Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le Pape prie pour que se répande dans le monde la lumière d’Akamasoa

Le Pape prie pour que se répande dans le monde la lumière d’Akamasoa

Dans une ambiance festive, le Pape François a découvert ce dimanche la “Cité de l’Amitié”, fondée il y a trente ans par le père Pedro, un prêtre argentin d’origine slovène, afin d’aider les pauvres d’Antananarivo vivant dans une décharge de la capitale malgache à retrouver une vie digne: un travail, un toit, une éducation. Une «grande œuvre» célébrée par le Pape François.

 

Rencontre du Pape avec les les prêtres, religieux, consacrés et séminaristes - Collège Saint-Michel, Antananarivo - 8 septembre 2019 (Vatican Media)
Rencontre du Pape avec les les prêtres, religieux, consacrés et séminaristes – Collège Saint-Michel, Antananarivo – 8 septembre 2019 (Vatican Media)

Face aux visages radieux des 8000 jeunes qui l’ont accueilli par des chants et des danses ce dimanche à l’auditorium d’Akamasoa, le Pape a rendu grâce au Seigneur «qui a entendu le cri des pauvres et qui a manifesté son amour par des signes tangibles comme la création de ce village.»

Un signe manifeste de la présence de Dieu

Trente ans après sa découverte d’une immense décharge habitée dans la capitale malgache, le père lazariste argentin Pedro Opeka a créé «un bijou de charité», selon les mots du nonce à Madagascar. Il est parvenu à fonder huit villages, soit 3000 maisons accueillant 23 000 familles et 8000 enfants pauvres.

Akamasoa, la “Cité de l’Amitié”, compte des lieux d’enseignements et 14 453 élèves de la crèche à l’école supérieure. Il y a également des dispensaires et des postes de travail: des carrières de granit, une menuiserie, des champs à cultiver… Akamasoa est déjà venue en aide à 500 000 Malgaches.

Découvrant cette réalité, le Pape a exprimé sa joie: «Akamasoa est l’expression de la présence de Dieu au milieu de son peuple pauvre»; une présence ni ponctuelle, ni circonstancielle, mais de Celui «qui a décidé de vivre et de demeurer toujours au milieu de son peuple».

Des actes jaillis de la foi pour sortir de la pauvreté

De ce peuple, le Pape a reconnu les souffrances passées, l’impossibilité de se loger dignement, le chômage, la malnutrition de leurs enfants, l’indifférence du monde. Des cris que le Seigneur a entendus, puisqu’ils sont devenus aujourd’hui «des chants d’espérance» qui réfutent et font taire toute fatalité. «La pauvreté n’est pas une fatalité.»

À la fondation de «cette grande œuvre», se trouve une foi vivante «qui a permis de voir une chance là où seule la précarité était visible, de voir l’espérance là où seule la fatalité était visible, de voir la vie là où beaucoup annonçaient la mort et la destruction» ; une foi qui s’est traduite en actes.

Ce fut ensuite une «une longue histoire de courage et d’entraide» et des années de dur labeur. Aujourd’hui encore, la foi reste un fondement de la Cité de l’Amitié. Chaque dimanche, jusqu’à 8000 personnes participent à la Messe, le plus souvent dans une ambiance extrêmement joyeuse.

Une histoire communautaire féconde

Effort, discipline, honnêteté, respect pour soi-même et pour les autres. Le Pape s’est félicité du travail accompli par les premiers protagonistes de cette histoire; de la confiance progressivement restaurée, en eux et entre eux, grâce à l’effort commun, au sens de la famille et de la communauté.

«Il n’ a pas de pire esclavage, que de vivre chacun pour soi». «Le rêve de Dieu n’est pas seulement le développement personnel, mais surtout le développement communautaire».

Le Pape a exhorté les jeunes d’Akamasoa à ne pas baisser les bras «devant les effets néfastes de la pauvreté». «Ne succombez jamais aux tentations de la vie facile ou du repli sur soi». Il les a poussé au contraire à s’appuyer sur leur foi et sur le témoignage de leurs ainés pour poursuivre le travail.

Un modèle de charité à diffuser

«Laissez jaillir en vous les dons que le Seigneur vous a faits. Demandez-lui de vous aider à vous mettre généreusement au service de vos frères et sœurs. Ainsi Akamasoa ne sera pas un simple exemple pour les générations à venir mais, bien plus, le point de départ d’une œuvre inspirée par Dieu qui trouvera son plein épanouissement dans la mesure où vous continuerez à témoigner de son amour pour les générations présentes et à venir.»

Le Pape a remercié le père Pedro et ses 500 collaborateurs pour leur témoignage prophétique et plein d’espérance. Il a prié pour que dans le monde entier se diffuse «la splendeur de cette lumière», pour que se réalisent des modèles de développement qui favorisent la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale à partir de la confiance, de l’éducation, du travail et de l’effort, indispensables pour la dignité de la personne humaine.

garder un esprit de louange et de pauvreté

garder un esprit de louange et de pauvreté

Le deuxième jour de la visite du Saint-Père à Madagascar s’est conclu par une rencontre avec des prêtres, religieux, consacrés et séminaristes du pays. En s’appuyant sur une prière de Jésus rapportée dans l’Évangile, il a encouragé ses auditeurs à vivre leur mission dans la joie et «au nom du Seigneur».

 

Cette rencontre au Collège Saint Michel d’Antananarivo a été ponctuée par deux témoignages : celui de la présidente de la Conférence des religieuses de Madagascar, puis celui d’un prêtre du diocèse de Miarinarivo. Tous deux ont fait part au Saint-Père de leur gratitude et de leur dévouement, avant d’ajouter quelques mots sur les défis actuels de la mission à Madagascar.

Rester dans le cœur du Seigneur et dans le cœur du peuple

«Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits» (Lc 10, 21): tel est le verset qui a guidé toute la réflexion proposée par le Pape.

Un verset où Jésus exprime sa joie. Cette joie «est confirmée par vos témoignages, car même ce que vous exprimez comme des problèmes, ce sont des signes d’une Église vivante, dynamique, cherchant à être chaque jour une présence du Seigneur.» Le Papea rendu hommage à tous ceux, prêtres, religieux et laïcs, qui ont évangélisé et «maintenu vive la flamme de la foi sur ces terres».

Il a aussi remercié l’assemblée d’être le signe d’une «Église “en sortie”», et a reconnu les difficultés – souvent matérielles – auxquelles font face beaucoup de ces religieux, prêtres et séminaristes. «Mais vous avez choisi de rester et d’être aux côtés de votre peuple, avec votre peuple.» La personne consacrée est celle «qui a appris et veut rester dans le cœur de son Seigneur et dans le cœur de son peuple». Une «clé» aux yeux du Pape.

La fécondité de la mission naît de la louange

Il a ensuite abordé l’attitude de Jésus, qui loue et bénit son Père. «Nous sommes des hommes et des femmes de louange. La personne consacrée a la capacité de reconnaître et d’indiquer la présence de Dieu, là où il se trouve.»

La louange a bien des vertus: par exemple, elle «libère le disciple de l’obsession du ‘‘il faudrait faire…’’», elle ramène à l’humilité, et garde de «plans apostoliques expansionnistes, méticuleux et bien élaborés». «Dans une certaine mesure, une grande partie de notre vie, de notre joie et de notre fécondité missionnaire se joue dans cette invitation de Jésus à la louange.»

Agir au nom du Seigneur Jésus

Les disciples accomplissent leur mission «au nom du Seigneur Jésus». «La joie des disciples naissait de la certitude de faire les choses au nom du Seigneur, de vivre de son projet, de partager sa vie.» Ce qui implique que chaque action est une «victoire sur le pouvoir de Satan». «Chacun de nous peut témoigner de ces batailles… et aussi de quelques défaites.»

«En Son nom, vous êtes vainqueurs en donnant à manger à un enfant, en sauvant une mère du désespoir d’être seule face à tout, en donnant un travail à un père de famille…» «Continuez à mener ces batailles, mais toujours dans la prière et dans la louange !» Il a aussi enjoint ses auditeurs à mener le combat contre eux-mêmes, contre cet «esprit du mal» qui insuffle des désirs de sécurité économique, de pouvoir ou de vaine gloire.

La béatitude de l’Église des pauvres

C’est donc la figure du «petit» que le Pape a indiqué en exemple aux acteurs de l’Église malgache. Ce «petit» qui «voit et écoute», qui reconnaît «la présence de Dieu dans les souffrants et les affligés»; ce «petit» qui est servi dans la mission quotidienne.

«Heureux êtes-vous, heureuse Église des pauvres et pour les pauvres, car elle vit imprégnée du parfum de son Seigneur, elle vit joyeuse, en annonçant la Bonne Nouvelle aux marginalisés de la terre, à ceux qui sont les préférés de Dieu.»

Merci au traducteur 

Au terme de la rencontre, le Pape François a chaleureusement remercié père Marcel, qui l’a accompagné tout au long de ce voyage en sol malgache… en s’occupant de la traduction des neuf discours du Pape ! À chaque cérémonie, le père Marcel était présent pour traduire au public les paroles du Saint-Père, de l’italien au malgache.

faire de Madagascar «un lieu où l’Évangile se fait vie»

faire de Madagascar «un lieu où l’Évangile se fait vie»

Devant un million de fidèles rassemblés sur le champ diocésain de Soamandrakizay, le Pape François a présidé la messe ce dimanche matin, au deuxième et dernier jour de son voyage apostolique à Madagascar. Dans son homélie, le Saint-Père a rappelé les exigences de l’engagement à la suite de Jésus, fondées sur le détachement personnel et l’ouverture au don de Dieu.

 

Ce matin, l’ampleur de l’assemblée était impressionnante sur le champ diocésain de Soamandrakizay, dont une partie prêtée par un voisin musulman, là même où s’est déroulée hier la veillée de prière avec les jeunes.

Face aux fidèles, étaient exposées sur l’autel les reliques du bienheureux Raphaël Louis Rafiringa (1856-1919), un Frère des Écoles Chrétiennes malgache , éducateur, catéchiste et médiateur de paix, qui a donné toutes ses forces pour l’Église de la Grande île, à l’époque mouvementée de la fin du 19e siècle.

Dans son homélie, le Pape a commenté l’Évangile du jour, extrait de saint Luc (Lc 14, 25-33), qui invite à renoncer à tout pour suivre Jésus. Trois exigences sont demandées par le Seigneur.

Repousser la culture du privilège

La première concerne les relations familiales. Ce détachement signifie que l’accès dans le Royaume des Cieux ne peut «seulement se limiter ou se réduire aux liens du sang, à l’appartenance à un groupe déterminé, à un clan ou à une culture particulière».

Autrement finit par prévaloir «la culture du privilège et de l’exclusion (favoritismes, clientélismes et, par conséquent corruption).» Jésus appelle donc ses disciples à «voir l’autre comme un frère», «au-delà de son origine familiale, culturelle, sociale».

Ne pas instrumentaliser le nom de Dieu

La seconde est relative au sens donné au Royaume des Cieux. Il ne faut pas l’identifier «avec ses propres intérêts personnels ou avec la fascination d’une idéologie quelconque», au risque d’«instrumentaliser le nom de Dieu ou la religion pour justifier des actes de violence, la ségrégation et même l’homicide, l’exil, le terrorisme et la marginalisation».

Jésus invite à «ne pas manipuler l’Évangile par de sombres réductionnismes», mais à toujours garder un esprit de fraternité, de solidarité, de «respect gratuit de la terre et de ses dons contre toute forme d’exploitation».

Compter sur les dons du Seigneur

Enfin, la troisième exigence invite au détachement vis-à-vis de ses propres forces et de ses biens. La «course à l’accumulation» pousse en effet à «l’égoïsme et l’utilisation de moyens immoraux.» Le Seigneur exhorte au contraire «à retrouver la mémoire reconnaissante et à prendre conscience que, bien plus qu’une victoire personnelle, notre vie et nos capacités sont le fruit d’un don», qui vient de Dieu et de la communion des saints.

Une libération, en faveur de Dieu et du prochain

Le but de ces renoncements : libérer le chrétien de l’un «des pires esclavages: le vivre pour soi-même», «créer des espaces pour que Dieu soit le centre et l’axe de notre vie». Le Pape a déploré l’individualisme orgueilleux, le repli confortable et sécurisant sur soi où «les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, on n’a plus d’enthousiasme à faire le bien…»

Il a invité l’assemblée à «laisser triompher l’esprit de fraternité – qui naît du côté ouvert de Jésus-Christ», et à se donner pour valoriser la dignité humaine.

La joie de l’Évangile  

Cette «sagesse du détachement personnel» peut sembler rude, mais il faut l’envisager à «la lumière de la joie et de la fête de la rencontre avec Jésus-Christ.». «Il est le premier à sortir pour nous chercher à la croisée des chemins.» Une joie jaillie de l’humilité et du réalisme, qui poussent à «assumer les grands défis» Le Pape encourage les fidèles à «faire de [leur] beau pays un lieu où l’Évangile se fait vie, et où la vie soit pour la plus grande gloire de Dieu».

À la fin de la célébration, le Pape a récité la prière de l’Angélus avec l’assemblée, après avoir remercié les autorités et la population malgaches pour leur accueil et mentionné la mémoire de la Nativité de la Vierge Marie, qui a lieu ce 8 septembre.