EUCHARISTIE MÉDITÉE 22

EUCHARISTIE MÉDITÉE 22

Solitude, repos, loi d’amour.

Je la conduirai dans la solitude et je parlerai à son cœur. Osée 2, 16

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

22e ACTION DE GRÂCES.

O Jésus, hôte divin du tabernacle, Dieu caché dans votre Eucharistie, je vous adore dans le fond de mon cœur. Vous voulez aussi y être seul, ô bien-aimé, et qu’il soit comme un jardin fermé où nul autre que vous ne puisse pénétrer.

Ce que vous voulez, je le veux aussi, Seigneur, mais je ne le puis sans le secours de votre sainte grâce. Daignez donc faire vous-même le vide dans ce cœur où vous n’avez pas dédaigné de descendre.

Embellissez cette solitude, elle est aride, c’est le désert, vous n’y trouverez que des ronces et des épines, brûlez-les au feu de votre amour, faites croître à leur place les vertus qui vous sont chères, et faites-y couler avec abondance l’eau vivifiante de votre grâce, qui seule peut faire produire les fruits de salut et de vie.

Recueillez en vous, ô Jésus, toutes les puissances de mon âme, afin qu’elle puisse s’entretenir seule à seule avec vous, et ne rien perdre des heureux, mais trop courts instants où elle a le bonheur de vous recevoir.

Que le monde disparaisse pour moi, que ses vains bruits ne viennent pas troubler la douce paix donc je jouis avec vous ; que toutes les créatures s’effacent de mon souvenir et me laissent au moins quelques instants jouir de mon Créateur et être tout à lui.

Que les préoccupations de la vie présente, les soucis, les agitations qui si souvent troublent mon cœur, s’évanouissent aussi en présence du Dieu de l’éternité, de ce Dieu qui est à la fois mon premier principe et ma dernière fin.

Vous le savez, ô Jésus, mon âme n’aspire qu’à vous, elle ne désire, elle ne veut, elle ne cherche que vous. Tout ce qui n’est pas vous ne saurait la satisfaire, et le monde est pour elle un désert où elle se consume dans la douleur et dans les larmes.

Vous l’avez faite pour vous, cette âme, ô mon Dieu, pour vous seul; vous avez mis en elle un vide que rien ne peut combler, des aspirations que je puis appeler infinies puisqu’elles s’élèvent sans cesse vers vous comme vers le seul objet capable de la satisfaire et d’étancher la soif qui la dévore.

Hélas! vous le savez, Seigneur, que de fois séduite par de trompeuses apparences, entraînée par de vaines illusions, n’a-t-elle pas demandé aux créatures ce bonheur qu’elle ne peut trouver qu’en vous? Combien de fois ne leur a-t-elle pas donné une trop large place dans son cœur, et prodigué un amour dont vous étiez jaloux et qu’elle devait réserver pour vous seul?

Mais soyez-en à jamais béni; toujours votre divine jalousie est venue se placer entre mon cœur et les objets qui vous le disputaient, et toujours votre miséricordieux amour a permis que je ne rencontre qu’amertume, déceptions, oubli, indifférence, ingratitude, là où j’avais cru ou espéré trouver le bonheur.

Et maintenant, ô mon Dieu, j’ai vécu. Les rêves, les illusions de la jeunesse se sont évanouis comme un songe fugitif qui laisse à peine un faible souvenir. La vie a passé sur mon âme avec toutes ses tristesses et ses douleurs ; chaque année a marqué son passage par quelque nouvelle douleur, quelque nouvelle séparation.

En jetant mon regard en arrière, je ne vois plus que des ruines, que des tombes refermées sur les êtres que j’ai le plus aimés. Le vide, l’isolement s’est fait autour de moi et se fait chaque jour de plus en plus en moi.

Désabusée de tout, mon âme ne demande plus rien aux créatures, elle ne cherche plus ni le repos, ni le bonheur ici-bas, ses espérances s’élèvent plus haut que la terre, et plus encore mon âme se détache de ce monde où tout passe, où tout finit, où bientôt j’aurai passé moi-même sans y laisser autre chose qu’un léger souvenir dans le cœur de quelques amis, souvenir qui s’effacera bientôt, qui passera avec ceux qui me le garderont pour laisser poser sur ma tombe ce voile de l’oubli qui s’étend sur celles de tous ceux qui nous ont précédés dans la vie.

Plus, dis-je, je me détache de ce monde périssable, plus je sens mes espérances grandir et se fortifier, plus je me sens fait pour cette autre vie dont j’entrevois l’aurore dans un prochain avenir. Déjà j’entrevois les radieuses splendeurs du beau jour de l’éternité, et je salue d’avance cette terre de la vraie patrie où rien ne change, où tout est stable, permanent, éternel.

Mais c’est surtout près de votre cœur, ô Jésus, et dans une union intime avec vous, que mon espérance se fortifie, car vous n’êtes pas seulement, Seigneur, l’appui de mon espérance, vous êtes vous-même le bien que j’espère. N’êtes-vous pas le Ciel auquel j’aspire, la vie dont je veux vivre, le bonheur dont je suis affamé, l’amour que je veux éternellement aimer?

Et quand dans votre Eucharistie vous vous donnez à moi, quand vous venez par votre adorable présence adoucir les tristesses de mon long exil, consoler ses douleurs, comment n’espérerais-je pas de votre amour et de votre miséricorde que vous ne me refuserez pas dans l’éternité ce que déjà vous m’aviez si souvent donné sur la terre?

Oui, oui, ô Jésus, je l’espère de votre infinie bonté, vous êtes à moi dans le temps, vous serez encore à moi dans l’éternité. Ici vous vous donnez à moi sous les voiles de cet adorable mystère, je ne vous entrevois qu’à travers les ombres de la foi, mon âme appesantie par les liens qui l’unissent à mon corps ne vous connaît qu’imparfaitement, ne vous aime que faiblement.

Mais le moment approche, et je soupire après lui, comme le prisonnier soupire après l’heure de sa délivrance, où votre main brisera les liens qui retiennent mon âme loin de vous, où vous lèverez tous les voiles, où vous permettrez enfin à la pauvre exilée de la terre de s’abreuver à longs traits aux sources de l’éternel amour, de s’y perdre, de s’y abîmer et de jouir sans crainte de les perdre jamais des inénarrables délices de l’éternelle communion du ciel.

Soyez béni, Seigneur, de m’accorder avant ce suprême bonheur, celui de m’approcher de vous dans votre Eucharistie, de pouvoir m’y unir à vous par la plus intime, la plus sainte de toutes les unions. Là je jouis de vous, ô bien-aimé Sauveur, là je vous trouve seul à seul, je puis épancher mon âme à vos pieds, reposer mon cœur si souvent fatigué des luttes, des orages, des douleurs de la vie sur votre cœur adorable.

Je puis m’entretenir cœur à cœur avec vous dans le silence et le recueillement de cette divine solitude, préférable mille fois à ces fêtes, à ces réunions brillantes dont le monde est avide, qui étourdissent et laissent le cœur vide et sans consolation.

Auprès de vous, ô Jésus, mon âme reprend des forces, elle y puise un nouveau courage pour supporter les épreuves et le poids de la vie; vous lui communiquez une vigueur toute divine qui lui rend plus facile la pratique de la vertu et l’accomplissement du devoir, car vous devenez vous-même ma force, ma lumière et ma vie.

Et puis, ô mon Sauveur, je puis encore à chaque instant du jour vous retrouver dans la solitude de votre tabernacle; rien ne m’interdit l’entrée de votre temple, il est pour moi l’oasis au milieu du désert.

Quand la lassitude s’empare de mon âme, elle peut toujours venir se reposer à vos pieds; quand elle se sent comme desséchée par cette poussière du monde qui s’attache à elle, parce que l’air que nous respirons en est imprégné, elle peut venir à vous qui la faites tomber et qui la lavez et la rafraîchissez avec l’eau de votre divine grâce.

Enfin quand elle est troublée, découragée, quand la douleur la presse, c’est encore auprès de vous qu’elle retrouve la paix, le courage, que ses larmes perdent leur amertume et qu’elle comprend cette divine parole: Bienheureux ceux qui pleurent!

O Marie, vierge immaculée, vous dont le chaste sein fut la première et la plus douce solitude de Jésus; vous qui pendant neuf mois avez possédé seule le trésor et la joie du ciel et qui pendant ce long espace de temps avez reçu du divin solitaire tous les trésors de son amour, et qui êtes entrée en participation de sa vie divine en échange de la vie naturelle qu’il recevait de vous, obtenez-moi l’amour de la solitude intérieure, l’esprit de silence et de recueillement.

Apprenez-moi à attirer Jésus en moi, à l’y retenir, à l’y fixer. Ornez-vous même, ô ma tendre Mère, cette solitude de mon âme si aride, si dénuée de tout ce qui peut la lui rendre agréable, faites-y croître les fleurs de ces humbles et petites vertus dont le parfum lui plaît et qui charment son divin cœur.

Vous êtes riche, ô ma Mère, ayez pitié de l’indigence de votre enfant, faites-le participer à l’humilité, à la douceur, à la pureté, à la charité de votre cœur immaculé, afin que Jésus, en reconnaissant dans mon âme l’image bien imparfaite, hélas! des vertus de sa Mère bien-aimée, s’abaisse vers elle, y entre et y fixe à jamais son séjour. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut

Jésus le Bon Pasteur nous attend à bras ouverts

Jésus le Bon Pasteur nous attend à bras ouverts

En ce dimanche consacré à Jésus Bon Pasteur, au Regina Coeli, le Pape François s’est concentrée sur le sens de «donner sa vie» pour ses brebis. Il a insisté sur le fait que, pour le Christ, chacun est irremplaçable et qu’il ne s’agit pas d’une simple figure de style. il nous invite à nous mettre en présence de Jésus et à nous laisser accueillir par Lui.  Journée mondiale de prière pour les vocations, qui a pour thème « Appelés à semer l’espérance et à construire la paix ».

LE PAPE FRANÇOIS

REGINA COELI

Place Saint-Pierre
Quatrième dimanche de Pâques, 21 avril 2024

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Chers frères et sœurs, bon dimanche !

Ce dimanche est dédié à Jésus le Bon Pasteur. Dans l’Évangile d’aujourd’hui (voir Jean 10, 11-18) Jésus dit : « Le bon berger donne sa vie pour ses brebis » (v. 11) et insiste sur cet aspect, au point qu’il le répète trois fois (voir versets 11.15.17). Mais dans quel sens, je me demande, le berger donne-t-il sa vie pour ses brebis?

Être berger, surtout au temps du Christ, n’était pas seulement un métier, c’était toute une vie : il ne s’agissait pas d’avoir un travail temporaire, mais de partager des journées entières, et même des nuits, avec les brebis, vivre – je voudrais dire – en symbiose avec eux. En fait, Jésus explique qu’il n’est pas un mercenaire, qui ne se soucie pas des brebis (voir verset 13), mais celui qui les connaît (voir verset 14) :

Il connaît les brebis. C’est ainsi que Lui, le Seigneur, notre berger à tous, nous connaît, chacun de nous, nous appelle par notre nom et, lorsque nous nous perdons, nous cherche jusqu’à ce qu’il nous trouve (voir Luc 15, 4-5). En savoir plus : Jésus n’est pas seulement un bon berger qui partage la vie du troupeau ; Jésus est le Bon Pasteur qui a sacrifié sa vie pour nous et, ressuscité, nous a donné son Esprit.

C’est ce que le Seigneur veut nous dire avec l’image du Bon Pasteur : non seulement qu’il est le guide, le chef du troupeau, mais surtout qu’il pense à chacun de nous, et nous considère comme l’amour de sa vie.

Pensons-y : je suis important pour le Christ, Il pense à moi, je suis irremplaçable, je vaux le prix infini de sa vie. Et ce n’est pas une façon de dire : il a vraiment donné sa vie pour moi, il est mort et ressuscité pour moi. Pourquoi? Parce qu’il m’aime et trouve en moi une beauté que je ne vois souvent pas.

Frères et sœurs, combien de personnes aujourd’hui se considèrent comme inadéquates ou même dans l’erreur ! Combien de fois pensons-nous que notre valeur dépend des objectifs que nous parvenons à atteindre, de notre réussite aux yeux du monde, du jugement des autres ! Et combien de fois finissons-nous par nous jeter pour de petites choses !

Aujourd’hui, Jésus nous dit que nous valons toujours beaucoup pour lui. Alors, pour nous redécouvrir, la première chose à faire est de nous mettre en sa présence, de nous laisser accueillir et soulever par les bras aimants de notre Bon Pasteur.

Frères et sœurs, demandons-nous : est-ce que je sais trouver chaque jour un moment pour embrasser la certitude qui donne de la valeur à ma vie ? Est-ce que je sais trouver un moment de prière, d’adoration, de louange, pour être en présence du Christ et me laisser caresser par Lui ?

Frère, sœur, le Bon Pasteur nous dit que si vous le faites, vous redécouvrirez le secret de la vie : vous vous souviendrez qu’il a donné sa vie pour vous, pour moi, pour nous tous. Et que nous sommes tous importants pour Lui, chacun de nous et tout le monde.

Que Notre-Dame nous aide à trouver en Jésus ce qui est essentiel à la vie.

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Après le Regina Caeli

Chers frères et sœurs !

Aujourd’hui, nous célébrons la Journée mondiale de prière pour les vocations, qui a pour thème « Appelés à semer l’espérance et à construire la paix ». C’est une belle opportunité de redécouvrir l’Église comme communauté caractérisée par une polyphonie de charismes et de vocations au service de l’Évangile.

Dans ce contexte, j’adresse cordialement mon salut aux nouveaux prêtres du diocèse de Rome, ordonnés hier après-midi dans la Basilique Saint-Pierre. Prions pour eux !

Je continue de suivre avec inquiétude, voire douleur, la situation au Moyen-Orient. Je renouvelle l’appel à ne pas céder à la logique des revendications et de la guerre ; il faut plutôt laisser prévaloir les voies du dialogue et de la diplomatie, ce qui peut faire beaucoup.

Je prie chaque jour pour la paix en Palestine et en Israël et j’espère que ces deux peuples pourront bientôt cesser de souffrir. Et n’oublions pas l’Ukraine tourmentée, cette Ukraine tourmentée qui souffre tant de la guerre.

C’est avec douleur que j’ai appris la nouvelle du décès, accidentel, du Père Matteo Pettinari, un jeune missionnaire de Consolata en Côte d’Ivoire, surnommé le « missionnaire infatigable », qui a laissé un grand témoignage de service généreux. Nous prions pour son âme.

Je vous souhaite une cordiale bienvenue à vous tous, Romains et pèlerins d’Italie et de nombreux pays.
Je vous souhaite à tous un bon dimanche. Et je salue les garçons de l’Immaculée Conception, bravo ! S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et à bientôt !


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EUCHARISTIE MÉDITÉE 21

EUCHARISTIE MÉDITÉE 21

Chute et secours.

Il n’éteindra pas la mèche encore fumante, il ne foulera pas le roseau à demi brisé. Mt 12, 20 ; cf Isaïe 42, 3

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

21e ACTION DE GRÂCES.

Abîmé dans le profond sentiment de mon indignité, je vous adore dans le fond de mon cœur, ô Jésus, Dieu de miséricorde et d’amour, vous que j’ai si souvent abandonné et qui ne dédaignez pas de descendre jusqu’à moi, de vous unir cœur à cœur, âme à âme.

Ah ! j’adore, Seigneur, avec une profonde reconnaissance, la bonté, l’infinie miséricorde de votre cœur adorable, de ce cœur sacré que je sens palpiter auprès du mien et qui fut toujours pour moi celui du père le plus tendre, du frère le plus dévoué, de la mère la plus aimante.

Le souvenir de mes fautes, vous le savez, ô Jésus, me cause une vive, une poignante douleur, mais cette douleur n’altère pas ma confiance en vous. Je gémis de mes égarements, de mes fautes, je les déteste, je les pleure à vos pieds ; mais j’en espère le pardon, bien plus je crois fermement que déjà vous me l’avez accordé, puisque vous avez daigné m’admettre à votre Table sainte.

Je crois que vous avez ratifié dans le ciel, l’absolution que votre ministre a prononcé sur moi. Oh ! qu’il est bien vrai, Seigneur, que votre miséricorde surpasse votre justice, et vous l’avez fait surabonder en moi cette miséricorde, parce que l’iniquité y avait abondé.

Mais, laissez-moi vous le dire, ô Jésus, votre générosité, votre bonté m’accablent; plus vous vous montrez miséricordieux envers moi,  plus vous multipliez vos pardons et les témoignages de votre amour, mieux je comprends mon ingratitude, et plus je me lare-proche.

Oui, je me repens, ô Jésus, de vous avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon et que je vous aime, et c’est parce que vous êtes assez bon pour me pardonner mes fautes. Jusqu’à mon dernier soupir, le cri de mon repentir s’élèvera vers vous avec celui de ma reconnaissance et de mon amour.

Vous avez été réellement pour moi le bon Pasteur, ô Jésus, loin d’abandonner la brebis ingrate et infidèle qui, oublieuse de vos bienfaits, de votre amour, vous fuyait pour aller chercher loin de vous des jouissances mensongères, et mendier auprès des créatures un bonheur qu’elles étaient impuissantes à lui donner.

Vous vous êtes mis à sa poursuite, vous l’avez appelée, cherchée., attendue, avec une infatigable patience, sans vous rebuter de ses délais, de ses résistances, de ses dédains.

Et quand abreuvée d’amertume, de déceptions, de douleurs, vous l’avez vue tomber épuisée et mourante sur cette voie qu’elle avait cru si douce et toujours semée de fleurs, mais où elle avait rencontré tant d’épines et de ronces qui avaient déchiré ses pieds et blessé son cœur.

Quand vous avez vu son regard éteint se tourner vers vous, vous êtes accouru, et malgré ce péché dont elle était souillée, malgré les plaies dont elle était couverte, vous ne l’avez point méconnue.

Et de même qu’une mère reconnaît son enfant sous les haillons de l’indigence et défiguré par les ravages de la maladie, que non seulement elle le reconnaît et n’en a pas horreur, mais qu’elle sent ses entrailles émues d’une tendre compassion, et son cœur plein d’une douloureuse pitié pour celui que la souffrance et la misère semblent lui rendre plus cher encore.

De même, Jésus, vous n’avez pas en horreur les souillures de mon âme. Sa misère ne vous a inspiré qu’une tendre et douloureuse compassion, et loin de l’accabler de vos reproches, de vos mépris, vous vous êtes penché vers elle avec une tendre pitié.

Votre cœur ne lui a fait entendre que des paroles d’espérance et de consolation, puis vous avez pansé ses plaies, et la touchant avec la délicatesse et les précautions d’une mère qui touche le corps endolori de son enfant blessé, vous l’avez prise entre vos bras, ou plutôt, ô mon bien-aimé Sauveur, vous l’avez reçue dans l’ouverture de votre cœur cette pauvre âme, vous l’avez cachée dans ce divin asile, et vous l’avez-ainsi rapportée au bercail.

Et puis, ô mon Sauveur, vous vous êtes réjoui de son retour, comme si cette âme ingrate eût été en quelque sorte nécessaire à votre bonheur, comme si le peu d’amour qu’elle est capable de vous donner pouvait ajouter à votre gloire et étancher cette soif de l’amour de l’homme qui consume votre cœur adorable.

Puis, aussi libéral que vous êtes miséricordieux, vous lui avez rendu les biens dont elle s’était volontairement dépouillée, et qu’elle avait follement dépensés loin de vous.

Bien plus, vous l’avez de nouveau admise à votre table, non pas seulement une fois pour fêter son retour, mais aussi souvent qu’elle éprouve le besoin de venir s’y asseoir, et si ce besoin se fait sentir tous les jours, tous les jours vous l’y recevez, et toujours vous l’accueillez avec la même tendresse, avec le même amour.

Par quels chants, par quelles hymnes, ô Jésus, pourrai-je dignement exalter et célébrer votre infinie miséricorde ? Quelles actions de grâces, quelles louanges pourront suffire à ma reconnaissance? Ah ! je suis impuissant à le faire, ô aimable Sauveur, mais votre cœur est uni à mon cœur, et c’est sa voix que j’ose emprunter, la voix de son amour, la voix de ses louanges, pour bénir l’éternelle miséricorde incarnée dans ce cœur adorable.

Ma reconnaissance, Seigneur, durera autant que ma vie, et aidée du secours puissant de votre sainte grâce, j’espère vous la prouver par ma fidélité et un amour qui ne se démentiront plus, mais je n’oublierai pas que si vous avez oublié en ma faveur les droits de votre justice, pour ne vous souvenir que de ceux de votre miséricorde, je me souviendrai que j’ai contracté envers elle une dette immense que je dois m’efforcer d’acquitter par les expiations d’une pénitence proportionnée à mes fautes.

Je me l’imposerai courageusement et avec joie, cette pénitence, ô Jésus, selon la mesure de mes forces, et si dans la prévoyance de ma lâcheté, il vous plaît de me l’imposer vous-même en m’envoyant des épreuves, des afflictions et des souffrances, je les accepterai non seulement sans plaintes, sans murmure, mais avec reconnaissance; je les supporterai avec une humble résignation.

Quelque grand que soit le châtiment, il sera toujours au-dessous de mes fautes, et quand votre main me frappera, quand elle s’appesantira sur mon corps par les douleurs de la maladie, sur mon cœur par l’amertume des chagrins, j’adorerai encore votre miséricorde qui ne me frappera dans le temps que pour m’épargner dans l’éternité.

Et puis, ô mon Sauveur, instruit par une triste expérience, le souvenir de ma faiblesse me rendra plus défiant de moi-même et m’inspirera une vigilance plus active et plus constante. Je veillerai sur mes sens, sur mon imagination, sur mon cœur, j’éviterai avec soin toutes les occasions qui pourraient être pour moi une source de fautes.

Mais, ô Jésus, je vous prierai surtout, je vous prierai sans cesse, je vous conjurerai, et je vous conjure dès ce moment de veiller sur moi, de me protéger, de me défendre contre le monde, contre le démon, contre moi-même, de me défendre surtout contre ma propre faiblesse, et me confiant en vous avec une humble et filiale confiance.

Mon âme, vous le savez, est plus faible que le frêle roseau qui plie et s’incline au souffle de tous les vents , et elle peut encore, si vous n’êtes vous-même sa force et sa constance, tous offenser et vous trahir.

Enfin, ô mon Sauveur, le double souvenir de mes fautes et de votre miséricorde me rendra compatissant et indulgent pour ceux de mes frères que je verrai faillir. Loin de les condamner, de les mépriser, de leur jeter la pierre, je les jugerai moins coupables, moins ingrats que je ne l’ai été moi-même ; je penserai que s’ils eussent reçu les mêmes grâces que moi, ils n’en eussent pas abusé comme je l’ai fait.

Je les plaindrai, je vous prierai pour eux, et s’il m’est possible de leur tendre la main, je le ferai avec une fraternelle affection, et je m’estimerais mille fois heureux, si en retour de ce que vous avez fait pour moi, je pouvais consoler votre divin cœur en aidant quelques âmes égarées à revenir à vous.

Mais je le sens, ô mon Sauveur, l’amour seul peut m’acquitter envers vous, c’est mon amour que vous me demandez pour prix de tout ce que vous avez fait pour moi. Ah ! n’est-il pas juste que je vous aime en proportion de ce que vous m’avez pardonné, et que je répare par un redoublement d’amour tant de jours, de mois, d’années peut-être, écoulées sans vous aimer.

Je vous le dois cet amour, ô Jésus, je veux, je désire vous le donner tout entier et sans partage ; mais hélas ! mon indigence est si grande, que je dois encore vous demander de me donner ce que je dois vous rendre, ce que je désire vous offrir.

Donnez-moi donc votre amour, ô mon aimable Sauveur, mais un amour fort, généreux, constant, un amour qui ne consiste pas seulement en paroles et dans ces sentiments qui attendrissent le cœur, mais qui se prouve par les œuvres, qui croît dans les épreuves, et ne recule devant aucun sacrifice.

O Marie, douce mère du Dieu des miséricordes, refuge assuré des pauvres pécheurs, vous qui les aimez malgré leurs erreurs et leurs égarements, vous avez eu, comme Jésus, pitié de nos misères, et malgré la grandeur de nos fautes, votre regard maternel ne s’est pas détourné de moi. Ah ! tendre Mère, qu’il me suive dans toutes mes voies, qu’il s’abaisse sur mon lit de mort et protège mon dernier soupir. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut

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