Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

PREMIÈRES VÊPRES DE LA SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL

CÉLÉBRATION DES PREMIÈRES VÊPRES
DE LA SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL

Saints Pierre et Paul - Église de Monclar dAgenais 47
Saints Pierre et Paul – Église de Monclar dAgenais 47

Chers frères et sœurs,

Nous sommes réunis auprès de la tombe de saint Paul, qui naquit il y a deux mille ans à Tarse de Cilicie, dans l’actuelle Turquie. Qui était ce Paul? Dans le temple de Jérusalem, devant la foule agitée qui voulait le tuer, il se présente lui-même avec ces mots: « Je suis juif: né à Tarse, en Cilicie, mais élevé ici dans cette ville [Jérusalem], j’ai reçu, à l’école de Gamaliel, un enseignement strictement conforme à la Loi de nos pères; je défendais la cause de Dieu avec une ardeur jalouse… » (Ac 22, 3).

A la fin de son chemin, il dira de lui-même: « J’ai reçu la charge… [d’enseigner] aux nations païennes la foi et la vérité » (1 Tm 2, 7; cf. 2 Tm 1, 11). Maître des nations, apôtre et annonciateur de Jésus Christ, c’est ainsi qu’il se décrit lui-même en regardant rétrospectivement le parcours de sa vie.

Mais avec cela, son regard ne va pas seulement vers le passé. « Maître des nations » – cette parole s’ouvre à l’avenir, vers tous les peuples et toutes les générations. Paul n’est pas pour nous une figure du passé, que nous rappelons avec vénération. Il est également notre maître, pour nous aussi apôtre et annonciateur de Jésus Christ.

Nous sommes donc réunis non pour réfléchir sur une histoire passée, irrévocablement révolue. Paul veut parler avec nous – aujourd’hui. Pour écouter et pour apprendre à présent de lui, qui est notre maître, « la foi et la vérité », dans lesquelles sont enracinées les raisons de l’unité parmi les disciples du Christ…

Nous sommes donc ici rassemblés pour nous interroger sur le grand Apôtre des Nations. Nous nous demandons non seulement: qui était Paul? Nous nous demandons surtout: Qui est Paul? Que me dit-il? En cette heure,…  je voudrais choisir dans le riche témoignage du Nouveau Testament trois textes, dans lesquels apparaît sa physionomie intérieure, la spécificité de son caractère.

Dans la Lettre aux Galates, il nous a offert une profession de foi très personnelle, dans laquelle il ouvre son cœur aux lecteurs de tous les temps et révèle quelle est l’impulsion la plus profonde de sa vie. « Je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Tout ce que Paul accomplit part de ce centre.

Sa foi est l’expérience d’être aimé par Jésus Christ de manière tout à fait personnelle; elle est la conscience du fait que le Christ a affronté la mort non pour quelque chose d’anonyme, mais par amour pour lui – de Paul – et que, en tant que Ressuscité, il l’aime toujours, c’est-à-dire que le Christ s’est donné pour lui.

Sa foi est le fait d’être frappé par l’amour de Jésus Christ, un amour qui le bouleverse jusqu’au plus profond de lui-même et qui le transforme. Sa foi n’est pas une théorie, une opinion sur Dieu et sur le monde. Sa foi est l’impact de l’amour de Dieu sur son cœur. Et ainsi, cette foi est l’amour pour Jésus Christ.

Paul est présenté par de nombreuses personnes comme un homme combatif qui sait manier l’épée de la parole. De fait, sur son parcours d’apôtre les disputes n’ont pas manqué. Il n’a pas recherché une harmonie superficielle. Dans la première de ses Lettres, celle qui s’adresse aux Thessaloniciens, il dit: « Nous avons cependant trouvé l’assurance qu’il fallait pour vous annoncer, au prix de grandes luttes, l’Évangile de Dieu…

Jamais, vous le savez, nous n’avons eu un mot de flatterie » (1 Th 2, 2.5). Il considérait que la vérité était trop grande pour être disposé à la sacrifier en vue d’un succès extérieur. La vérité dont il avait fait l’expérience dans la rencontre avec le Ressuscité méritait pour lui la lutte, la persécution, la souffrance. Mais ce qui le motivait au plus profond, était d’être aimé par Jésus Christ et le désir de transmettre cet amour aux autres.

Paul était un homme capable d’aimer, et toute son œuvre et sa souffrance ne s’expliquent qu’à partir de ce centre. Les concepts de base de son annonce se comprennent uniquement à partir de celui-ci. Prenons seulement l’une de ses paroles-clés: la liberté. L’expérience d’être aimé jusqu’au bout par le Christ lui avait ouvert les yeux sur la vérité et sur la voie de l’existence humaine – cette expérience embrassait tout.

Paul était libre comme un homme aimé par Dieu qui, en vertu de Dieu, était en mesure d’aimer avec Lui. Cet amour est à présent la « loi » de sa vie et il en est précisément ainsi de la liberté de sa vie. Il parle et agit, mû par la responsabilité de la liberté de l’amour. Liberté et responsabilité sont liées ici de manière inséparable.

Se trouvant dans la responsabilité de l’amour, il est libre; étant quelqu’un qui aime, il vit totalement dans la responsabilité de cet amour et ne prend pas la liberté comme prétexte pour l’arbitraire et l’égoïsme. C’est dans le même esprit qu’Augustin a formulé la phrase devenue ensuite célèbre: Dilige et quod vis fac (Tract. in 1Jo 7, 7-8) – aime et fais ce que tu veux.

Celui qui aime le Christ comme Paul l’a aimé peut vraiment faire ce qu’il veut, car son amour est uni à la volonté du Christ et donc à la volonté de Dieu; car sa volonté est ancrée à la vérité et parce que sa volonté n’est plus simplement sa volonté, arbitre du moi autonome, mais qu’elle est intégrée dans la liberté de Dieu et apprend de celle-ci le chemin à parcourir.

Dans la recherche du caractère intérieur de saint Paul je voudrais, en deuxième lieu, rappeler la parole que le Christ ressuscité lui adressa sur la route de Damas. Le Seigneur lui demande d’abord: « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? ». A la question: « Qui es-tu, Seigneur? », est donnée la réponse: « Je suis Jésus, celui que tu persécutes » (Ac 9, 4).

En persécutant l’Église, Paul persécute Jésus lui-même: « Tu me persécutes ». Jésus s’identifie avec l’Église en un seul sujet. Dans cette exclamation du Ressuscité, qui transforma la vie de Saul, est au fond désormais contenue toute la doctrine sur l’Église comme Corps du Christ. Le Christ ne s’est pas retiré au ciel, en laissant sur la terre une foule de fidèles qui soutiennent « sa cause ».

L’Église n’est pas une association qui veut promouvoir une certaine cause. Dans celle-ci, il ne s’agit pas d’une cause. Dans celle-ci il s’agit de la personne de Jésus Christ, qui également en tant que Ressuscité est resté « chair ». Il a la « chair et les os » (Lc 24, 39), c’est ce qu’affirme le Ressuscité dans Luc, devant les disciples qui l’avaient pris pour un fantôme. Il a un corps.

Il est personnellement présent dans son Église, « Tête et Corps » forment un unique sujet dira saint Augustin. « Ne le savez-vous pas? Vos corps sont les membres du Christ », écrit Paul aux Corinthiens (1 Co 6, 15). Et il ajoute: de même que, selon le Livre de la Genèse, l’homme et la femme deviennent une seule chair, ainsi le Christ devient un seul esprit avec les siens, c’est-à-dire un unique sujet dans le monde nouveau de la résurrection (cf. 1 Co 6, 16sq).

Dans tout cela transparaît le mystère eucharistique, dans lequel l’Église donne sans cesse son Corps et fait de nous son Corps: « Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1 Co 10, 16sq).

En ce moment, ce n’est pas seulement Paul, mais le Seigneur lui-même qui s’adresse à nous: Comment avez-vous pu laisser déchirer mon Corps? Devant le visage du Christ, cette parole devient dans le même temps une question urgente:

Réunis-nous tous hors de toute division. Fais qu’aujourd’hui cela devienne à nouveau la réalité: Il y a un unique pain, et donc, bien qu’étant nombreux, nous sommes un unique corps. Pour Paul, la parole sur l’Église comme Corps du Christ n’est pas une comparaison quelconque.

Elle va bien au-delà d’une comparaison: « Pourquoi me persécutes-tu? » Le Christ nous attire sans cesse dans son Corps à partir du centre eucharistique, qui pour Paul est le centre de l’existence chrétienne, en vertu duquel tous, ainsi que chaque individu, peuvent faire de manière personnelle l’expérience suivante: Il m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi.

Je voudrais conclure par l’une des dernières paroles de saint Paul, une exhortation à Timothée de la prison, face à la mort: « Prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Évangile », dit l’apôtre à son disciple (2 Tm 1, 8). Cette parole, qui se trouve à la fin des chemins parcourus par l’apôtre, comme un testament renvoie en arrière, au début de sa mission.

Alors qu’après sa rencontre avec le Ressuscité, Paul, aveugle, se trouvait dans sa maison de Damas, Ananie reçut le mandat d’aller chez le persécuteur craint et de lui imposer les mains, pour qu’il retrouve la vue. A Ananie, qui objectait que ce Saul était un dangereux persécuteur des chrétiens, il fut répondu: Cet homme doit faire parvenir mon nom auprès des peuples et des rois.

« Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon Nom » (Ac 9, 15sq). La charge de l’annonce et l’appel à la souffrance pour le Christ vont de pair inséparablement. L’appel à devenir le maître des nations est dans le même temps et intrinsèquement un appel à la souffrance dans la communion avec le Christ, qui nous a rachetés à travers sa Passion.

Dans un monde où le mensonge est puissant, la vérité se paye par la souffrance. Celui qui veut éviter la souffrance, la garder loin de lui, garde loin de lui la vie elle-même et sa grandeur; il ne peut pas être un serviteur de la vérité et donc un serviteur de la foi. Il n’y a pas d’amour sans souffrance – sans la souffrance du renoncement à soi-même, de la transformation et de la purification du moi pour la véritable liberté.

Là où il n’y a rien qui vaille la peine de souffrir, la vie elle-même perd sa valeur. L’Eucharistie – le centre de notre être chrétiens – se fonde sur le sacrifice de Jésus pour nous, elle est née de la souffrance de l’amour, qui a atteint son sommet dans la Croix. Nous vivons de cet amour qui se donne.

Il nous donne le courage et la force de souffrir avec le Christ et pour Lui dans ce monde, en sachant que précisément ainsi notre vie devient grande, mûre et véritable. A la lumière de toutes les lettres de saint Paul, nous voyons que sur son chemin de maître des nations s’est accomplie la prophétie faite à Ananie à l’heure de l’appel: « Et moi je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon Nom ».

Sa souffrance le rend crédible comme maître de vérité, qui ne cherche pas son propre profit, sa propre gloire, la satisfaction personnelle, mais qui s’engage pour Celui qui nous a aimés et qui s’est donné lui-même pour nous tous.

En cette heure, nous rendons grâce au Seigneur, car il a appelé Paul, le rendant lumière des nations et notre maître à tous, et nous le prions: Donne-nous aujourd’hui aussi des témoins de la résurrection, touchés par ton amour et capables d’apporter la lumière de l’Évangile dans notre temps. Saint Paul, prie pour nous! Amen.

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs Samedi 28 juin 2008

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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Le regard de Jésus guérit le cœur, l’amour guérit la vie

Le regard de Jésus guérit le cœur, l’amour guérit la vie

Le Pape François, avant de réciter la prière de l’angélus, ce dimanche 27 juin,  a délivré une catéchèse sur l’amour comme meilleure guérison possible aux maux de la vie, conseillant quelques moyens pour le trouver, à savoir en adoptant le regard et la perspective du Christ.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 27 juin 2021

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui dans l’Évangile (cf. Mc 5, 21-43) Jésus rencontre nos deux situations les plus dramatiques, la mort et la maladie. D’elles, il libère deux personnes : une petite fille, qui meurt au moment où son père est allé demander de l’aide à Jésus ; et une femme qui saigne depuis de nombreuses années.

Jésus se laisse toucher par notre douleur et notre mort, et opère deux signes de guérison pour nous dire que ni la douleur ni la mort n’ont le dernier mot. Il nous dit que la mort n’est pas la fin. Il vainc cet ennemi, dont nous ne pouvons nous libérer.

Concentrons-nous cependant, en cette période où la maladie est toujours au centre de l’actualité, sur l’autre signe, la guérison de la femme. Plus que sa santé, ce sont ses affections qui sont compromises. Pourquoi? Elle saignait et donc, selon la mentalité de l’époque, elle était considérée comme impure.

C’était une femme marginalisée, elle ne pouvait pas avoir de relations stables, elle ne pouvait pas avoir de conjoint, elle ne pouvait pas avoir de famille et elle ne pouvait pas avoir de relations sociales normales car elle était « impure », une maladie qui la rendait « impure ». Elle vivait seule, le cœur blessé.

La plus grande maladie de la vie, qu’est-ce que c’est ? Le cancer? Tuberculose? La pandémie ? Non. La plus grande maladie dans la vie est le manque d’amour, c’est de ne pas pouvoir aimer. Cette pauvre femme en avait assez de la perte de sang, oui, mais, par conséquent, du manque d’amour, car elle ne pouvait pas être socialement avec les autres.

Et la guérison qui compte le plus est celle des affections. Mais comment la trouver ? Nous pouvons penser à nos affections : sont-elles malades ou sont-elles en bonne santé ? Elles sont malades? Jésus est capable de les guérir.

L’histoire de cette femme sans nom – nous l’appelons « la femme sans nom » – en laquelle nous pouvons tous nous voir, est exemplaire. Le texte dit qu’lle avait fait beaucoup de soin, « dépensant tous ses biens sans aucun avantage, s’aggravant plutôt » (v. 26). Combien de fois, nous aussi, nous jetons-nous sur de mauvais remèdes pour assouvir notre manque d’amour ?

Nous pensons que le succès et l’argent nous rendent heureux, mais l’amour ne s’achète pas, il est gratuit. On se réfugie dans le virtuel, mais l’amour est concret. Nous ne nous acceptons pas tels que nous sommes et nous nous cachons derrière les artifices de l’extériorité, mais l’amour n’est pas une apparence.

Nous cherchons des solutions en magiciens, en saints hommes, pour nous retrouver sans argent et sans paix, comme cette femme. Enfin, elle choisit Jésus et se jette dans la foule pour toucher le manteau, le manteau de Jésus. Cette femme, c’est-à-dire cherche le contact direct, le contact physique avec Jésus.

Surtout en ce temps, on a compris à quel point le contact est important. Il en est de même de Jésus : parfois nous nous contentons d’observer quelques préceptes et de répéter des prières – autant de fois que des perroquets – mais le Seigneur attend que nous le rencontrions, que nous lui ouvrions notre cœur, que nous touchions son manteau comme cette femme .. pour guérir. Car, en entrant dans l’intimité avec Jésus, nous sommes guéris dans nos affections.

C’est ce que veut Jésus. On lit en effet que, même pressé par la foule, il regarde autour de lui pour trouver celle qui l’a touché. Les disciples disaient : « Mais regarde la foule qui te tient… ». Non : « Qui m’a touché ? ». C’est le regard de Jésus : il y a tant de monde, mais Il part à la recherche d’un visage et d’un cœur pleins de foi. Jésus ne regarde pas le tout, comme nous, mais il regarde la personne.

Elle ne s’arrête pas devant les blessures et les erreurs du passé, mais va au-delà des péchés et des préjugés. Nous avons tous une histoire, et chacun de nous, dans son secret, connaît bien les mauvaises choses de sa propre histoire. Mais Jésus les regarde pour les guérir. Au lieu de cela, nous aimons regarder les mauvaises choses des autres.

Combien de fois, quand nous parlons, nous tombons dans le bavardage, c’est-à-dire bavarder sur les autres, « écorcher » les autres. Mais regarder de quel horizon de vie s’agit-il ? Pas comme Jésus, qui regarde toujours le chemin pour nous sauver, regarde aujourd’hui, la bonne volonté et non pas la mauvaise histoire que nous avons. Jésus va au-delà des péchés.

Jésus va au-delà des préjugés, il ne s’arrête pas aux apparences, est atteint le cœur de Jésus et il ne guérit que celle qui était rejetée de tous, une personne impure. Avec tendresse, il l’appelle « fille » (v. 34) – le style de Jésus était proximité, compassion et tendresse : « Fille… » – et loue sa foi, lui redonne confiance en elle.

Sœur, frère, vous êtes ici, laissez Jésus regarder et guérir votre cœur. Moi aussi je dois faire ceci : que Jésus regarde mon cœur et le guérisse. Et si vous avez déjà essayé son regard tendre sur vous, imitez-le, et faites comme lui. Regardez autour de vous : vous verrez que beaucoup de personnes qui habitent à côté de vous se sentent blessées et seules, elles ont besoin de se sentir aimées : franchissez le pas.

Jésus vous demande un regard qui ne s’arrête pas à l’extérieur, mais va au cœur ; un regard sans jugement – arrêtons de juger les autres – Jésus nous demande un regard sans jugement, mais accueillant. Nous ouvrons nos cœurs pour accueillir les autres. Parce que seul l’amour guérit la vie, seul l’amour guérit la vie.

Que Notre-Dame, Consolatrice des affligés, nous aide à apporter une caresse aux blessés du cœur que nous rencontrons sur notre chemin. Et ne jugez pas, ne jugez pas la réalité personnelle, sociale des autres. Dieu aime tout le monde ! Ne jugez pas, laissez les autres vivre et essayez de vous en approcher avec amour.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Aujourd’hui, à l’approche de la fête des saints Pierre et Paul, je vous demande de prier pour le Pape, priez d’une manière particulière : le Pape a besoin de vos prières ! Merci. Je sais que vous le ferez.

A l’occasion de la Journée de la paix en Orient, j’invite tout le monde à implorer la miséricorde et la paix de Dieu pour cette région. Que le Seigneur soutienne les efforts de ceux qui œuvrent pour le dialogue et la coexistence fraternelle au Moyen-Orient, où la foi chrétienne est née et vit, malgré la souffrance. Que Dieu accorde toujours force, persévérance et courage à ces chers peuples.

J’assure ma proximité avec la population du sud-est de la République tchèque frappée par un violent ouragan. Je prie pour les morts et les blessés et pour ceux qui ont dû quitter leurs maisons, qui ont été gravement endommagées.

Je vous souhaite à tous une cordiale bienvenue, de Rome, d’Italie et d’autres pays. Je vois des Polonais, des Espagnols… Il y en a tellement là et là… Visiter les tombeaux des saints Pierre et Paul peut fortifier en vous l’amour du Christ et de l’Église.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !

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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Pour une religion courageuse

Pour une religion courageuse

SAINT PAUL VI - début pontificat 1963-fin 1978
SAINT PAUL VI – début pontificat 1963-fin 1978

Il y a cinquante deux ans jour pour jour, le 25 juin 1969, le saint Pape Paul VI donnait une Audience Générale dont voici le contenu qui nous interpelle encore :

L’authenticité doctrinale ne doit pas être altérée par le désir de simplification

Chers Fils et Filles,

Que le Concile demande un engagement chrétien plus sérieux, plus authentique, plus vrai, un approfondissement dans la sincérité, cette idée, nous l’avons dit, est très juste.

Nous pouvons et devons la faire nôtre, parce que c’est d’elle qu’est parti le Concile, de même que de cette aspiration à une interprétation parfaite de la vie chrétienne, aussi bien dans la pensée que dans l’action, surgit sans cesse l’action enseignante, sanctificatrice et pastorale, de l’Église.

Mais, après le Concile, comment s’exprime cette nouvelle mentalité ? Vers quoi va sa recherche d’un christianisme authentique, vivant et adapté à notre temps ? Elle s’exprime de différentes manières. L’une d’elles est de croire désormais facile l’adhésion au christianisme, et donc de tendre à le rendre facile.

Simplifier et spiritualiser

Un christianisme facile: cela nous semble une des aspirations plus évidentes et plus répandues, après le Concile. Facilité: la parole est séduisante; elle est acceptable, dans un certain sens, mais elle peut être ambiguë. Elle peut constituer une très belle apologie de la vie chrétienne, si on la comprend bien; elle pourrait également être un déguisement, une conception de laisser-aller, un « minimalisme » fatal. Il faut bien prendre garde.

Il est hors de doute que le message chrétien se présente dès le début, dans son essence, dans son intention salvatrice, dans les desseins miséricordieux qui le pénètre, comme facile, heureux, acceptable et supportable. C’est une des certitudes les plus fermes et les plus réconfortantes de notre religion. Oui, bien compris, le christianisme est facile.

Il faut le penser, le présenter, le vivre comme tel. Jésus lui-même l’a dit: « Mon joug est doux, et mon fardeau léger » (Mt 11, 30). Il l’a répété, dans ses reproches aux Pharisiens, méticuleux et intransigeants: « Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens » (Mt 23, 4; cf. Mt 15, 2 et ss.).

Et une des idées maîtresses de saint Paul ne fut-elle de libérer les nouveaux chrétiens de l’observance difficile, compliquée et désormais superflue, des prescriptions légales de l’ancienne alliance, avant le Christ ?

Il faudrait quelque chose de semblable pour notre époque, qui est orientée vers des conceptions spirituelles simples et fondamentales, synthétiques et accessibles à tous : le Seigneur n’a-t-il pas condensé dans le suprême commandement de l’amour de Dieu et dans celui, qui le suit et en dérive, de l’amour du prochain, « toute la loi et les prophètes » (Mt 22, 40) ?

La spiritualité de l’homme moderne l’exige, celle des jeunes surtout ; une exigence pratique d’apostolat et de pénétration missionnaire le réclame. Simplifier et spiritualiser, c’est-à-dire rendre facile l’adhésion au christianisme, telle est la mentalité qui semble jaillir du Concile : pas de juridisme, pas de dogmatisme, pas d’ascétisme, pas d’autoritarisme, dit-on avec beaucoup trop de désinvolture : il faut ouvrir les portes à un christianisme facile.

On tend ainsi à émanciper la vie chrétienne de ce qu’on appelle les « structures » ; on tend à donner aux vérités mystérieuses de la foi une possibilité d’expression dans le langage courant et compréhensible à la mentalité moderne, en les libérant des formulations scolastiques traditionnelles et sanctionnées par le magistère autorisé de l’Église.

On tend à assimiler notre doctrine catholique à celle des autres conceptions religieuses ; on tend à défaire les liens de la morale chrétienne, qualifiés vulgairement de « tabous » et de ses exigences pratiques de formation pédagogique et d’observance disciplinaire pour donner au chrétien — même s’il est un ministre des « mystères de Dieu » (1 Co 4, 1; 2 Co 6, 4) ou appelé à la perfection évangélique (cf. Mt 1, 21; Lc 14, 33) — une soi-disant intégration au mode de vie commun. On veut, nous le répétons, un christianisme facile, dans la foi et dans les mœurs.

Ce qui est simple ne s’acquiert pas sans effort ni renoncement

Mais ne dépassons-nous pas les limites de l’authenticité à laquelle tous aspirent? Ce Jésus, qui nous a apporté la Bonne Nouvelle de la bonté, de la joie et de la paix, ne nous a-t-il pas exhorté à passer par « la porte étroite » (Mt 7, 13) ?

Et n’a-t-il pas demandé la foi en sa parole, au-delà de la capacité de notre intelligence (cf. Jn 6, 62-67) ? N’a-t-il pas dit que « celui qui est fidèle en peu de choses, l’est également en beaucoup » (Lc 16, 10) ?

N’a-t-il pas fait consister l’œuvre de sa rédemption dans le mystère de la Croix, folie et scandale (1 Co 1, 23) pour ce monde, en ajoutant qu’il faut y participer pour être sauvé ? Ici la leçon devient longue et difficile. Une question se pose : mais alors le christianisme n’est pas facile ? Alors il n’est pas acceptable par les hommes de ce temps, il ne peut être offert au monde contemporain ?

Nous renonçons maintenant à résoudre valablement cette grave difficulté. Nous rappelons seulement que les choses faciles, si elles sont belles, parfaites, et rendues telles en surmontant des obstacles formidables, coûtent toujours cher.

Nous pensons par exemple à cette loi qui préside à tous les efforts de la culture et du progrès, quand nous avons l’occasion de voyager en avion: voler, comme c’est facile! Mais combien d’études, de fatigues, de risques, de sacrifices, cela a coûté!

Pour une religion courageuse

Et puis, pour rester dans notre thème, demandons-nous si le christianisme est fait pour les tempéraments faibles et les personnes à la conscience trop large ? Pour les hommes lâches, tièdes, conformistes, et peu soucieux des exigences austères du Règne de Dieu ?

Nous nous demandons aussi parfois s’il ne faut pas chercher parmi les causes de la diminution des vocations à la généreuse suite du Christ, sans réserves et sans retour, celle de la présentation superficielle d’un christianisme édulcoré, sans héroïsme et sans sacrifice, sans la Croix, privé donc de la grandeur morale d’un amour total.

Et nous nous demandons encore si parmi les motifs des objections soulevées par l’encyclique « Humanae Vitae » il n’y a pas celle d’une pensée secrète : abolir une loi difficile pour rendre la vie plus facile. (Mais si c’est une loi, qui a son fondement en Dieu, que faire ?)

Nous répéterons : oui, le christianisme est facile; et il est sage, et c’est un devoir d’aplanir tous les chemins qui y conduisent, avec toutes les facilités possibles. Et c’est ce que l’Église, après le Concile, essaie de faire de toute manière, mais sans trahir la réalité du christianisme.

Celui-ci est vraiment facile à certaines conditions : pour les humbles, qui recourent à l’aide de la grâce, par la prière, par les sacrements, par la confiance en Dieu « qui ne permettra pas — dit saint Paul — que vous soyez tentés au-delà de vos forces. Avec la tentation il vous donnera le moyen de la supporter » (1 Co 10, 13); pour les courageux, qui savent vouloir et aimer, aimer surtout.

Disons avec saint Augustin : le joug du Christ est suave pour qui aime, dur pour qui n’aime pas, « amanti suave est ; non amanti, durum est » (Serm. 30: PL 38, 192).

Tâchez de faire cette expérience heureuse : rendre la vie chrétienne facile par l’amour ! Avec Notre Bénédiction Apostolique.

Saint PAUL VI, AUDIENCE GÉNÉRALE, mercredi 25 juin 1969


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