Pour Jésus maitre de l’annonce, il faut se faire pauvre intérieurement
PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 25 janvier 2023
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Résumé
Frères et sœurs, mercredi dernier nous avons réfléchi sur Jésus modèle de l’annonce. Aujourd’hui, nous le regardons comme maître de l’annonce, en nous laissant guider par l’épisode où, dans la synagogue de Nazareth, il enseigne sur le passage prophétique de ce qu’il est Lui-même. L’on peut donc identifier cinq éléments.
Le premier est la joie, l’annonce joyeuse. Un chrétien triste peut parler de belles choses mais tout est vain si l’annonce qu’il transmet n’est pas joyeuse. Le deuxième élément est la libération. Toute annonce digne du Rédempteur doit communiquer la libération. Le troisième aspect est la lumière. Jésus nous donne la lumière de la filiation.
Car la vie dépend essentiellement de l’amour du Père qui prend soin de nous, ses enfants bien-aimés. Le quatrième aspect est la guérison. Jésus nous guérit toujours et gratuitement du péché qui nous opprime sans cesse. Celui qui croit en Jésus peut donner la force du pardon de Dieu aux autres. Le jubilé, l’année de grâce, est le dernier point de l’annonce de Jésus qui doit toujours apporter l’émerveillement de la grâce.
L’Évangile s’accompagne d’un sens de stupeur et de nouveauté qui a un nom : Jésus. Il nous aide à l’annoncer en communiquant la joie, la libération, la lumière, la guérison et l’émerveillement. La joyeuse annonce est adressée aux pauvres. Pour accueillir le Seigneur, chacun de nous doit se faire “pauvre à l’intérieur”.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Frères et sœurs, en ce jour où nous fêtons la Conversion de saint Paul, clôture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens sur le thème : « apprenez à faire le bien ! Recherchez le droit » (Is 1, 17), demandons la grâce d’être revêtus de la lumière du Christ, porteurs d’une joyeuse annonce à toutes les personnes qui ont besoin de libération et de guérison.
Que Dieu vous bénisse !
Catéchèse – La passion pour l’évangélisation :
le zèle apostolique du croyant – 3. Jésus maitre de l’annonce
Chers frères et sœurs, bonjour!
Mercredi dernier, nous avons réfléchi sur Jésus comme modèle d’annonce, sur son cœur pastoral toujours tendu vers les autres. Aujourd’hui, nous le considérons comme le maître de l’annonce. Laissons-nous guider par l’épisode où il prêche dans la synagogue de son village, Nazareth. Jésus lit un passage du prophète Isaïe (cf. 61,1-2) puis surprend tout le monde par un « sermon » très court, d’une seule phrase, une seule phrase.
Et il dit ceci : « Aujourd’hui s’est accomplie cette Écriture que vous avez entendue » (Lc 4, 21). C’était le sermon de Jésus: « Aujourd’hui s’est accomplie cette Écriture que vous avez entendue ». Cela signifie que pour Jésus ce passage prophétique contient l’essentiel de ce qu’il veut dire de lui-même.
Par conséquent, chaque fois que nous parlons de Jésus, nous devrions retracer sa première annonce. Voyons donc en quoi consiste cette première annonce. Cinq éléments essentiels peuvent être identifiés.
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Le premier élément est la joie. Jésus proclame : « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; […] il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres » (v. 18), c’est-à-dire une annonce d’allégresse, de joie. Bonne nouvelle : on ne peut pas parler de Jésus sans joie, car la foi est une belle histoire d’amour à partager.
Témoigner de Jésus, faire quelque chose pour les autres en son nom, c’est dire entre les lignes de la vie que vous avez reçu un si beau cadeau qu’aucun mot ne suffit pour l’exprimer. Au lieu de cela, quand la joie manque, l’Évangile ne passe pas, parce que c’est – le mot lui-même le dit – une bonne nouvelle, et l’Évangile signifie une bonne nouvelle, une nouvelle de joie.
Un chrétien triste peut parler de belles choses mais c’est en vain si l’annonce qu’il transmet n’est pas heureuse. Un penseur a dit : « un chrétien triste est un triste chrétien » : ne l’oubliez pas.
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Nous arrivons au deuxième aspect : la libération. Jésus dit qu’il a été envoyé « pour proclamer la libération aux prisonniers » (ibid.). Cela signifie que celui qui proclame Dieu ne peut pas faire de prosélytisme, non, il ne peut pas faire pression sur les autres, mais les alléger : non pas pour imposer des fardeaux, mais pour les enlever ; apporte la paix, n’apporte pas la culpabilité.
Bien sûr, suivre Jésus implique de l’ascèse, cela implique des sacrifices ; d’autre part, si toute belle chose l’exige, combien plus la réalité décisive de la vie ! Mais celui qui rend témoignage au Christ montre la beauté de la destination plutôt que la fatigue du voyage. Il nous sera arrivé de parler à quelqu’un d’un beau voyage que nous avons fait.
Par exemple, on aura parlé de la beauté des lieux, de ce qu’on a vu et vécu, pas du temps pour s’y rendre et des files d’attente à l’aéroport, non ! Ainsi toute annonce digne du Rédempteur doit communiquer la libération. Comme celle de Jésus. Aujourd’hui, il y a de la joie, parce que je suis venu libre.
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Troisième aspect : la lumière. Jésus dit qu’il est venu pour rendre « la vue aux aveugles » (ibid.). Il est frappant que dans toute la Bible, avant le Christ, la guérison d’un aveugle n’apparaisse jamais, jamais. C’était en fait un signe promis qui viendrait avec le Messie. Mais il ne s’agit pas seulement de vision physique ici, mais d’une lumière qui vous permet de voir la vie d’une nouvelle manière.
Il y a une « venue à la lumière », une renaissance qui ne se produit qu’avec Jésus. Si nous y réfléchissons, c’est ainsi que la vie chrétienne a commencé pour nous : avec le Baptême, qui dans les temps anciens s’appelait « l’illumination ». Et quelle lumière Jésus nous donne-t-il ?
Il nous apporte la lumière de la filiation : Il est le Fils bien-aimé du Père, vivant pour toujours ; et avec lui nous sommes aussi des enfants de Dieu aimés pour toujours, malgré nos erreurs et nos défauts. Alors la vie n’est plus une marche aveugle vers le néant, non : ce n’est pas une question de destin ou de chance. Ce n’est pas quelque chose qui dépend du hasard ou des étoiles, ou même de la santé ou des finances, non.
La vie dépend de l’amour, de l’amour du Père qui prend soin de nous, ses enfants bien-aimés. Quel plaisir de partager cette lumière avec d’autres ! Avez-vous pensé que la vie de chacun de nous – ma vie, votre vie, notre vie – est un geste d’amour ?
Est-ce une invitation à l’amour ? C’est merveilleux ! Mais on l’oublie souvent, face aux difficultés, face aux mauvaises nouvelles, même face – et c’est mauvais – à la mondanité, au mode de vie mondain.
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Quatrième aspect de l’annonce : la guérison. Jésus dit qu’il est venu « pour libérer les opprimés » (ibid.). Opprimés par sentiments de culpabilité, erreurs, vices, péchés…
Opprimé par cela : pensons, par exemple, aux sentiments de culpabilité. Combien d’entre nous ont subi cela ? Réfléchissons un peu à un sentiment de culpabilité pour cela, pour l’autre… Ce qui nous opprime, c’est justement ce mal qu’aucun médicament ou remède humain ne peut guérir : le péché. Et si quelqu’un a un sentiment de culpabilité pour quelque chose qu’il a fait, et que cela fait mal…
Mais la bonne nouvelle est qu’avec Jésus ce mal ancien, le péché, qui semble invincible, n’a plus le dernier mot. Je peux pécher parce que je suis faible. Chacun de nous peut le faire, mais ce n’est pas le dernier mot. Le dernier mot est la main tendue de Jésus qui vous élève du péché. Et Père, quand est-ce que ça arrive ? Une fois? Pas deux? Non. Trois ? Pas toujours.
Chaque fois que vous êtes malade, le Seigneur a toujours une main tendue. Il suffit de s’accrocher et de se laisser porter. La bonne nouvelle est qu’avec Jésus ce mal ancien n’a plus le dernier mot : le dernier mot est la main tendue de Jésus qui vous porte en avant. Du péché, Jésus nous guérit toujours. Et combien dois-je payer pour la guérison ? Rien.
Il nous guérit toujours et gratuitement. Il invite ceux qui sont « fatigués et opprimés » – il le dit dans l’Évangile – d’aller à lui (cf. Mt 11, 28). Ainsi, accompagner quelqu’un à une rencontre avec Jésus, c’est l’amener chez le cardiologue, qui améliore la vie. Il dit : « Frère, sœur, je n’ai pas de réponses à tant de tes problèmes, mais Jésus te connaît, Jésus t’aime, il peut te guérir et apaiser ton cœur ».
Quiconque porte des fardeaux a besoin d’une caresse sur le passé. On entend souvent : « Mais j’aurais besoin de guérir mon passé… J’ai besoin d’une caresse sur ce passé qui me pèse tant… » Il a besoin de pardon. Et celui qui croit en Jésus a précisément cela à donner aux autres : le pouvoir du pardon, qui libère l’âme de toute dette. Frères, sœurs, n’oubliez pas : Dieu oublie tout.
Comment venir? Oui, oubliez tous nos péchés, il n’en a aucun souvenir. Dieu pardonne tout parce qu’il oublie nos péchés. Nous avons juste besoin de nous rapprocher du Seigneur et Il nous pardonne tout. Pensez à quelque chose de l’Évangile, à ce qu’il a commencé à dire : « Seigneur, j’ai péché ! Ce fils… Et le père met sa main dans sa bouche. « Non, ça va, rien… » Il ne le laissera pas finir… Et c’est bien.
Jésus nous attend pour nous pardonner, pour nous guérir. Et combien? Une fois? Deux fois? Pas toujours. « Mais père, je fais toujours les mêmes choses… » Et lui aussi fera toujours les mêmes choses : te pardonner, t’embrasser. S’il vous plaît, nous n’avons aucune méfiance à cet égard. C’est ainsi que vous aimez le Seigneur.
Quiconque porte des fardeaux et a besoin d’une caresse sur le passé a besoin de pardon, sachez que Jésus le fait. Et c’est ce que Jésus donne : libérer l’âme de toute dette. La Bible parle d’une année au cours de laquelle on a été libéré du fardeau de la dette : le Jubilé, l’année de la grâce. Comme si c’était le dernier point de l’annonce.
En effet, Jésus dit qu’il est venu « pour proclamer une année de faveur de la part du Seigneur » (Lc 4, 19). Ce n’était pas un jubilé planifié, comme ceux que nous avons maintenant, où tout est planifié et où l’on réfléchit à comment le faire et ne pas le faire… Non. Mais avec le Christ arrive la grâce qui renouvelle la vie et étonne toujours.
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Le Christ est le Jubilé de chaque jour, de chaque heure, qui s’approche de vous, pour vous caresser, pour vous pardonner. Et l’annonce de Jésus doit toujours apporter l’émerveillement de la grâce. Cet étonnement… « Je n’arrive pas à croire, j’ai été pardonné, j’ai été pardonné » Mais qu’il est grand notre Dieu!
Car ce n’est pas nous qui faisons de grandes choses, mais c’est la grâce du Seigneur qui, même à travers nous, fait des choses imprévisibles. Et ce sont les surprises de Dieu, Dieu est le maître des surprises. Il nous surprend toujours, il nous attend toujours. Nous arrivons, et Il attend. Toujours. L’Évangile s’accompagne d’un sentiment d’émerveillement et de nouveauté qui porte un nom : Jésus.
Il nous aide à l’annoncer comme il le souhaite, nous communiquant joie, libération, lumière, guérison et émerveillement. C’est ainsi que Jésus se communique.
Une dernière chose : cette annonce heureuse, dont l’Évangile dit qu’elle s’adresse « aux pauvres » (v. 18). On les oublie souvent, pourtant ce sont les destinataires explicitement cités, car ce sont les préférés de Dieu.
Souvenons-nous d’eux et rappelons-nous que, pour accueillir le Seigneur, chacun de nous doit se faire « pauvre à l’intérieur ». Avec cette pauvreté qui fait dire : « Seigneur j’ai besoin de pardon, j’ai besoin d’aide, j’ai besoin de force ».
Cette pauvreté que nous avons tous : devenir pauvre de l’intérieur. Il s’agit de dépasser toute prétention à l’autosuffisance pour se comprendre en besoin de grâce, et toujours en besoin de Lui Si quelqu’un me dit : Père, quel est le chemin le plus court pour rencontrer Jésus ? Rendez-vous nécessiteux. Rendez-vous en besoin de grâce, en besoin de pardon, en besoin de joie. Et Il viendra à vous.
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Appel
Après-demain, le 27 janvier, c’est la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste. Le souvenir de cette extermination de millions de Juifs et d’autres confessions ne peut être ni oublié ni nié. Il ne peut y avoir d’engagement constant à construire ensemble la fraternité sans d’abord dissiper les racines de la haine et de la violence qui ont alimenté l’horreur de l’Holocauste.
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Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Aujourd’hui se termine la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. J’encourage chacun à vivre dans son état de vie les exigences de l’unité chrétienne qui viennent du baptême. Conscients du don de ce sacrement, nous travaillons, prions et offrons chaque jour nos sacrifices pour l’unité de tous les croyants dans le Christ.
Que l’Ukraine meurtrie, qui est si affligée, ne manque pas à nos pensées et à nos prières. Ce matin, j’ai eu une réunion avec les chefs des différentes confessions de foi qui sont en Ukraine – tous unis – et ils m’ont parlé de la douleur de ce peuple. N’oublions jamais, chaque jour, de prier pour une paix ultime en Ukraine.
Ma bénédiction à tous.
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