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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Catéchèse – 33. Le combat de la prière

Catéchèse – 33. Le combat de la prière

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Cour Saint-Damase
Mercredi 12 mai 2021


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Chers frères et sœurs,

La prière chrétienne, comme toute la vie chrétienne, est un combat intérieur, parfois dur, qui peut durer tout au long de la vie. Prier n’est pas une chose facile. En effet, le silence, la prière, la concentration sont des exercices difficiles et quelquefois, la nature humaine se rebelle.

C’est pourquoi celui qui veut prier doit se rappeler que la foi n’est pas facile et qu’elle avance parfois dans une obscurité presque totale, sans points de référence. Les pires ennemis de la prière se trouvent en nous. Pour le Catéchisme, il s’agit du découragement, de la tristesse, de la déception, de notre orgueil et de l’allergie à la gratuité de la prière.

Face à ces tentations, alors que tout semble vaciller, les maîtres spirituels ont montré l’importance de résister et de persévérer dans la prière. Les Exercices Spirituels de Saint Ignace de Loyola nous enseignent, par exemple, à mettre de l’ordre dans notre vie et à chercher à faire le bien même quand cela devient difficile.

Dans les moments d’épreuve, il est bon de se rappeler que nous ne sommes pas seuls. Jésus est toujours avec nous : même si, dans un moment d’aveuglement, nous ne parvenons pas à voir sa présence, nous y parviendrons à l’avenir. Ainsi, à la fin de notre vie, nous pourrons dire “Je pensais être seul, mais non, je ne l’étais pas : Jésus était avec moi”.

*

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je suis content de reprendre cette rencontre face à face, car je dois vous dire une chose: ce n’est pas agréable de parler quand il n’y a personne, devant une caméra. Ce n’est pas agréable. Et maintenant, après de nombreux mois, grâce au courage de Mgr Sapienza– qui a dit: “Non, nous la faisons là” – nous sommes réunis ici. C’est bien Mgr Sapienza!

Et retrouver les gens, et vous retrouver, chacun avec sa propre histoire, des gens qui viennent de partout, d’Italie, des États-Unis, de Colombie, ensuite cette petite équipe de football de quatre jeunes frères suisses – je crois – qui sont là … quatre. Il manque la petite sœur, espérons qu’elle arrive …

Et voir chacun de vous me fait plaisir, car nous sommes tous frères dans le Seigneur et nous regarder nous aide à prier l’un pour l’autre. Même les gens qui sont loin, mais qui deviennent toujours proche.

L’immanquable sœur Geneviève qui vient du Lunapark, des gens qui travaillent: ils sont nombreux et ils sont tous ici. Merci pour votre présence et pour votre visite. Apportez le message du Pape à tous. Le message du Pape est que je prie pour tous, et je demande de prier pour moi unis dans la prière.

Et en parlant de prière, la prière chrétienne, comme toute la vie chrétienne, n’est pas une «promenade». Aucun des grands orants que nous rencontrons dans la Bible et dans l’histoire de l’Église n’a eu une prière «confortable».  Oui, oui on peut prier comme des perroquets – bla , bla, bla, bla, bla – mais ce n’est pas une prière.

La prière apporte assurément une grande paix, mais à travers un combat intérieur, parfois dur, qui peut accompagner des périodes parfois longues de la vie. Prier n’est pas une chose facile et c’est pourquoi nous fuyons la prière. Chaque fois que nous voulons le faire, de nombreuses autres activités nous viennent immédiatement à l’esprit, qui à ce moment-là apparaissent plus importantes et plus urgentes.

Cela m’arrive aussi : je vais prier un peu… Et non, je dois faire ceci et cela… Nous fuyons la prière, je ne sais pas pourquoi, mais c’est ainsi. Presque toujours, après avoir reporté la prière à plus tard, nous nous apercevons que ces choses n’étaient pas du tout essentielles, et que nous avons peut-être perdu du temps. L’Ennemi nous trompe ainsi.

Tous les hommes et les femmes de Dieu rapportent non seulement la joie de la prière, mais également la difficulté et la fatigue qu’elle peut procurer: à certains moments c’est une lutte dure que de tenir foi aux temps et aux modes de prière. Certains saints l’ont poursuivie pendant des années sans en éprouver aucun goût, sans en percevoir l’utilité.

Le silence, la prière, la concentration sont des exercices difficiles, et quelquefois la nature humaine se rebelle. Nous préférerions être dans n’importe quelle autre partie du monde, mais pas là, sur ce banc de l’église en train de prier.

Celui qui veut prier doit se rappeler que la foi n’est pas facile, et parfois elle avance dans une obscurité presque totale, sans points de référence. Il y a des moments de la vie de foi qui sont sombres et c’est pourquoi certains saints les appellent: «La nuit obscure», parce que l’on n’entend rien. Mais moi, je continue à prier.

Le Catéchisme énumère une longue série d’ennemis de la prière, ceux qui rendent difficile de prier, qui mettent en difficulté (cf. nn. 2726-2728). Certains doutent qu’elle puisse vraiment atteindre le Tout-puissant: mais pourquoi Dieu est-il silencieux?  Si Dieu est Tout-puissant, il pourrait dire deux mots et mettre un terme à l’histoire.

Devant la nature insaisissable du divin, d’autres ont le soupçon que la prière ne soit qu’une simple opération psychologique; une chose qui est peut-être utile, mais qui n’est pas vraie ni nécessaire: et on pourrait même être pratiquants sans être croyants. Et ainsi de suite, avec tant d’explications.

Les pires ennemis de la prière se trouvent cependant en nous. Le Catéchisme les appelle ainsi: «Découragement devant nos sécheresses, tristesse de ne pas tout donner au Seigneur, car nous avons « de grands biens » (cf. Mc 10, 22), déception de ne pas être exaucés selon notre volonté propre, blessure de notre orgueil qui se durcit sur notre indignité de pécheur, allergie à la gratuité de la prière» (n. 2728). Il s’agit clairement d’une liste sommaire, qui pourrait être allongée.

Que faire au moment de la tentation, quand tout semble vaciller? Si nous explorons l’histoire de la spiritualité, nous remarquons immédiatement que les maîtres de l’âme avaient bien clairement à l’esprit la situation que nous avons décrite.

Pour la dépasser, chacun d’entre eux a offert une contribution: une parole de sagesse, ou bien une suggestion pour affronter les temps pavés de difficultés. Il ne s’agit pas de théories élaborées à un bureau, non, mais de conseils nés de l’expérience, qui montrent l’importance de résister et de persévérer dans la prière.

Il serait intéressant de passer en revue au moins certains de ces conseils, car chacun mérite d’être approfondi. Par exemple, les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola sont un livret de grande sagesse, qui enseigne à mettre de l’ordre dans sa propre vie.

Il fait comprendre que la vocation chrétienne est le choix de militer, est la décision de se placer sous la bannière de Jésus Christ et pas sous celle du diable, en cherchant à faire le bien même quand cela devient difficile.

Dans les temps d’épreuve, il est bon de se rappeler que nous ne sommes pas seuls, que quelqu’un veille à nos côtés et nous protège. Saint Antoine abbé, fondateur du monachisme chrétien, en Égypte, affronta lui aussi des moments terribles, où la prière se transformait en dure lutte.

Son biographe saint Athanase, évêque d’Alexandrie, raconte que l’un des pires épisodes arriva au saint ermite vers ses trente-cinq ans, un âge moyen qui comporte une crise pour beaucoup de personnes. Antoine fut troublé par cette épreuve, mais il résista.

Quand il retrouva finalement sa sérénité, il s’adressa à son Seigneur sur un ton presque de reproche: «Où étais-tu? Pourquoi n’es-tu pas venu immédiatement pour mettre fin à mes souffrances?». Et Jésus répondit: «Antoine, j’étais là. Mais j’attendais de te voir combattre» (Vie d’Antoine, n. 10). Combattre dans la prière. Et très souvent la prière est un combat.

Il me vient à l’esprit quelque chose que j’ai vécu de près, quand j’étais dans l’autre diocèse. Il y avait un couple qui avait une petite fille de neuf ans, atteinte d’une maladie que les médecins ne connaissaient pas. Et à la fin, à l’hôpital, le médecin dit à la mère: “Madame, appelez votre mari”. Et son mari était au travail; ils étaient ouvriers, ils travaillaient tous les jours.

Et il a dit au père: “Votre fille ne passera pas la nuit. C’est une infection, nous ne pouvons rien faire”. Peut-être cet homme n’allait-il pas tous les jours à la Messe, mais il avait une grande foi. Il sortit en pleurant, il laissa sa femme avec la petite fille à l’hôpital, prit le train et parcourut  les soixante-dix kilomètres jusqu’à la basilique de la Vierge de Luján, la Patronne de l’Argentine.

Et là – la basilique était déjà fermée, il était presque dix heures du soir – il s’accrocha aux grilles de la basilique et pria la Vierge toute la nuit, en combattant pour la santé de sa fille. Ce n’est pas une histoire inventée; je l’ai vu! Je l’ai vécu. Cet homme combattait. A la fin, à six heures du matin, dès l’ouverture de l’église il entra pour saluer la Vierge: toute la nuit à “combattre” et ensuite il rentra chez lui.

Quand il arriva, il chercha sa femme, mais il ne la trouva pas et pensa: “Elle est partie. Non, la Vierge ne peut pas me faire ça”. Puis il la trouva souriante, qui disait: “Je ne sais pas ce qui s’est passé; le médecins me disent que les choses ont changé et que notre fille est à présent guérie”.

En luttant avec la prière, cet homme a obtenu la grâce de la Vierge. La Vierge l’a écouté. Et j’ai vu cela: la prière fait des miracles, car la prière va précisément au cœur de la tendresse de Dieu qui nous aime comme un père. Et quand il ne nous accorde pas la grâce, il nous en fera une autre, que nous verrons ensuite avec le temps.

Mais il faut toujours combattre dans la prière pour demander la grâce. Oui, parfois nous demandons une grâce dont nous avons besoin, mais nous la demandons comme ça, sans envie, sans combattre, mais ce n’est pas ainsi qu’on doit demander les choses sérieuses. La prière est un combat et le Seigneur est toujours avec nous.

Si dans un moment d’aveuglement nous ne réussissons pas à apercevoir sa présence, nous y arriverons à l’avenir. Nous répéterons nous aussi la même phrase que le patriarche Jacob prononça un jour: «En vérité, Yahvé est en ce lieu et je ne le savais pas!» (Gn 28,16).

A la fin de notre vie, en regardant derrière nous, nous pourrons dire nous aussi: «Je pensais que j’étais seul, mais non, je ne l’étais pas: Jésus était avec moi». Nous pourrons tous dire cela.


Je salue cordialement les personnes de langue française. Frères et sœurs, en ce mois consacré à la Vierge Marie, apprenons d’elle que la prière est la meilleure arme de la vie chrétienne. Et que sans une prière persévérante, aucune victoire sur le mal n’est possible. Sur vous et sur chacune de vos familles, j’invoque la Bénédiction de Dieu.

Je salue cordialement les pèlerins et visiteurs anglophones. Alors que nous nous préparons à célébrer l’Ascension du Seigneur, j’invoque sur vous et vos familles la paix et la joie qui viennent du Christ ressuscité. Que Dieu vous bénisse!

Je salue cordialement les fidèles anglophones. Alors que nous nous préparons à célébrer l’Ascension du Seigneur, j’invoque sur vous et vos familles la paix et la joie qui viennent du Christ ressuscité. Que Dieu vous bénisse!

Chers frères et sœurs germanophones, la solennité de l’Ascension, célébrée demain, dirige notre regard vers le haut, au-delà des choses terrestres. En même temps, cela nous rappelle la mission que le Seigneur nous a confiée ici sur terre. Que le Saint-Esprit nous guide dans le bon combat que nous devons mener.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Demandons au Seigneur, surtout en période d’aridité, de doute et de tentation, de nous accorder la force de l’Esprit Saint pour prier avec humilité, confiance et persévérance. Que la Sainte Vierge nous aide dans son intercession maternelle afin que nous ne nous éloignions jamais de Jésus. Que Dieu vous bénisse. Merci beaucoup.

Je salue cordialement les fidèles lusophones. Demain, nous nous souvenons de Notre-Dame de Fatima avec une grande vénération! Mettons-nous avec confiance sous sa protection maternelle, surtout lorsque nous rencontrons des difficultés dans notre vie de prière. Que Dieu te bénisse!

Je salue les fidèles arabophones. Le combat de la prière renforce la foi en nous et l’approfondit, et nous fait comprendre que Jésus n’est pas loin de nous, mais a toujours été avec nous, même si nous ne le voyons pas dans les moments de faiblesse, et ainsi nous pouvons dire:  » Je pensais être seul, mais non, je ne l’étais pas: Jésus était avec moi ». Le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement les Polonais. Demain, c’est la commémoration liturgique de Notre-Dame de Fàtima et le 40e anniversaire de la tentative d’assassinat de saint Jean-Paul II. Il a lui-même souligné avec conviction qu’il devait sa vie à Notre-Dame de Fàtima. Cet événement nous fait prendre conscience que nos vies et l’histoire du monde sont entre les mains de Dieu.

Au Cœur Immaculé de Marie, nous confions l’Église, nous-mêmes et le monde entier. Demandons dans la prière la paix, la fin de la pandémie, un esprit de pénitence et notre conversion. Je vous bénis de tout mon cœur.

J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. Au cours de ce mois de mai, dédié à la Sainte Vierge, j’invoque la protection céleste de Notre-Dame sur chacun de vous et sur vos familles respectives.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Recourez souvent à Marie, Mère des croyants! Les différentes formes de dévotion mariale, et en particulier la récitation du Saint Rosaire, vous aideront à vivre votre chemin de foi et de témoignage chrétien.


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aimer comme le Christ conduit à la joie

aimer comme le Christ conduit à la joie

Dans l’Évangile de ce 6e dimanche de Pâques, Jésus invite ses disciples à «demeurer» dans son amour. Mais de quel amour s’agit-il? Comment y demeurer et pourquoi? Le Pape François a proposé quelques explications avant la prière du Regina Cæli, prononcée depuis la fenêtre du Palais apostolique.

 

Jésus que ma joie demeure
Jésus que ma joie demeure

«Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour», demande Jésus à ses disciples (Jn 15, 9). Cet amour «a son origine dans le Père, car « Dieu est amour » (1 Jn 4,8)». Cet amour de Dieu est «comme un fleuve, il coule dans son Fils Jésus et, par lui, nous atteint, nous, ses créatures».

Cet amour que Jésus nous donne est «pur, inconditionnel, amour gratuit». Il fait de nous des «amis» du Seigneur, qui «nous fait connaître le Père, et nous implique dans sa propre mission pour la vie du monde».

Aimer sans posséder

«Demeurer» dans son amour est lié au fait de «garder ses commandements»«Mon commandement, le voici: Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés». Autrement dit, «sortir de soi, se détacher de ses propres sécurités humaines, de ses commodités mondaines, pour s’ouvrir aux autres, surtout à ceux qui en ont le plus besoin». C’est un amour qui refuse les «autres « amours » que le monde nous propose: amour de l’argent (…), amour du succès, (…) du pouvoir…»

«Je pense à l’amour malade qui se transforme en violence – et au nombre de femmes qui en sont victimes de nos jours (…). Ce n’est pas de l’amour». Jésus demande au contraire «de sortir de la prétention de contrôler et de gérer les autres. Ne pas les contrôler, mais les servir. Ouvrir son cœur aux autres (…)»

La joie d’être toujours aimé

«Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite» (v.11).  «La joie de se savoir aimé de Dieu malgré nos infidélités nous fait affronter les épreuves de la vie avec foi, nous fait traverser les crises pour mieux en sortir». C’est ainsi que nous devenons «de vrais témoins». La joie, «signe distinctif du vrai chrétien», au parfum de résurrection, est possible en tous temps. «le vrai chrétien n’est pas triste, il a toujours cette joie au-dedans.»

*

PAPE FRANÇOIS

REGINA CÆLI

Place Saint-Pierre
Dimanche, 2 mai 2021

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans l’Évangile de ce dimanche (Jn 15, 9-17), Jésus, après s’être comparé à la vigne et nous aux sarments, explique quel est le fruit que portent ceux qui restent unis à lui: ce fruit est amour. Il reprend le verbe clé: rester. Il nous invite à rester dans son amour pour que sa joie soit en nous et que notre joie soit complète (vv. 9-11). Restez dans l’amour de Jésus.

Nous nous demandons: quel est cet amour dans lequel Jésus nous dit de rester pour avoir sa joie? Quel est cet amour? C’est l’amour qui vient du Père, car «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8). Cet amour de Dieu, du Père, comme un fleuve se jette dans le Fils Jésus et à travers lui nous parvient ses créatures.

En effet, il dit: « Comme le Père m’a aimé, je vous ai aussi aimé » (Jn 15, 9). L’amour que Jésus nous donne est le même avec lequel le Père l’aime: amour pur et inconditionnel, amour gratuit. Vous ne pouvez pas l’acheter, c’est gratuit. En nous le donnant, Jésus nous traite en amis – avec cet amour -, nous fait connaître le Père et nous engage dans sa mission même pour la vie du monde.

Et puis, on peut se poser la question, comment restez-vous dans cet amour? Jésus dit: « Si vous gardez mes commandements, vous resterez dans mon amour » (v. 10). Jésus a résumé ses commandements en un, celui-ci: « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (v. 12). Aimer comme Jésus aime, c’est se mettre au service, au service des frères, comme il l’a fait en lavant les pieds des disciples.

C’est aussi sortir de soi, se détacher de sa sécurité humaine, des conforts du monde, pour s’ouvrir aux autres, en particulier à ceux qui en ont le plus besoin. Cela signifie se rendre disponible, avec ce que nous sommes et ce que nous avons. Cela signifie aimer non pas avec des mots mais avec des actes.

Aimer comme le Christ, c’est dire non aux autres «amours» que le monde nous offre: l’amour pour l’argent – ceux qui aiment l’argent n’aiment pas comme Jésus aime -, l’amour pour le succès, la vanité, pour le pouvoir…. Ces manières trompeuses «d’amour» nous éloignent de l’amour du Seigneur et nous conduisent à devenir de plus en plus égoïstes, narcissiques, autoritaires.

Et l’arrogance conduit à une dégénérescence de l’amour, à abuser des autres, à faire souffrir l’être cher. Je pense à l’amour malade qui se transforme en violence – et au nombre de femmes victimes de violence aujourd’hui. Ceci n’est pas de l’amour.

Aimer comme le Seigneur nous aime, c’est apprécier la personne qui nous entoure, respecter sa liberté, l’aimer telle qu’elle est et non telle que nous voulons qu’elle soit; tel quel, gratuitement. En fin de compte, Jésus nous demande de rester dans son amour, de demeurer dans son amour, pas dans nos idées, pas dans l’adoration de nous-mêmes.

Celui qui vit dans le culte de lui-même, vit dans le miroir: se regarde toujours. Cela nous demande de sortir de la prétention de contrôler et de gérer les autres. Ne vérifiez pas, servez-les. Ouvrir notre cœur aux autres, c’est l’amour et se donner aux autres.

Chers frères et sœurs, où cela mène-t-il dans l’amour du Seigneur? Où cela nous mène-t-il? Jésus nous a dit: « Afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (v. 11). Et la joie que possède le Seigneur, parce qu’il est en totale communion avec le Père, veut aussi qu’elle soit en nous dans la mesure où nous sommes unis à lui.

La joie de savoir que nous sommes aimés de Dieu malgré nos infidélités nous fait affronter la épreuves de la vie avec foi, vous fait traverser des crises pour mieux vous en sortir. C’est en vivant cette joie que consiste notre être de vrais témoins, car la joie est la marque du vrai chrétien. Le vrai chrétien n’est pas triste, il a toujours cette joie à l’intérieur, même dans les moments difficiles.

Que la Vierge Marie nous aide à rester dans l’amour de Jésus et à grandir dans l’amour pour tous, en témoignant de la joie du Seigneur ressuscité.

Après le Regina Caeli

Chers frères et sœurs!

Je suis avec une préoccupation particulière les événements qui se déroulent à Jérusalem. Je prie pour que ce soit un lieu de rencontre et non de violents affrontements, un lieu de prière et de paix. J’invite chacun à rechercher des solutions communes pour que l’identité multireligieuse et multiculturelle de la Ville sainte soit respectée et que la fraternité puisse prévaloir. La violence ne fait qu’engendrer la violence. Assez des affrontements.

Et nous prions également pour les victimes de l’attaque terroriste qui a eu lieu hier à Kaboul: une action inhumaine qui a frappé de nombreuses jeunes filles alors qu’elles quittaient l’école. Prions pour chacun d’eux et pour leurs familles. Et que Dieu donne la paix à l’Afghanistan.

En outre, je tiens à exprimer ma préoccupation face aux tensions et aux violents affrontements en Colombie, qui ont fait des morts et des blessés. Il y a beaucoup de Colombiens ici, prions pour votre patrie.

Aujourd’hui, à Agrigente, Rosario Angelo Livatino, martyr de la justice et de la foi, a été béatifié. Au service de la communauté en tant que juge honnête, qui ne s’est jamais laissé corrompre, il s’est efforcé de juger et non de condamner mais pour racheter. Son œuvre le plaçait toujours «sous la tutelle de Dieu»; pour cela, il devint témoin de l’Évangile jusqu’à sa mort héroïque.

Que son exemple soit pour tous, en particulier les magistrats, une incitation à être de loyaux défenseurs de la légalité et de la liberté. Une salve d’applaudissements au nouveau bienheureux!

Je vous salue tous chaleureusement, Romains et pèlerins. Merci pour votre présence! En particulier, je salue les personnes atteintes de fibromyalgie: je leur exprime ma proximité et j’espère que l’attention grandira dans cette pathologie parfois négligée.

Et les mères ne peuvent pas nous manquer! En ce dimanche, la fête des mères est célébrée dans de nombreux pays. Nous saluons toutes les mères du monde, même celles qui ne sont plus là. Une salve d’applaudissements aux mamans!

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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Saint Célestin V, 192e pape en 1294, qui abdiqua.

Saint Célestin V, 192e pape en 1294, qui abdiqua.

Célestin V par Niccolò di Tommaso (+1376), Castel Nuovo Naples
Célestin V par Niccolò di Tommaso (+1376), Castel Nuovo Naples

Au château de Fumone, près d’Alatri dans le Latium, en 1296, la naissance au ciel de saint Pierre Célestin. Alors qu’il menait une vie d’ermite dans les Abruzzes, la renommée de sa simplicité et de ses miracles le firent élire comme pontife romain à l’âge de quatre-vingts ans. Il prit le nom de Célestin V, mais il abdiqua la même année, préférant revenir à sa solitude. Il termina sa vie, enfermé, entièrement isolé du monde. (Martyrologe romain)

Pierre Angelerio naquit à Isernia dans les Abruzzes, en l’Italie méridionale, en 1215, de parents simples et craignant Dieu. Il était le onzième d’une famille de douze enfants. Sa mère demandait sans cesse à Dieu que sur les douze, il y en eût au moins un qui se consacrât à son service.

Aussi, quand Pierre manifesta le désir de quitter le monde pour servir le Seigneur, sa mère, malgré l’opposition de ses amis et de ses autres enfants, persista à favoriser son dessein, et prit sur son nécessaire pour le faire instruire.

Dès son jeune âge, Pierre manifesta une grande inclination pour la solitude. A vingt ans il résolut de suivre cet attrait et se retira sur une haute montagne où seules quelques personnes vertueuses venaient le visiter ; elles lui conseillèrent de recevoir le sacerdoce. Il suivit leur conseil, et alla se faire ordonner à Rome.

Après son ordination Pierre se fit admettre dans l’Ordre de St Benoît, obtint l’autorisation de se fixer sur le mont Morron, et y passa cinq années, au milieu de privations de toute sorte. Il se retira ensuite sur le mont Majella ; sa sainte vie y attira bientôt de nombreux disciples désireux de partager son genre de vie et d’imiter ses vertus. Ils habitaient des cabanes dans une solitude sauvage.

On sentait partout la présence de Dieu dans ce lieu ainsi sanctifié. Dieu accorda au saint fondateur le don des miracles : à plusieurs reprises il renouvela dans le monastère les provisions épuisées, et aurait changé l’eau en vin pour per­mettre la célébration de la messe. L’Ordre prit plus tard le nom de « Célestins », du nom de Pierre devenu Pape sous ce nom.

Le pape Nicolas IV était mort en avril 1292, et par suite des intri­gues et des ambitions qui agitaient les cardinaux, après deux ans de vacance le siège pontifical restait encore sans titulaire. Les factions romaines et les cardinaux soumis à l’empereur germanique n’arrivaient pas à s’entendre sur un nom. Pierre reçut du ciel l’inspiration d’écrire aux membres du Sacré Collège une lettre pour leur reprocher cette conduite.

A la lecture de la lettre du saint solitaire l’union se fit immédiatement sur son nom, et le 5 juillet 1294, les cardi­naux réunis à Pérouse l’élurent Pape à l’unanimité. Tiré de sa cellule monastique, il arriva à Aquila monté sur un âne. Le couronnement y eut lieu le 29 août suivant : Pierre prit le nom de Célestin V et fixa sa résidence à Naples, sous la protection du roi Charles II.

Sans expérience des affaires et étant octogénaire, Célestin V se vit bientôt dans l’impossibilité de maîtriser les ambitions et les compéti­tions qui s’agitaient autour de lui, et par suite de  remplir sa charge de chef de l’Église. Après un règne de cinq mois il prit le parti d’abdiquer ; il l’exécuta en plein Consistoire le 13 décembre 1294.

Déjà avant ce fils spirituel de saint Benoît, plusieurs autres papes, saint Pontien par exemple, saint Martin, Jean XVIII et Benoît IX, en des circonstances qui leur rendaient personnellement des plus difficiles le gouvernement de l’Église, avaient abdiqué le suprême pontificat.

Au XIIIe siècle, ces cas avaient été presque oubliés, et les canonistes discutaient pour savoir si une telle renonciation fut jamais permise au pape. Célestin V, en une constitution solennelle, résolut la question dans le sens de la tradition romaine primitive, après quoi, invoquant en sa faveur un semblable droit, il déposa les vêtements pontificaux et retourna aux anciens exercices de sa vie monastique.

Onze jours après l’abdication de Célestin V, le cardinal Gaétani fut élu sous le nom de Boniface VIII. Craignant que Pierre Célestin ne de­vint entre les mains d’un parti séditieux un instrument de schisme, le nouveau pape le retint sous bonne garde dans le château de Fumone près d’Agnani.

C’est là, que Célestin V, après dix mois de réclusion, rendit son âme à Dieu en disant  « Omnis spiritus laudet Dominum : Que toute créature loue le Seigneur ! » C’était le 6 mai 1296. Sa mort fut rendue plus glorieuse encore par l’apparition d’une croix lumineuse que l’on vit briller dans les airs devant la porte de sa retraite.

Pendant sa vie et après sa mort il fit d’éclatants miracles : ils furent examinés suivant les règles. Inscrit au nombre des Saints onze ans après, il fut canonisé par Clément V à Avignon le 5 mai 1313 ; et ce fut le roi Philippe le Bel qui voulut payer les frais de la canonisation.

Dans la Divine Comédie, Dante, emporté par sa haine de partisan, met dans l’enfer … l’ombra di celui che fece per viltade il gran rifiuto : l’ombre de celui qui a fait par lâcheté le grand rejet.

L’Église, au contraire, loua l’humilité du pape Célestin et le proposa même à l’imitation des fidèles, car il est plus prudent et plus sûr de servir le Seigneur dans la simplicité du cœur, que d’ambitionner des places élevées et de graves responsabilités, auxquelles peut-être nos pauvres épaules ne sont ni préparées ni proportionnées.

À l’Aquila, après le tremblement de terre en 2009 qui détruisit Collemagio, la basilique où est vénérée Saint Pierre Célestin, le pape Benoît XVI a remis son pallium à son prédécesseur qui ne l’avait jamais reçu.

Le 5 juillet 2014, en Molise, le pape François a rendu hommage à Célestin V, le premier pape ‘renonciateur’: Fra Pietro da Morrone, ermite devenu pape.

« Il y a une idée forte qui m’a frappé, en pensant à l’héritage de saint Célestin V. Lui, comme saint François d’Assise, avait un sens très fort de la miséricorde de Dieu, et du fait que la miséricorde de Dieu renouvelle le monde.

Pietro del Morrone, comme François d’Assise, connaissait bien la société de son temps, avec sa grande pauvreté. Ils étaient très proches du peuple. Ils avaient la même compassion de Jésus envers tant de gens fatigués et opprimés ; mais ils ne se bornaient pas à dispenser de bons conseils ou de pitoyables consolations.

Ils ont d’abord fait un choix de vie à contre-courant, ils ont choisi de s’appuyer sur la Providence du Père, non seulement comme ascèse personnelle, mais comme témoignage prophétique d’une paternité et d’une fraternité, qui sont le message de l’Évangile de Jésus-Christ…

Voici donc le sentiment d’une nouvelle citoyenneté, que nous ressentons fortement ici, sur cette place en face de la cathédrale, d’où la mémoire de Saint Pierre de Morrone Célestin V parle, que dès cet instant je déclare ouverte, et pendant laquelle la porte de la miséricorde divine sera ouverte à tous.

Ce n’est pas une évasion, ce n’est pas une évasion de la réalité et de ses problèmes, c’est la réponse qui vient de l’Évangile : l’amour comme force de purification des consciences, force de renouvellement des relations sociales, force de conception pour une économie différente , qui se concentre sur la personne, le travail, la famille, plutôt que sur l’argent et le profit.

Nous sommes tous conscients que ce chemin n’est pas celui du monde; nous ne sommes pas des rêveurs, des illusions, nous ne voulons pas non plus créer des oasis à partir de ce monde. Nous pensons plutôt que cette route est la bonne pour tout le monde, c’est la route qui nous rapproche vraiment de la justice et de la paix.

Mais nous savons aussi que nous sommes pécheurs, que nous sommes d’abord toujours tentés de ne pas suivre cette voie et de nous conformer à la mentalité du monde, à la mentalité du pouvoir, à la mentalité de la richesse. C’est pourquoi nous nous confions à la miséricorde de Dieu et nous nous engageons à réaliser avec sa grâce des fruits de conversion et des œuvres de miséricorde. Ces deux choses : convertir et faire des œuvres de miséricorde.

C’est la raison principale de cette année, pour cette année jubilaire célestinienne [2014}. Que la Vierge Marie, Mère de la Miséricorde nous accompagne et nous soutienne toujours dans ce voyage. »