Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

MOIS DE SAINT JOSEPH – XIXe JOUR

MOIS DE SAINT JOSEPH – XIXe JOUR

Saint Joseph à Nazareth, dans l’intérieur de la sainte famille

 

Jésus, après avoir été retrouvé dans le Temple par ses parents, retourna avec eux à Nazareth, et vécut auprès de Joseph jusqu’à la mort de ce saint homme.

Valentin Esprit FLÉCHIER (1632-1710)

Sainte famille à la maison et songe de saint Joseph église saint Joseph Angers 49
Sainte famille à la maison et songe de saint Joseph église saint Joseph Angers 49

« Que j’aime à me le représenter sous un toit rustique, et dans une étroite et pauvre maison, loin du bruit et du tumulte du monde, se sanctifiant par le travail, par la retraite et par la prière! Quel palais renferma jamais une si auguste famille? Que dans ce sombre et petit espace il se passe de grandes choses ! C’est là que se traçait le plan d’un monde nouveau, créé dans la justice et dans la sainteté de la vérité!
C’est là que commençaient à s’exécuter, dans le temps, les projets éternels de la miséricorde de Dieu sur les hommes ingrats et coupables. C’est là que se formaient les premiers modèles du culte spirituel et intérieur, qui s’allait établir, et que se jetaient les fondements d’un Évangile inconnu, qui devait être porté dans toutes les parties de la terre.

C’est là que Jésus-Christ, tout enfant qu’il était, faisait déjà l’office de médiateur et de pontife, comme dans un sanctuaire, offrait à Dieu un sacrifice de prières et de pénitences, qu’il traitait de notre salut avec son Père, et qu’il avançait l’œuvre de notre réconciliation, pendant que les hommes, occupés des biens de la terre et de leurs folles passions, semblaient courir à leur ruine.

C’est là, enfin, que Joseph et Marie admiraient les merveilles de Dieu, qu’ils voyaient croître l’objet de leur espérance et de leur amour, et qu’ils recueillaient dans leurs cœurs et ses actions et ses paroles. Ils recevaient son obéissance au dehors, et lui rendaient leurs adorations au dedans. Tous ces mystères se passaient dans cette humble mais vénérable retraite, sous les auspices de saint Joseph, et sous le sceau de la providence divine. »

(Fléchier, Panégyrique de saint Joseph)

II

SAINT ALPHONSE DE LIGUORI (1696-1787)

« Dans cette famille, la seule affaire était la gloire de Dieu; la seule pensée, Tunique désir, l’accomplissement de la volonté de Dieu; les seuls discours, l’amour que les hommes doivent à Dieu, et cet amour de Dieu pour les hommes, dont il leur a donné le témoignage suprême en leur envoyant son Fils, destiné à souffrir et à mourir dans un océan d’ignominies et de douleurs.

Oh! avec quels torrents de larmes Marie et Joseph, parfaitement instruits des divines Écritures, devaient-ils parler de la cruelle passion et de la mort de Jésus-Christ, en sa propre présence?
Avec quel attendrissement devaient-ils se dire l’un à l’autre, suivant la prédiction d’Isaïe, que leur bien-aimé serait l’homme des douleurs et des opprobres ;
que ses ennemis devaient le défigurer, jusqu’à ce que son beau visage cessât d’être reconnaissable; qu’ils devaient tellement le déchirer à coups de fouets, que son corps ressemblerait à celui d’un lépreux couvert de plaies ;
que leur fils chéri souffrirait tout avec patience, sans même ouvrir la bouche pour se plaindre de tant d’outrages, et se laisserait conduire comme un agneau à la mort ;
qu’enfin, attaché à un bois infâme, au milieu de deux larrons, il terminerait sa vie dans l’excès des tourments.

Quels sentiments de douleur et d’amour de tels entretiens devaient-ils exciter dans le cœur de Joseph ? »

(Saint Alphonse de Liguori, Méditations sur saint Joseph)

III

SAINT ALPHONSE DE LIGUORI

« Joseph resta donc, jusqu’à sa mort, le chef de cette famille, petite par le nombre, mais grande par les deux êtres privilégiés qu’elle contient : la Mère de Dieu et le Fils unique de Dieu, fait homme.

« Dans cette maison, Joseph commande, et le Fils de Dieu obéit. Cette sujétion de Jésus-Christ, dit Gerson, en nous prouvant l’humilité du Sauveur, nous révèle aussi la dignité de Joseph. Et quelle plus grande dignité, quelle plus grande élévation, continue le même auteur, que de commander à Celui qui commande à tous les rois?

« Josué jeta le monde entier dans l’admiration, quand il commanda au soleil de s’arrêter, pour lui laisser le temps de compléter sa victoire, et que le soleil obéit. Mais peut-on même établir un parallèle entre Josué, qui se voit obéi du soleil, créature inanimée, et Joseph, qui se voit obéi de Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant?
Tant que Joseph vécut, c’est-à-dire pendant trente années, Jésus-Christ le respecta comme un père, lui fut soumis comme à un père.

« En sorte que, pendant ces trente années, l’occupation continuelle du Sauveur fut d’obéir à saint Joseph. Pendant tout ce temps-là, ce fut à Joseph de commander, comme étant le chef de la sainte famille, et à Jésus-Christ d’obéir, comme étant subordonné à ce Joseph qui lui avait été donné de Dieu pour lui servir de père.

« Ainsi toutes les actions de Jésus-Christ, ses démarches, ses repas, son sommeil, tout était réglé par Joseph; et d’ailleurs Jésus-Christ recevait et exécutait avec la plus respectueuse attention les ordres de ce bienheureux patriarche.

« D’après la révélation qui fut faite à sainte Brigitte, le Fils de Dieu était si obéissant, que lorsque Joseph lui disait: « Faites ceci, ou cela, il le faisait aussitôt.» Aussi Gerson nous représente-t-il Jésus-Christ, tantôt préparant le repas, tantôt nettoyant la vaisselle, tantôt allant chercher de l’eau à la fontaine, ou même balayant la maison.

« Cette humble soumission de Jésus-Christ fait connaître que la dignité de saint Joseph est supérieure à celle de tous les saints, excepté celle de la divine Mère. Ainsi, c’est avec raison qu’un savant auteur a dit : « Il a bien droit à être honoré des hommes, celui que le Roi des rois a voulu élever si haut. »

(Saint Alphonse de Liguori, Sermon sur saint Joseph)

La force libératrice de Jésus

La force libératrice de Jésus

LUNDI (5e semaine de Carême) Dn 13,1…62 Jn 8,1-11

Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la pre­mière pierre (Jn 8,7)

Parmi les textes évangéliques dans lesquels Jésus Christ s’affirme comme le libérateur, il en est un qui nous touche plus que les autres, c’est celui de la femme adultère. Une femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Les Scri­bes et les Pharisiens l’ont poussée devant Jésus.

Elle est là, au centre d’un cercle qui vient de se fermer apparemment sur elle, en fait sur Jésus lui-même. Il va bien falloir main­tenant qu’il se rende, c’est-à-dire participe à la sauvage répression à laquelle ces notables ont résolu de l’associer — ou qu’il avoue publiquement son mépris de la moralité et de la Loi de Moïse. Écoutez-les parler : Moïse, dans la Loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes.

Toi donc, que dis-tu ? (Jn 8,5). A une telle mise en demeure, il sem­ble qu’il n’y ait aucune échappatoire. Jésus, cependant, ne se laisse pas entraîner ; s’étant penché, il se met à écrire du doigt sur la terre. Ses interlocuteurs pourtant, ne relâchent pas leurs instances. Ils continuent à l’interroger.

C’est alors qu’éclate la force libératrice de sa parole. D’un mot, apparemment très simple, il brise les tenailles dans lesquelles on voulait enserrer non seulement cette femme et lui-même, mais aussi les cœurs de tous les assistants : Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre (Jn 8,7). Puis, se penchant de nou­veau, il se remit à écrire sur la terre.

Une seule parole et tout est changé : que s’est-il donc passé ? Jésus vient de faire réapparaître en chacun celui au nom de qui on voulait perpétrer cet acte atroce et qu’en fait, on avait oublié : Dieu. Dieu présent en chacun, au plus profond, Dieu auquel chacun des assistants a été si souvent infidèle en accomplissant en secret l’acte qu’il reproche publiquement à cette femme.

C’est comme si, dans une chambre obscure, une porte s’était soudain ouverte et que, par elle, ait jailli la lumière de la vérité. L’ombre qui aveuglait les regards des accusa­teurs se dissipe et avec elle leur bonne conscience. Ils reconnaissent leur condition d’homme, c’est-à-dire à la fois leur faiblesse et leur grandeur.

Ils découvrent qu’ils ont péché eux-mêmes, mais ils apprennent, en même temps, que leur péché peut être pardonné et que pour eux tout peut recommencer. Pour la première fois, peut-être, ils aperçoivent Dieu tel qu’il est vraiment : celui qui donne à l’homme sa loi, mais aussi lui pardonne et l’appelle à renaître.

Cette unique parole de Jésus opère donc un juge­ment : elle fait apparaître la vérité. Et pourtant, elle ne comporte ni sentence ni condamnation. Elle dissipe, pour ces âmes enténébrées, la force du groupe dont ils étaient captifs et leur révèle à la fois qui est Dieu et qui ils sont.

André Brien Le Christ libre dans un monde clos, Conférence de Notre-Dame de Paris, 7 mars 1971, Bayard-Presse, 1971, p. 23-25

Saint Cyrille de Jérusalem

18 mars – Saint Cyrille de Jérusalem  315 – 387

Icône du XVIIIe siècle représentant Cyrille de Jérusalem - anonyme
Icône du XVIIIe siècle représentant Cyrille de Jérusalem – anonyme

Saint Cyrille, évêque de Jérusalem et docteur de l’Église, qui, après avoir subi de nombreux outrages de la part des Ariens à cause de la foi et avoir été à plusieurs reprises expulsé de son siège, a admirablement expliqué aux fidèles la bonne doctrine, les Écritures et les mystères sacrés avec homélies et catéchèses. (Martyrologe romain)

Cyrille de Jérusalem est né vers 315 probablement à Jérusalem. ordonné prêtre vers 345, c’était un homme particulièrement attentif à la préparation des aspirants catéchumènes au sacrement du baptême célébré le soir de Pâques. C’est au cours de ces années de sacerdoce qu’il a composé l’ouvrage encore bien connu aujourd’hui, les catéchèses qui contiennent des discours qui illustrent la doctrine chrétienne.

Les 19 premières homéliess prononcés dans la basilique du Saint-Sépulcre construite à Jérusalem par Constantin s’adressent aux catéchumène et ils expliquent les sacrements. Les homélies 20-24 étaient adressés aux baptisés admis à l’Église de l’Anastasis (de la Résurrection) pour comprendre le sens de la pratique liturgique.

Successeur de Maxime d’environ 348 au 18 mars 386, son épiscopat est marqué par la grave crise qui a impliqué l’Église au quatrième siècle. Cyril fut fortement impliqué dans la dispute christologique qui suivit l’affirmation du symbole de Nicée.

Celui-ci, proclamé au Ier Concile œcuménique de Nicée en l’an 325, n’avait pas sanctionné la défaite des ariens partisans d’une christologie qui niait à Jésus-Christ la même divinité que le Père: le terme «de même substance», homoousios, constituait l’affirmation christologique contre la dérive arienne.

Après le Concile, en effet, une période longue et très douloureuse a commencé qui a vu l’Église divisée sur la question christologique. Tous ne prétendaient pas être Nicénien (comme l’illustre évêque et docteur de l’Église Saint Athanase d’Alexandrie en Égypte), et le parti arien ne constituait pas non plus un bloc monolithique. La plupart ont fluctué entre les deux positions.

Cyrille de Jérusalem comme Acacius, évêque de Césarée (340-366), et bien d’autres, connaissaient une position intermédiaire et personnelle. En raison de problèmes liés aux relations entre les Églises, Acacius, en épousant définitivement une doctrine nettement aryenne et en garantissant ainsi le soutien impérial, réussit à plusieurs reprises à retirer Cyrille de son siège épiscopal.

Ainsi, il fut d’abord déposé et exilé par l’empereur Constance en 357 et 360, puis par l’empereur Valens de 367 à 378. L’empereur Théodose (379-395) a mis fin à son exil qui a duré 16 ans au total: Cyrille a pu en son autorité participer au II Concile œcuménique, célébré à Constantinople en 381, où il souscrivit pleinement au symbole, qui est devenu Nicée-Constantinople, en acceptant le terme homoousios.

Il a été déclaré docteur de l’Église par le pape Léon XIII en 1882.

Toute sa vie a été impliquée dans la souffrance de l’Église au cours des premiers siècles. C’est-à-dire dans des débats théologiques aussi très amers, mêlés à des faiblesses humaines puis entrelacés de politique, avec des guerres extérieures pour défendre l’Empire et des guerres internes pour s’emparer du trône, mettant aussi la foi en chemin.

Une séquence de dates suffit pour résumer l’histoire de Cyrille. Élu évêque de Jérusalem en 348, il est démis de ses fonctions en 357. Raison: l’évêque Acacius de Césarée de Palestine qui l’a également consacré l’accuse d’erreurs doctrinales; et surtout il prétend que le siège épiscopal de Jérusalem dépend du sien à Césarée, qui était déjà la capitale administrative de la Palestine et le siège des procureurs romains.

En 359, un conseil local des évêques le réhabilite, et il retourne à la chaire à Jérusalem. Mais en 360, il fut expulsé pour la deuxième fois par un autre conseil, réuni à Constantinople sur l’insistance d’Acacius, qui était également très influent sur l’empereur pro-arien Constance.

Et d’un autre côté cet Acacius, évêque de 340 à 366, n’est certainement pas un petit personnage. Il succéda au grand évêque Eusèbe, et continua d’enrichir la bibliothèque de Césarée. Saint Jérôme, en effet, mort en 420, va parler de ses grandes œuvres de commentaire et d’interprétation de la Sainte Écriture, perdues plus tard.

Et voici Cyrille de nouveau en fonction à Jérusalem en 362, à la mort de Constance, qui combattait contre les Perses puis contre son cousin Julien. Mais, vers 367, l’empereur Valens le condamna à l’exil, dont il ne put revenir qu’en 378, définitivement, après la mort de Valens dans la guerre contre les Goths.

Désormais, personne ne le chassera. En 381, Cyrille participa au concile de Constantinople (le deuxième concile œcuménique) et au suivant en 382, ​​dans lequel la validité de sa consécration comme évêque de Jérusalem fut réaffirmée, où il resta finalement tranquille jusqu’à sa mort.

En 1882, quinze siècles plus tard, le Pape Léon XIII le proclame Docteur de l’Église pour son enseignement écrit contenu dans les Catéchèses, qui sont des instructions pour les candidats au baptême et pour les nouveaux baptisés.

Accusé à l’époque de liens avec les courants ariens, il rejette au contraire la doctrine arienne sur le Christ, et déclare en effet clairement Fils de Dieu par nature et non par adoption, et éternel comme le Père.

Toujours au XXe siècle, le Concile Vatican II rappellera l’enseignement de Cyrille de Jérusalem, avec celui d’autres Pères, dans deux constitutions dogmatiques: Lumen Gentium, sur l’Église, et Dei Verbum, sur la révélation divine. Et encore dans le décret Ad Gentes, sur l’activité missionnaire de l’Église dans le monde contemporain.

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse