La médaille miraculeuse et le credo II

Le mystère de l’Incarnation

Murillo La Inmaculada de El Escorial | DRJésus, conçu du Saint-Esprit est né de la Vierge Marie, pleine de grâces.
Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.
La conception sans péché de Marie

Nous prions d’abord avec l’Angélus, qui traduit si bien le mystère de l‘incarnation.

Introduction

T ournons-nous vers celle qui est comblée de grâce de la part de Dieu et qui ne désire donc qu’à nous la transmettre de ses mains maternelles, sachant que la grâce absolue pour nous, c’est son Fils qu’elle nous donne à travers le mystère de l’Incarnation.

Nous avons déjà vu la création : Dieu a produit le ciel et la terre, et tout ce qui s’y trouve, par sa parole, par sa volonté (Genèse 1,1 et suivants). Il a aussi créé des êtres spirituels, comme les anges, et des être humains, constitués d’un corps et d’un esprit, et qui lui sont semblables : immortels, intelligents, volontaires et doués d’une conscience.

Et nous en arrivons à l’incarnation. Voici un texte de Saint Vincent de Paul pour commencer :

« Quand l’ange alla saluer la sainte Vierge, il commença par reconnaître qu’elle était remplie des grâces du ciel : Ave, gracia plena ; Madame, vous êtes pleine et comblée des faveurs de Dieu ; Ave, gracia plena. Il la reconnaît donc et la loue pleine de grâces. Et ensuite que lui fait-il? Ce beau présent de la seconde personne de la Sainte Trinité; le Saint-Esprit, ramassant le plus pur sang de la sainte Vierge, en forma un corps, puis Dieu créa une âme pour informer ce corps, et aussitôt le Verbe s’unit à cette âme et ce corps par une admirable union, et ainsi le Saint-Esprit opéra le mystère ineffable de l’Incarnation. »

Les paroles de l’Ave Maria sont Parole de Dieu ! La prière du rosaire ou du chapelet reprend sans cesse la salutation de l’ange Gabriel à Marie, moment fondateur du christianisme qui donne sens à l’histoire de l’humanité tout en révélant le cœur de Dieu. «Réjouis-toi, Marie, comblée de grâce» est une source inépuisable de grâce et de lumière. En priant l’Ave Maria, l’homme retourne à la source. Il est impossible de comprendre une vie sans connaître son commencement. Comme l’arbre est dans la graine d’origine, le mystère du christianisme se trouve caché dans l’Annonciation à Marie, racine qui a fait grandir le Christ et son Corps, l’Église. Cette prière nous donne ainsi de vivre en état d’annonciation. éveillés à la présence de l’Esprit Saint dans notre quotidien. Dans le cœur et dans le sein de la Vierge Marie, Jésus «habite corporellement la plénitude de la divinité» (Colossiens 2, 9).

JE CROIS EN JÉSUS-CHRIST, LE FILS UNIQUE DE DIEU, NOTRE SEIGNEUR

Jésus-Christ, qui donc est-il ? quel est son rôle dans l’histoire ? Christ, Fils, Seigneur, voilà des titres qui désignent Jésus à plusieurs niveaux de compréhension et de foi.

« Jésus » est un nom courant en Israël. Il signifie « Dieu sauve ». Né dans une modeste famille juive, Jésus de Nazareth habite un village de Galilée sans renommée.

Identité et mission sont conférées par l’Ange à l’Annonciation, en le nommant « Jésus », car «c’est Lui qui sauvera son peuple de ses péchés» (Mt 1, 21). Pour Pierre, « il n’y a pas sous le ciel d’autre nom par lequel nous puissions être sauvés » (Ac 4, 12).

Au vu de sa vie et de son engagement, ses contemporains se sont situés pour ou contre lui. Beaucoup l’ont apprécié, certains l’ont suivi. Ils l’ont reconnu dans l’annonce du Royaume, la guérison des malades, le pardon des péchés. Or, Dieu seul peut remettre les péchés. Qui donc est-il ? Les disciples voient son comportement face à la Loi et au Temple. Ils remarquent sa relation étonnante à Dieu, qu’il appelle familièrement: « Abba ».

Jésus annonce le Royaume de Dieu à venir. Son témoignage et sa façon d’être font deviner implicitement le « mystère » de sa personne divine. Les disciples se demandent toujours plus : « Qui est donc celui-là ? » (Mc 4, 41).

Après la mort, la résurrection de Jésus et ses apparitions pascales, les disciples, déroutés par sa condamnation à mort, découvrent qu’il est vivant: Dieu l’a ressuscité. La vie en lui triomphe de la mort. Avec cette expérience et les promesses de l’Ancien Testament, ils se remémorent ainsi ce que Jésus a partagé avec eux. Par le don de l’Esprit à la Pentecôte, les Apôtres saisissent combien Dieu s’est révélé en Jésus avec toute sa puissance de salut. « Au nom de Jésus », ils ont prêché et réalisé des miracles; ils ont baptisé et remis les péchés.

«De Marie naquit Jésus qu’on appelle Christ» (Mt 1, 16).

En donnant ce titre de Christ à Jésus, les disciples ont reconnu en lui celui que les Ecritures ont annoncé. C’est le Père, et non point les hommes, qui l’a consacré comme Sauveur en répandant sur lui son Esprit. Jésus est le Christ, car  » Dieu L’a oint de l’Esprit Saint et de puissance  » pour sa mission rédemptrice. (Ac 10, 38). Il est  » celui qui doit venir  » (Lc 7, 19), l’objet de  » l’espérance d’Israël  » (Ac 28, 20), nous n’en attendons pas d’autre et nous n’en reconnaissons pas d’autre.

Il est le Messie attendu par Israël, envoyé dans le monde par le Père. Jésus a accepté le titre de Messie en en précisant toutefois le sens : « Descendu du Ciel » (Jn 3, 13), crucifié puis ressuscité, il est le Serviteur souffrant, qui « donne sa vie pour racheter la multitude » (Mt 20, 28). Du nom Christ dérive notre nom de chrétiens. Un seul peut nous sauver, Jésus Christ: telle est notre foi.

Le chrétien, un autre Christ ?

Par le baptême et la confirmation, tout chrétien a reçu l’onction et participe à la vie même du Christ. C’est pourquoi, dès les premiers temps de l’Eglise, les baptisés sont appelés : ils sont oints pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. C’est Dieu qui les consacre et les envoie.

Lorsque nous communions au corps et au sang du Christ, nous devenons avec lui un seul corps. « Ainsi, disait-on aux nouveaux baptisés, nous devenons des ‘porte-Christ’, son corps et son sang s’étant répandus dans nos membres ».

En proclamant que Jésus est Seigneur, nous affirmons sa divinité. Dieu s’est manifesté dans l’humanité du Christ. Jésus Christ se présente comme « le Fils », car Dieu est son Père à un titre particulier et il lui communique tout ce qui lui appartient. En révélant son Père, Jésus a révélé son identité de Fils (Jn 5, 19-30), Dieu n’a qu’un Fils, ce qui signifie qu’il a mis en lui tout son amour. Il possède la nature divine du Père et de l’Esprit Saint: « Dieu né du Dieu,… vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas crée, de même nature que le Père » (Credo). Par le baptême, nous sommes, dès à présent, fils « adoptifs » de Dieu, car nous participons à sa nature divine.

Le nom de Fils de Dieu signifie la relation unique et éternelle de Jésus-Christ à Dieu son Père : Il est le Fils unique du Père (cf. Jn 1, 14. 18 ; 3, 16. 18) et Dieu lui-même (cf. Jn 1, 1). Croire que Jésus-Christ est le Fils de Dieu est nécessaire pour être chrétien (cf. Ac 8, 37 ; 1 Jn 2, 23).

Fils et Seigneur

Il l’est dans un sens unique et parfait. À son Baptême et à la Transfiguration, la voix du Père désigne Jésus comme son « Fils bien-aimé ». Se présentant lui-même comme le Fils qui « connaît le Père » (Mt 11, 27), Jésus affirme sa relation unique et éternelle avec Dieu son Père. « Il est le Fils unique de Dieu » (1 Jn 4, 9), la deuxième Personne de la Trinité. Il est le centre de la prédication apostolique : les Apôtres ont vu « sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique » (Jn 1,14).

Le nom de Seigneur signifie la souveraineté divine. Confesser ou invoquer Jésus comme Seigneur, c’est croire en sa divinité.  » Nul ne peut dire ‘Jésus est Seigneur’ s’il n’est avec l’Esprit Saint  » (1 Co 12, 3)

Dans la Bible, ce titre désigne d’ordinaire le Dieu souverain. Jésus se l’attribue et révèle sa souveraineté divine par son pouvoir sur la nature, sur les démons, sur le péché et sur la mort, et surtout par sa résurrection. Les premières confessions chrétiennes proclament que la puissance, l’honneur et la gloire rendus à Dieu le Père le sont aussi à Jésus, à qui Dieu « a donné un nom au-dessus de tout autre nom » (Ph 2, 9). Il est le Seigneur du monde et de l’histoire, le seul auquel l’homme doit soumettre totalement sa liberté personnelle.

«Il n’y a qu’un seul Seigneur, Jésus Christ» (1 Co 8, 6).

Est Seigneur celui qui dispose de tout. Israël appelle ainsi son Dieu, parce que c’est Yahvé qui a créé son peuple et qu’il a tout créé. Il est le Seigneur de l’univers et de tous les peuples : face aux puissances politiques et aux idoles, il est le seul Seigneur.

Les premiers chrétiens appellent Jésus, mort et ressuscité, « le Seigneur » : ils reconnaissent en lui la souveraineté même de Dieu. Jésus est source de vie. En mourant, il nous a donné sa vie divine. Il a mis « tous ses ennemis sous ses pieds »: le mal, la souffrance et la mort.

Nous proclamons que Jésus est « le seul Seigneur », le seul qui ait droit à notre obéissance dans la foi, car il s’est fait le Serviteur de tous. « C’est pourquoi Dieu l’a élevé… pour que tout homme confesse que Jésus Christ est Seigneur » (Ph 2, 9-11).

La lumière est symbole de bonheur, de joie et de vie. Elle vient de Dieu : Jésus est « Lumière née de la lumière ». Dieu n’est ni une menace ni un éteignoir pour l’homme. Au contraire, il donne la vie. Jésus est la vraie lumière : il livre un combat contre les ténèbres, et tout baptisé est appelé à rejeter les œuvres des ténèbres pour vivre dans la lumière, la vérité et la justice.

JÉSUS CHRIST CONÇU DU SAINT-ESPRIT ET NÉ DE LA VIERGE MARIE

Au temps établi par Dieu, le Fils unique du Père, la Parole éternelle, c’est-à-dire le Verbe et l’Image substantielle du Père, s’est incarné : sans perdre la nature divine il a assumé la nature humaine.

Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, dans l’unité de sa Personne divine ; pour cette raison il est l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes. Jésus-Christ possède deux natures, la divine et l’humaine, non confondues, mais unies dans l’unique Personne du Fils de Dieu.

Le Christ, étant vrai Dieu et vrai homme, a une intelligence et une volonté humaines, parfaitement accordées et soumises à son intelligence et sa volonté divines, qu’il a en commun avec le Père et le Saint-Esprit.

L’Église appelle « Incarnation » le mystère de l’admirable union de la nature divine et de la nature humaine en l’unique Personne divine du Verbe. Pour accomplir notre salut, le Fils de Dieu s’est fait « chair » (Jn 1, 14), devenant vraiment homme.

Le Fils de Dieu s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie par l’opération du Saint-Esprit, « pour nous les hommes et pour notre salut », c’est-à-dire pour nous réconcilier, nous pécheurs, avec Dieu, pour nous faire connaître son amour infini, pour être notre modèle de sainteté et pour nous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1, 4). Tel est le cœur de la Bonne Nouvelle exprimée dans les premières pages des évangiles de Matthieu et de Luc. C’est à partir de là que l’Église professe la virginité de Marie : le fait que Jésus soit né d’elle alors qu’elle n’a pas connu d’homme (Lc 1, 34). « L’Esprit Saint viendra sur toi » (Lc 1, 35), lui a dit l’ange à l’Annonciation, car « rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1, 37). La conception virginale dit avant tout qui est l’enfant de la promesse. Elle nous introduit au cœur du mystère de la personne du Christ. Jésus est un don de Dieu, un don unique.

Le Fils de Dieu, le Verbe, sans perdre sa nature divine, a donc assumé la nature humaine. Il s’est incarné ( » Verbe fait chair « ) selon le texte de Jn 1,14. Jésus est né d’une mère humaine, il a grandi, s’est réjoui, a connu l’angoisse et la souffrance, et est mort sur la croix. Il a été pareil à nous en toutes choses, sauf le péché. Ces affirmations viennent d’un des plus anciens textes du Nouveau Testament, l’hymne au Christ de Ph 2, 6-8. Ni à moitié homme et à moitié Dieu, ni un mélange confus entre l’humain et le divin, il est vrai Dieu, notre Seigneur, et vrai homme, notre frère.

La foi en l’Incarnation, signe distinctif de la foi chrétienne.

Jésus Christ est de manière indissociable vrai Dieu et vrai homme dans l’unité de sa Personne divine. Lui, le Fils de Dieu, qui est « engendré, non pas créé, de même substance que le Père », il s’est vraiment fait homme, notre frère, sans pour autant cesser d’être Dieu, notre Seigneur.

Le Concile de Chalcédoine (en 451) enseigne à confesser « un seul et même Fils, Notre Seigneur Jésus Christ, parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, composé d’une âme rationnelle et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité, ‘semblable à nous en tout, à l’exception du péché’ (He 4, 15) ; engendré du Père avant tous les siècles selon la divinité et, en ces derniers jours, pour nous et notre salut, né de la Vierge Marie, Mère de Dieu, selon l’humanité ».

Néanmoins, dans l’humanité de Jésus, tout – les miracles, la souffrance et la mort – doit être attribué à sa Personne divine, qui agit par la nature humaine qu’elle assume.

Le Fils de Dieu a donc assumé un corps animé par une âme humaine raisonnable. Avec son intelligence humaine, Jésus a appris beaucoup par l’expérience. Mais aussi comme homme, le Fils de Dieu avait une connaissance intime et immédiate de Dieu son Père. Il pénétrait également les pensées secrètes des hommes et connaissait pleinement les desseins éternels qu’il est venu révéler.

Jésus a une volonté divine et une volonté humaine. Dans sa vie terrestre, le Fils de Dieu a humainement voulu ce qu’il avait divinement décidé pour notre salut avec le Père et l’Esprit Saint. Sans résistance ni opposition, la volonté humaine du Christ suit la volonté divine ; mieux encore, elle lui est soumise.

Le Christ a assumé un vrai corps humain, par lequel Dieu invisible s’est rendu visible. Pour cette raison, le Christ peut être représenté et vénéré au moyen d’images saintes.

Jésus nous a connus et aimés avec un cœur d’homme. Son cœur transpercé pour notre salut est le symbole de l’amour infini avec lequel il aime son Père et tous les hommes.

«Il a pris chair de la Vierge Marie»

En Jésus, Dieu a pris notre chair. Formé dans le ventre de sa mère, Jésus est né. Marie et Joseph l’ont aimé. Il a dû apprendre avec Marie à marcher, à parler et apprendre avec Joseph son métier. Il a connu la faim, la tentation, la souffrance, I’abandon. Il a été en tout semblable à nous sauf le péché.

Marie est vraiment Mère de Dieu parce qu’elle est la Mère de Jésus (cf. Jn 2, 1 ; 19, 25). En effet, celui qui a été conçu par l’opération du Saint-Esprit et qui est devenu vraiment son Fils est le Fils éternel du Père. Il est lui-même Dieu.

L’Evangile nous présente Marie comme la mère du Fils de Dieu. Toute l’enfance de Jésus s’est déroulée à l’ombre de sa mère. Quand Dieu s’adresse à elle, il attend le «Oui» qui est celui de l’humanité entière. Mais si Marie peut dire «Oui», elle ne peut le faire que grâce à Dieu; cette réponse prend sa source dans le «Oui» du Christ à son Père. C’est pourquoi toute l’Eglise, dans sa prière, fait sienne la réponse de Marie à Dieu : «Qu’il me soit fait selon ta parole».

LE DOGME DE L’IMMACULÉE CONCEPTION

Le monde catholique a célébré en 2004 le 150e anniversaire de la promulgation du dogme de « l’Immaculée Conception » de Marie. Les regards se sont portés alors sur le Vatican à Rome, mais cette année c’est sur Lourdes en France. Car c’est à Lourdes que Marie est apparue du 11 février au 16 juillet 1858 à une adolescente, Bernadette Soubirous, et a déclaré : « Je suis l’Immaculée Conception ». Le Pape y a vu une confirmation du dogme qu’il avait promulgué en 1854, quatre ans plus tôt. Bien des célébrations vont avoir lieu cette année, mais le point culminant devrait être atteint le 11 février 2008. De nos jours, Marie est toujours affectivement honorée.

C’est une pratique tenue depuis longtemps dans le monde chrétien. « En demandant à Marie de prier pour nous, nous nous reconnaissons pauvres pécheurs et nous nous adressons à la ‘Mère de la Miséricorde’, à la Toute Sainte. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 2677. Ed. Centurion/Cerf/Fleurus-Mame/Librairie Editrice Vaticane, Paris, 1998.). Reconnaître le dogme en 1854, c’est susciter l’enthousiasme et la ferveur, car la plupart des autres dogmes traditionnels concernant Marie sont fondés sur cette doctrine de « l’Immaculée Conception ».

«L’Immaculée Conception» : Marie est «pleine de grâce» et absolument sans péché.

L’Eglise Catholique enseigne que Marie a été « pleine de grâce » et exempte de tout péché dès sa conception, et qu’elle n’a pas commis le moindre péché pendant sa vie.

« Au long des siècles l’Eglise a pris conscience que Marie, ‘comblée de grâce’ par Dieu, avait été rachetée dès sa conception. C’est ce que confesse le dogme de l’Immaculée Conception, proclamé en 1854 par le Pape Pie IX : La Bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel. » (Catéchisme, § 491) …Par la grâce de Dieu, Marie est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie… » (Catéchisme, § 493)

Le dogme de « L’Immaculée Conception » ne concerne pas la naissance virginale de Jésus-Christ, mais la conception de Marie elle-même dans le sein de sa propre mère. Ce dogme affirme qu’elle a été « pleine de grâce » et exempte du péché originel comme de tout péché personnel pendant sa vie entière. L’expression « pleine de grâce » se trouve dans Luc 1,28. « Salut, toi à qui une faveur est accordée ! Le Seigneur est avec toi. » Le terme grec signifiant : « à qui une faveur est accordée » [kécharitoméné] est rendu par : « pleine de grâce » (Il s’agit aussi de la prière la plus souvent récitée : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce… ») dans sa version latine. Le sens fondamental de cette expression scripturaire est que Marie est l’objet d’une faveur divine toute particulière. (Le verset 30 exprime la même pensée : « Rassure-toi, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » « Kécharitoméné », c’est la forme passive du verbe « charitoo », et cela veut dire « bénéficiant d’une grâce » (charis), « enrichi par une grâce ». La racine du mot est la même que dans le terme employé pour la salutation (chaïré) et dans le mot signifiant « faveur » (charin). Marie est l’objet d’une « grande faveur », car elle bénéficie de la grâce de Dieu.) Cette expression ne revient dans le Nouveau Testament qu’une seule fois, dans Ephésiens 1,6, où elle est étendue à tous les membres du peuple de Dieu.

Marie est celle qui par excellence est «pleine de grâce».

Le Catéchisme de l’Eglise Catholique déclare :
« Dans la descendance d’Eve, Dieu a choisi la Vierge Marie pour être la Mère de son Fils. « Pleine de grâce », elle est « le fruit le plus excellent de la Rédemption » : dès le premier instant de sa conception, elle est totalement préservée de la tache du péché originel et elle est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie. » (Catéchisme, § 508)

Il est parfaitement justifié de dire que Marie est « pleine de grâce », dans la mesure bien sûr où elle dépend de la plénitude de la grâce qui est l’apanage de Christ Lui-même. La grâce et l’amour salvateurs de Dieu sont manifestés dans l’œuvre du Souverain Sacrificateur, le Seigneur Jésus-Christ, et en lui essentiellement. C’est Lui qui dans ce sens est « plein de grâce ». C’est précisément la marque distinctive de Son ministère. « La Parole… a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ». (Jean 1,14) Tout ce qui a précédé le Christ était seulement un type, une représentation de Lui ; et tout ce qui est venu après Lui ramène à Lui. L’Apôtre Jean proclame que « la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ », « et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce. » (Jean 1,16) C’est à cause de Sa grâce que les vrais croyants sont rendus acceptables aux yeux du Dieu Très Saint. « Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude. » (Colossiens 1,19) La volonté du Père est que toute la plénitude soit en Lui. La grâce abondante demeure exclusivement en Celui qui est « la Parole faite chair ». Source de grâce pour tout Son peuple, Il possède en plénitude le mérite et la justice. La joie du Père est en Lui seul, en Lui le Sauveur, se trouve « la plénitude de celui qui remplit tout en tous ». (Ephésiens 1,23) Lui seul donne en abondance à tous ceux qui Lui appartiennent « grâce pour grâce ». (Jean 1,16)

Dire que Marie est « pleine de grâce » ne peut être qu’en relation avec le Christ, sans manquer de respect envers l’Unique, envers Celui qui est le Fils incarné de Dieu. Car « ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de son être, soutient toutes choses par sa parole puissante ; après avoir accompli la purification des péchés, il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts. » (Hébreux 1,3)

Se tourner vers « Marie, pleine de grâce » ne dépouille absolument pas le Christ Seigneur de son trait suprêmement distinctif. Dire que Marie est « pleine de grâce », c’est l’honorer elle-même, car elle se réjouissait d’avoir un Sauveur. Elle a proclamé : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit a de l’allégresse en Dieu, mon Sauveur. » (Luc 1,46-47) La raison pour laquelle Dieu est appelé « Sauveur », c’est qu’Il sauve son peuple du péché.

Mère du Seigneur, elle a eu soin de ce Sauveur. Marie est bénie, car elle a bénéficié d’une manifestation particulière de la faveur de Dieu, qui l’a appelée à être justement la mère du Seigneur. De la part de Dieu, il s’agit d’un choix souverain. Marie, elle, a cru ; et conformément à la parole que Dieu lui avait adressée, elle a conçu alors qu’elle était vierge, et elle a donné naissance au Christ Jésus, le Seigneur. Plus tard, toujours obéissante à la Parole du Seigneur, elle a été l’épouse de Joseph, et ensemble ils ont élevé Jésus. La vérité toute simple, c’est que comme tous les autres pécheurs, Marie de Bethléem a été sauvée par la grâce de Dieu et par la foi et par la grâce qui l’a préservée du péché à sa naissance.

L’attribut qui sépare Dieu de tous les autres êtres

Le Christ Jésus Lui-même, avec le Père et avec le Saint-Esprit, est Dieu : Dieu seul est le Très Saint. Proclamer que Marie est aussi « Très Sainte » ne peut être qu’en relation avec lui. Ainsi peut-on dire qu’ « En demandant à Marie de prier pour nous, nous nous reconnaissons pauvres pécheurs et nous nous adressons à la ‘Mère de la Miséricorde’, à la ‘Toute Sainte’. » (Catéchisme, § 2677)

Marie participant au rôle du Sauveur

L’Eglise catholique affirme que celle qui est appelée « la Toute Sainte » est également cause de salut. Voici ce qu’exprime le Catéchisme :

« Comme dit S.Irénée, ‘par son obéissance elle est devenue, pour elle-même et pour tout le genre humain, cause de salut’. » (Catéchisme, § 494)

Cela a des incidences sur les personnes ordinaires qui recherchent le salut devant Dieu. Ça suppose que Marie peut influencer Dieu pour sauver des âmes. Certes le salut des âmes est une initiative divine, car « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3,16) Dieu est « Le Seigneur compatissant et qui fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité. » (Exode 34,6) Orienter vers Marie comme « cause de salut », ce n’est pas trahir l’unique espérance qu’un être humain puisse avoir, l’espérance est toujours en Jésus Christ, fondée sur l’amour de Dieu, à laquelle nous participons et Marie plus que quiconque.

La conséquence

« L’Immaculée Conception », celle qui est « pleine de grâce », « la Toute Sainte », une « cause de salut » se tient comme à la Croix debout devant le Dieu Très Saint, le seul Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. Tout cela est célébré le 8 décembre. Pour le salut éternel d’une multitude de gens dans le monde entier, ce qui est essentiel, c’est, comme elle, de mettre notre foi dans le Seigneur Jésus-Christ et en Lui seul. « Celui qui croit en lui n’est pas jugé. » (Jean 3,18) « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3,36), « Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même ; celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur, puisqu’il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. » (1 Jean 5,10) L’homme étant déchu, pour son salut l’Ecriture lui propose la foi selon l’Evangile, une foi personnelle en Jésus-Christ, en son Corps qu’est l’Eglise avec ses sacrements et la présence de sa Sainte Mère. Suivant l’Evangile, la foi en Marie ne peut que conduire au Christ, lui qui nous permet d’accéder au salut éternel.

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