Frères et sœurs, une des conséquences de ce qu’on appelle le « bien être » est de conduire les personnes à se replier sur soi, les rendant insensibles aux besoins d’autrui. Parmi les œuvres de miséricorde se trouve le devoir de donner à manger à celui qui a faim et à boire à celui qui a soif. Il est certes important de participer aux campagnes de solidarité qui nous sont proposées. Cependant, cette forme de charité ne nous implique pas directement, comme lorsque nous rencontrons dans la rue une personne dans le besoin ou qu’un pauvre frappe à notre porte. Quelle est alors ma réaction ? Est-ce que je détourne le regard ou bien est-ce que je m’intéresse à son état et prend le temps de lui parler ? Si elle n’est pas suivie par les œuvres notre foi est morte. Alors que, chaque jour, à côté de l’abondance et du gaspillage se répète l’expérience de ceux qui ont faim, nous ne pouvons pas déléguer à d’autres : ce pauvre que je rencontre a besoin de moi, de mon aide, de ma parole et de mon engagement.
Chers frères, le peu que nous avons, si nous le remettons dans les mains de Jésus en le partageant aux autres avec foi, devient une richesse surabondante. Par notre générosité n’ayons pas peur d’être, pour nos frères, la révélation de la miséricorde du Père.
Le bon pasteur qui suit Jésus, et non le pouvoir, ou l’argent, même s’il est abandonné de tous, aura toujours le Seigneur à ses côtés, il sera désolé, mais jamais triste : c’est ce qu’a affirmé le Pape dans son homélie, au cours de sa messe quotidienne, à la chapelle de la Maison Sainte Marthe.
Commentant la seconde lettre à Timothée, le Pape s’est arrêté sur la fin des apôtres qui, comme St Paul vers la fin de sa vie, expérimentent la solitude dans les difficultés : spoliés, victimes d’acharnement et abandonnés:
« Seul, mendiant, victime d’acharnement, abandonné. Mais il s’agit pourtant du grand St Paul , celui qui a entendu la voix et l’appel du Seigneur ! Celui qui a tant voyagé, qui a souffert tant de choses et tant d’épreuves pour l’annonce de l’Évangile, celui qui a fait comprendre aux Apôtres que le Seigneur voulait que les Gentils aussi puissent faire partie de l’Église, le grand Paul, qui dans la prière, est monté jusqu’au septième Ciel, et a entendu des choses que personne n’avait entendues auparavant, le grand Paul qui, dans la petite chambre d’une maison ici à Rome, qui a attendu comme se terminerait cette lutte interne à l’Église, entre les rigidités des « judaïsants » et les disciples qui lui étaient restés fidèles. Et c’est ainsi que prend fin la vie du grand Paul : non dans le ressentiment ou l’amertume, mais bien dans la désolation intérieur.e »
St Pierre et St Jean-Baptiste vécurent également la même chose : Jean-Baptiste, qui « seul et angoissé dans sa cellule » envoya ses disciples demander à Jésus s’il était le Messie, et finit par être décapité, en raison « du caprice d’une danseuse, et de la vengeance d’une adultère ». Même expérience pour Maximilien Kolbe, « qui avait créé un mouvement apostolique dans le monde entier », et qui mourut, seul, dans un camp de concentration. « L’apôtre, quand il est fidèle, ne s’attend pas à une fin différente de celle de Jésus ». Mais le Seigneur reste proche, « il ne le laisse pas, et c’est en Lui que le disciple trouve sa force. » « C’est la Loi de l’Évangile : si le grain semé en terre ne meurt pas, il ne porte pas de fruit. » Car vient ensuite la Résurrection. Un théologien des premiers siècles, Tertullien disait en effet que le sang des martyrs était semence des chrétiens :
« Mourir comme martyrs, comme témoins de Jésus est comme le grain qui meurt, donne du fruit et remplit la terre de nouveaux chrétiens. Quand le pasteur vit ainsi, il n’est pas triste : il éprouve peut-être la désolation, mais il a cette certitude que le Seigneur est à ses côtés. Mais quand le pasteur, dans sa vie, s’occupe d’autres choses qui ne sont pas ses fidèles, -s’il s’attache par exemple au pouvoir, à l’argent, à tant d’autres choses-, à la fin, il ne sera pas seul. Il y aura peut-être des petits enfants, qui attendront qu’il meure, pour voir ce qu’ils pourront prendre pour eux. »
Et le Pape a terminé ainsi son homélie :
« Quand je me rends en visite dans une maison de repos où se trouvent des prêtres âgés, j’en vois tant parmi eux, de bons prêtres, qui ont donné leur vie pour leurs fidèles. Et ils sont là, malades, paralysés, en chaise roulante, mais on voit tout de suite leur sourire. ‘Tout va bien Seigneur, tout va bien Seigneur’, disent-ils, car ils sentent le Seigneur proche d’eux. Et ils demandent, les yeux brillants : ‘Comment va l’Église? Comment va le diocèse? Comment vont les vocations?’ Jusqu’à la fin, parce qu’ils sont pères, parce qu’ils ont donné leur vie pour les autres. Mais revenons à St Paul. Seul, mendiant, victime d’acharnement, abandonné de tous, mais non de Jésus : ‘seul le seigneur m’a assisté !’ Et le bon pasteur, le pasteur doit avoir cette certitude : s’il marche sur le chemin de Jésus, il lui sera proche, jusqu’à la fin. Prions pour les pasteurs qui sont à la fin de leur vie, et qui attendent que le Seigneur les prenne avec Lui. Prions pour que Dieu leur donne la force, la consolation et certitude que, bien qu’ils se sentent malades et seuls, le Seigneur est avec eux, proche d’eux. Que le Seigneur leur donne la force. »
Le cardinal Leonado Sandri a passé trois jours en Jordanie, du 14 au 16 octobre. Le préfet de la Congrégation pour les Églises orientales avait été nommé envoyé spécial pour représenter le Pape François lors de la réouverture du sanctuaire mémoriel de Moïse sur le mont Nebo. La journée de dimanche a été particulièrement riche. Accompagné du nonce apostolique pour l’Irak et la Jordanie,, ainsi que le directeur de Caritas Jordanie, le cardinal argentin a d’abord visité l’hôpital italien d’Amman où il a pu s’entretenir avec des patients syriens pris en charge par la structure.
Le cardinal Sandri s’est ensuite rendu à la paroisse de Marqa où il a pu rencontrer la communauté chaldéenne avant de s’arrêter à la paroisse grecque-melkite de Madaba où a été créé un atelier de mosaïques, employant des réfugiés irakiens. Le cardinal a pris le temps d’écouter leur récit, celui de leur exode d’Irak et leur volonté de vivre dans un lieu sûr.
Ce n’est qu’en fin d’après-midi que le préfet de la Congrégation pour les Églises orientales s’est rendu sur le mont Nébo, là où, selon la Bible, Dieu a fait voir la Terre Promise à Moïse, avant qu’il ne meure. Le cardinal a béni l’autel du séminaire et présidé une messe. Lors de son homélie, il a souligné que « Moïse avait compris que Dieu était le Dieu de la vie et de l’histoire, et que l’on peut être grand et avoir du charisme sans être pour autant un protagoniste, mais accompagner Dieu sur le seuil, comme Moïse le fit sur cette montagne. » Le cardinal Sandri a aussi demandé au Seigneur d’accompagner les jeunes générations de ce « Moyen-Orient bien-aimé », « qu’elles puissent être accompagnées sur le seuil d’une existence de paix dans leurs pays, dans la coexistence pacifique entre les religions et les cultures, dans une course réciproque à la charité et à la construction du Bien commun, et plus jamais à la violence, l’oppression et la négation de la liberté fondamentale qui est de professer librement sa foi. »