Pain de vie et Parole qui sauve

Ce vendredi 20 avril, le Saint-Père effectue une visite pastorale dans le sud-est de l’Italie,  pour rendre hommage à un évêque italien décédé il y a vingt-cinq ans et  très populaire dans le Pouilles, Mgr Tonino Bello qui se distingua en raison de son engagement pour la paix et auprès des plus pauvres.
Don Tonino Bello
Don Tonino Bello

Le Pape François s’est recueilli sur la tombe de don Antonino, louant ses mérites dans son diocèse de naissance, avant de rejoindre en hélicoptère sa terre de mission dans le diocèse de Molfetta-Ruvo-Giovinazzo-Terlizzi, dont il fut le premier évêque. Le Pape a célébré la messe dans le port de Molfetta, réaffirmant l’importance pour les chrétiens du «Pain de vie et de la Parole qui sauve», deux éléments clé de la vie chrétienne.

L’Eucharistie n’est pas un rite

Jésus s’offre à nous comme «Pain de vie» en nous disant «mangez ma chair et buvez mon sang». Cela signifie qu’il est essentiel pour les chrétiens d’entrer dans une relation vitale, personnelle avec Lui. L’Eucharistie n’est pas «un beau rite, mais une communion la plus intime, la plus concrète et le plus surprenante qu’on puisse imaginer avec Dieu : une communion d’amour tellement réelle qu’elle prend la forme de nourriture.»

C’est de là que la vie chrétienne repart chaque jour. «Sans ce Pain de vie, tous les efforts de l’Église sont vains», et le pape cite Mgr Bello : «les œuvres de charité ne suffisent pas, s’il manque la charité aux œuvres.»

Le rêve d’une Église affamée du Christ, intolérante à la mondanité

Qui se nourrit du Pain assimile la mentalité du Seigneur. Il devient comme Lui, du «Pain rompu qui ne se gonfle pas d’orgueil mais qui se donne aux autres», ce que fit don Antonino, un  «évêque-serviteur». Il rêvait d’une église «affamée du Christ et intolérante à toute mondanité» qui «faisait voir le corps du Christ dans les tabernacles incommodes de la misère, de la souffrance et de la solitude.»

Pour don Antonino, l’eucharistie n’était pas sédentaire. Si on ne se levait pas de table, elle restait un sacrement incomplet, jugeait-il. Il fallait donc agir. Et l’évêque des Pouilles se mobilisa pour la paix. Pour lui, la paix ne peut advenir si chacun mange dans son coin. La paix est «convivialité », «un visage à découvrir, contempler et caresser».

Quitter la perplexité

Avec le Pain, la Parole qui sauve. Le Pape met en garde contre les personnes qui sont paralysées par des discussions sans fin sur les paroles de Jésus, au lieu d’être prêts à accueillir le changement de vie qu’Il demande.

Pour don Tonino, la période de Pâques était d’ailleurs propice aux fidèles pour qu’ils passent des paroles aux actes. Il encourageait ainsi les «spécialistes de la perplexité » et autres « comptables pédants des pro et antis». Et en effet on ne répond pas à Jésus selon des calculs et convenances momentanées, mais avec un «si» pour toute la vie. «Il ne cherche pas nos réflexions mais notre conversion.»

Pour reprendre l’expression de Mgr Bello, le Christ nous demande de nous relever, et ne sortir de nos espaces rassurants pour se mettre au service des autres, et devenir malgré nos incertitudes et nos problèmes des «sirènes de la joie», porteurs de l’espérance pascale, sans jamais se résigner, docilement.

C’est ce que fait la Parole de Dieu, conclut le Pape François, «elle libère, redresse, fait aller de l’avant, humbles et courageux à la fois. Elle ne fait pas de nous des protagonistes affirmés et des champions de notre propre bravoure, mais des témoins authentiques de Jésus dans le monde.»

l’évangélisation ne se fait pas dans un fauteuil

C’est l’Esprit Saint qui pousse les chrétiens à l’évangélisation qui se bâtit sur trois verbes-clés : lève-toi, approche-toi et pars de la situation concrète.

 

Tous les chrétiens ont «l’obligation» et la «mission» d’évangéliser, en demandant la grâce d’être des «auditeurs de l’Esprit» pour «être en sortie», démontrant leur « proximité envers les gens» en partant non de la théorie mais de leur situation. C’est le sens de l’homélie du Pape François lors de la messe ce jeudi 19 avril à la Maison Sainte-Marthe au Vatican.

Léon Gérome (1824–1904) Dernière prière de Chrétiens Martyrs (détail)
Léon Gérome (1824–1904) Dernière prière de Chrétiens Martyrs (détail)

Après le martyr d’Étienne, une vague de persécutions s’abattit sur les chrétiens, poussant, au final, les disciples à aller «au-delà».

«Comme il le fait avec les graines des plantes, le vent les a pris et semé, ainsi c’est arrivé jusqu’ici: ils sont allés au delà, avec la semence de la Parole, et ils ont semé la Parole de Dieu… Ainsi, à partir d’une persécution, d’un vent, les disciples ont apporté l’évangélisation. Et ce passage des Actes des Apôtres que nous avons lu aujourd’hui est d’une grande beauté … C’est un vrai traité d’évangélisation. Ainsi le Seigneur évangélise. Ainsi annonce le Seigneur, c’est ainsi que le Seigneur veut que nous évangélisions.»

Évangélisateurs parfois jusqu’au martyre

«L’évangélisation n’est pas un plan de prosélytisme bien fait: « Allons-y et faisons tant de prosélytes, là-bas… » Non … À l’origine, c’est l’Esprit Saint qui conduit chacun des disciples. Au début il dit : lève-toi et va. Ce n’est pas une évangélisation de fauteuil.» Des hommes et des femmes ont quitté leur patrie et leur famille pour aller vers des terres lointaines porter la parole de Dieu. «Ils n’étaient pas préparés physiquement, parce qu’ils n’avaient pas les anticorps pour résister aux maladies de ces terres,» ils mouraient jeunes ou «martyrisés».

Le Pape a enfin expliqué qu’aucun «vademecum de l’évangélisation» ne sert mais qu’il faut être «proche» pour regarder ce qu’il se passe.

«Vous ne pouvez pas évangéliser en théorie. L’évangélisation est un peu un corps à corps, de personne à personne. On part de la situation, pas des théories. Et on annonce Jésus-Christ, et le courage de l’Esprit pousse à baptiser. Allez, allez, allez, jusqu’à ce que vous sentiez que votre travail soit terminé. C’est ainsi que l’évangélisation est faite. Ces trois mots sont la clé pour nous tous les chrétiens, nous devons évangéliser avec notre vie, avec notre exemple, et aussi avec notre parole. « Lève-toi, lève-toi »; « sois proche »: proximité; et « pars de la situation », le concret. Une méthode simple, mais c’est la méthode de Jésus, Jésus évangélisa ainsi. Toujours en chemin, toujours sur la route, toujours proche des gens, toujours parti de situations concrètes, du concret. Il n’est possible d’évangéliser qu’avec ces trois attitudes, mais sous la puissance de l’Esprit. Sans l’Esprit, même ces trois attitudes ne servent pas. C’est l’Esprit qui nous pousse à nous lever, à nous approcher et à partir de situations concrètes.»

le Seigneur appelle personnellement lors du baptême

Lors de l’audience générale de ce mercredi matin, tenue sur la Place Saint-Pierre, le Pape François a poursuivi son enseignement sur la baptême, en rappelant que ce rite fait sortir le chrétien de l’anonymat. Que l’on soit baptisé dans sa petite enfance ou dans sa maturité, par choix personnel, il s’agit toujours d’un rite qui ouvre à une expérience personnelle de la relation avec Dieu.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 18 avril 2018


Frères et sœurs, la signification du baptême ressort clairement dans sa célébration. D’abord, le nom du candidat est demandé. Dieu, en effet, nous appelle chacun par notre nom, il nous aime dans le concret de notre vie. Le baptême initie une vocation personnelle à vivre en chrétien et implique une réponse personnelle.

Dieu ne cessera de prononcer notre nom durant toute notre vie, faisant résonner en nous son appel à devenir semblable à son Fils. Les catéchumènes adultes expriment eux-mêmes leur désir d’entrer dans l’Église alors que les enfants sont représentés par leurs parents, parrain et marraine.

Le rite se poursuit, pour les enfants, par le signe de la croix, le signe de l’amour de Jésus, qui est marqué sur leur front. Les catéchumènes adultes en sont marqués également sur tous leurs sens, sur les oreilles, pour écouter la voix du Seigneur, sur les yeux, pour voir la splendeur du visage de Dieu, sur la bouche, pour répondre à la parole de Dieu, sur la poitrine, pour que le Christ habite par le moyen de la foi dans les cœurs, sur les épaules, pour soutenir le joug suave du Christ.

La préparation des parents, dans le cas des baptêmes d’enfants, ou la formation des catéchumènes dans les cas de baptêmes d’adolescents ou d’adultes, doit permettre de réveiller une foi sincère en réponse à l’Évangile. La croix est notre signe distinctif : on devient chrétien dans la mesure où la croix s’imprime en nous, rendant visible, même extérieurement, notre manière d’affronter la vie.

Le baptême est le sacrement de cette foi avec laquelle les hommes, illuminés par la grâce de l’Esprit Saint, répondent à l’Évangile du Christ. – Seigneur, offre-moi le don de la foi.

Frères et sœurs, en faisant le signe de la croix quand nous nous réveillons, avant les repas, face à un danger, pour nous protéger du mal, le soir avant de dormir, nous exprimons à nous-même et aux autres à qui nous appartenons, à qui nous voulons être. Je vous invite à faire souvent dans la journée le signe de la croix. J’invite les parents à bien enseigner le signe de croix à leurs enfants. Que Dieu vous bénisse !


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Appels pour une économie inclusive et pour la défense de la vie

En évoquant au terme de sa catéchèse la réunion de la Banque mondiale qui aura lieu ce samedi à Washington, le Pape a déclaré encourager «les efforts qui, à travers l’inclusion financière, cherchent à promouvoir la vie des plus pauvres, en favorisant un développement intégral authentique et respectueux de la vie humaine».

Après avoir aussi reçu plus tôt dans la matinée les parents du petit Alfie Evans, le Pape François a également relancé son appel de défense de la vie, déjà exprimé dimanche dernier lors de la prière du Regina Coeli :

«J’attire de nouveau l’attention sur Vincent Lambert et le petit Alfie Evans, et je voudrais rappeler et fortement confirmer que l’unique maître de la vie, du début jusqu’à la fin naturelle, est Dieu ! Et notre devoir est de tout faire pour prendre soin de la vie. Pensons en silence et prions afin que soit respectée la vie de toutes les personnes et spécialement celle de nos deux frères. Prions en silence.»

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