MOIS DU ROSAIRE – jour 8 – Saint Dominique

MOIS DU ROSAIRE – jour 8 – Saint Dominique

Sainte Vierge - Rosaire, Paris, Couvent des Jacobins - estampe de Jean Lepautre graveur (+1682)
Sainte Vierge – Rosaire, Paris, Couvent des Jacobins – estampe de Jean Lepautre graveur (+1682)

Comme c’est à Saint Dominique qu’on doit cette méthode de prier, appelée rosaire, pratique de dévotion qu’il établit après une apparition dont la sainte Vierge l’honora en 1208, pendant qu’il prêchait contre les Albigeois, il est bon de faire connaître ce grand Saint. Il naquit à Calarvéja en Espagne. Il était fils de Don Félix de Gusman, nom célèbre qui subsiste encore aujourd’hui. Sa mère s’appelait Dona Jeanne de Aza.

On lui donna le nom de Dominique en l’honneur d’un saint abbé, appelé Dominique de Silos. Il ne fut pas plus tôt en état de faire usage de sa raison que sa vertueuse mère l’instruisit de ce qu’il devait à Dieu. Sa ferveur était si grande dans sa jeunesse que souvent il se levait pendant la nuit pour prier ; il aimait aussi dès lors les pratiques de la mortification.

Il fit de rapides progrès dans ses études et acquit une parfaite connaissance de l’Écriture et des Pères. Instruit par les Livres saints que l’esprit du Seigneur n’habite que dans les âmes chastes, il veillait avec la plus grande attention sur son cœur et sur ses sens. Toujours occupé de la présence de Dieu, il s’entretenait avec les gens modérément et ne parlait même qu’en peu de mots.

Les exemples de sa mère lui avaient inspiré une tendre dévotion pour la sainte Vierge et un amour extraordinaire pour les pauvres. Sa charité éclata surtout dans une famine : il se défit de son argent, de ses biens, de ses livres et généralement de tout ce qu’il possédait, pour assister les malheureux. Une pauvre femme, fondant en larmes, lui demanda un jour de quoi contribuer au rachat de son frère que les Maures avaient fait esclave.

Les entrailles de Dominique furent émues de compassion ; mais, comme il ne lui restait plus rien à donner, il dit à cette femme : « Je n’ai ni or, ni argent ; ne vous affligez cependant pas, je sais travailler ; offrez-moi, aux Maures, en échange pour votre frère ; je veux être esclave à sa place. Celle-ci étonnée d’une pareille proposition n’osa l’accepter ; mais Dominique n’en eut pas moins devant Dieu le mérite de la charité.

Après avoir passé ses examens à l’université de Palencia, il y donna des leçons publiques d’Écriture sainte et y annonça la parole de Dieu avec un succès étonnant. L’Évêque d’Osina le fit associer aux chanoines réguliers de Saint Augustin qui formaient le chapitre de sa cathédrale ; il en fut nommé sous-prieur. Malgré cette charge, il continua à prêcher jusqu’en 1203, année où son évêque l’emmena avec lui en France.

Il le conduisit de là à Rome, d’où le pape les renvoya en France avec la mission de prêcher l’un et l’autre aux Albigeois, afin de les convaincre et de les convertir. Voici quelques-unes des erreurs adoptées par ces hérétiques. Ils admettaient deux principes, l’un bon et l’autre mauvais. Ils soutenaient qu’il y avait deux Christs, l’un mauvais qui avait paru sur la terre ; l’autre bon, qui n’avait jamais vécu dans ce monde.

Ils niaient la résurrection de la chair et croyaient que nos âmes étaient des démons condamnés à être renfermés dans des corps, en punition des péchés qu’ils avaient commis dans un état précédent ; ils condamnaient les sacrements, etc.

L’évêque d’Osma et Saint Dominique ne négligèrent rien pour réussir dans la mission que le souverain Pontife leur avait confiée ; mais bientôt l’évêque se retira dans son diocèse et Saint Dominique se trouva chef de la mission ; c’était en 1207. Saint Dominique n’employa contre les erreurs que les armes de la persuasion.

Il imitait la douceur, la charité, l’humilité et la pauvreté des Apôtres : mais la corruption des mœurs, l’ignorance des peuples, l’impiété des hérétiques, le fanatisme des infidèles mirent longtemps un grand obstacle au succès de la mission. Saint Dominique en triompha enfin, après trois ans de travaux et de fatigues, par la prédication du rosaire.

Ce héros de la foi, un de ces hommes extraordinaires que Dieu tient en réserve dans les conseils de sa Providence, pour les opposer, comme un mur d’airain, à la fureur des tempêtes, s’adressait avec la plus entière confiance filiale à la sainte Vierge qui a reçu le pouvoir de vaincre toutes les hérésies, comme le proclame l’Église dans ses chants ; mais il joignait aux prières les plus ferventes, les larmes, les jeûnes et toutes les pratiques de la plus austère pénitence afin de pouvoir fléchir plus sûrement la justice de Dieu.

Marie intercède ; Dieu exauce les prières du saint apôtre. Un jour, la Reine du ciel apparaît à Saint Dominique dans la ferveur de son oraison, le console et lui inspire d’opposer au torrent de l’erreur la prière chrétienne et la majestueuse simplicité de la foi.

Dominique comprend parfaitement que la source de tous les maux est l’ignorance ou l’oubli des vérités de la foi et du salut ; guidé par la sainte Vierge, il prend pour symbole le rosaire, formé de trois chapelets ou de quinze dizaines [maintenant quatre depuis saint Jean-Paul II], et y applique autant de mystères qu’il développe aux fidèles, avec cette éloquence irrésistible qui triomphe de tous les obstacles.

Ce fut à Toulouse, en l’année 1208, qu’il institua le rosaire et qu’il commença à le prêcher aux peuples. Toulouse, Montpellier, Agen, etc., furent tour à tour le théâtre de ses combats et de ses succès.

Ces succès de la prédication du rosaire furent si rapides qu’ils surpassèrent toutes les espérances et étonnèrent Rome elle-même. Les peuples accouraient en foule pour s’unir à la récitation du rosaire ; ils se pressaient autour de la chaire de vérité pour entendre le développement des mystères ; ils baisaient le rosaire, l’arrosaient de larmes, et en interrompaient la récitation par leurs sanglots.

Bientôt les églises ne peuvent plus suffire au nombre prodigieux des assistants. Saint Dominique est obligé de se porter dans tous les endroits ; et sa parole puissante étend au loin tous ses prodiges. L’éloquent panégyriste du rosaire de Marie, en peu de temps a tout changé et converti au moyen d’une simple formule de prières ; et tous les peuples célèbrent avec lui la sainteté, la gloire et la puissance de la Mère de Dieu.

Telle fut l’origine du rosaire ; et ce fait historique n’est plus aujourd’hui contesté : douze souverains Pontifes, au moins, ont déclaré que Saint Dominique était en effet l’auteur du rosaire, que c’était lui qui l’avait institué.

Résolution

Admirons la Providence qui aime pour ainsi dire à recommander l’humilité par les moyens simples qu’elle inspire d’employer pour obtenir ses plus grands effets. Des hommes très distingués par leur savoir et par leurs vertus furent chargés de travailler à la conversion des hérétiques, et ils n’obtinrent presque aucun succès ; Dieu voulait régénérer le pays et abattre l’hérésie par la formule de prière la plus simple, la plus humble, la plus populaire.

Efforçons-nous donc de mettre toute notre confiance dans la prière ; prions, et nous apprendrons à connaître l’efficacité de ce grand moyen de salut.

PRIÈRE

Seigneur, Dieu de bonté, qui, en inspirant à l’un de tes fidèles serviteurs l’efficacité de la prière jointe à la méditation des principaux mystères de la religion, as voulu nous donner lieu de nous pénétrer de ce tendre et sincère esprit de piété d’où découle l’eau vivante qui sanctifie toutes nos actions, accorde-nous la grâce de pratiquer cet exercice de dévotion avec ferveur et avec fruit. Nous avons la certitude que cette dévotion t’est agréable : c’en est assez, Seigneur, pour nous la faire aimer et pratiquer avec la plus entière confiance. Ainsi soit-il.

D’après le manuel de Liège 1847

LA PRIÈRE DE L’HOMME POUR L’HOMME

La prière du Chapelet est la prière de l’homme pour l’homme: c’est la prière de la solidarité humaine, prière collégiale des rachetés, qui réfléchit l’esprit et les intentions de la première rachetée, Marie, mère et image de l’Église: prière pour tous les hommes, du monde et de l’histoire, vivants ou défunts, appelés à être avec nous Corps du Christ et à devenir avec Lui cohéritiers de la gloire du Père.

Si nous considérons les orientations spirituelles suggérées par le Chapelet, prière simple et évangéli­que (cf. Marialis Cultus, 46), nous retrouvons les intentions que saint Cyprien notait dans le « Notre Père ». Il écrivait: « Le Seigneur, maître de paix et d’unité, n’a pas voulu que nous priions individuelle­ment et seuls. En effet, nous ne disons pas: “Mon Père qui es au cieux”, ni: “Donne-moi mon pain quotidien”.

Notre prière est pour tous; de sorte que lorsque nous prions, nous ne le faisons pas pour un seul, mais pour tout le peuple, car avec tout le peuple nous formons une seule chose. »
Saint Jean-Paul II – Osservatore Romano du 04-10-1983