Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

L’Esprit Saint est la source de la sainteté, vocation de tous

Esprit-Saint, Toi qui conduis l’Église, descends à nouveau sur nous, enseigne-nous l’unité, renouvelle nos cœurs et aide-nous à aimer comme Jésus nous l’a enseigné, Toi qui est la source de la sainteté, non le privilège de quelques-uns, mais la vocation de tous.

PAPE FRANÇOIS

REGINA CÆLI

Place Saint-Pierre Vatican
Dimanche 29 avril 2018

Chers frères et sœurs, bonjour !

Le temps pascal, centré sur la mort et la résurrection de Jésus, culmine dans la fête de Pentecôte. Cette solennité nous fait nous rappeler et revivre l’effusion de l’Esprit sur les Apôtres et les autres disciples, réunis en prière avec la Vierge Marie au Cénacle (cf. Ac 2,1-11).

En ce jour a commencé l’histoire de la sainteté chrétienne, parce que l’Esprit Saint est la source de la sainteté, qui n’est pas le privilège de quelques-uns, mais la vocation de tous.

Par le Baptême, en effet, nous sommes tous appelés à participer à la vie divine du Christ et, par la Confirmation, à devenir ses témoins dans le monde. « L’Esprit Saint répand la sainteté partout, dans le saint peuple fidèle de Dieu » (Exortation apostolique Gaudete et exsultate, 6).

Comme l’affirme le Concile Vatican II, « Le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté » (Constitution dogmatique Lumen gentium, 9).

Déjà au moyen des anciens prophètes , le Seigneur avait annoncé au peuple ce dessein. A travers Ézéchiel il dit : « Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles. […] vous, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu » (36,27-28).

Et par la bouche de Joël il proclama: « Je répandrai mon esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront. […] Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là. […] quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (3,1-2.5).

Toutes ces prophéties se réalisent en Jésus-Christ, « médiateur et garant de l’effusion éternelle de l’Esprit » (Missel Romain, Préface après l’Ascension). Aujourd’hui, c’est la fête de l’effusion de l’Esprit-Saint.

Depuis ce jour de Pentecôte, et jusqu’à la fin des temps, cette sainteté, dont la plénitude est le Christ, est donnée à toux ceux qui s’ouvrent à l’action de l’Esprit Saint et qui s’efforcent d’être dociles. C’est l’Esprit qui nous fait expérimenter une joie pleine. L’Esprit Saint, venant en nous, vainc l’aridité, ouvre les cœurs à l’espérance, stimule et favorise la maturation intérieure dans la relation avec Dieu et avec le prochain.

C’est ce que nous dit saint Paul : « voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Gal 5,22). Tout cela, l’Esprit-Saint le fait en nous. Aujourd’hui, célébrons cette richesse que le Père nous donne.

Demandons à la Vierge Marie d’obtenir encore aujourd’hui à l’Église une Pentecôte renouvelée, une jeunesse renouvelée, qui nous donne la joie de vivre et de témoigner de l’Evangile et qu’elle « infuse en nous un intense désir d’être saint pour la plus grande gloire de Dieu » (Gaudete et exsultate, 177).

Ne perdez pas votre temps à mettre votre nez dans la vie des autres

Seigneur, tu invites tes pasteurs à «aimer, paitre, et se préparer à la croix», mais avant tout, à ne pas céder à la tentation de «mettre son nez dans la vie des autres», sachant que c’est aussi valable pour tout chrétien. Ainsi, Seigneur, tu dis à chacun de tes disciples :

suis-moi

Avec Jésus, donne un sens à ta vie
Avec Jésus, donne un sens à ta vie

Partant de l’Évangile du jour, en Saint Jean, qui raconte le dernier dialogue entre Jésus et Pierre, sur les rives du lac de Tibériade, le Pape a traduit en attitudes concrètes le «suis-moi» que Jésus adresse à ses disciples, lors de sa messe quotidienne, célébrée dans la chapelle de la maison Sainte-Marthe .

Un échange chargé de souvenirs pour «Simon fils de Jean» : de son changement de nom, en passant par des «moments de faiblesse, jusqu’au chant du coq». Un itinéraire mental que le Seigneur veut pour chacun de nous, afin que «nous fassions mémoire du chemin parcouru avec Lui».

L’amour: identité véritable du pasteur

Le Souverain Pontife rappelle les trois indications que le Seigneur adresse à Pierre. En premier lieu, l’amour, la grammaire essentielle pour qui veut être vrai disciple du Fils de Dieu; ensuite, prendre soin, c’est cela qui constitue l’identité véritable du pasteur, car c’est lui qui fait paitre le troupeau.

«Aime-moi, pais, et prépare-toi. Aime-moi plus que les autres, aime-moi comme tu peux, mais aime-moi. C’est ce que le Seigneur demande aux pasteurs et à nous tous. ‘Aime-moi’, L’amour est le premier pas du dialogue avec Jésus».

Vous porter là où vous ne voulez pas aller

Le Pape rappelle avec clarté que ceux qui choisissent le Christ sont destinés au «martyre», à «porter la croix», à être conduits là où ils ne veulent pas aller. Mais c’est bel et bien la boussole qui oriente le chemin du pasteur:

«Prépare-toi à tout laisser pour qu’un autre vienne et fasse des choses différentes. Et ils te porteront sur le chemin des humiliations, peut-être sur le chemin du martyre. Et ceux qui, lorsque tu étais pasteur, chantaient tes louanges et parlaient bien de toi, maintenant te désavouent, parce que celui qui vient semble meilleur. Prépare-toi. Prépare-toi à la croix quand ils t’amènent là où tu ne veux pas. Aime-moi, pais, prépare-toi.  C’est la feuille de route du pasteur, la boussole.»

rester à sa place

La dernière partie du dialogue permet au Pape d’évoquer une dernière tentation, bien répandue: le désir de «mettre son nez» dans la vie des autres,  et ne pas se contenter de ses propres affaires.

«Reste à ta place, ne va pas mettre ton nez dans les affaires des autres. Le pasteur aime, pais, se prépare à la croix, au dépouillement, (…), il ne perd pas de temps dans des coalitions ecclésiastiques. Aime, pais, prépare-toi et ne cède pas à la tentation.»

La véritable unité est la route de Jésus

Fais-moi connaître ta route, Seigneur !

Fais-moi connaître ta route, Seigneur
Fais-moi connaître ta route, Seigneur
Il y a deux routes : celle de la vraie unité, à laquelle veut nous conduite Jésus, et celle de l’unité feinte, dans laquelle on se parle mal, on se condamne et on se divise. En s’appuyant sur les paroles de Jésus dans l’Évangile du jour, le Pape François en a parlé ce matin lors de la messe à la Maison Sainte-Marthe .
Le Christ y évoque son unité avec le Père, à laquelle il veut aussi nous mener. Il s’agit d’une «unité de salut», «qui fait l’Église», une unité qui va vers l’éternité. «Quand , dans la vie, dans l’Église ou dans la société civile, nous travaillons pour l’unité, nous sommes sur la route que Jésus a tracée».

L’unité feinte finit par diviser

«L’unité feinte» est comme celle des accusateurs de saint Paul dans la Première Lecture du jour, tirée des Actes des Apôtres. À l’origine, ils se présentent comme un bloc unique pour l’accuser. Mais Paul, qui avait une sagesse humaine et aussi la sagesse de l’Esprit Saint, jette «la pierre de la division», en disant être «appelé en jugement en raison de l’espérance dans la résurrection des morts».

Une partie de cette unité feinte était en fait composée de sadducéens et de pharisiens qui s’affrontaient sur la question de la résurrection. Paul réussit à détruire cette unité feinte qui «n’avait pas de consistance», parce qu’une dispute éclate et que l’assemblée qui l’accusait se divise.

De peuples à masse anonyme

Dans d’autres persécutions subies par saint Paul, on voit ensuite que le peuple crie sans même savoir ce qu’il est en train de dire, et ce sont «les dirigeants» qui suggèrent quoi crier :

«Cette instrumentalisation du peuple est aussi un mépris du peuple, parce qu’il le convertit de peuple en masse. C’est un élément qui se répète tellement, des premiers temps jusqu’à aujourd’hui. Pensons-y. Le dimanche des Rameaux, tous l’acclament. “Béni sois-tu, toi qui viens au nom du Seigneur”. Le vendredi suivant, les mêmes gens crient : “Crucifie-le”. Qu’est-ce qui s’est passé ? Ils lui ont lavé le cerveau, et ils ont changé les choses. Et ils ont converti le peuple en masse, qui détruit.»

Médire pour condamner : une méthode utilisée aujourd’hui aussi

«On crée de sombres conditions» pour condamner la personne, et ensuite l’unité se dissout. Une méthode avec laquelle Jésus, Paul, Étienne et tous les martyrs ont été persécutés, et qui est encore très utilisée aujourd’hui.

Par exemple, «dans la vie civile, dans la vie politique, quand on veut faire un coup d’État». «Les médias commencent à médire sur les gens, les dirigeants, et avec la calomnie, la diffamation, ils les salissent». Ensuite arrive la justice, «elle les condamne, et à la fin on fait le coup d’État».

L’ambiance d’unité feinte est souvent le préalable à la condamnation.

«Dans une mesure plus restreinte, il arrive aussi la même chose, dans nos communautés paroissiales par exemple, quand deux ou trois commencent à critiquer un autre. Et ils commencent à médire sur untel, et ils font une unité feinte pour le condamner. Ils se sentent sûrs et ils le condamnent. Ils le condamnent mentalement, ensuite ils se séparent et médisent l’un contre l’autre, parce qu’ils sont divisés. Le bavardage est donc une attitude assassine, parce qu’elle tue, elle met les gens dehors, elle détruit leur réputation.»

Cheminer sur la voix de la véritable unité

«Le bavardage» est ce qu’ils ont utilisé avec Jésus. Pour discréditer et, une fois discrédité, ils le mettent dehors.

«Pensons à la grande vocation à laquelle nous avons été appelés. L’unité avec Jésus, le Père. Et sur cette route nous devons aller, hommes et femmes qui s’unissent et qui cherchent toujours à avancer sur la route de l’unité. Et non pas les unités feintes, qui n’ont pas de substance, et qui servent seulement pour faire avancer des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Les intérêts du prince de ce monde, la destruction.

Seigneur  donne-nous la grâce de cheminer toujours sur la route de la véritable unité.»