
Nous parlerons des vacances. Même si elles n’ont qu’un espace limité dans le déroulement normal de la vie, elles revêtent une grande importance, spécialement pour la vie en voie de croissance, c’est-à-dire pour l’enfance et l’adolescence.
Elles sont importantes surtout pour le développement physique et spirituel de la personne à ses débuts qui usant spontanément de ses facultés, profite de ses propres énergies, physiques et mentales, probablement tout autant que lorsqu’elles sont guidées par une discipline pressante. Tout le monde le sait; et c’est pourquoi nous souhaitons encore une fois « bonnes vacances! » à tous ceux qui ont la chance de pouvoir en jouir sainement.
Mais nous devons rappeler que, spécialement pour ceux qui arrivent à la maturité physique, ou en jouissent déjà, et se font une très nette idée de la richesse potentielle de leurs propres facultés spirituelles, les vacances ont une importance énorme, souvent décisive, pour le développement intellectuel et moral de l’homme.
La lecture d’un livre, la présence à un spectacle, l’accomplissement intelligent d’un voyage, la naissance d’une amitié et aussi, dans certains cas, l’expérience d’une mésaventure ou d’une maladie, peuvent avoir une efficacité pédagogique qui vaut, et parfois dépasse celle de l’école régulière.
Nous nous bornerons, ici, à observer que les vacances n’ont pas seulement, comme but utile et sage, la restauration et le développement des forces physiques, et qu’elles n’ont pas seulement une incomparable vertu formative grâce au contact sensible avec le monde physique qui se déploie devant le sujet humain.
Il lui ouvre, comme nouvelles, les pages de la nature qui en révèlent la beauté, l’étendue, le caractère complexe et, parfois même, terrible. Les vacances ont également un but spirituel.
Quand donc l’homme peut-il retourner en soi-même, se reconnaître comme personne, quand a-t-il l’occasion d’effleurer, pour en éprouver l’ivresse ou la crainte, la profondeur, la complexité de son être, si ce n’est dans les moments libres et solitaires de sa propre conscience ?
Les vacances ne sont pas seulement une pause très belle qui, par une jouissance physique et extérieure, interrompt la monotonie professionnelle du propre labeur, mais elles sont aussi, et plus encore, une rencontre de l’homme avec lui-même, avec sa profession, avec le sens de sa propre existence.
De ce second aspect de la période de repos et réfection physique propre aux vacances, l’aspect personnel, l’aspect intérieur, l’aspect spirituel, nous désirons maintenant dire quelques mots. Non pas pour alourdir les vacances mêmes, mais pour leur ouvrir des fenêtres sur la brise de l’esprit.
Par exemple et comme premier point : Cette bienheureuse période de dégagement des mille choses qui assaillent nos âmes n’est-elle pas le moment propice pour une réflexion fondamentale sur l’engagement de notre propre vie ?
Se déroule-t-elle dans la ligne de cet impératif qui en classifie l’intelligence, le mérite, l’espérance ? C’est-à-dire la ligne du devoir ? de la loi de Dieu, celle de l’amour premier et total qui lui assure, ici, la sagesse et, au-delà du temps, le salut ? Qui résout cet intime et angoissant problème a déjà rendu bonnes ses propres vacances.
Deuxième point. Ne pourrait-on insérer dans le programme des vacances un moment, deux ou trois jours, de recueillement spirituel ? de méditation ? de retraite spirituelle ? d’excursion-pèlerinage à quelque sanctuaire, ou à quelque réunion de prière, et disons aussi de pénitence ? un moment de renaissance ?
Combien de souvenirs supérieurs, de promesses généreuses chacun ne porte-t-il pas en soi ? inertes, oubliés, niés ? ne pourraient-ils renaître et refleurir, ces quelques instants profondément personnels, pour la vie de demain et y transformer la prose étale et vulgaire en poésie de forte énergie et de bonté joyeusement vécue ?
Et troisièmement. Mais ceci demanderait un discours à part. Les vacances ne sont-elles pas faites également pour la lecture ? Les jours de pluie, quand les excursions ne sont pas possibles, ou les jours de pause, de repos après les grandes promenades, un livre, un bon livre ne pourrait-il pas remplir parfaitement ces marges de vacances ?
Oui, un bon livre, de lecture facile, est un ami qui peut donner une valeur nouvelle aux vacances. Mais pour qu’il soit vraiment un ami, ce doit être un livre qui offre un agréable repos à l’esprit et la semence fertile de saines et fortifiantes pensées. Malheureusement le marché des livres ne répond pas toujours aux besoins de l’esprit, au contraire. Mais tâchons de bien choisir ; aujourd’hui, le choix est possible.
C’est à ce choix, proportionné à l’âge et au caractère des lecteurs que tendent nos souhaits de bonnes vacances.
PAUL VI AUDIENCE GÉNÉRALE Mercredi 5 juillet 1978