Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

être bon citoyen, mais aussi témoigner de l’Évangile

En ce 29ème dimanche du Temps Ordinaire, le Saint-Père a parlé sur la réponse de Jésus aux pharisiens: «Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu», à l’occasion de la prière de l’Angélus, récitée depuis la fenêtre des appartements pontificaux.

 

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 18 octobre 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

L’Évangile de ce dimanche (cf. Mt 22, 15-21) nous montre Jésus aux prises avec l’hypocrisie de ses adversaires. Ils lui font de nombreux compliments – au début, de nombreux compliments – mais ensuite ils posent une question insidieuse pour le mettre en difficulté et le discréditer devant le peuple. Ils lui demandent: « Est-il permis ou non de payer l’impôt à César? » (v.17), c’est-à-dire payer des impôts à César.

A cette époque, en Palestine, la domination de l’Empire romain était mal tolérée – et bien sûr, ils étaient des envahisseurs – également pour des raisons religieuses. Pour la population, le culte de l’empereur, également souligné par son image sur les pièces, était une insulte au Dieu d’Israël.

Les interlocuteurs de Jésus sont convaincus qu’il n’y a pas d’alternative à leur question: soit un «oui», soit un «non». Ils attendaient, précisément parce qu’avec cette question ils étaient sûrs de mettre Jésus dans le coin et de le faire tomber dans le piège. Mais Il connaît leur méchanceté et se libère du piège.

Il leur demande de lui montrer la monnaie, la monnaie fiscale, la monnaie fiscale, la prend entre ses mains et demande qui est l’image imprimée. Ceux-ci répondent que c’est César, c’est-à-dire l’empereur. Puis Jésus répond: « Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu » (v. 21).

Avec cette réponse, Jésus se place au-dessus de la controverse. Jésus, toujours au-dessus. D’une part, il reconnaît que l’impôt de César doit être payé – même pour nous tous, les impôts doivent être payés – parce que l’image sur la pièce est la sienne; mais surtout rappelez-vous que chaque personne porte en lui une autre image – nous la portons dans le cœur, dans l’âme -: celle de Dieu, et donc c’est à lui, et à lui seul, que chacun est redevable de sa propre existence, de sa propre vie.

Dans cette phrase de Jésus, nous trouvons non seulement le critère de la distinction entre les sphères politique et religieuse, mais des lignes directrices claires émergent pour la mission des croyants de tous les temps, même pour nous aujourd’hui. Payer des impôts est un devoir des citoyens, tout comme le respect des justes lois de l’État. En même temps, il est nécessaire d’affirmer la primauté de Dieu dans la vie humaine et dans l’histoire, en respectant le droit de Dieu à ce qui lui appartient.

D’où la mission de l’Église et des chrétiens: parler de Dieu et le témoigner aux hommes et aux femmes de leur temps. Chacun de nous, par le Baptême, est appelé à être une présence vivante dans la société, en l’animant de l’Évangile et de la lymphe vitale du Saint-Esprit. Il s’agit de s’engager avec humilité et en même temps avec courage, apporter sa contribution à la construction de la civilisation de l’amour, où règnent la justice et la fraternité.

Sainte Marie aide chacun à échapper à toute hypocrisie et à être des citoyens honnêtes et constructifs. Et puisse-t-il nous soutenir, disciples du Christ, dans la mission de rendre témoignage que Dieu est le centre et le sens de la vie.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs!

Aujourd’hui, nous célébrons le Dimanche missionnaire mondial, qui a pour thème «Me voici, envoie-moi. Les tisserands de fraternité « . Ce mot «tisserands» est beau: chaque chrétien est appelé à être tisserand de fraternité. De manière particulière, ce sont les missionnaires – prêtres, consacrés et laïcs – qui sèment l’Évangile dans le grand champ du monde. Prions pour eux et apportons-leur notre soutien concret.

Dans ce contexte, je voudrais remercier Dieu pour la libération tant attendue du Père Pier Luigi Maccalli… – nous le saluons avec ces applaudissements! – qui a été enlevé il y a deux ans au Niger. Nous nous réjouissons également que trois autres otages aient été libérés avec lui. Nous continuons de prier pour les missionnaires et les catéchistes ainsi que pour ceux qui sont persécutés ou kidnappés dans diverses parties du monde.

Je voudrais dire un mot d’encouragement et de soutien aux pêcheurs qui ont été arrêtés pendant plus d’un mois en Libye et à leurs familles. En se confiant à Maria Stella del Mare, ils peuvent entretenir l’espoir de pouvoir bientôt embrasser à nouveau leurs proches. Je prie également pour les différentes discussions qui ont lieu au niveau international, afin qu’elles soient pertinentes pour l’avenir de la Libye.

Frères et sœurs, le moment est venu de mettre fin à toute forme d’hostilité, en encourageant le dialogue qui mène à la paix, à la stabilité et à l’unité dans le pays. Prions ensemble pour les pêcheurs et pour la Libye, en silence.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de divers pays. En particulier, je salue et je bénis affectueusement la communauté péruvienne de Rome, réunie ici avec l’image vénérée du Señor de los Milagros. Une salve d’applaudissements à la communauté péruvienne! Je salue également les volontaires de l’Organisation italienne pour la protection des animaux et la légalité.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES MISSIONS 2020

En 1926, le pape Pie XI proclame l’avant-dernier dimanche d’octobre « Journée mondiale de la mission ». Depuis, le Dimanche des Missions est célébrée chaque année sur tous les continents.

MESSAGE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS
POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES MISSIONS 2020

 « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 8)

Chers frères et sœurs,

Je désire rendre grâce à Dieu pour l’engagement avec lequel le Mois Missionnaire Extraordinaire a été vécu dans toute l’Église, durant le mois d’octobre passé. Je suis convaincu qu’il a contribué à stimuler la conversion missionnaire dans beaucoup de communautés, sur le chemin indiqué par le thème « Baptisés et envoyés : l’Eglise du Christ en mission dans le monde ».

En cette année, marquée par les souffrances et les défis causés par la pandémie de COVID-19, ce cheminement missionnaire de toute l’Église se poursuit à la lumière de la parole que nous trouvons dans le récit de la vocation du prophète Isaïe : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 8). C’est la réponse toujours renouvelée à la question du Seigneur : « Qui enverrai-je ? » (ibid.).

Cet appel provient du cœur de Dieu, de sa miséricorde qui interpelle tant l’Église que l’humanité, dans la crise mondiale actuelle. « Comme les disciples de l’Évangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse.

Nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. Dans cette barque… nous nous trouvons tous.

Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans l’angoisse disent : « Nous sommes perdus » (v. 38), nous aussi, nous nous sommes aperçus que nous ne pouvons pas aller de l’avant chacun tout seul, mais seulement ensemble » (Méditation à la Place Saint Pierre, 27 mars 2020).

Nous sommes vraiment effrayés, désorientés et apeurés. La douleur et la mort nous font expérimenter notre fragilité humaine ; mais en même temps, nous reconnaissons que nous sommes tous habités par un profond désir de vie et de libération du mal.

Dans ce contexte, l’appel à la mission, l’invitation à sortir de soi-même par amour de Dieu et du prochain, se présente comme une opportunité de partage, de service, d’intercession. La mission, que Dieu confie à chacun, fait passer du moi peureux et fermé au moi retrouvé et renouvelé par le don de soi.

Dans le sacrifice de la croix, où s’accomplit la mission de Jésus (cf. Jn 19, 28-30), Dieu révèle que son amour est pour chacun et pour tous (cf. Jn 19, 26-27). Et il nous demande notre disponibilité personnelle à être envoyés, parce qu’il est Amour en perpétuel mouvement de mission, toujours en sortie de soi-même pour donner vie. Par amour pour les hommes, Dieu le Père a envoyé son Fils Jésus (cf. Jn 3, 16).

Jésus est le Missionnaire du Père : sa Personne et son œuvre sont entièrement obéissance à la volonté du Père (cf. Jn 4, 34 ; 6, 38 ; 8, 12-30 ; He 10, 5-10). A son tour Jésus, crucifié et ressuscité pour nous, nous attire dans son mouvement d’amour, par son Esprit même, lequel anime l’Église, il fait de nous des disciples du Christ et nous envoie en mission vers le monde et les nations.

« La mission, « l’Église en sortie », ne constituent pas un programme à réaliser, une intention à concrétiser par un effort de volonté. C’est le Christ qui fait sortir l’Église d’elle-même. Dans la mission d’annoncer l’Évangile, vous vous mettez en mouvement parce que l’Esprit Saint vous pousse et vous porte » (Sans Jésus nous ne pouvons rien faire, LEV-Bayard, 2020, p. 23).

Dieu nous aime toujours le premier et avec cet amour, il nous rencontre et nous appelle. Notre vocation personnelle provient du fait que nous sommes tous fils et filles de Dieu dans l’Église, sa famille, frères et sœurs dans cette charité que Jésus nous a témoignée.

Tous, cependant, ont une dignité humaine fondée sur l’appel divin à être enfants de Dieu, à devenir, par le sacrement du baptême et dans la liberté de la foi, ce qu’ils sont depuis toujours dans le cœur de Dieu.

Déjà dans le fait de l’avoir reçue gratuitement, la vie constitue une invitation implicite à entrer dans la dynamique du don de soi : une semence qui, chez les baptisés, prendra une forme mature en tant que réponse d’amour dans le mariage et dans la virginité pour le Règne de Dieu. La vie humaine naît de l’amour de Dieu, grandit dans l’amour et tend vers l’amour.

Personne n’est exclu de l’amour de Dieu, et dans le sacrifice du Fils Jésus sur la croix, Dieu a vaincu le péché et la mort (cf. Rm 8, 31-39). Pour Dieu, le mal – même le péché – devient un défi d’aimer et d’aimer toujours plus (cf. Mt 5, 38-48 ; Lc 23, 33-34). Pour cela, dans le Mystère pascal, la divine miséricorde guérit la blessure originelle de l’humanité et se déverse sur l’univers entier.

L’Église, sacrement universel de l’amour de Dieu pour le monde, continue dans l’histoire la mission de Jésus et nous envoie partout afin que, à travers notre témoignage de foi et l’annonce de l’Evangile, Dieu manifeste encore son amour et puisse toucher et transformer les cœurs, les esprits, les corps, les sociétés et les cultures en tout lieu et en tout temps.

La mission est une réponse, libre et consciente, à l’appel de Dieu. Mais cet appel, nous ne pouvons le percevoir que lorsque nous vivons une relation personnelle d’amour avec Jésus vivant dans son Église.

Demandons-nous : sommes-nous prêts à accueillir la présence de l’Esprit Saint dans notre vie, à écouter l’appel à la mission, soit à travers la voie du mariage, soit à travers celle de la virginité consacrée ou du sacerdoce ordonné, et de toute façon dans la vie ordinaire de tous les jours ?

Sommes-nous disposés à être envoyés partout, pour témoigner de notre foi en Dieu Père miséricordieux, pour proclamer l’Évangile du salut de Jésus Christ, pour partager la vie divine de l’Esprit Saint en édifiant l’Église ? Comme Marie, la mère de Jésus, sommes-nous prêts à être sans réserve au service de la volonté de Dieu (cf. Lc 1, 38) ?

Cette disponibilité intérieure est très importante pour répondre à Dieu : Me voici, Seigneur : envoie-moi ! (cf. Is 6, 8). Et cela non pas dans l’abstrait, mais dans l’aujourd’hui de l’Église et de l’histoire.

Comprendre ce que Dieu est en train de nous dire en ce temps de pandémie devient aussi un défi pour la mission de l’Église. La maladie, la souffrance, la peur, l’isolement nous interpellent. La pauvreté de qui meurt seul, de qui est abandonné à lui-même, de qui perd son travail et son salaire, de qui n’a pas de maison et de nourriture nous interroge.

Obligés à la distance physique et à rester à la maison, nous sommes invités à redécouvrir que nous avons besoin de relations sociales, et aussi de la relation communautaire avec Dieu. Loin d’augmenter la méfiance et l’indifférence, cette condition devrait nous rendre plus attentifs à notre façon d’entretenir nos relations avec les autres.

Et la prière, par laquelle Dieu touche et meut notre cœur, nous ouvre aux besoins d’amour, de dignité et de liberté de nos frères, de même qu’au soin de toute la création. L’impossibilité de nous réunir en tant qu’Église pour célébrer l’Eucharistie nous a fait partager la condition de nombreuses communautés chrétiennes qui ne peuvent pas célébrer la Messe chaque dimanche.

Dans ce contexte, la question que Dieu pose : « Qui enverrai-je ? », nous est adressée de nouveau et attend de nous une réponse généreuse et convaincue : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 8). Dieu continue de chercher qui envoyer au monde et aux nations pour témoigner de son amour, de son salut du péché et de la mort, de sa libération du mal (cf. Mt 9, 35-38 ; Lc 10, 1-12).

Célébrer la Journée Missionnaire Mondiale signifie aussi réaffirmer comment la prière, la réflexion et l’aide matérielle de vos offrandes sont une opportunité permettant de participer activement à la mission de Jésus dans son Église.

La charité, exprimée dans les collectes des célébrations liturgiques du troisième dimanche d’octobre, a pour objectif de soutenir le travail missionnaire accompli en mon nom par les Œuvres Pontificales Missionnaires, pour répondre aux nécessités spirituelles et matérielles des peuples et des Églises dans le monde entier, pour le salut de tous.

Que la Très Sainte Vierge Marie, Étoile de l’évangélisation et Consolatrice des affligés, disciple missionnaire de son Fils Jésus, continue d’intercéder pour nous et de nous soutenir.

Rome, Saint Jean de Latran, 31 mai 2020, Solennité de la Pentecôte.

Pape François


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La prière des Psaumes. 1 – en eux le croyant trouve une réponse

Le Pape François a proposé aux fidèles venus pour l’audience générale mercredi 14 octobre une brève exploration du livre des Psaumes. Continuant son cycle de catéchèses consacré à la prière, le Saint-Père a montré combien le psautier permet à l’homme d’entretenir une relation avec Dieu dans toutes les périodes de sa vie, en particulier dans la souffrance. Sur les lèvres du priant, le psaume devient un cri que le Seigneur entend.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 14 octobre 2020

Catéchèse – 10. La prière des Psaumes. 1

Chers frères et sœurs, bonjour!

En lisant la Bible, on trouve sans cesse des prières de divers genres. Mais on trouve également un livre composé seulement de prières, un livre qui est devenu la patrie, le terrain d’exercice et la maison d’innombrables orants. Il s’agit du Livre des Psaumes. Il y a 150 psaumes pour prier.

Il fait partie des livres sapientiels, car il communique le “savoir prier” à travers l’expérience du dialogue avec Dieu. Dans les psaumes, nous trouvons tous les sentiments humains: les joies, les douleurs, les doutes, les espérances, les amertumes qui colorent notre vie. Le Catéchisme affirme que chaque psaume  «est d’une sobriété telle qu’il peut être prié en vérité par les hommes de toute condition et de tout temps» (CEC, n. 2588).

En lisant et en relisant les psaumes, nous apprenons le langage de la prière. Dieu le Père, en effet, les a inspirés avec son Esprit dans le cœur du roi David et d’autres orants, pour enseigner à chaque homme et femme comment le louer, comment le remercier et le supplier, comment l’invoquer dans la joie et dans la douleur, comment raconter les merveilles de ses œuvres et de sa Loi.

En synthèse, les psaumes sont la parole de Dieu que nous, les humains, nous utilisons pour parler avec Lui. Dans ce livre, nous ne rencontrons pas de personnes éthérées, des personnes abstraites, des gens qui confondent la prière avec une expérience esthétique ou aliénante.

Les psaumes ne sont pas des textes nés à un bureau ; ce sont des invocations, souvent dramatiques, qui jaillissent du vif de l’existence. Pour les prier, il suffit d’être ce que nous sommes. Nous ne devons pas oublier que pour bien prier, nous devons prier tels que nous sommes, sans maquillage.

Il ne faut pas maquiller son âme pour prier. «Seigneur, je suis ainsi», et se présenter devant le Seigneur tels que nous sommes, avec les belles choses et aussi avec les choses laides que personne ne connaît, mais que nous, à l’intérieur, nous connaissons.

Dans les psaumes, nous entendons les voix d’orants en chair et en os, dont la vie, comme celle de tous, est remplie de problèmes, de difficultés, d’incertitudes. Le psalmiste ne conteste pas de manière radicale cette souffrance: il sait qu’elle appartient à la vie. Dans les psaumes, cependant, la souffrance se transforme en question. De la souffrance à la question.

Et parmi les nombreuses questions, il y en a une qui reste suspendue, comme un cri incessant qui traverse le livre entier de part en part. Une question, que nous répétons tant de fois: “Jusqu’à quand, Seigneur? Jusqu’à quand?

Chaque douleur réclame une libération, chaque larme invoque une consolation, chaque blessure attend une guérison, chaque calomnie une sentence d’absolution. «Jusqu’à quand, Seigneur, devrais-je endurer cela? Ecoute-moi, Seigneur!»: combien de fois avons-nous prié ainsi, avec «Jusqu’à quand?», cela suffit Seigneur!

En posant sans cesse des questions de ce genre, les psaumes nous enseignent à ne pas nous habituer à la douleur, et ils nous rappellent que la vie n’est pas sauvée si elle n’est pas guérie. L’existence de l’homme est un souffle, son histoire est fugace, mais l’orant sait qu’il est précieux aux yeux de Dieu, c’est pourquoi crier a un sens. Et cela est important.

Quand nous prions, nous le faisons parce que nous savons que nous sommes précieux aux yeux de Dieu. C’est la grâce de l’Esprit Saint qui, de l’intérieur, suscite en nous cette conscience: d’être précieux aux yeux de Dieu. Et pour cette raison, nous sommes poussés à prier.

La prière des psaumes est le témoignage de ce cri: un cri multiple, car dans la vie la douleur a mille forme, et prend le nom de maladie, haine, guerre, persécution, méfiance… Jusqu’au “scandale” suprême, celui de la mort.

La mort apparaît dans le Psautier comme l’ennemie la plus déraisonnable de l’homme: quel délit mérite une punition aussi cruelle, qui comporte l’anéantissement et la fin? L’orant des psaumes demande à Dieu d’intervenir là où tous les efforts humains sont vains. Voilà pourquoi la prière, déjà en elle-même, est une chemin de salut et un début de salut.

Tous souffrent dans ce monde: aussi bien celui qui croit en Dieu que celui qui le repousse. Mais dans le Psautier, la douleur devient relation, rapport: un cri d’aide qui attend d’intercepter une oreille attentive. Elle ne peut pas rester sans sens, sans but. Même les douleurs que nous subissons ne peuvent pas être seulement des cas spécifiques d’une loi universelle: ce sont toujours “mes” larmes.

Pensez à cela: les larmes ne sont pas universelles, ce sont «mes» larmes. Chacun a les siennes. «Mes» larmes et «ma» douleur me poussent à aller de l’avant avec la prière. Ce sont «mes» larmes, que personne n’a jamais versées avant moi. Oui, beaucoup de personnes ont pleuré, beaucoup. Mais «mes» larmes sont les miennes, «ma» douleur est la mienne, «ma» souffrance est la mienne.

Avant d’entrer dans la salle, j’ai rencontré les parents de ce prêtre du diocèse de Côme qui a été tué; il a précisément été tué dans son service pour aider. Les larmes de ces parents sont «leurs» larmes et chacun d’eux sait combien il a souffert en voyant ce fils qui a donné sa vie dans le service aux pauvres. Quand nous voulons consoler quelqu’un, nous ne trouvons pas les mots.

Pourquoi? Parce que nous ne pouvons pas arriver à sa douleur, parce que «sa» douleur est la sienne, «ses» larmes sont les siennes. C’est la même chose pour nous: les larmes, «ma» douleur est la mienne, les larmes sont «les miennes» et avec ces larmes, avec cette douleur, je m’adresse au Seigneur.

Pour Dieu, toutes les douleurs des hommes sont sacrées. C’est ainsi que prie l’orant du psaume 56: «Toi, tu tiens le compte de chacun des pas de ma vie errante, et mes larmes même tu les gardes dans ton outre. Leur compte est inscrit dans ton livre» (v. 9). Devant Dieu, nous ne sommes pas des inconnus, ou des numéros. Nous sommes des visages et des cœurs, connus un par un, par leur nom.

Dans les psaumes, le croyant trouve une réponse, Il sait que, même si toutes les portes humaines étaient fermées, la porte de Dieu est ouverte. Même si tout le monde avait prononcé un verdict de condamnation, en Dieu se trouve le salut.

“Le Seigneur écoute”: quelquefois dans le prière, il suffit de savoir. Les problèmes ne se résolvent pas toujours. Celui qui prie n’est pas un naïf: il sait que de nombreuses questions de la vie d’ici-bas restent sans solution, sans issue; la souffrance nous accompagnera et après une bataille gagnée, il y en aura d’autres qui nous attendent. Mais si nous sommes écoutés, tout devient plus  supportable.

La pire chose qui puisse arriver est de souffrir dans l’abandon, sans qu’on se souvienne de nous. La prière nous sauve de cela. Car il peut arriver, et même souvent, de ne pas comprendre les desseins de Dieu. Mais nos cris ne stagnent pas ici-bas:

ils montent jusqu’à Lui, qui a un cœur de Père, et qui pleure Lui-même pour chaque fils et fille qui souffre et qui meurt. Je vais vous dire quelque chose: cela me fait du bien, dans les mauvais moments, de penser aux pleurs de Jésus, quand il pleura en regardant Jérusalem, quand il pleura devant la tombe de Lazare. Dieu a pleuré pour moi, Dieu pleure, il pleure pour nos douleurs.

Car Dieu a voulu se faire homme – disait un auteur spirituel – pour pouvoir pleurer. Penser que Jésus pleure avec moi dans la douleur est une consolation: il nous aide à aller de l’avant. Si nous restons dans la relation avec Lui, la vie ne nous épargne pas les souffrances, mais elle s’ouvre à un grand horizon de bien et se met en marche vers son accomplissement. Courage, allons de l’avant avec la prière. Jésus est toujours à nos côtés.


Je salue cordialement les personnes de langue française. Alors que l’humanité souffre encore de la pandémie, je vous invite à lire et à prier les psaumes, assurés que Dieu nous écoute et qu’il n’abandonne jamais ceux qui mettent leur confiance en lui. En ce mois du Rosaire, que la Vierge Marie vous garde et vous protège.


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, dans les Psaumes nous trouvons tous les sentiments humains : les joies, les souffrances, les doutes, les espérances, les amertumes qui colorent notre vie. En lisant les psaumes nous apprenons le langage de la prière. Ils sont la parole de Dieu que nous utilisons pour parler avec lui. Ils sont des invocations, souvent dramatiques, qui surgissent du vif de l’existence. Pour les prier, il suffit d’être ce que nous sommes.

En eux la souffrance se transforme en demande. Celui qui prie sait qu’il est précieux aux yeux de Dieu, pour qui crier a un sens. La prière des psaumes est le témoignage de ce cri. Celui qui prie les psaumes demande à Dieu d’intervenir là où tous les efforts humains sont vains. Et alors la souffrance devient relation : c’est l’appel à l’aide qui attend d’être intercepté par une oreille qui entende. Pour Dieu, toutes les douleurs des hommes sont sacrées.

Devant lui nous ne sommes pas des inconnus ou des numéros. Nous sommes connus chacun par notre nom. Sa porte est toujours ouverte. Parfois, il suffit de savoir qu’il écoute. Celui qui prie sait que bien des questions de la vie demeurent sans solution. Mais si nous sommes écoutés, tout devient plus supportable.

Le pire c’est de souffrir abandonnés. La prière nous sauve de cela. La vie ne nous épargne pas les souffrances, mais si nous demeurons en relation avec Dieu, elle s’ouvre à un large horizon de bien et s’achemine vers son accomplissement.


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