Pour ce cinquième vendredi de carême, le Pape François avait centré il y a quelque temps sa réflexion sur le combat du chrétien contre Satan et la réalité du diable dans le monde d’aujourd’hui. Nous la reprenons.

« Le diable existe aussi au 21ème siècle, et nous devons apprendre de l’Évangile comment nous battre contre lui »; et nous ne devons pas être «naïfs» à propos de ses manières. En fait nous devons être très conscients des stratégies qu’il emploie pour nous piéger. Car le diable n’est pas une chose du passé.
Dans ses commentaires, le pape François a parlé explicitement de notre «combat» avec le père des mensonges. Même « la vie de Jésus était un combat: il vint à la conquête du mal, à la conquête du prince de ce monde, à la conquête du diable ». Jésus a lutté contre le diable, qui a souvent tenté de le tenter. « Pendant sa vie terrestre, il a fait l’expérience de la tentation et de la persécution ».
Ainsi, «nous qui voulons suivre Jésus et qui, par notre baptême, avons pris la voie du Seigneur, devons être bien conscients de cette vérité: nous aussi nous sommes tentés, nous sommes aussi les objets des attaques du démon», « L’esprit du mal ne veut pas que nous devenions saints, il ne nous rend pas témoins du Christ, il ne veut pas que nous soyons des disciples du Christ ».
« Que fait l’esprit du mal pour nous arracher au sentier de Jésus par la tentation? » « Les tentations du diable ont trois caractéristiques principales, et nous devons en avoir conscience pour ne pas tomber dans son piège ».
D’abord « la tentation commence subtilement mais ensuite elle grandit et devient de plus en plus forte. » Puis « il infecte quelqu’un d’autre … il se propage à un autre et cherche à prendre racine dans la communauté. » Enfin, « pour calmer l’âme, il cherche à se justifier ». En bref: il « grandit, se propage et se justifie. »
En ce qui concerne les Écritures, nous voyons cette réalité se jouer dans « la tentation de Jésus » dans le désert, qui « apparaît presque comme une séduction ». « Le diable procède lentement » et dit à Jésus: « Mais pourquoi ne pas le faire? Jette-toi du temple et sauve trente ans; En un seul jour, tout le monde dira de toi : voyez le Messie! »
C’est la même tactique qu' »il a utilisé avec Adam et Eve ». Le diable leur dit: « Goûtez la pomme, c’est bon, cela vous rendra sage! » Le diable emploie la tactique de la séduction: il parle « presque comme s’il était un maître spirituel, comme s’il était un conseiller. »
Cependant, « si la tentation est rejetée, elle grandit et revient plus fort. » Dans l’évangile de Luc, Jésus avertit que « quand le diable est rejeté, il se retourne et va chercher plusieurs compagnons et revient avec ce groupe. » C’est ainsi que « la tentation grandit et devient plus forte. Il grandit en impliquant les autres. »
C’est exactement ce qui s’est passé avec Jésus, ainsi que nous le lisons dans le passage du jour de l’Évangile de Jean (10: 31-42). « Le diable a impliqué les ennemis de Jésus, qui lui parlaient à ce moment-là la pierre à la main », prêts à le tuer. Ici, nous voyons clairement le pouvoir de la tentation de grandir en s’étendant aux autres.
La troisième caractéristique de la tentation du diable est qu ‘«à la fin, il cherche à se justifier». Ici, il faut voir la réaction du peuple quand Jésus est retourné «pour la première fois chez lui à Nazareth» et s’est rendu à la synagogue.
D’abord, ils ont été frappés par ses paroles, et aussitôt la tentation a surgi: «N’est-ce pas le fils de Joseph le charpentier et de Marie? Par quelle autorité parle-t-il s’il n’est jamais allé à l’université et s’il n’a jamais étudié? Ils cherchaient à justifier leur désir « de le tuer ici et là, de le jeter de la montagne. »
Dans l’évangile de Jean du jour, les interlocuteurs de Jésus veulent aussi le tuer. Tant et si bien qu ‘ »ils ont la pierre à la main quand ils lui parlent. » « La tentation a tourné tout le monde contre Jésus »; et tout le monde a cherché à se justifier.
«L’apogée de cette auto-justification» se trouve dans la déclaration du grand prêtre: «Assez ! Ne savez-vous pas qu’il vaut mieux qu’un homme meure pour le peuple? Il doit mourir pour sauver le peuple! » Tout le monde était d’accord: c’était donc une « justification complète. »
« Quand nous sommes tentés, nous empruntons la même route. » « Nous sommes tentés et cela grandit et s’étend aux autres. » Pensez simplement aux ragots: si nous sommes «un peu envieux d’une personne ou d’une autre», nous ne contenons pas notre envie mais parfois la partageons avec d’autres en parlant mal de la personne.
C’est ainsi que les ragots «cherchent à grandir et à se propager à une autre personne et encore une autre…» C’est « la façon dont les commérages fonctionnent, et nous avons tous été tentés de commérer ». C’est une tentation quotidienne, qui « commence lentement, comme un filet d’eau. »
C’est pourquoi nous devons «faire attention quand nous sentons quelque chose dans notre cœur qui conduirait à détruire les gens, détruisant les réputations, détruisant nos vies, nous conduisant dans la mondanité et le péché.»
Nous devons être «prudents parce que si nous ne nous arrêtons pas nous-mêmes, ce filet d’eau, quand il grandit et s’étend, deviendra un raz de marée qui nous conduira à nous justifier», tout comme les gens de l’Évangile du jour se justifient. Finalement il est dit de Jésus: « il vaut mieux qu’un homme meure pour le peuple. »
« Nous sommes tous tentés, parce que … notre vie spirituelle, notre vie chrétienne est un combat. » Cela vient du fait que « le diable ne veut pas que nous devenions saints, il ne veut pas que nous suivions Jésus. » « Bien sûr, l’un d’entre vous dira: mais Père, vous êtes si démodé en parlant du diable au 21ème siècle! »
A ceci le Pape François répond: « attention, le diable existe! Le diable existe même au 21ème siècle. Et nous ne devons pas être naïfs. Nous devons apprendre de l’Évangile comment nous battre contre lui . »
Pape François, homélie de la Messe du 11 avril 2014