Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

aimer comme le Christ conduit à la joie

aimer comme le Christ conduit à la joie

Dans l’Évangile de ce 6e dimanche de Pâques, Jésus invite ses disciples à «demeurer» dans son amour. Mais de quel amour s’agit-il? Comment y demeurer et pourquoi? Le Pape François a proposé quelques explications avant la prière du Regina Cæli, prononcée depuis la fenêtre du Palais apostolique.

 

Jésus que ma joie demeure
Jésus que ma joie demeure

«Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour», demande Jésus à ses disciples (Jn 15, 9). Cet amour «a son origine dans le Père, car « Dieu est amour » (1 Jn 4,8)». Cet amour de Dieu est «comme un fleuve, il coule dans son Fils Jésus et, par lui, nous atteint, nous, ses créatures».

Cet amour que Jésus nous donne est «pur, inconditionnel, amour gratuit». Il fait de nous des «amis» du Seigneur, qui «nous fait connaître le Père, et nous implique dans sa propre mission pour la vie du monde».

Aimer sans posséder

«Demeurer» dans son amour est lié au fait de «garder ses commandements»«Mon commandement, le voici: Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés». Autrement dit, «sortir de soi, se détacher de ses propres sécurités humaines, de ses commodités mondaines, pour s’ouvrir aux autres, surtout à ceux qui en ont le plus besoin». C’est un amour qui refuse les «autres « amours » que le monde nous propose: amour de l’argent (…), amour du succès, (…) du pouvoir…»

«Je pense à l’amour malade qui se transforme en violence – et au nombre de femmes qui en sont victimes de nos jours (…). Ce n’est pas de l’amour». Jésus demande au contraire «de sortir de la prétention de contrôler et de gérer les autres. Ne pas les contrôler, mais les servir. Ouvrir son cœur aux autres (…)»

La joie d’être toujours aimé

«Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite» (v.11).  «La joie de se savoir aimé de Dieu malgré nos infidélités nous fait affronter les épreuves de la vie avec foi, nous fait traverser les crises pour mieux en sortir». C’est ainsi que nous devenons «de vrais témoins». La joie, «signe distinctif du vrai chrétien», au parfum de résurrection, est possible en tous temps. «le vrai chrétien n’est pas triste, il a toujours cette joie au-dedans.»

*

PAPE FRANÇOIS

REGINA CÆLI

Place Saint-Pierre
Dimanche, 2 mai 2021

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans l’Évangile de ce dimanche (Jn 15, 9-17), Jésus, après s’être comparé à la vigne et nous aux sarments, explique quel est le fruit que portent ceux qui restent unis à lui: ce fruit est amour. Il reprend le verbe clé: rester. Il nous invite à rester dans son amour pour que sa joie soit en nous et que notre joie soit complète (vv. 9-11). Restez dans l’amour de Jésus.

Nous nous demandons: quel est cet amour dans lequel Jésus nous dit de rester pour avoir sa joie? Quel est cet amour? C’est l’amour qui vient du Père, car «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8). Cet amour de Dieu, du Père, comme un fleuve se jette dans le Fils Jésus et à travers lui nous parvient ses créatures.

En effet, il dit: « Comme le Père m’a aimé, je vous ai aussi aimé » (Jn 15, 9). L’amour que Jésus nous donne est le même avec lequel le Père l’aime: amour pur et inconditionnel, amour gratuit. Vous ne pouvez pas l’acheter, c’est gratuit. En nous le donnant, Jésus nous traite en amis – avec cet amour -, nous fait connaître le Père et nous engage dans sa mission même pour la vie du monde.

Et puis, on peut se poser la question, comment restez-vous dans cet amour? Jésus dit: « Si vous gardez mes commandements, vous resterez dans mon amour » (v. 10). Jésus a résumé ses commandements en un, celui-ci: « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (v. 12). Aimer comme Jésus aime, c’est se mettre au service, au service des frères, comme il l’a fait en lavant les pieds des disciples.

C’est aussi sortir de soi, se détacher de sa sécurité humaine, des conforts du monde, pour s’ouvrir aux autres, en particulier à ceux qui en ont le plus besoin. Cela signifie se rendre disponible, avec ce que nous sommes et ce que nous avons. Cela signifie aimer non pas avec des mots mais avec des actes.

Aimer comme le Christ, c’est dire non aux autres «amours» que le monde nous offre: l’amour pour l’argent – ceux qui aiment l’argent n’aiment pas comme Jésus aime -, l’amour pour le succès, la vanité, pour le pouvoir…. Ces manières trompeuses «d’amour» nous éloignent de l’amour du Seigneur et nous conduisent à devenir de plus en plus égoïstes, narcissiques, autoritaires.

Et l’arrogance conduit à une dégénérescence de l’amour, à abuser des autres, à faire souffrir l’être cher. Je pense à l’amour malade qui se transforme en violence – et au nombre de femmes victimes de violence aujourd’hui. Ceci n’est pas de l’amour.

Aimer comme le Seigneur nous aime, c’est apprécier la personne qui nous entoure, respecter sa liberté, l’aimer telle qu’elle est et non telle que nous voulons qu’elle soit; tel quel, gratuitement. En fin de compte, Jésus nous demande de rester dans son amour, de demeurer dans son amour, pas dans nos idées, pas dans l’adoration de nous-mêmes.

Celui qui vit dans le culte de lui-même, vit dans le miroir: se regarde toujours. Cela nous demande de sortir de la prétention de contrôler et de gérer les autres. Ne vérifiez pas, servez-les. Ouvrir notre cœur aux autres, c’est l’amour et se donner aux autres.

Chers frères et sœurs, où cela mène-t-il dans l’amour du Seigneur? Où cela nous mène-t-il? Jésus nous a dit: « Afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (v. 11). Et la joie que possède le Seigneur, parce qu’il est en totale communion avec le Père, veut aussi qu’elle soit en nous dans la mesure où nous sommes unis à lui.

La joie de savoir que nous sommes aimés de Dieu malgré nos infidélités nous fait affronter la épreuves de la vie avec foi, vous fait traverser des crises pour mieux vous en sortir. C’est en vivant cette joie que consiste notre être de vrais témoins, car la joie est la marque du vrai chrétien. Le vrai chrétien n’est pas triste, il a toujours cette joie à l’intérieur, même dans les moments difficiles.

Que la Vierge Marie nous aide à rester dans l’amour de Jésus et à grandir dans l’amour pour tous, en témoignant de la joie du Seigneur ressuscité.

Après le Regina Caeli

Chers frères et sœurs!

Je suis avec une préoccupation particulière les événements qui se déroulent à Jérusalem. Je prie pour que ce soit un lieu de rencontre et non de violents affrontements, un lieu de prière et de paix. J’invite chacun à rechercher des solutions communes pour que l’identité multireligieuse et multiculturelle de la Ville sainte soit respectée et que la fraternité puisse prévaloir. La violence ne fait qu’engendrer la violence. Assez des affrontements.

Et nous prions également pour les victimes de l’attaque terroriste qui a eu lieu hier à Kaboul: une action inhumaine qui a frappé de nombreuses jeunes filles alors qu’elles quittaient l’école. Prions pour chacun d’eux et pour leurs familles. Et que Dieu donne la paix à l’Afghanistan.

En outre, je tiens à exprimer ma préoccupation face aux tensions et aux violents affrontements en Colombie, qui ont fait des morts et des blessés. Il y a beaucoup de Colombiens ici, prions pour votre patrie.

Aujourd’hui, à Agrigente, Rosario Angelo Livatino, martyr de la justice et de la foi, a été béatifié. Au service de la communauté en tant que juge honnête, qui ne s’est jamais laissé corrompre, il s’est efforcé de juger et non de condamner mais pour racheter. Son œuvre le plaçait toujours «sous la tutelle de Dieu»; pour cela, il devint témoin de l’Évangile jusqu’à sa mort héroïque.

Que son exemple soit pour tous, en particulier les magistrats, une incitation à être de loyaux défenseurs de la légalité et de la liberté. Une salve d’applaudissements au nouveau bienheureux!

Je vous salue tous chaleureusement, Romains et pèlerins. Merci pour votre présence! En particulier, je salue les personnes atteintes de fibromyalgie: je leur exprime ma proximité et j’espère que l’attention grandira dans cette pathologie parfois négligée.

Et les mères ne peuvent pas nous manquer! En ce dimanche, la fête des mères est célébrée dans de nombreux pays. Nous saluons toutes les mères du monde, même celles qui ne sont plus là. Une salve d’applaudissements aux mamans!

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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Saint Célestin V, 192e pape en 1294, qui abdiqua.

Saint Célestin V, 192e pape en 1294, qui abdiqua.

Célestin V par Niccolò di Tommaso (+1376), Castel Nuovo Naples
Célestin V par Niccolò di Tommaso (+1376), Castel Nuovo Naples

Au château de Fumone, près d’Alatri dans le Latium, en 1296, la naissance au ciel de saint Pierre Célestin. Alors qu’il menait une vie d’ermite dans les Abruzzes, la renommée de sa simplicité et de ses miracles le firent élire comme pontife romain à l’âge de quatre-vingts ans. Il prit le nom de Célestin V, mais il abdiqua la même année, préférant revenir à sa solitude. Il termina sa vie, enfermé, entièrement isolé du monde. (Martyrologe romain)

Pierre Angelerio naquit à Isernia dans les Abruzzes, en l’Italie méridionale, en 1215, de parents simples et craignant Dieu. Il était le onzième d’une famille de douze enfants. Sa mère demandait sans cesse à Dieu que sur les douze, il y en eût au moins un qui se consacrât à son service.

Aussi, quand Pierre manifesta le désir de quitter le monde pour servir le Seigneur, sa mère, malgré l’opposition de ses amis et de ses autres enfants, persista à favoriser son dessein, et prit sur son nécessaire pour le faire instruire.

Dès son jeune âge, Pierre manifesta une grande inclination pour la solitude. A vingt ans il résolut de suivre cet attrait et se retira sur une haute montagne où seules quelques personnes vertueuses venaient le visiter ; elles lui conseillèrent de recevoir le sacerdoce. Il suivit leur conseil, et alla se faire ordonner à Rome.

Après son ordination Pierre se fit admettre dans l’Ordre de St Benoît, obtint l’autorisation de se fixer sur le mont Morron, et y passa cinq années, au milieu de privations de toute sorte. Il se retira ensuite sur le mont Majella ; sa sainte vie y attira bientôt de nombreux disciples désireux de partager son genre de vie et d’imiter ses vertus. Ils habitaient des cabanes dans une solitude sauvage.

On sentait partout la présence de Dieu dans ce lieu ainsi sanctifié. Dieu accorda au saint fondateur le don des miracles : à plusieurs reprises il renouvela dans le monastère les provisions épuisées, et aurait changé l’eau en vin pour per­mettre la célébration de la messe. L’Ordre prit plus tard le nom de « Célestins », du nom de Pierre devenu Pape sous ce nom.

Le pape Nicolas IV était mort en avril 1292, et par suite des intri­gues et des ambitions qui agitaient les cardinaux, après deux ans de vacance le siège pontifical restait encore sans titulaire. Les factions romaines et les cardinaux soumis à l’empereur germanique n’arrivaient pas à s’entendre sur un nom. Pierre reçut du ciel l’inspiration d’écrire aux membres du Sacré Collège une lettre pour leur reprocher cette conduite.

A la lecture de la lettre du saint solitaire l’union se fit immédiatement sur son nom, et le 5 juillet 1294, les cardi­naux réunis à Pérouse l’élurent Pape à l’unanimité. Tiré de sa cellule monastique, il arriva à Aquila monté sur un âne. Le couronnement y eut lieu le 29 août suivant : Pierre prit le nom de Célestin V et fixa sa résidence à Naples, sous la protection du roi Charles II.

Sans expérience des affaires et étant octogénaire, Célestin V se vit bientôt dans l’impossibilité de maîtriser les ambitions et les compéti­tions qui s’agitaient autour de lui, et par suite de  remplir sa charge de chef de l’Église. Après un règne de cinq mois il prit le parti d’abdiquer ; il l’exécuta en plein Consistoire le 13 décembre 1294.

Déjà avant ce fils spirituel de saint Benoît, plusieurs autres papes, saint Pontien par exemple, saint Martin, Jean XVIII et Benoît IX, en des circonstances qui leur rendaient personnellement des plus difficiles le gouvernement de l’Église, avaient abdiqué le suprême pontificat.

Au XIIIe siècle, ces cas avaient été presque oubliés, et les canonistes discutaient pour savoir si une telle renonciation fut jamais permise au pape. Célestin V, en une constitution solennelle, résolut la question dans le sens de la tradition romaine primitive, après quoi, invoquant en sa faveur un semblable droit, il déposa les vêtements pontificaux et retourna aux anciens exercices de sa vie monastique.

Onze jours après l’abdication de Célestin V, le cardinal Gaétani fut élu sous le nom de Boniface VIII. Craignant que Pierre Célestin ne de­vint entre les mains d’un parti séditieux un instrument de schisme, le nouveau pape le retint sous bonne garde dans le château de Fumone près d’Agnani.

C’est là, que Célestin V, après dix mois de réclusion, rendit son âme à Dieu en disant  « Omnis spiritus laudet Dominum : Que toute créature loue le Seigneur ! » C’était le 6 mai 1296. Sa mort fut rendue plus glorieuse encore par l’apparition d’une croix lumineuse que l’on vit briller dans les airs devant la porte de sa retraite.

Pendant sa vie et après sa mort il fit d’éclatants miracles : ils furent examinés suivant les règles. Inscrit au nombre des Saints onze ans après, il fut canonisé par Clément V à Avignon le 5 mai 1313 ; et ce fut le roi Philippe le Bel qui voulut payer les frais de la canonisation.

Dans la Divine Comédie, Dante, emporté par sa haine de partisan, met dans l’enfer … l’ombra di celui che fece per viltade il gran rifiuto : l’ombre de celui qui a fait par lâcheté le grand rejet.

L’Église, au contraire, loua l’humilité du pape Célestin et le proposa même à l’imitation des fidèles, car il est plus prudent et plus sûr de servir le Seigneur dans la simplicité du cœur, que d’ambitionner des places élevées et de graves responsabilités, auxquelles peut-être nos pauvres épaules ne sont ni préparées ni proportionnées.

À l’Aquila, après le tremblement de terre en 2009 qui détruisit Collemagio, la basilique où est vénérée Saint Pierre Célestin, le pape Benoît XVI a remis son pallium à son prédécesseur qui ne l’avait jamais reçu.

Le 5 juillet 2014, en Molise, le pape François a rendu hommage à Célestin V, le premier pape ‘renonciateur’: Fra Pietro da Morrone, ermite devenu pape.

« Il y a une idée forte qui m’a frappé, en pensant à l’héritage de saint Célestin V. Lui, comme saint François d’Assise, avait un sens très fort de la miséricorde de Dieu, et du fait que la miséricorde de Dieu renouvelle le monde.

Pietro del Morrone, comme François d’Assise, connaissait bien la société de son temps, avec sa grande pauvreté. Ils étaient très proches du peuple. Ils avaient la même compassion de Jésus envers tant de gens fatigués et opprimés ; mais ils ne se bornaient pas à dispenser de bons conseils ou de pitoyables consolations.

Ils ont d’abord fait un choix de vie à contre-courant, ils ont choisi de s’appuyer sur la Providence du Père, non seulement comme ascèse personnelle, mais comme témoignage prophétique d’une paternité et d’une fraternité, qui sont le message de l’Évangile de Jésus-Christ…

Voici donc le sentiment d’une nouvelle citoyenneté, que nous ressentons fortement ici, sur cette place en face de la cathédrale, d’où la mémoire de Saint Pierre de Morrone Célestin V parle, que dès cet instant je déclare ouverte, et pendant laquelle la porte de la miséricorde divine sera ouverte à tous.

Ce n’est pas une évasion, ce n’est pas une évasion de la réalité et de ses problèmes, c’est la réponse qui vient de l’Évangile : l’amour comme force de purification des consciences, force de renouvellement des relations sociales, force de conception pour une économie différente , qui se concentre sur la personne, le travail, la famille, plutôt que sur l’argent et le profit.

Nous sommes tous conscients que ce chemin n’est pas celui du monde; nous ne sommes pas des rêveurs, des illusions, nous ne voulons pas non plus créer des oasis à partir de ce monde. Nous pensons plutôt que cette route est la bonne pour tout le monde, c’est la route qui nous rapproche vraiment de la justice et de la paix.

Mais nous savons aussi que nous sommes pécheurs, que nous sommes d’abord toujours tentés de ne pas suivre cette voie et de nous conformer à la mentalité du monde, à la mentalité du pouvoir, à la mentalité de la richesse. C’est pourquoi nous nous confions à la miséricorde de Dieu et nous nous engageons à réaliser avec sa grâce des fruits de conversion et des œuvres de miséricorde. Ces deux choses : convertir et faire des œuvres de miséricorde.

C’est la raison principale de cette année, pour cette année jubilaire célestinienne [2014}. Que la Vierge Marie, Mère de la Miséricorde nous accompagne et nous soutienne toujours dans ce voyage. »

 

 

 

Catéchèse – 32. La prière de contemplation

Catéchèse – 32. La prière de contemplation 

Action et contemplation ne sont pas opposées dans la vie de foi chrétienne. Pour un chrétien, il n’y a pas de distinction entre l’action et la prière. La contemplation est un moyen de purification du cœur. 
Lors de l’audience générale du mercredi 5 mai depuis la Bibliothèque du Palais apostolique, le Pape a loué les vertus de la prière de contemplation. Il la définit comme le «souffle» de la relation de l’homme avec Dieu: dans l’Évangile il y a un seul et grand appel, celui de suivre Jésus sur le chemin de l’amour, «la charité et la contemplation sont des synonymes».

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 5 mai 2021

Résumé de la catéchèse :

Frères et sœurs, je voudrais m’arrêter aujourd’hui à la prière de contemplation. Contempler, ce n’est pas avant tout une façon de faire, mais un mode d’être. Être contemplatifs dépend du cœur. Et ici entre en jeu la prière, comme acte de foi et d’amour, comme « respiration » de notre relation avec Dieu.

Elle purifie le cœur et éclaircit le regard, permettant de saisir la réalité d’un autre point de vue. Le saint Curé d’Ars disait que la contemplation est un regard de foi fixé sur Jésus : « Je le regarde et il me regarde ». La lumière du regard de Jésus illumine les yeux de notre cœur. Tout naît d’un cœur qui se sent regardé avec amour. Alors la réalité est contemplée avec des yeux différents.

Dans la contemplation un regard suffit, il suffit d’être convaincus que notre vie est entourée d’un amour fidèle dont rien ne pourra nous séparer. Jésus a été un maître d’un tel regard. Et son secret était sa relation avec le Père céleste.

Dans l’Évangile il y a un unique grand appel, celui de suivre Jésus sur le chemin de l’amour. C’est le sommet et le centre de tout. En ce sens charité et contemplation sont synonymes. Elles disent la même chose. Ce qui naît de la prière, ce qui est purifié par l’humilité, même si c’est un acte d’amour discret et silencieux, est le plus grand miracle qu’un chrétien puisse réaliser.


Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous poursuivons les catéchèses sur la prière et dans cette catéchèse, je voudrais m’arrêter sur la prière de contemplation. La dimension contemplative de l’être humain – qui n’est pas encore la prière contemplative – est un peu comme le « sel » de la vie: elle donne de la saveur, elle donne du goût à nos journées.

On peut contempler en regardant le soleil qui se lève le matin, où les arbres qui redeviennent verts au printemps; on peut contempler en écoutant de la musique ou le chant des oiseaux, en lisant un livre, devant une œuvre d’art ou devant ce chef-d’œuvre qu’est un visage humain…

Carlo Maria Martini, envoyé comme évêque à Milan, intitula sa première lettre pastorale: «La dimension contemplative de la vie »: en effet, ceux qui vivent dans une grande ville, où tout – pouvons-nous dire – est artificiel, où tout est fonctionnel, risquent de perdre la capacité de contempler. Contempler n’est pas avant tout une manière d’agir, mais c’est une manière d’être: être contemplatif .

Être contemplatifs ne dépend pas des yeux, mais du cœur. Et c’est là qu’entre en jeu la prière, comme acte de foi et d’amour, comme « souffle » de notre relation avec Dieu. La prière purifie le cœur et, avec celui-ci, elle éclaire également le regard, en permettant de saisir la réalité d’un autre point de vue. Le Catéchisme décrit cette transformation du cœur de la part de la prière en citant une célèbre phrase du saint curé d’Ars:

«La contemplation est regard de foi, fixé sur Jésus. « Je L’avise et Il m’avise », disait, au temps de son saint curé, le paysan d’Ars en prière devant le Tabernacle […]. La lumière du regard de Jésus illumine les yeux de notre cœur; elle nous apprend à tout voir dans la lumière de sa vérité et de sa compassion pour tous les»  (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2715).

Tout naît de là: d’un cœur qui se sent regardé avec amour. La réalité est alors contemplée avec des yeux différents. “Je L’avise et Il m’avise!”. Il en est ainsi: dans la contemplation amoureuse, typique de la prière la plus intime, il n’y a pas besoin de beaucoup de mots: un regard suffit, il suffit d’être convaincus que notre vie est entourée d’un amour grand et fidèle dont rien ne pourra jamais nous séparer.

Jésus a été le maître de ce regard. Dans sa vie n’ont jamais manqué les temps, les espaces, les silences, la communion amoureuse qui permet à l’existence de ne pas être dévastée par les épreuves immanquables, mais de conserver sa beauté intacte. Son secret était la relation avec le Père céleste.

Pensons à l’événement de la Transfiguration. Les Évangiles situent cet épisode au moment critique de la mission de Jésus, quand grandissent autour de Lui la contestation et le refus. Même parmi ses disciples un grand nombre ne le comprennent pas et s’en vont; l’un des Douze couve des pensées de trahison. Jésus commence à parler ouvertement des souffrances et de la mort qui l’attendent à Jérusalem.

C’est dans ce contexte que Jésus gravit une haute montagne avec Pierre, Jacques et Jean. L’Évangile de Marc dit: «Et il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent resplendissants, d’une telle blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte» (9, 2-3).

Précisément au moment où Jésus est incompris – ils s’en allaient, ils le laissaient seul parce qu’ils ne le comprenaient pas –, au moment où il est incompris, précisément quand tout semble s’obscurcir dans un tourbillon de malentendus, c’est là que resplendit une lumière divine. C’est la lumière de l’amour du Père, qui remplit le cœur du Fils et transfigure toute sa Personne.

Certains maîtres de spiritualité du passé ont entendu la contemplation comme étant opposée à l’action, et ils ont exalté ces vocations qui fuient le monde et ses problèmes pour se consacrer entièrement à la prière.

En réalité, dans la personne de Jésus Christ et dans l’Évangile, il n’y a pas d’opposition entre contemplation et action, non. Dans l’Évangile, il n’y a pas de contradiction en Jésus. Peut-être est-elle venu de l’influence de quelque philosophe néoplatonicien, mais il s’agit surement d’un dualisme qui n’appartient pas au message chrétien.

Il y a un unique grand appel dans l’Évangile, et c’est celui à suivre Jésus sur la voie de l’amour. Tel est le sommet, tel est le centre de tout. Dans ce sens, charité et contemplation sont synonymes, elles disent la même chose. Saint Jean de la Croix soutenait qu’un petit acte d’amour pur est plus utile à l’Église que toutes les autres œuvres mises ensemble.

Ce qui naît de la prière et non de la présomption de notre ego, ce qui est purifié par l’humilité, même s’il s’agit d’un acte d’amour aparté et silencieux, est le plus grand miracle qu’un chrétien puisse réaliser. Et telle est le chemin de la prière de contemplation:  Je L’avise et Il m’avise! Cet acte d’amour dans le dialogue silencieux avec Jésus fait beaucoup de bien à l’Église.


Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française. En ce mois de mai, consacré à la Vierge Marie, confions-lui les souffrances et les espérances de tous, particulièrement des petits, des pauvres, des personnes abandonnées. Que Dieu vous bénisse !

Je salue cordialement les fidèles anglophones. En ce mois de mai, unis à Notre-Dame, nous pouvons grandir dans la contemplation du Sauveur ressuscité. Sur vous et vos familles, j’invoque la miséricorde et la paix de Dieu le Père. Le Seigneur vous bénisse!

Je salue affectueusement les frères et sœurs germanophones. La prière n’est pas une activité à réaliser uniquement dans les moments de repos, mais aussi au cours de notre vie quotidienne en tant que souffle de notre relation vivante avec Dieu.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Je vous encourage à faire une pause pour vous rendre à l’église la plus proche, pour vous asseoir un moment devant le tabernacle. Laissez-vous regarder par l’amour infini et patient de Jésus, qui vous y attend, et contemplez-le avec les yeux de la foi et avec les yeux de l’amour. Il dira beaucoup de choses à votre cœur. Que Dieu vous bénisse et que la Sainte Vierge prenne soin de vous. Merci beaucoup.

Je salue les auditeurs lusophones et rappelle à tous que les larmes de ceux qui souffrent ne sont pas stériles. C’est une prière silencieuse qui monte au ciel et qui en Marie trouve toujours une place sous son manteau. En elle et avec elle, Dieu se fait frère et compagnon de route, il porte des croix avec nous pour ne pas nous laisser écraser par nos douleurs. Je vous bénis de tout cœur au nom du Seigneur.

Je salue les fidèles arabophones. Saint Jean de la Croix a soutenu qu’un petit acte d’amour pur est plus utile à l’Église que toutes les autres œuvres réunies. Ce qui vient de la prière et non de la présomption de notre ego, ce qui est purifié par l’humilité, même s’il s’agit d’un acte d’amour isolé et silencieux, est le plus grand miracle qu’un chrétien puisse accomplir. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement tous les Polonais. Le mois de mai, dédié à la Bienheureuse Vierge Marie, vous est particulièrement cher. Selon la tradition de vos pères, vous vous réunissez dans les églises, les maisons et même devant les images et les statues de la Mère de Dieu, placées sur les places, aux carrefours et dans les chapelles domestiques, pour contempler sa beauté, son amour et la bonté.

Que la Vierge Immaculée libère l’humanité du drame de la pandémie et guide votre patrie et vos familles vers son Fils, Jésus-Christ. Je vous bénis de tout mon cœur.


APPEL

En ce mois de mai, guidés à partir des sanctuaires présents dans le monde, nous récitons le chapelet pour invoquer la fin de la pandémie et la reprise des activités sociales et professionnelles. Aujourd’hui, c’est le sanctuaire de la Bienheureuse Vierge du Rosaire à Namyang, en Corée du Sud, qui guide cette prière. Nous nous unissons à ceux qui sont recueillis dans ce sanctuaire, en priant en particulier pour les enfants et les adolescents.


J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. La tradition populaire consacre le mois de mai à la Madone. Je vous exhorte à réciter le Rosaire, dont la Vierge Marie est particulièrement honorée. A cet égard, je vous invite à vous joindre spirituellement à la supplication à Notre-Dame du Rosaire qui aura lieu samedi prochain 8 mai à midi au Sanctuaire de Pompéi.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Priez Marie, modèle de foi et témoin actif de la parole du Christ, pour obtenir la vigueur chrétienne dans les choix et les difficultés de la vie.

Ma bénédiction pour tous!


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