MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIe JOUR

MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIe JOUR

Avec quelle sagesse saint Joseph
exerçait son autorité paternelle sur Jésus-Christ

I

OLIER (1608-1657)

Saint Joseph Eglise Saint Joseph Enghien-les-Bains
Saint Joseph Eglise Saint Joseph Enghien-les-Bains

« Puisque Dieu le Père a voulu paraître en la personne de Joseph, il lui a fait une communication abondante de son esprit de Père ; et pour conduire la Sagesse éternelle, il lui a donné à lui-même une lumière et une sagesse admirables.
Car si Dieu commet à la conduite et à la protection des royaumes, des anges très-puissants et même les premières de ces grandes et sublimes intelligences ; si même il députe de ces purs esprits pour la conduite des sphères célestes et de ces corps immenses, quelle doit être la grandeur de ce saint à qui Dieu commet la conduite de son Fils, plus précieuse que cent mille mondes et que cent mille millions de royaumes !

« Joseph comprenait que Jésus était plus grand que lui et il modérait l’autorité qu’il avait sur le Dieu enfant. Souvent aussi celui auquel vous commandez vous est supérieur, et plus vous êtes élevé en dignité, plus il vous est utile d’être humble. » ( Origène, Homélie. i.)

« Quelle lumière pour conduire et diriger en toutes choses ce fils, dont tous les mouvements et tous les pas étaient si précieux et si chers ! Ah! l’on dit que la sainte Vierge avait de Dieu la vue perpétuelle, et quelquefois même la vue bienheureuse à cause de son Fils; il est certain que son divin Fils avait cette vue claire et distincte de la Divinité, afin qu’entre autres il fît à tout moment ce que voulait son Père, et qu’il fît continuellement ce qu’il lui voyait faire ; soit pour ne lui désobéir jamais et pour satisfaire aux desseins adorables que Dieu le Père avait sur tous ses pas et tous ses mouvements, soit aussi à cause de leur importance pour le genre humain.
Or le même motif nous oblige de croire que le grand saint Joseph, chargé de la conduite de Jésus, qu’il devait porter à l’accomplissement des desseins adorables de Dieu son Père, desseins d’une si grande conséquence pour le salut des hommes, était lui-même éclairé de cette lumière divine pour faire toute chose selon l’esprit de Dieu; de plus, je vais dire une chose qui me vient à l’esprit, et dont je n’ose répondre, parce qu’elle me paraît étrange.

« C’est que la lumière de saint Joseph, qui lui avait été donnée pour la conduite du Fils de Dieu, était de la nature de celle de la très-sainte Vierge, que les saints docteurs disent avoir été glorieuse, Dieu lui ayant donné toutes les grâces que sa toute-puissance peut accorder à une pure créature. Si donc la lumière de saint Joseph est une lumière de gloire, elle a dû être toujours infaillible pour conduire le Fils de Dieu, qui ne saurait faillir; car autrement on exposerait le Fils de Dieu, obéissant à saint Joseph, ou à manquer aux desseins de Dieu et à son devoir, ou à désobéir à celui qui lui tenait la place de son Père, et dont il est dit expressément qu’il suivait toutes les volontés : Et erat subditus illis (Et il leur était soumis).
Ayant été donné de Dieu à tous les hommes comme le modèle de l’obéissance, s’il eût désobéi à saint Joseph, chacun trouverait dans sa désobéissance un prétexte pour excuser la sienne.

« Dieu avait donné à saint Joseph la sollicitude, mais aussi l’autorité d’un père. » (S. Jean Damascène, I.)
« Personne n’ignore que l’enfant Jésus obéissait en toutes choses à saint Joseph. » (Saint Laurent Justinien, De Obedientia, c. VIII.)
« Avant de quitter Nazareth pour aller au bord du Jourdain recevoir le baptême et commencer sa vie publique, Jésus-Christ en demanda l’autorisation à sa mère et à son père nourricier Joseph. » (Saint Bonaventure, op. cit., ch.XVI.)

« Notre grand saint est donc rempli d’une sagesse admirable, puisque Dieu lui commet la conduite de la Sagesse même ; et s’il a coutume de donner des grâces proportionnées à l’éminence des emplois qu’il nous confie, quelle aura donc été cette lumière, cette sagesse, à laquelle la Sagesse même a été soumise?
Saint Joseph a été pour Jésus-Christ ce que Moïse avait été autrefois pour le peuple de Dieu : comme ce peuple, figure du Sauveur, fut retiré de l’Égypte par Moïse, ainsi Notre-Seigneur en fut pareillement retiré par saint Joseph. Ce saint vieillard fut, en effet, le protecteur de {son propre sauveur] Jésus-Christ dans sa fuite en Égypte , et le tint en sa sauvegarde dans le cours de sa vie.

« Ô Sagesse éternelle ! si Moïse a eu une si intime communication avec vous, qu’il vous ait vue face à face, que sera-ce donc de saint Joseph? Le premier qui devait conduire la figure de votre Fils vous vit face à face, et le second qui conduira votre Fils lui-même ne sera-t-il pas comblé de vos faveurs?
Si celui qui a porté la loi de mort a été dans la gloire dès cette vie, jusque-là que les enfants d’Israël ne pouvaient supporter le brillant de sa face, que sera-ce, ajoute saint Paul, de celui qui aura porté sur ses bras la loi de vie et de l’Esprit-Saint? Sans doute qu’il jouissait d’une contemplation adorable, et d’une vue de Dieu glorieuse.

« Qui pourrait donc dire l’excellence de notre saint? le grand respect que Notre-Seigneur avait pour lui, et l’amour fort que la sainte Vierge lui portait? Jésus-Christ regardant en lui le Père éternel comme son Père, et la très-sainte Vierge considérant en sa personne le même Père éternel comme son époux . »

(Considérations sur saint Joseph)