Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Jésus mort et ressuscité, voilà le noyau de notre espérance

Jésus mort et ressuscité, voilà le noyau de notre espérance

logo du Jubilé
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Jésus mort et ressuscité est le cœur de notre foi. Saint Paul, en énonçant en peu de mots – avec seulement quatre verbes – ce contenu, nous transmet le “noyau” de notre espérance : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze »( 1 Co 15, 3-5).

Le Christ est mort, a été mis au tombeau, est ressuscité, est apparu. Il a traversé le drame de la mort pour nous. L’amour du Père l’a ressuscité dans la puissance de l’Esprit, faisant de son humanité les prémices de l’éternité pour notre salut.

L’espérance chrétienne consiste précisément en ceci : face à la mort, où tout semble finir, nous recevons la certitude que, grâce au Christ, par sa grâce qui nous est communiquée dans le Baptême, « la vie n’est pas détruite, elle est transformée » pour toujours. (Missel Romain, Préface des défunts I.)

Dans le Baptême, en effet, ensevelis avec le Christ, nous recevons en Lui, ressuscité, le don d’une vie nouvelle qui brise le mur de la mort et en fait un passage vers l’éternité.

Bulle d’indiction du Jubilé 2025 – Pape François

Contempler Marie l’Étoile de la mer

Marie est l’étoile de la mer, celle qui nous guide lorsque nous sommes sur les flots agités de notre vie. Marie, étoile de l’espérance : « Par une hymne du VIIe – IXe siècle, donc depuis plus de mille ans, l’Église salue Marie, Mère de Dieu, comme « étoile de la mer »: Ave maris Stella.

La vie humaine est un chemin. Vers quelle fin ? Comment en trouvons-nous la route ? La vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscur et dans l’orage, un voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la droiture. Elles sont des lumières d’espérance.

Certainement, Jésus Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à Lui nous avons besoin aussi de lumières proches – de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée.

Et quelle personne pourrait plus que Marie être pour nous l’étoile de l’espérance – elle qui par son « oui » ouvrit à Dieu lui-même la porte de notre monde ; elle qui devint la vivante Arche de l’Alliance, dans laquelle Dieu se fit chair, devint l’un de nous, planta sa tente au milieu de nous (cf. Jn 1, 14)? C’est ainsi que nous nous adressons à elle. » (Benoît XVI, Spe Salvi n° 49)

La mesure de notre confiance en la bonté de Dieu

est la mesure des grâces que nous en obtenons.

*I. Dieu qui fait tout avec poids et mesure, et selon les règles d’une sagesse infinie, garde un certain ordre dans la distribution de ses grâces. Elles sont toutes gratuites et des effets de sa miséricorde ; et cependant il veut que les unes précèdent les autres, et servent de dispositions pour les obtenir ; il n’accorde quelques-unes qu’après en avoir accordé d’autres, en gardant une certaine proportion entre les unes et les autres.

Dieu donne la foi et la confiance, comme il donne toutes les autres grâces ; mais il veut que la foi et la confiance en sa bonté servent de dispositions pour obtenir toutes les autres. Les Évangélistes ont eu grand soin de marquer que Jésus-Christ les exigeait de ceux qui recouraient à lui pour obtenir des grâces ; et non seulement il les exige, mais selon l’ordre ordinaire qu’il s’est prescrit, il ne répand en nous ses grâces qu’à proportion que notre foi et notre confiance sont plus ou moins grandes.

*II. Qu’il vous soit fait selon votre foi et votre confiance. C’est ce que Jésus-Christ répondait à ceux qui lui demandaient des grâces ; et c’est ce qu’il nous dit encore à présent. Car ces paroles de Jésus-Christ ont été écrites pour notre instruction et pour celle de tous les siècles. Qu’il vous soit fait selon votre foi et votre confiance.

C’est nous dire que si nous avons peu de foi et de confiance, nous recevrons peu ; et que si nous avons beaucoup de foi et de confiance, nous recevrons beaucoup ; c’est nous exhorter à augmenter et à étendre notre confiance, afin de la rendre capable de recevoir une plus grande mesure de grâces ; c’est faire tout dépendre de notre foi et de notre confiance ; c’est en quelque sorte nous rendre maîtres de sa puissance, et du trésor de ses miséricordes, si nous voulons nous fier à sa bonté pleinement et sans réserve.

Qu’il vous soit fait selon votre foi et votre confiance. Ayez donc une foi et une confiance pleine et entière en Dieu. Je vous dis en vérité, quoi que ce soit que vous demandiez dans la prière, croyez que vous l’obtiendrez, et il vous sera accordé (Matt. 11, 22, 24).

Jésus-Christ promet tout à la prière faite avec une entière confiance ; il n’excepte rien : si nous n’obtenons pas tout, c’est que nous n’espérions pas tout, ou que notre espérance n’était pas pleine et sans quelque défiance ou hésitation. Ne mettons point de bornes à notre confiance, et Dieu n’en mettra point à ses miséricordes.

Car il donne, dit Saint Cyprien, à ceux qui croient et espèrent en lui, autant que chacun espère en recevoir (Ep. 8 ad Mart. et conf.). Vous obtiendrez du Seigneur autant de biens et de grâces, que vous aurez espéré d’en recevoir, dit Saint Bernard. Art admirable de s’enrichir des biens de Dieu, d’espérer seulement d’en devenir riche !

Peu importe à quel point l’espérance progresse, elle n’atteindra son but que si elle est entièrement fixée sur Dieu, de sorte qu’elle soit ferme et ne vacille pas. Pourquoi devrait-il craindre l’aspic et le basilic ? Pourquoi devrait-on être effrayé par le rugissement d’un lion ou les sifflements d’un dragon ? (Saint Bernard serm. 15 in Ps. 90, 5)

*III. Seigneur, répandez sur nous vos miséricordes, à proportion de ce que nous avons espéré en vous (Ps. 32, 22).

C’est la prière que faisait à Dieu un roi plein de confiance. Il était persuadé que la mesure de la confiance que nous avons en la bonté de Dieu, est la mesure des miséricordes qu’il répand sur nous : et comme il ne mesurait l’étendue de son espérance que sur la grandeur de la bonté de Dieu, sur la magnificence de ses promesses, et sa fidélité à les accomplir, il ose demander à Dieu, qu’il mesure ses miséricordes sur la mesure de son espérance.

Seigneur, répandez sur nous vos miséricordes à proportion que nous avons espéré en vous. Mais oserions-nous faire à Dieu la même demande ? Que deviendrions-nous, si Dieu ne répandait sur nous ses miséricordes que selon la mesure de notre espérance ?

Si nous ne recevions de sa bonté qu’à proportion de ce que nous espérons, que deviendraient les promesses si magnifiques que Dieu fait dans ses Écritures ? Notre confiance est si bornée et si faible, et nous avons cependant besoin d’une miséricorde infinie d’une multitude de miséricordes infinies.

Avant donc de demander à Dieu qu’il répande ses miséricordes sur nous à proportion que nous avons espéré en lui, prions-le de changer nos dispositions, d’élargir le vase de notre cœur, qui est si étroit, en augmentant notre confiance, et la rendant capable de recevoir des miséricordes aussi grandes que celles dont nous avons besoin.

Ou, comme il a infiniment plus de bonté que nous n’avons de foi et de confiance, prions-le de mesurer ses grâces, non sur l’étendue de notre foi et de notre confiance, mais sur l’étendue de sa bonté, qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et tout ce que nous pensons (Éphésiens 3, 20) ; et qui se plaît à surpasser par une abondance de miséricordes les mérites et les désirs de ceux qui ont recours à lui, et à leur accorder ce que leurs prières n’oseraient presque espérer.

P. Gaud

Prière du Jubilé

Père céleste,
En ton fils Jésus-Christ, notre frère,
Tu nous as donné la foi,
Et tu as répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, la flamme de la charité
Qu’elles réveillent en nous la bienheureuse espérance de l’avènement de ton Royaume.
 
Que ta grâce nous transforme,
Pour que nous puissions faire fructifier les semences de l’Évangile,
Qui feront grandir l’humanité et la création tout entière,
Dans l’attente confiante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
Lorsque les puissances du mal seront vaincues,
Et ta gloire manifestée pour toujours.
 
Que la grâce du Jubilé,
Qui fait de nous des Pèlerins d’Espérance,
Ravive en nous l’aspiration aux biens célestes
Et répande sur le monde entier la joie et la paix
De notre Rédempteur.
A toi, Dieu béni dans l’éternité,
La louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen !

Prières de la Messe du jour

Le Christ est vraiment ressuscité, alléluia. À lui gloire et puissance pour les siècles des siècles. Amen.

Je suis ressuscité, et je me retrouve avec toi. Ta main s’est posée sur moi, ta sagesse s’est montrée admirable, alléluia.

Aujourd’hui, Seigneur Dieu, +
par ton Fils unique, vainqueur de la mort,
tu nous as ouvert les portes de l’éternité; *
tandis que nous fêtons solennellement
la résurrection du Seigneur, nous t’en prions,
accorde-nous d’être renouvelés par ton Esprit /
  pour que nous ressuscitions dans la lumière de la vie.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, +
  qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, /
  Dieu, pour les siècles des siècles.

Dans l’exultation de la joie pascale, Seigneur,
nous t’offrons ce sacrifice: *
c’est par lui que ton Église,
de manière admirable, /
naît à la vie nouvelle et reçoit sa nourriture.
Par le Christ, notre Seigneur.

Le Christ, notre agneau pascal, a été immolé.
Célébrons donc la fête en partageant le pain de la Pâque,
un pain non fermenté : signe de droiture et de vérité, alléluia.

Seigneur Dieu, +
ne cesse pas de veiller avec tendresse sur ton Église, *
afin que, déjà renouvelée par les sacrements de Pâques, /
elle parvienne à la lumière de la résurrection.
Par le Christ, notre Seigneur.

Méditation sur la liturgie de la Semaine Sainte

Semaine Sainte
Semaine Sainte

Méditation sur la liturgie de la Semaine Sainte

Chers Fils et Chères Filles,

Nous vous saluons tous, en vous considérant comme participants avec nous aux cérémonies de la Semaine Sainte dont la célébration est si importante. Non seulement cette semaine évoque le souvenir de la mort et de la résurrection du Seigneur, mais elle renouvelle l’efficacité de l’œuvre rédemptrice du Christ.

Elle actualise le mystère pascal de la façon la plus authentique; elle le reflète dans sa liturgie, elle le reproduit dans son efficacité divine; elle le rend accessible aux fidèles qui veulent vivre des exemples et de la grâce du Christ; elle constitue, dans le cours du temps, le moment le plus rempli de la présence du Christ parmi nous, et dans le cours de l’année l’heure centrale vers laquelle tend et de laquelle part toute l’activité liturgique de l’Église.

Elle concerne le Christ mort et ressuscité; mais elle concerne aussi chacun de nous, parce que chacun de nous doit mourir et ressusciter avec le Christ. C’est pour nous que le Christ a vécu le drame de la Rédemption; c’est avec nous qu’il veut la revivre. Ne laissons pas passer la fête de Pâques sans nous pénétrer de sa réalité et de ses exigences.

Nous voulons croire qu’aucun de vous ne manquera de réserver quelque pensée à la Semaine Sainte…. Nous voudrions, d’une façon sommaire, vous indiquer certains aspects de ces cérémonies auxquelles nous vous exhortons à participer, afin que vous les compreniez mieux et que vous y assistiez avec plus de fruit.

Aspect historique

Le premier aspect est celui que nous pourrions appeler l’aspect historique, c’est-à-dire le caractère d’évocation que revêtent ces cérémonies. Elles se réfèrent aux derniers jours de la vie temporelle du Christ, comme chacun le sait.

Mais en les replaçant, à nouveau devant nos yeux, l’Église veut réveiller, préciser ces souvenirs, retenir notre attention. Ce n’est pas sans raison que le récit de la passion est répété quatre fois pendant la Semaine Sainte.

Et les trois derniers jours sont caractérisés par un fait dominant, particulier à chacun: le Jeudi-Saint par la Cène pascale, qui devient la Cène Eucharistique; le Vendredi-Saint par le procès, la crucifixion et la mort du Seigneur; le Samedi-Saint par le souvenir de sa sépulture, avant d’arriver à la nuit de la résurrection Pascale.

La seule évocation de ces événements est déjà attirante par elle-même, et il n’est pas difficile d’en faire la première méditation, même si elle est uniquement descriptive.

Les personnages du drame

La seconde méditation porte sur les personnages du drame. Chacun d’eux est typique et représentatif. L’action dans laquelle ils se trouvent engagés, les uns et les autres, soit dans la passion, soit dans l’événement pascal, prend un relief impressionnant.

L’humanité s’y révèle sous son jour le plus intéressant; la psychologie éternelle des hommes nous y apparait, non pas certes avec la majesté et la subtilité, souvent trop recherchées, des scènes célèbres du théâtre classique et du cinéma moderne, mais avec une sincérité et un naturel sans pareils, au point que l’on est tenté de répéter: voici l’homme. Cette exclamation fut prononcée par Pilate, à propos de Jésus.

Et si nous arrêtons notre attention sur sa personne, quelle stupeur, quel attrait, quel trouble, quel amour envahissent les âmes attentives et fidèles! La passion du Christ est la révélation la plus profonde et la plus exacte qui nous soit donné de lui. Pensons, par exemple, aux paroles de Pierre qui se refuse au geste d’humilité de Jésus, penché devant lui pour lui laver les pieds: « Toi, Seigneur, me laver les pieds! » (Jn 13, 6).

Que n’y a-t-il pas dans ce «toi »! Et, au terme de la tragédie la parole du Centurion: « Vraiment celui-ci était le Fils de Dieu! » (Mt 27, 54). Mais pensons surtout au double témoignage de Jésus qui affirme être le Christ, Fils de Dieu (Mt 26, 64), au cours du procès religieux; et être le roi de l’histoire messianique, pendant le procès civil (Jn 18, 37), témoignages à cause desquels il sera crucifié.

Les fidèles, les saints, s’efforcent d’explorer dans toute sa profondeur la psychologie de Jésus, et ils ne peuvent qu’en être enivrés d’émerveillement et d’amour.

Les raisons du drame

Puis la méditation devient plus large, plus profonde, plus théologique, plus cosmique, lorsqu’elle s’interroge sur les raisons de ce drame divin.

Les lectures, spécialement celles de la vigile pascale, nous introduisent dans ce mystère où le péché de l’homme se rencontre avec la justice et la miséricorde de Dieu, où « la mort et la vie s’affrontent en un duel prodigieux » (Séquence pascale), et où la victoire du Christ ressuscité se présente comme une source de notre salut et prototype de la vie chrétienne.

Notre contemplation doit faire encore un pas de plus: celui de l’expérience émotive, dramatique et aimante de cette histoire, de cette célébration. Dans les magnifiques répons de l’office de matines des trois grandes journées qui précèdent Pâques, nous trouvons, par exemple, les cris les plus nobles et les plus profonds, les plus forts et les plus tendres, les plus violents et les plus doux qu’ait su exprimer l’âme de l’Église devant le mystère pascal.

C’est dire que ces célébrations non seulement permettent une symphonie de sentiments, mais invitent à ajouter à la contemplation du drame pascal ses notes les plus hautes et les plus émouvantes, où la liturgie de la Semaine Sainte atteint à la beauté suprême.

Il y aurait trop à dire sur ce sujet. Mais sachez seulement que le grand cœur de l’Église, et avec lui l’humble cœur du Pape, vibre d’une émotion intense pendant la célébration du mystère pascal, et qu’il invite vos cœurs à vibrer avec lui. C’est à cela que vous encourage et vous exhorte Notre Bénédiction Apostolique.

PAUL VI – AUDIENCE GÉNÉRALE, mercredi Saint, 10 avril 1968

L’Heure de la Mère

L’Heure de la Mère

Un exercice spirituel  a commencé au monastère de la Très Sainte Conception, dans le territoire de Palma, en Sicile : il consiste à tenir compagnie à la Sainte Mère pendant ces heures qui furent pour elle d’une si grande amertume après la mort de son Fils. De là il se répandit en d’autres provinces, et, depuis l’année 1815, il se pratique publiquement dans un grand nombre d’églises et est très appréciée des fidèles.

I. Offrande de l’heure de la compassion. (Vendredi Saint 15 h)

Pieta de Kiko (Roger Camille) |DR

Ô Marie, Mère de mon Dieu, je viens me jeter à vos pieds avec un profond sentiment de ma misère et de mon indignité. Daignez agréer, je vous en conjure, cette oraison que je vous offre pour honorer surtout votre désolation après la mort et l’ensevelissement de Jésus. Que mon cœur s’attendrisse à la vue le de tout ce que vous avez souffert alors, et que je recueille de cette compassion des fruits abondants de salut.

Ô douce Vierge Marie ! Par ce glaive de douleur qui a transpercé votre âme lorsque vous avez vu votre Fils bien-aimé élevé sur la Croix, cloué à ce gibet infâme, couvert de plaies et de meurtrissures, obtenez que mon cœur soit touché des traits de l’Amour divin.

Ô Vierge sainte, par ces inexprimables tourments que vous avez endurés sans vous plaindre, quand, debout au pied de la Croix, vous avez entendu votre Fils vous recommander à saint Jean et remettre son esprit entre les mains de Dieu son Père, secourez-nous à la fin de notre vie.

Ô Vierge très pure ! Par ces profonds gémissements qui s’échappaient de votre poitrine lorsque, recevant dans vos bras votre Fils bien-aimé détaché de la Croix, vous contempliez son visage autrefois si beau, maintenant défiguré par la mort, et son corps adoré tout couvert de blessures ; faites, je vous en supplie, que nous pleurions nos fautes, et que nous effacions par les larmes d’une sincère pénitence.

Ô Mère de Douleurs, faites que je pense toujours à votre désolation, que son souvenir se grave profondément dans mon âme.

Ô Jésus et Marie, couvrez de la protection de vos Cœurs l’Église, convertissez les pêcheurs, secourez les agonisants, délivrez toutes les âmes du purgatoire.

Ainsi soit-il.

II. Marie désolée auprès du tombeau de son Fils. (vendredi saint 16 h)

Considère, ô mon âme ! L’affliction de Marie dans le jardin auprès du tombeau neuf qui devait bientôt renfermer le corps de son adorable Fils.

Elle assiste avec une douleur inexprimable aux derniers devoirs que Joseph d’Arimathie et Nicodème rendent à Jésus, lorsqu’ils prennent son corps, enveloppé avec soin d’un linceul blanc, lorsqu’ils le soulèvent avec respect comme le trésor le plus précieux, et le placent avec vénération dans le sépulcre.

Il me semble entendre cette Mère affligée s’écrier alors : « il fut un temps où je revêtais mon Fils de langes et de doux vêtements ! Oh mon Dieu ! Quelle énorme différence avec ce que je vois ! ». Marie, accablée de tristesse et toute en pleurs, dit aux pieux disciples : « de grâce attendez quelques instants, ne me privez pas si tôt de l’objet de mon amour. »

Ô tendre Mère ! Quelle pâleur sur son front, quelle vive douleur se manifeste sur toute sa personne ! Il semble que son cœur va se briser au moment où le corps de Jésus lui est ravi ! Son âme ne peut se détacher de cette dépouille sacrée ; elle voudrait se renfermer avec elle dans le roc. Nicodème, Joseph, hâtez-vous de lui épargner ce supplice et de renfermer le corps de Jésus dans son tombeau neuf.

Une grosse pierre renferme déjà l’entrée et prive Marie de la triste consolation de voir ce Fils chéri ; elle l’appelle et le demande d’une voix éteinte et entrecoupée par ses sanglots ; et, comme Jésus ne lui répond pas, elle appuie sa tête contre la pierre froide, elle l’embrasse avec amour, elle y imprime mille baisers et l’humecte de ses larmes.

Prière

Ô Sainte Mère, je compatis vivement et de tout mon cœur à vote extrême désolation. Sans doute vous avez éprouvé une douleur profonde à prévoir la douloureuse Passion et la cruelle mort de votre aimable Fils ; mais vos souffrances furent bien plus vives encore à la vue de son agonie et de ses derniers moments.

Cependant sa présence vous soutenait et vous fortifiait au milieu de cet océan de peines ; mais à présent vous êtes au comble de la désolation : vous n’avez plus d’époux, plus de père, plus de fils, plus de frère, plus d’ami, plus de consolateur ; vous avez tout perdu.

Vos yeux ne peuvent plus considérer les mains de Jésus, vos oreilles ne peuvent entendre sa douce voix, Jésus ne vous accompagne plus sur cette terre : ô douleur sans pareille !

Ô amertume désolante ! Par cette douloureuse séparation, par ces cruelles angoisses où vous fûtes alors plongée, ayez pitié de moi qui ai perdu, par ma faute, cent fois et mille fois mon doux et adorable Maître.

Faites, ô tendre Mère, que je ne m’éloigne jamais plus de Jésus par ma malice et ma tiédeur ; mais qu’au contraire je le serve avec une constante fidélité tant que je vivrai sur la terre, afin de le voir face à face et de le posséder dans le ciel.

Ainsi soit-il.

Pater, Ave, Gloria, en mémoire de la désolation de la Sainte Mère.

III. La  Sainte Mère quitte le tombeau pour retourner à Jérusalem. (17 h)

Considère, ô mon âme ! ce qui se passe au saint tombeau ! il est fermé et scellé, et de plus, par un décret de la Providence, gardé à vue par les soldats juifs. Le disciple bien-aimé, les larmes aux yeux, vient annoncer à la Mère affligée que la nuit approche, qu’il est temps de quitter ce lieu lugubre et de retourner à Jérusalem.

À l’instant, Marie, toujours soumise aux volontés divines, fait une profonde révérence au sépulcre, l’embrasse encore, et dit en pleurant : « Ô mon fils, voilà l’heure de la séparation ; reçois mon cœur blessé, je te le laisse enseveli avec toi. » Elle lève ensuite vers le ciel ses yeux remplis de larmes, et elle ajoute : « Ô Père éternel ! Je te recommande de toute mon âme ton Fils et le mien. »

Enfin les saintes femmes la couvrent d’habits de deuil, et elle part accompagnée du bon Joseph d’Arimathie, qui avait procuré un tombeau honorable à son Fils ; du fidèle Nicodème, qui avait aidé à la descente de la Croix ; de la pénitente Madeleine, accablée de douleur ; de la compatissante Salomé, la fidèle Marie de Cléophas, et surtout du disciple vierge bien-aimé, nouveau fils de la Très Sainte Vierge par substitution.

Chacun s’empresse de prodiguer à cette mère désolée tous les soulagements que réclame son immense douleur. Mais, ô mon Dieu ! Quelle consolation peut-on lui offrir ? Quel spectacle que celui de sa langueur, de ses soupirs continuels, de ses larmes amères !

Prière

Ô Mère affligée, je compatis à l’extrême Douleur que vous avez ressentie quand il fallut vous éloigner du saint tombeau. Hélas ! Vous auriez voulu y demeurer pour ne vous séparer jamais de l’objet de votre amour. Et cependant, soumise aux ordres du Ciel, vous avez dû quitter ce lieu chéri et retourner sans Jésus à Jérusalem.

Ah! Sainte Mère, après Dieu c’est à vous que je dois la grâce que j’ai obtenue si souvent, de n’être pas demeuré jusqu’à présent enseveli dans le profond abîme de mes fautes, et dans l’abîme bien plus épouvantable encore de la malheureuse éternité.

Ah! Par la vive et amère douleur qui déchira votre cœur en quittant le tombeau de votre divin Fils, ne permettez pas que je sois désormais privé de la grâce de Dieu ni de votre protection maternelle.

Ainsi soit-il.

Pater, Ave, Gloria, en mémoire de la désolation de la Sainte Mère.

IV. Marie repasse par le Calvaire. (18 h)

Ô mon âme ! Considère le nouveau tourment et les cruels souvenirs qui, dans le chemin, désolent le cœur maternel de la Très Sainte Vierge. Pour retourner à Jérusalem, il lui faut repasser par le mont du Calvaire.

Marie y voit debout la Croix ensanglantée de son Fils ; l’imagination lui peint Jésus attaché à ce bois meurtrier, comme il l’était effectivement peu d’heures auparavant ; Marie se rappelle son agonie de trois heures, et son dernier soupir au milieu des blasphèmes et des insultes de ses ennemis. « Ô mon Fils bien-aimé ! S’écrie-t-elle, pourquoi ne me fut-il pas donné d’être crucifiée avec toi? La mort ne m’aurait pas été si amère ! »

Ici Marie, toute remplie d’émotions, tombe à genoux, embrasse étroitement la Croix et s’y colle avec tant d’ardeur, qu’il semble que son âme va rompre ses liens sous l’empire de l’amour et de la douleur.

Marie, en descendant de la montagne, se représente de nouveau son cher Fils succombant sous le fardeau de la Croix et frappé cruellement par les soldats ; elle reconnaît l’endroit où elle aperçut le Sauveur tout défiguré et tout haletant de fatigue et de sueur. À chaque pas elle se retrace, sous les plus sombres couleurs, toutes les péripéties de la voie douloureuse, et ses souvenirs ouvrent toutes les plaies de son Cœur.

Prière

Ô Mère affligée ! Je compatis de toute mon âme à votre Douleur, en voyant embrasser le bois sur lequel votre Fils adorable a été cloué et mis à mort. Ô tendre Mère laissez-moi vous demander pardon d’avoir été la cause de cette mort par mes fautes ; laissez-moi m’approcher de cette croix pour l’embrasser et l’adorer.

Ô sainte Croix ! Gage de la vie éternelle, étendard sacré et guide des élus, trône de miséricorde, véritable autel d’amour consacré par le sang de l’Agneau de Dieu, je vous vénère, je vous embrasse, je vous presse sur mon cœur ; désormais vous me conduirez sûrement dans le chemin du Salut, vous serez mon arme toute-puissante contre les attaques de l’ennemi, vous serez encore la clé qui m’ouvrira les portes d’or de la cité de Dieu.

Et vous, ô Mère des Douleurs ! Inspirez à mon cœur un souverain respect, un amour sincère et pour la Croix sanctifiée par les membres du Rédempteur, pour toutes celles qui me seront envoyées ; faites que je les porte à la suite de Jésus, heureux de souffrir jusqu’à la fin de ma vie, pour être son vrai disciple et régner ensuite avec lui dans le Ciel. Je l’avoue à ma confusion, jusqu’à ce moment j’ai eu la Croix en horreur.

Ô sainte Mère ! Faites que je l’aime désormais sincèrement, et que je la regarde comme l’unique moyen d’expier mes péchés et de m’unir étroitement à mon Dieu.

Ainsi soit-il
Pater, Ave, Gloria, en mémoire de la désolation de la Sainte Mère.

V. La Sainte Mère entre à Jérusalem, accompagnée de Saint Jean et des saintes femmes. (19 h)

Ô mon âme ! Voilà enfin Marie dans les murs de Jérusalem. Considère sa douleur en entrant dans cette ville coupable de la mort de Jésus. Les saintes femmes pleurent avec Marie, et ceux qui voient cette Mère affligée ne peuvent retenir leurs larmes. Les filles de Sion la contemplent en silence, elles partagent sa douleur et ses larmes.

Qui pourrait n’être pas touché d’un spectacle aussi déchirant ? La Vierge sainte est seule et sans appui par suite de la jalousie et de la malice des hommes. Son cœur maternel est déchiré à chaque pas par la vue du prétoire, des places publiques, des rues de Jérusalem, des palais, de tout ce qui s’offre à ses regards. Tout ce qu’elle considère aiguise sa douleur et lui rend plus sensible la privation de son Fils adorable !

Prière

Ô Mère de mon Sauveur ! Je compatis à l’excès de douleur que vous avez éprouvée en rentrant à Jérusalem. Vos yeux et votre esprit furent affligés à la fois en présence de ces lieux où, d’une part, votre Fils avait prodigué les bienfaits les plus éclatants à son peuple chéri, et où ce même peuple, de l’autre, s’était rendu coupable de la plus criante injustice et de la plus noire cruauté envers son bon Maître et son insigne Bienfaiteur.

Ô ville ingrate ! ô malheureuse Jérusalem ! Que tu as mal profité de la visite de ton souverain Seigneur ! Dans ton aveuglement, tu l’as connu et tu l’as repoussé ! Dans ton impiété, tu as osé le persécuter et le mettre à mort ! Malheureuse, tu pleureras un jour, inutilement, ton ingratitude, ton endurcissement.

Ô Marie, Mère de Douleurs, vous daignez jeter sur moi un regard de miséricorde ; vous voyez aussi en mon âme des traits nombreux de la Bonté divine et des marques indubitable de la souveraine miséricorde envers moi. Mais vous y découvrirez aussi des preuves innombrables de mon ingratitude et de ma profonde perversité.

Ô Mère tendre ! Compatissez à mes misères, et dans votre miséricorde, obtenez-moi la grâce d’un véritable repentir de mes fautes, et d’une ferme et inviolable résolution d’obéir désormais à la voix de Jésus, votre divin Fils et mon Sauveur.

Ainsi soit-il.

Pater, Ave, Gloria, en mémoire de la désolation de la Sainte Mère.

VI. Le disciple bien-aimé reçoit la Sainte Mère dans sa maison. (20 h)

Ô mon âme, représente-toi les pieux personnages restés fidèles à Jésus : Nicodème, Joseph d’Arimathie, Madeleine, Salomé, et les autres saintes femmes, arrivant tous dans la rue du mont de Sion.

Là tous, les larmes aux yeux, prennent le congé de la Très Sainte Vierge ; Saint-Jean, seul substitué à Jésus pour devenir le fils de Marie, en vertu du testament de l’Auteur de la nouvelle Alliance, demeure attaché à Notre Dame des Douleurs, et l’introduit dans sa maison.

Considère ici la joie ineffable que ce cher disciple éprouve en recevant chez lui la Mère de son divin Maître, l’Arche du Nouveau Testament, la souveraine maîtresse et le modèle de toutes les vertus, le miroir de la plus haute sainteté. Voyez avec quelle grâce la Très Sainte Vierge accepte l’hospitalité chez le disciple que Jésus aimait avec tant de tendresse, et à qui il l’avait lui-même recommandée.

Mais, hélas ! Jean n’est pas Jésus, et la société du disciple, loin de diminuer la peine de n’avoir plus son divin Fils, ne fait que l’accroître. Cette privation est pour Marie la source d’une douleur inconsolable, que les fréquentes visites des saintes femmes ne peuvent dissiper. Aussi il lui échappe quelquefois de dire : « où est mon Fils ? Je ne puis donc plus le voir ! De grâce, Jean, montre-le-moi ! Mes chères sœurs, où est mon Fils ?

Nous avons perdu avec lui toute notre joie, toute notre douceur, toute la lumière de nos yeux. Mon Jésus est mort en proie aux plus vives angoisses ; son corps était tout déchiré et brûlant de soif ; ce cher Fils était abandonné de tout le monde ! Mère infortunée que je suis, ô cruelle séparation ! ».

Prière

Ô Mère désolée ! Je compatis à votre extrême douleur. Que ne puis-je, avec le disciple bien-aimé et les pieuses femmes, avoir le bonheur de vous servir, de vous consoler et de me tenir auprès de vous ; mais, à défaut de ce privilège, j’entends dès maintenant et pour toujours vous servir en esprit comme l’enfant le plus dévoué, et ne jamais m’éloigner de vous.

Ô mère affligée, daignez à votre tour m’adopter à jamais pour votre enfant, et me protéger jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je n’ai, il est vrai, ni l’innocence ni la pureté du disciple chéri ; mais souvenez-vous que vous êtes la Mère des pécheurs, et que vous les aimez de tout votre amour, surtout quand ils sont résolus à quitter le péché.

Ainsi soit-il.

Pater, Ave, Gloria, en mémoire de la désolation de la Sainte Mère.

VII. Marie a continuellement présent à la pensée la passion et la mort de son Fils. (samedi saint matin)

 Ô mon âme, considère la profonde amertume dans laquelle cette Sainte Mère est plongé pendant tout le temps qui s’écoule entre la sépulture de Jésus et sa glorieuse Résurrection. Elle ne pense qu’à la trahison de Judas, à la fuite des apôtres, à la jalousie de ses accusateurs chez Caïphe, au mépris impie de la cour d’Hérode, à la politique criminelle de Pilate.

Elle se rappelle sans cesse cette nuit affreuse où Jésus fut couvert d’opprobre et d’ignominie ; elle se représente ce Fils adorable bafoué et meurtri ; elle voit sa tête percée d’épines meurtrières, son sang coagulé sur sa barbe et ses cheveux, sa poitrine et son dos tout déchiré, ses bras livides et enflés, ses épaules chargées du pesant fardeau de la Croix.

Elle ne peut un instant perdre de vue ni les clous ni le les marteaux, ni le vinaigre ni l’absinthe. Elle voit son Fils abandonné par son Père céleste lui-même ; elle le voit agonisant et mourant entre deux voleurs. Toutes ces images lugubres ne la quittent pas et ne laissent pas de trêve à sa Douleur ; aussi à ses profonds soupirs succèdent souvent des torrents de larmes.

On l’entend parfois s’écrier, avec l’accent de la douleur : « Ô Jésus, ô mon Fils bien-aimé ! ô mon amour ! L’immensité des cieux ne peut te contenir, et te voilà renfermé dans un sépulcre étroit !

Tu es mort, ô mon cher Fils ! et une pierre froide m’empêche de te voir. Jean, il te fut donné de reposer sur son cœur dans le cénacle, rapporte-moi fidèlement ses actes, ses recommandations, ses dernières dispositions. »

À ces mots, Marie se met à pleurer amèrement. Marie désolée ne voit donc de toutes parts que des sujets de tristesse et d’amertume ; aux heures douloureuses du jour, succèdent les heures plus tristes encore de la nuit ; le soleil, à son coucher, laisse cette vierge dans son affliction, et, en se levant, il la trouve encore abîmée dans sa douleur.

Prière

Ô très douce Mère ! Je compatis à la désolation de votre esprit et de votre cœur, tout occupés de la douloureuse Passion du Sauveur.

Si l’épouse des Cantiques ne pouvait prendre de repos en l’absence de son bien-aimé ; si dans son impatience elle le demandait à tout le monde ; si pour le trouver elle ne comptait pour rien ses peines, et jusqu’aux coups et aux plaies qu’elle recevait des gardes de la ville, parce que la blessure faite par l’amour à son cœur lui rendait insupportable l’éloignement de son bien-aimé ; ô Marie !

Qui pourrait comprendre combien votre cœur infiniment sensible et affligé en vous voyant séparée de votre cher Fils, de celui qui est tout votre amour et l’âme de votre âme ? Il me semble vous entendre dire avec le prophète : « mes larmes son ma nourriture du jour et de la nuit ! »

Ô Mère désolée ! Imprimez la cruelle Passion de votre Fils adorable si profondément dans mon esprit et dans mon cœur, que je pleure ce qui en fut la cause, et qui vous fit souffrir à vous-même un si long et cruel martyre.

Ainsi soit-il.
Pater, Ave, Gloria, en mémoire de la désolation de la Sainte Mère.

VIII. Marie affligée et désolée de la perte de son peuple et de beaucoup d’autres âmes. (samedi saint après-midi)

Considère, ô mon âme ! Cette Mère de Douleurs qui connaît et apprécie mieux que personne le bienfait immense de la Rédemption des hommes, l’anéantissement auquel s’est soumis le Fils de Dieu en prenant la nature humaine, et les peines et souffrances sans nombre qu’il a enduré pour nous dans sa sainte Humanité.

Qui mieux que Marie a pu goûter et mesuré jusqu’au fond le calice fatal que l’Ange présenta à Jésus au jardin des olives ? Ô douleur sans pareille, souffrance inexprimable ! Marie voit qu’en même temps un nombre presque infini d’âmes ne profite pas de tant de grâces. Elle voit ce peuple, racheté au prix de tout le sang de l’Homme-Dieu, fouler de nouveau au pied ce sang adorable.

Le Calvaire a navré de douleurs le Cœur de Marie ; cependant elle a encore plus d’horreur des péchés par lesquels la plupart des chrétiens crucifient de nouveau son Fils. Voilà donc cette Vierge sainte réduite à verser plus de larmes sur les crimes des méchants que sur le crucifiement du Golgotha.

Mais si quelques âmes héroïques eussent consenti à souffrir toutes sortes de supplices, et même à se jeter à l’entrée de l’abîme infernal, pour en fermer l’entrée à tant de malheureuses victimes de l’aveuglement et du péché, quelles durent être les angoisses de Marie lorsqu’après avoir enfanté avec tant de douleurs, sur le Calvaire, une multitude innombrables d’élus à une nouvelle vie, elle les voit mépriser un bien si précieux et se précipiter vers leurs pertes éternelles ?

Ô mon Dieu ! Quelle affreuse pensée pour elle de prévoir que son cruel martyre sera inutile pour un si grande nombre et ne fera que tourner à leur plus grande ruine ! Ô ingratitude de l’homme ! Quels tourments tu infliges aux entrailles maternelles de cette Vierge affligée !

Prière

Ô tendre Mère du Sauveur ! ô Mère compatissante de tous les enfants d’Adam ! Il est impossible de compatir dignement au supplice de votre Cœur magnanime ! Ma Sainte Mère, quel sera mon sort ? Ferai-je partie des chrétiens malheureux, qui, après vous avoir causé dans leur enfantement tant de douleurs, au lieu de vous consoler en profitant de la Rédemption, augmenteront vos peines en se perdant ?

Ah ! De grâce, ne permettez pas que je grossisse le nombre de ces infortunés ; faites, au contraire, que je mette à profit le sang que Jésus a versé ! Il est vrai, j’ai tout à craindre de ma faiblesse ; mais je mets ma confiance dans la grâce de mon Sauveur, et dans votre toute-puissante intercession.

Souvenez-vous que, par votre entremise, Jésus est devenu mon frère aîné, et en vertu de son testament vous êtes devenue, sur le Calvaire, ma tendre mère. Souvenez-vous encore que, pour me donner la vie, vous avez consenti, au prix d’une douleur inexprimable, à livrer au fouet et à la mort votre Fils unique. Ô Mère secourable !

Ne m’abandonnez donc pas durant tout le cours de ma vie, et surtout au moment terrible de ma mort ! Faites que je sois pendant toute l’éternité l’objet de la miséricorde de Jésus et de la vôtre.

Ainsi soit-il.

Pater, Ave, Gloria, en mémoire de la désolation de Sainte Mère

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IX. La Vierge Marie et Jésus ressuscité

Après ces exercices, à l’aube du Dimanche, il convient de se réjouir avec la Très Sainte Vierge, que Jésus ressuscité la visita la première, comme on le croit pieusement.

À cet effet, on peut faire la prière suivante :

Ô glorieuse Vierge et très aimable Mère, ne vous affligez plus, vous avez assez pleuré, il est temps d’essuyer vos larmes : votre divin Fils est ressuscité. Le voilà rempli de majesté, de lumière, de beauté dans son visage, dans ses plaies, dans sa très sainte Âme, dans ses membres infiniment purs ; il a vaincu la mort, il a soumis l’enfer, il a détruit le péché.

La cour céleste, les saintes âmes des limbes, et toutes les créatures applaudissent à la triomphante Résurrection de l’Homme-Dieu. Vous qui êtes sa Mère, combien vous pouvez vous réjouir !

Au milieu de cette joie universelle, daignez Vierge Sainte, recevoir la mienne en ce jour d’allégresse ; obtenez-moi, je vous en supplie, la grâce tant désirée de briser les dures chaînes du péché et du monde, de surmonter les tentations de Satan et de ressusciter à la vie spirituelle et à l’amour de Jésus, en vous aimant toujours comme ma tendre Mère.

Ainsi soit-il.

Reine du Ciel, soyez dans l’allégresse, puisque Celui que vous avez eu le bonheur de porter dans votre sein est ressuscité, comme il l’avait dit.

Demandez pour nous à Jésus-Christ ressuscité que nous puissions recueillir les fruits de sa Résurrection.

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Pour encourager et propager cette dévotion, Pie VII accorda l’indulgence :
par un rescrit en date du 25 février : indulgence plénière le jour de la communion pascale, pour tous les fidèles qui, depuis trois heures du soir le Vendredi Saint jusqu’au Samedi Saint à midi, emploieront une heure ou une demi-heure au moins à honorer la Mère désolée.
et un rescrit du 21 mars 1815 : 300 jours d’indulgence pour ceux qui pratiqueront cette dévotion les autres vendredis de l’année, depuis trois heures de l’après-midi jusqu’à l’aurore du dimanche suivant ; une indulgence plénière chaque mois, aux conditions ordinaires, s’ils pratiquent cet exercice toutes les semaines.