Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Nous réjouir de voir Jésus monter au ciel

Nous réjouir de voir Jésus monter au ciel

Le Pape a médité sur le texte de l’Évangile de Marc (Mc 16, 1-15) lors du Regina Caeli, en ce dimanche de l’Ascension du Christ qui nous montre notre destination future.

PAPE FRANÇOIS

REGINA CAELI

Place Saint Pierre
Dimanche, 16 mai 2021

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, en Italie et dans d’autres pays, la solennité de l’Ascension du Seigneur est célébrée. Le passage de l’Évangile (Mc 16, 15-20) – la conclusion de l’Évangile de Marc – nous présente la dernière rencontre du Ressuscité avec les disciples avant de monter à la droite du Père.

D’habitude, on le sait, les scènes d’adieu sont tristes, elles donnent à ceux qui restent un sentiment de perplexité, d’abandon; au contraire, tout cela n’arrive pas aux disciples. Malgré leur détachement du Seigneur, ils ne semblent pas inconsolables, au contraire, ils sont joyeux et prêts à partir comme missionnaires dans le monde. Pourquoi les disciples ne sont-ils pas tristes?

Pourquoi devrions-nous aussi nous réjouir de voir Jésus monter au ciel? L’ascension complète la mission de Jésus parmi nous. En effet, si c’est pour nous que Jésus est descendu du ciel, c’est toujours pour nous qu’il y monte. Après être descendu dans notre humanité et l’avoir rachetée – Dieu, le Fils de Dieu, descend et devient homme, prend notre humanité et la rachète – maintenant il monte au ciel en emportant notre chair avec lui.

Il est le premier homme qui entre au ciel, parce que Jésus est homme, vrai homme, il est Dieu, vrai Dieu; notre chair est au ciel et cela nous donne de la joie. À la droite du Père se trouve maintenant un corps humain, pour la première fois, le corps de Jésus, et dans ce mystère chacun de nous contemple sa propre destination future.

Ce n’est pas du tout une question d’abandon, Jésus reste pour toujours avec les disciples, avec nous. Il reste dans la prière, parce que lui, en tant qu’homme, prie le Père, et en tant que Dieu, homme et Dieu, il lui fait voir les blessures, les blessures avec lesquelles il nous a rachetés. La prière de Jésus est là, avec notre chair: il est l’un de nous, Dieu homme, et il prie pour nous.

Et cela doit nous donner une certitude, voire une joie, une grande joie! Et la deuxième raison de joie est la promesse de Jésus, qui nous a dit: « Je vous enverrai le Saint-Esprit ». Et là, avec l’Esprit Saint, se fait ce commandement qu’Il donne précisément dans l’adieu: «Allez dans le monde, annoncez l’Évangile». Et ce sera la puissance du Saint-Esprit qui nous emmènera là-bas dans le monde, pour apporter l’Évangile.

C’est le Saint-Esprit de ce jour-là, que Jésus a promis, et puis neuf jours plus tard, il viendra à la fête de la Pentecôte. C’est précisément le Saint-Esprit qui a rendu possible pour nous tous d’être comme ça aujourd’hui. Une grande joie! Jésus est allé au ciel: le premier homme avant le Père.

Il est parti avec les blessures, qui étaient le prix de notre salut, et prie pour nous. Et puis il nous envoie le Saint-Esprit, il nous promet le Saint-Esprit, de sortir pour évangéliser. Pour cela la joie d’aujourd’hui, pour cela la joie de ce jour de l’Ascension.

Frères et sœurs, en cette fête de l’Ascension, alors que nous contemplons le Ciel, où le Christ est monté et est assis à la droite du Père, nous demandons à Marie, Reine du Ciel, de nous aider à être de courageux témoins du Ressuscité dans le monde dans les situations concrètes de la vie.

Après le Regina Caeli

Chers frères et sœurs!

Je suis avec une grande inquiétude ce qui se passe en Terre Sainte. Ces derniers jours, de violents affrontements armés entre la bande de Gaza et Israël ont pris le dessus et risquent de dégénérer en une spirale de mort et de destruction.

De nombreuses personnes ont été blessées et de nombreux innocents sont morts. Parmi eux, il y a aussi des enfants, ce qui est terrible et inacceptable. Leur mort est le signe qu’ils ne veulent pas construire l’avenir, mais qu’ils veulent le détruire.

En outre, la haine et la violence croissantes qui affectent diverses villes d’Israël sont une grave blessure à la fraternité et à la coexistence pacifique entre les citoyens, qu’il sera difficile de guérir si nous ne nous ouvrons pas immédiatement au dialogue. Je me demande: où mèneront la haine et la vengeance? Pensons-nous vraiment que nous construisons la paix en détruisant l’autre?

«Au nom de Dieu qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à vivre ensemble comme frères entre eux» (cf. Document de la Fraternité humaine), j’appelle au calme et à qui il a la responsabilité de mettre fin au bruit des armes et marcher sur les chemins de la paix, également avec l’aide de la communauté internationale.

Nous prions sans cesse pour qu’Israéliens et Palestiniens trouvent le chemin du dialogue et du pardon, pour être de patients bâtisseurs de paix et de justice, s’ouvrant pas à pas à une espérance commune, à une coexistence entre frères.

Nous prions pour les victimes, en particulier les enfants; prions la Reine de la Paix pour la paix. Ave Maria…

Aujourd’hui commence la « Semaine Laudato Si' », pour nous éduquer de plus en plus à écouter le cri de la Terre et le cri des pauvres. Je remercie le Dicastère pour la promotion du développement humain intégral, le Mouvement catholique mondial pour le climat, la Caritas Internationalis et les nombreuses organisations membres, et j’invite tout le monde à participer.

Je salue les pèlerins de diverses nations qui hier, ici à Rome, à Saint Jean de  Latrran, ont participé à la béatification du prêtre Francesco Maria della Croce, fondateur des religieux salvatoriens et des religieuses salvatoriennes. C’était un héraut infatigable de l’Évangile, utilisant tous les moyens que la charité du Christ lui inspirait.

Que son zèle apostolique soit un exemple et un guide pour ceux qui, dans l’Église, sont appelés à apporter la parole et l’amour de Jésus dans chaque milieu. Une salve d’applaudissements au nouveau bienheureux! Il y a son icône ici devant …

Je souhaite à tous un bon dimanche, même aux enfants de l’Immaculée Conception, qui sont bons. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

l’Ascension du Seigneur

Ascension du Christ, Détail de la Vie et Passion du Christ, 1303-1305
Ascension du Christ, Détail de la Vie et Passion du Christ, 1303-1305

Dans de nombreux pays on fête aujourd’hui jeudi l’Ascension.

Du Pape Benoît XVI

« L’Ascension marque l’accomplissement du chemin de salut entrepris lors de l’Incarnation. Après avoir instruit une dernière fois ses disciples, Jésus est monté aux cieux, quarante jours après Pâques.

Ne s’étant pas séparé de notre condition puisque, par son humanité, il a porté en lui les hommes au sein du Père, révélant ainsi la destination finale de notre pèlerinage terrestre. Pour nous il est descendu du ciel, pour nous il est mort en croix, pour nous il est ressuscité et retourné à Dieu, non plus un dieu lointain mais notre père. L’Ascension est donc le dernier acte de notre libération…

Lorsque les disciples virent le Maître être soulevé de terre, ils ne furent pas démoralisés mais envahis d’une grande joie, qui les poussa à proclamer la victoire du Christ sur la mort… L’Ascension nous dit bien que notre humanité est élevée dans le Christ à la hauteur de Dieu. Et chaque fois que nous prions, la terre atteint le ciel. »

Benoît XVI, Ascension 2012

*

Du Pape François

Aujourd’hui, on célèbre la solennité de l’Ascension du Seigneur. Le passage de l’Évangile (cf. Mt 28, 16-20) nous montre les apôtres qui se réunissent en Galilée, «sur la montagne que Jésus leur avait indiquée» (v. 16). C’est là qu’a lieu la dernière rencontre du Seigneur ressuscité avec les siens, sur la montagne. La «montagne» a une forte valeur symbolique, évocatrice.

C’est sur une montagne que Jésus a proclamé les Béatitudes (cf. Mt 5, 1-12); c’est sur les montagnes qu’il se retirait pour prier (cf. Mt 14, 23); c’est là qu’il accueillait les foules et qu’il guérissait les malades (cf. Mt 15, 29). Mais cette fois-ci, sur la montagne, ce n’est plus le Maître qui agit et enseigne, mais c’est le Ressuscité qui demande aux disciples d’agir et d’annoncer, en leur confiant la mission de continuer son œuvre.

Il leur confie une mission auprès de toutes les nations. Il dit: «Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit» (vv. 19-20). Les contenus de la mission confiée aux apôtres sont les suivants: annoncer, baptiser, enseigner et marcher sur le chemin tracé par le Maître, c’est-à-dire l’Évangile vivant.

Ce message de salut implique avant tout le devoir du témoignage — sans témoignage on ne peut pas annoncer — auquel nous aussi, les disciples d’aujourd’hui, nous sommes également appelés pour rendre compte de notre foi. Face à une tâche aussi exigeante, et en pensant à nos faiblesses, nous nous sentons inadaptés, comme les apôtres eux-mêmes se sont certainement sentis.

Mais il ne faut pas se décourager, en se souvenant des paroles que Jésus leur a adressées avant son Ascension au ciel: «Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde» (v. 20).

Cette promesse assure de la présence constante et consolante de Jésus parmi nous. Mais de quelle manière se réalise cette présence? Par son Esprit, qui conduit l’Église à marcher dans l’histoire comme compagne de route de chaque homme. Cet Esprit qui, envoyé par le Christ et par le Père, opère la rémission des péchés et sanctifie tous ceux qui, repentis, s’ouvrent avec confiance à son don.

Avec la promesse de rester avec nous jusqu’à la fin des temps, Jésus inaugure le style de sa présence dans le monde en tant que Ressuscité. Jésus est présent dans le monde mais avec un autre style, le style du Ressuscité, c’est-à-dire une présence qui se révèle dans la Parole, dans les sacrements, dans l’action constante et intérieure de l’Esprit Saint.

La fête de l’Ascension nous dit que Jésus, bien que monté au Ciel pour demeurer glorieux à la droite du Père, est encore et toujours parmi nous: c’est de là que découlent notre force, notre persévérance et notre joie, précisément de la présence de Jésus parmi nous avec la puissance de l’Esprit-Saint.

Que la Vierge Marie accompagne notre chemin de sa protection maternelle: apprenons d’Elle la douceur et le courage pour être des témoins dans le monde du Seigneur ressuscité.

Pape FRANÇOIS – Regina Caeli – Ascension 2020

De Saint Léon le Grand (pape 440-461)

« Aujourd’hui, bien-aimés, s’achèvent les jours de la sainte quarantaine qui ont suivi la Bienheureuse et Glorieuse Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ quand il releva le troisième jour par la puissance divine, le vrai temple de Dieu que l’impiété judaïque avait détruit.

Cette période, établie par une économie très sacrée, a servi utilement à notre instruction, car, en prolongeant durant tout ce temps sa présence corporelle, le Seigneur donnait ainsi les preuves nécessaires à la foi en Sa Résurrection.

La mort du Christ, en effet, avait profondément troublé le cœur des disciples. Leurs esprits étaient appesantis de tristesse par le supplice de la croix, le dernier soupir, et la mise au tombeau du corps inanimé. Une sorte de torpeur née du manque de foi s’était insinuée en eux.

Aussi les très saints Apôtres et tous les disciples que la mort sur la croix avait rendu tremblants et qui avaient hésité à croire à la Résurrection, furent à ce point fortifiés par l’évidence de la vérité qu’ils ne furent affectés d’aucune tristesse, lorsque le Seigneur partit pour les hauteurs des cieux, mais qu’ils furent même remplis d’une grande joie.

Ascension du Christ - F. François chapelle St Vincent de Paul Paris VI
Ascension du Christ – F. François chapelle St Vincent de Paul Paris

Grande et ineffable était en vérité la cause de leur joie ! En présence d’une sainte multitude, la nature humaine accédait à une dignité plus haute que celle des créatures célestes.

Elle allait dépasser les chœurs angéliques et s’élever au-delà de la sublimité des archanges, elle ne trouverait à aucun niveau, si haut fût-il, la mesure de son exaltation jusqu’à ce que, admise à siéger près du Père éternel, elle soit associée sur le trône à la gloire de Celui qui l’avait unie dans son Fils à sa propre nature.

L’Ascension du Christ est donc notre propre élévation et là où a précédé la gloire de la tête, là aussi est appelée l’espérance du corps. Laissons éclater notre joie comme il convient, bien-aimés, et réjouissons-nous dans une sainte action de grâces.

Aujourd’hui, en effet, non seulement nous sommes confirmés dans la possession du paradis, mais, en la personne du Christ, nous avons même pénétré les hauteurs des cieux; par la grâce ineffable du Christ, nous avons obtenu plus que nous n’avions perdu par la haine du diable.

Car les hommes qu’un ennemi venimeux a exclu du bonheur de leur premier séjour, le Fils de Dieu se les est incorporés pour les placer ensuite à la droite du Père avec lequel il vit et règne, dans l’unité du Saint-Esprit, car il est Dieu pour les siècles des siècles. Amen ».

Saint Léon Le Grand –  Sermon 73, 1° sur l’Ascension, nn. 1 et 4: Patrologie Latine (Migne) 54, 394-395 et CCL (Corpus Christianorum) 138, 450. 453-454

Catéchèse – 33. Le combat de la prière

Catéchèse – 33. Le combat de la prière

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Cour Saint-Damase
Mercredi 12 mai 2021


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Chers frères et sœurs,

La prière chrétienne, comme toute la vie chrétienne, est un combat intérieur, parfois dur, qui peut durer tout au long de la vie. Prier n’est pas une chose facile. En effet, le silence, la prière, la concentration sont des exercices difficiles et quelquefois, la nature humaine se rebelle.

C’est pourquoi celui qui veut prier doit se rappeler que la foi n’est pas facile et qu’elle avance parfois dans une obscurité presque totale, sans points de référence. Les pires ennemis de la prière se trouvent en nous. Pour le Catéchisme, il s’agit du découragement, de la tristesse, de la déception, de notre orgueil et de l’allergie à la gratuité de la prière.

Face à ces tentations, alors que tout semble vaciller, les maîtres spirituels ont montré l’importance de résister et de persévérer dans la prière. Les Exercices Spirituels de Saint Ignace de Loyola nous enseignent, par exemple, à mettre de l’ordre dans notre vie et à chercher à faire le bien même quand cela devient difficile.

Dans les moments d’épreuve, il est bon de se rappeler que nous ne sommes pas seuls. Jésus est toujours avec nous : même si, dans un moment d’aveuglement, nous ne parvenons pas à voir sa présence, nous y parviendrons à l’avenir. Ainsi, à la fin de notre vie, nous pourrons dire “Je pensais être seul, mais non, je ne l’étais pas : Jésus était avec moi”.

*

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je suis content de reprendre cette rencontre face à face, car je dois vous dire une chose: ce n’est pas agréable de parler quand il n’y a personne, devant une caméra. Ce n’est pas agréable. Et maintenant, après de nombreux mois, grâce au courage de Mgr Sapienza– qui a dit: “Non, nous la faisons là” – nous sommes réunis ici. C’est bien Mgr Sapienza!

Et retrouver les gens, et vous retrouver, chacun avec sa propre histoire, des gens qui viennent de partout, d’Italie, des États-Unis, de Colombie, ensuite cette petite équipe de football de quatre jeunes frères suisses – je crois – qui sont là … quatre. Il manque la petite sœur, espérons qu’elle arrive …

Et voir chacun de vous me fait plaisir, car nous sommes tous frères dans le Seigneur et nous regarder nous aide à prier l’un pour l’autre. Même les gens qui sont loin, mais qui deviennent toujours proche.

L’immanquable sœur Geneviève qui vient du Lunapark, des gens qui travaillent: ils sont nombreux et ils sont tous ici. Merci pour votre présence et pour votre visite. Apportez le message du Pape à tous. Le message du Pape est que je prie pour tous, et je demande de prier pour moi unis dans la prière.

Et en parlant de prière, la prière chrétienne, comme toute la vie chrétienne, n’est pas une «promenade». Aucun des grands orants que nous rencontrons dans la Bible et dans l’histoire de l’Église n’a eu une prière «confortable».  Oui, oui on peut prier comme des perroquets – bla , bla, bla, bla, bla – mais ce n’est pas une prière.

La prière apporte assurément une grande paix, mais à travers un combat intérieur, parfois dur, qui peut accompagner des périodes parfois longues de la vie. Prier n’est pas une chose facile et c’est pourquoi nous fuyons la prière. Chaque fois que nous voulons le faire, de nombreuses autres activités nous viennent immédiatement à l’esprit, qui à ce moment-là apparaissent plus importantes et plus urgentes.

Cela m’arrive aussi : je vais prier un peu… Et non, je dois faire ceci et cela… Nous fuyons la prière, je ne sais pas pourquoi, mais c’est ainsi. Presque toujours, après avoir reporté la prière à plus tard, nous nous apercevons que ces choses n’étaient pas du tout essentielles, et que nous avons peut-être perdu du temps. L’Ennemi nous trompe ainsi.

Tous les hommes et les femmes de Dieu rapportent non seulement la joie de la prière, mais également la difficulté et la fatigue qu’elle peut procurer: à certains moments c’est une lutte dure que de tenir foi aux temps et aux modes de prière. Certains saints l’ont poursuivie pendant des années sans en éprouver aucun goût, sans en percevoir l’utilité.

Le silence, la prière, la concentration sont des exercices difficiles, et quelquefois la nature humaine se rebelle. Nous préférerions être dans n’importe quelle autre partie du monde, mais pas là, sur ce banc de l’église en train de prier.

Celui qui veut prier doit se rappeler que la foi n’est pas facile, et parfois elle avance dans une obscurité presque totale, sans points de référence. Il y a des moments de la vie de foi qui sont sombres et c’est pourquoi certains saints les appellent: «La nuit obscure», parce que l’on n’entend rien. Mais moi, je continue à prier.

Le Catéchisme énumère une longue série d’ennemis de la prière, ceux qui rendent difficile de prier, qui mettent en difficulté (cf. nn. 2726-2728). Certains doutent qu’elle puisse vraiment atteindre le Tout-puissant: mais pourquoi Dieu est-il silencieux?  Si Dieu est Tout-puissant, il pourrait dire deux mots et mettre un terme à l’histoire.

Devant la nature insaisissable du divin, d’autres ont le soupçon que la prière ne soit qu’une simple opération psychologique; une chose qui est peut-être utile, mais qui n’est pas vraie ni nécessaire: et on pourrait même être pratiquants sans être croyants. Et ainsi de suite, avec tant d’explications.

Les pires ennemis de la prière se trouvent cependant en nous. Le Catéchisme les appelle ainsi: «Découragement devant nos sécheresses, tristesse de ne pas tout donner au Seigneur, car nous avons « de grands biens » (cf. Mc 10, 22), déception de ne pas être exaucés selon notre volonté propre, blessure de notre orgueil qui se durcit sur notre indignité de pécheur, allergie à la gratuité de la prière» (n. 2728). Il s’agit clairement d’une liste sommaire, qui pourrait être allongée.

Que faire au moment de la tentation, quand tout semble vaciller? Si nous explorons l’histoire de la spiritualité, nous remarquons immédiatement que les maîtres de l’âme avaient bien clairement à l’esprit la situation que nous avons décrite.

Pour la dépasser, chacun d’entre eux a offert une contribution: une parole de sagesse, ou bien une suggestion pour affronter les temps pavés de difficultés. Il ne s’agit pas de théories élaborées à un bureau, non, mais de conseils nés de l’expérience, qui montrent l’importance de résister et de persévérer dans la prière.

Il serait intéressant de passer en revue au moins certains de ces conseils, car chacun mérite d’être approfondi. Par exemple, les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola sont un livret de grande sagesse, qui enseigne à mettre de l’ordre dans sa propre vie.

Il fait comprendre que la vocation chrétienne est le choix de militer, est la décision de se placer sous la bannière de Jésus Christ et pas sous celle du diable, en cherchant à faire le bien même quand cela devient difficile.

Dans les temps d’épreuve, il est bon de se rappeler que nous ne sommes pas seuls, que quelqu’un veille à nos côtés et nous protège. Saint Antoine abbé, fondateur du monachisme chrétien, en Égypte, affronta lui aussi des moments terribles, où la prière se transformait en dure lutte.

Son biographe saint Athanase, évêque d’Alexandrie, raconte que l’un des pires épisodes arriva au saint ermite vers ses trente-cinq ans, un âge moyen qui comporte une crise pour beaucoup de personnes. Antoine fut troublé par cette épreuve, mais il résista.

Quand il retrouva finalement sa sérénité, il s’adressa à son Seigneur sur un ton presque de reproche: «Où étais-tu? Pourquoi n’es-tu pas venu immédiatement pour mettre fin à mes souffrances?». Et Jésus répondit: «Antoine, j’étais là. Mais j’attendais de te voir combattre» (Vie d’Antoine, n. 10). Combattre dans la prière. Et très souvent la prière est un combat.

Il me vient à l’esprit quelque chose que j’ai vécu de près, quand j’étais dans l’autre diocèse. Il y avait un couple qui avait une petite fille de neuf ans, atteinte d’une maladie que les médecins ne connaissaient pas. Et à la fin, à l’hôpital, le médecin dit à la mère: “Madame, appelez votre mari”. Et son mari était au travail; ils étaient ouvriers, ils travaillaient tous les jours.

Et il a dit au père: “Votre fille ne passera pas la nuit. C’est une infection, nous ne pouvons rien faire”. Peut-être cet homme n’allait-il pas tous les jours à la Messe, mais il avait une grande foi. Il sortit en pleurant, il laissa sa femme avec la petite fille à l’hôpital, prit le train et parcourut  les soixante-dix kilomètres jusqu’à la basilique de la Vierge de Luján, la Patronne de l’Argentine.

Et là – la basilique était déjà fermée, il était presque dix heures du soir – il s’accrocha aux grilles de la basilique et pria la Vierge toute la nuit, en combattant pour la santé de sa fille. Ce n’est pas une histoire inventée; je l’ai vu! Je l’ai vécu. Cet homme combattait. A la fin, à six heures du matin, dès l’ouverture de l’église il entra pour saluer la Vierge: toute la nuit à “combattre” et ensuite il rentra chez lui.

Quand il arriva, il chercha sa femme, mais il ne la trouva pas et pensa: “Elle est partie. Non, la Vierge ne peut pas me faire ça”. Puis il la trouva souriante, qui disait: “Je ne sais pas ce qui s’est passé; le médecins me disent que les choses ont changé et que notre fille est à présent guérie”.

En luttant avec la prière, cet homme a obtenu la grâce de la Vierge. La Vierge l’a écouté. Et j’ai vu cela: la prière fait des miracles, car la prière va précisément au cœur de la tendresse de Dieu qui nous aime comme un père. Et quand il ne nous accorde pas la grâce, il nous en fera une autre, que nous verrons ensuite avec le temps.

Mais il faut toujours combattre dans la prière pour demander la grâce. Oui, parfois nous demandons une grâce dont nous avons besoin, mais nous la demandons comme ça, sans envie, sans combattre, mais ce n’est pas ainsi qu’on doit demander les choses sérieuses. La prière est un combat et le Seigneur est toujours avec nous.

Si dans un moment d’aveuglement nous ne réussissons pas à apercevoir sa présence, nous y arriverons à l’avenir. Nous répéterons nous aussi la même phrase que le patriarche Jacob prononça un jour: «En vérité, Yahvé est en ce lieu et je ne le savais pas!» (Gn 28,16).

A la fin de notre vie, en regardant derrière nous, nous pourrons dire nous aussi: «Je pensais que j’étais seul, mais non, je ne l’étais pas: Jésus était avec moi». Nous pourrons tous dire cela.


Je salue cordialement les personnes de langue française. Frères et sœurs, en ce mois consacré à la Vierge Marie, apprenons d’elle que la prière est la meilleure arme de la vie chrétienne. Et que sans une prière persévérante, aucune victoire sur le mal n’est possible. Sur vous et sur chacune de vos familles, j’invoque la Bénédiction de Dieu.

Je salue cordialement les pèlerins et visiteurs anglophones. Alors que nous nous préparons à célébrer l’Ascension du Seigneur, j’invoque sur vous et vos familles la paix et la joie qui viennent du Christ ressuscité. Que Dieu vous bénisse!

Je salue cordialement les fidèles anglophones. Alors que nous nous préparons à célébrer l’Ascension du Seigneur, j’invoque sur vous et vos familles la paix et la joie qui viennent du Christ ressuscité. Que Dieu vous bénisse!

Chers frères et sœurs germanophones, la solennité de l’Ascension, célébrée demain, dirige notre regard vers le haut, au-delà des choses terrestres. En même temps, cela nous rappelle la mission que le Seigneur nous a confiée ici sur terre. Que le Saint-Esprit nous guide dans le bon combat que nous devons mener.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Demandons au Seigneur, surtout en période d’aridité, de doute et de tentation, de nous accorder la force de l’Esprit Saint pour prier avec humilité, confiance et persévérance. Que la Sainte Vierge nous aide dans son intercession maternelle afin que nous ne nous éloignions jamais de Jésus. Que Dieu vous bénisse. Merci beaucoup.

Je salue cordialement les fidèles lusophones. Demain, nous nous souvenons de Notre-Dame de Fatima avec une grande vénération! Mettons-nous avec confiance sous sa protection maternelle, surtout lorsque nous rencontrons des difficultés dans notre vie de prière. Que Dieu te bénisse!

Je salue les fidèles arabophones. Le combat de la prière renforce la foi en nous et l’approfondit, et nous fait comprendre que Jésus n’est pas loin de nous, mais a toujours été avec nous, même si nous ne le voyons pas dans les moments de faiblesse, et ainsi nous pouvons dire:  » Je pensais être seul, mais non, je ne l’étais pas: Jésus était avec moi ». Le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement les Polonais. Demain, c’est la commémoration liturgique de Notre-Dame de Fàtima et le 40e anniversaire de la tentative d’assassinat de saint Jean-Paul II. Il a lui-même souligné avec conviction qu’il devait sa vie à Notre-Dame de Fàtima. Cet événement nous fait prendre conscience que nos vies et l’histoire du monde sont entre les mains de Dieu.

Au Cœur Immaculé de Marie, nous confions l’Église, nous-mêmes et le monde entier. Demandons dans la prière la paix, la fin de la pandémie, un esprit de pénitence et notre conversion. Je vous bénis de tout mon cœur.

J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. Au cours de ce mois de mai, dédié à la Sainte Vierge, j’invoque la protection céleste de Notre-Dame sur chacun de vous et sur vos familles respectives.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Recourez souvent à Marie, Mère des croyants! Les différentes formes de dévotion mariale, et en particulier la récitation du Saint Rosaire, vous aideront à vivre votre chemin de foi et de témoignage chrétien.


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