Il n’y a pas de cœur que Dieu ne puisse ramener à la vie

Il n’y a pas de cœur que Dieu ne puisse ramener à la vie

À Saint-Jean de Latran, l’évêque de Rome encourage les fidèles de son diocèse

En cette fête de la dédicace de la basilique de Saint-Jean de Latran, qui a rang de solennité dans le diocèse de Rome, le Pape François a célébré une messe dans la « Mère et tête de toutes les églises », sa cathédrale en tant qu’évêque de Rome.

S’appuyant sur les textes du jour, le pape François a exhorté son diocèse à vivre une nouvelle saison d’évangélisation avec une légèreté spirituelle, en saisissant la présence de Dieu aux quatre coins de la ville de Rome. Au cours de la célébration, le pape a donné mandat aux équipes pastorales et leur a adressé des paroles stimulantes pour leur mission d’évangélisation.

La fête de la dédicace du Latran, c’est-à-dire sa consécration officielle, célèbre l’unité de l’Église catholique dont elle est le symbole, en tant que « Mère et tête de toutes les églises », comme le rappelle l’inscription sur le fronton de façade. Une unité dont le ministère du Pape constitue le fondement visible.

Ce lien entre le successeur de Pierre et le peuple des croyants, formant ensemble le Corps du Christ, Temple véritable, était particulièrement perceptible ce samedi. Au cours de son homélie, François a confié à l’assemblée trois versets de la Parole de Dieu, comme autant de boussoles pour la suite de l’année pastorale.

Messagers de la Bonne nouvelle au cœur de la ville

Le premier verset s’adressait à toute la communauté diocésaine : « Le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu » (Ps 45, 5). Le Pape y a vu une image, celle des chrétiens de la ville qui « portent une Parole de vie et d’espérance capable de féconder les déserts des cœurs », dirigée vers « des terres d’apparence hostile ». La ville ne peut que «se réjouir quand elle voit des chrétiens devenir de joyeux annonciateurs », déterminés dans l’annonce de l’Évangile et le don de soi « pour le bien commun ».

Les fidèles romains ont été encouragés à vivre avec obéissance, courage et enthousiasme cette « nouvelle saison d’évangélisation », non pas « comme un effort grave, mais avec légèreté spirituelle ». Le plus important est de ne pas «se faire prendre par les angoisses d’une prestation », mais d’élargir son esprit pour « saisir la présence et l’action de Dieu dans la ville ». « Dieu est le secret de cette force de vie nouvelle ».

Des prêtres « à l’odeur des brebis »

Aux prêtres, le Saint-Père a confié un verset de saint Paul – « La pierre de fondation, personne ne peut en poser d’autre que celle qui s’y trouve : Jésus Christ » (1 Co 3, 11) -, avant de leur rappeler « le cœur de [leur] ministère » : aider les croyants à rester proche du Seigneur et à écouter sa Parole, les tenir «loin de toute mondanité, des mauvais compromis», des «loups rapaces» et de ceux qui voudraient les faire «dévier de la voie de l’Évangile».

Il a adressé de chaleureux encouragements au presbyterium romain, confiant son admiration envers «la foi et l’amour du Seigneur », «la proximité envers les personnes et la générosité dans le soin des pauvres » dont ils témoignent. « Vous avez mis de côté les oppositions idéologiques et les protagonismes personnels pour faire de la place à ce que Dieu vous demande… Que la joie de l’intimité avec Lui soit la récompense la plus vraie pour tout le bien que vous faites quotidiennement. »

Croire en l’action de la grâce de Dieu

Enfin, le Pape  François s’est tourné vers les équipes pastorales du diocèse, auxquelles il remettra leur mandat à la fin de la messe, avant l’envoi. Un verset issu de l’évangile du jour : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 18).

Les équipes pastorales dans leur ensemble ont pour mission de « rejoindre tous les habitants de la ville, en déterminant des voies nouvelles pour rencontrer celui qui est loin de la foi et de l’Église ». Une certitude doit les encourager dans ce service : «il n’y a pas de cœur humain dans lequel le Christ ne veuille ni ne puisse renaître. »

La promesse du Christ devient effective dans nos cœurs de pécheurs où il arrive que nous détruisions « le temple de Dieu ». Cette situation d’effondrement, d’éloignement du Seigneur n’est « jamais définitive ». Il lui suffit de « trois jours pour reconstruire en nous son temple. »

« De façon souvent mystérieuse mais réelle, le Seigneur ouvre dans nos cœurs de nouvelles lueurs, des désirs de vérité, de bien et de beauté, qui laissent de l’espace à l’évangélisation ». Les « méfiances et l’hostilité » ne doivent pas ébranler notre foi en la promesse de Dieu. « C’est aussi l’histoire de certains d’entre nous, des conversions profondes, fruit de l’action imprévisible de la grâce ! Que chacun puisse grandir dans la foi au Mystère Pascal et être associé au “zèle” du Seigneur pour notre maison. »

Prière pour les victimes de la misère avec ATD Quart Monde

Avant la messe, le Pape a rencontré une délégation du mouvement ATD Quart Monde. Il a récité avec eux la Prière des fidèles, près d’une dalle dédiée aux victimes de la misère qui se trouve sur le parvis de la basilique. Cette dalle, inaugurée le 15 octobre 2000, reproduit celle qui se trouve sur la place des Libertés et des Droits de l’homme au Trocadéro à Paris. Elle avait été inaugurée par le père Joseph Wresinski, le 17 octobre 1987, en présence de 100 000 défenseurs des droits de l’homme venant de différents pays.

Le texte de la prière des fidèles

Pour les millions d’enfants souffrant de la faim qui ont perdu leur sourire mais qui veulent toujours aimer. Pour les millions de jeunes qui, sans raison de croire ou d’exister, cherchent en vain un avenir dans ce monde insensé.
Nous te prions, Père, envoie des ouvriers pour ta moisson.

Pour les millions d’hommes, de femmes et d’enfants au cœur encore fort, forts en combat, dont l’esprit se retourne contre le sort injuste qui leur est imposé, dont le courage exige le droit à une dignité inestimable.
Nous te prions, Père, envoie des ouvriers pour ta moisson.

Pour des millions d’enfants, de femmes, d’hommes qui ne veulent pas maudire, mais aiment et prient, travaillent et s’unissent pour faire naître une terre de solidarité. Une terre, notre terre, où chaque homme donne le meilleur de lui-même avant de mourir.
Nous te prions, Père, envoie des ouvriers pour ta moisson.

Parce que tous ceux qui prient entendent Dieu et reçoivent de lui la force nécessaire pour éliminer la misère d’une humanité créée à son image.
Nous te prions, Père, envoie des ouvriers pour ta moisson.