Personne ne pourra dire je ne savais pas

Cité du Vatican, 17 septembre

Le Pape s’est adressé aux participants à la Rencontre sur la crise humanitaire en Irak et Syrie, organisé par la Conseil pontifical Cor Unum pour les organismes caritatifs et les Églises locales:

« Je vous suis reconnaissant de l’aide que vous apportez aux victimes de la crise dans ces pays comme dans les pays voisins, et du réconfort que votre présence et votre travail offre à tous ceux qui souffrent… Les terribles conséquences, sur les populations civiles de même que sur le patrimoine culturel causées par les conflits de Syrie et d’Irak, constitue un des drames humanitaires les plus terribles depuis ces dernières décennies. Des millions de personnes se trouvent dans une situation préoccupante de nécessité urgente et sont contraintes de quitter leur pays d’origine. Le Liban, la Jordanie et la Turquie, font face actuellement aux millions de réfugiés qu’ils ont généreusement accueillis. »

« Face à un tel scénario et face à ces conflits qui se propagent et menacent de façon inquiétante les équilibres internes et régionaux, la communauté internationale ne semble pas capable de trouver des solutions adéquates alors que les trafiquants d’armes continuent leurs affaires. Pourtant…les médias diffusent, aujourd’hui, en temps réel les atrocités et les violations inouïes des droits de l’homme engendrés par ces conflits. Elles sont ainsi devant les yeux du monde entier. Personne ne peut plus prétendre ignorer! Tous sont conscients que cette guerre pèse de façon de plus en plus insupportable sur les épaules des pauvres gens. Il s’agit de trouver une solution mais, qui ne soit jamais violente, car la violence ne fait qu’engendrer de nouvelles blessures. »

« En cet océan de souffrances je vous encourage à porter une attention particulière aux besoins matériels et spirituels des plus faibles et sans défense. Je pense en particulier aux familles, aux personnes âgées, aux malades et aux enfants. Les enfants et les jeunes qui représentent un espoir pour l’avenir, sont privés de leurs droits fondamentaux, de grandir dans une vie familiale sereine, être pris en charge et être soigné, jouer, étudier. Des millions d’enfants, à cause de cette guerre qui se prolonge, sont privés de leur droit à l’instruction et voient s’obscurcir ainsi leur avenir. N’épargnez pas votre engagement en ce domaine si essentiel. Les victimes de ce conflit sont nombreuses…et je prie pour toutes celles-ci. »

« Mais je ne peux pas passer sous silence le dommage important qui est infligé aux communautés chrétiennes de Syrie et d’Irak où de nombreux frères et sœurs en raison de leur foi, sont l’objet de vexations, chassés de leurs propres terres, enfermés, ou même tués. Pendant des siècles les communautés chrétiennes et musulmanes ont cohabité sur ces terres, sur la base d’un respect réciproque. A présent, la légitimité-même de la présence des chrétiens et d’autres minorités religieuses est niée au nom d’un fondamentalisme violent qui revendique une origine religieuse. Pourtant l’Église, face aux nombreuses agressions et persécutions qu’elle subit aujourd’hui dans ces pays, répond en témoignant du Christ avec courage, dans une attitude humble et fervente, à travers un dialogue sincère et un service généreux à l’égard de toute personne qui souffre ou qui est dans le besoin, et ceci sans aucune distinction. »

« En Syrie et en Irak, le mal détruit les bâtiments et les infrastructures, mais il détruit surtout la conscience de l’homme. L’Église se sent appelée, au nom de Jésus venu au monde pour guérir les blessures de l’humanité, à répondre au mal par le bien, en promouvant un développement humain intégral, en prenant soin de tout homme et de tout l’homme. Pour répondre à cet appel difficile, il est nécessaire que les chrétiens renforcent la collaboration intra-ecclésiale et les liens de communion avec les autres communautés chrétiennes, en cherchant à coopérer également avec les institutions humanitaires internationales et avec tous les hommes de bonne volonté. »

« Je vous encourage donc à poursuivre ce chemin de collaboration et de partage en travaillant ensemble et en synergie. S’il vous plaît, n’abandonnez pas les victimes de cette crise, même si l’attention mondiale venait à diminuer! Je vous demande, à vous tous, de transmettre le message de ma proximité profonde et solidaire à tous ceux qui sont dans l’épreuve et subissent les conséquences tragiques de cette crise. En communion avec vous et avec vos communautés, je prie sans cesse pour la paix et pour la fin des tourments et des injustices qui blessent vos bien-aimés pays. »

alliance de l’homme et de la femme

Face à l’actuel changement de civilisation, une nouvelle alliance de l’homme et de la femme est nécessaire pour émanciper les peuples de la colonisation de l’argent.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 16 septembre 2015
condensé


Frères et sœurs, la famille est une communauté humaine fondamentale et irremplaçable, dont la portée est universelle. Dieu a confié à l’homme et à la femme l’émouvant projet de rendre la terre habitable. Tout ce qui arrive entre eux laisse une emprunte sur toute chose. Leur refus de la bénédiction de Dieu – le péché originel – conduit à un délire de toute puissance, destructeur. Une alliance renouvelée entre l’homme et la femme est par conséquent nécessaire afin d’émanciper les peuples de la colonisation de l’argent, pour réorienter la politique, l’économie, et retrouver une véritable cohabitation sociale. Dieu ne nous a pas abandonnés ; il a mis une inimitié entre le serpent trompeur et la femme. La femme porte désormais une bénédiction, secrète et particulière, pour la lutte contre le démon. En Jésus-Christ, né de la femme, Dieu a montré sa tendresse envers l’humanité, il a pris soin de nous. Par lui, toutes les familles de la terre sont appelées à reconnaître la bénédiction de Dieu et à se mettre en chemin, à sa suite et avec nous. Que Dieu vous bénisse, familles de toute la terre ! Que Dieu vous bénisse !

Chères familles, je vous invite à rayonner autour de vous la joie que le Seigneur vous donne dans votre vie conjugale et familiale, afin que tous se sentent appelés à vivre cette bénédiction. Je vous demande de prier pour moi et pour les travaux du prochain synode.

Que Dieu vous bénisse !


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Maternité contagieuse

15-09-2015 source : L’Osservatore Romano

Christ avec Marie et Jean au pied de la CroixDans un monde qui semble «orphelin», il y a l’espérance d’une «maternité contagieuse» qui apporte accueil, tendresse et pardon. En la mémoire liturgique de la Vierge des Douleurs, le Pape François a voulu réfléchir sur la maternité de Marie et de l’Église, qui sans cette caractéristique se réduit à «une association rigide». C’est du texte évangélique de Jean — «“Femme voici ton fils”. Ensuite il dit au disciple: “Voici ta mère!”» (19, 25-27) — qu’est partie la méditation du Pape au cours de la Messe célébrée le mardi 15 septembre à Sainte-Marthe, en présence des cardinaux conseillers: «C’est la deuxième fois que Marie entend son fils l’appeler “femme». La première, en effet, avait été à Cana quand Jésus dit à sa mère: «Mon heure n’est pas venue»; la deuxième est celle-ci, sous la croix, quand il lui remet un fils.

Il faut remarquer que «lors de cette première fois, elle entendit la parole» de Jésus, mais ensuite elle prit en main la situation en disant aux serviteurs: «Faites ce qu’il vous dira». En revanche, en cette circonstance, c’est Jésus qui prend en main la situation: «Femme, voici ton fils». Et à ce moment, Marie «devient mère une nouvelle fois». C’est-à-dire que sa maternité, «s’élargit dans la figure de ce nouveau fils, elle s’élargit à toute l’Église et à toute l’humanité». Et nous, aujourd’hui, nous ne pouvons pas «penser à Marie sans l’imaginer comme une mère». Et à notre époque où on a le sentiment d’«être orphelins», ce mot «a une grand importance». C’est-à-dire que Jésus dit: «Je ne vous laisse pas orphelins, je vous donne une mère». Un héritage qui est aussi «notre orgueil: nous avons une mère, qui nous protège, qui est avec nous, elle nous protège, elle nous accompagne, elle nous aide, même dans les temps difficiles, dans les moments durs».

Pour mieux étayer sa réflexion, le Pape a rappelé la tradition des antiques moines russes, qui «dans les moments de troubles spirituels» disent que nous devons nous réfugier «sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu». Un conseil qui trouve confirmation dans la «première antienne latine mariale: Sub tuum praesidium confugimus»; dans cette première prière nous trouvons la «mère qui nous accueille, qui nous protège et qui prend soin de nous». Mais «nous pouvons dire que cette maternité de Marie va au-delà» et qu’elle est «contagieuse». En effet, en reprenant les méditations de l’antique «abbé du monastère de l’Étoile, Isaac», nous pouvons nous rendre compte qu’au-delà de la «maternité de Marie» il y a aussi «une deuxième maternité», celle «de l’Église», «notre “sainte mère l’Église”, qui nous engendre dans le baptême, nous fait croître dans sa communauté» et elle a les comportements propres à la maternité: «la douceur, la bonté: notre mère Marie et la mère Église savent caresser leurs enfants, elles leur donnent de la tendresse».

C’est une caractéristique fondamentale: penser en effet l’Église sans cette maternité, revient à penser «à une association rigide, une association sans chaleur humaine, orpheline». L’Église, en revanche, «est mère et nous reçoit comme une mère: Marie mère, l’Église mère».

Ce n’est pas tout. C’est encore l’abbé Isaac qui ajoute un autre détail qui pourrait “scandaliser”, c’est-à-dire que «notre âme aussi est mère», en nous aussi est présente une maternité «qui s’exprime par des attitudes d’humilité, d’accueil, de compréhension, de bonté, de pardon et de tendresse».

Chacune de ces maternités provient des «paroles de Jésus à sa mère» qui était sous la croix. Et là où la maternité est présente «on trouve la vie, la joie, la paix, on grandit en paix», au contraire, quand celle-ci manque, il ne reste que «la rigidité, la discipline», et «on ne sait pas sourire». D’où l’invitation à penser, que «l’une des plus belles choses de l’être humain est de sourire à un enfant et de le faire sourire».

En appliquant pour finir la méditation à la célébration eucharistique, le Pape a conclu: «A présent nous célébrons le mémorial de la Croix, Jésus vient ici et une autre fois, il renouvelle son sacrifice pour nous et sa Mère», dans le sacrifice eucharistique, ils sont présents tous les deux «bien que d’une manière différente: la mère spirituellement, lui réellement». La prière au Seigneur est qu’il «nous fasse entendre aujourd’hui aussi», au moment où «une nouvelle fois il s’offre au Père pour nous», les paroles: «Fils, voici ta mère!».

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