Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Surmonter les préjugés et s’impliquer dans la vie des autres

Au dernier Angélus avant l’entrée en Carême le 17 février prochain, le Pape a commenté l’Évangile (Mc 1, 40-45) sur la rencontre entre Jésus et le lépreux. Jésus est celui qui a compassion des douleurs, les guérit et  lutte contre les préjugés qui excluent.  Il faut des confesseurs qui fassent preuve de miséricorde et attirent les fidèles vers Dieu.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 14 février 2021


Chers frères et sœurs, bonjour!

La place avec le soleil est magnifique! Elle est belle!

L’Évangile d’aujourd’hui (cf. Mc 1,40-45) présente la rencontre entre Jésus et un homme atteint de la lèpre. Les lépreux étaient considérés comme impurs et, selon les prescriptions de la loi, devaient rester en dehors du centre habité.

Ils étaient exclus de toute relation humaine, sociale et religieuse: par exemple, ils ne pouvaient pas entrer dans la synagogue, ils ne pouvaient pas entrer dans le temple, même religieusement. Jésus, par contre, se laisse approcher par cet homme, il est ému, tend même la main et le touche. C’était impensable à l’époque.

Ainsi, il réalise la Bonne Nouvelle qu’il annonce: Dieu s’est rendu proche de notre vie, a compassion du sort de l’humanité blessée et vient briser toute barrière qui nous empêche de vivre une relation avec lui, avec les autres et avec nous. Il s’est rapproché …

Proximité. Souvenez-vous bien de ce mot, proximité. Compassion: l’Évangile dit que Jésus, voyant le lépreux, a éprouvé de la compassion pour lui. Et la tendresse. Trois mots qui indiquent le style de Dieu: proximité, compassion, tendresse.

Dans cet épisode, nous pouvons voir deux «transgressions» qui se rencontrent: la transgression du lépreux qui s’approche de Jésus – et n’aurait pas dû le faire – et Jésus qui, ému de compassion, le touche avec tendresse pour le guérir – et n’aurait pas dû le faire. Les deux sont des transgresseurs. Ce sont deux transgressions.

La première transgression est celle du lépreux: malgré les prescriptions de la Loi, il sort de l’isolement et vient de Jésus, sa maladie était considérée comme un châtiment divin, mais, en Jésus, il peut voir un autre visage de Dieu: pas Dieu. qui châtie, mais le Père de la compassion et de l’amour, qui nous libère du péché et ne nous exclut jamais de sa miséricorde.

Ainsi cet homme peut sortir de l’isolement, parce qu’en Jésus il trouve Dieu qui partage sa douleur. L’attitude de Jésus l’attire, le pousse à sortir de lui-même et à lui confier sa douloureuse histoire.

Et permettez-moi ici une pensée à beaucoup de bons prêtres confesseurs qui ont cette attitude: attirer les gens, beaucoup de gens qui ne ressentent rien, se sentent « par terre » pour leurs péchés …

Mais avec tendresse, avec compassion … (les confesseurs qui ne le font pas sont avec le fouet à la main,) mais seulement pour recevoir, écouter et dire que Dieu est bon et que Dieu pardonne toujours, que Dieu ne se lasse jamais de pardonner. A ces confesseurs miséricordieux, je vous demande à tous aujourd’hui d’applaudir, ici, sur la place, tout le monde. [applaudissements]

La deuxième transgression est celle de Jésus: alors que la loi interdit de toucher les lépreux, il est ému, lui tend la main et le touche pour le guérir. Certains diraient: il a péché, il a fait ce que la loi interdit, il est un transgresseur. C’est vrai, c’est un transgresseur. Cela ne se limite pas aux mots, mais il touche. Et toucher avec amour, c’est établir une relation, entrer en communion, s’impliquer dans la vie de l’autre au point de partager ses blessures.

Par ce geste, Jésus montre que Dieu, qui n’est pas indifférent, ne se tient pas à « distance de sécurité »; au contraire, il s’approche avec compassion et touche notre vie pour la guérir avec tendresse. C’est le style de Dieu: proximité, compassion et tendresse. La transgression de Dieu; c’est un grand transgresseur en ce sens.

Frères et sœurs, même aujourd’hui dans le monde, beaucoup de nos frères souffrent de cette maladie, de la maladie de Hansen ou d’autres maladies et conditions auxquelles les préjugés sociaux sont malheureusement associés. « C’est un pécheur! ». Pensez à ce moment [cf. Lc 7, 36-50) où cette femme est entrée au banquet et a jeté du parfum aux pieds de Jésus.

Les autres ont dit: « Mais si c’était un prophète, il serait conscient, il saurait qui est cette femme: une pécheresse ». Mépris. Au lieu de cela, Jésus reçoit, en effet, des remerciements: « Vos péchés sont pardonnés ». La tendresse de Jésus et le préjugé social de chasser les gens avec la parole: «C’est une personne impure, c’est un pécheur, c’est un escroc,…».

Oui, c’est vrai parfois, mais ne jugez pas à l’avance. Chacun de nous peut arriver à éprouver des blessures, des échecs, des souffrances, de l’égoïsme qui nous ferment à Dieu et aux autres, parce que le péché nous ferme en nous-mêmes, par honte, par humiliation, mais Dieu veut ouvrir nos cœurs.

Face à tout cela, Jésus nous annonce que Dieu n’est pas une idée ou une doctrine abstraite, mais Dieu est Celui qui se «contamine» avec notre humanité blessée et n’a pas peur d’entrer en contact avec nos blessures. «Mais père, que dites-vous? Quel Dieu est contaminé? ». Je ne le dis pas, Saint Paul l’a dit: il s’est fait péché (cf. 2 Co 5, 21).

Celui qui n’est pas un pécheur, qui ne peut pas pécher, s’est fait péché. Voyez comment Dieu s’est contaminé pour se rapprocher de nous, avoir compassion et faire comprendre sa tendresse. Proximité, compassion et tendresse.

Pour respecter les règles de bonne réputation et les coutumes sociales, on fait souvent taire la douleur ou on porte des masques qui la dissimulent. Pour équilibrer les calculs de notre égoïsme ou les lois intérieures de nos peurs, nous ne nous impliquons pas trop dans la souffrance des autres. Demandons plutôt au Seigneur la grâce de vivre ces deux «transgressions» de l’Évangile d’aujourd’hui.

Celle du lépreux, parce que nous avons le courage de sortir de notre isolement et, au lieu de rester là pour nous plaindre de nous-mêmes ou pour pleurer nos échecs, nos plaintes, et au lieu de cela nous allons vers Jésus tel que nous sommes: «Seigneur , Je suis comme ça ».

Nous ressentirons cette étreinte, cette belle étreinte de Jésus. Et puis la transgression de Jésus: un amour qui nous fait dépasser les conventions, qui surmonte les préjugés et la peur de se mêler à la vie de l’autre. Nous apprenons à être des «transgresseurs» comme ces deux-là: comme le lépreux et comme Jésus.

Que la Vierge Marie nous accompagne dans ce chemin, que nous invoquons maintenant dans la prière de l’Angélus.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

Je regarde toujours avec gratitude l’engagement de ceux qui collaborent en faveur des migrants. Je remercie tout le monde pour ce qu’ils font pour les migrants.

Aujourd’hui, en particulier, je me joins aux évêques de Colombie pour exprimer ma gratitude pour la décision des autorités colombiennes de mettre en œuvre le Statut de protection temporaire des migrants vénézuéliens présents dans le pays, favorisant leur accueil, leur protection et leur intégration.

Et cela n’est pas fait par un pays très riche, surdéveloppé, non, un pays avec de nombreux problèmes, de développement, de pauvreté, de paix, près de 70 ans de guérilla … Mais avec ce problème, il a eu le courage de regarder ces migrants et faire ce Statut. Merci à la Colombie. Merci!

Aujourd’hui, fête des saints Cyrille et Méthode, évangélisateurs des peuples slaves, proclamée par Saint Jean-Paul II coparrains de l’Europe, je salue avec affection toutes les communautés qui vivent dans les territoires évangélisés par les Saints Frères. Leur intercession aide à trouver de nouvelles façons de communiquer l’Évangile.

Ces deux-là n’avaient pas peur de trouver de nouvelles façons de communiquer l’Évangile. Et que leur intercession augmente dans les Églises chrétiennes le désir de marcher vers la pleine unité dans le respect des différences.

Et aujourd’hui, la Saint-Valentin, on ne peut manquer d’adresser une pensée et un souhait aux fiancés, aux amoureux: je les accompagne de ma prière et je les bénis.

Et maintenant, je vous salue, fidèles de Rome et pèlerins. Je vois qu’il y a des Français, des Mexicains, des Espagnols, des Polonais … Bienvenue à tous! Bien à vous!

Mercredi prochain, nous commencerons le Carême. Ce sera un moment propice pour donner un sentiment de foi et d’espérance à la crise que nous traversons.

Et je ne veux pas oublier les trois mots qui nous font comprendre le style de Dieu, n’oubliez pas: proximité, compassion, tendresse. Allons-nous le dire ensemble? Proximité, compassion, tendresse.

Je souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir. Merci!

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Le Pape invite à un Carême d’espérance vive et de charité active

Le Pape invite à un Carême d’espérance vive et de charité active

Ensemble, cheminons vers Pâques
Ensemble, cheminons vers Pâques

À quelques jours de l’entrée en Carême, mercredi des Cendres 17 février, le message du Pape François pour cette période de jeûne et de prière est rendu public, vendredi 12 février. Intitulé «Voici que nous montons à Jérusalem… » (Mt 20, 18)

Le Carême est un temps pour «renouveler notre foi, notre espérance et notre charité», il expose la manière dont chaque fidèle doit renouveler ces trois vertus théologales suivant le modèle du Christ.

Dans ce temps de conversion conduisant aux célébrations pascales, «nous renouvelons notre foi, nous puisons « l’eau vive » de l’espérance et nous recevons le cœur ouvert l’amour de Dieu qui fait de nous des frères et des sœurs dans le Christ.»

«L’itinéraire du Carême, comme l’itinéraire chrétien, est déjà entièrement placé sous la lumière de la résurrection, qui inspire les sentiments, les attitudes ainsi que les choix de ceux qui veulent suivre le Christ.» Le jeûne, la prière et l’aumône sont «conditions et expressions de notre conversion».

La foi appelle à devenir témoins

En effet, le chemin de la pauvreté et du manque (le jeûne), le regard et les gestes d’amour vers l’homme blessé (l’aumône), et le dialogue filial avec le Père (la prière), permettent «d’incarner une foi sincère, une vivante espérance et une charité active».

La foi, tout d’abord, nous appelle «à accueillir la Vérité et à en devenir des témoins», devant Dieu et les hommes.

Pendant ce temps du Carême, recevoir et vivre la Vérité manifestée dans le Christ c’est avant tout se laisser toucher par la Parole de Dieu et qui nous est transmise, de générations en générations, par l’Église. «Cette Vérité» n’est pas «une construction de l’esprit qui serait réservée à quelques intelligences supérieures ou séparées». Elle est plutôt «un message que l’on reçoit et que l’on peut comprendre grâce à l’intelligence du cœur ouvert à la grandeur de Dieu.»

Jeûner libère du trop-plein

Le jeûne par exemple, vécu comme expérience du manque, conduit «dans la simplicité du cœur à redécouvrir le don de Dieu et à comprendre notre réalité de créatures à son image». En faisant l’expérience d’une pauvreté consentie, ceux qui jeûnent deviennent donc «pauvres avec les pauvres» et ils «amassent» la richesse de l’amour reçu et partagé.

Jeûner consiste par ailleurs «à libérer notre existence de tout ce qui l’encombre, même de ce trop-plein d’informations, vraies ou fausses, et de produits de consommation pour ouvrir la porte de notre cœur à celui qui vient jusqu’à nous, pauvre de tout mais « plein de grâce et de vérité» (Jn 1, 14): le Fils du Dieu Sauveur».

Pour une espérance vive

L’espérance est comme l’«eau vive». «Espérer, avec le Christ et grâce à lui, c’est croire que l’Histoire n’est pas fermée sur nos erreurs, nos violences, nos injustices et sur le péché qui crucifie l’Amour».

Cette vertu s’inscrit dans «le contexte d’inquiétude» actuel. «Où tout apparaît fragile et incertain, parler d’espérance pourra sembler provocateur», mais le temps du Carême est un temps «pour tourner de nouveau le regard vers la patience de Dieu qui continue de prendre soin de sa Création, alors même que nous l’avons souvent maltraitée (cf. Laudato si’, nn. 32, 33, 43, 44)».

Ainsi en recevant le pardon, dans le sacrement qui est au cœur de notre démarche de conversion, nous devenons, à notre tour, des acteurs du pardon.

L’espérance ne s’atteint que dans le recueillement et la prière silencieuse, car «elle nous est donnée comme une inspiration et une lumière intérieure qui éclaire les défis et les choix de notre mission». «Voilà pourquoi, il est déterminant de se retirer pour prier (cf. Mt 6, 6) et rejoindre, dans le secret, le Père de toute tendresse», en ce «Carême d’espérance».

La charité, ultime expression de foi et d’espérance

Enfin, la charité, «quand nous la vivons à la manière du Christ, dans l’attention et la compassion à l’égard de chacun», est «la plus haute expression de notre foi et de notre espérance».

Car «la charité se réjouit de voir grandir l’autre. C’est la raison pour laquelle elle souffre quand l’autre est en souffrance : seul, malade, sans abri, méprisé, dans le besoin… La charité est l’élan du cœur qui nous fait sortir de nous-mêmes et qui crée le lien du partage et de la communion.»

La charité est aussi don, «elle donne sens à notre vie». «Grâce à elle, nous considérons celui qui est dans le manque comme un membre de notre propre famille, comme un ami, comme un frère. Le peu, quand il est partagé avec amour, ne s’épuise jamais mais devient une réserve de vie et de bonheur. Ainsi en est-il de notre aumône, modeste ou grande, que nous offrons dans la joie et dans la simplicité».

L’aumône et la confiance

Vivre un Carême de charité, c’est donc prendre soin de ceux qui se trouvent dans des conditions de souffrance, de solitude ou d’angoisse à cause de la pandémie de la Covid-19, en offrant «avec notre aumône un message de confiance», et en faisant «sentir à l’autre que Dieu l’aime comme son propre enfant».

En conclusion : «Chers frères et sœurs, chaque étape de la vie est un temps pour croire, espérer et aimer. Que cet appel à vivre le Carême comme un chemin de conversion, de prière et de partage, nous aide à revisiter, dans notre mémoire communautaire et personnelle, la foi qui vient du Christ vivant, l’espérance qui est dans le souffle de l’Esprit et l’amour dont la source inépuisable est le cœur miséricordieux du Père.»

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Catéchèse – 24. Prier dans la vie quotidienne

Catéchèse – 24. Prier dans la vie quotidienne

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 10 février 2021


Résumé

Chers frères et sœurs,

la prière part de la liturgie et retourne toujours à la vie quotidienne qui est le lieu où le dialogue continue avec Dieu. Tout est assumé dans ce dialogue: toute joie devient un motif de louange, toute épreuve est l’occasion d’une demande d’aide et toute pensée peut être imprégnée de prière. Elle communique ainsi au cœur humain une espérance invincible.

Le Catéchisme nous enseigne à ce propos que nous apprenons à prier à tout instant, mais surtout aujourd’hui où nous rencontrons le Père. Il n’existe pas de jour plus merveilleux que l’aujourd’hui de notre vie. Et c’est la prière qui le transforme en grâce, ou mieux, c’est elle qui nous transforme.

Chaque jour qui commence, s’il est accueilli dans la prière, s’accompagne du courage d’affronter les difficultés qui deviennent des appels de Dieu, des occasions de rencontre avec lui. Prions donc pour toute chose et pour tout le monde, même pour nos ennemis, car la prière dispose à un amour surabondant. Prions surtout pour les personnes malheureuses.

La prière accomplit en ce sens des miracles, parce qu’elle nous aide à mieux aimer les autres malgré leurs erreurs et leurs péchés.  En aimant ainsi ce monde avec tendresse, nous découvrirons que chaque jour et chaque chose portent en soi un fragment du mystère de Dieu.

Le Catéchisme dit encore que prier dans les événements de chaque jour et de chaque instant est l’un des secrets du Royaume. Nous sommes des êtres fragiles, mais sachons prier car c’est notre plus grande dignité. Et quand une prière est dite selon le cœur de Jésus, elle obtient des miracles.

Je salue cordialement les personnes de langue française. Frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous donner le goût de la prière quotidienne afin qu’elle rende possible le miracle de la rencontre avec le prochain dans sa souffrance et dans ses besoins. A tous, j’accorde ma bénédiction !

Texte intégral

Dans la catéchèse précédente, nous avons vu comment la prière chrétienne est «ancrée» dans la liturgie. Aujourd’hui, nous allons souligner comment de la liturgie elle revient toujours à la vie quotidienne: dans les rues, dans les bureaux, sur les moyens de transport … Et là le dialogue avec Dieu continue: celui qui prie est comme l’amant, qui porte toujours l’être aimé , où qu’il soit.

En fait, tout est repris dans ce dialogue avec Dieu: chaque joie devient un motif de louange, chaque épreuve est l’occasion d’une demande d’aide. La prière est toujours vivante dans la vie, comme une braise, même lorsque la bouche ne parle pas, mais le cœur parle. Toute pensée, même si elle est apparemment «profane», peut être imprégnée de prière.

Il y a aussi un aspect priant dans l’intelligence humaine; en fait c’est une fenêtre sur le mystère: elle éclaire les quelques marches qui se trouvent devant nous et s’ouvre ensuite sur la réalité dans son ensemble, cette réalité qui la précède et la dépasse.

Ce mystère n’a pas de visage inquiétant ou angoissant, non: la connaissance du Christ nous rend confiants  là où nos yeux et les yeux de notre esprit ne peuvent pas voir, il n’y a rien, mais quelqu’un nous attend. Il y a une grâce infinie . Et ainsi la prière chrétienne instille une espérance invincible dans le cœur humain: quelle que soit l’expérience qui touche notre chemin, l’amour de Dieu peut la transformer en bien.

A ce propos, le Catéchisme dit: «Nous apprenons à prier dans des moments particuliers, lorsque nous écoutons la Parole du Seigneur et lorsque nous participons à son Mystère pascal; mais c’est à chaque instant, dans les événements de chaque jour, que son Esprit nous est donné pour faire couler la prière. […] Le temps est entre les mains du Père; c’est dans le présent que nous le rencontrons: ni hier ni demain, mais aujourd’hui »(n. 2659).

Aujourd’hui je rencontre Dieu, il y a toujours l’aujourd’hui de la rencontre. Il n’y a pas d’autre jour merveilleux que celui d’aujourd’hui. Des gens vivent toujours en pensant au futur: « Mais, le futur sera meilleur … », mais ils ne prennent pas aujourd’hui comme il vient: ce sont des gens qui vivent dans la fantaisie, ils ne savent pas comment prendre le béton de la réalité.

Et aujourd’hui c’est réel, aujourd’hui c’est concret. Et la prière a lieu aujourd’hui. Jésus vient à notre rencontre aujourd’hui, c’est ce que nous vivons aujourd’hui. Et c’est la prière qui transforme cela aujourd’hui en grâce, ou plutôt, qui nous transforme: elle apaise la colère, soutient l’amour, multiplie la joie, insuffle la force de pardonner.

Dans certains moments, il nous semblera que nous ne vivons plus, mais que la grâce vit et travaille en nous par la prière. Et quand il y a une pensée de colère, de mécontentement, qui nous conduit vers l’amertume, arrêtons-nous et disons au Seigneur: «Où habites-tu? Et où vais-je?  » Et le Seigneur est là, le Seigneur nous donnera la bonne parole, le conseil de continuer sans ce jus amer du négatif.

Parce que la prière, en utilisant un mot profane, est toujours positive. Toujours. Cela vous fait avancer. Chaque jour qui commence, s’il est accueilli dans la prière, s’accompagne de courage, pour que les problèmes à affronter ne soient plus des obstacles à notre bonheur, mais des appels de Dieu, des occasions de rencontre avec Lui.

Et quand on est accompagné par le Seigneur , on se sent plus courageux, plus libre et encore plus heureux. Prions donc toujours pour tout et pour tous, même pour nos ennemis. Jésus nous a conseillé ceci: « Priez pour vos ennemis ». Nous prions pour nos proches, mais aussi pour ceux que nous ne connaissons pas; nous prions même pour nos ennemis, comme je l’ai dit, comme l’Écriture nous invite souvent à le faire.

La prière dispose d’un amour surabondant. Nous prions avant tout pour les gens malheureux, pour ceux qui pleurent dans la solitude et le désespoir qu’il y a encore un amour qui bat pour eux.

La prière fait des miracles; et les pauvres ont alors l’intuition, par la grâce de Dieu, que, même dans leur situation précaire, la prière d’un chrétien rend présente la compassion de Jésus: en effet, il regardait avec beaucoup de tendresse les foules fatiguées et perdues comme des moutons sans berger (cf. Mc 6,34).

Le Seigneur est – n’oublions pas – le Seigneur de compassion, de proximité, de tendresse: trois mots à ne jamais oublier. Parce que c’est le style du Seigneur: compassion, proximité, tendresse.

La prière nous aide à aimer les autres, malgré leurs erreurs et leurs péchés. La personne est toujours plus importante que ses actions, et Jésus n’a pas jugé le monde, mais il l’a sauvé. C’est une mauvaise vie que de ceux qui jugent toujours les autres, condamnent toujours, jugent: c’est une vie mauvaise et malheureuse.

Jésus est venu pour nous sauver: ouvrez votre cœur, pardonnez, justifiez les autres, comprenez, vous aussi soyez proches des autres, ayez de la compassion, ayez de la tendresse comme Jésus.

Nous devons aimer chacunr et chacun, en nous rappelant, dans la prière, que nous sommes tous des pécheurs et en même temps aimé de Dieu un par un. Aimer ce monde de cette manière, l’aimer avec tendresse, et nous découvrirons que chaque jour tout porte un fragment du mystère de Dieu caché en lui-même.

Le Catéchisme écrit encore: «Prier dans les événements de chaque jour et de chaque instant est un des secrets du Royaume révélé aux« petits », aux serviteurs du Christ, aux pauvres des Béatitudes.

Il est bon et juste de prier pour que l’avènement du Royaume de justice et de paix influence le chemin de l’histoire, mais il est tout aussi important de «mélanger» les humbles situations quotidiennes par la prière. Toutes les formes de prière peuvent être ce levain auquel le Seigneur compare le Royaume »(n. 2660).

L’homme – la personne humaine, l’homme et la femme – est comme un souffle, comme un brin d’herbe (cf. Ps 144,4; 103,15). Le philosophe Pascal a écrit: «L’univers entier n’a pas besoin de s’armer pour l’écraser; une vapeur, une goutte d’eau suffit à le tuer  » (Pensées, 186).

Nous sommes des êtres fragiles, mais nous savons prier: c’est notre plus grande dignité, c’est aussi notre force. Courage. Priez en tout temps, dans toutes les situations, car le Seigneur est proche de nous. Et quand une prière est selon le cœur de Jésus, elle obtient des miracles.

Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française. Frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous donner le goût de la prière quotidienne afin qu’elle rend possible les miracles de la rencontre avec le prochain dans sa souffrance et dans ses besoins. A tous, j’accorde ma bénédiction!

Je salue cordialement les pèlerins anglophones. J’invite chacun, surtout en cette période de pandémie, à se rapprocher du Seigneur dans la prière quotidienne, en lui apportant nos besoins et ceux du monde qui nous entoure. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Christ. Que Dieu vous bénisse!

J’adresse un salut cordial aux frères et sœurs germanophones. La prière est le levain avec lequel mélanger toute la vie, même les humbles circonstances quotidiennes. Ainsi, nous pouvons toujours vivre en présence de Dieu qui nous souhaite heureux. Que Le Seigneur vous bénisse tous.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Demain, nous célébrons la fête de Notre-Dame de Lourdes, patronne des malades. Demandons par son intercession que le Seigneur accorde la santé de l’âme et du corps à tous ceux qui souffrent à cause d’une maladie et de la pandémie actuelle, et fortifie ceux qui les assistent et les accompagnent dans cette période d’épreuve qu’ils traversent en leurs vies. Que Dieu vous bénisse tous.

J’adresse un salut cordial aux fidèles de langue portugaise. Chers frères, la prière transforme notre regard et nous aide à nous rapprocher de tous, même de ceux qui sont différents de nous. Que la Vierge Marie veille sur votre chemin et vous aide à être ce signe d’amour inconditionnel au milieu de vos frères. Que la bénédiction de Dieu descende sur vous et vos familles.

Je salue les fidèles arabophones. Nous sommes des êtres fragiles, mais nous savons prier: c’est notre plus grande dignité. Et quand une prière est selon le cœur de Jésus, elle obtient des miracles. Sue le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement les Polonais. En pensant à la prière quotidienne, j’espère que dans chaque situation de la vie, vous serez accompagnés d’une conversation avec le Christ de cœur en cœur; non seulement devant le Saint Sacrement, la croix ou une image sacrée, mais aussi sur le chemin du travail, des voyages et de vos tâches quotidiennes. Que cette prière devienne votre bonne habitude. Je vous bénis de tout mon cœur.

APPELS

1. J’exprime ma proximité avec les victimes de la calamité survenue il y a trois jours dans le nord de l’Inde, où une partie d’un glacier s’est rompue provoquant une violente inondation qui a submergé les chantiers de construction de deux centrales électriques. Je prie pour les ouvriers morts et leurs familles, et pour tous les blessés et endommagés.

2. En Extrême-Orient et dans diverses parties du monde, le vendredi 12 février, des millions d’hommes et de femmes célébreront le Nouvel An lunaire. Je voudrais adresser mes salutations cordiales à tous et à leurs familles, ainsi que mon souhait que la nouvelle année porte des fruits de fraternité et de solidarité.

3. En ce moment particulier, quand il y a de fortes inquiétudes pour faire face aux défis de la pandémie, qui affecte non seulement le corps et l’âme des gens, mais affecte également les relations sociales, j’exprime l’espoir que chacun puisse profiter pleinement de la santé et de la sérénité de la vie.

4. Enfin, alors que je vous invite à prier pour le don de la paix et de tout autre bien, je me souviens qu’ils s’obtiennent avec gentillesse, respect, prévoyance et courage, sans jamais oublier de prêter une attention préférentielle aux plus pauvres et aux plus faibles.

J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. Dans une société toujours déchirée par les contrastes et les divisions, soyez le signe d’un projet de réconciliation et de fraternité qui a ses racines dans l’Évangile et dans l’aide indispensable de la prière.

Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Demain, nous célébrerons le mémorial liturgique de la Bienheureuse Vierge Marie de Lourdes. Je vous souhaite d’imiter Notre-Dame en pleine disponibilité à la volonté de Dieu, merci.

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse