pour en accomplir une autre.

Voilà pourquoi, lorsque vous quittez l’oraison pour assister un pauvre, vous devez vous souvenir que faire tout cela, c’est encore le servir. La charité est par-dessus toutes les règles, et il faut que toutes se rapportent à celle-là. C’est une grande dame, il faut faire ce qu’elle commande.

Employons-nous donc avec un nouvel amour à servir les pauvres et même à chercher les plus pauvres et les plus abandonnés; reconnaissons devant Dieu que ce sont nos seigneurs et nos maîtres.

Extraits des entretiens de Saint Vincent Coste IX, 32; XIII, 811; XII, 392; IX, 319; X, 596; XI, 393

textes présentés par l’Association de la Médaille Miraculeuse

L’Esprit Saint notre allié dans la lutte contre l’esprit du mal

L’Esprit Saint notre allié dans la lutte contre l’esprit du mal

«La bataille contre l’esprit du mal se gagne comme Jésus l’a gagnée dans le désert: par des coups de la parole de Dieu». Le Pape François l’a souligné ce mercredi 25 septembre au cours de l’audience générale, la 500ème depuis le début de son pontificat. Poursuivant son cycle de catéchèse sur «l’Esprit Saint qui conduit le Peuple de Dieu vers Jésus», il a également déploré «la pornographie en ligne sur Internet, «derrière laquelle se cache un marché florissant».

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 25 septembre 2024

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Cycle de catéchèse. L’Esprit et l’Épouse. L’Esprit Saint conduit le peuple de Dieu vers Jésus, notre espérance. 7. Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert. L’Esprit Saint notre allié dans la lutte contre l’esprit du mal

Chers frères et sœurs, bonjour !

Immédiatement après son baptême dans le Jourdain, Jésus « fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable » (Mt 4,1) – ainsi rapporte l’Evangile de Matthieu. L’initiative n’appartient pas à Satan, mais à Dieu. En allant dans le désert, Jésus obéit à une inspiration de l’Esprit-Saint, il ne tombe pas dans un piège de l’ennemi, non, non ! Une fois l’épreuve passée, Lui retourne en Galilée – est-il écrit – « avec la puissance de l’Esprit Saint » (Lc 4,14).

Jésus, dans le désert, s’est débarrassé de Satan et peut maintenant délivrer de Satan. Lui s’est libéré, il libère de Satan. C’est ce que les Evangélistes mettent en évidence avec les nombreux récits de libération de possédés. Jésus dit à ses adversaires : « Si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, c’est que le royaume de Dieu est venu parmi vous » (Mt 12,27). Et Jésus chasse les démons dans la perspective du royaume de Dieu.

Aujourd’hui, nous assistons à un phénomène étrange concernant le démon. À un certain niveau culturel, on pense qu’il n’existe tout simplement pas. Il serait un symbole de l’inconscient collectif, de l’aliénation, bref une métaphore. Mais « la plus grande ruse du diable est de faire croire qu’il n’existe pas », comme l’a écrit quelqu’un (Charles Baudelaire).

Il est astucieux : il nous fait croire qu’il n’existe pas et ainsi il domine tout. Il est fourbe. Et pourtant notre monde technologique et sécularisé regorge de magiciens, d’occultisme, de spiritisme, d’astrologues, de vendeurs de sorts et d’amulettes, et malheureusement de véritables sectes sataniques.

Chassé par la porte, le diable est rentré par la fenêtre, pourrait-on dire. Chassé par la foi, il revient par la superstition. Et si tu es superstitieux, inconsciemment tu es en train de dialoguer avec le diable. Avec le diable, on ne dialogue pas.

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La preuve la plus forte de l’existence de Satan n’est pas dans les pécheurs ou les possédés, mais chez les saints ! “Et pourquoi cela, mon père ?”. Si, c’est vrai que le démon est présent et actif dans certaines formes extrêmes et “inhumaines” de mal et de méchanceté que nous voyons autour de nous.

Cependant, par cette voie, il est pratiquement impossible d’arriver à la certitude, dans des cas individuels, qu’il s’agit bien de lui, puisque nous ne pouvons pas savoir précisément où s’arrête son action et où commence notre propre mal. C’est pourquoi l’Église est très prudente et très stricte dans l’exercice de l’exorcisme, contrairement à ce qui se passe malheureusement dans certains films !

C’est dans la vie des saints, là précisément, que le démon est contraint d’apparaître au grand jour, de se dresser “à contre-jour”. Plus ou moins, tous les saints, tous les grands croyants, témoignent de leur lutte contre cette réalité obscure, et l’on ne peut honnêtement supposer qu’ils étaient tous dans l’illusion ou simplement victimes des préjugés de leur temps.

La bataille contre l’esprit mauvais se gagne comme Jésus l’a gagnée dans le désert : par la parole de Dieu. Vous voyez que Jésus ne dialogue pas avec le diable, il ne l’a jamais fait. Il le chasse ou le condamne, mais ne dialogue jamais. Et dans le désert, il répond non pas par sa parole, mais par la Parole de Dieu.

Frères, sœurs, ne dialoguez jamais avec le diable ; quand il vient avec des tentations “mais, ce serait bien ceci, ce serait bien cela” : stop. Élève ton cœur vers le Seigneur, prie la Vierge Marie et chasse-le, comme Jésus nous a appris à le faire.

Saint Pierre suggère également un autre moyen, dont Jésus n’avais pas besoin mais nous si, la vigilance : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer.» (1 P 5,8). Et saint Paul nous dit : « Ne donnez pas d’occasion au diable » (Ep 4,27).

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Après que le Christ, sur la croix, a vaincu pour toujours le pouvoir du « prince de ce monde » ( Jn 12,31), disait un Père de l’Église le diable « est lié, comme un chien à une chaîne ; il ne peut mordre personne, sauf celui qui, bravant le danger, s’approche de lui…. Il peut aboyer, il peut pousser, mais il ne peut pas mordre, sauf celui qui le veut » [1].

Si tu es un niais et que tu ailles voir le diable et que tu lui dises : “Ah, comment ça va ? …” et tout, il te démolit. Le diable – A distance. Avec le diable, on ne dialogue pas. On le chasse. La distance. Et nous tous, tous ! Nous avons fait l’expérience de la façon dont le diable s’approche avec certaines tentations. La tentation des dix commandements : quand nous nous en apercevons, arrêtons-nous, prenons de la distance, il ne faut pas s’approcher du chien attaché à une chaîne.

La technologie moderne, par exemple, à côté de nombreuses ressources positives qu’il convient d’apprécier, offre également d’innombrables moyens de “donner l’occasion au diable”, et beaucoup y succombent. Pensons à la pornographie en ligne sur Internet, derrière laquelle se cache un marché florissant : nous le savons tous. C’est le diable qui y travaille.

C’est un phénomène assez diffus, dont les chrétiens doivent cependant se méfier et qu’ils doivent rejeter fermement. Parce que n’importe quel téléphone portable a accès à cette brutalité, à ce langage du démon : la pornographie en ligne.

La conscience de l’action du diable dans l’histoire ne doit pas nous décourager. La considération finale doit être également celle de la confiance et de la sécurité : “Je suis avec le Seigneur, va-t’en ”.

Le Christ a vaincu le diable et nous a donné l’Esprit Saint pour que nous fassions nôtre sa victoire. L’action même de l’ennemi peut tourner à notre avantage si, avec l’aide de Dieu, nous la mettons au service de notre purification. Demandons donc à l’Esprit Saint, avec les paroles de l’hymne Veni Creator :

« Repousse l’ennemi loin de nous,
donne-nous ta paix sans retard,
pour que, sous ta conduite,
nous évitions tout mal ».

Soyez prudents, car le diable est plein de ruse, mais nous, les chrétiens, avec la grâce de Dieu, sommes plus rusés qu’il ne l’est. Je vous remercie.

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[1] S. Césaire d’Arles,  Discours 121, 6:  CC 103, p. 507.
* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier ceux venus de Suisse, avec le groupe musical de la Police du Valais, et les groupes venus de France et du Canada. Le Christ a vaincu le diable et nous a donné l’Esprit Saint pour que nous fassions nôtre sa victoire ! Je confie à votre prière le voyage au Luxembourg et en Belgique que j’entreprendrai demain afin qu’il soit l’occasion d’un nouvel élan de foi dans ces pays.

Dieu vous bénisse !

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APPEL

Je suis attristé par les nouvelles en provenance du Liban, où d’intenses bombardements ont causé beaucoup de morts et de destructions ces derniers jours. Je souhaite que la communauté internationale mette tout en œuvre pour arrêter cette terrible escalade. C’est inacceptable.

J’exprime ma sollicitude au peuple libanais qui a déjà trop souffert ces derniers temps. Et prions pour tous, pour tous les peuples qui souffrent de la guerre : n’oublions pas l’Ukraine martyrisée, le Myanmar, la Palestine, Israël, le Soudan, tous les peuples martyrisés. Prions pour la paix.

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père : 

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, on entend souvent que le démon n’existe pas, qu’il serait un symbole de l’inconscience collective ou une métaphore. « La plus grande ruse du diable est de faire croire qu’il n’existe pas » a affirmé Baudelaire. Nous savons pourtant que Jésus lui-même, au désert, fut tenté et commença son ministère en chassant les démons ; les évangiles sont remplis de ces épisodes.

La conscience de l’action du diable dans l’histoire ne doit pas nous décourager, mais nous inviter à la vigilance, à fuir les occasions de tentations. Celles offertes par la technologie, par exemple la pornographie, sont nombreuses. À la suite de Jésus, invoquons l’Esprit Saint pour surmonter les tentations et vaincre l’ennemi.


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