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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Carême 2019: coopérer à la rédemption de la Création

se convertir pour œuvrer à la rédemption de la Création

Le message du Saint-Père pour le Carême 2019 explique en quoi l’homme peut et doit coopérer à la rédemption de la Création, en rompant avec le péché par le jeûne, la prière et l’aumône.

Chaque année, la célébration du Triduum pascal, «sommet de l’année liturgique», nous offre de contempler l’un des mystères essentiels du christianisme: la rédemption, l’acte par lequel Jésus rachète les hommes de leur péché en le payant de sa vie. Son sacrifice sur la Croix, par amour, a permis au monde d’être sauvé, de ne pas être définitivement vaincu par le mal.

Le mystère pascal, « mystère de salut, déjà à l’œuvre en nous en cette vie terrestre, se présente comme un processus dynamique qui embrasse également l’Histoire et la création tout entière. Saint Paul le dit : “La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu”. (Rm 8,19)»

Le Carême est une manière de prendre part à ce processus, en s’engageant sur un «chemin de conversion» par lequel nous pouvons nous révéler comme filles et fils de Dieu.

La rédemption de la Création

Mais quel est le lien entre la condition de filles, de fils de Dieu et la Création? Si «l’homme vit comme fils de Dieu, s’il vit comme une personne sauvée qui se laisse guider par l’Esprit Saint, alors il fait également du bien à la Création, en coopérant à sa rédemption».

Saint Paul dit : la Création «a comme un désir ardent que les fils de Dieu se manifestent, à savoir que ceux qui jouissent de la grâce du mystère pascal de Jésus vivent pleinement de ses fruits, lesquels sont destinés à atteindre leur pleine maturation dans la rédemption du corps humain».

L’exemple est donné par les saints. «Quand la charité du Christ transfigure la vie des saints – esprit, âme et corps –, ceux-ci deviennent une louange à Dieu et, par la prière, la contemplation et l’art, ils intègrent aussi toutes les autres créatures, comme le confesse admirablement le “Cantique des créatures” de saint François d’Assise.» Mais l’harmonie que produit la rédemption «est encore et toujours menacée par la force négative du péché et de la mort.»

Le péché destructeur

Quand l’homme privilégie son «bon plaisir» et se comporte avec «intempérance», son style de vie «viole les limites que notre condition humaine et la nature nous demandent de respecter».

«Si nous ne tendons pas continuellement vers la Pâque, vers l’horizon de la Résurrection, il devient clair que la logique du “tout et tout de suite”, du “posséder toujours davantage” finit par s’imposer.»

Le péché, rompant la communion avec Dieu, «a également détérioré les rapports harmonieux entre les êtres humains et l’environnement où ils sont appelés à vivre, de sorte que le jardin s’est transformé en un désert (cf. Gn 3,17-18). Il s’agit là du péché qui pousse l’homme à se tenir pour le dieu de la création, à s’en considérer le chef absolu et à en user non pas pour la finalité voulue par le Créateur mais pour son propre intérêt, au détriment des créatures et des autres.»

«Quand on abandonne la loi de Dieu, la loi de l’amour, c’est la loi du plus fort sur le plus faible qui finit par s’imposer.» Une logique qui «conduit à l’exploitation de la création, des personnes et de l’environnement, sous la motion de cette cupidité insatiable qui considère tout désir comme un droit, et qui tôt ou tard, finira par détruire même celui qui se laisse dominer par elle.»

Un Carême, plusieurs manières de se convertir

Pour mettre fin à cette exploitation mortifère et restaurer une communion harmonieuse et féconde, «la création a un urgent besoin que se révèlent les fils de Dieu. Le chemin vers Pâques nous appelle justement à renouveler notre visage et notre cœur de chrétiens à travers le repentir, la conversion et le pardon afin de pouvoir vivre toute la richesse de la grâce du mystère pascal.»

Le carême est donc «un signe sacramentel de cette conversion», qui «appelle les chrétiens à incarner de façon plus intense et concrète le mystère pascal dans leur vie personnelle, familiale et sociale en particulier en pratiquant le jeûne, la prière et l’aumône».

explications sur ces trois pratiques.

Le jeûne consiste à «changer d’attitude à l’égard des autres et des créatures : de la tentation de tout “dévorer” pour assouvir notre cupidité, à la capacité de souffrir par amour, laquelle est capable de combler le vide de notre cœur».

La prière permet «de savoir renoncer à l’idolâtrie et à  l’autosuffisance de notre moi, et reconnaître qu’on a besoin du Seigneur et de sa miséricorde».

L’aumône est un moyen de «se libérer de la sottise de vivre en accumulant toute chose pour soi dans l’illusion de s’assurer un avenir qui ne nous appartient pas. Il s’agit ainsi de retrouver la joie du dessein de Dieu sur la création et sur notre cœur, celui de L’aimer, d’aimer nos frères et le monde entier, et de trouver dans cet amour le vrai bonheur».

Ne laissonspas «passer en vain  ce temps favorable.» «Abandonnons l’égoïsme, le regard centré sur nous-mêmes et tournons-nous vers la Pâque de Jésus: faisons-nous proches de nos frères et sœurs en difficulté en partageant avec eux nos biens spirituels et matériels.»

«En accueillant dans le concret de notre vie la victoire du Christ sur le péché et sur la mort, nous attirerons également sur la création sa force transformante.»

Pèlerinage du cœur

Partage de foi

Chers membres de la Famille vincentienne à travers le monde,
La grâce et la paix de Jésus soient toujours avec nous !

Alors que nous entrons en Carême, c’est avec une profonde joie intérieure que nous rendons grâce à Jésus pour ce temps saint de l’année qui nous aide à comprendre et à voir avec les yeux du cœur ses gestes de miséricorde infinie envers nous, envers les autres et envers l’humanité entière.

Chemin et lumière
Chemin et lumière

Nous poursuivons notre réflexion sur les éléments qui ont façonné la spiritualité vincentienne et ont conduit saint Vincent de Paul à devenir un mystique de la Charité.

Je nous invite tous à faire de ce Carême un pèlerinage, un pèlerinage du cœur, au cœur de Jésus et au nôtre. Si les deux cœurs se rencontrent, si les deux cœurs sont remplis des mêmes pensées et des mêmes désirs, tous les actes que nous poserons, à tout moment de notre vie, seront des actes saints. Jésus remplira notre cœur de sa présence même dans les plus petits recoins et notre cœur sera un cœur selon son cœur.

Je voudrais saisir cette occasion pour exhorter les membres de la Famille vincentienne de rencontrer régulièrement Jésus dans le sacrement de la Réconciliation, une fois par mois, de répondre à l’invitation de Jésus et d’en faire une pratique régulière de leur cheminement spirituel.

Le partage de foi

Du temps de Vincent, des exercices tels que la répétition d’oraison et la pratique de la coulpe donnaient aux membres de sa famille spirituelle l’occasion de partager fréquemment leur foi et de reconnaître ouvertement leurs fautes.

A travers les siècles, divers modèles de partage de foi ont émergé. Des Pères spirituels ont communiqué une méthode ou des étapes pour nous aider à écouter la Parole de Dieu, à être ouverts pour l’accueillir dans notre cœur et recevoir l’inspiration de l’Esprit afin de comprendre ce que Jésus nous dit personnellement, à travers un texte donné.

Ensuite, en toute simplicité et humilité, nous le partageons avec le groupe, la communauté. C’est une « terre sainte » où nous nous sentons en sécurité, non jugés, ni critiqués, mais écoutés, acceptés comme des égaux, tels que nous sommes à ce moment de notre cheminement spirituel.

Dans un tel environnement, dans une telle communauté, dans une telle rencontre de partage de foi, nous approfondissons notre relation avec Jésus, avec nous-mêmes et avec les autres. Vincent aimait que le partage soit franc et concret. Il disait :

« C’est une bonne pratique de venir au détail des choses humiliantes, quand la  prudence permet qu’on les déclare tout haut, à cause du profit qu’on en tire, se surmontant soi-même dans la répugnance qu’on ressent à découvrir et à manifester ce que la superbe voudrait tenir caché. Saint Augustin a lui-même  publié les péchés secrets de sa jeunesse, en ayant composé un livre, afin que toute la terre sût toutes les impertinences de ses erreurs et les excès de ses débauches. Et ce vaisseau d’élection, saint Paul, ce grand apôtre qui a été ravi jusqu’au ciel, n’a-t-il pas avoué qu’il avait persécuté l’Église ? Il l’a même couché par écrit, afin que jusqu’à la consommation du siècle on sût qu’il avait été un persécuteur » (Coste XI, 53-54).

Parmi d’autres formes de partage de foi que vous connaissez ou pouvez pratiquer, permettez-moi de vous proposer un modèle, intitulé les « sept étapes », un schéma qui peut être utilisé.

Sept étapes :

1 Nous rappelons la présence du Seigneur. Quelqu’un commence par une prière ou un chant.

3 Nous lisons un texte. Quelqu’un lit un texte biblique, un extrait de saint Vincent ou autre.

4 Nous laissons Dieu nous parler en silence. Nous gardons le silence pendant un temps déterminé et laissons Dieu nous parler.

5 Nous choisissons des mots ou des phrases qui nous frappent. Chaque personne choisit une courte phrase ou un mot et le dit à haute voix dans la prière, tandis que les autres gardent le silence.

6 Nous partageons ce que nous avons entendu dans notre cœur. Qu’est-ce qui nous a touchés personnellement dans la lecture ou dans la prière ? Nous parlons de ce que chacun ou le groupe dans son ensemble sont appelés à faire. Y a-t-il quelque chose que nous sommes appelés à faire ?

7 Nous prions ensemble. Nous terminons par une prière ou un chant.

Le partage de foi est une «terre sainte» où nous enlevons nos chaussures pour nous mettre devant Jésus, en toute simplicité et humilité.

Le partage de foi n’est pas un moment où, après avoir écouté et médité la Parole de Dieu, nous donnons une brève homélie ou une brève exégèse du texte que nous venons de lire, prenant le rôle d’un enseignant.

Le partage de foi consiste plutôt à écouter et à méditer ce que Jésus dit personnellement à chacun de nous, puis à le partager avec le groupe, avec notre communauté.

Jésus est celui qui guérit, et nous sommes invités à devenir des guérisseurs, avec nos blessures, selon son cœur.

Nous entreprenons ensemble un « pèlerinage du cœur ». Une réflexion plus approfondie sur la direction spirituelle, le sacrement de la Réconciliation, le partage de foi et leur adoption en tant que « compagnons » réguliers nous assurent que notre pèlerinage atteindra son objectif : unir le cœur de Jésus et notre propre cœur afin d’atteindre le cœur de tous en tant qu’évangélisateurs des pauvres plus efficaces.

Rome, Carême 2019
Votre frère en Saint Vincent,
Tomas Mavric, CM, Supérieur général

agir avec sagesse et charité, contre le bavardage qui détruit

Commentant le passage de saint Luc dans l’évangile d’aujourd’hui, le Pape François exhorte ceux qui ont des responsabilités en matière d’éducation ou de commandement à faire un « discernement sain », avant tout choix et toute action. Puis il rappelle que le « murmure » détruit la famille, l’école, le lieu de travail, et que c’est « à partir du langage que commencent les guerres ».

***

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre -Rome
Dimanche, 3 mars 2019


Chers frères et sœurs, bonjour!

Le passage de l’Évangile d’aujourd’hui présente de courtes paraboles, par lesquelles Jésus veut indiquer à ses disciples la voie à suivre pour bien vivre.

A la question: « Un aveugle peut-il conduire un autre aveugle? » (Lc 6, 39), il veut souligner qu’un guide ne peut pas être aveugle, mais doit bien voir, c’est-à-dire qu’il doit posséder la sagesse de conduire avec sagesse, sinon cela risquerait de causer des dommages aux personnes qui en dépendent.

Jésus attire ainsi l’attention de ceux qui ont des responsabilités en matière d’éducation ou de commandement: pasteurs d’âmes, autorités publiques, législateurs, enseignants, parents, en les priant instamment de prendre conscience de leur rôle délicat et de toujours trouver le bon chemin sur lequel conduire les gens.

Et Jésus emprunte une expression sapientielle pour s’indiquer comme modèle d’enseignant et de guide à suivre: « Un disciple est autre que l’enseignant; mais quiconque est bien préparé sera comme son maître » (v. 40). C’est une invitation à suivre son exemple et son enseignement pour être des guides sûrs et sages.

Et cet enseignement est particulièrement contenu dans le discours de la montagne, que la liturgie du dimanche nous propose dans l’Évangile, indiquant l’attitude de douceur et de miséricorde pour être des gens sincères, humbles et justes.

Dans le passage d’aujourd’hui, nous trouvons une autre phrase significative, qui nous exhorte à ne pas être présomptueux et hypocrite. Il dit: « Pourquoi regardes-tu la paille dans l’œil de ton frère et ne remarques-tu pas la poutre dans ton œil? » (V. 41).

Nous savons tous combien de fois il est plus facile ou plus commode de discerner et de condamner les défauts et les péchés d’autrui sans pouvoir voir les nôtres avec autant de clarté. Nous cachons toujours nos fautes, nous les cachons aussi à nous-mêmes; au lieu de cela, il est facile de voir les défauts des autres.

La tentation est d’être indulgent avec soi-même et dur avec les autres. Il est toujours utile d’aider les autres avec des conseils avisés, mais si nous observons et corrigeons les défauts de notre voisin, nous devons également savoir que nous avons des défauts.

Si je crois ne pas les avoir, je ne peux ni condamner ni corriger les autres. Nous avons tous des défauts: tout le monde. Nous devons en être conscients et, avant de condamner les autres, nous devons regarder en nous-mêmes. Nous pouvons donc agir de manière crédible, avec humilité, en témoignant de la charité.

Comment pouvons-nous comprendre si notre œil est libre ou bloqué par une poutre? C’est toujours Jésus qui nous dit: « Il n’existe pas de bon arbre qui produit de mauvais fruits, pas plus qu’un mauvais arbre qui produit de bons fruits. En fait, chaque arbre est reconnu à ses fruits » (vv.43-44).

Le fruit, c’est des actions, mais aussi des mots. La qualité de l’arbre est également connue par les mots. En fait, ce qui est bon tire le bien et le mal de son cœur et de sa bouche et ce qui est mauvais tire le mal, pratiquant l’exercice le plus dommageable qui soit parmi nous: le murmure, le bavardage, le fait de parler mal des autres.

Cela détruit; cela détruit la famille, détruit l’école, détruit le lieu de travail, détruit le quartier. Les guerres commencent à partir de la langue. Réfléchissons un peu sur cet enseignement de Jésus et posons-nous les questions:

Est-ce que je parle mal des autres?

Est-ce que j’essaie toujours de salir les autres?

Est-il plus facile pour moi de voir les défauts des autres que les miens?

Et essayons de nous corriger au moins un peu: cela  fera du bien à tout le monde.

Invoquons le soutien et l’intercession de Marie pour suivre le Seigneur sur ce chemin.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, je vous encourage à marcher avec joie, avec générosité, en témoignant partout de la bonté et de la miséricorde du Seigneur.

Et je souhaite à tous un bon dimanche! S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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