Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Marie, icône de la foi obéissante

Vierge Marie - église de la Souterraine (Creuse)
Vierge Marie – église de la Souterraine (Creuse)

Sur le chemin de l’Avent, la Vierge Marie occupe une place particulière comme celle qui, de façon unique, a attendu la réalisation des promesses de Dieu, en accueillant dans la foi et dans la chair Jésus, le Fils de Dieu, en pleine obéissance à la volonté divine. Aujourd’hui, je voudrais réfléchir brièvement avec vous sur la foi de Marie à partir du grand mystère de l’Annonciation.

« Chaîre kecharitomene, ho Kyrios meta sou », « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28). Telles sont les paroles — rapportées par l’évangéliste Luc — par lesquelles l’archange Gabriel s’adresse à Marie.

À première vue, le terme chaîre, « réjouis-toi », semble une salutation normale, habituelle dans le contexte grec, mais s’il est lu dans le cadre de la tradition biblique, ce mot acquiert une signification beaucoup plus profonde. Ce même terme est présent quatre fois dans la version grecque de l’Ancien Testament et toujours comme une annonce de joie pour la venue du Messie (cf. So 3, 14 ; Jl 2, 21 ; Za 9, 9 ; Lm 4, 21).

Le salut de l’ange à Marie est donc une invitation à la joie, à une joie profonde, il annonce la fin de la tristesse qu’il y a dans le monde face à la limite de la vie, à la souffrance, à la mort, à la méchanceté, aux ténèbres du mal qui semblent obscurcir la lumière de la bonté divine. C’est un salut qui marque le début de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle.

Mais pourquoi Marie est-elle invitée à se réjouir de cette façon ? La réponse se trouve dans la deuxième partie du salut :  «Le Seigneur est avec toi ». Ici aussi, pour bien comprendre le sens de l’expression, nous devons nous tourner vers l’Ancien Testament.

Dans le Livre de Sophonie, nous trouvons cette expression : « Pousse des cris de joie, fille de Sion… Le Seigneur est roi d’Israël au milieu de toi… Le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur » (3, 14-17). Dans ces paroles, il y a une double promesse faite à Israël, à la fille de Sion : Dieu viendra comme sauveur et habitera précisément au milieu de son peuple, dans le sein de la fille de Sion.

Dans le dialogue entre l’ange et Marie se réalise exactement cette promesse : Marie est identifiée avec le peuple épousé par Dieu, elle est véritablement la Fille de Sion en personne; en elle s’accomplit l’attente de la venue définitive de Dieu, en elle habite le Dieu vivant.

Dans le salut de l’ange, Marie est appelée « pleine de grâce » ; en grec, le terme « grâce », charis, a la même racine linguistique que le terme « joie ».

Dans cette expression également est éclaircie ultérieurement la source de la joie de Marie : la joie provient de la grâce, c’est-à-dire qu’elle provient de la communion avec Dieu, du fait d’avoir une relation si vitale avec Lui, du fait d’être demeure de l’Esprit Saint, entièrement formée par l’action de Dieu. Marie est la créature qui de façon unique a ouvert toute grande la porte à son Créateur, elle s’est placée entre ses mains, sans limite.

Elle vit entièrement de la et dans la relation avec le Seigneur ; elle est dans une attitude d’écoute, attentive à saisir les signes de Dieu sur le chemin de son peuple ; elle est insérée dans une histoire de foi et d’espérance dans les promesses de Dieu, qui constitue le tissu de son existence. Et elle se soumet librement à la parole reçue, à la volonté divine dans l’obéissance de la foi.

L’évangéliste Luc raconte l’histoire de Marie à travers un subtil parallélisme avec l’histoire d’Abraham. Comme le grand Patriarche est le père des croyants, qui a répondu à l’appel de Dieu à quitter la terre où il vivait, ses certitudes, pour entamer le chemin vers une terre inconnue et possédée uniquement dans la promesse divine, de même Marie s’en remet avec une totale confiance à la parole que lui a annoncée le messager de Dieu et devient modèle et mère de tous les croyants.

Je voudrais souligner un autre aspect important : l’ouverture de l’âme à Dieu et à son action dans la foi inclut aussi l’élément de l’obscurité. La relation de l’être humain avec Dieu n’efface pas la distance entre le Créateur et la créature, n’élimine pas ce qu’affirme l’apôtre Paul face aux profondeurs de la sagesse de Dieu : « Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles ! » (Rm 11, 33).

Mais justement celui qui — comme Marie — est ouvert de façon totale à Dieu, parvient à accepter le vouloir divin, même s’il est mystérieux, même si souvent il ne correspond pas à notre propre volonté et qu’il est une épée qui transperce l’âme, comme le dira prophétiquement le vieux Syméon à Marie, au moment où Jésus est présenté au Temple (cf. Lc 2, 35).

Le chemin de foi d’Abraham comprend le moment de joie pour le don de son fils Isaac, mais aussi le moment de l’obscurité, lorsqu’il doit monter sur le mont Moriah pour accomplir un geste paradoxal : Dieu lui demande de sacrifier le fils qu’il vient de lui donner.

Sur le mont, l’ange lui ordonne : « N’étends pas la main contre l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique » (Gn 22, 12) ; la pleine confiance d’Abraham dans le Dieu fidèle aux promesses ne manque pas non plus lorsque sa parole est mystérieuse et difficile, presque impossible à accueillir.

Ainsi en est-il pour Marie, sa foi vit la joie de l’Annonciation mais passe aussi à travers l’obscurité de la crucifixion de son Fils, pour pouvoir atteindre la lumière de la Résurrection.

Il en est de même aussi pour le chemin de foi de chacun de nous: nous rencontrons des moments de lumière, mais nous rencontrons aussi des passages où Dieu semble absent, son silence pèse dans notre cœur et sa volonté ne correspond pas à la nôtre, à ce que nous voudrions.

Mais plus nous nous ouvrons à Dieu, plus nous accueillons le don de la foi, plus nous plaçons totalement en Lui notre confiance — comme Abraham et comme Marie — alors plus Il nous rend capables, par sa présence, de vivre toute situation de la vie dans la paix et dans la certitude de sa fidélité et de son amour. Mais cela signifie sortir de soi et de nos projets, afin que la Parole de Dieu soit la lampe qui guide nos pensées et nos actions.

Je voudrais m’arrêter encore sur un aspect qui émerge des récits sur l’Enfance de Jésus raconté par saint Luc. Marie et Joseph portent leur fils à Jérusalem, au Temple, pour le présenter et le consacrer au Seigneur comme le prescrit la loi de Moïse : «Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur » (cf. Lc 2, 22-24).

Ce geste de la Sainte Famille acquiert un sens encore plus profond si nous le lisons à la lumière de la science évangélique de Jésus à douze ans qui, après trois jours de recherche, est retrouvé au Temple en train de discuter parmi les docteurs.

Aux paroles pleines d’inquiétude de Marie et Joseph : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés », correspond la mystérieuse réponse de Jésus : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2, 48-49).

C’est-à-dire dans la propriété du Père, dans la maison du Père, comme l’est un fils. Marie doit renouveler la foi profonde avec laquelle elle a dit « oui » lors de l’Annonciation ; elle doit accepter que la priorité soit donnée au Père véritable et propre de Jésus ; elle doit savoir laisser libre ce Fils qu’elle a engendré pour qu’il suive sa mission.

Et le « oui » de Marie à la volonté de Dieu, dans l’obéissance de la foi, se répète tout au long de sa vie, jusqu’au moment le plus difficile, celui de la Croix.

Face à tout cela, nous pouvons nous demander : comment Marie a-t-elle pu vivre ce chemin aux côtés de son Fils avec une foi aussi solide, même dans l’obscurité, sans perdre la pleine confiance dans l’action de Dieu ?

Il existe une attitude de fond que Marie prend face à ce qui se passe dans sa vie. Lors de l’Annonciation, elle est troublée en écoutant les paroles de l’Ange — c’est la crainte que l’homme éprouve lorsqu’il est touché par la proximité de Dieu —, mais ce n’est pas l’attitude de celui qui a peur devant ce que Dieu peut demander. Marie réfléchit, elle s’interroge sur la signification de ce salut (cf. Lc 1, 29).

Le terme grec utilisé dans l’Évangile pour définir cette « réflexion », « dielogizeto », rappelle la racine de la parole « dialogue ». Cela signifie que Marie entre dans un dialogue intime avec la Parole de Dieu qui lui a été annoncée, elle ne la considère pas superficiellement, mais elle s’arrête, elle la laisse pénétrer dans son esprit et dans son cœur pour comprendre ce que le Seigneur veut d’elle, le sens de l’annonce.

Nous trouvons une autre mention de l’attitude intérieure de Marie face à l’action de Dieu, toujours dans l’Évangile de saint Luc, au moment de la naissance de Jésus, après l’adoration des bergers.

Il y est affirmé que Marie « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19) ; en grec le terme est symballon, nous pourrions dire qu’Elle « retenait ensemble », qu’elle « mettait ensemble » dans son cœur tous les événements qui lui arrivaient ; elle plaçait chaque événement particulier, chaque parole, chaque fait à l’intérieur du tout et elle le confrontait, elle le conservait, reconnaissant que tout provient de la volonté de Dieu.

Marie ne s’arrête pas à une première compréhension superficielle de ce qui se passe dans sa vie, mais elle sait regarder en profondeur, elle se laisse interpeller par les événements, elle les élabore, elle les discerne et acquiert cette compréhension que seule la foi peut garantir.

C’est l’humilité profonde de la foi obéissante de Marie, qui accueille en elle également ce qu’elle ne comprend pas dans l’action de Dieu, en laissant Dieu ouvrir son esprit et son cœur. « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 44), s’exclame sa parente Élisabeth. C’est précisément en raison de sa foi que toutes les générations l’appelleront bienheureuse.

Chers amis, la solennité du Noël du Seigneur que nous célébrerons d’ici peu, nous invite à vivre cette même humilité et obéissance de foi. La gloire de Dieu ne se manifeste pas dans le triomphe et dans le pouvoir d’un roi, elle ne resplendit pas dans une ville célèbre, dans un palais somptueux, mais elle prend sa demeure dans le sein d’une vierge, elle se révèle dans la pauvreté d’un enfant.

La toute-puissance de Dieu, même dans notre vie, agit avec la force, souvent silencieuse, de la vérité et de l’amour. La foi nous dit alors que la puissance sans défense de cet Enfant vainc le bruit des puissances du monde.

* * *

Marie est appelée bienheureuse à cause de sa foi obéissante. Comme elle, laissons la Parole de Dieu illuminer nos pensées et nos actions. Durant les fêtes de la Nativité, demandons-lui la grâce de sentir comment la toute-puissance de Dieu agit dans nos vies avec la force de la vérité et de l’amour. Joyeux Noël à tous !

BENOÎT XVI AUDIENCE GÉNÉRALE – Salle Paul VI Vatican – mercredi 19 décembre 2012

© Copyright 2012 – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Catéchèse – 19. La prière d’intercession

Le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèse sur la prière, lors de l’audience générale, en se penchant ce mercredi sur la prière d’intercession. Malgré la solitude de la prière, l’orant prie pour le monde, comme «une antenne de Dieu».

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 16 décembre 2020


Résumé :

Frères et sœurs, une prière qui ne recueille pas les joies et les douleurs, les espérances et les angoisses de l’humanité devient une activité « décorative ». Nous avons tous besoin de nous retirer dans un espace et un temps consacrés à notre relation avec Dieu. Les hommes et les femmes de prière cherchent la solitude et le silence pour mieux écouter la voix de Dieu.

Quiconque peut frapper à la porte de la personne qui prie et trouver en elle un cœur plein de compassion. Il y a une expérience de l’humain dans chaque prière, car les personnes, quelles que soient leurs erreurs, ne doivent pas être refusées ou rejetées. Lorsqu’un croyant, mû par l’Esprit Saint, prie pour les pécheurs, il ne fait pas de sélection et n’émet pas de jugements de condamnation.

Le monde va de l’avant grâce à ceux qui prient en intercédant. L’Église, dans tous ses membres, a la mission de pratiquer la prière d’intercession, particulièrement ceux qui ont un rôle de responsabilité. Nous sommes tous des feuilles du même arbre : chacune, lorsqu’elle se détache, nous rappelle que nous devons nous soutenir les uns les autres dans la prière.

Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! Dans l’attente de l’Emmanuel, le Bon Pasteur, soyons des hommes et des femmes qui assument les joies et les douleurs, les espérances et les angoisses de l’humanité dans la prière d’intercession.

A tous, je donne ma bénédiction !

Catéchèse – 19. La prière d’intercession (texte intégral)

Chers frères et sœurs, bonjour!

Ceux qui prient ne laissent jamais le monde derrière eux. Si la prière ne recueille pas les joies et les peines, les espoirs et les angoisses de l’humanité, elle devient une activité «décorative», une attitude superficielle, théâtrale, une attitude intime. Nous avons tous besoin d’intériorité: de nous replier dans un espace et un temps dédiés à notre relation avec Dieu, mais cela ne signifie pas échapper à la réalité.

Dans la prière, Dieu « nous prend, nous bénit, puis nous brise et nous donne », pour la faim de tous. Chaque chrétien est appelé à devenir, entre les mains de Dieu, le pain rompu et partagé. C’est-à-dire une prière concrète, qui n’est pas une évasion. Ainsi, hommes et femmes de prière recherchent la solitude et le silence, non pour ne pas être ennuyés, mais pour mieux entendre la voix de Dieu.

Ils se retirent parfois du monde, dans le secret de leur propre chambre, comme Jésus l’a recommandé (cf. Mt 6 , 6), mais, où qu’ils soient, ils gardent toujours la porte de leur cœur grande ouverte: une porte ouverte pour ceux qui prient sans savoir qu’ils prient; pour ceux qui ne prient pas du tout mais portent en eux un cri étouffé, une invocation cachée; pour ceux qui se sont trompés et se sont égarés …

N’importe qui peut frapper à la porte d’une personne en prière et trouver en elle un cœur compatissant, qui prie sans exclure personne. La prière est notre cœur et notre voix, et elle devient le cœur et la voix de nombreuses personnes qui ne savent pas prier ou ne prient pas, ou ne veulent pas prier ou sont incapables de prier: nous sommes le cœur et la voix de ces personnes qui se lèvent vers Jésus, qui s’élèvent vers le Père, comme intercesseurs.

Dans la solitude celui qui prie – à la fois la solitude de long temps et la solitude d’une demi-heure pour prier – se sépare de tout et de chacun pour trouver tout et chacun en Dieu. Ainsi, la personne priant pour le monde entier, portant sur ses épaules douleurs et péchés. Priez pour chacune et chacun: c’est comme si c’était une « antenne » de Dieu dans ce monde. En chaque pauvre homme qui frappe à la porte, en chaque personne qui a perdu le sens des choses, celui qui prie voit le visage du Christ.

Le Catéchisme écrit: «Intercéder, demander en faveur d’un autre […] est la prérogative d’un cœur en accord avec la miséricorde de Dieu» (n. 2635). C’est beau. Quand nous prions, nous sommes en harmonie avec la miséricorde de Dieu: miséricorde envers nos péchés – lui qui nous est miséricordieux – mais aussi miséricorde envers tous ceux qui ont demandé à prier pour eux, pour qui nous voulons prier en harmonie avec le cœur de Dieu. C’est la vraie prière.

En harmonie avec la miséricorde de Dieu, ce cœur miséricordieux. «Au temps de l’Église, l’intercession chrétienne participe à celle du Christ: elle est une expression de la communion des saints» (ibid.). Que signifie le fait que l’on participe à l’intercession du Christ lorsque j’intercède pour quelqu’un ou prie pour quelqu’un?

Parce que le Christ est intercesseur devant le Père, il prie pour nous et prie en montrant au Père les blessures de ses mains; parce que Jésus physiquement, avec son corps, se tient devant le Père. Jésus est notre intercesseur, et prier, c’est faire quelque chose comme Jésus: intercéder en Jésus pour le Père, pour les autres. Et c’est très beau.

La prière au cœur de l’homme . Simplement l’homme. Celui qui n’aime pas son frère ne prie pas sérieusement. On peut dire: dans un esprit de haine, on ne peut pas prier; dans un esprit d’indifférence, on ne peut pas prier. La prière seule est donnée dans un esprit d’amour. Celui qui n’aime pas fait semblant de prier, ou il pense prier, mais il ne prie pas, car l’esprit même qu’est l’amour manque.

Dans l’Église, ceux qui connaissent la tristesse ou la joie de l’autre vont plus loin que ceux qui enquêtent sur les «systèmes maximaux». Pour cette raison, il y a une expérience de l’humain dans chaque prière, parce que les gens, même s’ils peuvent commettre des erreurs, ne doivent jamais être rejetés.

Lorsqu’un croyant, animé par le Saint-Esprit, prie pour les pécheurs, il ne fait pas de choix, il ne prononce pas de jugements de condamnation: il prie pour tous. Et il prie aussi pour lui-même. À ce moment-là, il sait qu’il n’est même pas trop différent des personnes pour lesquelles il prie: il se sent pécheur, parmi les pécheurs, et prie pour tous.

La leçon de la parabole du pharisien et du collecteur d’impôts est toujours vivante et actuelle (cf. Lc 18, 9-14): nous ne sommes pas meilleurs que quiconque, nous sommes tous frères dans une communauté de fragilité, de souffrance et de pécheurs.

Par conséquent, une prière que nous pouvons adresser à Dieu est celle-ci: « Seigneur, nul vivant devant toi n’est juste (cf. Ps 143,2) – cela est dit dans un psaume: » Seigneur, nul vivant devant toi n’est juste « , aucun de nous : nous sommes tous des pécheurs -, nous sommes tous des débiteurs qui un compte en suspens ; il n’y a personne qui soit parfait à tes yeux. Seigneur, aie pitié de nous! »

Et avec cet esprit, la prière est féconde, car nous allons humblement devant Dieu pour prier pour tous. Au lieu de cela, le pharisien a orgueilleusement prié: «Merci, Seigneur, parce que je ne suis pas comme ces pécheurs; J’ai raison, je fais toujours … « . Ce n’est pas une prière: c’est regarder dans le miroir, sa propre réalité, se regarder dans le miroir fait d’orgueil.

Le monde continue grâce à cette chaîne de priants qui intercèdent, et qui sont pour la plupart inconnus… mais pas pour Dieu! Il y a beaucoup de chrétiens inconnus qui, en temps de persécution, ont pu répéter les paroles de notre Seigneur: « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).

Le bon berger reste fidèle même face à constatation du péché de son propre peuple: le bon berger continue à être père même lorsque ses enfants s’en vont et l’abandonnent. Il persévère dans son service de berger même envers ceux qui le porte à se salir les mains; il ne ferme pas son cœur à ceux qui l’ont peut-être fait souffrir.

L’Église, dans tous ses membres, a pour mission de pratiquer la prière d’intercession, elle intercède pour les autres. En particulier, toute personne placée dans un rôle de responsabilité a un devoir: parents, éducateurs, ministres ordonnés, supérieurs de communauté …

Comme Abraham et Moïse, ils doivent parfois «défendre» devant Dieu le peuple qui leur est confié. En réalité, il s’agit de les regarder avec les yeux et le cœur de Dieu, avec sa propre compassion et sa tendresse invincibles. Prier tendrement pour les autres.

Frères et sœurs, nous sommes tous les feuilles du même arbre: chaque détachement nous rappelle la grande piété que nous devons cultiver, dans la prière, les uns pour les autres. Prions les uns pour les autres: cela nous fera du bien et cela fera du bien à tous. Merci!

Salutations

Je suis heureux de saluer les francophones. En attendant l’Emmanuel, le Bon Pasteur, essayons d’être des hommes et des femmes qui s’approprient les joies et les souffrances, les espérances et les angoisses de l’humanité, dans la prière d’intercession. Je donne ma bénédiction à tout le monde.

Je salue cordialement les fidèles anglophones. Je prie pour que la lumière du Christ illumine les étapes de notre chemin de l’Avent et dissipe l’obscurité de la peur de nos cœurs. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Seigneur Jésus-Christ.

Un salut chaleureux est adressé aux frères et sœurs germanophones. L’intercession nous unit à la prière de Jésus, qui intercède auprès du Père pour tous les hommes. N’oublions pas de prier le Seigneur au nom des autres, même pour ceux qui nous font du mal. Un bon Avent à tous.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Demain, nous commençons les grands jours de l’Avent et la liturgie se concentre davantage sur la préparation de Noël. En ces jours spéciaux, je vous encourage à consacrer plus de temps à la prière d’intercession: prions avec plus d’intensité en nous demandant les uns les autres, en particulier pour ceux qui souffrent le plus. Que Dieu vous bénisse.

J’adresse un salut cordial aux fidèles de langue portugaise. Chers frères, la prière au temps de l’Avent nous aide à nous rappeler que nous ne sommes plus justes et meilleurs que les autres, mais que nous sommes tous des pécheurs qui ont besoin d’être touchés par la miséricorde de Dieu. Que la bénédiction du Seigneur descende sur chacun de vous.

Je salue les fidèles arabophones. Nous sommes tous les feuilles du même arbre: chaque détachement nous rappelle la grande piété que nous devons cultiver, dans la prière, les uns pour les autres. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal.

Je salue cordialement tous les Polonais. Aujourd’hui commence la Neuvaine à l’Enfant Jésus. Que saint Joseph vous accompagne dans votre chemin de l’Avent cette année, d’une manière particulière. Que l’Enfant Divin, qui a vu la tendresse de Dieu en lui, remplisse vos cœurs, spécialement en ces temps difficiles, de la certitude que notre Père céleste est un Dieu de tendresse, qui est bon envers tous et que sa miséricorde s’étend sur tous ses enfants. Je vous bénis de tout mon cœur.

* * *

Je salue cordialement les fidèles italophones. Je voudrais exhorter chacun à « se presser » vers Noël, le vrai, c’est-à-dire la naissance de Jésus-Christ. Cette année, des restrictions et des inconvénients nous attendent; mais pensons au Noël de la Vierge Marie et de Saint Joseph: ce n’étaient pas des roses et des fleurs! Combien de difficultés ils ont eues! Combien de soucis!

Pourtant, la foi, l’espérance et l’amour les ont guidés et soutenus. Qu’il en soit ainsi pour nous aussi! Aide-nous aussi – cette difficulté – à purifier un peu la façon de vivre Noël, de célébrer, de sortir du consumérisme: qu’elle soit plus religieuse, plus authentique, plus vraie.

Comme toujours, je m’adresse enfin aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Je souhaite à chacun d’accueillir la grâce de ces jours: qu’elle devienne pour vous une vieille consolation, pour vous jeune force, pour votre réconfort malade et pour vous, les jeunes mariés, la confiance en la divine Providence. Que Dieu vous bénisse tous!


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté et traduit par l’Association de la Médaille Miraculeuse

La joie, règle pour les chrétiens

Au troisième dimanche de l’Avent, qui tombe cette année le 13 décembre – 51e anniversaire de l’ordination sacerdotale du Pape – le Pontife parle de Jean-Baptiste: «leader de son temps», qui a vécu l’anticipation et la joie de voir le Messie sans jamais attirer l’attention sur lui-même mais en l’orientant vers le Christ. À la fin, la bénédiction traditionnelle des «enfants».

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche 13 décembre 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

L’invitation à la joie est caractéristique du temps de l’Avent: l’attente de la naissance de Jésus, l’attente que nous vivons est joyeuse, un peu comme lorsque nous attendons la visite d’une personne que nous aimons beaucoup, par exemple un ami que nous ne voyons pas. depuis longtemps, un parent … Nous sommes dans une attente joyeuse.

Et cette dimension de joie émerge surtout aujourd’hui, le troisième dimanche, qui s’ouvre sur l’exhortation de Saint Paul «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur» (Antienne d’entrée; cf. Ph 4, 4.5). « Réjouir! » Joie chrétienne. Et quelle est la raison de cette joie? Que «le Seigneur est proche» (v. 5).

Plus le Seigneur est proche de nous, plus nous sommes dans la joie; plus il est distant, plus nous sommes dans la tristesse. C’est une règle pour les chrétiens. Un jour, un philosophe a dit quelque chose de plus ou moins comme ceci: «Je ne comprends pas comment on peut croire aujourd’hui, parce que ceux qui disent croire ont un visage de veillée funèbre. Ils ne témoignent pas de la joie de la résurrection de Jésus-Christ. »

Tant de chrétiens avec ce visage, oui, le visage de veillée funèbre, le visage de la tristesse … Mais le Christ est ressuscité! Le Christ vous aime! Et tu n’as pas de joie? Pensons-y un moment et disons: « Je suis heureux parce que le Seigneur est proche de moi, parce que le Seigneur m’aime, pourquoi le Seigneur m’a-t-il racheté? »

L’Évangile selon Jean nous présente aujourd’hui le personnage biblique qui – à l’exception de Notre-Dame et de Saint Joseph – a le premier et le plus éprouvé l’attente du Messie et la joie de le voir arriver: nous parlons naturellement de Jean-Baptiste (cf.Jn 1, 6- 8.19-28).

L’évangéliste le présente de manière solennelle: «Un homme est venu envoyé par Dieu […]. Il est venu comme témoin pour rendre témoignage à la lumière »(vv. 6-7). Le Baptiste est le premier témoin de Jésus, avec la parole et avec le don de la vie. Tous les Évangiles sont d’accord pour montrer comment il a accompli sa mission en désignant Jésus comme le Christ, le Messager de Dieu promis par les prophètes.

Jean était un leader de son temps. Sa renommée s’était répandue dans toute la Judée et au-delà, jusqu’en Galilée. Mais il ne céda pas même un instant à la tentation de se faire remarquer: il s’orientait toujours vers Celui qui allait venir. Il a dit: «Pour lui, je ne suis pas digne de dénouer le lacet de sa sandale» (v. 27). Soulignant toujours le Seigneur.

La Madone: rapporte au Seigneur toujours: «Faites ce qu’il vous dira». Toujours le Seigneur au centre. Les saints autour rapportent au Seigneur. Et quiconque ne rapporte pas au Seigneur n’est pas saint!

Voici la première condition de la joie chrétienne: se décentrer et mettre Jésus au centre. Ce n’est pas l’aliénation, parce que Jésus est effectivement le centre, il est la lumière qui donne tout son sens à la vie de chaque homme et femme qui vient dans ce monde. C’est le même dynamisme d’amour, qui me conduit à sortir de moi non pas pour me perdre, mais à me retrouver pendant que je me donne, pendant que je cherche le bien de l’autre.

Jean-Baptiste a parcouru un long chemin pour rendre témoignage de Jésus. Le chemin de la joie n’est pas une marche. Il faut du travail pour toujours être dans la joie. Jean a tout quitté, dès son plus jeune âge, pour mettre Dieu en premier, pour écouter sa Parole de tout son cœur et de toute sa force. Jean se retira dans le désert, se dépouillant de tout ce qui était superflu, pour être plus libre de suivre le vent du Saint-Esprit.

Bien sûr, certains traits de sa personnalité sont uniques, irremplaçables, ne conviennent pas à tout le monde. Mais son témoignage est paradigmatique pour quiconque veut chercher le sens de sa vie et trouver la vraie joie.

En particulier, le Baptiste est un modèle pour ceux qui, dans l’Église, sont appelés à annoncer le Christ aux autres: ils ne peuvent le faire que par détachement d’eux-mêmes et de la mondanité, non en attirant les gens vers eux-mêmes mais en les dirigeant vers Jésus. La joie est celle-ci: s’orienter vers Jésus. Et la joie doit être la marque de notre foi.

Même dans les moments sombres, cette joie est intérieure, de savoir que le Seigneur est avec moi, que le Seigneur est avec nous, que le Seigneur est ressuscité. Le Seigneur! Le Seigneur! Le Seigneur! C’est le centre de notre vie, et c’est le centre de notre joie.

Réfléchissez bien aujourd’hui: comment dois-je me comporter? Suis-je une personne joyeuse qui sait transmettre la joie d’être chrétien, ou suis-je toujours comme les tristes, comme je l’ai dit plus tôt, qui semblent être dans le sillage? Si je n’ai pas la joie de ma foi, je ne pourrai pas témoigner et d’autres diront: « Mais si la foi est si triste, mieux vaut ne pas l’avoir ».

Maintenant en priant l’Angélus, nous voyons tout cela pleinement réalisé dans la Vierge Marie: elle a attendu en silence la Parole de salut de Dieu; elle l’a écouté, elle l’a accepté, elle l’a conçu. En elle, Dieu est devenu proche. Pour cette raison, l’Église appelle Marie « Cause de notre joie ».

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

Je vous salue tous, Romains et pèlerins.

Je salue de manière particulière le groupe venu représenter les familles et les enfants de Rome, à l’occasion de la bénédiction des «Bambinelli», rendez-vous organisé par le Centre de l’Oratoire romain. Cette année, vous êtes peu nombreux ici à cause de la pandémie, mais je sais que de nombreux enfants et jeunes sont rassemblés dans des oratoires et chez eux et nous suivent à travers les médias.

Je salue chacun et bénis les statuettes de Jésus, qui seront placées dans la crèche, signe d’espérance et de joie. En silence, bénissons les petits enfants: Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

Lorsque vous priez chez vous, devant la crèche avec votre famille, laissez-vous attirer par la tendresse de l’Enfant Jésus, né pauvre et fragile parmi nous, pour nous donner son amour.

Je souhaite à tous un bon dimanche, n’oubliez pas la joie! Le chrétien a le cœur joyeux, même dans les épreuves; il est joyeux parce qu’il est proche de Jésus: c’est lui qui nous donne la joie. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

traduit par l’Association de la Médaille Miraculeuse