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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

L’Eucharistie est le «Mémorial qui guérit notre mémoire»

L’Eucharistie est le «Mémorial qui guérit notre mémoire»

C’est en la Basilique Saint-Pierre que le Pape François a célébré ce dimanche 14 juin la messe de la Fête-Dieu, devant une cinquantaine de fidèles. «L’Eucharistie n’est pas un simple souvenir, c’est un fait». Un fait par lequel Jésus-Christ vient guérir les mémoires et nous appelle à servir à notre tour.

 

En raison des mesures liées à la pandémie de coronavirus, l’évêque de Rome ne s’est pas déplacé ce dimanche dans une paroisse de son diocèse pour célébrer la messe du Corps et Sang du Seigneur, comme ce fut le cas les années précédentes. La cérémonie s’est déroulée cette fois en la Basilique Saint-Pierre, à l’autel de la Chaire, devant des fidèles espacés les uns des autres.

Sur l’autel, la mort et de la résurrection du Christ

L’homélie de cette solennité du Corps et du Sang du Christ a permis de revenir sur la signification de l’Eucharistie, «mémorial» laissé par Dieu pour venir au secours de notre «fragile» mémoire. La mémoire est «la vie qui nous unit à Dieu et aux autres», mais elle peut défaillir.

Or ce mémorial ne consiste pas seulement en des paroles ou des signes, pouvant eux aussi être sujets à l’oubli, mais en une «Nourriture» dont on perçoit la saveur, «un Pain dans lequel Il est là, vivant et vrai, avec toute la saveur de son amour».

«Faites cela en mémoire de moi» (1 Co 11, 24), entend-on lors de chaque messe. «Faites: l’Eucharistie n’est pas un simple souvenir, c’est un fait: c’est la Pâques du Seigneur qui revit pour nous». «Nous ne pouvons pas nous en passer, c’est le mémorial de Dieu. Et il guérit notre mémoire blessée». Que signifie une «mémoire blessée» et guérie? Le Pape l’a précisé en trois points.

Aimés donc relevés

Il y a d’abord la «mémoire orpheline», marquée «par le manque d’affection et par les déceptions brûlantes». L’Eucharistie apporte alors un amour plus grand, aux dimensions de la Trinité: «l’amour fidèle du Père, qui guérit notre état d’orphelins»; l’amour du Christ, crucifié et ressuscité pour chacun de nous; l’amour de l’Esprit Saint consolateur.

L’Eucharistie guérit aussi «la mémoire négative», emplie d’une mauvaise image de soi-même. Si nous pensons que «nous ne sommes bons à rien», Jésus vient au contraire «nous dire que ce n’est pas le cas». «Il nous rappelle que nous sommes précieux», «attendus», parce qu’il est «vraiment amoureux de nous.»

«Le Seigneur sait que le mal et les péchés ne sont pas notre identité; ce sont des maladies, des infections. Et il vient pour les soigner avec l’Eucharistie, qui contient les anticorps pour notre mémoire malade de négativité. Avec Jésus nous pouvons nous immuniser contre la tristesse.»

Les soucis ne disparaissent pas pour autant, mais ils se font moins oppressants. «Voici la force de l’Eucharistie, qui nous transforme en porteurs de Dieu: porteurs de joie et non de négativité», une joie qui «change la vie» si nous savons l’accueillir et en témoigner.

Servir son prochain et adorer le Seigneur

Enfin, le Seigneur guérit «notre mémoire fermée», chargée de blessures qui nous rendent «à la longue cynique et indifférents», avides de contrôle pour surmonter nos peurs. Mais «seul l’amour guérit à la racine la peur et libère des fermetures qui emprisonnent.» Jésus agit ainsi «dans la fragilité désarmante de l’Hostie». Il devient «Pain rompu pour briser les coques de nos égoïsmes», pour nous libérer «des blocages intérieurs, des paralysies du cœur». L’Eucharistie permet aussi de se détacher de «mille choses inutiles».

Cette guérison opérée par Jésus Hostie nous relève et «allume le désir de servir». «Nous ne sommes pas seulement des bouches à nourrir, mais aussi ses mains pour nourrir le prochain». D’où cet appel à «de vraies chaînes de solidarité», manifestant à nos frères et sœurs la proximité expérimentée dans l’Eucharistie.

Le Saint-Père a conclu en qualifiant la Messe de «Mémorial qui guérit notre mémoire», de «trésor à mettre à la première place dans l’Église et dans la vie». Il a aussi invité à redécouvrir «l’adoration, qui poursuit en nous l’œuvre de la Messe». L’adoration nous «guérit à l’intérieur»: «surtout maintenant, nous en avons vraiment besoin».

La célébration s’est justement terminée par un temps d’adoration du Saint-Sacrement et la bénédiction eucharistique donnée par le Successeur de Pierre.  L’antienne mariale Sub Tuum Praesidium a enfin été entonnée devant un tableau figurant la Vierge Marie, et placé à proximité de l’autel.

Corps et Sang du Christ, la fête de Jésus qui se fait pain et vin

Fête de la foi, parce qu’elle l’anime et la renforce, mais surtout fête du Seigneur et de l’Eucharistie, la fête du Corps et du Sang du Christ rappelle le mystère de l’incarnation et le perpétue, car Jésus reste toujours avec nous.

Jésus est devenu homme comme nous et en même temps, devenant comme nous, il a rendu possible la « divinisation » de l’homme. C’est à partir du mystère de l’Incarnation que nous devons commencer à faire connaissance avec cette solennité dédiée au Corps béni et au Sang du Christ, qui résume en elle-même tout le mystère du salut et est donc une synthèse de l’année liturgique.

Le Christ, pour assurer cette identité spéciale à l’homme, se fait pain et vin : c’est ici que l’Eucharistie devient une sorte de continuation historique de l’Incarnation.

Origines et histoire de la fête du « Corps du Christ »

En 1207, une religieuse Augustinienne de 15 ans, Juliette de Cornillon, d’origine belge, eut une vision d’une pleine lune avec une tache terne qui la salissait. Ses experts contemporains l’interprétèrent ainsi : la pleine lune symbolise l’Église; la tache opaque est l’absence d’une fête célébrant spécifiquement le Corps de Jésus Eucharistie.

L’année suivante, la même religieuse eut une vision plus claire, mais dut lutter pour faire instituer la fête. Elle ne réussira au niveau diocésain qu’en 1247, lorsque Robert de Thourotte deviendra évêque de Liège.

Ce sont les années au cours desquelles l’Église lutte contre l’hérésie de Bérenger de Tours selon laquelle la présence du Christ dans l’Eucharistie n’est que symbolique et non réelle. Bérenger se rétractera alors et l’Église établira ainsi la présence de Jésus dans l’Eucharistie en tant que dogme de foi.

Puis, lorsque, en 1264, l’ancien archidiacre de Liège devient le pape Urbain IV, la solennité s’étend à toute l’Église universelle et Thomas d’Aquin est chargé d’en composer l’office liturgique.

L’Eucharistie au centre du mystère

Le « Corps du Christ » est la fête de l’Eucharistie et c’est le prolongement de l’Incarnation. Le Christ et l’Eucharistie sont donc le même mystère. De plus, avoir la conviction que l’Eucharistie en tant que présence vivante du Christ est un mystère est une condition essentielle pour l’approche avec un cœur pur.

Un mystère, comme tel, ne peut donc être compris même par les interprétations théologiques les plus érudites, mais doit simplement être accepté et contemplé avec amour : pour cette raison, la pratique de l’adoration du Saint Sacrement, c’est-à-dire de Jésus Eucharistie, s’est répandue au cours des siècles. L’Eucharistie contient l’œuvre de salut réalisée par le Christ et nous permet d’entrevoir la plénitude de la gloire céleste.

La célébration du Corps du Christ

La fête du Corps du Christ ou Fête-Dieu est une fête mobile fixée au jeudi (ou  au dimanche pour certains pays, comme la France) suivant la fête de la Sainte Trinité.  Devenu l’une des fêtes chrétiennes les plus populaires, elle est souvent célébrée avec des processions impressionnantes, une tradition introduite par Jean XXII en 1316.

Autrefois, à Rome, une procession solennelle avait lieu, que le Pape menait de Saint Jean de Latran à Sainte Marie Majeure. Depuis quelques années, le pape François célèbre la solennité du Corps  du Christ le dimanche dans une paroisse.

Les sanctuaires marials, maisons de la Mère et authentiques Cénacles

Les Sanctuaires marials sont des lieux qui témoignent de la présence particulière de Marie dans la vie de l’Église. Ils font partie du patrimoine spirituel et culturel d’un peuple et ont un grand éclat et de l’attraction.

Marie en prière au Cénacle avec les apôtres, lors de la Pentecôte – Bas-reliefs autour du chœur de la cathédrale de Chartres

En eux « non seulement des individus ou des groupes locaux, mais parfois des nations et des continents entiers, cherchent à répondre à la Mère du Seigneur, elle qui est bienheureuse parce qu’elle a cru.» (Jean-Paul II, Redemptoris Mater, n. 28)

Pour cela, on pourrait peut-être parler d’une géographie « spécifique » « de la foi, de la dévotion mariale, qui comprend tous ces lieux spéciaux de pèlerinage du peuple de Dieu, pour ceux qui cherche à répondre à la Mère de Dieu et à trouver dans la présence maternelle de ‘celle qui a cru’ le renforcement de leur foi.» (ibid)

Les sanctuaires marials sont comme la maison de la Mère, aires de repos et repos sur la longue route qui mène au Christ; Ils sont foyers où, par leur foi simple et humble, des « pauvres en esprit » (Mt 5, 3) reprennent contact avec la grande richesse que le Christ a confié et donné à l’Église, en particulier les sacrements, la grâce, la miséricorde, la charité envers les frères et sœurs malades et les souffrants.

Les sanctuaires marials sont d’authentiques Cénacles, où toutes les catégories de fidèles ont la possibilité joyeuse de se plonger dans une intense prière avec Marie, la Mère de Jésus (Actes 1: 14), non seulement dans la prière liturgique, mais aussi sous des formes saines de piété populaire. Ils manifestent souvent le génie religieux de tout un peuple, atteignant parfois un sens théologique aigu impressionnant, associé à une extraordinaire inspiration poétique.

A propos de l’histoire et du message spirituel des pèlerinages marials, que les fidèles cherchent à en saisir l’expérience, pour en vivre et la réaliser dans la vie de tous les jours.

Que la Madone nous assiste par sa protection.

Saint Jean-Paul II, Angélus, 21 juin 1987