« Seul l’amour donne sens et bonheur à la vie », telle est« la règle d’or que Dieu a inscrite dans la nature humaine » a dit le Pape François lors de l’angélus du 3 septembre 2017.
« Dépenser ses talents, ses énergies et son temps seulement pour se sauver, se protéger et se réaliser soi-même, conduit en réalité à se perdre, c’est-à-dire à une existence triste et stérile. »
« Si au contraire nous vivons pour le Seigneur et fondons notre vie sur l’amour, comme l’a fait Jésus, nous pourrons savourer la joie authentique et notre vie ne sera pas stérile, elle sera féconde. »
Face à « la tentation de vouloir suivre un Christ sans croix », le Pape a encouragé « à ne pas nous laisser absorber par la vision de ce monde, mais à être toujours plus conscients de la nécessité et de la peine pour nous chrétiens d’avancer à contre-courant et en côte. »
Le pape François a à nouveau exprimé sa solidarité pour les victimes de la tempête Harvey, aux États-Unis, qui a fait une cinquantaine de morts et plus d’un million de déplacés dans l’État du Texas.
« Je désire exprimer ma vive participation aux souffrances des habitants du Texas et de la Louisiane, touchés par un ouragan et par des pluies exceptionnelles, qui ont fait des victimes, des milliers de déplacés et des dégâts matériels considérables. »
« Je demande à la Très Sainte Vierge Marie consolatrice des affligés, qu’elle obtienne du Seigneur la grâce du réconfort pour nos frères durement éprouvés. »
Le Pape a aussi renouvelé sa « proximité spirituelle aux populations de l’Asie méridionale, qui souffrent encore des conséquences des inondations ». La mousson a fait plus d’un millier de morts notamment en Inde, au Bangladesh et au Népal.
“Ce qui me frappe le plus dans l’Église : sa sainteté féconde, ordinaire”: le pape François cite implicitement Malègue et explicitement Millet. On perçoit aussi un docteur de L’Église… Thérèse de Lisieux, dans son livre entretien avec le chercheur français Dominique Wolton.
“Politique et société” (Ed. de L’Observatoire) sort en librairie en France le 6 septembre et Le Figaro Magazine (pp. 37-42) a publié des extraits ce 1er septembre 2017.
Sur un ton qui rappellerait aussi le « Ce qui m’étonne, dit Dieu » de Péguy, le pape témoigne : « Il y a tellement de sainteté. C’est un mot que je veux utiliser dans l’Église aujourd’hui, mais au sens de la sainteté quotidienne, dans les familles… Et ça, c’est une expérience personnelle. Quand je parle de la sainteté ordinaire, que j’ai appelée autrefois la « classe moyenne » de la sainteté… vous savez ce que cela m’évoque ? L’Angélus de Millet. C’est cela qui me vient à l’esprit. La simplicité de ces deux paysans qui prient. »
« Un peuple qui prie, un peuple qui pèche, et puis se repent de ses péchés », ajoute le pape du Jubilé de la Miséricorde.
Et le pape de la « tolérance zéro » pour les péchés les plus graves des clercs perçoit de façon aiguë un socle de sainteté cachée et réelle: « Il y a une forme de sainteté cachée dans l’Église. Il y a des héros qui partent en mission. Vous, les Français, vous avez fait beaucoup, certains ont sacrifié leur vie. Ce qui me frappe le plus dans l’Église : sa sainteté féconde, ordinaire. Cette capacité de devenir un saint sans se faire remarquer. »
Le pape invoque l’ecclésiologie du Concile Vatican II, ancrée dans le baptême, le sacerdoce « commun » de tous les baptisés, que sert le sacerdoce ministériel. Le Code de droit canon de 1983 a opéré un renversement de l’ordre des chapitres par rapport à 1917 en plaçant en premier le Peuple de Dieu. Le pape lui-même répète : « L’Église, c’est le peuple. »
« Il y a les péchés des dirigeants de l’Église, qui manquent d’intelligence ou se laissent manipuler. Mais l’Eglise, ce ne sont pas les évêques, les papes et les prêtres. L’Église, c’est le peuple. Et Vatican II a dit : « Le peuple de Dieu, dans son ensemble, ne se trompe pas. » Si vous voulez connaître l’Église, allez dans un village où se vit la vie de l’Église. Allez dans un hôpital où il y a tant de chrétiens qui viennent aider, des laïcs, des sœurs… »
Et il confie son admiration pour la « révolution » des missionnaires, avec ce maître mot « servir »: « Allez en Afrique où l’on trouve tant de missionnaires. Ils brûlent leur vie là-bas. Et ils font de vraies révolutions. »
Dieu donne le plus grand commandement à Moïse, fragment d’une bible, fin du XIIIe siècle, musée Charles VII, Mehun-sur-Yèvre
Le thème de la Loi de Dieu, de son commandement, c’est un élément essentiel de la religion juive ainsi que de la religion chrétienne, dans laquelle il trouve son plein accomplissement dans l’amour (cf. Rm 13, 10). La loi de Dieu est sa parole qui guide l’homme sur le chemin de la vie, le fait sortir de l’esclavage de l’égoïsme et l’introduit dans la « terre » de la vraie liberté et de la vie.
C’est pourquoi dans la Bible, la loi n’est pas considérée comme un poids, une limite qui opprime, mais comme le don le plus précieux du Seigneur, le témoignage de son amour paternel, de sa volonté de rester proche de son peuple, d’être son allié et d’écrire avec lui une histoire d’amour. Le juif pieux prie ainsi : « Je trouve en tes volontés mes délices, je n’oublie pas ta parole. (…) Guide-moi au chemin de tes commandements, car j’ai là mon plaisir » (Ps 119, 16.35).
Dans l’Ancien Testament, celui qui transmet au nom de Dieu la Loi au peuple, c’est Moïse. Après un long chemin dans le désert, au seuil de la terre promise, il s’exclame : « Et maintenant, Israël, écoute les lois et les coutumes que je vous enseigne aujourd’hui pour que vous les mettiez en pratique: afin que vous viviez, et que vous entriez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne Yahvé le Dieu de vos pères » (Dt 4, 1).
Et voilà le problème : lorsque le peuple est établi sur sa terre et qu’il est dépositaire de la Loi, il est tenté de placer sa sécurité et sa joie dans quelque chose qui n’est plus la parole du Seigneur : dans les biens, le pouvoir et d’autres « divinités » qui en réalité sont vaines, qui sont des idoles.
Certes, la Loi de Dieu reste, mais elle a cessé d’être la chose la plus importante, la règle de la vie ; elle devient plutôt un revêtement, une couverture, pendant que la vie suit d’autres voies, d’autres règles, des intérêts individualistes ou de groupes souvent égoïstes.
Et la religion perd ainsi sa signification authentique qui consiste à vivre à l’écoute de Dieu pour faire sa volonté — qui est la vérité de notre être — et donc pour vivre bien, dans la véritable liberté, et elle se réduit à des pratiques et des usages secondaires qui satisfont plutôt le besoin humain de se sentir en règle avec Dieu.
Et ceci est un risque grave dans toutes les religions, que Jésus a rencontré à son époque mais que l’on peut aussi retrouver, malheureusement, dans la chrétienté. C’est pourquoi les paroles que Jésus prononce dans l’Évangile d’aujourd’hui contre les scribes et les pharisiens, doivent nous faire réfléchir nous aussi.
Jésus fait siennes les paroles du prophète Isaïe : « Ce peuple m’honore des lèvres ; mais leur cœur est loin de moi. Vain est le culte qu’ils me rendent, les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes humains » (Mc 7, 6-7 ; cf Is 29, 13). Et il conclut ensuite : « Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes » (Mc 7, 8).
L’apôtre Jacques lui aussi, dans sa Lettre, met en garde contre le danger d’une fausse religiosité. Il écrit aux chrétiens : « Mettez la Parole en pratique. Ne soyez pas seulement des auditeurs qui s’abusent eux-mêmes ! » (Jc 1, 22).
Que la Vierge Marie, à laquelle nous nous adressons à présent en prière, nous aide à écouter d’un cœur ouvert et sincère la Parole de Dieu, pour qu’elle oriente nos pensées, nos choix et nos actions de chaque jour.
En cette période de rentrée, je m’adresse à vous, chers écoliers et élèves qui commencez une nouvelle année scolaire. Il est beau et nécessaire d’apprendre. Faites-le de bon cœur. Puissiez-vous découvrir aussi la joie de l’amitié ! Le temps pour le sport et pour les loisirs est important, mais le temps pour la famille et pour Dieu est plus important encore. Vos parents et vos professeurs doivent en favoriser le juste équilibre. Je vous bénis tous de grand cœur.
Le Pape émérite BENOÎT XVI – ANGÉLUS – Castel Gandolfo – dimanche 2 septembre 2012