Testament spirituel du Pape François

Testament spirituel du Pape François

Apostolica sedes vacans
Apostolica sedes vacans

Le Saint Père François est décédé ce lundi de Pâques. Il avait rédigé son testament en 2022 pour exprimer sa dernière volonté : être enterré en la basilique Sainte Marie Majeure. Voici le document dans son intégralité.

Au nom de la Très Sainte Trinité. Amen.

Sentant que le crépuscule de ma vie terrestre approche, et avec une vive espérance en la Vie éternelle, je désire exprimer ma volonté testamentaire seulement pour ce qui concerne le lieu de ma sépulture.

J’ai toujours confié ma vie et mon ministère sacerdotal et épiscopal à la Mère de Notre Seigneur, la Très Sainte Marie. C’est pourquoi je demande que ma dépouille mortelle repose, en attendant le jour de la résurrection, dans la basilique papale Sainte-Marie-Majeure.

Je souhaite que mon dernier voyage terrestre se termine dans ce très ancien sanctuaire marial où je me rendais pour prier au début et à la fin de chaque voyage apostolique afin de confier en toute confiance mes intentions à la Mère Immaculée et de la remercier pour son attention docile et maternel.

Je demande que mon tombeau soit préparé dans la niche située dans la nef latérale entre la chapelle Pauline (chapelle de la Salus Populi Romani) et la chapelle Sforza de la basilique papale susmentionnée, comme indiqué dans la pièce jointe.

Le sépulcre doit être dans la terre, simple, sans décoration particulière et avec la seule inscription : Franciscus.

Les frais de préparation de ma sépulture seront couverts par la somme du bienfaiteur mise à disposition à transférer à la basilique papale Sainte-Marie-Majeure et pour laquelle j’ai donné des instructions appropriées à Mgr Rolandas Makrickas, Commissaire extraordinaire du Chapitre libérien.

Que le Seigneur donne la récompense méritée à ceux qui m’ont aimé et qui continuent à prier pour moi. La souffrance qui s’est manifestée dans la dernière partie de ma vie, est l’offrande au Seigneur pour la paix dans le monde et la fraternité entre les peuples.

Sainte Marthe, 29 juin 2022

François


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la pleine communion avec Dieu

la pleine communion avec Dieu

logo du Jubilé
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Qu’adviendra-t-il donc de nous après la mort ? Avec Jésus, au-delà du seuil, il y a la vie éternelle qui consiste dans la pleine communion avec Dieu, dans la contemplation et la participation à son amour infini. Ce que nous vivons aujourd’hui dans l’espérance, nous le verrons alors dans la réalité.

Saint Augustin écrivait à ce propos : « Quand je te serai uni de tout moi-même, plus de douleur alors, plus de travail ; ma vie sera toute vivante, étant toute pleine de toi ». [Confessions, X, 28] Qu’est-ce qui caractérisera alors cette plénitude de communion ? Le fait d’être heureux. Le bonheur est la vocation de l’être humain, un objectif qui concerne chacun.

Bulle d’indiction du Jubilé 2025 – Pape François

Marie est l’espérance de tous les hommes

Les hérétiques modernes sont révoltés de nous entendre saluer et invoquer Marie comme notre Espérance. Spes nostra, salve ! Dieu seul, disent-ils, est notre espérance, et il maudit quiconque met son espérance dans la créature, car il est écrit : Malédiction à l’homme qui se confie en un homme. Comment donc Marie peut-elle être notre espérance, puisqu’elle est une simple créature ?

Ainsi disent les hérétiques ; mais, nonobstant leurs clameurs, la sainte Église veut que, chaque jour, tous les ecclésiastiques et tous les religieux élèvent la voix vers Marie, et qu’au nom de tous les fidèles, ils l’invoquent et la saluent du nom si doux de notre Espérance, Espérance de tous les hommes : Spes nostra, salve !  » ô notre Espérance, nous vous saluons !  »

Selon saint Thomas, il est deux manières de placer son espérance en une personne, selon qu’on la considère comme cause principale, ou comme cause intermédiaire, Ceux qui attendent du roi quelque faveur, l’attendent de lui comme souverain, et de son ministre ou favori comme intercesseur.

Si la grâce est accordée, elle viendra principalement du roi, mais par l’intercession de son favori ; ainsi, celui qui la sollicite, a bien raison d’appeler l’intercesseur son espérance. L

e Roi du ciel, en raison de sa bonté infinie, désire extrêmement nous enrichir de ses grâces ; mais pour cela la confiance est nécessaire de notre part ; voulant donc augmenter en nous cette confiance, il nous a donné pour Mère et pour Avocate sa propre Mère, et l’a investie de tout pouvoir pour nous appuyer ; il veut en conséquence que nous mettions en elle l’espoir de notre salut et de tous les biens.

Ceux qui placent leur espérance dans les créatures, et d’une manière indépendante de Dieu, comme font les pécheurs, qui ne reculent pas devant l’offense de Dieu, pour gagner l’amitié ou la faveur d’un homme, ceux-là sans aucun doute sont maudits de Dieu, ainsi que le déclare le prophète.

Mais ceux qui espère en Marie comme Mère de Dieu, ayant le pouvoir de leur obtenir la grâce et la gloire, sont bénis du Seigneur ; ils font ce qui est agréable à son cœur, car Dieu se plaît à voir honorer cette sublime créature, qui l’a aimé et glorifié en ce monde plus que tous les hommes et tous les anges.

C’est donc à juste titre que nous proclamons la bienheureuse Vierge notre Espérance, puisque, selon le cardinal Bellarmin, nous espérons obtenir par son intercession ce que n’obtiendraient pas nos prières seules

– Nous la prions, dit Suarez, afin que la dignité d’une telle Médiatrice supplée à notre bassesse. Or, ajoute-t-il, prier Marie avec une telle espérance, ce n’est pas témoigner que nous nous défions de la miséricorde divine, mais que nous tremblons à la pensée de notre indignité.

Ainsi, l’Église a raison d’appeler Marie, par un mot emprunté à l’Ecclésiastique, la Mère de la sainte espérance, c’est-à-dire, celle qui fait naître en nous, non la vaine espérance des biens misérables et passagers de cette vie, mais la sainte espérance des biens immenses et éternels de la vie future.

Saint Ephrem, s’adressant à la divine Mère, s’écrie :  » Recevez mes hommages, ô Marie, ô l’espérance de mon âme, le salut assuré des chrétiens, le refuge des pécheurs, le rempart des fidèles et le salut du monde entier  » ! – Saint Bonaventure nous avertit qu’après Dieu, nous n’avons pas d’autre espérance que Marie.

Et saint Ephrem, considérant l’ordre présent de la Providence, selon lequel Dieu a décrété, comme l’affirme saint Bernard, que tous ceux qui se sauvent, soient redevables de leur salut à l’intercession de Marie.

Saint Ephrem la prie en ces termes : O grande Reine ! ne cessez point de veiller sur nous et de nous couvrir du manteau de votre protection, car après Dieu, vous être notre seul espoir. Saint Thomas de Villeneuve proclame également Marie notre unique refuge, notre unique ressource, notre unique asile.

Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous !

Espérer par obéissance et par amour

*I. La volonté de Dieu est la règle de toutes les actions, de tous les sentiments et de toutes les dispositions d’un vrai Chrétien. C’est elle qui les relève, qui les sanctifie, et qui leur donne tout leur prix et tout leur mérite.

Les plus grandes actions ne sont rien devant Dieu, si la volonté de Dieu n’en est le principe et la fin ; et les plus petites sont d’un très grand prix, si elles sont faites par l’impression de cette volonté, pour lui obéir et pour lui plaire. Or la volonté de Dieu est que nous craignions ; il nous le commande même.

Cette seule raison suffit à un Chrétien. Jésus- Christ. dit que sa nourriture était de faire la volonté de son Père ; ce doit être aussi la nourriture, la force et les délices de tous ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ; un Chrétien craint, parce que Dieu le lui commande ; et il espère, parce que Dieu le lui commande.

Il ne sépare point ces deux commandements, parce qu’il sait qu’il faut obéir à tout ce que Dieu ordonne, sans faire aucune exception ; et comme il trouve sa paix et sa joie dans sa soumission à la volonté de Dieu et dans l’obéissance à ses ordres, il trouve aussi la paix et la joie dans sa crainte même.

*II. Cette crainte salutaire est donc fort différente de cette anxiété, timidité, inquiétude qui rend l’âme tremblante sur tout. La crainte salutaire rend la conscience délicate, l’avertit à propos quand il y a un vrai danger de manquer à un devoir réel ; la rend attentive et docile à la véritable lumière.

Mais elle n’alarme point la conscience sans sujet par de vaines frayeurs, par une fausse idée de devoirs et de périls imaginaires, qui troublent et occupent l’âme mal-à-propos ; et qui au moins emportent son attention et la rendent distraite par rapport à des devoirs certains et présents.

Ce n’est pas cette sorte de crainte que Dieu nous commande ; Dieu veut que nous craignions où il faut craindre ; mais Dieu veut aussi que nous méprisions ce qui mérite d’être méprisé ; il veut que nous fuyions le trouble, l’inquiétude, la défiance, les scrupules, parce que tout cela est contraire à la confiance, à l’amour, à la paix, à la joie du Saint-Esprit et à la liberté des enfants de Dieu.

*III. S’il faut craindre par obéissance, il faut par la même raison craindre par amour. Car l’amour de Dieu demande que l’on obéisse à sa volonté et à tous ses commandements. Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. Celui qui ne m’aime point, ne garde pas mes paroles (Jean 14, 15.21.23.24).

Puisque Dieu nous commande de craindre, qu’il le veut ainsi, et qu’il nous est si nécessaire et si avantageux de craindre ; l’amour que nous lui devons, et celui que nous nous devons à nous-mêmes, nous oblige de craindre. Il faut donc craindre par obéissance et par amour ; trouver même notre plaisir à obéir à ce qu’il demande de nous.

*IV. La charité tient le premier rang entre toutes les vertus. Elle est, selon l’Apôtre, la fin de tous les préceptes (1 Timothée 4, 52) ; elle est donc la fin de toutes les vertus qui nous sont commandées. Elle en est comme la reine : et toutes les autres vertus doivent la servir, comme n’étant, pour ainsi parler, que ses servantes.

C’est à elle à leur commander, a les employer, à en faire usage. C’est donc aussi à elle à commander à la crainte, a l’employer et à en faire usage ? La confiance et l’amour doivent se servir de la crainte pour leur usage et pour leur accroissement ; et ce serait un désordre si la crainte étouffait la confiance, ou si même elle dominait sur l’amour et la confiance.

*V. La charité, selon l’Apôtre, est patiente, est humble, est douce, elle croit, elle espère, elle tolère, elle souffre. Elle est en quelque sorte toutes les vertus. La charité craint aussi. Elle craint la colère de Dieu ; elle craint les châtiments de Dieu ; mais elle craint beaucoup plus de les mériter par quelques péchés.

Elle est pénétrée d’une sainte frayeur et d’un sacré tremblement à la vue de la sainteté et de la justice infinie de Dieu. Et cependant elle ose regarder avec confiance, avec amour et avec joie cette sainteté et cette justice. Elle n’y voit rien qui ne lui paraisse infiniment aimable.

Elle reconnaît avec une humble joie que Dieu lui a déjà fait quelque participation de sa sainteté et de sa justice, par la haine qu’il lui a donnée pour toute injustice et pour toute iniquité, par le zèle et par la volonté qu’il lui a inspirés de punir et de venger l’iniquité par des œuvres de pénitence, par l’amour qu’il lui a imprimé pour tout ce qui est juste, saint et raisonnable.

Car tout cela est une participation de la sainteté et de la justice souveraine par laquelle Dieu est juste en lui-même, et par la communication de laquelle il rend justes les hommes, haïssant souverainement lui-même toute injustice, aimant souverainement toute justice, et imprimant en nous cette même haine et ce même amour.

Elle reconnaît en elle avec action de grâces cette participation de la justice et de la sainteté de Dieu, et elle demande et espère d’en recevoir une plus abondante.

Prière du Jubilé

Père céleste,
En ton fils Jésus-Christ, notre frère,
Tu nous as donné la foi,
Et tu as répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, la flamme de la charité
Qu’elles réveillent en nous la bienheureuse espérance de l’avènement de ton Royaume.
 
Que ta grâce nous transforme,
Pour que nous puissions faire fructifier les semences de l’Évangile,
Qui feront grandir l’humanité et la création tout entière,
Dans l’attente confiante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
Lorsque les puissances du mal seront vaincues,
Et ta gloire manifestée pour toujours.
 
Que la grâce du Jubilé,
Qui fait de nous des Pèlerins d’Espérance,
Ravive en nous l’aspiration aux biens célestes
Et répande sur le monde entier la joie et la paix
De notre Rédempteur.
A toi, Dieu béni dans l’éternité,
La louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen !

Prières de la messe du jour

L’eau de la sagesse les a désaltérés;
en eux la sagesse s’affermira et ne fléchira pas,
elle les exaltera pour toujours, alléluia. (Si 15,3-4)

Seigneur Dieu, +
tu nous guéris par les célébrations pascales; *
poursuis toujours l’œuvre de ta grâce:
que ton peuple trouve une liberté parfaite,
et parvienne à la joie du ciel /
dont il exulte déjà sur la terre.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, +
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, /
Dieu, pour les siècles des siècles.

Reçois avec bonté, nous t’en prions, Seigneur,
les offrandes de ta famille, +
garde-la sous ta protection: *
qu’elle ne perde aucun des bienfaits déjà reçus, /
et parvienne à ceux que tu lui donnes dans la vie éternelle.
Par le Christ, notre Seigneur.

Ressuscités avec le Christ,
recherchez les réalités d’en haut:
c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu;
pensez aux réalités d’en haut, alléluia. (Col 3,1-2)

Écoute notre prière, Dieu tout-puissant: +
tu as donné à ta famille
la grâce incomparable du baptême; *
dispose nos cœurs à recevoir /
le bonheur éternel.
Par le Christ, notre Seigneur.

 

le don de la vie nouvelle

le don de la vie nouvelle

logo du Jubilé
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Et si devant la mort, séparation douloureuse qui nous oblige à quitter nos affections les plus chères, aucune rhétorique n’est permise, le Jubilé nous offrira l’occasion de redécouvrir, avec immense gratitude, le don de cette vie nouvelle reçue dans le Baptême, capable de transfigurer le drame.

Il est important de penser à nouveau, dans le contexte du Jubilé, à la manière dont ce mystère a été compris dès les premiers siècles de la foi. Pendant longtemps, par exemple, les chrétiens ont construit les fonts baptismaux en forme octogonale et, aujourd’hui encore, nous pouvons admirer de nombreux baptistères anciens qui conservent cette forme, comme à Rome, à Saint-Jean-de-Latran.

Cela indique que, dans les fonts baptismaux, un huitième jour est inauguré, le jour de la résurrection, le jour qui dépasse le rythme habituel marqué par l’échéance hebdomadaire, ouvrant ainsi le cycle du temps à la dimension de l’éternité, à la vie qui dure pour toujours. Tel est le but vers lequel nous tendons dans notre pèlerinage terrestre (cf. Rm 6, 22).

Le témoignage le plus convaincant de cette espérance nous est offert par les martyrs qui, fermes dans leur foi au Christ ressuscité, ont été capables de renoncer à leur vie ici-bas pour ne pas trahir leur Seigneur. Ces confesseurs de la vie qui n’a pas de fin sont présents à toutes les époques, et ils sont nombreux à la nôtre, peut-être plus que jamais. Nous avons besoin de garder leur témoignage pour rendre féconde notre espérance.

Ces martyrs appartenant aux différentes traditions chrétiennes sont aussi des semences d’unité car ils expriment l’œcuménisme du sang. C’est pourquoi je souhaite ardemment qu’il y ait au cours du Jubilé une célébration œcuménique, afin que la richesse du témoignage de ces martyrs soit mise en évidence.

Regarde l’Étoile

Dans un célèbre discours (Homel. super Missus est, II, 17), saint Bernard compare Marie à l’étoile que les navigateurs suivent du regard pour ne pas faire fausse route. Il écrit ces paroles célèbres : Regarde l’Étoile

Ô homme qui te sens dériver, dans cette marée du monde parmi les orages et tempêtes, plutôt que marcher sur la terre ferme, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre, si tu ne veux pas sombrer dans la bourrasque. Quand se lève le vent des tentations, quand tu es emporté vers les récifs de l’adversité, regarde l’étoile, appelle Marie !

Si tu es ballotté par les vagues de l’orgueil, de l’ambition, du dénigrement, de la jalousie, regarde l’étoile, appelle Marie !

Si la colère ou l’avarice ou les sortilèges de la chair secouent la nacelle de ton âme, regarde vers Marie.

Si, tourmenté par l’immensité de tes crimes, honteux des souillures de ta conscience, terrorisé par l’horreur du jugement, tu te laisses déjà happer par le gouffre de la tristesse, par l’abîme du désespoir, pense à Marie !

Dans les périls, dans les angoisses, dans les situations critiques, pense à Marie, invoque Marie !

Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur, et pour obtenir le suffrage de ses prières, ne négliges pas l’imitation de sa vie.

Si tu la suis, point ne dévies; si tu la pries, point ne désespères; si tu penses à elle, point ne t’égares. Si elle te tient, plus de chute, si elle te protège, plus de crainte, si elle te guide, plus de fatigue. Avec sa bienveillance, tu parviens au port.

Les grâces déjà reçues doivent augmenter notre confiance.

*I. Il est naturel que les faveurs dont un ami ne cesse de combler son ami depuis longues années, augmentent la confiance de ce dernier en la bonté du premier ; et si, après toutes ces épreuves, celui-ci commençait à se défier de la bonté de son ancien ami, l’autre aurait raison de s’en offenser, comme d’une grande injure qu’il lui aurait faite.

Tout cela serait beaucoup plus vrai, si en la place de ces deux amis, on mettait un père et son propre fils. Combien donc cela doit-il être plus vrai, si en la place de cet ami et de ce père, nous mettons Dieu même, dont la bonté surpasse celle de tous les amis et de tous les pères autant que l’infini surpasse le fini ?

Il veut que tous les bienfaits généraux et particuliers, dont il ne cesse de nous combler depuis tant d’années, fortifient de plus en plus notre confiance en sa bonté paternelle ; et si nous n’en faisons point cet usage, il s’en tiendra offensé, et punira cette injure que nous aurons faite à sa bonté.

*II. Ce qui irrita davantage Dieu contre les Israélites, c’est qu’après avoir souvent éprouvé en Égypte et dans le désert les effets de sa bonté sur eux, ils perdirent néanmoins la confiance dans les nouveaux périls et les grandes épreuves où ils furent exposés.

C’est pour cela, dit le Prophète (Ps. 77,21.43), que Dieu les rejeta loin de lui, qu’un feu s’alluma contre Jacob, et que la colère du Seigneur se leva contre Israël, parce qu’ils ne crurent point en Dieu et qu’ils n’espérèrent point en son assistance salutaire.

Ils ne se souvinrent point de la puissance qu’il avait fait paraître au jour qu’il les délivra de l’ennemi qui les affligeait ; de quelle sorte il fit éclater dans l’Égypte les signes de sa puissance. Nos pères, dit encore le Prophète (Ps. 105, 7), ne comprirent point vos merveilles dans l’Égypte ; ils ne se souvinrent point de la multitude de vos miséricordes, et ils vous irritèrent auprès de la mer Rouge.

Qu’on se souvienne que toutes les merveilles que Dieu opéra en faveur de son ancien peuple, n’étaient que les ombres de celles qu’il a opérées en notre faveur pour nous délivrer de la servitude du péché et des démons : et qu’on comprenne par la combien nous irriterons Dieu contre nous, si toutes ces merveilles que Dieu a opérées par Jésus-Christ en notre faveur, ne nous inspirent une confiance capable de nous soutenir dans tous les dangers et dans toutes les épreuves.

*III. Pourquoi les Apôtres représentent- ils si souvent dans leurs Épîtres aux premiers fidèles l’état horrible d’où Dieu les avait tirés en les appelant à la foi, les grâces qu’ils en avaient reçues depuis leur vocation ? Ce n’était pas seulement pour les exciter à l’amour et à la reconnaissance ; c’était encore pour les animer à une vive confiance, par le souvenir des grâces déjà reçues.

J’ai une ferme confiance que celui qui a commencé en vous le bien, ne cessera point de le perfectionner et de l’achever jusqu’au jour de Jésus-Christ (Philip. 1, 6. 7) ; et l’Apôtre ajoute aussitôt : Il est juste que j’aie ce sentiment de vous tous. Il veut que nous regardions les premières grâces comme un gage de la dernière. Le gage ou les arrhes sont une assurance que donne une personne, qu’elle accomplira ce qu’elle a promis.

C’est ainsi que le grand Apôtre veut que nous regardions la part que Dieu a bien voulu nous donner aux grâces de son Esprit saint comme un gage et une espèce d’assurance qu’il fera tout le reste, et qu’il accomplira en nous le grand ouvrage de notre salut.

C’est pour cette raison qu’en plusieurs de ses Épîtres il appelle le Saint-Esprit que nous avons reçu, Les gages et les arrhes de notre héritage éternel (Éphésiens 1, 13. 14 ; 2 Cor. 1, 22 et 5, 5 ). Ce que Dieu nous a déjà donné est donc un gage qui nous répond de ce que nous devons attendre de sa bonté.

*IV. Ce qu’il a déjà fait pour notre salut, est plus que ce qui lui reste à faire. S’il s’agissait encore d’envoyer son Fils unique au monde, d’en faire un homme de douleurs, de le traiter comme un ver de terre, et comme le rebut et l’opprobre de l’univers, et de le livrer de nouveau à la mort de la croix ; qui de nous oserait espérer que Dieu portât l’excès de sa charité jusqu’à faire pour lui des choses si étonnantes ?

Mais ce n’est plus de quoi il s’agit. Il n’est plus nécessaire que Dieu le fasse ; il a déjà fait ce que personne n’aurait osé ni espérer, ni même penser. Il a envoyé au monde ce Fils unique, il l’a anéanti pour l’amour de nous, il l’a immolé sur la croix : il n’est point nécessaire qu’il le livre de nouveau pour nous à la mort. Le prix de cette mort est infini et s’étend à tous les siècles.

Par cette unique oblation, il a rendu parfaits pour toujours ceux qu’il a sanctifiés (Hébreux. 10. 14) : c’est-à-dire que par cette unique oblation il a achevé de préparer le fonds de mérites qui étaient nécessaires pour sanctifier et sauver les hommes de tous les siècles. Il ne s’agit plus que de leur appliquer la vertu et les mérites de ce Sacrifice unique.

Si Dieu a fait pour nous ce qui nous aurait paru ou impossible ou incroyable, comment ne ferait-il pas ce qui est si croyable et si facile ? Si lorsque nous étions pécheurs, J. C. selon les ordres presque incroyables de son Père, est mort pour nous ; maintenant que nous avons été justifiés par son sang, et qu’il ne s’agit plus que de continuer à nous appliquer la vertu de ce sang, nous serons à plus forte raison délivrés par lui de la colère de Dieu.

Car si lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, que le Père a livré pour nous à tous les tourments les plus grands et les plus ignominieux ; à plus forte raison étant maintenant réconciliés avec lui nous serons sauvés par la vie de son Fils (Rom. 5. 8. 9. 10), qui est toujours vivant pour intercéder pour nous, et pour nous appliquer les fruits et les mérites de sa mort.

Ceux que Dieu par sa grâce a déjà tirés du péché, lorsqu’ils vivaient dans l’oubli de Dieu, peuvent-ils se défier de sa miséricorde, lorsqu’ils le cherchent, qu’ils ne craignent rien tant que de l’offenser et de le perdre ? Tant de bienfaits déjà reçus ne méritent-ils pas bien toute leur confiance ? Et pourraient-ils la lui refuser sans une injustice criante et une honteuse ingratitude ?

Leur plus douce consolation doit donc être de se souvenir de l’état horrible d’où J. C. les a tirés, de s’occuper de tout ce qu’il a fait et souffert pour eux, et de s’animer sans cesse par cette vue, à une confiance plus pleine, et à un amour plus ardent.

*V. Jésus-Christ étant un jour monté sur une barque, voulut passer la mer. Or les disciples avaient oublié de prendre des pains, et ils n’en avaient qu’un seul dans la barque ; et Jésus leur donna cet avis : Ayez soin de vous bien garder du levain des pharisiens et du levain d’Hérode ( Marc. 8. vers. 13. et suiv.).

Par ce levain Jésus- Christ entendait l’orgueil, l’hypocrisie et l’envie ; mais ses disciples alors ne le comprirent pas. A l’occasion du mot de levain, ils se souvinrent qu’ils avaient oublié de faire provision de pains, et ils se disaient l’un à l’autre : Nous n’avons pas de pain.

Ce que Jésus connaissant, il leur dit : Pourquoi vous occupez-vous de cette pensée, que vous n’avez point de pain ? Quoi ! vous n’avez encore ni sens, ni intelligence, et votre cœur est toujours dans l’aveuglement ? Aurez- vous toujours des yeux sans voir, et des oreilles sans entendre ? Et avez-vous même perdu la mémoire ? Lorsque je distribuai les cinq pains à cinq mille hommes, combien remportâtes-vous de paniers pleins de morceaux qui étaient restés Douze, lui dirent- ils.

Et lorsque je distribuai les sept pains à quatre mille hommes, combien aviez-vous remportés de corbeilles pleines de morceaux qui étaient restés. Sept, lui dirent- ils. Et comment donc, ajouta- t- il, n’avez-vous point encore d’intelligence ? En d’autres occasions Jésus-Christ avait déjà repris ses disciples de leur peu de foi et de confiance. Mais il ne leur avait jamais fait des reproches si vifs et si durs en apparence, que dans cette rencontre.

La raison que Jésus- Christ leur en donne, est bien remarquable. C’est parce qu’ils avaient déjà éprouvé en deux occasions différentes les effets de sa providence, de sa puissance et de sa bonté paternelle, et qu’ils n’en avaient point profité pour animer et augmenter leur confiance en lui.

Voilà pourquoi Jésus-Christ leur parle comme en colère, et se sert des termes les plus durs et les plus humiliants, pour leur faire sentir plus vivement leur faute. Mais ces reproches de Jésus-Christ ne nous regardent-ils pas encore plus que ses disciples ? Combien de grâces avons- nous reçues de sa bonté ? Avons-nous profité de toutes ses miséricordes pour rendre notre confiance plus vive et plus forte ?

Le peu d’usage que nous avons fait de ses dons, l’oubli de ses miséricordes, l’inapplication à tous ses bienfaits généraux et particuliers, notre peu de soin à nous en servir pour croître en confiance et en amour, ne mériteraient- ils pas que Jésus-Christ entrât en colère contre nous, et nous dit comme à ses disciples : Aurez-vous toujours des yeux sans voir, des oreilles sans entendre ? Avez-vous même perdu la mémoire ? Quoi ! vous n’avez encore ni sens, ni intelligence, et votre cœur est toujours dans l’aveuglement ?

*VI. Pour éviter ce reproche, usons des dons de Dieu, comme il veut que nous en usions ; servons-nous – en pour augmenter notre confiance. C’est ainsi que le Prophète, dans ses divins Cantiques, s’anime lui-même à la confiance, par la vue des miséricordes que Dieu lui avait déjà faites par le passé, et qu’il regarde, presque dans tous ses Psaumes, la délivrance de ses périls et de ses maux passés, comme un titre de confiance en sa bonté pour tous les périls et les maux à venir.

Entrons dans ces sentiments de saint Augustin si conformes aux maximes que nous avons établies. « Je sens une humble joie de ce que Dieu a commencé en moi son ouvrage, et j’attends avec foi et avec confiance qu’il lui plaise de l’achever ; afin de n’être ni ingrat, en ne reconnaissant pas assez ce qu’il m’a déjà donné ; ni incrédule, en n’espérant pas ce qu’il ne m’a pas encore donné. » (Saint Augustin. Ép. 52. ad Macedon.).

Considérons que, selon ce saint Docteur, ce serait en nous un manque de foi et une incrédulité, si nous n’avions pas une humble et ferme confiance que Dieu, qui nous a déjà fait tant de biens, nous donnera encore ce qui nous manque, et achèvera son œuvre en nous.

Demandons à Dieu avec toute l’Église qu’il nous fasse connaître quelle est l’étendue de sa miséricorde, afin que par les dons que nous en avons déjà reçus, nous apprenions à attendre avec une ferme espérance ceux qu’il nous reste à recevoir.

Accordez-nous de comprendre votre miséricorde, afin que, de la perception des dons présents, naisse une ferme attente des dons futurs. (Oraison après la septième prophétie du Samedi-Saint).

P. Gaud

Prière du Jubilé

Père céleste,
En ton fils Jésus-Christ, notre frère,
Tu nous as donné la foi,
Et tu as répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, la flamme de la charité
Qu’elles réveillent en nous la bienheureuse espérance de l’avènement de ton Royaume.
 
Que ta grâce nous transforme,
Pour que nous puissions faire fructifier les semences de l’Évangile,
Qui feront grandir l’humanité et la création tout entière,
Dans l’attente confiante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
Lorsque les puissances du mal seront vaincues,
Et ta gloire manifestée pour toujours.
 
Que la grâce du Jubilé,
Qui fait de nous des Pèlerins d’Espérance,
Ravive en nous l’aspiration aux biens célestes
Et répande sur le monde entier la joie et la paix
De notre Rédempteur.
A toi, Dieu béni dans l’éternité,
La louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen !

Prières de la Messe du jour

Puisque le Seigneur t’a fait entrer
dans un pays ruisselant de lait et de miel,
que la loi du Seigneur soit toujours dans ta bouche, alléluia. (Ex 13, 5.9)

Le Seigneur est ressuscité d’entre les morts,
comme il l’avait dit:
exultons, soyons dans la joie,
car il règne pour l’éternité, alléluia.

Seigneur Dieu, +
tu fais grandir sans cesse ton Église
en lui donnant de nouveaux enfants; *
accorde leur de te servir
et d’être fidèles par toute leur vie /
au sacrement qu’ils ont reçu dans la foi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, +
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, /
Dieu, pour les siècles des siècles.

Accueille avec bonté, nous t’en prions, Seigneur,
les présents de ton peuple; *
il a été renouvelé en confessant ton nom
et en recevant le baptême: /
accorde-lui de parvenir au bonheur sans fin.

Ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus;
sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir, alléluia. (Rm 6,9)

Que la grâce du mystère pascal,
Seigneur, nous t’en prions,
surabonde en nos cœurs; *
puisque tu nous as mis sur le chemin du salut éternel, /
rends-nous dignes de tes bienfaits.
Par le Christ, notre Seigneur.

 

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