Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

La destination universelle des biens et la vertu de l’espérance

le Pape François, lors de l’audience générale de ce 26 août, a poursuivi son cycle de catéchèse sur les conséquences de la pandémie de coronavirus et la manière dont les chrétiens sont appelés à réagir. «En ces temps d’incertitudes et d’angoisse», «accueillir le don de l’espérance qui vient du Christ.»

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 26 août 2020


Résumé

Frères et sœurs, la pandémie que connaît le monde révèle de grandes inégalités, que ce soit entre individus ou entre nations. Elles sont le fruit d’une économie malade qui ne tient pas compte des valeurs humaines fondamentales, pas plus qu’elle n’a de souci pour les dommages qu’elle inflige à la création. La racine en est la même, c’est le péché de vouloir posséder et de dominer les frères, la nature et Dieu lui-même.

Or Dieu a confié la terre et ses richesses à la gestion commune de l’humanité pour qu’elle en prenne soin. Il nous a demandé de dominer la terre en la cultivant et en la gardant. Il existe une réciprocité entre nous et la nature : nous pouvons en utiliser les ressources mais nous devons aussi la protéger. Par ailleurs, la terre a été donnée par Dieu à tous, et nous devons faire en sorte que ses fruits arrivent à chacun, et pas seulement à quelques-uns.

La propriété est un moyen et non pas une fin en soi. Posséder un bien c’est être l’administrateur de la Providence qui l’a confié afin de le faire fructifier pour les autres. Or, l’obsession de posséder exclut un grand nombre de personnes des biens les plus élémentaires, déchire le tissu social et détruit la Création. Avec Jésus, et la force de son amour opérant dans le cœur de ses disciples, nous avons la ferme espérance d’édifier un monde différent et meilleur.


Catéchèse – “Guérir le monde”:
4. La destination universelle des biens et la vertu de l’espérance

Chers frères et sœurs, bonjour !

Face à la pandémie et à ses conséquences sociales, de nombreuses personnes risquent de perdre l’espérance. En ce temps d’incertitude et d’angoisse, j’invite chacun à accueillir le don de l’espérance qui vient du Christ. C’est Lui qui nous aide à naviguer dans les eaux tumultueuses de la maladie, de la mort et de l’injustice, qui n’ont pas le dernier mot sur notre destination finale. La pandémie a souligné et aggravé les problèmes sociaux, en particulier l’inégalité.

Certains peuvent travailler à la maison, tandis que pour de nombreux autres, cela est impossible. Certains enfants, en dépit des difficultés, peuvent continuer à recevoir une éducation scolaire, tandis que pour de très nombreux autres, celle-ci s’est brusquement interrompue. Certains pays puissants peuvent émettre de la monnaie pour affronter l’urgence, tandis que pour d’autres, cela signifierait hypothéquer leur avenir.

Ces symptômes d’inégalité révèlent une maladie sociale ; c’est un virus qui vient d’une économie malade. Nous devons le dire simplement : l’économie est malade. Elle est tombée malade. C’est le fruit d’une croissance économique inique – voilà la maladie : le fruit d’une croissance économique inique – qui ne tient pas compte des valeurs humaines fondamentales.

Dans le monde d’aujourd’hui, quelques  personnes très riches possèdent plus que tout le reste de l’humanité. Je répète cela parce que cela nous fera réfléchir : quelques personnes très riches, un petit groupe, possèdent plus que tout le reste de l’humanité. C’est une pure statistique. C’est une injustice qui crie au ciel ! Dans le même temps, ce modèle économique est indifférent aux dommages infligés à la maison commune.

On ne prend pas soin de la maison commune. Nous allons bientôt dépasser un grand nombre des limites de notre merveilleuse planète, avec des conséquences graves et irréversibles : de la perte de biodiversité et du changement climatique à l’élévation du niveau des mers et à la destruction des forêts tropicales.

L’inégalité sociale et la dégradation de l’environnement vont de pair et ont la même racine (cf. Enc. Laudato si’, n. 101) : celle du péché de vouloir posséder, de vouloir dominer ses frères et sœurs, de vouloir posséder et dominer la nature et Dieu même. Mais cela n’est pas le dessein de la création.

« Au commencement, Dieu a confié la terre et ses ressources à la gérance commune de l’humanité » ( Catéchisme de l’Église catholique, n. 2402). Dieu nous a demandé de dominer la terre en son nom (cf. Gn 1, 28), en la cultivant et en en prenant soin comme un jardin, le jardin de tous (cf. Gn 2, 15). « Alors que “cultiver” signifie labourer, […] ou travailler, “garder” signifie protéger, [et] sauvegarder » ( LS, n. 67).

Mais attention à ne pas interpréter cela comme une carte blanche pour faire de la terre ce que l’on veut. Non. Il existe « une relation de réciprocité responsable » ( ibid.) entre nous et la nature.  Une relation de réciprocité responsable entre nous et la nature. Nous recevons de la création et nous donnons à notre tour.

« Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder » ( ibid.). Les deux choses.En effet, la terre « nous précède et nous a été donnée » (ibid.), elle a été donnée par Dieu « à tout le genre humain » (CEC, n. 2402). Il est donc de notre devoir de faire en sorte que ses fruits arrivent à tous, et pas seulement à quelques-uns.

Et cela est un élément-clé de notre relation  avec les biens terrestres. Comme le rappelaient les pères du Concile Vatican II, « l’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres » (Const. past. Gaudium et spes, n. 69).

En effet, « la propriété d’un bien fait de son détenteur un administrateur de la Providence pour le faire fructifier et en communiquer les bienfaits à autrui » (CEC, n. 2404). Nous sommes administrateurs des biens, pas les propriétaires. Administrateurs. « Oui, mais ce bien est à moi ». C’est vrai, il est à toi, mais pour l’administrer, par pour le garder de façon égoïste pour toi.

Pour assurer que ce que nous possédons apporte de la valeur à la communauté, « l’autorité politique a le droit et le devoir de régler, en fonction du bien commun, l’exercice légitime du droit de propriété » (ibid., n. 2406)  (Cf. GS, 71; Saint Jean-Paul II, Lett. enc. Sollicitudo rei socialis, n. 42; Lett. enc. Centesimus annus, nn. 40.48).

La « subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens […] est une “règle d’or” du comportement social, et le premier principe de tout l’ordre éthico-social » (LS, n. 93) (Cf. S. Jean-Paul II, Lett. enc. Laborem exercens, n. 19).

Les propriétés, l’argent sont des instruments qui peuvent servir à la mission. Mais nous les transformons facilement en fins, individuelles ou collectives. Et lorsque cela a lieu, on porte atteinte aux valeurs humaines essentielles.

L’homo sapiens se déforme et devient une espèce d’homo œconomicus – dans le mauvais sens du terme – individualiste, calculateur et dominateur. Nous oublions que, étant créés à l’image et ressemblance de Dieu, nous sommes des êtres sociaux, créatifs et solidaires, avec une immense capacité à aimer. Nous oublions souvent cela.

De fait, nous sommes les êtres les plus coopératifs parmi toutes les espèces, et nous nous épanouissons en communauté, comme on le voit bien dans l’expérience des saints . Il y a un dicton espagnol qui m’a inspiré cette phrase, et qui dit :  Florecemos en racimo, como los santo. Nous nous épanouissons en communauté, comme on le voit dans l’expérience des saints.

Quand l’obsession de posséder et de dominer exclut des millions de personnes des biens primaires ; quand l’inégalité économique et technologique est telle qu’elle déchire le tissu social ; et quand la dépendance vis-à-vis d’un progrès matériel illimité menace la maison commune, alors nous ne pouvons pas rester impassibles. Non, cela est désolant. Nous ne pouvons pas rester impassibles !

Avec le regard fixé sur Jésus (cf. He 12, 2) et la certitude que son amour œuvre à travers la communauté de ses disciples, nous devons agir tous ensemble, dans l’espérance de donner naissance à quelque chose de différent et de meilleur. L’espérance chrétienne, enracinée en Dieu, est notre ancre. Elle soutient la volonté de partager, en renforçant notre mission en tant que disciples du Christ, qui a tout partagé avec nous.

Et cela, les premières communautés chrétiennes, qui comme nous, vécurent des temps difficiles, l’ont compris. Conscientes de former un seul cœur et une seule âme, elles mettaient tous leurs biens en commun, en témoignant de la grâce abondante du Christ sur elles (cf. Ac 4, 32-35). Nous vivons actuellement une crise.

La pandémie nous a tous plongés dans une crise. Mais rappelez-vous : on ne peut pas sortir pareils d’une crise, ou bien l’on sort meilleurs, ou bien l’on sort pires. C’est l’option qui se présente à nous. Après la crise, est-ce que nous continuerons avec ce système économique d’injustice sociale et de mépris pour la sauvegarde de l’environnement, de la création, de la maison commune ? Réfléchissons-y.

Puissent les communautés chrétiennes du vingt-et-unième siècle retrouver cette réalité – la sauvegarde de la création et la justice sociale : elles vont de pair –  en témoignant ainsi de la Résurrection du Seigneur.

Si nous prenons soin des biens que le Créateur nous donne, si nous mettons en commun ce que nous possédons de façon à ce que personne ne manque de rien, alors nous pourrons véritablement inspirer l’espérance pour faire renaître un monde plus sain et plus équitable.

Et pour finir, pensons aux enfants. Lisez les statistiques : combien d’enfants, aujourd’hui, meurent de faim à cause d’une mauvaise distribution des richesses, d’un système économique que j’ai évoqué auparavant ; et combien d’enfants, aujourd’hui, n’ont pas droit à l’école, pour la même raison. Que cette image, des enfants dans le besoin à cause de la faim et du manque d’éducation, nous aide à comprendre que nous devrons sortir meilleurs de cette crise. Merci.

***

Je salue cordialement les personnes de langue française. Puissions-nous, dans nos Communautés chrétiennes, prendre soin des biens que le Seigneur nous donne dans sa création, et partager ce que nous possédons afin que personne ne manque du nécessaire. Nous serons alors témoins authentiques du Christ ressuscité. Que Dieu vous bénisse !

Je salue cordialement les pèlerins anglophones. Alors que l’été tire à sa fin, j’espère que ces jours de repos apporteront paix et sérénité à tous. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Christ. Dieu te bénisse!

J’adresse un salut cordial aux frères et sœurs germanophones. Nous essayons de surmonter l’individualisme de cette époque. De nombreux pauvres, malades et abandonnés ont besoin de nous. Le Saint-Esprit vous remplit de sa charité et de sa joie.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. En ces temps de pandémie qui afflige le monde entier, je vous encourage à embrasser le don d’espoir qui vient de Dieu. Le Christ, Seigneur de l’Histoire, nous aide à naviguer à travers les eaux tumultueuses que nous devons traverser, la maladie, la mort, l’injustice, et à toujours naviguer avec notre regard fixé sur Lui.

Je salue les auditeurs lusophones et vous souhaite une grande foi pour regarder la réalité avec le regard de Dieu et une grande charité pour approcher les gens avec son cœur miséricordieux. Faites confiance à Dieu, comme la Vierge Marie! Je vous bénis avec plaisir, vous et vos proches.

Je salue les fidèles arabophones. Si nous prenons soin des biens que le Créateur nous donne, si nous mettons en commun ce que nous possédons d’une manière dont personne ne manque, alors nous pouvons vraiment inspirer l’espoir de régénérer un monde plus sain et plus équitable. Le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement tous les Polonais. Chers frères et sœurs, l’Église de Pologne célèbre aujourd’hui la solennité de la Vierge noire de Czestochowa. Portant le souvenir de ma visite dans ce sanctuaire vivant dans mon cœur, il y a quatre ans, à l’occasion des JMJ, je me joins aujourd’hui aux milliers et milliers de pèlerins qui s’y rassemblent, avec l’épiscopat polonais, pour se confier, à leurs familles, la nation et toute l’humanité pour sa protection maternelle. Priez la Sainte Mère d’intercéder pour nous tous, et spécialement pour ceux qui souffrent de différentes manières de la pandémie, et apportez-leur un soulagement. Merci de prier pour moi aussi. Dieu te bénisse!

J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones, exhortant chacun à être des témoins généreux dans tous les milieux de la gratuité de l’amour de Dieu. Enfin, mes pensées vont aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Demain et au lendemain de la liturgie commémore deux grands saints, sainte Monique et son fils saint Augustin, unis sur la terre par des liens familiaux et au ciel par le même destin de gloire. Leur exemple et leur intercession conduisent chacun à une recherche sincère de la vérité évangélique.


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Migrants victimes de la culture du jetable

… Dieu nous demandera compte en son Fils

En ce 21ème dimanche de temps ordinaire, le Pape a commenté l’Évangile selon Saint Mathieu : la profession de foi de Simon, à qui le Christ donne le nom de Pierre.  Chacun est invité à se demander «qui est le Christ» pour lui, s’ il est le centre de sa vie et de ses engagements. La charité,«principal chemin vers la perfection de la foi», nécessite que l’on regarde l’autre avec les yeux mêmes de Jésus.

La justice et la vérité, c’est ce qu’il a invoqué à l’occasion de l’Angélus à la veille du dixième anniversaire du massacre des migrants à San Fernando, au Mexique. Le Pape se souvient également des victimes de la persécution en raison de la foi et prie pour la situation dans le nord du Mozambique, où le terrorisme international provoque des milliers de personnes déplacées.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 23 août 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

L’Évangile de ce dimanche (cf. Mt 16, 13-20) présente le moment où Pierre professe sa foi en Jésus comme Messie et Fils de Dieu. Cette confession de l’Apôtre est provoquée par Jésus lui-même, qui veut conduire ses disciples à faire le pas décisif dans leur relation avec lui. En effet, tout le chemin de Jésus avec ceux qui le suivent, surtout avec les Douze, est un chemin d’éducation de leur foi.

Tout d’abord il demande: « Qui dit-on qu’est le Fils de l’homme? » (v.13). Les apôtres aimaient parler des gens, comme nous tous. Les potins sont appréciés. Parler des autres n’est pas si exigeant, pour cette raison que nous aimons; aussi « écorcher » les autres. Dans ce cas, la perspective de la foi est déjà requise et non les commérages, c’est-à-dire qu’Il demande: « Que disent les gens que je suis? »

Et les disciples semblent rivaliser pour rapporter les différentes opinions, qu’ils partageaient peut-être dans une large mesure. Ils sont partagés. Fondamentalement, Jésus de Nazareth était considéré comme un prophète (v. 14).

Avec la deuxième question, Jésus les touche au cœur: « Mais vous, qui dites-vous que je suis? » (v.15). À ce stade, nous semblons percevoir quelques instants de silence, car chacun des présents est appelé à s’impliquer, manifestant la raison pour laquelle il suit Jésus; c’est pourquoi une certaine hésitation est plus que légitime. Même si je vous demande maintenant: « Pour vous, qui est Jésus? »

Il y aura une certaine hésitation. Simon les éloigne de l’embarras, qui déclare avec enthousiasme: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (v. 16). Cette réponse, si pleine et lumineuse, ne lui vient pas de son impulsion, si généreuse qu’elle soit – Pierre était généreux -, mais est le fruit d’une grâce particulière du Père céleste.

En fait, Jésus lui-même lui dit: «Ni la chair ni le sang ne vous l’ont révélé – c’est-à-dire la culture, ce que vous avez étudié – non, ils ne vous l’ont pas révélé. Mon Père qui est aux cieux vous l’a révélé »(v. 17). Confesser Jésus est une grâce du Père. Dire que Jésus est le Fils du Dieu vivant, qui est le Rédempteur, est une grâce que nous devons demander: « Père, donne-moi la grâce de confesser Jésus.»

En même temps, le Seigneur reconnaît la prompte correspondance de Simon à l’inspiration de la grâce et ajoute ensuite, d’un ton solennel: « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les pouvoirs de l’enfer ne prévaudront pas sur elle » (v 18).

Par cette affirmation, Jésus fait comprendre à Simon le sens du nouveau nom qu’il lui a donné, «Pierre» : la foi qu’il vient de manifester est la «pierre» inébranlable sur laquelle le Fils de Dieu veut bâtir son Église, c’est-à-dire la Communauté . Et l’Église avance toujours sur la foi de Pierre, sur cette foi que Jésus reconnaît [en Pierre] et fait de lui le chef de l’Église.

Aujourd’hui, nous entendons la question de Jésus adressée à chacun de nous: « Et vous, qui dites-vous que je suis? ». À chacun de nous. Et chacun de nous doit donner une réponse qui n’est pas théorique, mais qui implique la foi, c’est-à-dire la vie, car la foi c’est la vie! « Pour moi tu es … », et pour dire la confession de Jésus.

Une réponse qui nous demande aussi, comme aux premiers disciples, d’écouter la voix du Père et d’être en harmonie avec ce que l’Église, réunie autour de Pierre, continue à proclamer. Il s’agit de comprendre qui est le Christ pour nous: s’il est le centre de notre vie, s’il est le but de tout notre engagement dans l’Église, de notre engagement dans la société.

Qui est Jésus-Christ pour moi? Qui est Jésus-Christ pour vous, pour vous, pour vous… Une réponse que nous devrions donner chaque jour.

Mais attention: il est indispensable et louable que la pastorale de nos communautés soit ouverte aux nombreuses pauvretés et urgences qui sont partout. La charité est toujours la voie principale du chemin de la foi, de la perfection de la foi. Mais il faut que les œuvres de solidarité, les œuvres de charité que nous faisons, ne détournent pas du contact avec le Seigneur Jésus.

La charité chrétienne n’est pas une simple philanthropie mais, d’une part, elle regarde l’autre avec les yeux de Jésus lui-même et, d’un autre côté, c’est voir Jésus face aux pauvres. C’est le vrai chemin de la charité chrétienne, avec Jésus au centre, toujours.

Que la Très Sainte Marie, bénie parce qu’elle a cru, puisse nous guider et nous modeler sur le chemin de la foi au Christ, et nous fasse prendre conscience que la confiance en Lui donne tout son sens à notre charité et à toute notre existence.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

La Journée mondiale a été célébrée hier en souvenir des victimes d’actes de violence fondés sur la religion et les convictions. Prions pour nos frères et sœurs, et par la prière et la solidarité, soutenons également ceux – et il y en a beaucoup – qui sont encore persécutés aujourd’hui à cause de leur foi religieuse. Beaucoup!

Demain, 24 août, c’est le 10e anniversaire du massacre de soixante-douze migrants et de San Fernando, à Tamaulipas, au Mexique. C’étaient des gens de différents pays à la recherche d’une vie meilleure. J’exprime ma solidarité avec les familles des victimes qui invoquent encore aujourd’hui la justice et la vérité sur ce qui s’est passé.

Le Seigneur nous demandera de rendre compte de tous les migrants qui sont tombés sur les voyages de l’espérance. Ils ont été victimes de la culture du jetable.

Demain il y aura également quatre ans depuis le tremblement de terre qui a frappé le centre de l’Italie. Je renouvelle ma prière pour les familles et les communautés qui ont le plus souffert, afin qu’elles avancent avec solidarité et espérance; et j’espère que la reconstruction s’accélérera, pour que les gens puissent revenir vivre paisiblement dans ces beaux territoires des Apennins.

Je voudrais également réaffirmer ma proximité avec les habitants de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, qui souffrent du terrorisme international. Je le fais à la mémoire de la visite que j’ai faite dans ce cher pays il y a environ un an.

J’adresse un salut cordial à vous tous, Romains et pèlerins… Et n’oublions pas, n’oublions pas les victimes du Coronavirus. Ce matin, j’ai entendu le témoignage d’une famille qui a perdu ses grands-parents sans pouvoir leur dire au revoir et les saluer le même jour.

Tant de souffrances, tant de personnes ont perdu la vie, victimes de la maladie; et de nombreux bénévoles, médecins, infirmières, religieuses, prêtres, qui ont également perdu la vie! Souvenons-nous des familles qui en ont souffert.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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Le Pape : égal accès aux soins anti-Covid

Ce mercredi, le Pape a poursuivi son cycle de catéchèses sur la manière dont les chrétiens sont appelés à réagir à la pandémie. «Qu’il serait triste si, avec le vaccin pour le Covid-19, on donnait la priorité aux plus riches!» Alors qu’une course au vaccin est en cours, il appelle à trouver un traitement à la Covid-19 mais également au «grand virus, celui de l’injustice sociale» pour construire une économie où les personnes, et surtout les pauvres, sont au centre.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 19 août 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

La pandémie a dévoilé la situation difficile des pauvres et la grande inégalité qui règne dans le monde. Et si le virus ne fait pas d’exception entre les personnes, il a trouvé, sur son chemin dévastateur, de grandes inégalités et discriminations. Et il les a accrues !

La réponse à la pandémie est donc double. D’un côté, il est indispensable de trouver un  traitement à un virus petit mais terrible, qui met à genoux le monde entier. De l’autre, nous devons soigner un grand virus, celui de l’injustice sociale, de l’inégalité d’opportunités, de la marginalisation et du manque de protection des plus faibles.

Dans cette double réponse de guérison, il existe un choix qui, selon l’Évangile, ne peut manquer : c’est l’option préférentielle pour les pauvres (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium [EG], n. 195).  Et cela n’est pas une option politique; ni même une option idéologique, une option de parti. L’option préférentielle pour les pauvres est  au centre de l’Évangile.

Et le premier à l’avoir réalisée a été Jésus ; nous l’avons entendu dans le passage de la Lettre aux Corinthiens qui a été lue au début. De riche, il s’est fait pauvre pour nous enrichir. Il est devenu l’un de nous et pour cela, au centre de l’Évangile, au centre de l’annonce de Jésus, il y a cette option.

Le Christ lui-même, qui est Dieu, s’est dépouillé, se rendant semblable aux hommes ; et il n’a pas choisi une vie de privilège, mais il a choisi la condition de serviteur (cf. Ph 2, 6-7). Il s’anéantit en devenant serviteur. Il est né dans une famille humble et a travaillé comme artisan. Au début de sa prédication, il a annoncé que dans le Royaume de Dieu, les pauvres sont bienheureux (cf. Mt 5, 3 ; Lc 6, 20 ; EG, n. 197).

Il était parmi les malades, les pauvres et les exclus, en leur manifestant l’amour miséricordieux de Dieu (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2444). Et très souvent, il a été jugé comme un homme impur parce qu’il allait rendre visite aux malades, aux lépreux, qui, selon la loi de l’époque, étaient impurs. Et il a pris des risques pour être proche des pauvres.

C’est pourquoi les fidèles de Jésus se reconnaissent par leur proximité aux pauvres, aux petits, aux malades et aux prisonniers, aux exclus et aux oubliés, à ceux qui sont privés de nourriture et de vêtements (cf. Mt 25, 31-36 ; CEC, n. 2443). Nous pouvons lire ce célèbre paramètre sur lequel nous serons tous jugés, nous serons tous jugés. Il est dans Matthieu, chapitre 25. Cela est un critère-clé d’authenticité chrétienne (cf. Ga 2, 10 ; EG, n. 195).

Certains pensent, à tort, que cet amour préférentiel pour les pauvres est un devoir pour une poignée de personnes, mais en réalité c’est la mission de toute l’Eglise, disait Jean-Paul II (cf. S. Jean-Paul II, Enc. Sollicitudo rei socialis, n. 42). « Chaque chrétien et chaque communauté sont appelés à être instruments de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres » ( EG, n. 187).

La foi, l’espérance et l’amour nous poussent nécessairement vers cette préférence pour les plus nécessiteux (cf. Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction sur certaines aspects de la « Théologie de la libération », [1984], n. 5), qui va au-delà de l’assistance, bien que nécessaire (cf. EG, n. 198).

Elle implique en effet de marcher ensemble, de se laisser évangéliser par eux, qui connaissent bien le Christ souffrant, de se laisser « contaminer » par leur expérience de salut, par leur sagesse et par leur créativité (cf. ibid.). Partager avec les pauvres signifie s’enrichir réciproquement.

Et, s’il existe des structures sociales malades qui les empêchent de rêver à l’avenir, nous devons œuvrer ensemble pour les guérir, pour les changer (cf. ibid., n. 195). Et c’est à cela que conduit l’amour du Christ, qui nous a aimés jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) et qui arrive jusqu’aux extrémités, aux limites, aux frontières existentielles.

Apporter les périphéries au centre signifie centrer notre vie dans  le Christ, qui « s’est fait pauvre » pour nous, pour nous enrichir « par sa pauvreté » (2 Co 8, 9) (Benoît XVI, Discours d’inauguration de la Vème Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes [13 mai 2007], p. 3).


Nous sommes tous préoccupés par les conséquences sociales de la pandémie. Tous. De nombreuses personnes veulent revenir à la normalité et reprendre leurs activités économiques. Certes, mais cette « normalité » ne devrait pas inclure les injustices sociales et la dégradation de l’environnement. La pandémie est une crise et on ne sort pas pareils d’une crise : nous sortons meilleurs ou nous sortons pires.

Nous devrions sortir meilleurs pour améliorer les injustices sociales et la dégradation de l’environnement. Aujourd’hui, nous avons une occasion de construire quelque chose de différent. Par exemple, nous pouvons développer une économie de développement intégral des pauvres, et non d’assistanat. En disant cela, je ne veux pas condamner l’assistance, les œuvres d’assistance sont importantes.

Pensons au bénévolat, qui est l’une des plus belles structures de l’Église italienne. Mais nous devons aller au-delà et résoudre les problèmes qui nous poussent à apporter une assistance.Une économie qui n’ait pas recours à des remèdes qui en réalité empoisonnent la société, comme les rendements dissociés de la création de postes de travail dignes (cf. EG, n. 204).

Ce type de profit est dissocié de l’économie réelle, celle qui devrait apporter un bénéfice aux personnes communes (cf. Enc.  Laudato si’ [LS], n.109), et semble parfois indifférent aux dommages infligés à la maison commune. L’option préférentielle pour les pauvres, cette  exigence éthique et sociale qui provient de l’amour de Dieu (cf. LS, n. 158), nous donne l’élan de penser et de concevoir une économie où les personnes, et surtout les pauvres, sont au centre.

Et elle nous encourage également à projeter le traitement du virus en privilégiant ceux qui en ont le plus besoin. Ce serait triste si, avec le vaccin pour le Covid-19, on donnait la priorité aux plus riches ! Ce serait triste si ce vaccin devenait la propriété de tel ou tel pays et s’il n’était pas universel et pour tous.

Et quel scandale cela serait si toute l’assistance économique que nous observons – dont la majorité est issue de l’argent public – était concentrée à sauver les industries qui ne contribuent pas à l’inclusion des exclus, à la promotion des derniers, au bien commun ou à la sauvegarde de la création (ibid.).

Ce sont des critères pour choisir quelles seront les industries à aider : celles qui contribuent à l’inclusion des exclus, à la promotion des derniers, au bien commun et à la sauvegarde de la création. Quatre critères. Si le virus devait s’intensifier à nouveau dans un monde injuste pour les pauvres et les plus vulnérables, nous devons changer ce monde.

Avec l’exemple de Jésus, le médecin de l’amour divin intégral, c’est-à-dire de la guérison physique, sociale et spirituelle (cf. Jn 5, 6-9) – comme l’était la guérison qu’accomplissait Jésus – nous devons agir à présent, pour guérir les épidémies provoquées par de petits virus invisibles et pour guérir celles provoquées par les grandes et invisibles injustices sociales.

Je propose que cela soit fait à partir de l’amour de Dieu, en plaçant les périphéries au centre et les derniers à la première place. Il ne faut pas oublier ce paramètre sur lequel nous serons jugés, Matthieu, chapitre 25. Mettons-le en pratique en cette reprise de l’épidémie.

Et à partir de cet amour concret, ancré à l’espérance et fondé dans la foi, un monde plus sain sera possible. Dans le cas contraire, nous sortirons pires de la crise. Que le Seigneur nous aide, qu’il nous donne la force de sortir meilleurs, en répondant aux nécessités du monde d’aujourd’hui.


Aux pèlerins francophones:

Je suis heureux de saluer les personnes de langue française. Avec la joie de l’Évangile, demandons la grâce de l’Esprit Saint, afin d’être une Église pauvre au service des pauvres et des personnes vulnérables.

A tous, je donne ma bénédiction !


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, poursuivant notre catéchèse sur le thème ‘Guérir le monde‘, nous méditons aujourd’hui sur l’option préférentielle pour les pauvres et la vertu de la charité. La pandémie a mis au jour la situation des pauvres, les grandes inégalités et les discriminations.

La réponse à cette crise sanitaire est double : trouver le remède contre ce virus et soigner le grand virus de l’injustice sociale, de l’inégalité de chances, de la marginalisation et du manque de protection. Dans cette double riposte de guérison, se trouve le choix de l’option préférentielle pour les pauvres. Cet amour préférentiel est la mission de toute l’Église.

La foi, l’espérance et l’amour nous poussent à adopter cette préférence pour les plus nécessiteux car partager avec les pauvres signifie s’enrichir mutuellement. Les conséquences sociales de la pandémie sont une grande préoccupation pour tous. Le retour à la normalité devrait prendre en compte la justice sociale et la protection de l’environnement.

C’est une occasion pour construire quelque chose de différent. L’option préférentielle pour les pauvres est une exigence éthico-sociale qui provient de l’amour de Dieu et qui nous donne l’impulsion pour penser et projeter une économie où les personnes, et surtout les pauvres, sont au centre. Avec l’exemple de Jésus, le médecin de l’amour divin intégral, c’est le moment d’agir pour un monde plus sain.


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