Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

les trois façons de vivre la pauvreté

Jésus enseigne 9e siècle enluminure du Sacramentaire de Drogon
Jésus enseigne 9e siècle enluminure du Sacramentaire de Drogon

Ce matin, lors de l’homélie de la messe à la Maison Sainte-Marthe au Vatican, le Pape François s’est arrêté sur les trois façons de vivre la pauvreté dans la vie du chrétien, sur la question de la richesse, de l’attachement excessif aux biens.

Dans l’extrait de l’Évangile de Luc, le Christ invite les disciples à partir sur les routes dans une logique de pauvreté : «Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales.» Le disciple attaché à l’argent ou aux richesses n’est donc pas un vrai disciple.

Toute l’homélie a donc été centrée sur les «trois étapes» de la pauvreté dans la vie des disciples, les trois façons de la vivre.

Face à l’attachement excessif aux biens

La première est de se détacher de l’argent et des richesses, et «c’est la condition pour commencer la route». Il faut avoir un «cœur pauvre», car «si dans le travail apostolique il y a des structures ou des organisations qui semblent être un signe de richesse», il faut bien les utiliser, mais avec détachement.

Le jeune homme riche de l’Évangile, en effet, a bouleversé le cœur de Jésus mais n’a pas été capable ensuite de suivre le Seigneur parce qu’il avait «le cœur attaché aux richesses». «Si tu veux suivre le Seigneur, choisis la voie de la pauvreté», le cœur détaché des richesses. Le disciple «doit être pauvre».

La pauvreté des persécutions à cause de l’Évangile

La deuxième forme de pauvreté est celle des persécutions. Toujours dans l’extrait de l’Évangile du jour, en effet, le Seigneur invite les disciples «comme des agneaux au milieu des loups». Et aujourd’hui aussi il y a beaucoup de chrétiens persécutés pour l’Évangile, ou calomniés :

«Hier, dans la Salle de Synode, un évêque de l’un de ces pays où il y a des persécutions a évoqué le cas d’un jeune catholique pris par un groupe de jeunes qui haïssaient l’Église, des fondamentalistes. Il a été frappé, et ensuite jeté dans une citerne et ils jetaient de la boue, et, à la fin, quand la boue est arrivée au cou : “Pour la dernière fois, est-ce que tu renonces à Jésus-Christ ?” – “Non !”… Ils ont jeté une pierre et ils l’ont massacré. Nous l’avons tous entendu. Et ceci ne date pas des premiers siècles, c’était il y a deux mois ! C’est un exemple. Mais combien de chrétiens aujourd’hui, souffrent de persécutions physiques. “Oh, celui-ci a blasphémé ! À la potence !”»

Autres formes de persécution : «La persécution de la calomnie, des médisances, et le chrétien se tait, il tolère cette “pauvreté”. Parfois il est nécessaire de se défendre pour ne pas créer du scandale… Les petites persécutions dans le quartier, dans la paroisse… petites, mais elles sont l’épreuve d’une pauvreté. C’est la 2e forme de pauvreté que le Seigneur nous demande. La première, c’est de laisser les richesses, de ne pas avoir le cœur attaché aux richesses ; la deuxième, de recevoir humblement les persécutions, de tolérer les persécutions. Ceci est une pauvreté.»

La pauvreté de se sentir abandonné

La troisième forme de pauvreté : celle de la solitude, de l’abandon. La Première Lecture du jour en donne un exemple. Elle est tirée de la Seconde Lettre à Timothée, dans laquelle saint Paul, «qui n’avait peur de rien», dit que lors de sa première défense au tribunal, personne ne l’a assisté : «Ils m’ont tous abandonné». Mais il ajoute que le Seigneur lui a été proche et lui a donné de la force.

Le Pape François s’arrête donc sur l’abandon du disciple: comme cela peut arriver pour un garçon ou une fille de 17 ou 20 ans, qui avec enthousiasme laisse les richesses pour suivre Jésus, puis tolère «les calomnies, les persécutions quotidiennes, les jalousies, les petites ou les grandes persécutions», et, finalement, «la solitude de la fin».

«Je pense à l’homme le plus grand de l’humanité, et ce qualificatif vient de la bouche de Jésus : Jean-Baptiste, l’homme le plus grand né d’une femme. Un grand prédicateur : les gens allaient vers lui pour se faire baptiser. Comment a-t-il fini ? Seul, dans la prison. Pensez à ce que pouvait être une cellule de prison à l’époque… Seul, oublié, égorgé pour la faiblesse d’un roi, la haine d’un adultère et le caprice d’une jeune fille: c’est ainsi qu’a fini l’homme le plus grand de l’histoire. Et sans aller aussi loin, tant de fois, dans les maisons de retraite où il y a les prêtres ou les sœurs qui ont dépensé leur vie dans la prédication, ils se sentent seuls, seuls avec le Seigneur. Personne ne se souvient d’eux.»

Tous les disciples savent parcourir la route de la pauvreté

Une forme de pauvreté que Jésus a promis à Pierre lui-même, en lui disant : «Quand tu étais un jeune homme, tu allais où tu voulais ; quand tu seras vieux, ils t’amèneront là où tu ne veux pas.» Le disciple est donc pauvre, dans le sens où il n’est pas attaché aux richesses, et ceci est le premier pas. Il est pauvre, ensuite, parce qu’il est «patient devant les persécutions, petites ou grandes», et, troisième pas, il est pauvre parce qu’il entre dans cet état d’esprit de se sentir abandonné à la fin de sa vie.

Le chemin de Jésus, en effet, se termine avec cette prière au Père : «Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?» L’invitation du Pape est donc celle de prier pour tous les disciples, «prêtres, sœurs, évêques, papes, laïcs», pour qu’ils sachent «parcourir la route de la pauvreté comme le Seigneur le veut».

Tu ne tueras pas

La vie humaine est précieuse, sacrée et inviolable

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 17 octobre 2018


Frères et sœurs, comme nous l’avons déjà souligné, le 5ème Commandement, « tu ne tueras pas », révèle qu’aux yeux de Dieu la vie humaine est précieuse, sacrée, inviolable. Dans l’Évangile, Jésus élargit le champ de cette parole, en précisant que la colère contre un frère, l’insulte et le mépris peuvent tuer.

De fait, pour détruire l’homme, il suffit de l’ignorer : l’indifférence tue. Et chaque fois que nous n’aimons pas, au fond nous méprisons la vie. Et pourtant, à l’inverse de l’attitude de Caïn, nous avons à nous comporter comme les gardiens les uns des autres.

Car nous avons tous besoin de cet amour que le Christ nous a manifesté, à savoir la miséricorde. Ainsi, si tuer signifie détruire, supprimer, éliminer quelqu’un, ne pas tuer veut dire prendre soin, valoriser, intégrer et pardonner.

Donc, il ne suffit pas de dire : « je vais bien parce que je ne fais rien de mal » ; il faut faire le bien, ce bien préparé pour chacun de nous et qui nous permet de devenir ce que nous sommes vraiment. Alors accueillons le Commandement « tu ne tueras pas » comme un appel à l’amour et à la miséricorde, un appel à vivre à la suite de Jésus qui a donné sa vie pour nous et qui est ressuscité pour nous.

Puissions-nous accueillir en Jésus, dans son amour plus fort que la mort, et par le don de l’Esprit du Père, le commandement « tu ne tueras pas ». C’est l’appel le plus important et le plus essentiel de nos vies : l’appel à l’amour ! Que Dieu vous bénisse !


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

attention aux chrétiens rigides et toujours parfaits

vitrail de Chartres sur un repas de Jésus chez un pharisien
vitrail de Chartres sur un repas de Jésus chez un pharisien

«Le salut est un don du Seigneur», Lui, Il nous donne «l’esprit de la liberté». Le Pape François l’a déclaré aujourd’hui dans l’homélie lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe.

 

Le Pape a commenté l’extrait d’aujourd’hui de l’Évangile qui raconte l’invitation faite par un pharisien à Jésus, qui se met à table sans d’abord faire les ablutions prévues par la loi. Jésus réagit avec fermeté face à la superbe de ce pharisien.

Les docteurs de la Loi se scandalisent de Jésus

Notons la différence entre l’amour du peuple pour Jésus, et la haine des docteurs de la Loi, qui le suivaient pour tenter de le piéger. Ils étaient les “purs”.

«Ils étaient vraiment un exemple de formalité. Mais il leur manquait la vie. Ils étaient, pour ainsi dire, inanimés. Ils étaient rigides. Et Jésus connaissait leur âme. Ceci nous scandalise, parce qu’ils se scandalisaient des choses que Jésus faisait quand il pardonnait les péchés, quand il guérissait le sabbat. Ils s’attrapaient les vêtements : “Oh ! Quel scandale ! Ceci ne vient pas de Dieu, parce que l’on doit faire ceci.” Les gens ne comptaient pas pour eux. Ce qui importait, c’était la Loi, les prescriptions, les rubriques.»

Vous êtes comme des sépulcres blanchis

Mais Jésus accepte l’invitation à déjeuner du pharisien, parce qu’il est libre, et il va vers lui. Au pharisien, scandalisé par son comportement qui outrepasse les règles, Jésus dit : «Vous, les pharisiens, vous nettoyez l’extérieur des verres et du plat, mais votre intérieur est plein d’avidité et de méchanceté.»

«Ce ne sont pas de belles paroles, hein ? Jésus parlait clairement, il n’était pas hypocrite. Il parlait clairement. Et il dit : “Mais pourquoi regardez-vous l’extérieur ? Regardez à l’intérieur ce qu’il y a.” Une autre fois, il avait dit: “Vous êtes des sépulcres blanchis.” Un beau compliment, hein ? Beaux, pour des fleurs, tous parfaits… Mais à l’intérieur, pleins de putréfaction, d’avidité, de méchanceté. Jésus distingue les apparences de la réalité interne. Ces messieurs sont des “docteurs des apparences” : toujours parfaits, mais à l’intérieur, qu’est-ce qu’il y a ?»

Pour les hypocrites, il n’y a que l’apparence qui compte

Dans d’autres passages de l’Évangile Jésus condamne ces gens, comme la parabole du bon samaritain, où l’on parle de leur façon ostentatoire de jeûner et de faire l’aumône. Car ce qui les intéressait, c’était seulement l’apparence. «Jésus a qualifié ces gens avec un mot : “hypocrite”. Des gens avec une âme avide, capables de tuer. “Et il est capables de payer pour tuer ou calomnier, comme on le fait aujourd’hui. Aussi aujourd’hui on fait comme ça : on paye pour donner des mauvaises nouvelles, des nouvelles qui salissent les autres.»

Derrière la rigidité il y a de graves problèmes

Les pharisiens et les docteurs de la Loi étaient des personnes rigides, qui n’étaient pas disposées à changer. «Mais toujours, derrière une rigidité, il y a des problèmes. De graves problèmes. Derrière les apparences d’un bon chrétien, qui cherche toujours à paraître, à maquiller son âme, il y a des problèmes. Là, il n’y a pas Jésus, il y a l’esprit du monde.»

Est-ce que moi, j’ouvre mon cœur ?

Jésus les qualifie de sots, et il leur conseille d’ouvrir leur âme à l’amour pour faire entrer la grâce. Parce que le salut est «un don gratuit de Dieu. Personne ne se sauve soi-même, personne».

«Soyez attentifs à vous devant les rigides. Soyez attentifs devant les chrétiens, qu’ils soient laïcs, prêtres, évêques, qui se présentent si “parfaits”, rigides. Soyez attentifs. Là, il n’y a pas l’Esprit de Dieu. Il manque l’esprit de la liberté. Et soyons attentifs avec nous-mêmes, parce que ceci doit nous amener à penser dans notre vie. Est-ce que je cherche à préserver seulement les apparences ? Et je ne change pas mon cœur ? Je n’ouvre pas mon cœur à la prière, à la liberté de la prière, à la liberté de l’aumône, à la liberté des œuvres de miséricorde ?»