Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIIe JOUR

MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIIe JOUR

Tendresse de saint Joseph pour Jésus-Christ.

I

SAINT ALPHONSE DE LIGUORI

tendresse de Joseph envers Jésus Église Saint-Joseph à Passy-Chedde 74
tendresse de Joseph envers Jésus Église Saint-Joseph à Passy-Chedde 74

« Lorsque Dieu choisit saint Joseph pour tenir lieu de père à Jésus, il dut certainement graver dans son cœur l’amour qui convenait à un père, au père d’un Fils si aimable, au père d’un enfant Dieu. Ainsi l’amour de Joseph ne fut pas un amour purement humain, comme l’amour des autres pères, mais un amour surhumain, qui lui faisait reconnaître dans la même personne et un fils et un Dieu.
Joseph savait, par la révélation qu’il en avait eue de l’Ange, que cet Enfant, dont il se voyait toujours accompagné, était le Verbe divin, incarné sur la terre pour le sauver et sauver les hommes. Il savait que cet enfant Dieu l’avait choisi entre tous pour être le gardien de sa vie, et qu’il voulait être appelé son fils.
Or quel incendie de saint amour devait s’allumer dans le cœur de Joseph, quand il songeait à tout cela, et quand il voyait son divin Maître le servir comme un apprenti : tantôt ouvrir, tantôt fermer la boutique, tantôt l’aider à couper le bois ou manier le rabot et la hache, tantôt ramasser les copeaux et balayer la maison; en un mot, lui obéir en tout ce qu’il ordonnait, et même ne faire aucune chose que sous la dépendance de l’autorité qu’il exerçait sur lui comme père!
Gomment peindre ses transports affectueux pour Jésus quand il le portait dans ses bras, le caressait et recevait ses caresses (Saint Bernard dit que l’enfant Jésus souriait fréquemment à saint Joseph, pendant que celui-ci le tenait sur ses genoux – Saint Bonaventure, Vie du Christ, ch. VII.) ; quand il recueillait de sa bouche les paroles de la vie éternelle, qui devenaient autant de flèches amoureuses dont son cœur était transpercé, et quand il observait les saints exemples que lui donnait ce divin Enfant?
La longue familiarité des personnes qui s’aiment refroidit quelquefois l’amour, parce que plus les hommes- conversent entre eux, plus ils découvrent les défauts les uns des autres ; mais plus Joseph conversait avec l’enfant Jésus, plus il découvrait en lui de nouvelles et adorables perfections. Chaque jour, en augmentant la connaissance qu’il avait de ce divin Fils, augmentait son amour pour lui ; et cela durant les vingt-cinq ans qu’il passa auprès de lui, selon l’opinion la plus générale.

« Et l’amour de saint Joseph pour Jésus-Christ ne se traduit pas seulement par des paroles et des caresses, mais par un dévouement efficace au milieu des plus rudes épreuves : dans l’exil, dans les persécutions et dans les souffrances. Il ne s’est pas pressé d’accompagner le Fils de Dieu dans le triomphe de sa vie publique. Il n’a pas voulu profiter de sa réputation quand par des miracles éclatants il étonnait les peuples.
Il n’est pas allé recueillir les acclamations de ceux qui le bénissaient et qui couraient en foule sur son passage, et n’a pas cru devoir se faire honneur de ces prospérités, ni détourner sur le père une partie de la gloire du fils. Il a laissé au Père éternel cette providence glorieuse, et il s’est acquitté de toutes les fonctions de la providence laborieuse à l’égard de Jésus-Christ.
Il le suit dans ses travaux; il porte avec lui ses premières croix; il prend part à ses humiliations et à ses souffrances. C’est là qu’il lui rend tous les devoirs d’un père généreux, affectionné, fidèle, et passionné d’un amour extrême pour son Fils. »

(Sermon sur saint Joseph)

II

ISIDORE ISOLANO (1477-1528)

« Joseph n’a pas désiré la venue du Christ avec moins d’ardeur que les anciens Pères, qui s’écriaient : Puissent les cieux s’entrouvrir  pour le laisser descendre ! Croyez-vous que « je vivrai assez pour le voir? Oh! si j’existais encore quand il naîtra! » Enflammé de désirs aussi ardents et ineffables, Joseph brûlait de voir l’enfant Jésus. Dès qu’il fut sorti du sein de la Vierge sa mère, et que Joseph l’eut vu et adoré, Jésus blessa son cœur d’une blessure qui devait être éternellement ouverte.
Cela n’est pas douteux ; car la divine bonté a coutume de blesser et d’enflammer ainsi ceux qui s’approchent d’elle. Dès ce moment nous ne doutons pas que Joseph ne soit devenu un homme nouveau. Lui qui était pur et saint devint plus pur et plus saint. Oh! que de fois Joseph portait l’enfant Jésus dans ses bras en languissant d’amour pour lui.
Combien de fois Joseph dit à Jésus, dont les paroles lui découvraient la sagesse : « Que demandez-vous de moi, ô mon Fils? O Dieu immortel, faites un signe, ordonnez, commandez, celui que vous voulez faire passer pour votre père se réjouit et se glorifie d’être votre serviteur. Qui ne vous aimera pas, vous qui êtes le plus beau, le plus sage, le plus fort, le plus puissant, le plus aimant? car vous êtes le vrai Dieu, la sagesse du Père, la splendeur de sa gloire, le salut du genre humain.
Je vous adore, ô mon Fils. Je vous aime, et je désire vous aimer. Recevez mes services, que je ne cesse de vous rendre à « vous et à votre très-sainte mère. Daignez me protéger lorsque je serai en défaut, moi mortel et faible. Ô douce consolation, ô source d’amour, mon âme s’est fondue en vous par la douceur de votre amour. »
La suave voix de Jésus répondait à ces paroles empreintes de l’amour le plus ardent, et son visage paraissait plus joyeux. Il n’est donc pas douteux que Joseph aima le Christ d’un amour extrême et inexprimable. Donnez-moi un homme aimant le Seigneur Jésus-Christ et le désirant, et il affirmera que tout cela est plus clair que le jour, et n’a pas besoin de preuve, mais ne demande qu’à être médité par quiconque possède ce doux amour. »

(Isidore Isolano, ch. XV, loc. cit.)

La suprême révélation

La suprême révélation

JEUDI (5e semaine de Carême) Gn 17,3-9 – Jn 8,51-59

Avant qu’Abraham fût, Je Suis (Jn 8,58)

Avant qu'Abraham fût, je suis
Avant qu’Abraham fût, je suis

De mieux en mieux ! disent les Juifs. Ils sont mainte­nant certains que Jésus est fou. Abraham est mort et aussi les prophètes, et lui pourrait être préservé de la mort ?… Serait-il un personnage plus puissant que notre père Abra­ham, qui est tout de même mort ? Et les prophètes aussi sont morts.

Pas un des envoyés divins de l’Ancien Testa­ment n’a pensé à la possibilité, pour lui-même ou pour d’autres, de continuer à vivre éternellement ! Pour qui se prend-il ? N’était la totale absurdité de son affirmation, on penserait qu’il se prend à peu de chose près pour Dieu !

Mais Jésus ne cherche pas à se faire valoir. Il ne reven­dique aucun titre, il ne cherche pas son propre honneur. Il ne se glorifie pas. Le terme glorifier a quelque chose d’énigmatique. Il peut signifier : s’attribuer de l’honneur à soi-même et alors cette glorification n’a aucune valeur, car elle est signe d’honneur humain.

Ou bien, lorsque c’est Dieu qui glorifie, le terme « glorifier » désigne la révéla­tion de la gloire, par laquelle Dieu transmet au Fils la forme sous laquelle il apparaît : la glorification. C’est un défi adressé aux Juifs.

Jésus est au seuil de la révélation parfaite. Il identifie son Père avec celui que les Juifs appellent leur Dieu. La proposition relative : dont vous prétendez (Jn 8,54) est le dernier lambeau du voile qui masquait la révélation. Il est bien difficile de parler encore d’atténuation. Si la révélation personnelle de Jésus atteint son point culminant, la con­damnation des Juifs devient, elle aussi, définitive.

Les Juifs prétendent que le Père de Jésus est leur Dieu, mais ils ne le connaissent pas, ils ne le connaissent pas le moins du monde et, au fond, ils ne l’ont jamais connu.

Cette affir­mation contraste violemment avec la conviction du peu­ple selon laquelle ils connaissaient Dieu ; elle remonte aux paroles du Baptiste qui déclarait qu’ils ne connaissaient pas Jésus. Depuis que Jésus est là, on ne peut plus con­naître Dieu en dehors de Jésus…

Abraham, leur père, a exulté pour voir son jour. Ce jour est le moment de sa vie publique auquel l’Heure mettra fin… Comment Abraham a-t-il vu ce jour ? Jésus ne pré­tend pas qu’Abraham voit actuellement, de quelque part dans le ciel, comme le riche de la parabole voyait du fond de l’enfer Lazare dans le sein d’Abraham.

Non, Abraham a vu dans une contemplation prophétique (cf. He 11,13) comment, avec la venue du Messie, s’accomplissait la pro­messe faite à sa descendance. Jésus se rallie ici à une tra­dition juive tardive, qui parlait d’une révélation faite à Abraham par laquelle celui-ci aurait vu toute l’histoire de la rédemption, jusque dans le plus lointain avenir et entre autres les jours du Messie.

Mais les Juifs retournent à Jésus son affirmation et in­consciemment lui donnent l’occasion d’affirmer son exis­tence divine de toute éternité. Car, en réalité, son existence ne peut pas être comparée avec le « devenir », avec la nais­sance d’Abraham dans le temps. Il est Je-suis de toute éternité.

Henri Van den Bussche Jean, DDB, 1967, p. 316-319.

MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIe JOUR

MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIe JOUR

Avec quelle sagesse saint Joseph
exerçait son autorité paternelle sur Jésus-Christ

I

OLIER (1608-1657)

Saint Joseph Eglise Saint Joseph Enghien-les-Bains
Saint Joseph Eglise Saint Joseph Enghien-les-Bains

« Puisque Dieu le Père a voulu paraître en la personne de Joseph, il lui a fait une communication abondante de son esprit de Père ; et pour conduire la Sagesse éternelle, il lui a donné à lui-même une lumière et une sagesse admirables.
Car si Dieu commet à la conduite et à la protection des royaumes, des anges très-puissants et même les premières de ces grandes et sublimes intelligences ; si même il députe de ces purs esprits pour la conduite des sphères célestes et de ces corps immenses, quelle doit être la grandeur de ce saint à qui Dieu commet la conduite de son Fils, plus précieuse que cent mille mondes et que cent mille millions de royaumes !

« Joseph comprenait que Jésus était plus grand que lui et il modérait l’autorité qu’il avait sur le Dieu enfant. Souvent aussi celui auquel vous commandez vous est supérieur, et plus vous êtes élevé en dignité, plus il vous est utile d’être humble. » ( Origène, Homélie. i.)

« Quelle lumière pour conduire et diriger en toutes choses ce fils, dont tous les mouvements et tous les pas étaient si précieux et si chers ! Ah! l’on dit que la sainte Vierge avait de Dieu la vue perpétuelle, et quelquefois même la vue bienheureuse à cause de son Fils; il est certain que son divin Fils avait cette vue claire et distincte de la Divinité, afin qu’entre autres il fît à tout moment ce que voulait son Père, et qu’il fît continuellement ce qu’il lui voyait faire ; soit pour ne lui désobéir jamais et pour satisfaire aux desseins adorables que Dieu le Père avait sur tous ses pas et tous ses mouvements, soit aussi à cause de leur importance pour le genre humain.
Or le même motif nous oblige de croire que le grand saint Joseph, chargé de la conduite de Jésus, qu’il devait porter à l’accomplissement des desseins adorables de Dieu son Père, desseins d’une si grande conséquence pour le salut des hommes, était lui-même éclairé de cette lumière divine pour faire toute chose selon l’esprit de Dieu; de plus, je vais dire une chose qui me vient à l’esprit, et dont je n’ose répondre, parce qu’elle me paraît étrange.

« C’est que la lumière de saint Joseph, qui lui avait été donnée pour la conduite du Fils de Dieu, était de la nature de celle de la très-sainte Vierge, que les saints docteurs disent avoir été glorieuse, Dieu lui ayant donné toutes les grâces que sa toute-puissance peut accorder à une pure créature. Si donc la lumière de saint Joseph est une lumière de gloire, elle a dû être toujours infaillible pour conduire le Fils de Dieu, qui ne saurait faillir; car autrement on exposerait le Fils de Dieu, obéissant à saint Joseph, ou à manquer aux desseins de Dieu et à son devoir, ou à désobéir à celui qui lui tenait la place de son Père, et dont il est dit expressément qu’il suivait toutes les volontés : Et erat subditus illis (Et il leur était soumis).
Ayant été donné de Dieu à tous les hommes comme le modèle de l’obéissance, s’il eût désobéi à saint Joseph, chacun trouverait dans sa désobéissance un prétexte pour excuser la sienne.

« Dieu avait donné à saint Joseph la sollicitude, mais aussi l’autorité d’un père. » (S. Jean Damascène, I.)
« Personne n’ignore que l’enfant Jésus obéissait en toutes choses à saint Joseph. » (Saint Laurent Justinien, De Obedientia, c. VIII.)
« Avant de quitter Nazareth pour aller au bord du Jourdain recevoir le baptême et commencer sa vie publique, Jésus-Christ en demanda l’autorisation à sa mère et à son père nourricier Joseph. » (Saint Bonaventure, op. cit., ch.XVI.)

« Notre grand saint est donc rempli d’une sagesse admirable, puisque Dieu lui commet la conduite de la Sagesse même ; et s’il a coutume de donner des grâces proportionnées à l’éminence des emplois qu’il nous confie, quelle aura donc été cette lumière, cette sagesse, à laquelle la Sagesse même a été soumise?
Saint Joseph a été pour Jésus-Christ ce que Moïse avait été autrefois pour le peuple de Dieu : comme ce peuple, figure du Sauveur, fut retiré de l’Égypte par Moïse, ainsi Notre-Seigneur en fut pareillement retiré par saint Joseph. Ce saint vieillard fut, en effet, le protecteur de {son propre sauveur] Jésus-Christ dans sa fuite en Égypte , et le tint en sa sauvegarde dans le cours de sa vie.

« Ô Sagesse éternelle ! si Moïse a eu une si intime communication avec vous, qu’il vous ait vue face à face, que sera-ce donc de saint Joseph? Le premier qui devait conduire la figure de votre Fils vous vit face à face, et le second qui conduira votre Fils lui-même ne sera-t-il pas comblé de vos faveurs?
Si celui qui a porté la loi de mort a été dans la gloire dès cette vie, jusque-là que les enfants d’Israël ne pouvaient supporter le brillant de sa face, que sera-ce, ajoute saint Paul, de celui qui aura porté sur ses bras la loi de vie et de l’Esprit-Saint? Sans doute qu’il jouissait d’une contemplation adorable, et d’une vue de Dieu glorieuse.

« Qui pourrait donc dire l’excellence de notre saint? le grand respect que Notre-Seigneur avait pour lui, et l’amour fort que la sainte Vierge lui portait? Jésus-Christ regardant en lui le Père éternel comme son Père, et la très-sainte Vierge considérant en sa personne le même Père éternel comme son époux . »

(Considérations sur saint Joseph)