Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Miséricorde et Justice à la lumière de l’Écriture Sainte

La justice et la miséricorde sont deux dimensions du mystère d’amour de Dieu. Elles ne se comprennent bien qu’à la lumière de l’Écriture sainte, notamment de la figure du Christ. Le Dieu de l’Ancien Testament défend la cause et le droit des pauvres qu’il veut sauver, car il est un Dieu juste qui accomplit sa promesse.

Cependant, Dieu juge aussi le péché, mais avec miséricorde ; et le pécheur repenti sait qu’il peut compter sur la justice miséricordieuse du Seigneur. Pareillement, le Christ, qui est venu non pour juger mais pour sauver le monde (Jn. 3,17), exercera son jugement sur les vivants et les morts, avec justice et miséricorde. Ceux qui refusent le salut offert par Dieu et sa grâce miséricordieuse se condamnent eux-mêmes.

Lorsque, dans la prière du Notre Père, nous demandons à Dieu, de nous pardonner nos offenses, nous confessons à la fois notre misère et la miséricorde de Dieu ; nous faisons ainsi car Jésus nous a appris que l’on n’accède à ce Dieu juste et miséricordieux qu’à travers l’expérience du pardon envers notre prochain.

JEAN-PAUL II, AUDIENCE GÉNÉRALE, mercredi 7 Juillet 1999

Quand il propose une réflexion sur la miséricorde, le Pape François pour sa part fait souvent référence à l’Écriture Sainte.

Dans l’Écriture Sainte, affirmait-il le 27 janvier 2016, «la miséricorde de Dieu est présente au cours de toute l’histoire du peuple d’Israël. Avec sa miséricorde, le Seigneur accompagne le chemin des patriarches, il leur donne des enfants malgré leur condition de stérilité, il les conduit sur les sentiers de la grâce et de la réconciliation.»

Dans le judaïsme, Miséricorde et Fidélité sont étroitement liées, mais aussi, dans une optique particulièrement chère au Pape François : Miséricorde et Justice.


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La vraie sagesse vient du cœur

La vraie sagesse vient du cœur

Lors de la prière de l’Angélus du dimanche 5 juillet, le Saint-Père a commenté en trois parties l’évangile du jour tirée du chapitre 11 de saint Matthieu : tout d’abord, Jésus élève un hymne de bénédiction et d’action de grâce au Père, puis il révèle le rapport entre Lui et le Père et enfin invite à le suivre pour trouver le réconfort.

PAPE FRANÇOIS

ANGELUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 5 juin 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

Le passage évangélique de ce dimanche (cf. Mt 11,25-30) est divisé en trois parties: tout d’abord, Jésus suscite un hymne de bénédiction et d’action de grâce au Père, parce qu’il a révélé aux pauvres et aux simples le mystère du Royaume des cieux; puis il révèle la relation intime et singulière qui existe entre lui et le Père; et invite enfin à aller vers lui et à le suivre pour trouver un soulagement.

En premier lieu, Jésus loue le Père parce qu’il a caché les secrets de son Royaume, de sa vérité, « aux sages et aux savants » (v. 25). Il les appelle ainsi avec un voile d’ironie, parce qu’ils prétendent être sages, savants, et donc avoir le cœur fermé, plusieurs fois. La vraie sagesse vient aussi du cœur, ce n’est pas seulement la compréhension des idées: la vraie sagesse entre aussi dans le cœur.

Et si vous savez beaucoup de choses mais que vous avez le cœur fermé, vous n’êtes pas sage. Les mystères de son Père, Jésus les dit révélés aux «petits», à tous ceux qui s’ouvrent avec confiance à sa Parole de salut, ouvrent leur cœur à la Parole de salut, ressentent le besoin de lui et attendent tout de lui. confiant envers le Seigneur.

Ensuite, Jésus explique qu’il a tout reçu du Père, et l’appelle « mon Père », pour affirmer l’unicité de sa relation avec lui. En effet, ce n’est qu’entre le Fils et le Père qu’il y a réciprocité totale: celui qui connaît le l’autre vit l’un dans l’autre.

Mais cette communion unique est comme une fleur épanouie, pour révéler gratuitement sa beauté et sa bonté. Et voici l’invitation de Jésus: « Viens à moi … » (v. 28). Il veut donner ce qu’il tire du Père. Il veut nous donner la vérité, et la vérité de Jésus est toujours gratuite: c’est un don, c’est le Saint-Esprit, la Vérité.

Tout comme le Père a une préférence pour les « petits », Jésus s’adresse aussi aux « fatigués et opprimés ». En effet, il se place parmi eux, car il est «doux et humble de cœur» (v. 29), comme il le prétend. Comme dans les première et troisième béatitudes, celle des humbles ou des pauvres d’esprit; et celle des mythes (cf. Mt 5,3.5): la douceur de Jésus.

Ainsi Jésus, « doux et humble », n’est pas un modèle pour le résigné ni simplement une victime, mais c’est l’Homme qui vit « de bon cœur » cette condition en toute transparence à l’amour du Père, c’est-à-dire au Saint-Esprit. Il est le modèle des «pauvres d’esprit» et de tous les autres «bienheureux» de l’Évangile, qui font la volonté de Dieu et témoignent de son Royaume.

Et puis, Jésus dit que si nous allons vers lui, nous trouverons un rafraîchissement: le « rafraîchissement » que le Christ offre aux fatigués et aux opprimés n’est pas seulement un soulagement psychologique ou une distribution, mais la joie des pauvres d’être évangélisés et des bâtisseurs de la nouvelle humanité. C’est le soulagement: la joie, la joie que Jésus nous donne, c’est unique, c’est la joie qu’Il a lui-même.

C’est un message pour nous tous, pour tous les hommes de bonne volonté, auquel Jésus s’adresse encore aujourd’hui dans le monde, qui exalte ceux qui se font riches et puissants. Combien de fois disons-nous: « Ah, je voudrais être comme ça, comme ça, qui est riche, a tellement de pouvoir, rien ne manque! »

Le monde exalte les riches et les puissants, quels que soient les moyens, et piétine parfois la personne humaine et sa dignité. Et nous le voyons tous les jours, les pauvres piétinés. Et c’est un message pour l’Église, appelée à vivre les œuvres de miséricorde et à évangéliser les pauvres, à être doux, humbles. Donc, le Seigneur veut que ce soit son Église, c’est nous.

Marie, la plus humble et la plus élevée des créatures, implore pour nous la sagesse du cœur de Dieu, afin que nous puissions discerner ses signes dans notre vie et faire partie de ces mystères qui, cachés aux orgueilleux, se révèlent aux humbles.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

Cette semaine, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté une résolution qui prépare certaines mesures pour faire face aux conséquences dévastatrices du virus Covid-19, en particulier pour les zones déjà en conflit. La demande d’un cessez-le-feu mondial et immédiat, qui permettrait la paix et la sécurité nécessaires pour fournir l’aide humanitaire dont nous avons un besoin urgent, est louable.

J’espère que cette décision sera mise en œuvre efficacement et rapidement pour le bien de nombreuses personnes qui souffrent. Puisse cette résolution du Conseil de sécurité devenir un premier pas audacieux vers un avenir pacifique.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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Aujourd’hui nous avons besoin d’unité et de vraie prophétie

MESSE EN LA SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL

ET BÉNÉDICTION DES PALLIUMS POUR LES NOUVEAUX MÉTROPOLITES

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane
Lundi 29 juin 2020


En la fête des deux Apôtres de cette ville, je voudrais partager avec vous deux paroles-clés : unité et prophétie.

Unité.

Nous célébrons ensemble deux figures très différentes : Pierre était un pêcheur qui passait ses journées entre les rames et les filets, Paul un pharisien cultivé qui enseignait dans les synagogues. Lorsqu’ils partirent en mission, Pierre s’adressa aux juifs, Paul aux païens. Et quand leurs chemins se sont croisés, ils discutèrent de façon vive, comme Paul n’a pas honte de le raconter dans l’une de ses lettres (cf Ga 2, 11ss.).

Ils étaient donc deux personnes des plus différentes, mais ils se sentaient frères, comme dans une famille unie, où on discute souvent mais où on s’aime toujours. Cependant la familiarité qui les liait ne provenait pas des inclinations naturelles, mais du Seigneur. Il ne nous a pas demandé de nous plaire, mais de nous aimer. C’est lui qui nous unit, sans nous uniformiser. Il nous unit dans les différences.

La première lecture d’aujourd’hui nous porte à la source de cette unité. Elle raconte que l’Église, à peine née, traversait une phase critique : Hérode était furieux, la persécution était violente, l’Apôtre Jacques avait été tué. Et maintenant même Pierre est arrêté. La communauté semble décapitée, chacun craint pour sa propre vie.

Et pourtant en ce moment tragique, personne ne s’enfuit, personne ne pense à sauver sa peau, personne n’abandonne les autres, mais tous prient ensemble. Dans la prière ils puisent le courage, de la prière vient une unité plus forte que toute menace. Le texte dit que « tandis que Pierre était ainsi détenu dans la prison, l’Église priait Dieu pour lui avec insistance » (At 12, 5).

L’unité est un principe qui s’active par la prière, parce que la prière permet à l’Esprit Saint d’intervenir, d’ouvrir à l’espérance, de réduire les distances, de rester ensemble dans les difficultés.

Remarquons une autre chose : dans ces circonstances dramatiques, personne ne se lamente du mal, des persécutions, d’Hérode. Personne n’insulte Hérode – et nous sommes tellement habitués à insulter les responsables. C’est inutile, et même fastidieux, que les chrétiens perdent le temps à se lamenter du monde, de la société, de ce qui ne va pas. Les lamentations ne changent rien.

Rappelons-nous que les lamentations sont la deuxième porte fermée à l’Esprit Saint, comme je vous l’ai dit le jour de Pentecôte : la première est le narcissisme, la deuxième le découragement, la troisième le pessimisme. Le narcissisme t’amène au miroir, à te regarder continuellement ; le découragement, aux lamentations ; le pessimisme, dans le noir, dans l’obscurité. Ces trois attitudes ferment la porte à l’Esprit Saint.

Ces chrétiens n’accusaient pas, mais ils priaient. Dans cette communauté personne ne disait : «Si Pierre avait été plus prudent, nous ne serions pas dans cette situation». Personne. Pierre, humainement, avait des raisons d’être critiqué, mais personne ne le critiquait. Non, ils ne parlaient pas mal de lui, mais priaient pour lui. Ils ne parlaient pas dans le dos, mais parlaient à Dieu.

Et nous aujourd’hui, nous pouvons nous demander : « Gardons-nous notre unité par la prière, notre unité de l’Église ? Prions-nous les uns pour les autres ? » Qu’est ce qui arriverait si on priait beaucoup plus et si on murmurait beaucoup moins, avec la langue un peu tranquillisée ? Ce qui est arrivé à Pierre en prison : comme à l’époque, de nombreuses portes qui séparent s’ouvriraient, plusieurs chaines qui paralysent tomberaient.

Et nous serions étonnés, comme cette fille qui, en voyant Pierre à la porte, ne réussissait pas à ouvrir, mais a couru à l’intérieur, émerveillée de joie de voir Pierre (cf. Ac 12, 10-17). Demandons la grâce de savoir prier les uns pour les autres. Saint Paul exhortait les chrétiens à prier pour tous et en premier lieu pour ceux qui gouvernent (cf 1 Tm 2, 1-3).

«Mais ce dirigeant est …», et les qualificatifs sont nombreux ; je ne les citerai pas, parce que ce n’est pas le moment ni la place pour citer les qualificatifs qu’on entend contre les dirigeants. Que Dieu les juge, mais prions pour les dirigeants ! Prions : ils ont besoin de la prière. C’est un devoir que le Seigneur nous confie.

Le faisons-nous ? Ou bien parlons-nous, insultons-nous et ça s’arrête là? Dieu attend que quand nous prions, nous nous souvenions aussi de celui qui ne pense pas comme nous, de celui qui nous a fermé la porte au nez, de celui à qui nous avons de la peine à pardonner. Seule la prière défait les chaînes, comme à Pierre, seule la prière aplanit la voie vers l’unité.

Aujourd’hui on bénit les palliums, qui sont conférés au Doyen du Collège cardinalice et aux Archevêques Métropolitains nommés au cours de cette dernière année. Le pallium rappelle l’unité entre les brebis et le Pasteur qui, tout comme Jésus, charge la brebis sur ses épaules pour ne jamais s’en séparer.

Puis aujourd’hui, selon une belle tradition, nous nous unissons de façon spéciale au Patriarche œcuménique de Constantinople. Pierre et André étaient frères et nous, quand cela est possible, nous échangeons des visites fraternelles durant nos fêtes respectives : non pas tant par gentillesse, mais pour cheminer ensemble vers le but que le Seigneur nous indique : la pleine unité.

Aujourd’hui, ils n’ont pas pu venir, pour les problèmes de voyage à cause du coronavirus, mais lorsque je suis descendu vénérer les restes de Pierre, je sentais dans le cœur, proche de moi mon bien-aimé frère Bartholomée. Ils sont ici, avec nous.

Vraie Prophétie

La seconde parole, prophétie. Unité et prophétie. Nos Apôtres ont été provoqué par Jésus. Pierre s’est entendu demander : « Toi, qui dis-tu que je suis » (cf. Mt 16, 15). A ce moment il a compris que les opinions générales n’intéressent pas le Seigneur, mais le choix personnel de le suivre. De même la vie de Paul a changé après une provocation de Jésus : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? » (Ac 9, 4).

Le Seigneur l’a secoué du dedans : plus que de le faire tomber à terre sur le chemin de Damas, il a fait tomber sa présomption d’homme religieux et respectable. Ainsi le Saul fier est devenu Paul : Paul qui signifie « petit ».

Après ces provocations, après ces retournements de vie suivent les prophéties : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16, 18) ; et à Paul : « Cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon nom auprès des nations » (At 9, 15).

Donc, la prophétie naît lorsqu’on se laisse provoquer par Dieu : non pas quand on gère sa tranquillité et qu’on contrôle tout.  Elle ne naît pas de mes pensées, elle ne naît pas de mon cœur fermé. Elle naît si nous nous laissons provoquer par Dieu. Quand l’Évangile renverse les certitudes, la prophétie jaillit. Seul, celui qui s’ouvre aux surprises de Dieu devient prophète.

Et les voilà Pierre et Paul, des prophètes qui voient plus loin : Pierre qui le premier proclame que Jésus est « le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16, 16) ; Paul anticipe la fin de sa vie : « Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra » (2 Tm 4,8).

Aujourd’hui nous avons besoin de prophétie, mais de vraie prophétie : non de beaux parleurs qui promettent l’impossible, mais de témoignages que l’Évangile est possible. Il n’est point besoin de manifestations miraculeuses. Ça me fait mal lorsque j’entends proclamer : «Nous voulons une Eglise prophétique».

Bien. Que fais-tu, pour que l’Église soit prophétique ? Il faut des vies qui manifestent le miracle de l’amour de Dieu. Non de puissance, mais de cohérence. Non de paroles, mais de prière. Non de proclamations, mais de service. Tu veux une Église prophétique ? Commence à servir, et tais-toi. Non de théories, mais de témoignage.

Nous n’avons pas besoin d’être riches, mais d’aimer les pauvres ; non de gagner pour nous-même, mais de nous dépenser pour les autres ; non du consentement du monde, se sentir bien avec tout le monde – chez nous on dit : «se sentir bien avec Dieu et avec le diable», se sentir bien avec tout le monde – ; non, ce n’est pas une prophétie.

Mais nous avons besoin de la joie pour le monde à venir ; non de ces projets pastoraux qui semblent avoir en soi leur efficacité, comme si c’étaient des sacrements, des projets pastoraux efficaces, non, mais nous avons besoin de pasteurs qui offrent leur vie : des amoureux de Dieu. Ainsi, Pierre et Paul ont annoncé Jésus, en amoureux.

Pierre, avant d’être mis en croix, ne pense pas à lui-même mais à son Seigneur et, se considérant indigne de mourir comme lui, demande d’être crucifié la tête en bas. Paul, avant d’être décapité, pense seulement à donner sa vie et écrit qu’il veut être « offert en sacrifice » (2 Tm 4, 6). Ceci est une prophétie. Non des paroles. C’est la prophétie, la prophétie qui change l’histoire.

Chers frères et sœurs, Jésus a prophétisé à Pierre : «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église». De même pour nous, il y a une prophétie semblable. Elle se trouve dans le dernier livre de la Bible, là où Jésus promet à ses témoins fidèles : « un caillou blanc, et, inscrit sur ce caillou, un nom nouveau » (Ap 2, 17).

Comme le Seigneur a transformé Simon en Pierre, de même il appelle chacun de nous, pour faire de nous des pierres vives avec lesquelles construire une Église et une humanité rénovées. Il y a toujours ceux qui détruisent l’unité et éteignent la prophétie, mais le Seigneur croit en nous et il te demande : « Toi, tu veux-tu être bâtisseur d’unité ? Veux-tu être prophète de mon ciel sur la terre ? »

Frères et sœurs, laissons-nous provoquer par Jésus et trouvons le courage de lui dire : « Oui, je le veux ! »


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