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Prière à Marie donnée à Sainte Gertrude

Prière à Marie donnée à Sainte Gertrude par Jésus

Sainte Gertrude d'Helfa - Héraut de l'amour divin
Sainte Gertrude d’Helfa qui a composé « Le Héraut de l’amour divin »

Je te salue, Marie, reine de clémence, olivier de miséricorde, par qui nous est venu le remède de vie, Reine de clémence, Vierge mère d’un fils qui est Dieu, c’est par toi que nous est venu Celui qui est la lumière éternelle, le rejeton odorant d’Israël.

Donc, comme par ton fils tu es devenue la vraie mère de tous dont lui-même ton fils unique n’a pas dédaigné de devenir le frère: ainsi maintenant, pour l’amour de Lui, reçois-moi, toute indigne, en tes soins maternels : viens en aide à ma foi, garde-la, instruis-la, et devient maintenant la marraine de mon renouvellement et de ma foi, afin qu’à jamais tu sois ma mère, unique et cordialement chère, prenant miséricordieusement soin de moi en cette vie, et me recevant à l’heure de ma mort dans tes bras alors pleinement maternels. Amen. (Exercices spirituels I)

Ici prie la Vierge Mère, afin qu’elle-même daigne prier pour toi :

Ô lis éclatant de blancheur, après Dieu ma plus grande espérance, à très douce Marie! dis pour moi de bonnes paroles devant ton bien-aimé fils, parle pour moi avec efficacité. Traite ma cause avec fidélité. Obtiens-moi miséricordieusement ce que je désire, parce qu’en toi j ‘ai confiance, toi après Jésus-Christ, mon unique espérance.

Pour moi montre-toi bonne mère; fais que le Seigneur me reçoive au cloître de l’amour, et à l’école du Saint-Esprit, parce que tu peux, mieux que tous les autres, obtenir cela de ton Fils bien-aimé. Ô mère fidèle, veille aux intérêts de ta fille, afin que je devienne un fruit de l’amour toujours vivant, que je grandisse en sainteté, et que je persévère arrosée de la grâce d’en haut. (exercices spirituels II)

*

De BENOÎT XVI sur Sainte Gertrude

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi
6 octobre 2010

Chers frères et sœurs,

Sainte Gertrude la Grande, dont je voudrais vous parler aujourd’hui, nous conduit cette semaine aussi au monastère de Helfta, où sont nés certains des chefs-d’œuvre de la littérature religieuse féminine latino-allemande.

C’est à ce monde qu’appartient Gertrude, l’une des plus célèbres mystiques, seule femme en Allemagne à recevoir l’épithète de «Grande», en raison de sa stature culturelle et évangélique: à travers sa vie et sa pensée, elle a influencé de manière singulière la spiritualité chrétienne.

C’est une femme exceptionnelle, dotée de talents naturels particuliers et d’extraordinaires dons de grâce, d’une profonde humilité et d’un zèle ardent pour le salut du prochain, d’une intime communion avec Dieu dans la contemplation et de disponibilité à venir au secours des plus démunis.

A Helfta, elle se mesure, pour ainsi dire, systématiquement à sa maîtresse Mathilde de Hackeborn ; elle noue des relations avec Mathilde de Magdebourg, une autre mystique médiévale; elle grandit en recevant les soins maternels, doux et exigeants, de l’abbesse Gertrude.

De ces trois consœurs, elle puise des trésors d’expérience et de sagesse; elle les élabore dans sa propre synthèse, en parcourant son itinéraire religieux avec une confiance sans limite dans le Seigneur. Elle exprime la richesse de la spiritualité non seulement de son monde monastique, mais aussi et surtout biblique, liturgique, patristique et bénédictin, avec un timbre tout à fait personnel et de façon très communicative.

Elle naît le 6 janvier 1256, en la fête de l’Épiphanie, mais l’on ne sait rien ni de ses parents, ni de son lieu de naissance. Gertrude écrit que le Seigneur lui-même lui révèle le sens de ce premier déracinement:

«Je l’ai choisie pour ma demeure parce que je vois avec délices que tout ce que les hommes aiment dans cette Élue est mon œuvre propre […] Aussi je l’ai exilée en quelque sorte loin de tous ses parents, afin que personne ne l’aimât à ce titre et que je fusse le seul motif de l’affection qu’on aurait pour elle» (Les Révélations, I, 16).

A l’âge de cinq ans, en 1261, elle entre au monastère, comme c’était souvent le cas à l’époque, pour la formation et l’étude. Elle y passe toute son existence, dont elle signale elle-même les étapes les plus significatives.

Dans ses mémoires, elle rappelle que le Seigneur l’a prévenue avec une patience compatissante et une infinie miséricorde, en oubliant les années de l’enfance, de l’adolescence et de la jeunesse, passées — écrit-elle — «dans un tel aveuglement, que si vous ne m’aviez donné une horreur naturelle du mal, un attrait pour le bien avec les sages conseils de mon entourage, il me semble que je serais tombée dans toutes les occasions de faute, sans remords de conscience, absolument comme si j’avais été une païenne […]. Cependant vous m’aviez choisie dès ma plus tendre enfance, afin de me faire grandir au milieu des vierges consacrées, dans le sanctuaire béni de la Religion» (ibid., II, 23 ).

Gertrude est une étudiante extraordinaire, elle apprend tout ce que l’on peut apprendre des sciences du Trivium et du Quadrivium, la formation de cette époque; elle est fascinée par le savoir et se donne tout entière à l’étude profane avec ardeur et ténacité, avec une réussite scolaire dépassant toutes les attentes.

Si nous ne savons rien de ses origines, elle nous dit beaucoup de ses passions de jeunesse: littérature, musique et chant, art de l’enluminure la ravissent; elle a un caractère fort, décidé, immédiat et impulsif; elle dit souvent être négligente; elle reconnaît ses défauts, elle en demande humblement pardon.

Elle demande avec humilité conseil et prière pour sa conversion. Certains traits et défauts de son tempérament l’accompagneront jusqu’à la fin, au point de surprendre certaines personnes s’étonnant que le Seigneur lui donne une telle préférence.

En tant qu’étudiante, elle se consacre ensuite entièrement à Dieu dans la vie monastique et pendant vingt ans, rien d’exceptionnel n’a lieu: l’étude et la prière constituent son activité principale. En raison de ses qualités, elle excelle parmi ses consœurs; elle fait preuve de ténacité pour consolider sa culture dans divers domaines.

Mais, au cours de l’Avent 1280, elle commence à ressentir un dégoût pour tout cela, en perçoit la vanité, et le 27 janvier 1281, quelques jours seulement avant la fête de la purification de la Vierge, vers l’heure des Complies, le soir, le Seigneur illumine ses denses ténèbres.

Avec délicatesse et douceur, il calme le trouble qui l’angoisse, trouble que Gertrude voit comme un don même de Dieu «pour renverser la tour de vaine gloire et de curiosité élevée par mon orgueil. Orgueil insensé car je ne méritais même pas de porter le nom et l’habit de la Religion. Toutefois c’était bien le chemin que vous choisissiez, ô mon Dieu, pour me révéler votre salut» (Ibid., II, 1, p. 87).

La vision d’un jeune homme la guide pour démêler le nœud d’épines qui opprimait son âme, en la prenant par la main. Dans cette main, Gertrude reconnaît «les joyaux précieux des plaies sacrées qui ont annulé tous les titres qui pouvaient nous être opposés» (ibid., II, 1, p. 89), et reconnaît Celui qui sur la Croix nous a sauvés par son sang, Jésus.

A partir de ce moment, sa vie de communion intime avec le Seigneur s’intensifie, en particulier au cours des temps liturgiques les plus significatifs — l’Avent et Noël, Carême et Pâques, la fête de la Vierge — même lorsque, malade, elle ne pouvait se rendre au chœur.

C’est le même humus liturgique que Mathilde, sa maîtresse, que Gertrude décrit toutefois à travers des images, des symboles et des termes plus simples et linéaires, plus réalistes, avec des références plus directes à la Bible, aux Pères, au monde bénédictin.

Sa biographe indique deux directions de ce que nous pourrions définir sa «conversion» particulière: dans les études, avec le passage radical des études humanistes profanes à celles théologiques, et dans l’observance monastique, avec le passage de la vie qu’elle qualifie de négligente à la vie de prière intense, mystique, avec une exceptionnelle ardeur missionnaire.

Le Seigneur, qui l’avait choisie dans le sein maternel et qui l’avait fait participer, dès son enfance, au banquet de la vie monastique, la ramène par sa grâce «des choses extérieures à la contemplation intérieure, des occupations terrestres au soin des choses célestes».

Gertrude comprend alors qu’elle était restée loin de Lui dans une région de dissemblance, comme elle dit avec saint Augustin; de s’être consacrée avec trop d’ardeur aux études libérales, à la sagesse humaine, en négligeant la science spirituelle, se privant du goût de la véritable sagesse; elle est conduite à présent à la montagne de la contemplation, où elle se dépouille du vieil homme pour se revêtir de l’homme nouveau.

«C’est ainsi que de grammairienne elle devint théologienne, relisant sans cesse les pages divines qu’elle pouvait se procurer, et remplissant son cœur des plus utiles et des plus douces sentences de la Sainte Écriture. Aussi avait-elle toujours à sa disposition la Parole de Dieu afin de satisfaire ceux qui venaient la consulter et de réfuter toute idée fausse par des témoignages de la Sainte Écriture employés si à propos, qu’on n’y trouvait rien à objecter» (ibid., I, 1, p. 25).

Gertrude transforme tout cela en apostolat: elle se consacre à écrire et à divulguer la vérité de la foi avec clarté et simplicité, grâce et persuasion, servant avec amour et fidélité l’Église, au point d’être utile et appréciée par les théologiens et les personnes pieuses. Il nous reste peu de son intense activité, notamment en raison des événements qui conduisirent à la destruction du monastère d’Helfta.

Outre Le Héraut de l’Amour Divin ou Les révélations, il nous reste les Exercices spirituels, un rare joyau de la littérature mystique spirituelle.

En ce qui concerne l’observance religieuse, notre sainte est «donc une très forte colonne de la Religion, un défenseur si zélé de la justice et de la vérité» (ibid., I, 1, ), dit sa biographe. A travers les mots et l’exemple, elle suscite chez les autres une grande ferveur.

Aux prières et à la pénitence de la règle monastique, elle en ajoute d’autres avec une telle dévotion et un tel abandon confiant en Dieu, qu’elle suscite chez ceux qui la rencontrent la conscience d’être en présence du Seigneur.

Et de fait, Dieu lui-même lui fait comprendre qu’il l’a appelée à être un instrument de sa grâce. Gertrude se sent indigne de cet immense trésor divin, elle confesse qu’elle ne l’a pas conservé et valorisé. Elle s’exclame:

«Je vous offre la douleur que j’éprouve […] de ne m’être pas servie avec soin et révérence des dons que j’avais reçus. Ne m’eussiez-vous donné, en souvenir de vous, à moi si indigne, qu’un léger fil de lin, j’aurais dû le recevoir avec un respect infini» (ibid., I, 5).

Mais, reconnaissant sa pauvreté et son indignité, elle adhère à la volonté de Dieu: «j’ai dû combattre mon goût personnel — affirme-t-elle —, et considérer qu’ayant si peu profité de vos grâces, elles ne pouvaient m’avoir été accordées pour moi seule, puisque votre sagesse éternelle ne se trompe en rien.

O Dispensateur de tous les biens, qui m’avez comblée gratuitement de tant de grâces, faites au moins qu’en lisant cet écrit, le cœur d’un de vos amis soit ému par votre condescendance, et vous remercie de ce que, pour l’amour des âmes, vous avez conservé si longtemps au milieu des souillures de mon cœur une pierre précieuse d’un tel prix» (ibid., II, 5).

En particulier, deux faveurs lui sont plus chères que toutes les autres, comme Gertrude l’écrit elle-même:

«La première est l’empreinte que vous avez formée sur mon cœur, par les splendides joyaux de vos plaies sacrées. La seconde est cette blessure d’amour si profonde et si efficace que, (dussé-je vivre mille ans dans le plus complet délaissement), je goûterais sans cesse un bonheur ineffable au souvenir de ces deux bienfaits. Ils me seraient à chaque heure une source suffisante de consolation, de lumière et de gratitude.

Pour ajouter à ces faveurs, vous m’avez encore admise à l’incomparable familiarité de votre tendresse, en m’offrant l’arche très noble de votre divinité, c’est-à-dire votre Cœur sacré, pour que j’y trouve mes délices […]. Enfin vous m’avez donné pour avocate votre très douce Mère la bienheureuse Vierge Marie, me recommandant plusieurs fois à elle avec autant de tendresse qu’en mettrait un époux à confier à sa propre mère l’épouse qu’il s’est choisie» (ibid., II, 23).

Tendue vers la communion sans fin, elle conclut sa vie terrestre le 17 novembre 1301 ou 1302 à l’âge d’environ 46 ans. Dans le septième Exercice, celui de la préparation à la mort, sainte Gertrude écrit:

«O Jésus, toi qui m’es immensément cher, sois toujours avec moi, pour que mon cœur demeure avec toi et que ton amour persévère avec moi sans possibilité de division et que mon trépas soit béni par toi, afin que mon esprit, libéré des liens de la chair, puisse immédiatement trouver le repos en toi. Amen» (Exercices, Milan 2006, p. 148).

Il me semble évident que ces choses ne sont pas seulement des choses du passé, historiques, mais l’existence de sainte Gertrude reste une école de vie chrétienne, de voie droite, et nous montre que le cœur d’une vie heureuse, d’une vie véritable, est l’amitié avec Jésus, le Seigneur.

Et cette amitié s’apprend dans l’amour pour Les Écritures Saintes, dans l’amour pour la liturgie, dans la foi profonde, dans l’amour pour Marie, de manière à connaître toujours plus réellement Dieu lui-même et le bonheur véritable, but de notre vie. Merci.

N’ayez pas peur de vous laisser guider par l’exemple de sainte Gertrude! Fructueux pèlerinage à tous!

© Copyright 2010 – Libreria Editrice Vaticana

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D’après « Le Cœur de Sainte Gertrude ou un Cœur selon le Cœur de Dieu » par le Père L.-M. CROS s.j.  – 1884

Aucun saint n’a, peut être, mieux compris que Gertrude la nécessité et la puissance de l’intercession de Marie dans l’œuvre de la sanctification des âmes. Notre-Seigneur se plut, en effet, à lui manifester la dignité incomparable à laquelle la Trinité sainte a exalté Notre-Dame, le concours essentiel et décisif qu’elle prête à l’exécution de tous les plans divins.

I

Un jour, comme on chantait, à matines, Ave Maria, Gertrude vit jaillir du Cœur du Père, du Fils et du Saint Esprit, trois jets qui pénétrèrent au Cœur de la Bienheureuse Vierge, pour de là remonter à leur source, et il fut dit à la Sainte : « Après la puissance du Père, la sagesse du Fils, la tendresse miséricordieuse du Saint Esprit, rien n’approche de la puissance, de la sagesse, de la tendresse miséricordieuse de Marie. »

Gertrude apprit, dans la même occasion, que cet épanchement du Cœur de la Trinité sainte au Cœur de Notre Dame se reproduit, chaque fois qu’une âme, sur la terre, récite dévotement l’Ave Maria, et qu’il se répand alors, par le ministère de la très sainte Vierge, comme une rosée de joie nouvelle sur les anges et les saints.

En même temps, dans chacune des âmes qui disent la Salutation angélique, s’accroissent, dans une grande mesure, les trésors spirituels dont l’Incarnation du Fils de Dieu les avait déjà enrichies.

C’est, en effet, pour l’amour de Marie, que Dieu a eu pitié de l’humanité et lui a communiqué ses richesses divines. Pour avoir part à ces trésors, l’homme doit d’abord saluer Marie. Gertrude entendait Jésus dire, un jour, à sa divine Mère : « Souvenez vous, ô Reine, ma Mère très aimante, que si j’ai eu pitié des pécheurs, c’est à cause de vous… »

Et Marie disait à Gertrude : « En faveur de ceux qui me rappelleront la joie de mon âme, au jour de l’Incarnation, je réaliserai ce que me demande l’Église, quand elle chante : Monstra te esse matrem : Je me montrerai pour eux Mère du Roi de gloire et Mère de l’homme suppliant : Mère du premier, en déployant la puissance que j’ai de secourir les hommes ; Mère du second, en dilatant pour lui les entrailles de ma miséricorde. »

Gertrude n’avait pas toujours compris cette double maternité de Notre Dame – Comme on chantait, le jour de Noël, ces mots : Primo-genitus Mariæ Virginis, le premier né de la Vierge Marie, Gertrude se disait à elle même : « Le titre de Fils unique semblerait mieux convenir à Jésus, que le titre de premier né. »

Or, en ce moment, Notre Dame lui apparut : « Non, dit elle à Gertrude, ce n’est point Fils Unique, c’est Fils premier né qui convient mieux, car après Jésus, mon très doux fils, ou plus véritablement en Lui et par Lui, je vous ai tous engendrés dans les entrailles de ma charité, et vous êtes devenus mes fils, les frères de Jésus. »

II

Marie daigna encore faire entendre à Gertrude quel souverain empire elle exerce sur le Cœur de Jésus, en vertu de sa maternité divine, et comment sa tendresse maternelle sait reconnaître des frères de Jésus, ses fils, chez ceux même que le péché a le plus défigurés : Elle voyait, un jour, des légions innombrables d’anges entourer de leur protection invincible des âmes qu’ils groupèrent autour de Marie : c’étaient les dévots serviteurs de la Mère de Dieu.

Puis, sous son vaste manteau royal, dont Marie épandait les bords, couraient se réfugier des multitudes d’animaux de toute espèce, et quand ils y furent réunis, la glorieuse Reine du ciel les caressait de la main, l’un après l’autre : c’étaient les pécheurs, encore déshonorés par leurs péchés ; et la très sainte Vierge voulait montrer à Gertrude comment elle les accueille et les protège, quand ils ont recours à sa miséricorde, en attendant qu’elle les ait amenés au repentir et réconciliés avec Dieu.

Cette divine Mère manifesta à Gertrude son autorité sur le Cœur de Jésus, le jour de sa glorieuse Nativité. Gertrude adressait à Marie une prière de l’Église, le Salve Regina. Quand elle arriva à ces mots : – Tournez vers nous vos yeux miséricordieux, elle vit la Bienheureuse Vierge tenant dans ses bras le divin Enfant.

Marie toucha délicatement le menton de son Fils, et dirigeant vers Gertrude et ses compagnes le visage et les yeux de Jésus : « Les voici, disait-Elle, mes yeux très miséricordieux ; ce sont les yeux de mon fils, et je puis en diriger les regards vers tous ceux qui m’invoquent, pour le salut éternel et la sanctification de leurs âmes. »

Jésus, de son côté, révélait de mille manières à Gertrude, la loi qu’il s’est imposée lui-même, de ne communiquer ses richesses à l’homme que par les mains et le Cœur de Marie. Dès les premiers jours d’une conversion, que la Purification de Notre Dame et son Annonciation virent naître et s’affermir, Jésus dit à Gertrude : « Je te donne ma très douce Mère comme Protectrice ; je te confie à sa providence. »

Lorsque l’heure des épreuves arriva, Gertrude troublée, effrayée, appela Jésus à son aide. Notre-Seigneur lui répondit : « Je te donne pour Mère ma très miséricordieuse Mère : par Elle, je te dispenserai mes grâces, et quel que puisse être l’excès de tes peines, aie recours à Elle quand tu sentiras défaillir tes forces : tu seras toujours relevée et consolée. »

– « Que de fois, s’écrie sainte Gertrude, ne vous ai-je pas vu, ô Jésus, me recommandant affectueusement aux tendres soins de votre Mère, ainsi, et mieux encore qu’un époux recommande à sa propre Mère une épouse bien-aimée ! »

III

Malgré ces leçons réitérées de Notre-Dame et de Jésus-Christ, Gertrude ne put d’abord se défendre pleinement d’une appréhension, hélas ! trop commune : elle craignait que les témoignages de respect, de confiance et d’amour qu’elle donnait à la très sainte Vierge ne préjudiciassent aux droits de Jésus-Christ. Mais une leçon nouvelle de Notre-Seigneur dissipa pour toujours ce scrupule.

Un jour (c’était la fête de l’Annonciation), un prêtre, adressant une instruction à la communauté, insistait sur les grandeurs et les vertus de la très sainte Vierge, sans mentionner l’amour immense du Fils de Dieu dans l’Incarnation. Gertrude en fut contrariée, contristée.

Retournant du sermon, et passant devant un autel de Notre Dame, elle s’inclina sans doute, mais son cœur ne se portait point vers Elle avec une affection aussi vive : elle dirigeait plutôt et la salutation et ses meilleurs sentiments vers Jésus, le fruit béni de ses entrailles, et se proposait d’avoir cette même intention, chaque fois qu’elle saluerait une image de Notre Dame.

Peu à peu, cependant, Gertrude troublée se demanda si elle n’aurait pas indisposé contre elle, par de tels sentiments, la toute puissante Reine du ciel. Or, Jésus daigna venir l’instruire, et lui dit avec une bonté pleine de grâce : « Ne crains pas, ma fille très chère, d’avoir offensé ma douce Mère, en dirigeant vers moi tous les mouvements de ton cœur : Elle en est, au contraire, très satisfaite.

Mais, pour écarter tout scrupule, dorénavant, quand tu passeras devant l’autel de ma très pure Mère, salue dévotement son image et néglige la mienne. – Oh ! reprit Gertrude, à Dieu ne plaise que j’agisse ainsi ; non, Seigneur, mon cœur n’y consentira jamais : n’êtes vous pas mon unique bien, mon salut, la vie de mon âme ; et je vous négligerais, pour adresser à d’autres mes salutations et mon amour !…

– Ma chère fille, répondit doucement Jésus, obéis moi ; et chaque fois que, me négligeant ainsi, tu salueras ma Mère, j’éprouverai la même joie et tu mériteras la même récompense que si, de grand cœur, tu méprisais mille et mille biens pour accroître et centupler ma gloire. »

Dès lors, Gertrude pénétra mieux les mystères de la miséricorde divine, qui abandonne le salut du monde et la sanctification des âmes, les biens de Dieu, Dieu lui-même, aux mains d’une femme, notre sœur et notre mère, et elle sollicita l’intervention de Marie avec une dévotion plus fidèle et plus ardente.

Afin d’être assurée de plaire à Jésus, dans ses communions, elle conjurait Notre-Dame de la préparer à recevoir l’Eucharistie. Marie ornait sa fille de la parure de ses propres vertus, et Jésus témoignait à Gertrude combien son Cœur était ravi de retrouver en elle quelques rayons d’une beauté qui seule, comme chante l’Église, a pu charmer ses regards.

Si le cœur de Gertrude devint un séjour préféré de Jésus, c’est que Marie, exauçant les prières de Gertrude, prépara son cœur à Jésus. Un jour, à l’heure de l’oraison, la Sainte demanda à Jésus : « Que ferai-je pour vous plaire davantage ? – Voici ma Mère, répondit Notre-Seigneur, efforce toi de la louer dignement. »

Alors Gertrude adressa à Marie cette louange : « O paradis de délices ! » Et elle la félicitait d’avoir été choisie pour servir de demeure à son Dieu. Puis, elle disait à Notre-Dame : « Obtenez-moi, je vous prie, que mon cœur soit, aux yeux de Dieu, paré d’assez de vertu pour qu’il daigne y établir sa demeure. »

Marie montra que cette prière lui était agréable, et il sembla à Gertrude que la Bienheureuse Vierge plantait, à l’heure même, dans son cœur, des roses de charité, des violettes d’humilité, en un mot, les fleurs variées de toutes les vertus.

IV

Bientôt, Gertrude appréhenda, non plus de trop faire pour honorer Notre Dame, mais d’être injuste envers cette auguste Souveraine, cette Bienfaitrice universelle. Elle se trouva impuissante à payer ses dettes de respect et de reconnaissance.

Le Cœur de Jésus lui parut seul capable de suppléer à l’insuffisance du cœur des hommes, pour honorer et aimer Notre Dame comme Elle doit être aimée et honorée. On trouve souvent, dans les écrits de Gertrude, l’expression vive de ce sentiment.

La veille de l’Assomption, Gertrude conjurait, du fond du cœur, Jésus Christ de lui rendre favorable sa très douce Mère : il lui semblait, en effet, n’avoir jamais bien rempli ses devoirs envers cette auguste Reine.

– Alors Jésus embrassa tendrement sa Mère, lui témoigna de diverses manières l’amour filial qu’il eut toujours pour Elle et lui dit : « Veuillez, ô ma Mère très aimante, regarder cette âme que j’ai choisie, et n’ayez pas moins d’amour pour elle, que, si elle vous eût toujours servie avec la dévotion la plus ardente. »

Le jour de la Nativité de Marie, Gertrude s’accusait, en gémissant, de n’avoir jamais dignement honoré Notre Dame. Elle désirait donc vivement que Jésus réparât sa négligence. A cette fin, elle adressait à la très sainte Vierge, mais par le Cœur de Jésus, l’antienne Salve Regina.

Or, elle entendit, au même instant, une harmonie délicieuse qui montait du Cœur de Jésus au Cœur de la Vierge sa Mère : c’était le cantique de l’amour filial de Jésus, et il payait les dettes de Gertrude.

Un autre jour, comme elle priait Jésus de présenter, en son nom, à sa divine Mère quelques bonnes œuvres, afin de réparer le peu de zèle qu’elle avait eu pour la gloire de la Bienheureuse Vierge, Jésus, le Roi de gloire, se leva, et offrant à Marie son Cœur divin, il lui disait : « Ma Mère très aimante, voici mon Cœur ; je vous l’offre, et en lui cet amour divin et éternel qui m’a porté à vous prédestiner, à vous créer, à vous sanctifier, à vous choisir pour être ma Mère.

Je vous offre, dans ce Cœur, toute la tendresse filiale dont je vous donnai tant de gages sur la terre, alors que, petit enfant, vous me nourrissiez et me portiez dans vos bras. Je vous offre, dans mon Cœur, l’amour fidèle qui m’a porté à demeurer, toute ma vie, près de vous, et à vous obéir, moi le Roi du ciel, comme un fils à sa mère.

Je vous offre, en particulier, l’amour qui, sur la Croix, me fit, en quelque sorte, oublier mes tourments, pour compatir intimement à votre désolation amère, et vous laisser, à ma place, un gardien et un fils.

Enfin, voyez dans mon Cœur l’amour qui m’a pressé de vous exalter, dans votre bienheureuse Assomption, par-dessus les Saints et les Anges, et de vous constituer la Souveraine, la Reine de la terre et du ciel. Tout cela, ô ma douce Mère, je vous l’offre pour suppléer aux négligences de ma bien-aimée dans votre service, et je vous demande qu’à l’heure de sa mort, vous veniez au devant d’elle et l’accueilliez avec une bonté de mère. »

 » O mon Frère, disait, une fois encore, notre Sainte à Jésus Christ, ô mon Frère, puisque vous vous êtes fait homme pour payer les dettes des hommes, daignez maintenant, je vous en prie, suppléer à mon indigence et réparer mes torts envers votre Bienheureuse Mère. »

Or, Jésus se leva aussitôt, il s’avança très respectueusement vers sa Mère, se mit à deux genoux devant elle, et la salua, en inclinant la tête avec une dignité et une amabilité ravissantes.

V

En exauçant ainsi les prières de Gertrude, Notre Seigneur lui donnait, on le voit, des leçons toujours plus pénétrantes de respect et d’affection envers Notre Dame, et la Sainte n’en comprenait que mieux l’impuissance de l’homme à honorer dignement Marie, si le Cœur de Jésus n’acquitte lui même ses dettes.

Comment, en effet, l’homme pourrait il assez révérer Celle que le Fils de Dieu daigne révérer jusqu’à fléchir les genoux devant Elle ? Gertrude comprenait enfin la profondeur insondable de la parole évangélique, qui déclare Jésus le subordonné de Marie, et institue dès lors Marie la Souveraine, la dame du Cœur de Jésus.

Un dernier récit de la vie de sainte Gertrude résumera tous les enseignements de ce chapitre, et révélera au lecteur un moyen facile de s’attirer les bénédictions abondantes de Notre-Dame. – « Gertrude priait, quand Marie lui fut montrée, en présence de la Trinité sainte, sous l’image d’un lis éclatant de blancheur.

Ce lis avait trois feuilles : l’une représentait la puissance du Père, l’autre, la sagesse du Fils, la troisième, la bénignité du Saint-Esprit, qui se communiquent pleinement à la Vierge très pure, au point de reproduire en Elle leur vive ressemblance. »

« Alors, la très sainte Vierge dit à Gertrude : Si quelqu’un me salue avec dévotion et m’appelle blanc lis de la Trinité, Rose éclatante du Paradis, je ferai voir, en lui, ce que je puis par la toute puissance du Père ; quelles industries me fournit, pour le salut des hommes, la sagesse du Fils, et de quelle miséricorde débordante la bénignité du Saint Esprit remplit mon Cœur. »

Notre Dame ajouta : « A l’heure où l’âme qui m’aura ainsi saluée quittera son corps, je lui apparaîtrai dans la splendeur d’une telle beauté, qu’elle goûtera, à sa grande consolation, quelque chose des joies du Paradis. »

En ce jour, sainte Gertrude prit la résolution d’adresser à Notre-Dame, ou de réciter devant son image, la salutation suivante : « Je vous salue, blanc lis de la glorieuse et toujours paisible Trinité ; je vous salue, Rose éclatante du Paradis : ô vous, de qui a voulu naître et du lait de laquelle a voulu se nourrir le Roi des cieux, abreuvez nos âmes des effusions de la divine grâce ! »

Neuvaine de la Présentation de Marie – Jour 5

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen.

Présentation de Marie - église Saint-Pierre-Saint-Paul - Baguer-Morvan - 35
Présentation de Marie – église Saint-Pierre-Saint-Paul – Baguer-Morvan – 35

Marie, vous étiez très familière avec la Parole de Dieu. En tant que consacrée au Temple, vous avez passé beaucoup de temps à l’étudier. Vous auriez compris l’Ancien Testament. Vous connaîtriez les prophéties pour le Messie par cœur.

C’est pourquoi, lorsque l’ange Gabriel vous est apparu, vous saviez exactement ce qui se passait. Parfois, la Bible peut sembler inaccessible. Je ne comprends pas une partie du sens. Je ne lui accorde donc pas autant d’attention que je le devrais. Mais la parole de Dieu est la parole de votre Fils. C’est la révélation de Dieu pour nous afin que nous puissions mieux Le connaître.

Veuillez éclairer mon esprit pour comprendre la Bible. Entraînez-moi pour que je puisse mieux connaître notre Seigneur. Priez pour que je sois plus dévoué à passer du temps à lire la Parole de Dieu et à lui permettre de changer mon cœur et mon esprit.

Veuillez également présenter mes intentions à Dieu : (énoncez vos intentions ici).  Seigneur, je sais que la plénitude de la Révélation est contenue dans les Écritures. Aide-moi à mieux te comprendre à travers cela !

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

***

Marie, préparée dans le Temple

Hébreux 9, 6-8 : « Les choses étant ainsi disposées, les prêtres entrent continuellement dans la première tente quand ils célèbrent le culte. Mais dans la deuxième tente, une fois par an, le grand prêtre entre seul, et il ne le fait pas sans offrir du sang pour lui-même et pour les fautes que le peuple a commises par ignorance. L’Esprit Saint montre ainsi que le chemin du sanctuaire n’a pas encore été manifesté tant que la première tente reste debout. »

Douze années de recueillement, de prière, de contemplation, telle fut la préparation de l’Élue de Dieu. La piété populaire et la spiritualité mariale furent marquées par le récit du Protévangile de Jacques, car ce récit soulignait bien la disponibilité de la Vierge Marie, à l’égard de la volonté divine.

Voici, d’après saint Jérôme, comment se divisait la journée de Marie au Temple. Depuis l’aurore jusqu’à 9 heures du matin, Marie priait. De 9 heures à 3 heures, elle s’appliquait au travail des mains. Ensuite, Marie se remettait à la prière, jusqu’au moment où arrivait sa nourriture.

« Ouvrez-vous, sanctuaire, portes éternelles ! Voici le temple qu’on présente au temple, le sanctuaire au sanctuaire, l’arche véritable où repose le Seigneur effectivement à l’arche figurative où il ne repose qu’en image. »

Bossuet

Notre Père, 10 Je vous salue Marie, Gloire au Père

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 16 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 16 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. –  L. Grandmont Liège 1841

Défauts qui rendent infructueuse notre piété envers les morts.

Notre charité doit être sans doute maintenant instruite et éclairée par les méditations faites jusqu’à ce jour, sur la nécessité de soulager les membres de l’église souffrante, et nous sommes déterminés à remplir ce devoir que nous n’avons peut-être que trop négligé : occupons-nous donc aujourd’hui des moyens convenables et efficaces de le remplir.

Car l’on peut avancer avec un grand évêque, qui fut autrefois une des lumières de l’Église de France, saint Sidoine Apollinaire, que dans le monde même chrétien, il y a peu de personnes qui, selon les principes et les règles de la religion, aient pour les morts une solide et vraie charité.

Et, en effet, on en voit peu qui contribuent réellement à soulager leurs peines, peu qui se servant des moyens que nous fournit le christianisme, leur procurent les secours dont ils ont besoin et dont ils
pourraient profiter.

On ne laisse pas cependant, à en juger par les apparences d’avoir pour les morts de la piété; mais il arrive que cette piété est stérile et infructueuse ; ou toute d’ostentation; ou mondaine et païenne, qui n’agit point par les vues de la foi ; ou, enfin, une piété qui, toute chrétienne qu’elle est, ne produit que des œuvres mortes, c’est- à-dire des œuvres sans mérite, parce qu’elles ne sont pas faites en état de grâce.

On peut appeler piété stérile et infructueuse pour les morts, celle qui ne consiste qu’en de vains regrets, qu’en d’inutiles lamentations, qu’en des cris lugubres. « Nous voyons, dit saint Bernard, des morts pleurer d’autres morts; nous voyons des hommes vivants, mais tout mondains et par là morts devant Dieu, pleurer sincèrement et amèrement la mort de ceux qui leur ont été chers pendant la vie, mais que nous paraît-il de tout cela?

Beaucoup de pleurs et peu de prières, peu de charité, peu de bonnes œuvres ; des gémissements, mais de nul effet ; des excès de désolation sans aucun fruit. Ceux qui pleurent de la sorte, méritent bien eux-mêmes d’être pleurés.

Et, en effet, de quel secours peut être à une âme l’excès de votre douleur? Tous ces  témoignages d’une affection outrée et sans mesure seront-ils capables d’adoucir sa peine? et pensez-vous que ce feu purifiant, dont elle ressent les vives atteintes, puisse s’éteindre par les larmes qui coulent de vos yeux?

« Ah ! mon frère, écrivait saint Ambroise à un seigneur distingué, pour le consoler sur la perte qu’il avait faite d’une sœur qu’il aimait uniquement, réglez-vous jusque dans votre douleur. Toute violente qu’elle est, soyez équitable et chrétien. Dieu vous a ôté une sœur, qui vous était plus chère que vous-même, priez pour elle et pleurez sur vous. Pleurez sur vous, parce que vous êtes un pécheur encore exposé aux tentations et aux dangers de cette vie; et priez pour elle afin de la délivrer des souffrances de l’autre. Voilà le zèle que vous devez avoir : car voilà ce qui peut lui servir, et de quoi elle vous sera éternellement redevable. »

Appliquons- nous à nous-mêmes ces paroles de saint Ambroise : nous éviterons par là le danger de n’avoir pour les morts qu’une piété stérile et infructueuse.

Rien de plus commun aussi qu’une piété d’ostentation pour les morts, c’est-à-dire une piété qui se borne à l’extérieur des devoirs : funèbres, aux cérémonies d’un deuil, à l’appareil d’un convoi, à tout ce qui peut briller aux yeux des hommes; aimant ce faux éclat jusque dans les choses les plus saintes, tels que sont les services de l’Église, où souvent il y a plus de pompe que de religion.

Non pas toutefois qu’on veuille condamner ce qui se pratique extérieurement dans les funérailles, car l’abus qu’on en fait n’empêche pas que ce ne soient de saints devoirs dans leur origine et dans l’intention de l’Église, qui les a institués ; mais l’on veut seulement dire que ce n’est pas à cela que doit se borner notre piété envers les morts ;

que, si nous en demeurons là, nous ne faisons rien pour eux ; que, comme l’a très-bien remarqué saint Augustin, tout ce soin d’une honorable sépulture est plutôt une consolation pour les vivants qu’un soulagement pour les morts ; qu’une âme dans le purgatoire nous est incomparablement plus obligée des bonnes œuvres et des aumônes, dont nous lui appliquons le fruit, que de toute la dépense et de toute la magnificence de ses obsèques ;

qu’une communion faite pour elle lui marque bien mieux notre reconnaissance, que les plus riches et les plus superbes monuments, et qu’il y a, au reste, une espèce d’iniquité, ou même d’infidélité, à n’épargner rien quand il s’agit de l’inhumation d’un corps, tandis qu’on néglige de secourir une âme qui est l’épouse de Jésus-Christ et l’héritière du ciel.

Parlerons-nous encore d’une autre espèce de piété pour les morts, de cette piété toute mondaine et toute païenne, qui, n’ayant pour objet que la chair et le sang, n’agit pas dans les vues de la foi ? Elle n’inspire pour les morts que des sentiments naturels, que des sentiments peu soumis à Dieu, que des sentiments qui montrent bien qu’au lieu d’aimer la créature pour Dieu, l’on n’aime Dieu, ou plutôt l’on n’a recours à Dieu que pour la créature.

Ah ! mes frères, disait saint Paul aux Thessaloniciens, à Dieu ne plaise que je vous laisse ignorer ce qui concerne les morts, et la conduite que vous devez tenir à leur égard. Je veux que vous sachiez, afin que vous ne vous attristiez pas, comme les nations infidèles, qui n’ont nulle espérance dans l’avenir.

Prenez garde, dit saint Jean-Chrysostome en expliquant ce passage : il ne leur défendait pas de pleurer la mort de ceux qu’ils avaient aimés et dû aimer pendant la vie ; mais il leur défendait de pleurer comme les païens qui, n’étant pas éclairés des lumières de la vraie religion, confondaient la piété avec la sensibilité, le devoir avec la tendresse, ce qui doit être de Dieu avec ce qui est purement de l’homme.

La foi seule nous apprend à en faire le discernement ; et, réglant en nous l’un par l’autre, elle nous fait concevoir pour les morts des sentiments chrétiens et raisonnables.

Ce sera aussi la foi qui, les jours suivants, nous apprendra quels sont les seuls moyens convenables et efficaces, propres à apporter du soulagement aux âmes du purgatoire; la prière, le saint sacrifice, les bonnes œuvres : en un mot, tout ce que la vraie piété pratique pour plaire à Dieu, et obtenir ses faveurs pour les vivants et pour les morts.

RÉSOLUTIONS.

Retranchons de notre piété pour les morts tout ce qu’il y a d’humain, tout ce qui peut la rendre infructueuse : que la foi seule nous anime et soit le mobile de tout ce que nous faisons pour leur soulagement.

Quel désagrément, et pour nous, et pour les morts auxquels nous nous intéressons, si des sentiments peu chrétiens nous faisaient perdre le fruit des soins que nous nous donnons pour marquer notre amour envers ceux que nous avons chéris sur la terre !

PRIÈRE.

Seigneur, mon Dieu ! je vous demande instamment la grâce d’être guidé par une foi vive dans tout, ce que je ferai pour le soulagement des âmes du purgatoire : ne permettez pas que des motifs indignes d’un chrétien fassent de ces œuvres des œuvres mortes, sans mérites pour moi et sans aucun effet pour mes frères souffrants. Par les mérites de N.-S. J.-G. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. —1° Indulgence accordée  à tous les Fidèles qui réciteront avec dévotion et un cœur contrit, la prière suivante en l’honneur de l’Ange gardien.
2° Indulgence pour tous ceux qui l’auront récitée chaque jour : il faut, le jour choisi, se confesser, communier et prier selon les intentions de l’Église, dans une église.
3° Indulgence le 2 Octobre, fête des saints anges ! Anges gardiens, pour ceux qui l’auront récitée toute l’année, malin et soir, sous les mêmes conditions que la précédente.
4° Indulgence à l’article de la mort, pour ceux qui l’auront récitée fréquemment.

PRIÈRE.

— Ange de Dieu, qui êtes mon gardien, et aux soins duquel j’ai été confié par la bonté suprême, daignez m’éclairer, me garder, me conduire et me gouverner. Ainsi soit-il.

(Brefs du 2 Octobre 1795 et du 20 Septembre 1788. — Décret du 15 Mai 1821.)