CROIX GLORIEUSE

Deux tentations

Jésus n’est pas un simple «maître spirituel», dispensateur de «bons conseils» ou d’«un peu de réconfort». Mais le suivre ne signifie certes pas s’abandonner à un «masochisme spirituel» sans espoir, comme si l’on était protagoniste d’une «tragédie païenne». Contre ces «deux tentations» le Pape François a mis en garde, en rappelant que «la croix est un mystère d’amour» et qu’il ne peut y avoir de «Christ sans Croix».

Une méditation proposée précisément en la fête de l’exaltation de la Sainte Croix, jour où le Pape a repris la célébration de la Messe à Sainte-Marthe après la pause estivale. Mais «il n’est pas facile de comprendre la croix, car ce n’est qu’avec la contemplation que l’on va de l’avant dans ce mystère d’amour».

Ainsi, selon le passage évangélique de Jean (3, 13-17), «Jésus, quand il veut expliquer ce mystère d’amour à Nicodème, utilise deux verbes: monter, descendre ou descendre, monter». Donc, «cela est le mystère d’amour: Jésus descendu du ciel pour nous conduire tous à monter au ciel: cela est le mystère de la croix».

Dans la deuxième lecture, de la lettre aux Philippiens (2, 6-11), «Paul explique cette montée et cette descente de Jésus; et de la descente de Jésus, il dit: “il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix”».

Telle «est la descente de Jésus: jusqu’en bas, à l’humiliation, il s’anéantit lui-même par amour, et pour cela Dieu l’exalta et le fit monter». C’est pourquoi «ce n’est que si nous réussissons à comprendre cette descente jusqu’à la fin que nous pouvons comprendre le salut que nous offre ce mystère d’amour».

«Mais ce n’est pas facile, parce qu’il y a toujours eu des tentations dans l’histoire et dans notre vie; expliquer ou prendre la moitié et pas l’autre moitié, non ?». A ce propos, «Paul a dit une parole forte aux Galates — «ou les Galates stupides» — quand ils ont cédé à la tentation de ne pas entrer dans le mystère d’amour, mais de l’expliquer».

Paul les apostrophe: «O, Galates stupides, qui donc vous a ensorcelés? Comme le serpent avait ensorcelé Eve, comme le serpent dans le désert avait envenimé les Israélites. Qui vous a ensorcelés, à vos yeux Jésus Christ a été présenté crucifié». En réalité, «ils ont été ensorcelés par l’illusion d’un Christ sans croix ou d’une croix sans Christ.

Voilà les deux tentations: un Christ sans croix, c’est-à-dire un Maître spirituel qui te conduit de l’avant tranquillement, il n’y a pas de souffrance, ou tout au moins tu fuis les souffrances et tu vas de l’avant». Mais «un Christ sans croix qui n’est pas le Seigneur: c’est un maître, rien de plus. C’est celui que, sans le savoir, cherchait sans doute Nicodème». Et «c’est une des tentations.

Oui, Jésus, le bon Maître, mais sans croix: qui vous a charmés par cette image?». C’est précisément la colère de Paul: Jésus Christ présenté, mais pas crucifié. «L’autre tentation est la croix sans le Christ, l’angoisse de demeurer en bas, abaissés, avec le poids du péché, sans espoir. C’est une sorte de «masochisme» spirituel. Seulement la croix, mais sans espérance, sans le Christ.

C’est un mystère de tragédie, non?  Nous pouvons penser aux tragédies païennes». Mais «la croix est un mystère d’amour, la croix est fidèle, la croix est noble». «Aujourd’hui, nous pouvons prendre quelques minutes, et que chacun se pose la question: le Christ crucifié, pour moi, est-il un mystère d’amour?

Est-ce que je suis Jésus sans croix, un maître spirituel qui remplit de consolation, de bons conseils? Est-ce que je suis la croix sans Jésus, en me plaignant toujours, avec ce “masochisme” de l’esprit?». Et encore: «Est-ce que je me laisse porter par ce mystère de l’abaissement, de l’anéantissement total et d’élévation du Seigneur?».

PAPE FRANÇOIS MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE
Jeudi 14 septembre 2017
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