Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le chrétien doit prier pour son ennemi et l’aimer

«Aimez vos ennemis et priez pour vos persécuteurs»: tel est le «mystère» auquel les chrétiens doivent se conformer pour être parfaits à l’image de Dieu, a développé mardi 19 juin le Pape François pour son homélie, cette fois centrée sur l’Évangile de Matthieu.

 

Pardon, prière, amour pour ceux qui «veulent nous détruire», pour nos ennemis : seule la Parole de Jésus peut en obtenir autant. Ainsi le défi du chrétien est de demander au Seigneur la grâce de bénir ses ennemis, et de s’engager à les aimer.

Pardonner, prier et aimer ses ennemis

pardonner
pardonner

Nous savons bien que «nous devons pardonner à nos ennemis», «nous le disons tous les jours dans le Notre Père, nous demandons pardon comme nous pardonnons», c’est difficile. Alors «priez pour les autres», pour «ceux qui nous donnent des difficultés», car cela nous met à l’épreuve.

Rappelons-nous le sort «des pauvres chrétiens russes envoyés en Sibérie pour leur seule foi», des martyrs d’Auschwitz et d’autres camps de concentration: il faut pardonner à ceux qui essayent de nous détruire.

Dans les familles, il est parfois difficile de pardonner aux époux après une dispute, ou de pardonner à la belle-mère. Plus que le pardon, c’est la prière à leur égard qui est nécessaire, priez pour eux, et aimez-les : «Seule la parole de Jésus peut expliquer cela, je ne peux pas aller plus loin.»

Demande la grâce d’être parfait comme le Père

C’est donc une «grâce» à demander de «comprendre quelque chose de ce mystère chrétien et d’être aussi parfait que le Père. Cela nous fera du bien de penser à nos ennemis, nous en avons tous. La prière de la mafia est ‘Vous allez payer pour cela’. La prière chrétienne est: ‘Seigneur, donne-lui ta bénédiction et apprends-moi à l’aimer’».

les dictatures commencent avec la calomnie

Naboth lapidé devant sa vigne - Chronique universelle de Rodolphe d'Ems Artiste anonyme (entre 1350 et 1375)
Naboth lapidé devant sa vigne – Chronique universelle de Rodolphe d’Ems Artiste anonyme (entre 1350 et 1375)

Lors de la messe de ce lundi matin à la Maison Sainte-Marthe, le Pape François a évoqué la séduction du scandale et le pouvoir destructeur de la communication calomnieuse, évoquant l’horreur de la persécution des juifs au XXe siècle.

 

Si l’on veut détruire des institutions ou des personnes, on commence à médire. On utilise la séduction que le scandale exerce dans la monde de la communication. Le Pape a donc mis en garde contre cette «communication calomnieuse».

Défendre l’héritage des pères

Sa réflexion est partie de l’histoire de Nabot h, évoquée aujourd’hui dans le Premier Livre des Rois et proposée comme Première Lecture. Le roi Acab désire la vigne de Naboth et il lui offre de l’argent. Mais ce terrain fait partie de l’héritage de ses pères et l’homme refuse donc.

Alors, Acab, qui était «capricieux, fait comme les enfants quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent : il pleure». Ensuite, sur le conseil de sa femme cruelle, Jézabel, il le fait accuser de mensonge, il le tue et prend possession de sa vigne. Naboth est donc un «martyr de la fidélité à l’héritage» qu’il avait reçu de ses pères : un héritage qui allait au-delà de la vigne, «un héritage du cœur».

Les martyrs condamnés avec les calomnies

L’histoire de Naboth suit la même trame que celle de Jésus, de saint Étienne et de tous les martyrs qui ont été condamnés en utilisant un scénario de calomnies. Mais elle est aussi révélatrice du modèle de fonctionnement de beaucoup de gens, de «nombreux chefs d’État ou de gouvernement». On commence avec un mensonge, et «après avoir détruit une personne ou une situation avec cette calomnie», on juge et on condamne.

Les dictatures altèrent la communication

«Aussi aujourd’hui, dans de nombreux pays, on utilise cette méthode : détruire la libre communicationRéfléchissons, par exemple : il y a une loi sur les médias, de la communication, on annule cette loi ; on donne tout l’appareil de la communication à une entreprise, à une société qui calomnie, qui dit des choses fausses, qui affaiblit la vie démocratique. Ensuite les juges viennent juger ces institutions affaiblies, ces personnes détruites, ils condamnent, et ainsi avance une dictature. Les dictatures ont toutes commencé comme cela, en faussant la communication, pour mettre la communication dans les mains d’une personne sans scrupule, d’un gouvernement sans scrupule.»

La séduction des scandales

«Même dans la vie quotidienne, c’est comme ça», : si on veut détruire une personne, on commence avec la communication : «médire, calomnier, dire des scandales». «Et communiquer des scandales est un fait qui a une séduction énorme, une grande séduction. On séduit avec les scandales. Les bonnes nouvelles ne sont pas séductrice : “Oui, c’est bien qu’il l’ait fait !” Et ça passe… Mais un scandale : “Mais tu as vu ! Tu as vu cela ! Tu as vu cette autre chose qu’il a fait ? Cette situation… Mais ça ne peut pas continuer comme ça!” Et ainsi la communication grandit, et cette personne, cette institution, ce pays finit dans la ruine. On ne juge pas les personnes à la fin. On juge les ruines des personnes ou des institutions, parce qu’elles ne peuvent pas se défendre.»

La persécution des juifs

«La séduction du scandale» détruit les personnes, comme c’est arrivé pour Naboth qui voulait seulement «être fidèle à l’héritage de ses ancêtres», ne pas le brader. L’histoire de saint Étienne est exemplaire aussi. Il fait une long discours pour se défendre mais ceux qui l’accusaient préfèrent le lapider plutôt que d’écouter la vérité. «Ceci est le drame de l’avidité humaine». Beaucoup de personnes sont en effet détruites par une communication malveillante.

«Beaucoup de personnes, beaucoup de pays sont détruits par des dictatures mauvaises et calomnieuses. Pensons par exemple aux dictatures du siècle passé. Pensons à la persécution des juifs, par exemple. Une communication calomnieuse, contre les juifs, et ils ont fini à Auschwitz parce qu’ils ne méritaient pas de vivre. Oh, c’est une erreur, mais une erreur qui arrive aujourd’hui : dans les petites sociétés, dans les personnes et dans de nombreux pays. Le premier pas, c’est de s’approprier la communication, et ensuite, la destruction, le jugement, et la mort.»

Relire l’histoire de Naboth

L’apôtre Jacques parle justement de la «capacité destructrice de la communication malveillante». En conclusion,  relisons l’histoire de Naboth dans le chapitre 21 du Premier Livre des Rois, et pensons à «tellement de personnes détruites, tellement de pays détruits, tellement de dictatures avec des “gants blancs” qui ont détruit les pays».

rester toujours ancrés en Dieu

« Hier, comme aujourd’hui, le Royaume de Dieu grandit de façon mystérieuse et surprenante dans le monde, en dévoilant la puissance cachée de la petite graine, sa vitalité victorieuse », a dit le pape François à l’angélus de ce 17 juin 2018, place Saint-Pierre.

Il a parlé de la « logique du caractère imprévisible de Dieu » : « Aujourd’hui le Seigneur nous exhorte à une attitude de foi qui dépasse nos projets, nos calculs, nos prévisions. Dieu est toujours le Dieu des surprises, le Seigneur nous surprend toujours. »

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PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 17 juin 2018

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans l’extrait de l’Évangile du jour (cf. Mc 4,26-34), Jésus parle aux foules du Royaume de Dieu et des dynamismes de sa croissance, et il le fait en racontant deux brèves paraboles.

Dans la première parabole (cf. vv. 26-29), le Royaume de Dieu est comparé à la croissance mystérieuse de la graine, qui est jetée en terre, puis germe, grandit et produit l’épi, indépendamment des soins du paysan, qui au terme de la maturation fait le nécessaire pour la récolte.

Le message que nous donne cette parabole est ceci : par la prédication et l’action de Jésus, le Royaume de Dieu est annoncé, il fait irruption dans le champ du monde et, comme le grain, grandit et se développe de lui-même, par sa propre force et selon des critères humainement non déchiffrables.

En grandissant et en germant dans l’histoire, il ne dépend pas tant de l’œuvre de l’homme, mais il est surtout l’expression de la puissance et de la bonté de Dieu. Et de la force de l’Esprit Saint, qui fait avancer la vie chrétienne au sein du Peuple de Dieu.

Parfois l’histoire, avec ses événements et ses protagonistes, semble aller dans le sens contraire des desseins du Père céleste, qui veut pour tous ses enfants la justice, la fraternité, la paix. Mais nous sommes appelés à vivre ces périodes comme des saisons d’épreuve, d’espérance et d’attente vigilante de la récolte.

En effet, hier, comme aujourd’hui, le Royaume de Dieu grandit dans le monde de façon mystérieuse et surprenante, en dévoilant la puissance cachée de la petite graine, sa vitalité victorieuse. Dans les plis des événements personnels et sociaux qui parfois semblent marquer le naufrage de l’espérance, il faut rester confiants dans l’action étouffée mais puissante de Dieu.

C’est pourquoi, dans les moments d’obscurité et de difficultés, nous ne devons pas nous laisser abattre, mais rester ancrés dans la fidélité de Dieu, en sa présence qui sauve toujours. Souvenez-vous de cela : Dieu sauve toujours, il est sauveur.

Dans la deuxième parabole (cf. vv. 30-32), Jésus compare le Royaume de Dieu à un petit grain de sénevé. C’est un tout petit grain, mais il se développe jusqu’à devenir la plus grande de toutes les plantes du jardin : une croissance imprévisible, surprenante. Il n’est pas facile pour nous d’entrer dans cette logique du caractère imprévisible de Dieu et de l’accepter dans notre vie.

Mais aujourd’hui le Seigneur nous exhorte à une attitude de foi qui dépasse nos projets, nos calculs, nos prévisions. Dieu est toujours le Dieu des surprises, le Seigneur nous surprend toujours. C’est une invitation à nous ouvrir avec plus de générosité aux plans de Dieu, aussi bien sur le plan personnel que sur le plan communautaire.

Dans nos communautés il faut faire attention aux petites et grandes occasions de bien que nous offre le Seigneur, en nous laissant impliquer dans ses dynamiques d’amour, d’accueil et de miséricorde envers tous.

L’authenticité de la mission de l’Église n’est pas donnée par le succès et par la gratification des résultats, mais par le fait d’avancer avec le courage de la confiance et l’humilité de l’abandon en Dieu. Avancer dans la confession de Jésus et avec la force de l’Esprit Saint.

C’est la conscience d’être de petits et de faibles instruments, qui dans les mains de Dieu et par sa grâce peuvent accomplir de grandes œuvres, en faisant progresser son Royaume qui est « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17).

Que la Vierge Marie nous aide à être simples et attentifs, pour collaborer par notre foi et notre travail au développement du Royaume de Dieu dans les cœurs et dans l’histoire.

Le pape s’inquiète pour la situation humanitaire au Yémen, où s’affrontent les rebelles Houthis et les forces progouvernementales aidées par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite.

Je suis avec préoccupation le sort dramatique des populations du Yémen, déjà épuisées par des années de conflit. Je lance un appel à la Communauté internationale afin qu’elle n’épargne aucun effort pour amener urgemment les parties en cause à la table des négociations et éviter une aggravation de la situation humanitaire tragique.  Prions la Sainte Vierge pour le Yémen.

Le pape a alors entamé un Je vous salue Marie avec la foule.

Il a aussi évoqué la Journée mondiale des réfugiés, promue par les Nations unies le 20 juin pour rappeler l’attention sur ce que vivent, souvent avec de grandes angoisses et souffrances, nos frères contraints à fuir leur terre à cause des conflits et des persécutions.

Cette journée tombe dans le vif des consultations entre les gouvernements pour l’adoption d’un Pacte mondial sur les réfugiés, qui doit être adopté d’ici la fin de l’année, avec celui pour une migration sûre, ordonnée et régulière. Je souhaite que les États impliqués dans ces processus parviennent à une entente pour assurer, avec responsabilité et humanité, l’assistance et la protection à celui qui est forcé de laisser son pays.  Chacun de nous est aussi appelé à être proche des réfugiés, à trouver avec eux des moments de rencontre, à valoriser leur contribution, pour qu’eux aussi puissent mieux s’intégrer dans les communautés qui les reçoivent. Dans cette rencontre et dans ce respect et ce soutien mutuel, il y a la solution à de nombreux problèmes.


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