Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

message Urbi et Orbi : Noël 2020

La naissance du Christ nous appelle à bâtir une «fraternité basée sur l’amour réel», dont l’humanité toute entière a plus que jamais besoin: dans son message Urbi et Orbi de ce Noël 2020, le Saint-Père a invité à plus d’attention à l’autre, alors que la pandémie et de très nombreux conflits sèment la souffrance à travers le monde.

En raison des mesures sanitaires, le Pape s’exprimait ce midi depuis la Salle des Bénédictions, et non depuis la loggia centrale de la Basilique Saint-Pierre, comme c’est traditionnellement le cas.

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Nativité Salle des Bénédictions Vatican
Nativité Salle des Bénédictions Vatican

MESSAGE URBI ET ORBI
DU PAPE FRANÇOIS

NOËL 2020

Salle de la Bénédiction
Vendredi, 25 décembre 2020


Chers frères et sœurs,

avec les paroles du prophète Isaïe, je voudrais faire parvenir à tous le message que l’Église annonce en cette fête : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné » (Is 9, 5).

Un enfant est né : la naissance est toujours source d’espérance, elle est vie qui s’épanouit, elle est promesse d’avenir. Et cet Enfant, Jésus, est “né pour nous” : un nous sans frontières, sans privilèges ni exclusions. L’Enfant que la Vierge Marie a mis au jour à Bethléem est né pour tous : il est le “fils” que Dieu a donné à toute la famille humaine.

Grâce à cet Enfant, nous pouvons tous nous adresser à Dieu en l’appelant “Père”, “Papa”. Jésus est le Fils unique. Personne ne connaît le Père sinon lui. Mais il est venu dans le monde justement pour nous révéler le visage du Père. Et ainsi, grâce à cet Enfant, nous pouvons tous nous appeler, et être réellement, frères : de tous les continents, de n’importe quelle langue et culture, avec nos identités et diversités, nous sommes tous frères et sœurs.

En ce moment historique, marqué par la crise écologique, et par de graves déséquilibres économiques et sociaux aggravés par la pandémie du coronavirus, nous avons plus que jamais besoin de fraternité. Et Dieu nous l’offre en nous donnant son Fils Jésus : non pas une fraternité faite de belles paroles, d’idéaux abstraits, de vagues sentiments… Non.

Une fraternité basée sur l’amour réel, capable de faire rencontrer l’autre différent de moi, de compatir à ses souffrances, de s’approcher et d’en prendre soin même s’il n’est pas de ma famille, de mon ethnie, de ma religion. Il est différent de moi, mais il est mon frère et ma sœur. Et cela est vrai aussi dans les relations entre les peuples et les nations : tous frères !

A Noël nous célébrons la lumière du Christ qui vient au monde et il vient pour tous : non seulement pour certains. Aujourd’hui, en ce moment d’obscurité et d’incertitudes causé par la pandémie, apparaissent diverses lumières d’espérance, comme les découvertes des vaccins. Mais pour que ces lumières puissent illuminer et amener l’espérance au monde entier, elles doivent demeurer à la disposition de tous.

Nous ne pouvons pas laisser les nationalismes fermés nous empêche de vivre comme la vraie famille humaine que nous sommes. Nous ne pouvons pas non plus laisser que le virus de l’individualisme radical nous vainque et nous rende indifférents à la souffrance des autres frères et sœurs. Je ne peux pas faire de moi la priorité avant les autres, en mettant les lois du marché et des brevets d’invention au-dessus des lois de l’amour et de la santé de l’humanité.

Je demande à tous : aux responsables des États, des entreprises, aux organismes internationaux, de promouvoir la coopération et non la concurrence, et de chercher une solution pour tous : des vaccins pour tous, spécialement pour les plus vulnérables et les plus nécessiteux de toutes les régions de la planète. En premier, les plus vulnérables et les plus nécessiteux !

L’Enfant de Bethléem nous aide alors à être disponibles, généreux et solidaires, spécialement envers les personnes les plus fragiles, les malades et toutes celles qui, en cette période, se sont retrouvés sans travail ou sont en grave difficulté en raison des conséquences économiques de la pandémie, comme aussi envers les femmes qui, durant ces mois de confinement, ont subi des violences domestiques.

Face à un défi qui ne connait pas de frontières, on ne peut pas ériger de barrières. Nous sommes tous dans le même bateau. Toute personne m’est un frère. Je vois en chacun le reflet du visage de Dieu et je découvre le Seigneur qui demande mon aide en tous ceux qui souffrent. Je le vois dans la personne malade, dans le pauvre, dans le chômeur, dans l’exclu, dans le migrant et dans le réfugié : tous, frères et sœurs !

En ce jour où le Verbe de Dieu se fait enfant, tournons le regard vers les trop nombreux enfants qui, partout dans le monde, spécialement en Syrie, en Irak et au Yémen, payent encore le prix fort de la guerre. Que leurs visages ébranlent les consciences des hommes de bonne volonté pour que les causes des conflits soient affrontées et que l’on s’emploie avec courage à construire un avenir de paix.

Que ce temps soit propice à désamorcer les tensions dans tout le Moyen Orient et en Méditerranée orientale.

Que Jésus Enfant guérisse les blessures du peuple syrien bien aimé qui depuis maintenant dix ans est épuisé par la guerre et ses conséquences, aggravées ensuite par la pandémie.

Qu’il porte réconfort au peuple irakien et à tous ceux qui sont engagés sur le chemin de la réconciliation, en particulier aux Yézidis durement touchés par les dernières années de guerre.

Qu’il apporte la paix à la Libye et fasse que la nouvelle phase des négociations en cours conduise à la fin de toute forme d’hostilité dans le pays.

Que l’Enfant de Bethléem donne la fraternité à la terre qui l’a vu naître. Qu’Israéliens et Palestiniens puissent retrouver la confiance réciproque pour chercher une paix juste et durable à travers un dialogue direct capable de vaincre la violence et de dépasser les ressentiments endémiques afin de témoigner au monde de la beauté de la fraternité.

Que l’étoile qui a éclairé la nuit de Noël soit un guide et un encouragement pour le peuple libanais pour que, dans les difficultés qu’il est en train d’affronter, avec le soutien de la Communauté internationale, il ne perde pas l’espérance.

Que le Prince de la Paix aide les responsables du pays à mettre de côté les intérêts particuliers et à s’engager avec sérieux, honnêteté et transparence, pour que le Liban puisse parcourir un chemin de réformes et continuer dans sa vocation de liberté et de cohabitation pacifique.

Le Moyen-Orient, le Haut-Karabagh et l’Ukraine

Que le Fils du Très Haut soutienne l’engagement de la Communauté internationale et des pays concernés à poursuivre le cessez-le-feu au Haut- Karabagh, comme aussi dans les régions orientales de l’Ukraine, et à favoriser le dialogue, unique voie qui conduise à la paix et à la réconciliation.

Bâtir la paix en Afrique et en Amérique du Sud

Que le Divin Enfant allège la souffrance des populations du Burkina Faso, du Mali et du Niger touchées par une grave crise humanitaire à la base de laquelle il y a des extrémismes et des conflits armés, mais aussi la pandémie et d’autres désastres naturels.

Qu’il fasse cesser les violences en Éthiopie où beaucoup de personnes sont contraintes de fuir en raison des affrontements.

Qu’il apporte réconfort aux habitants de la région de Cabo Delgado, au Nord du Mozambique, victimes de la violence du terrorisme international.

Qu’il incite les responsables du Sud Soudan, du Nigeria et du Cameroun à poursuivre le chemin de fraternité et de dialogue entrepris.

Que le Verbe éternel du Père soit source d’espérance pour le continent américain, particulièrement touché par le coronavirus qui a exacerbé les nombreuses souffrances qui l’oppriment, souvent aggravées par les conséquences de la corruption et du narcotrafic.

Qu’il aide à dépasser les récentes tensions sociales au Chili et à mettre fin aux souffrances du peuple vénézuélien.

Pensée pour les victimes d’inondations en Asie et pour les Rohingyas

Que le Roi du Ciel protège les populations affligées par les catastrophes naturelles dans le Sud-Est asiatique, en particulier aux Philippines et au Vietnam où de nombreuses tempêtes ont causé des inondations aux conséquences dévastatrices, pour les familles qui habitent ces régions, en termes de pertes de vies humaines, de dommages pour l’environnement et de conséquences pour les économies locales.

En pensant à l’Asie, je ne peux pas oublier le peuple Rohingya : que Jésus né pauvre parmi les pauvres, leur apporte une espérance dans leurs souffrances.

Une note finale d’espérance

Chers frères et sœurs,

« Un enfant nous est né » (Is 9, 5). Il est venu nous sauver ! Il nous annonce que la souffrance et le mal n’ont pas le dernier mot. Se résigner à la violence et aux injustices voudrait dire refuser la joie et l’espérance de Noël.

En ce jour de fête j’adresse une pensée particulière à tous ceux qui ne se laissent pas écraser par les circonstances adverses mais qui agissent pour porter espérance, réconfort et aide en secourant ceux qui souffrent et en accompagnant ceux qui sont seuls.

Jésus est né dans une étable, mais entouré de l’amour de la Vierge Marie et de saint Joseph. Naissant dans la chair, le Fils de Dieu a consacré l’amour familial. Ma pensée va en ce moment aux familles : à celles qui aujourd’hui ne peuvent pas se réunir, comme aussi celles qui sont obligées de rester à la maison.

Que Noël soit pour tous l’occasion de redécouvrir la famille comme berceau de vie et de foi ; lieu d’amour accueillant, de dialogue, de pardon, de solidarité fraternelle et de joie partagée, source de paix pour toute l’humanité.

Bon Noël à tous !


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

messe de la nuit de Noël du Pape François

Le Pape François a célébré  la messe de la nuit de Noël à la basilique Saint-Pierre, ce jeudi 24 décembre.

Dans son homélie, il a médité sur la naissance de Jésus comme expression de l’amour de Dieu pour l’humanité.

SAINTE MESSE DE LA NUIT

SOLENNITÉ DE LA NAISSANCE DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU SAINT PÈRE FRANÇOIS

Basilique Vaticane
Jeudi 24 décembre 2020t

En cette nuit s’accomplit la grande prophétie d’Isaïe: « Un enfant est né pour nous, un fils nous a été donné » (Is 9,5).

On nous a donné un fils. On dit souvent que la plus grande joie de la vie est la naissance d’un enfant. C’est quelque chose d’extraordinaire, qui change tout, met en mouvement des énergies inattendues et surmonte la fatigue, l’inconfort et l’insomnie, car il apporte un grand bonheur, devant lequel rien ne semble peser.

C’est ainsi que Noël est: la naissance de Jésus est la nouveauté qui nous permet de renaître chaque année, de trouver en Lui la force d’affronter chaque épreuve. Oui, parce que sa naissance est pour nous: pour moi, pour vous, pour nous tous, pour chacun.

Car est la parole qui revient en cette nuit sainte: « Un enfant est né pour nous », prophétise Isaïe; «Aujourd’hui, le Sauveur est né pour nous», répétions-nous dans le Psaume; Jésus « s’est livré pour nous » (Tite 2, 14), proclame saint Paul; et l’ange dans l’Évangile a annoncé: «Aujourd’hui, un Sauveur est né pour vous» (Lc 2, 11). Pour moi, pour toi.

Mais qu’est-ce que cela veut nous dire pour nous? Que le Fils de Dieu, le bienheureux par nature, vienne faire de nous des enfants bénis par grâce. Oui, Dieu vient au monde en tant que fils pour faire de nous des enfants de Dieu, quel merveilleux cadeau! Aujourd’hui, Dieu nous étonne et dit à chacun de nous: «Vous êtes une merveille».

Sœur, frère, ne perdez pas courage. Êtes-vous tenté de vous sentir mal? Dieu vous dit: « Non, tu es mon fils! » Avez-vous le sentiment de ne pas réussir, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de ne pas sortir du tunnel des tests? Dieu vous dit: « Courage, je suis avec vous ».

Il ne vous le dit pas avec des mots, mais en se faisant fils comme vous et pour vous, pour vous rappeler le point de départ de toute votre renaissance: vous reconnaître comme fils de Dieu, fille de Dieu, c’est le point de départ de toute renaissance.

C’est le cœur indestructible de notre espérance, le noyau incandescent qui soutient l’existence: sous nos qualités et nos défauts, plus fort que les blessures et les échecs du passé, les peurs et l’angoisse pour l’avenir, c ‘est cette vérité: nous sommes des enfants bien-aimés.

Et l’amour de Dieu pour nous ne dépend pas et ne dépendra jamais de nous: c’est un amour gratuit. Cette nuit ne trouve aucune explication ailleurs: seulement la grâce. Tout est grâce. Le don est gratuit, sans le mérite de chacun de nous, pure grâce. Ce soir, Saint Paul nous a dit, « la grâce de Dieu est apparue » (Tite 2, 11). Rien n’est plus précieux.

On nous a donné un fils. Le Père ne nous a pas donné quelque chose, mais son propre Fils unique, qui est toute sa joie. Pourtant, si nous regardons l’ingratitude de l’homme envers Dieu et l’injustice envers tant de nos frères, un doute surgit: le Seigneur a-t-il bien fait de nous donner autant, est-il juste d’avoir toujours foi en nous? Vous ne nous surestimez pas? Oui, il nous surestime, et il le fait parce qu’il nous aime à mort.

Il ne peut s’empêcher de nous aimer. Il est comme ça, il est si différent de nous. Il nous aime toujours, plus bien que ce que nous parvenons à avoir pour nous-mêmes. C’est son secret pour entrer dans notre cœur. Dieu sait que la seule façon de nous sauver, de nous guérir à l’intérieur, c’est de nous aimer: il n’y a pas d’autre moyen.

Il sait que nous ne nous améliorons qu’en accueillant son amour infatigable, qui ne change pas, mais nous change. Seul l’amour de Jésus transforme la vie, guérit les blessures les plus profondes, nous libère des cercles vicieux d’insatisfaction, de colère et de plaintes.

On nous a donné un fils. Dans la pauvre mangeoire d’une étable sombre, il y a précisément le Fils de Dieu. Une autre question se pose: pourquoi est-il venu à la lumière la nuit, sans logement digne, dans la pauvreté et le rejet, alors qu’il méritait de naître comme le plus grand roi dans le plus beau des bâtiments? Pourquoi?

Pour nous faire comprendre à quel point om aime notre condition humaine : au point de toucher notre pire misère avec son amour concret. Le Fils de Dieu est né abandonné pour nous dire que toute personne rejetée est un enfant de Dieu, il est venu au monde comme un enfant vient au monde, faible et fragile, afin que nous puissions accepter nos faiblesses avec tendresse.

Et de découvrir une chose importante: comme à Bethléem, ainsi aussi avec nous Dieu aime faire de grandes choses à travers notre pauvreté. Il a mis tout notre salut dans la crèche d’une étable et ne craint pas notre pauvreté: laissons sa miséricorde transformer nos misères!

C’est ce que cela signifie qu’un enfant nous est né. Mais il y en a encore une autre pour laquelle l’ange dit aux bergers: « Voici le signe pour vous: un enfant couché dans une crèche » (Lc 2, 12). Ce signe, l’Enfant dans la crèche, est aussi pour nous, pour nous guider dans la vie.

A Bethléem, qui signifie «Maison du pain», Dieu est dans une crèche, comme pour nous rappeler que pour vivre, nous avons besoin de lui comme pain à manger. Il faut se laisser traverser par son amour gratuit, infatigable et concret. Combien de fois, par contre, avides de plaisir, de réussite et de mondanité, nous nourrissons la vie avec des aliments qui ne satisfont pas et laissent le vide à l’intérieur!

Le Seigneur, par la bouche du prophète Isaïe, s’est plaint que, si le bœuf et l’âne connaissent leur mangeoire, nous, son peuple, ne la connaissons pas, la source de notre vie (cf. Is 1,2-3). C’est vrai: insatiable d’avoir, on se jette dans de nombreux manoirs de vanité, oubliant la crèche de Bethléem.

Cette crèche, pauvre en tout et riche en amour, enseigne que la nourriture de la vie est de se laisser aimer de Dieu et d’aimer les autres. Jésus nous donne l’exemple: Lui, la Parole de Dieu, est un enfant; il ne parle pas, mais offre la vie. Au lieu de cela, nous parlons beaucoup, mais nous sommes souvent analphabètes sur la bonté.

On nous a donné un fils. Quiconque a un petit enfant sait combien il faut d’amour et de patience. Il faut le nourrir, en prendre soin, le nettoyer, prendre soin de sa fragilité et de ses besoins, souvent difficiles à comprendre. Un enfant vous fait vous sentir aimé, mais il vous apprend aussi à aimer. Dieu est né enfant pour nous pousser à prendre soin des autres.

Ses larmes tendres nous font comprendre combien tant de nos caprices sont inutiles; et nous en avons tellement! Son amour désarmé et désarmant nous rappelle que le temps dont nous disposons ne sert pas à pleurer sur nous, mais à consoler les larmes de ceux qui souffrent. Dieu s’installe près de nous, pauvres et nécessiteux, pour nous dire qu’en servant les pauvres nous l’aimerons.

Depuis ce soir, comme l’écrit un poète, «la résidence de Dieu est à côté de la mienne. Le mobilier c’est l’amour » (E. Dickinson, Poèmes, XVII).

On nous a donné un fils. C’est Toi, Jésus, le Fils qui fait de moi un fils. Tu m’aimes comme je suis, non comme je rêve d’être; Je sais cela! T’embrasser, enfant de la crèche, j’embrasse à nouveau ma vie. En t’accueillant, Pain de vie, je veux aussi donner ma vie. Toi qui me sauves, apprends-moi à servir. Toi qui ne me laisses pas seul, aide-moi à consoler tes frères, car tu sais depuis ce soir qu’ils sont tous mes frères.


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et  présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Catéchèse sur Noël

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 23 décembre 2020


Catéchèse sur Noël

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans cette catéchèse, à la veille de Noël, je voudrais offrir quelques éléments de réflexion en préparation à la célébration de Noël. Dans la Liturgie de la Nuit retentira l’annonce de l’ange aux pasteurs: «Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple: aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche» (Lc 2,10-12).

Imitant les pasteurs, nous aussi nous nous rendons spirituellement vers Bethléem, où Marie a donné le jour à l’Enfant dans une étable, «car – dit encore saint Luc – ils manquaient de place dans la salle» (2, 7). Noël est devenu une fête universelle, et même ceux qui ne croient pas perçoivent la fascination de cette célébration.

Mais le chrétien sait que Noël est un événement décisif, un feu éternel que Dieu a allumé dans le monde, et qui ne peut pas être confondu avec les choses éphémères. Il est important que celui-ci ne se réduise pas à une fête uniquement sentimentale ou consumériste.

Dimanche dernier, j’ai attiré l’attention sur ce problème, en soulignant que le consumérisme a pris Noël en otage. Non: Noël ne doit pas se réduire à une fête seulement sentimentale ou de consommation, riche de cadeaux et de vœux, mais pauvre de foi chrétienne, et également pauvre d’humanité.

C’est pourquoi il est nécessaire de freiner une certaine mentalité mondaine, incapable de saisir le noyau incandescent de notre foi, qui est le suivant: «Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité» (Jn 1,14). Tel est le cœur de Noël ; c’est même la vérité de Noël, il n’y en a pas d’autre.

Noël nous invite à réfléchir, d’une part, sur le caractère dramatique de l’histoire, dans laquelle les hommes, blessés par le péché, sont sans cesse à la recherche de vérité, à la recherche de miséricorde, à la recherche de rédemption; et, de l’autre, sur la bonté de Dieu, qui est venu à notre rencontre pour nous communiquer la Vérité qui sauve et nous rendre participants de son amitié et de sa vie. Et ce don de grâce, il est pure grâce, sans mérite de notre part.

Il y a un Saint-Père qui dit: « Mais regardez de ce côté, de l’autre, par là: cherchez le mérite et vous ne trouverez rien d’autre que grâce». Tout est grâce, un don de grâce. Et ce don de grâce, nous le recevons à travers la simplicité et l’humanité de Noël, et il peut faire disparaître de nos cœurs et de nos esprits le pessimisme qui s’est aujourd’hui diffusé encore davantage à cause de la pandémie.

Nous pouvons surmonter ce sens d’égarement inquiétant, ne pas nous laisser submerger par les défaites et par les échecs, dans la conscience retrouvée que cet Enfant humble et pauvre, caché et sans défense, est Dieu lui-même, qui s’est fait homme pour nous. Le Concile Vatican II, dans un passage célèbre de la Constitution sur l’Eglise dans le monde contemporain, nous dit que cet événement concerne chacun de nous: «

Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché» (Const. past. Gaudium et spes, n. 22).

Mais Jésus est né il y a deux mille ans et cela me concerne ? — Oui, cela concerne toi et moi, chacun de nous. Jésus est l’un de nous: Dieu, en Jésus, est l’un de nous.

Cette réalité nous donne beaucoup de joie et beaucoup de courage. Dieu ne nous a pas regardés d’en-haut, de loin, il n’est pas passé à côté de nous, il n’a pas eu horreur de notre misère, il ne s’est pas revêtu d’un corps apparent, mais il a assumé pleinement notre nature et notre condition humaine. Il n’a rien laissé de côté, à l’exception du péché: l’unique chose qu’Il n’a pas.

Toute l’humanité est en Lui. Il a pris tout ce que nous sommes, tels que nous sommes. Cela est essentiel pour comprendre la foi chrétienne. Saint Augustin, en repensant à son chemin de conversion, écrit dans ses Confessions: «Je n’avais pas encore assez d’humilité pour posséder mon Dieu, l’humble Jésus, et je ne connaissais pas encore les enseignements de sa faiblesse» (Confessions VII,8).

Et quelle est la faiblesse de Jésus? La “faiblesse” de Jésus est un “enseignement”! Parce qu’elle nous révèle l’amour de Dieu. Noël est la fête de l’Amour incarné, de l’amour né pour nous en Jésus Christ. Jésus Christ est la lumière des hommes qui resplendit dans les ténèbres, qui donne son sens à l’existence humaine et à l’histoire tout entière.

Chers frères et sœurs, que ces brèves réflexions nous aident à célébrer Noël avec une plus grande conscience. Mais il y a une autre manière de se préparer, que je désire vous rappeler ainsi qu’à moi-même, et qui est à la portée de tous: méditer un peu en silence devant la crèche. La crèche est une catéchèse de cette réalité, de ce qui a été fait cette année, ce jour, que nous avons entendu dans l’Evangile.

C’est pourquoi, l’année dernière, j’ai écrit une lettre qu’il sera bon que nous reprenions. Elle s’intitule “Admirabile signum”, “Signe admirable”. A l’école de saint François d’Assise, nous pouvons un peu devenir des enfants en restant en contemplation devant la scène de la Nativité, et en laissant renaître en nous l’étonnement pour la manière “merveilleuse” dont Dieu a voulu venir au monde.

Demandons la grâce de l’émerveillement: devant ce mystère, cette réalité si tendre, si belle, si proche de nos cœurs, que le Seigneur nous donne la grâce de l’émerveillement, pour le rencontrer, pour nous approcher de Lui, pour nous approcher de nous tous. Cela fera renaître la tendresse en nous.

L’autre jour, en parlant avec plusieurs scientifiques, nous avons discuté de l’intelligence artificielle et des robots… il y a des robots programmés pour tous et pour tout, et cela se développe. Et je leur ai dit: «Mais quelle est la chose que les robots ne pourront jamais faire?». Ils ont réfléchi, ils ont fait des propositions; mais à la fin, il ont été d’accord sur une chose: la tendresse.

Les robots ne pourront pas faire cela. Et c’est ce qui nous conduit à Dieu, aujourd’hui: une manière merveilleuse avec laquelle Dieu a voulu venir au monde, et cela fait renaître en nous la tendresse, la tendresse humaine qui est proche de celle de Dieu.

Et aujourd’hui, nous avons tellement besoin de tendresse, tellement besoin de caresses humaines, face à tant de misères! Si la pandémie nous a obligés à être plus éloignés, Jésus, dans la crèche, nous montre la voie de la tendresse pour être proches, pour être humains. Suivons cette voie. Joyeux Noël!


Je salue cordialement les personnes de langue française. A tous je souhaite de saintes et heureuses fêtes de Noël. Que l’Enfant de Bethléem vous garde dans la joie et l’espérance. Et que Dieu vous bénisse !


Résumé de la catéchèse :

Frères et sœurs, en préparation à Noël, je voudrais vous offrir quelques points de réflexion. Noël est un événement décisif, un feu éternel que Dieu a allumé dans le monde.

Cette fête nous invite à réfléchir d’une part sur le tragique de l’histoire, dans laquelle les hommes blessés par le péché sont sans cesse à la recherche de vérité, de miséricorde, de libération ; et d’autre part sur la bonté de Dieu, venu à notre rencontre pour nous communiquer la Vérité qui sauve et nous rendre participants de son amitié et de sa vie.

Nous recevons ce don de grâce à travers la simplicité et l’humanité de Noël qui peuvent enlever de nos cœurs et de nos esprits le pessimisme aujourd’hui répandu à cause de la pandémie. Nous pouvons ne pas nous laisser submerger par les défaites et les échecs, dans la conscience retrouvée que cet Enfant  humble et pauvre, caché et sans défense, est Dieu lui-même fait homme pour nous.

Cet événement concerne chacun de nous et nous donne beaucoup de joie et de courage. Dieu ne nous a pas regardés d’en haut, il n’est pas passé à côté, il n’a pas eu horreur de notre misère. Noël est la fête de l’Amour incarné pour nous en Jésus Christ.

Il est la lumière des hommes qui luit dans les ténèbres, qui donne sens à l’existence humaine et à toute l’histoire. Chers frères et sœurs, je vous invite à méditer un moment en silence devant la crèche. Jésus nous y montre le chemin de la tendresse pour être proches, pour être humains. Bon Noël !


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse