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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

l’espérance chrétienne comme force des martyrs

Aujourd’hui la liturgie nous invite à réfléchir sur l’Évangile de Saint Matthieu au chapitre 10, 16-23. Le Pape François l’a abordé l’an dernier, nous en reproduisons le contenu :

A Sébaste, le 10 mars 320, passion des Quarante Martyrs, soldats chrétiens.
A Sébaste, le 10 mars 320, passion des Quarante Martyrs, soldats chrétiens. Culte célébré dans tout l’orient dès la fin du même siècle. Les grands docteurs Basile, Grégoire de Nysse et Éphrem prononcèrent des homélies en leur honneur. A Rome un oratoire leur est consacré vers le VIIIe siècle. Leur fête apparaît au XIe siècle.

Nous réfléchissons aujourd’hui sur l’espérance chrétienne comme force des martyrs. Dans l’Évangile, quand Jésus envoie ses disciples en mission, il ne les trompe pas par des illusions de succès facile; au contraire, il les avertit clairement que l’annonce du Royaume de Dieu comporte toujours une opposition.

Et il utilise également une expression extrême: «Et vous serez haïs de tous — haïs! — à cause de mon nom» (Mt 10, 22). Les chrétiens aiment, mais ils ne sont pas toujours aimés. Dès le début, Jésus nous met face à cette réalité: dans une mesure plus ou moins forte, la confession de la foi a lieu dans un climat d’hostilité.

Les chrétiens sont donc des hommes et des femmes «à contre courant». C’est normal: étant donné que le monde est marqué par le péché, qui se manifeste sous diverses formes d’égoïsme et d’injustice, celui qui suit le Christ marche en direction opposée. Non par esprit polémique, mais par fidélité à la logique du Royaume de Dieu, qui est une logique d’espérance, et qui se traduit par un style de vie basé sur les indications de Jésus.

Et la première indication est la pauvreté. Quand Jésus invite les siens en mission, il semble qu’il mette plus de soin à les «dépouiller» qu’à les «vêtir»! En effet, un chrétien qui n’est pas humble et pauvre, détaché des richesses et du pouvoir et surtout détaché de lui-même, ne ressemble pas à Jésus. Le chrétien ne parcourt son chemin dans ce monde qu’avec l’essentiel pour sa route, mais avec le cœur plein d’amour.

Le véritable échec pour lui ou pour elle est de tomber dans la tentation de la vengeance et de la violence, en répondant au mal par le mal. Jésus nous dit: «Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups» (Mt 10, 16). Donc sans crocs, sans griffes, sans armes. Le chrétien devra plutôt être prudent, parfois même rusé: ce sont des vertus acceptées par la logique évangélique. Mais jamais la violence. Pour vaincre le mal, on ne peut pas partager les méthodes du mal.

L’unique force du chrétien est l’Évangile. Dans les temps de difficultés, il faut croire que Jésus se trouve devant nous, et ne cesse d’accompagner ses disciples. La persécution n’est pas une contradiction avec l’Évangile, mais elle en fait partie: si on a persécuté notre Maître, comment pouvons-nous espérer que la lutte nous soit épargnée?

Mais, au beau milieu du tourbillon, le chrétien ne doit pas perdre l’espérance en pensant avoir été abandonné. Jésus rassure les siens en disant: «Vos cheveux mêmes sont tous comptés!» (Mt 10, 30). Comme pour dire qu’aucune des souffrances de l’homme, pas même les plus petites et cachées, ne sont invisibles aux yeux de Dieu. Dieu voit, et il protège sûrement; et il donnera son rachat.

Il y a en effet parmi nous Quelqu’un qui est plus fort que le mal; plus fort que les mafias, que les trames obscures, que ceux qui font du profit sur le dos des désespérés, que ceux qui écrasent les autres avec brutalité… Quelqu’un qui écoute depuis toujours la voix du sang d’Abel qui crie de la terre.

Les chrétiens doivent donc toujours se trouver de «l’autre côté» du monde, celui choisi par Dieu: pas des persécuteurs, mais des persécutés; pas des arrogants, mais des doux; pas des vendeurs d’illusions, mais soumis à la vérité; pas des imposteurs, mais des personnes honnêtes.

Cette fidélité au style de Jésus — qui est un style d’espérance — jusqu’à la mort, sera appelée par les chrétiens d’un très beau nom: «martyr», qui signifie «témoignage». Il y avait tant d’autres possibilités, offertes par le dictionnaire: on pouvait l’appeler héroïsme, abnégation, sacrifice de soi. En revanche, les chrétiens de la première heure l’ont appelé par un nom qui a le parfum de l’état de disciple.

Les martyrs ne vivent pas pour eux, ils ne combattent pas pour affirmer leurs propres idées, et ils acceptent de devoir mourir uniquement par fidélité à l’Évangile. Le martyre n’est pas même l’idéal suprême de la vie chrétienne, car au-dessus de celui-ci se trouve la charité, c’est-à-dire l’amour envers Dieu et envers son prochain.

L’apôtre Paul le dit très bien dans l’hymne à la charité, entendue comme l’amour envers Dieu et envers son prochain. L’apôtre Paul le dit très bien dans l’hymne à la charité: «Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien» (1 Co 13, 3).

L’idée que les auteurs d’attentats suicides puisse être appelés «martyrs» répugne aux chrétiens: il n’y a rien dans leur fin qui puisse être rapproché de l’attitude des enfants de Dieu.

Parfois, en lisant les histoires de tant de martyrs d’hier et d’aujourd’hui — qui sont plus nombreux que les martyrs des premiers temps —, nous sommes étonnés face à la force avec laquelle ils ont affronté l’épreuve. Cette force est signe de la grande espérance qui les animait: l’espérance certaine que rien ni personne ne pouvait les séparer de l’amour de Dieu qui nous a été donné en Jésus Christ (cf. Rm 8, 38-39).

Que Dieu nous donne toujours la force d’être ses témoins. Qu’il nous donne de vivre l’espérance chrétienne, en particulier dans le martyre caché, de bien faire et avec amour, nos devoirs de chaque jour. Merci.

Je vous invite à lire la vie des martyrs, d’hier et d’aujourd’hui, pour découvrir avec quelle force ils ont affronté les épreuves. A leur exemple, mettons toute notre espérance en Jésus qui nous donne la force, dans l’abnégation et le sacrifice de soi, de faire le bien et d’accomplir notre devoir tous les jours de notre vie. Que Dieu vous bénisse !

PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE mercredi 28 juin 2017


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Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 8 juillet 2018

La page de l’Évangile d’aujourd’hui (Mc 6, 1-6) présente Jésus qui retourne à Nazareth et qui, le samedi, commence à enseigner dans la synagogue. Depuis qu’il était parti et qu’il avait commencé à prêcher pour les villages et les villages voisins, il n’avait jamais mis les pieds dans sa patrie. Il est de retour.

Par conséquent, il y aura eu l’ensemble du pays pour écouter ce fils du peuple, dont la renommée en tant que maître sage et guérisseur puissant se propageait maintenant à travers la Galilée et au-delà. Mais ce qui pouvait être considéré comme un succès, se transforma en un rejet retentissant, au point que Jésus ne pouvait y opérer aucun prodige, mais seulement quelques guérisons (voir le verset 5).

La dynamique de cette journée est reconstruite en détail par l’évangéliste Marc: les gens de Nazareth écoutent d’abord et restent émerveillés; alors ils se demandent perplexes: « d’où viennent ces choses », cette sagesse? et à la fin ils sont scandalisés, reconnaissant en lui le charpentier, le fils de Marie, qu’ils ont vu grandir (versets 2-3).

Par conséquent, Jésus conclut avec l’expression qui est devenue proverbiale:  » Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie » (verset 4).

Nous nous demandons: comment les concitoyens de Jésus vont de l’émerveillement à l’incrédulité. Ils font une comparaison entre l’humble origine de Jésus et ses capacités actuelles: il est charpentier, il n’a pas étudié, mais il prêche mieux que les scribes et fait des miracles.

Et au lieu de s’ouvrir à la réalité, ils sont scandalisés. Selon les habitants de Nazareth, Dieu est trop grand pour s’abaisser à parler à travers un homme aussi simple! C’est le scandale de l’Incarnation : l’événement choquant d’un Dieu fait chair, qui pense avec l’esprit de l’homme, travaille et agit avec les mains de l’homme, aime avec un cœur humain, un Dieu qui agit, mange et dort comme l’un d’entre nous.

Le Fils de Dieu bouscule tous les schémas humains: ce ne sont pas les disciples qui ont lavé les pieds du Seigneur, mais le Seigneur qui a lavé les pieds de ses disciples (cf. Jn 13,1-20). C’est une cause de scandale et d’incrédulité non seulement à cette époque, à tous les âges, même aujourd’hui.

Le renversement fait par Jésus engage ses disciples d’hier et d’aujourd’hui à une vérification personnelle et communautaire. De nos jours, en effet, il peut arriver de nourrir des préjugés qui nous empêchent de saisir la réalité. Mais le Seigneur nous invite à adopter une attitude d’écoute humble et d’attente docile, car la grâce de Dieu se présente souvent de manière surprenante, qui ne correspond pas à nos attentes.

Pensons ensemble à Mère Teresa de Calcutta, par exemple. Une minuscule petite fille qui est allée dans les rues pour prendre la mort, pour en faire une mort digne. Cette petite religieuse avec sa prière et son travail a fait des merveilles! La petitesse d’une femme a révolutionné le travail de la charité dans l’Église. C’est un exemple de nos jours.

Dieu ne se conforme pas aux préjugés. Nous devons nous efforcer d’ouvrir notre cœur et notre esprit, d’accueillir la réalité divine qui vient à notre rencontre. C’est avoir la foi : le manque de foi est un obstacle à la grâce de Dieu.

Beaucoup de baptisés vivent comme si le Christ n’existait pas. Ils répètent les gestes et les signes de la foi, mais ils ne parviennent pas à correspondre à une réelle adhésion à la personne de Jésus et de son Évangile.

Chaque chrétien – nous tous, chacun de nous – est appelé à approfondir cette appartenance fondamentale, en essayant d’en témoigner par une conduite cohérente de la vie, dont le fil directeur sera toujours la charité.

Nous demandons au Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie, de dissoudre la dureté du cœur et l’étroitesse des esprits, parce que nous sommes ouverts à sa grâce et à sa vérité, à sa mission de bonté et de miséricorde, qui est adressée à tous, sans exception .

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs!

Hier, à Bari, avec les Patriarches des Églises du Moyen-Orient et leurs représentants, nous avons vécu une journée spéciale de prière et de réflexion pour la paix dans cette région. Je rends grâce à Dieu pour cette rencontre, qui était un signe éloquent de l’unité chrétienne, et j’ai vu la participation enthousiaste du peuple de Dieu.

je remercie les Frères Chefs d’Églises et ceux qui les ont représentés ; J’ai été vraiment édifié par leur attitude et leurs témoignages. Je remercie l’Archevêque de Bari, humble frère et serviteur, les collaborateurs et tous les fidèles qui nous ont accompagnés et soutenus par la prière et la présence joyeuse.

Aujourd’hui, c’est le « Dimanche de la Mer », dédié aux marins et aux pêcheurs. Je prie pour eux et pour leurs familles, ainsi que pour les aumôniers et les volontaires de l’Apostolat de la Mer. Un souvenir spécial pour ceux qui vivent dans des situations de travail indigne en mer; ainsi que pour ceux qui se sont engagés à libérer les mers de la pollution.

la raison profonde du jeûne

« Les disciples de Jean le Baptiste s’approchèrent de Jésus en disant : ‘Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ?’ Jésus leur répondit : ‘ Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ?  Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront.’ » (Matthieu 9 14-15)

Dans le Nouveau Testament, Jésus met en lumière la raison profonde du jeûne… [qui] consiste plutôt à faire la volonté du Père céleste, lequel « voit dans le secret et te récompensera » (Mt 6,18).

La pratique du jeûne est très présente dans la première communauté chrétienne (cf. Act 13,3; 14,22; 27,21; 2 Cor 6,5). Les Pères de l’Église aussi parlent de la force du jeûne, capable de mettre un frein au péché, de réprimer les désirs du « vieil homme », et d’ouvrir dans le cœur du croyant le chemin vers Dieu. Le jeûne est en outre une pratique récurrente des saints, qui le recommandent.

Saint Pierre Chrysologue écrit : « Le jeûne est l’âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Donc, celui qui prie doit jeûner ; celui qui jeûne doit avoir pitié ; qu’il écoute l’homme qui demande, et qui en demandant souhaite être écouté ; il se fait entendre de Dieu, celui qui ne refuse pas d’entendre lorsqu’on le supplie » (Sermo 43: PL 52, 320. 332).

De nos jours, la pratique du jeûne semble avoir perdu un peu de sa valeur spirituelle et, dans une culture marquée par la recherche du bien-être matériel, elle a plutôt pris la valeur d’une pratique thérapeutique pour le soin du corps. Le jeûne est sans nul doute utile au bien-être physique, mais pour les croyants, il est en premier lieu une « thérapie » pour soigner tout ce qui les empêche de se conformer à la volonté de Dieu…

La pratique fidèle du jeûne contribue en outre à l’unification de la personne humaine, corps et âme, en l’aidant à éviter le péché et à croître dans l’intimité du Seigneur. […] Jeûner, c’est mortifier notre égoïsme et ouvrir nos cœurs à l’amour de Dieu et du prochain, premier et suprême commandement de la Loi nouvelle et résumé de tout l’Évangile (cf. Mt 22,34-40) ?

Le jeûne nous aide à prendre conscience de la situation dans laquelle vivent tant de nos frères. Dans sa Première Lettre, saint Jean met en garde : « Si quelqu’un possède des richesses de ce monde et, voyant son frère dans la nécessité, lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » (3,17).

Le jeûne a comme ultime finalité d’aider chacun d’entre nous… pour éloigner de tout ce qui distrait l’esprit  et intensifier ce qui nourrit l’âme en l’ouvrant à l’amour de Dieu et du prochain [avec] l’engagement dans la prière avec la Parole de Dieu,  le recours au Sacrement de la Réconciliation et la participation active à l’Eucharistie, notamment la Messe dominicale…

Que la Bienheureuse Vierge Marie,  nous accompagne et nous soutienne dans nos efforts pour libérer notre cœur de l’esclavage du péché et pour en faire toujours plus un « tabernacle vivant de Dieu » !

Extraits du MESSAGE DE BENOÎT XVI POUR LE CARÊME 2009

© Copyright 11 décembre 2008 – Libreria Editrice Vaticana