Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Messe du Pape à Maurice: nos jeunes sont notre première mission

Messe du Pape à Maurice: nos jeunes sont notre première mission

Sur l’île Maurice, au monument Marie Reine de la Paix, le Saint-Père a présidé la messe ce lundi matin. Un moment fort et très attendu, trente ans après la visite de saint Jean-Paul II sur cette île de l’Océan Indien. Dans son homélie, le Pape a longuement évoqué la place des jeunes dans la société mauricienne. Une jeunesse à l’avenir souvent incertain, mais à qui l’Église peut proposer un chemin d’espérance.

Le Pape a célébré cette messe – en langue française principalement – devant quelque cent mille fidèles, rassemblés à flanc de montagne face à ce monument Marie Reine de la Paix. Une montagne présentée par le Pape François comme celle des Béatitudes, qui étaient au cœur de l’Évangile choisi pour cette célébration (Mt 5, 1-12a).

Les Béatitudes sont «comme la carte d’identité du chrétien», pour être un bon chrétien, il faut mettre en œuvre ce que Jésus déclare dans ce “Sermon sur la montagne”.

Le bienheureux père Laval, exemple de dynamisme missionnaire

Le bienheureux père Jacques-Désiré Laval est fêté solennellement ce 9 septembre par l’Église mauricienne. Ce missionnaire français ayant évangélisé l’île Maurice au XIXe siècle reste aujourd’hui une figure centrale de la foi des catholiques de l’île.

La vie de «l’apôtre de l’unité mauricienne», fut une vie marquée par «l’amour du Christ et des pauvres». «Il savait qu’évangéliser suppose d’être tout à tous.» «Sa sollicitude le porta à faire confiance aux plus pauvres et aux personnes rejetées pour que ce soient eux les premiers à s’organiser et à trouver des réponses à leurs souffrances.»

«À travers son dynamisme missionnaire et son amour, le Père Laval a donné à l’Église mauricienne une nouvelle jeunesse, un nouveau souffle qu’aujourd’hui nous sommes invités à poursuivre dans le contexte actuel», à «prendre soin de cet élan missionnaire.»

Prendre soin des «prémices de cette terre»

Le Saint-Père a invité à se tourner vers les jeunes, même si «ceci n’est pas toujours facile, parce que cela exige que nous apprenions à les reconnaître et à leur donner une place au sein de notre communauté, de notre société». Sur l’île Maurice, ces jeunes sont ceux «qui souffrent le plus, ce sont eux qui ressentent le plus le chômage.»

Et cet avenir incertain «les pousse à l’écart et les oblige à concevoir leur vie en marge de la société, les laissant vulnérables et presque sans repères face aux nouvelles formes d’esclavage de ce XXIe siècle. Ceux-ci, nos jeunes, sont notre première mission!» «Ne nous laissons pas voler le visage jeune de l’Église et de la société ; ne laissons pas les marchands de la mort voler les prémices de cette terre !»

Appel à la sainteté, appel à la joie

Il faut se laisser inspirer par le bienheureux père Laval: «retrouver la certitude du triomphe de Dieu» grâce à «l’espérance en Jésus». Les Béatitudes sont aussi la voie à suivre, malgré «les ambitions du pouvoir et les intérêts mondains», même si elles sont «quelque chose de mal vu, soupçonné, ridiculisé». Les croyants doivent «retrouver cette invitation à être heureux» car «seuls les chrétiens joyeux éveillent le désir de suivre ce chemin».

Inutile de se préoccuper d’abord «du déclin de tel ou tel mode de consécration dans l’Église», mais plutôt du «manque d’hommes et de femmes qui désirent vivre le bonheur sur des chemins de sainteté, des hommes et des femmes qui laissent leur cœur brûler par l’annonce la plus belle et la plus libératrice.»

Le Saint-Père a enfin invité les fidèles mauriciens à prier pour que dans leurs communautés fleurisse «la vocation à la sainteté dans les diverses formes de vie que l’Esprit nous propose». Il leur a demandé d’avoir confiance dans la force du Seigneur, cette confiance qui n’a jamais faibli dans le cœur du bienheureux Jacques-Désiré Laval.

Le Pape prie pour que se répande dans le monde la lumière d’Akamasoa

Le Pape prie pour que se répande dans le monde la lumière d’Akamasoa

Dans une ambiance festive, le Pape François a découvert ce dimanche la “Cité de l’Amitié”, fondée il y a trente ans par le père Pedro, un prêtre argentin d’origine slovène, afin d’aider les pauvres d’Antananarivo vivant dans une décharge de la capitale malgache à retrouver une vie digne: un travail, un toit, une éducation. Une «grande œuvre» célébrée par le Pape François.

 

Rencontre du Pape avec les les prêtres, religieux, consacrés et séminaristes - Collège Saint-Michel, Antananarivo - 8 septembre 2019 (Vatican Media)
Rencontre du Pape avec les les prêtres, religieux, consacrés et séminaristes – Collège Saint-Michel, Antananarivo – 8 septembre 2019 (Vatican Media)

Face aux visages radieux des 8000 jeunes qui l’ont accueilli par des chants et des danses ce dimanche à l’auditorium d’Akamasoa, le Pape a rendu grâce au Seigneur «qui a entendu le cri des pauvres et qui a manifesté son amour par des signes tangibles comme la création de ce village.»

Un signe manifeste de la présence de Dieu

Trente ans après sa découverte d’une immense décharge habitée dans la capitale malgache, le père lazariste argentin Pedro Opeka a créé «un bijou de charité», selon les mots du nonce à Madagascar. Il est parvenu à fonder huit villages, soit 3000 maisons accueillant 23 000 familles et 8000 enfants pauvres.

Akamasoa, la “Cité de l’Amitié”, compte des lieux d’enseignements et 14 453 élèves de la crèche à l’école supérieure. Il y a également des dispensaires et des postes de travail: des carrières de granit, une menuiserie, des champs à cultiver… Akamasoa est déjà venue en aide à 500 000 Malgaches.

Découvrant cette réalité, le Pape a exprimé sa joie: «Akamasoa est l’expression de la présence de Dieu au milieu de son peuple pauvre»; une présence ni ponctuelle, ni circonstancielle, mais de Celui «qui a décidé de vivre et de demeurer toujours au milieu de son peuple».

Des actes jaillis de la foi pour sortir de la pauvreté

De ce peuple, le Pape a reconnu les souffrances passées, l’impossibilité de se loger dignement, le chômage, la malnutrition de leurs enfants, l’indifférence du monde. Des cris que le Seigneur a entendus, puisqu’ils sont devenus aujourd’hui «des chants d’espérance» qui réfutent et font taire toute fatalité. «La pauvreté n’est pas une fatalité.»

À la fondation de «cette grande œuvre», se trouve une foi vivante «qui a permis de voir une chance là où seule la précarité était visible, de voir l’espérance là où seule la fatalité était visible, de voir la vie là où beaucoup annonçaient la mort et la destruction» ; une foi qui s’est traduite en actes.

Ce fut ensuite une «une longue histoire de courage et d’entraide» et des années de dur labeur. Aujourd’hui encore, la foi reste un fondement de la Cité de l’Amitié. Chaque dimanche, jusqu’à 8000 personnes participent à la Messe, le plus souvent dans une ambiance extrêmement joyeuse.

Une histoire communautaire féconde

Effort, discipline, honnêteté, respect pour soi-même et pour les autres. Le Pape s’est félicité du travail accompli par les premiers protagonistes de cette histoire; de la confiance progressivement restaurée, en eux et entre eux, grâce à l’effort commun, au sens de la famille et de la communauté.

«Il n’ a pas de pire esclavage, que de vivre chacun pour soi». «Le rêve de Dieu n’est pas seulement le développement personnel, mais surtout le développement communautaire».

Le Pape a exhorté les jeunes d’Akamasoa à ne pas baisser les bras «devant les effets néfastes de la pauvreté». «Ne succombez jamais aux tentations de la vie facile ou du repli sur soi». Il les a poussé au contraire à s’appuyer sur leur foi et sur le témoignage de leurs ainés pour poursuivre le travail.

Un modèle de charité à diffuser

«Laissez jaillir en vous les dons que le Seigneur vous a faits. Demandez-lui de vous aider à vous mettre généreusement au service de vos frères et sœurs. Ainsi Akamasoa ne sera pas un simple exemple pour les générations à venir mais, bien plus, le point de départ d’une œuvre inspirée par Dieu qui trouvera son plein épanouissement dans la mesure où vous continuerez à témoigner de son amour pour les générations présentes et à venir.»

Le Pape a remercié le père Pedro et ses 500 collaborateurs pour leur témoignage prophétique et plein d’espérance. Il a prié pour que dans le monde entier se diffuse «la splendeur de cette lumière», pour que se réalisent des modèles de développement qui favorisent la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale à partir de la confiance, de l’éducation, du travail et de l’effort, indispensables pour la dignité de la personne humaine.

garder un esprit de louange et de pauvreté

garder un esprit de louange et de pauvreté

Le deuxième jour de la visite du Saint-Père à Madagascar s’est conclu par une rencontre avec des prêtres, religieux, consacrés et séminaristes du pays. En s’appuyant sur une prière de Jésus rapportée dans l’Évangile, il a encouragé ses auditeurs à vivre leur mission dans la joie et «au nom du Seigneur».

 

Cette rencontre au Collège Saint Michel d’Antananarivo a été ponctuée par deux témoignages : celui de la présidente de la Conférence des religieuses de Madagascar, puis celui d’un prêtre du diocèse de Miarinarivo. Tous deux ont fait part au Saint-Père de leur gratitude et de leur dévouement, avant d’ajouter quelques mots sur les défis actuels de la mission à Madagascar.

Rester dans le cœur du Seigneur et dans le cœur du peuple

«Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits» (Lc 10, 21): tel est le verset qui a guidé toute la réflexion proposée par le Pape.

Un verset où Jésus exprime sa joie. Cette joie «est confirmée par vos témoignages, car même ce que vous exprimez comme des problèmes, ce sont des signes d’une Église vivante, dynamique, cherchant à être chaque jour une présence du Seigneur.» Le Papea rendu hommage à tous ceux, prêtres, religieux et laïcs, qui ont évangélisé et «maintenu vive la flamme de la foi sur ces terres».

Il a aussi remercié l’assemblée d’être le signe d’une «Église “en sortie”», et a reconnu les difficultés – souvent matérielles – auxquelles font face beaucoup de ces religieux, prêtres et séminaristes. «Mais vous avez choisi de rester et d’être aux côtés de votre peuple, avec votre peuple.» La personne consacrée est celle «qui a appris et veut rester dans le cœur de son Seigneur et dans le cœur de son peuple». Une «clé» aux yeux du Pape.

La fécondité de la mission naît de la louange

Il a ensuite abordé l’attitude de Jésus, qui loue et bénit son Père. «Nous sommes des hommes et des femmes de louange. La personne consacrée a la capacité de reconnaître et d’indiquer la présence de Dieu, là où il se trouve.»

La louange a bien des vertus: par exemple, elle «libère le disciple de l’obsession du ‘‘il faudrait faire…’’», elle ramène à l’humilité, et garde de «plans apostoliques expansionnistes, méticuleux et bien élaborés». «Dans une certaine mesure, une grande partie de notre vie, de notre joie et de notre fécondité missionnaire se joue dans cette invitation de Jésus à la louange.»

Agir au nom du Seigneur Jésus

Les disciples accomplissent leur mission «au nom du Seigneur Jésus». «La joie des disciples naissait de la certitude de faire les choses au nom du Seigneur, de vivre de son projet, de partager sa vie.» Ce qui implique que chaque action est une «victoire sur le pouvoir de Satan». «Chacun de nous peut témoigner de ces batailles… et aussi de quelques défaites.»

«En Son nom, vous êtes vainqueurs en donnant à manger à un enfant, en sauvant une mère du désespoir d’être seule face à tout, en donnant un travail à un père de famille…» «Continuez à mener ces batailles, mais toujours dans la prière et dans la louange !» Il a aussi enjoint ses auditeurs à mener le combat contre eux-mêmes, contre cet «esprit du mal» qui insuffle des désirs de sécurité économique, de pouvoir ou de vaine gloire.

La béatitude de l’Église des pauvres

C’est donc la figure du «petit» que le Pape a indiqué en exemple aux acteurs de l’Église malgache. Ce «petit» qui «voit et écoute», qui reconnaît «la présence de Dieu dans les souffrants et les affligés»; ce «petit» qui est servi dans la mission quotidienne.

«Heureux êtes-vous, heureuse Église des pauvres et pour les pauvres, car elle vit imprégnée du parfum de son Seigneur, elle vit joyeuse, en annonçant la Bonne Nouvelle aux marginalisés de la terre, à ceux qui sont les préférés de Dieu.»

Merci au traducteur 

Au terme de la rencontre, le Pape François a chaleureusement remercié père Marcel, qui l’a accompagné tout au long de ce voyage en sol malgache… en s’occupant de la traduction des neuf discours du Pape ! À chaque cérémonie, le père Marcel était présent pour traduire au public les paroles du Saint-Père, de l’italien au malgache.