Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

l’étincelle révolutionnaire de la tendresse de Dieu

Jésus Marie Joseph
Jésus Marie Joseph

«Tout dans cette nuit devenait source d’espérance»  le Pape François  a célébré la messe en la basilique Saint-Pierre de Rome en ce 24 décembre en cette nuit de Noël. Dans son homélie, il est revenu sur «l’étincelle révolutionnaire de la tendresse de Dieu» qui est apparu avec la naissance de Jésus.

Le Pape François a présidé la liturgie de la messe de minuit, anticipée à 21h30, dans une basilique Saint-Pierre peuplées par des visages du monde entier, traduisant l’attente universelle de la venue du Messie

Les langues des intentions de prières (en arabe, portugais, chinois, roumain, mais aussi en bangladais, langue du Bangladesh, dernier pays visité par le Pape cette année) traduisaient l’attente du Sauveur, incarné dans une famille pauvre et rejetée il y a 2000 ans, comme des millions de personnes à notre époque contemporaine.

Marie et Joseph sont comme les réfugiés d’aujourd’hui. «Dans les pas de Joseph et de Marie, se cachent de nombreux pas. Nous voyons les traces de familles entières qui, aujourd’hui, se voient obligées de partir».

Le Pape François a fait le parallèle entre la Sainte Famille et celles et ceux qui, de nos jours, sont contraints de fuir la guerre ou la pauvreté. «Ils était chargés d’incertitude et des dangers propres à qui doit quitter sa maison» et qui arrive dans une «terre où il n’y avait pas de place pour eux».

Bethléem ne se soucie pas de Marie et de Joseph. Pourtant, c’est là que «s’est ouverte une petite brèche pour ceux qui ont perdu leur terre, leur patrie, leurs rêves ; même pour ceux qui ont cédé à l’asphyxie causée par une vie renfermée». Beaucoup ne voient dans leur départ qu’une seule chose : «la survie». «Survivre aux Hérode de l’heure qui, pour imposer leur pouvoir et accroître leurs richesses, n’ont aucun problème à verser du sang innocent».

Jésus est «Celui qui vient nous donner à tous le document de citoyenneté. Celui qui, dans sa pauvreté et dans sa petitesse, dénonce et manifeste que le vrai pouvoir et la liberté authentique sont ceux qui honorent et secourent la fragilité du plus faible». C’est pourquoi Jésus s’adresse en premier aux bergers, «des hommes et des femmes qui devaient vivre en marge de la société», des « païens, des pécheurs et des étrangers ».

La joie que leur annonce l’ange, est celle de la naissance du Sauveur. C’est cette même joie que nous célébrons en ce soir de Noël, cette «joie par laquelle Dieu, dans son infinie miséricorde, nous a embrassés, nous païens, pécheurs et étrangers, et nous incite à faire de même».

«La foi de cette nuit nous porte à reconnaître Dieu présent dans toutes les situations où nous le croyons absent». Elle pousse aussi à «faire de la place à une nouvelle créativité sociale, à ne pas avoir peur de faire l’expérience de nouvelles formes de relation dans lesquelles personne ne doit sentir qu’il n’a pas de place sur cette terre».

Noël devient ainsi «le temps pour transformer la force de la peur en force de la charité, en force pour une nouvelle créativité de la charité. La charité qui ne s’habitue pas à l’injustice comme si celle-ci était naturelle, mais qui a le courage, au milieu des tensions et des conflits, de se faire ‘‘maison du pain’’, terre d’hospitalité ».

«Dans l’Enfant de Bethléem, Dieu vient à notre rencontre pour faire de nous des protagonistes de la vie qui nous entoure. Il s’offre afin que nous le prenions dans les bras, afin que nous le soulevions et l’embrassions. Afin qu’en Lui, nous n’ayons pas peur de prendre dans les bras, de soulever et d’embrasser celui qui a soif, l’étranger, celui qui est nu, celui qui est malade, le détenu».

Les mots de saint Jean-Paul II : «N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ». «En cet Enfant, Dieu nous invite à prendre en charge l’espérance. Il nous invite à être des sentinelles pour beaucoup de personnes qui ont cédé sous le poids du désespoir qui naît du fait de trouver fermées de nombreuses portes. En cet Enfant, Dieu fait de nous des protagonistes de son hospitalité.»

Au rythme des chants traditionnels « Aestet Fideles » puis « Tu scendi dalle Stelle », le Pape a conclu la célébration en redescendant l’allée centrale pour déposer dans la crèche de la basilique Saint-Pierre la statue de l’Enfant-Jésus. Le Saint-Père était entouré par des enfants venus de plusieurs pays du monde, comme la Pologne, l’Italie, la Suisse, l’Inde, ainsi que le Chili et le Pérou, pays qui seront visités par le Pape le mois prochain.

Accueillir le projet de Dieu avec humilité et générosité

Le Pape François invite les baptisés à « accueillir le projet de Dieu dans notre vie, avec une humilité sincère et une générosité courageuse », à l’image de Marie et du Fils de Dieu. Il a commenté l’Évangile de ce dimanche, récit de l’Annonciation, insistant sur l’attitude de Marie faite d’ »humilité » et de « disponibilité », d’ »adhésion » au dessein d’amour de Dieu, de « service », comme le Fils de Dieu lui-même.

Paroles du pape François avant l’angélus

Chers frères et sœurs, bonjour!

ANNONCIATION FRA FILIPPO LIPPI 1443
ANNONCIATION FRA FILIPPO LIPPI 1443

En ce dimanche qui précède immédiatement Noël, nous écoutons l’Évangile de l’Annonciation (cf. Lc 1,26-38). Dans ce passage évangélique, nous pouvons noter un contraste entre les promesses de l’ange et la réponse de Marie. Un tel contraste se manifeste dans la dimension et dans le contenu des expressions des deux protagonistes.

L’ange dit à Marie:

« Sois sans crainte, Marie,
car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ;
tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand,
il sera appelé Fils du Très-Haut ;
le Seigneur Dieu
lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob,
et son règne n’aura pas de fin » (vv. 30-33).

C’est une longue révélation qui ouvre des perspectives inouïes. L’enfant qui naîtra de cette humble jeune-fille de Nazareth sera appelé Fils du Très-Haut: on ne peut concevoir de dignité plus élevée. Et, après la question de Marie qui lui demande des explications, la révélation de l’ange devient encore plus détaillée et surprenante.

Au contraire, la réponse de Marie est une phrase brève, qui ne parle pas de gloire ou de privilège, mais seulement de disponibilité ou de service:

« Voici la servante du Seigneur ;
que tout m’advienne selon ta parole » (v. 38).

Le contenu aussi est différent. Marie ne s’exalte pas même face à la perspective de devenir Mère du Messie, mais elle demeure modeste et elle exprime son adhésion au projet du Seigneur. Marie ne se vante pas, elle est humble, modeste, elle reste comme toujours.

Ce contraste est significatif. Il nous fait comprendre que Marie est vraiment humble et qu’elle ne cherche pas à se mettre en avant. Elle reconnaît être petite devant Dieu et elle est contente d’être ainsi. En même temps, elle est consciente que de sa réponse dépend la réalisation du projet de Dieu, et qu’elle est donc appelée à y adhérer de tout son être.

Dans cette circonstance, Marie se présente dans une attitude qui correspond parfaitement à celui du Fils de Dieu quand il vient au monde: Il veut devenir le Serviteur du Seigneur, se mettre au service de l’humanité pour accomplir le projet du Père.

Marie dit: « Voici la servante du Seigneur” et le Fils de Dieu dit en entrant dans le monde: “Voici, je viens, […] pour faire, ô Dieu, ta volonté” (10,7.9). L’attitude de Marie reflète pleinement cette déclaration du Fils de Dieu, qui devient aussi fils de Marie. La Vierge se révèle ainsi comme la collaboratrice parfaite du projet de Dieu, et vraie disciple de son Fils, et, dans le Magnificat, elle pourra proclamer que “Dieu élève les humbles” (Lc 1,52), parce que par sa réponse humble et généreuse elle a obtenu une joie très élevée et aussi une gloire très élevée.

Alors que nous admirons notre mère pour cette réponse à l’appel et à la mission de Dieu, demandons-lui d’aider chacun de nous à accueillir le projet de Dieu dans notre vie, avec une humilité sincère et une générosité courageuse.

Angelus Domini nuntiavit Mariae….

Je renouvelle en particulier mon appel afin qu’à l’occasion du Saint Noël les personnes séquestrées – prêtres, religieux et religieuses et fidèles laïcs – soient libérées et puissent rentrer chez elles. Prions pour elles. [Silence]

Le pape François prie pour la population de l’île de Mindanao, aux Philippines, frappée par la tempête tropicale Tembin, vendredi, 22 décembre 2017, avec des vents soufflant à 125 km/h. L’île compte quelque 20 millions d’habitants. La tempête a fait, selon un bilan provisoire, quelque 200 morts, des dizaines de disparus, laissant des dizaines de milliers d’habitants sans abri.

Je désire assurer de ma prière la population de Mindanao, aux Philippines, frappée par une tempête qui a fait de nombreuses victimes et [causé] des destructions. Que le Dieu miséricordieux accueille les âmes des défunts et réconforte ceux qui souffrent de cette calamité. Prions pour ces personnes. [Silence]

« Arrêtez-vous! » c’est l’invitation du pape François aux baptisés pour qu’ils se préparent à Noël, en faisant une pause de silence et de prière, face au « mystère » de la crèche, car Dieu vient « avec tendresse ».

En ces heures qui nous séparent de Noël, trouvez quelques instants pour vous arrêter en silence et en prière devant la crèche, pour adorer le mystère du vrai Noël, celui de Jésus, qui s’approche de nous avec amour, humilité et tendresse. Et, en ces moments, souvenez-vous aussi de prier pour moi. Merci! Bon dimanche et bon Noël!

reconnaître le Seigneur dans l’Enfant de la crèche

Chers frères et sœurs,

Enfant Jésus nuit de Noël au Vatican
Enfant Jésus nuit de Noël au Vatican

Avec la Neuvaine de NOËL, que nous célébrons ces jours-ci, l’Église nous invite à vivre de manière intense et profonde la préparation de la Naissance du Sauveur, désormais imminente.

Le désir, que nous portons tous dans le cœur, est que la prochaine fête de Noël nous offre, au milieu de l’activité frénétique de notre époque, une joie sereine et profonde pour nous faire toucher du doigt la volonté de notre Dieu et de nous donner un courage nouveau.

Pour mieux comprendre la signification du Noël du Seigneur je voudrais évoquer brièvement l’origine historique de cette solennité. En effet, l’année liturgique de l’Église ne s’est pas développé au commencement en partant de la naissance du Christ, mais de la foi en sa résurrection.

C’est pourquoi la fête la plus ancienne de la chrétienté n’est pas Noël, mais Pâques; la résurrection du Christ fonde la foi chrétienne, elle est à la base de l’annonce de l’Évangile et elle fait naître l’Église. Être chrétiens signifie donc vivre de manière pascale, en se laissant prendre dans la dynamique qui voit le jour avec le baptême et qui conduit à mourir au péché pour vivre avec Dieu (cf. Rm 6, 4).

Le premier à affirmer avec clarté que Jésus naquit le 25 décembre a été Hippolyte de Rome, dans son commentaire au Livre du prophète Daniel, écrit vers l’an 204. Certains exégètes remarquent ensuite que, ce jour-là, était célébrée la fête de la Consécration du Temple de Jérusalem, instituée par Judas Maccabée en 164 avant Jésus Christ.

La coïncidence de dates signifierait alors qu’avec Jésus, apparu comme lumière de Dieu dans la nuit, se réalise véritablement la consécration du temple, l’Avènement de Dieu sur cette terre.

Dans la chrétienté, la fête de Noël a pris une forme définitive au IVe siècle, lorsqu’elle prit la place de la fête romaine du « Sol invictus », le soleil invincible; ainsi fut mis en évidence que la naissance du Christ est la victoire de la vraie lumière sur les ténèbres du mal et du péché.

Toutefois, l’atmosphère spirituelle particulière et intense qui entoure Noël s’est développée au Moyen-Age, grâce à saint François d’Assise, qui était profondément amoureux de l’homme Jésus, du Dieu-avec-nous.

Son premier biographe, Thomas de Celano, dans la Vita seconda raconte que saint François « plus que toutes les autres solennités, célébrait avec un ineffable soin le Noël de l’Enfant Jésus, et il appelait fête d’entre les fêtes le jour où Dieu, s’étant fait petit enfant, avait pris la tétée à un sein humain » (Sources franciscaines, n. 199, p. 492).

C’est à cette dévotion particulière au mystère de l’Incarnation que doit son origine la fameuse célébration de Noël à Greccio. Elle fut probablement inspirée à saint François par son pèlerinage en Terre Sainte et par la crèche de Sainte-Marie-Majeure à Rome.

Ce qui animait le Poverello d’Assise était le désir de faire l’expérience, de manière concrète, vivante et actuelle, de l’humble grandeur de l’événement de la naissance de l’Enfant Jésus et d’en communiquer la joie à tous.

Dans la première biographie, Thomas de Celano parle de la nuit de la crèche de Greccio de manière vivante et touchante, en offrant une contribution décisive à la diffusion de la plus belle tradition de Noël, celle de la crèche.

La nuit de Greccio, en effet, a redonné à la chrétienté l’intensité et la beauté de la fête de Noël, et a éduqué le Peuple de Dieu à en saisir le message le plus authentique, la chaleur particulière, et à aimer et adorer l’humanité du Christ. Cette approche particulière de Noël a offert à la foi chrétienne une nouvelle dimension.

La Pâque avait concentré l’attention sur la puissance de Dieu qui vainc la mort, inaugure la vie nouvelle et enseigne à espérer dans le monde qui viendra. Avec saint François et sa crèche étaient mis en évidence l’amour désarmé de Dieu, son humilité et sa bonté qui, dans l’Incarnation du Verbe, se manifeste aux hommes pour enseigner une nouvelle manière de vivre et d’aimer.

Thomas de Celano raconte que, en cette nuit de Noël, la grâce d’une vision merveilleuse fut accordée à François. Il vit couché immobile dans la mangeoire un petit enfant, qui fut réveillé du sommeil précisément par la proximité de François.

Et il ajoute: « Cette vision n’était pas discordante des faits car, par l’œuvre de sa grâce qui agissait au moyen de son saint serviteur François, l’Enfant Jésus fut ressuscité dans le cœur de beaucoup de personnes qui l’avaient oublié, et il fut profondément imprimé dans leur mémoire pleine d’amour » (Vita prima, op. cit., n. 86, p. 307).

Cette évocation décrit avec beaucoup de précision ce que la foi vivante et l’amour de François pour l’humanité du Christ ont transmis à la fête chrétienne de Noël: la découverte que Dieu se révèle sous la tendre apparence de l’Enfant Jésus.

Grâce à saint François, le peuple chrétien a pu percevoir qu’à Noël, Dieu est vraiment devenu l’« Emmanuel », le Dieu-avec-nous, dont ne nous sépare aucune barrière et aucune distance. Dans cet Enfant, Dieu est devenu si proche que nous pouvons le tutoyer et entretenir avec lui une relation confidentielle de profonde affection, de la même façon que nous le faisons avec un nouveau-né.

En effet, dans cet Enfant se manifeste Dieu-Amour: Dieu vient sans armes, sans la force, parce qu’il n’entend pas conquérir, pour ainsi dire, de l’extérieur, mais il entend plutôt être librement accueilli par l’homme; Dieu se fait Enfant sans défense pour vaincre l’orgueil, la violence, la soif de possession de l’homme.

En Jésus, Dieu a assumé cette condition pauvre et désarmante pour nous vaincre par l’amour et nous conduire à notre véritable identité.

Nous ne devons pas oublier que le titre le plus grand de Jésus Christ est précisément celui de « Fils », Fils de Dieu; la dignité divine est indiquée par un terme, qui prolonge la référence à l’humble condition de la mangeoire de Bethléem, bien que correspondant de manière unique à sa divinité, qui est la divinité du « Fils ».

En outre, sa condition d’Enfant nous indique comment nous pouvons rencontrer Dieu et jouir de sa présence. C’est à la lumière de Noël que nous pouvons comprendre les paroles de Jésus: « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3).

Celui qui n’a pas compris le mystère de Noël, n’a pas compris l’élément décisif de l’existence chrétienne. Celui qui n’a pas accueilli Jésus avec le cœur d’un enfant, ne peut pas entrer dans le royaume des cieux: tel est ce que François a voulu rappeler à la chrétienté de son époque et de tous les temps, jusqu’à aujourd’hui.

Nous prions le Père pour qu’il accorde à notre cœur cette simplicité qui reconnaît le Seigneur dans l’Enfant, précisément comme le fit François à Greccio.

Il pourrait alors aussi nous arriver ce que Thomas de Celano — se référant à l’expérience des pasteurs dans la Nuit Sainte (cf. Lc 2, 20) — raconte à propos de ceux qui furent présents à l’événement de Greccio: « Chacun s’en retourna chez lui empli d’une joie ineffable » (Vita prima, op. cit., n. 86, p. 479).

Tel est le vœu que j’adresse avec affection à vous tous, à vos familles et à ceux qui vous sont chers.

* * *

Prions Dieu pour qu’il mette en nos cœurs la simplicité qui nous fera reconnaître le Seigneur dans l’Enfant de la crèche. A tous, je souhaite de belles et saintes fêtes de Noël.

BENOÎT XVI – AUDIENCE GÉNÉRALE – mercredi 23 décembre 2009

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