Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

reconnaître le Christ en toute personne rencontrée

reconnaître le Christ en toute personne rencontrée

Le Pape François s’est rendu près de Rome, à Sacrofano, afin de célébrer une messe ce vendredi après-midi à la Fraterna Domus pour l’ouverture de la rencontre des structures d’accueil des migrants, qui se tient jusqu’au 17 février sur le thème «Libérés de la peur». Dans son homélie, le Saint-Père a invité à mettre toute sa confiance dans le Seigneur et à reconnaître le Christ en toute personne rencontrée.

N’ayez pas peur

Telle est la phrase qui résume le mieux les textes choisis pour cette messe. La lecture et le psaume, extraits du livre de l’Exode (Ex 14, 5-18 et Ex 15,1-7a.17-18), ainsi que l’Évangile (Mt 14,22-33), sont en effet un appel à la confiance en Dieu en temps d’épreuve.

«N’ayez pas peur! Tenez bon! Vous allez voir aujourd’hui ce que le Seigneur va faire pour vous sauver!», lance ainsi Moïse aux fils d’Israël (Ex 14, 13). «Confiance! c’est moi ; n’ayez plus peur!» (Mt 14,27), demande aussi Jésus à ses disciples regroupés dans la barque.

«À travers ces épisodes bibliques, le Seigneur nous parle aujourd’hui et nous demande de le laisser Lui nous libérer de nos peurs». Des mots qui ont touché l’assemblée présente à cette messe: migrants, familles et associations engagées dans l’accueil et l’intégration des migrants en Italie. De nombreux prêtres occupaient aussi les premiers rangs.

La peur, sentiment répandu et paralysant

«La peur est à l’origine de l’esclavage» et de «toute dictature, parce que sur la peur du peuple grandit la violence des dictateurs». «Face aux méchancetés et aux horreurs de notre temps, nous sommes tentés d’abandonner notre rêve de liberté» et parfois «nous éprouvons une peur légitime».

«Les paroles humaines d’un chef ou d’un prophète ne suffisent pas à nous rassurer, quand nous ne parvenons pas à sentir la présence de Dieu et que  nous ne sommes pas capables de nous abandonner à sa providence.» D’où un «repli sur soi», dans «nos fragiles sécurités humaines, dans le cercle des personnes aimées, dans notre routine rassurante».

Une attitude qui «accroît notre peur envers les ‘autres’.» Une attitude répandue aujourd’hui, vis-à-vis des «migrants et réfugiés qui frappent à notre porte». Mais «la crainte est légitime», car «la préparation à cette rencontre manque». Pour autant, «renoncer à une rencontre n’est pas humain».

Faire confiance et reconnaître Jésus-Christ

Les textes bibliques nous ouvrent un autre chemin: celui du dépassement de la peur «pour nous ouvrir à la rencontre». Pour s’y engager, «les justifications rationnelles et les calculs statistiques ne suffisent pas.» Il s’agit d’avoir «pleine confiance en l’action salvifique et mystérieuse du Seigneur», et de croire que «la rencontre avec l’autre» est une «rencontre avec le Christ».

L’Évangile lui-même ne l’affirme-t-il pas? «Amen, je vous le dis: chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40).

Comme l’apôtre Pierre, nous pourrions être tentés «de mettre Jésus à l’épreuve» ou peiner à Le reconnaître. Pourtant, «c’est vraiment Lui», «avec les vêtements cassés, avec les pieds sales, avec le visage déformé, le corps couvert de plaies, incapable de parler notre langue…»

Et si la peur vient à reprendre le dessus, «le Seigneur ne nous abandonne pas», «le Christ continue à tendre sa main pour nous sauver et permettre la rencontre avec Lui, une rencontre qui nous sauve et nous rend la joie d’être ses disciples.»

Une rencontre dont témoigner

Par conséquent, «nous devrions commencer à remercier» ces «’autres’ qui frappent à notre porte, nous offrant la possibilité de surmonter nos peurs pour rencontrer, accueillir et aider Jésus en personne». Celui qui est libéré de la peur et porteur de la joie de la rencontre est «appelé aujourd’hui à l’annoncer sur les toits, ouvertement, pour aider les autres à faire de même.»

Plus qu’un devoir, c’est «une grâce qui porte en elle-même une mission, fruit d’une confiance totale dans le Seigneur, qui est pour nous l’unique véritable certitude.»

Pour conclure cette homélie pleine d’espérance, le Souverain Pontife a repris le verset du psaume: «Ma force et mon chant, c’est le Seigneur: il est pour moi le salut» (Ex 15,2).

Mots à la fin de la messe

Avant de dire au revoir, je voudrais remercier chacun de vous pour tout ce que vous faites : les petits pas … Mais les petits pas font le grand voyage de l’histoire.

N’ayez pas peur, soyez courageux!

Que le Seigneur vous bénisse. Merci.

Prier le Notre Père comme Jésus nous l’a enseigné

Catéchèse sur le « Notre Père »: 6. Notre père à tous

Il faut prendre exemple sur Jésus, qui invite à prier dans le secret du cœur, sans chercher à se faire remarquer par les autres. Le Pape François l’a exprimé ce matin lors de l’audience générale de ce mercredi matin, tenue en Salle Paul VI dans le cycle de ses catéchèses sur le Notre Père.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 13 février 2019


Chers frères et sœurs, nous continuons d’apprendre à prier comme Jésus nous l’a enseigné. A la racine, il y a un dialogue silencieux, comme un carrefour, un échange de regard entre deux personnes qui s’aiment : l’homme et Dieu. Jésus ne veut pas l’hypocrisie. La vraie prière est celle qui s’accomplit dans le secret de la conscience, du cœur : insondable, visible seulement pour Dieu. Moi et Dieu. La prière nous place en vérité devant Dieu : elle fuit le mensonge.

Dans le secret de sa conscience, le chrétien ne s’éloigne pas du monde derrière la porte de sa chambre, mais il porte dans son cœur les personnes et les situations, les problèmes. Dans son enseignement, Jésus souligne que la prière est un dialogue avec Dieu qui passe du « Tu » au « nous ».  «Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour»doit d’ailleurs concerner tous les pauvres du monde et nous inciter au partage.

En effet, dans la prière chrétienne, personne ne demande pour lui-même : c’est la prière d’une communauté de frères et de sœurs en disant “nous”. Cela m’empêche de rester tranquille tout seul et m’invite à me sentir responsable des autres.

Dans la prière, un chrétien porte toutes les difficultés des personnes qui vivent à côté de lui (…) : il pose devant lui de nombreux visages amis ou même hostiles; il ne les chasse pas comme des distractions dangereuses. A la suite de Jésus qui a éprouvé une grande compassion devant les misères du monde, «éprouver de la compassion» est une attitude-clé de l’Évangile.

Ainsi, le bon samaritain s’approche de l’homme blessé, contrairement à ceux qui ont le cœur dur. Quand je prie, est-ce que je m’ouvre au cri de tant de personnes proches ou éloignées ? Jésus nous demande de prier pour ceux qui apparemment ne cherchent pas Dieu, car Dieu les cherche plus que tous les autres, lui qui est toujours bon avec tous. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” » Mt 25, 40)

Je vous invite à prendre chaque jour un moment pour prier afin d’ouvrir votre cœur à Dieu et aux autres. Que Jésus soit votre guide sur le chemin de la prière ! Bon pèlerinage à tous.


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

l’engagement à la suite du Christ face au ritualisme

Une opposition frontale

A la scène paisible et silencieuse de la piété populaire qui touche Notre-Seigneur par la foi et obtient le salut, s’oppose aujourd’hui l’attitude critique des pharisiens, qui argumentent de mille pseudo-raisons pour ne pas s’engager à la suite du Christ.

Ernst Karl Georg Zimmermann - Jésus et des pharisiens - 1900
Ernst Karl Georg Zimmermann – Jésus et des pharisiens – 1900

Elles sont loin les foules accourant vers le Seigneur comme des brebis se rassemblant autour de leur berger ! Jésus consent néanmoins à descendre dans l’arène pour y subir l’interrogation des pharisiens, car eux aussi sont des enfants du Père, qu’il a mission de sauver.

Notre passage ne nous donne que quelques brefs échos des controverses que Notre-Seigneur a dû endurer, des flots de paroles bruyantes et agressives qu’il a dû supporter de la part de ces fils d’Israël, jaloux de son ascendant sur le peuple ; de la haine aussi à laquelle il a consenti à s’exposer.

Les accusateurs et la tradition des anciens

Contrairement aux foules qui humblement « suppliaient Jésus de leur laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau » (Mc 6, 56), les pharisiens et autres scribes « venus de Jérusalem, se réunissent autour de Jésus » ; ils l’encerclent comme des juges se tenant autour d’un accusé.

L’interpellation est déjà une accusation implicite : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? » Nous imaginons spontanément que les disciples se sont rendus coupable d’un écart doctrinal ou moral significatif ; or il n’en est rien : l’objet de la controverse se résume à une règle d’hygiène élémentaire : se laver les mains avant de prendre son repas.

En quoi cela concerne-t-il la « tradition des anciens », c’est-à-dire la religion des Pères ? Posée ainsi, la question peut en effet sembler oiseuse, voire mesquine, pour nous qui avons à ce point séparé la foi de la vie que les signes d’appartenance à la Tradition chrétienne se limitent bien souvent à la participation à la liturgie dominicale.

Pour Israël, toute activité possède une dimension religieuse essentielle ; aussi la tradition des anciens avait-elle établi un certain nombre de prescriptions – prières, bénédictions et autres rites – qui devaient aider le croyant à garder sans cesse en mémoire l’orientation surnaturelle de sa vie quotidienne.

La contestation de Jésus et le commandement de Dieu

Ce n’est certes pas cela que Jésus conteste ; loin de lui de se présenter comme un défenseur d’un laïcisme qui prétendrait renvoyer à la sphère privée l’expression de la foi et de l’appartenance à la communauté croyante. Mais Notre-Seigneur réagit contre une pratique religieuse vidée de son âme, de son intériorité, de son intentionnalité spirituelle.

Un tel ritualisme n’accomplit plus ce à quoi il était destiné : « S’il me manque l’amour je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante » (1 Co 13, 1). Sans la charité, la « tradition des anciens » est stérile ; elle n’est plus l’expression d’une attitude intérieure de foi, c’est-à-dire de vie en communion avec le Père et le Fils dans l’Esprit.

C’est ce clivage entre le paraître extérieur et l’être intérieur que Jésus dénonce comme hypocrisie : « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi. Il est inutile le culte qu’ils me rendent ». L’exemple que donne Notre-Seigneur pour illustrer son propos est particulièrement significatif de la perversité de cette dérive.

Le commandement de Dieu explicitement mentionné dans les Écritures : « Honore ton père et ta mère », est annulé par un décret d’une tradition toute humaine, dont les motivations sont loin d’être spirituelles, puisqu’elles visent au profit du temple et surtout de ceux qui le desservent.

Sous couvert de religiosité, la fameuse « tradition des anciens » fait passer l’intérêt de la caste sacerdotale avant la charité la plus élémentaire, et ceci malgré le précepte divin.

« Vous annulez la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez » : tel est le douloureux constat auquel aboutit Notre-Seigneur en observant le comportement des pharisiens de son époque et de tous les temps, y compris le nôtre.

A l’heure où tant de voix s’approprient les Évangiles pour réinterpréter la personne du Christ à leur convenance, c’est-à-dire au service de leurs idéologies, il est bon de faire un examen de conscience sur la manière dont j’accueille la Parole : dans la pauvreté d’un cœur humble tout disposé à lui obéir, ou avec la suffisance de celui qui la met au service de son propre discours, afin de justifier sa volonté propre ?

Sainte Marie, aidez-nous à demeurer à chaque instant en présence de votre Fils dans une attitude d’humble soumission à sa Parole ; que l’Esprit Saint repose sur nous, afin que « tout ce que vous direz, tout ce que vous ferez, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. » (Col 3, 17).

adapté de P. Joseph-Marie