Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

SOLENNITÉ DE MARIE MÈRE DE DIEU

SOLENNITÉ DE  MARIE MÈRE DE DIEU

Mère de Dieu et notre mère
Mère de Dieu et notre mère

C’est par la maternité virginale de Marie que le Verbe s’est fait chair. En adorant dans l’Enfant de Bethléem le Fils de Dieu fait homme, nous reconnaissons que Marie est la Mère de Dieu. Mais si la maternité divine de Marie s’inscrit en filigrane dans toute la liturgie de la Nativité, les chrétiens des diverses régions ont aimé à consacrer un jour du temps de Noël à honorer « la Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ».

L’Église de Rome a choisi pour cet hommage l’octave de la Nativité, bien avant que ce jour ne marquât en Occident le commencement de l’année. En saluant la Mère de Jésus, nous n’oublions pas qu’elle est aussi notre Mère, la Mère de tous ceux qui ne font qu’un seul corps avec le Christ, « la Mère de l’Église », ainsi que le rappelle la prière après la communion.

L’hommage rendu à Marie ne relègue pas dans l’ombre les autres aspects de ce jour. Le huitième jour après la Nativité est celui de la circoncision de l’Enfant et de l’imposition du Nom de Jésus. Le 1″ janvier est le jour du Nouvel An : les années passent, le Christ demeure. C’est aussi la journée de la paix. Mais la diversité des thèmes n’est pas disper­sion : tout nous ramène au Christ et à sa Mère.

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MESSE EN LA SOLENNITÉ DE MARIE MÈRE DE DIEU
LIVe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique Saint-Pierre
Vendredi 1er janvier 2021

(La Sainte Messe de ce 1er janvier 2021, a été présidée par le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, en raison d’une sciatique douloureuse du Pape François)


Dans les lectures de la liturgie d’aujourd’hui ressortent trois verbes qui trouvent leur accomplissement dans la Mère de Dieu : bénir, naître et trouver.

Bénir. Dans le Livre des Nombres, le Seigneur demande que les ministres sacrés bénissent son peuple : « Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël : “Que le Seigneur te bénisse” » (6, 23-24). Ce n’est pas une pieuse exhortation, c’est une demande précise.

Et c’est important qu’aujourd’hui aussi les prêtres bénissent le Peuple de Dieu, sans relâche ; et qu’également tous les fidèles soient porteurs de bénédiction, qu’ils bénissent. Le Seigneur sait que nous avons besoin d’être bénis : la première chose qu’il a faite après la création a été de dire du bien de toute chose et de dire beaucoup de bien de nous.

Mais maintenant, avec le Fils de Dieu, nous ne recevons pas seulement des paroles de bénédiction, mais la bénédiction elle-même : Jésus est la bénédiction du Père. En lui le Père, dit saint Paul, nous bénit « par toutes sortes de bénédictions » (Ep 1, 3). Chaque fois que nous ouvrons le cœur à Jésus, la bénédiction de Dieu entre dans notre vie.

Aujourd’hui nous célébrons le Fils de Dieu, le Béni par nature, qui vient à nous à travers la Mère, la bénie par grâce. Marie nous apporte ainsi la bénédiction de Dieu. Là où elle est, Jésus arrive. C’est pourquoi nous avons besoin de l’accueillir, comme sainte Élisabeth qui la fit entrer dans sa maison et reconnut immédiatement la bénédiction et dit : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ! » (Lc 1, 42).

Ce sont les paroles que nous répétons dans l’Ave Maria. En faisant de la place à Marie, nous sommes bénis, mais nous apprenons aussi à bénir. La Vierge Marie, en fait, enseigne que la bénédiction se reçoit pour être donnée. Elle, la bénie, a été une bénédiction pour tout ceux qu’elle a rencontrés : pour Élisabeth, pour les époux à Cana, pour les apôtres au Cénacle… Nous aussi, nous sommes appelés à bénir, à dire du bien au nom de Dieu.

Le monde est gravement pollué par le fait de dire du mal et de penser du mal des autres, de la société, de soi-même. Mais la médisance corrompt, fait tout dégénérer, tandis que la bénédiction régénère, donne la force pour recommencer chaque jour. Demandons à la Mère de Dieu la grâce d’être pour les autres des porteurs joyeux de la bénédiction de Dieu, comme elle l’est pour nous.

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Naître est le deuxième verbe. Saint Paul souligne que le Fils de Dieu est « né d’une femme » (Ga 4, 4). En peu de paroles il nous dit une chose merveilleuse : le Seigneur est né comme nous. Il n’est pas apparu adulte, mais enfant ; il n’est pas venu au monde tout seul, mais d’une femme, après neuf mois dans le sein de sa Mère, de laquelle il s’est laissé tisser l’humanité.

Le cœur du Seigneur a commencé à palpiter en Marie, le Dieu de la vie a pris d’elle l’oxygène. Dès lors, Marie nous unit à Dieu parce qu’en elle Dieu s’est lié à notre chair et ne l’a jamais plus laissée. Marie – aimait dire saint François – « a fait du Seigneur de la Majesté notre frère » (Saint Bonaventure, Legenda major, 9, 3).

Elle n’est pas seulement le pont entre nous et Dieu, elle est davantage : elle est la route que Dieu a parcourue pour parvenir à nous et elle est la route que nous, nous devons parcourir pour parvenir à lui. Par Marie nous rencontrons Dieu comme lui le veut : dans la tendresse, dans l’intimité, dans la chair. Oui, parce que Jésus n’est pas une idée abstraite, il est concret, incarné, il est né d’une femme et a grandi patiemment.

Les femmes connaissent ce pragmatisme patient : nous les hommes, nous sommes souvent abstraits et nous voulons quelque chose tout de suite ; les femmes sont concrètes et savent tisser avec patience les fils de la vie. Combien de femmes, combien de mères font naître et renaître la vie de cette manière, en donnant un avenir au monde !

Nous ne sommes pas au monde pour mourir, mais pour donner la vie. La sainte Mère de Dieu nous enseigne que le premier pas pour donner vie à tout ce qui nous entoure est de l’aimer en nous. Elle “méditait tout dans son cœur” dit aujourd’hui l’Évangile (cf. Lc 2, 19). Et c’est du cœur que naît le bien : combien il est important de garder le cœur propre, de garder la vie intérieure, pratiquer la prière !

Combien il est important d’éduquer le cœur au soin, à tenir beaucoup aux personnes et aux choses. Tout part d’ici, du fait de prendre soin des autres, du monde, de la création. Il ne sert à rien de connaître beaucoup de personnes et beaucoup de choses si nous n’en prenons pas soin.

Cette année, alors que nous espérons une renaissance et de nouveaux traitements, ne négligeons pas le soin. Parce que, en plus du vaccin pour le corps, il faut le vaccin pour le cœur : et ce vaccin c’est le soin. Ce sera une bonne année si nous prenons soin des autres, comme fait la Vierge Marie avec nous.

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Et le troisième verbe c’est Trouver. L’Évangile dit que les bergers « découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né » (v. 16). Ils n’ont pas trouvé des signes prodigieux et spectaculaires, mais une simple famille. Là, cependant, ils ont vraiment trouvé Dieu, qui est grandeur dans la petitesse, force dans la tendresse.

Mais comment firent les bergers pour trouver ce signe si peu visible ? Ils ont été appelés par un ange. Nous aussi, nous n’aurions pas trouvé Dieu si nous n’avions pas été appelés par grâce. Nous ne pouvions pas imaginer un tel Dieu, qui naît d’une femme et révolutionne l’histoire par la tendresse, mais par grâce nous l’avons trouvé.

Et nous avons découvert que son pardon fait renaître, que sa consolation allume l’espérance, et que sa présence donne une joie irrépressible. Nous l’avons trouvé, mais nous ne devons pas le perdre de vue. Le Seigneur, en effet, ne se trouve pas une fois pour toutes : mais il doit être trouvé chaque jour.

C’est pourquoi l’Évangile décrit les bergers toujours en recherche, en mouvement : « Ils se hâtèrent d’y aller, ils découvrirent, ils racontèrent, ils repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu » (vv. 16-17.20). Ils n’étaient pas passifs parce que, pour accueillir la grâce, il faut rester actifs.

Et nous, qu’est-ce que nous sommes appelés à trouver au début de l’année ? Il serait beau de trouver du temps pour quelqu’un. Le temps est la richesse que nous avons tous, mais dont nous sommes jaloux parce que nous voulons l’utiliser seulement pour nous.

La grâce de trouver du temps doit être demandée, du temps pour Dieu et pour le prochain: pour celui qui est seul, pour celui souffre, pour celui qui a besoin d’écoute et de soin. Si nous trouvons du temps à offrir, nous serons émerveillés et heureux, comme les bergers.

Que la Vierge Marie, qui a amené Dieu dans le temps, nous aide à donner de notre temps. Sainte Mère de Dieu, nous te consacrons la nouvelle année. Toi, qui sais garder dans le cœur, prends soin de nous. Bénis notre temps et enseigne-nous à trouver du temps pour Dieu et pour les autres. Nous, avec joie et confiance, nous t’acclamons.

Ainsi soit-il


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Premières vêpres de la Solennité de Sainte Marie Mère de Dieu et Te Deum

Comme chaque 31 décembre, l’année se conclut avec la célébration des premières vêpres de la Solennité de Sainte Marie Mère de Dieu et le Te Deum en la basilique Saint-Pierre, en action de grâce pour l’année écoulée. Le Pape François, souffrant d’une sciatique, n’a pu présider la cérémonie. Le cardinal Re l’a remplacé, lisant l’homélie préparée par le Pape, axée sur l’amour du prochain que cette année marquée par la pandémie a révélé.

Cette célébration du soir a toujours un double aspect : avec la liturgie, nous entrons dans la fête solennelle de Marie Très Sainte Mère de Dieu; et en même temps, nous concluons l’année civile avec le grand hymne de louange. Le premier aspect sera développé demain, car ce soir «nous rendons grâce pour l’année qui touche à sa fin

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PREMIÈRES VÊPRES DE LA SOLENNITÉ DE MARIE  MÈRE DE DIEU

ET TE DEUM DE REMERCIEMENT POUR L’ANNÉE PASSÉE

HOMÉLIE DU SAINT PÈRE FRANÇOIS

Basilique Saint Pierre
Jeudì 31 décembre 2020

Homélie du Saint-Père, lue par Son Eminence le Cardinal Giovanni Battista Re

Chers frères et sœurs!

Cette célébration du soir a toujours un double aspect: avec la liturgie, nous entrons dans la fête solennelle de Marie Très Sainte Mère de Dieu; et en même temps nous terminons l’année solaire par le grand hymne de louange.

Le premier aspect sera discuté dans l’homélie de demain matin. Ce soir, nous donnons un espace aux remerciements pour l’année qui touche à sa fin.

Quel sens donner aux drames de cette année?

«Te Deum laudamus», «Nous te louons, Dieu, nous te proclamons Seigneur…». Il peut sembler obligé de remercier Dieu à la fin d’une année comme celle-ci, marquée par la pandémie. Mes pensées vont aux familles qui ont perdu un ou plusieurs membres; on pense à ceux qui ont été malades, à ceux qui ont souffert de la solitude, à ceux qui ont perdu leur emploi …

Quelqu’un demande parfois: à quoi sert un drame comme celui-ci? Nous ne devons pas être pressés de répondre à cette question. Même Dieu ne répond pas à nos «pourquoi» les plus pénibles en recourant à des «raisons supérieures». La réponse de Dieu suit le chemin de l’Incarnation, comme le chantera bientôt l’Antiphon du Magnificat: « Pour le grand amour avec lequel il nous a aimés, Dieu a envoyé son Fils dans la chair du péché. »

Le Dieu berger n’abandonne pas ses brebis

Un Dieu qui  sacrifierait des êtres humains pour un grand dessein, même le meilleur possible, n’est certainement pas le Dieu qui nous a révélé Jésus-Christ. Dieu est Père, «Père éternel», et si son Fils s’est fait homme, c’est à cause de l’immense compassion du cœur du Père.

Dieu est Père et berger, et quel berger abandonnerait ne serait-ce qu’une seule brebis, pensant qu’entre-temps il en reste plusieurs? Non, ce dieu cynique et impitoyable n’existe pas. Ce n’est pas le Dieu que nous «louons» et «proclamons Seigneur».

Le bon Samaritain, lorsqu’il rencontra ce pauvre homme à moitié mort sur le bord de la route, ne lui fit pas de discours pour expliquer le sens de ce qui lui était arrivé, peut-être pour le convaincre que c’était vraiment bon pour lui. Le Samaritain, ému de compassion, se pencha sur cet étranger, le traita comme un frère et prit soin de lui en faisant tout ce qui était en son pouvoir (cf. Lc 10, 25-37).

L’engagement quotidien pour l’amour du prochain

Ici, oui, peut-être pouvons-nous trouver un «sens» de cette tragédie qu’est la pandémie, comme d’autres fléaux qui affectent l’humanité: celui d’éveiller en nous la compassion et de provoquer des attitudes et des gestes de proximité, d’attention, de solidarité, d’affection.

C’est ce qui s’est passé et se passe également à Rome ces derniers mois; et surtout pour cela, ce soir, rendons grâce à Dieu, rendons grâce à Dieu pour les bonnes choses qui se sont produites dans notre ville pendant le confinement et, en général, au temps de la pandémie, qui n’est malheureusement pas encore terminée.

Nombreux sont ceux qui, sans faire de bruit, ont essayé de rendre le poids du test plus supportable. Avec leur engagement quotidien, animés par l’amour du prochain, ils ont réalisé ces paroles de l’hymne Te Deum: «Chaque jour nous te bénissons, nous louons ton nom pour toujours». Parce que la bénédiction et la louange qui plaisent le plus à Dieu sont l’amour fraternel.

Les travailleurs de la santé – médecins, infirmières, infirmières, bénévoles – sont à l’avant-garde, et pour cela, ils sont particulièrement dans nos prières et méritent notre gratitude; ainsi que de nombreux prêtres, religieux et religieuses, qui ont fait de leur mieux avec générosité et dévouement.

Mais ce soir, nos remerciements vont à tous ceux qui s’efforcent chaque jour de faire vivre leur famille de la meilleure façon possible et à ceux qui se sont engagés à leur service pour le bien commun. Pensons aux administrateurs scolaires et aux enseignants, qui jouent un rôle essentiel dans la vie sociale et qui doivent faire face à une situation très complexe.

Nous pensons également avec gratitude aux administrateurs publics qui savent tirer le meilleur parti de toutes les bonnes ressources présentes dans la ville et dans le quartier, détachés des intérêts privés et aussi de ceux de leur parti. Pourquoi? Parce qu’ils recherchent vraiment le bien de tous, le bien commun, le bien à partir des plus démunis.

La force de Dieu, plus puissante que l’égoïsme

Tout cela ne peut se faire sans grâce, sans la miséricorde de Dieu. Nous – nous le savons bien par expérience – dans les moments difficiles nous sommes amenés à nous défendre – c’est naturel – nous sommes amenés à nous protéger et à protéger nos proches, à protéger nos intérêts …

Comment est-il possible alors que tant de gens, sans autre récompense que celle de faire le bien, trouvent la force de s’inquiéter pour les autres? Qu’est-ce qui les pousse à abandonner quelque chose d’eux-mêmes, de leur propre confort, de leur temps, de leurs biens, pour le donner aux autres? Après tout, même s’ils n’y pensent pas eux-mêmes, la force de Dieu les pousse, ce qui est plus puissant que nos égoïsmes.

Pour cette raison, ce soir nous le louons, parce que nous croyons et savons que tout le bien qui se fait jour après jour sur la terre vient, à la fin, de lui, vient de Dieu. Et regardant vers l’avenir qui nous attend, nous implorons une fois de plus: « Que ta miséricorde soit toujours avec nous, en toi nous avons espéré. » En toi est notre confiance et notre espérance.


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Catéchèse – 20. La prière de remerciement

La prière de remerciement ou d’action de grâce, qui a donné son nom au sacrement le plus grand, l’Eucharistie, est au centre de la catéchèse du Pape à l’audience générale de ce mercredi 30 décembre, diffusée en direct depuis la Bibliothèque du palais apostolique:

«Vivre est tout d’abord avoir reçu.» «Nous sommes tous nés parce que quelqu’un a voulu la vie pour nous. Et ce n’est que la première d’une longue série de dettes que nous contractons en vivant. Dettes de gratitude.» Et «si nous sommes portés à la gratitude, le monde devient lui aussi meilleur.» Il convient de chercher toujours à être dans la joie de la rencontre avec Jésus.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 30 décembre 2020


Catéchèse – 20. La prière de remerciement

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur la prière d’action de grâce. Et je tire mon inspiration d’un épisode rapporté par l’évangéliste Luc. Alors que Jésus est en chemin, dix lépreux viennent à sa rencontre, en implorant: «Jésus, Maître, aie pitié de nous!” (17,13).

Nous savons que, pour les malades de la lèpre, l’exclusion sociale et l’exclusion religieuse s’ajoutait à la souffrance physique. Ils étaient exclus. Jésus ne refuse pas de les rencontrer. Parfois, il va au-delà des limites imposées par les lois et il touche le malade – ce qu’on ne pouvait pas faire –, il l’embrasse, il le guérit.

Dans ce cas, il n’y a pas de contact. A distance, Jésus les invite à se présenter aux prêtres (v. 14), qui étaient chargés, selon la loi, de certifier la guérison qui avait eu lieu. Jésus ne dit rien d’autre. Il a écouté leur prière, il a écouté leur cri de pitié, et il les envoie immédiatement auprès des prêtres.

Ces dix lépreux ont confiance, ils ne restent pas là jusqu’au moment où ils sont guéris, non : ils ont confiance et ils y vont immédiatement, et pendant qu’ils y vont, ils guérissent, tous les dix. Les prêtres auraient donc pu constater leur guérison et les réadmettre à la vie normale.

Mais c’est là que se trouve le point le plus important: de ce groupe, seulement un, avant d’aller chez les prêtres, revient en arrière pour remercier Jésus et louer Dieu pour la grâce reçue. Seulement un, les neuf autres continuent leur chemin.

Et Jésus remarque que cet homme était un samaritain, une sorte d’ “hérétique” pour les juifs de ce temps. Jésus commente: «Il ne s’est trouvé, pour revenir rendre gloire à Dieu, que cet étranger!» (17,18). C’est un récit touchant !

Ce récit, pour ainsi dire, divise le monde en deux: ceux qui ne remercient pas et ceux qui remercient; ceux qui prennent tout comme si cela leur était dû, et ceux qui accueillent tout comme un don, comme une grâce. Le Catéchisme écrit: «Tout événement et tout besoin peuvent devenir offrande d’action de grâces » (n. 2638). La prière d’action de grâce commence toujours par-là: se reconnaître précédés par la grâce.

Nous avons été pensés avant que nous apprenions à penser; nous avons été aimés avant que nous apprenions à aimer; nous avons été désirés avant que dans notre cœur ne naisse un désir. Si nous regardons la vie ainsi, alors l’ “action de grâce” devient le fil directeur de nos journées. Très souvent, nous oublions même de dire «merci»

Pour nous chrétiens, l’action de grâce a donné son nom au sacrement le plus essentiels qui soit: l’Eucharistie. En effet, le mot grec signifie précisément cela: remerciement. Les chrétiens, comme tous les croyants, bénissent Dieu pour le don de la vie. Vivre est tout d’abord avoir reçu la vie.

Nous naissons tous parce que quelqu’un a désiré la vie pour nous. Et c’est seulement la première d’une longue série de dettes que nous contractant en vivant. Des dettes de reconnaissance. Au cours de notre existence, plus d’une personne nous a regardés avec des yeux purs, gratuitement.

Souvent, il s’agit d’éducateurs, de catéchistes, de personnes qui ont accompli leur rôle au-delà de la mesure demandée par le devoir. Et ils ont fait naître en nous la gratitude. Même l’amitié est un don dont il faut toujours être reconnaissants.

Ce “merci” que nous devons dire sans cesse, ce merci que le chrétien partage avec tous, s’ouvre plus encore dans la rencontre avec Jésus. Les Évangiles attestent que le passage de Jésus suscitait souvent la joie et la louange à Dieu chez ceux qui le rencontraient. Les récits de Noël sont peuplés d’orants qui ont le cœur dilaté par la venue du Sauveur. Et nous aussi avons été appelés à participer à cette immense joie.

C’est ce que suggère également l’épisode des dix lépreux guéris. Naturellement, ils étaient tous heureux d’avoir retrouvé la santé, pouvant ainsi sortir de cette interminable quarantaine forcée qui les excluait de la communauté. Mais parmi eux, il y en a un qui ajoute la joie à la joie: au-delà de la guérison, il se réjouit pour la rencontre qui a eu lieu avec Jésus.

Non seulement il est libéré du mal, mais il possède à présent également la certitude d’être aimé. C’est le centre: quand tu remercies, tu exprimes la certitude d’être aimé. Et c’est un grand pas: avoir la certitude d’être aimés. C’est la découverte de l’amour comme force qui gouverne le monde. Dante dirait: l’Amour «qui meut le soleil et les autres étoiles” (Paradis, XXXIII, 145).

Nous ne sommes plus des voyageurs errants qui vagabondent ici et là, non: nous avons une maison, nous demeurons dans le Christ, et de cette “demeure” nous contemplons tout le reste du monde, et celui-ci nous apparaît infiniment plus beau. Nous sommes des enfants de l’amour, nous sommes des frères de l’amour. Nous sommes des hommes et des femmes de grâce.

Frères et sœurs; cherchons donc à être toujours dans la joie de la rencontre avec Jésus. Cultivons l’allégresse. Le démon, en revanche, après nous avoir trompé – avec n’importe quelle tentation –, nous laisse toujours tristes et seuls. Si nous sommes dans le Christ, aucun péché et aucune menace ne pourrons jamais nous empêcher de continuer le chemin avec joie, avec de nombreux compagnons de route.

Ne négligeons surtout pas de rendre grâce: si nous sommes porteurs de gratitude, le monde devient lui aussi meilleur, peut-être seulement un peu plus, mais c’est ce qui suffit à lui transmettre un peu d’espérance. Le monde a besoin d’espérance et avec la gratitude, en ayant cette attitude de dire « merci », nous transmettons un peu d’espérance.

Tout est uni, tout est lié, et chacun peut faire sa part là où il se trouve. La voie du bonheur est celle que saint Paul a décrite à la fin de l’une de ses lettres: «En toute condition soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit » (1 Th 5,17-19). Ne pas éteindre l’Esprit, un beau programme de vie! Ne pas éteindre l’Esprit qui est en nous, nous conduit à la gratitude.


Je salue cordialement les personnes de langue française. Frères et sœurs, que le mystère de Noël que nous avons célébré nous laisse dans la joie de rencontrer Jésus. Que cette rencontre éclaire notre route pour toute l’année qui vient. Que Dieu vous bénisse !

Je salue cordialement les fidèles anglophones. Je souhaite à chacun de vous et à vos familles de chérir la joie de cette période de Noël, en rencontrant dans la prière le Sauveur qui souhaite être proche de tous. Que Dieu vous bénisse!

Chers frères et sœurs germanophones, à la fin de cette année difficile, nous sommes peut-être tentés de voir d’abord ce qu’il n’était pas possible de faire et ce qui nous manquait. Mais n’oublions pas les nombreuses, innombrables raisons de remercier Dieu et nos voisins. Je vous souhaite sincèrement la joie qui vient de la gratitude!

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Je vous encourage à répondre à cette joie de rencontrer Jésus comme l’apôtre Paul nous le demande, en rendant grâce dans toutes les situations et en persévérant dans la prière. Et je vous souhaite à tous une nouvelle année remplie de la présence miséricordieuse de Dieu. Que le Seigneur vous bénisse.

Chers frères et sœurs de langue portugaise, dimanche dernier, nous avons célébré la fête de la Sainte Famille. De saint Joseph et de la Vierge Marie, qui ont gardé l’Enfant Jésus avec tant d’amour, nous apprenons à aimer de plus en plus ceux que Dieu nous a confiés. Je vous bénis cordialement en vous souhaitant une heureuse et paisible nouvelle année!

Je salue les fidèles arabophones. Le chemin du bonheur est celui que Saint Paul a décrit à la fin d’une de ses lettres: «Priez sans interruption, en tout rendez grâce: c’est en fait la volonté de Dieu en Jésus-Christ envers vous. N’éteignez pas l’Esprit »(1 Thes 5: 17-19). Je souhaite à tous une bonne année!

J’adresse un salut cordial à tous les Polonais. Chers frères et sœurs, alors que nous approchons de la fin de cette année, nous ne l’évaluons pas seulement à travers les souffrances, les difficultés et les limites causées par la pandémie. Nous voyons le bien reçu chaque jour, ainsi que la proximité et la bienveillance des hommes, l’amour de nos proches et la bonté de tous ceux qui nous entourent. Nous remercions le Seigneur pour chaque grâce reçue et regardons l’avenir avec confiance et espérance, en nous confiant à l’intercession de saint Joseph, saint patron de la nouvelle année. Que ce soit une année heureuse pleine de grâces divines pour chacun de vous et pour vos familles. Que le Seigneur vous bénisse!


APPEL

Hier, un tremblement de terre a provoqué des victimes et des dommages considérables en Croatie. J’exprime ma proximité aux blessés et à ceux qui ont été frappés par le séisme et je prie, en particulier, pour ceux qui ont perdu la vie et pour leurs familles. Je souhaite que les autorités du pays, aidées par la communauté internationale, puissent soulager les souffrances de la chère population croate.

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J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones, souhaitant à tous que la nouvelle année soit paisible et fructueuse pour chaque bien souhaité. Soyez les hérauts dans la société d’aujourd’hui de la Bonne Nouvelle apportée par les Anges à Bethléem.

Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Vivez la nouvelle année comme un cadeau précieux, en vous engageant à construire votre vie à la lumière de la vérité, que le Verbe incarné est venu apporter sur terre.


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur la prière de remerciement. Le récit évangélique des dix lépreux divise le monde entre les personnes qui remercient, et celles qui ne le font pas. Celles pour qui tout est dû, et celles pour qui tout est don. Or tout événement, et même toute nécessité, peut devenir un motif de remerciement.

En toute chose nous sommes précédés par la grâce ; le reconnaitre est au point de départ de la prière de remerciement. L’action de grâce culmine dans la vie du chrétien par la célébration du plus grand des sacrements, l’Eucharistie, qui signifie justement cela : remercier. Vivre c’est tout recevoir de Dieu et l’en remercier, et ce « merci » se dilate dans la rencontre avec Jésus.

Le lépreux reconnaissant de l’Évangile ne se contente pas de la joie d’avoir été guéri, mais de la certitude d’être aimé par lui. Si nous appartenons au Christ, aucun péché ni aucune menace ne pourra jamais nous empêcher de continuer notre route dans la joie. Comme le dit saint Paul : « Priez sans relâche et rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus ».


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse